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De Bâle 1 à « Bâle 4 » : chronique d’une saga règlementaire

Nous vous proposons de revenir sur la saga réglementaire baloîse, de la genèse


de Bâle 1 dans les années 1970 aux dernières mesures portant la dénomination
non officielle de Bâle 4.
8 août 2017

La fin des années 1970 a été marquée par un profond mouvement de dérèglementation
financière qui a permis aux banques de constituer des conglomérats internationaux.
L’apparition de ces nouveaux grands groupes et la croissance des opérations ont placé la
règlementation au cœur des problématiques des institutions bancaires. C’est ainsi qu’ont
vu le jour en 1974 le Comité de Bâle, chargé notamment de veiller au renforcement et à la
stabilité du système financier et en 1988 les « Accords de Bâle 1 » sur la règlementation
bancaire internationale. Ce cadre règlementaire a depuis profondément évolué au gré du
contexte économique et des crises rencontrées. Aujourd’hui, alors que la mise en œuvre
des réformes portées par le cadre Bâle 3 est en cours de finalisation, les autorités
prudentielles ont déjà proposé une série de mesures complémentaires qui ont pris sur la
place financière la dénomination encore non officielle de Bâle 4.

Les accords de Bâle I introduisent les principes


règlementaires du ratio de solvabilité
Basé essentiellement sur le ratio Cooke, le cadre Bâle I définissait les exigences
minimales des fonds propres par rapport à l’ensemble des encours de crédit accordés par
une institution financière. Ainsi, le niveau du ratio Cooke était fixé à 8% des emplois
pondérés. Ce ratio est articulé autour de 3 couches de capital : les fonds propres Tiers
1 avec un floor à 4% du ratio, les fonds propres Tiers 2 et les fonds propres Tiers 3.

Malgré cette première étape vers une réglementation plus stricte des activités bancaires,
Bâle 1 ne couvrait que le risque de crédit et ne proposait aucune mesure concernant les
risques de marché et les risques opérationnels. L’émergence d’un marché actif des
produits dérivés et structurés à partir des années 1996 a été l’un des principaux
catalyseurs en faveur d’une révision du cadre règlementaire issus des accords de Bâle 1.
En effet, la croissance explosive des produits dérivés de gré à gré a entrainé des risques
« hors bilan » considérables, non captés par ce cadre réglementaire en vigueur. Par
conséquent et afin de pallier à ces insuffisances, le comité de Bâle publiait en 2004 un
nouveau cadre réglementaire dit « Bâle 2 ».
Le cadre réglementaire Bâle II appréhende mieux les
risques bancaires
Proposée en 2004 par le Comité de Bâle, la réforme Bâle 2 est plus complète et définit
une mesure plus pertinente du risque. Ce nouveau cadre règlementaire s’appuie
essentiellement sur 3 piliers afin de mieux appréhender les risques bancaires.

Les principaux piliers régissant le cadre Bâle 2

Bâle 2 introduit notamment un nouveau ratio de solvabilité : le ratio Mac Donough dont le


niveau reste à 8% des emplois pondérés, et couvre en plus du risque de crédit, le risque
de marché et le risque opérationnel. Nouveauté supplémentaire, l’évaluation du risque de
crédit se fait soit en Méthode Standard commune à tous les établissements, soit de
façon plus fine suivant les approches IRB, développées en interne par les établissements
eux-mêmes.
Ratio Mac Donough et approches d’évaluation des différents risques

La crise financière de 2008 a cependant mis en évidence les lacunes de Bale 2 avec une
couverture insuffisante de certaines grandes natures de risque inhérentes à l’activité
bancaire. C’est notamment le cas du risque de liquidité pour lequel le cadre
réglementaire en place ne définissait pas d’exigences en matière de seuil.

La règlementation Bâle III renforce le système


financier et la solidité des banques
Les effets dévastateurs de la crise financière de 2008 sur les bilans des banques mais
surtout sur l’économie réelle ont amené les autorités prudentielles à réformer
profondément le cadre règlementaire avec l’arrivée de Bâle 3. La réforme entrée en
vigueur en Juillet 2013, vise à stabiliser le système financier dans son ensemble, et à
renforcer la stabilité et la solidité des banques. Quatre principaux points ont été abordés
dans cette réforme :

Le renforcement de la structure de capital des banques, avec l’amélioration de la


qualité et du niveau des fonds propres.  Ainsi, le ratio de solvabilité passe de 8% à
10,5%, avec une articulation cette fois autour de 2 couches de capital 
Structure du ratio de solvabilité Bâle 3

Synthèse de révision des fonds propres

L’amélioration de la gestion de la liquidité, avec l’introduction des ratios de liquidité à


court et long terme : le LCR (Liquidity Coverage Ratio) et le NSFR (Net Funding Stable
Ratio)
La maîtrise de l’effet de levier, avec l’introduction d’un ratio de levier permettant
d’encadrer la taille du bilan des banques
La couverture des risques du portefeuille de négociation

La mise en place des normes Bâle 3 a eu un impact considérable au niveau des banques
qui ont connu une diminution drastique de leurs niveaux de fonds propres, générant ainsi
d’énormes besoins en capital supplémentaires. Alors même que le déploiement de ce
cadre n’est pas terminé, les autorités prudentielles ont lancé des travaux visant à revoir
les modalités de calcul des emplois pondérés.
Vers un cadre « Bâle 4 » qui durcit les règles de
constitution des fonds propres des banques
Alors que la mise en place des modèles internes a été introduite par Bâle 2, les autorités
prudentielles ont du faire faceau manque de comparabilité entre les emplois pondérés
des différentes banques. Ainsi, le Comité de Bâle a lancé une série de travaux visant à
revoir les modalités de calcul des emplois pondérés sur l’ensemble des risques du Pilier I.
Bien que l’ensemble des acteurs de la place financière s’accordent à ranger ces futures
réformes sous le vocable « Bâle 4 », les autorités prudentielles considèrent qu’il s’agit de
la finalisation du cadre Bâle 3, et affichent un objectif d’entrée en vigueur en 2019.

 A ce stade les consultations sont toujours en cours sur certains périmètres et font l’objet
d’études quantitatives d’impact auprès des institutions financières. Les travaux portent sur
les différents piliers mais les plus structurantes portent sur le Pilier I.

Synthèse des principales mesures Bâle 4

Bien que les contours du cadre Bâle 4 ne soient pas finalisés, les banques anticipent une
hausse significative de leurs exigences en capital, du fait notamment d’un retour aux
approches standardisées. La fédération bancaire européenne estime que les
changements proposés pourraient augmenter les besoins de capital des banques
européennes de plus de 50%, ce qui les obligerait à mobiliser 850 milliards d’euros de
capital supplémentaire. Les banques soulignent que les mesures envisagées se feraient
au détriment de l’économie. En cas d’adoption effective d’un cadre Bâle 4 par le Comité
de Bâle, les instances européennes pourraient les transposer au sein de l’UE tenant
compte de ses spécificités afin de contenir les éventuels impacts sur l’économie.

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