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Atteintes hépatiques toxiques


professionnelles
F. Testud

Le foie est le principal organe de détoxification des médicaments et des substances chimiques de
l’environnement, professionnel et général. Comme les atteintes médicamenteuses, les hépatopathies
toxiques sont – sauf exception – non spécifiques, pouvant reproduire pratiquement toute la pathologie
hépatique : cytolyse (de l’élévation asymptomatique des transaminases à l’hépatite fulminante), choles-
tase, stéatose, cancer, etc. Les atteintes hépatiques aiguës cytolytiques sont maintenant exceptionnelles :
les molécules qui en étaient responsables, essentiellement des hydrocarbures halogénés subissant une
activation métabolique, ont vu leurs usages interdits ou très fortement restreints dans les pays occiden-
taux. On ne les rencontre pas dans les solvants usuels, et très peu de salariés français y sont exposés.
Il existe par ailleurs quelques substances à l’origine d’atteintes cytolytiques aiguës dont le mécanisme
n’apparaît pas uniquement dose-dépendant, mais possiblement immunologique. Concernant les effets à
long terme, la responsabilité de l’exposition professionnelle aux solvants organiques dans la constitution
d’une stéatose hépatique n’est à ce jour pas établie. Il en est de même pour les molécules induisant
expérimentalement la prolifération des peroxysomes. À l’exception du chlorure de vinyle monomère et
de l’arsenic, non traités ici car faisant l’objet de monographies spécifiques, très peu de substances chi-
miques ont un pouvoir cancérogène hépatique démontré chez l’homme exposé en milieu de travail. Les
tests biologiques hépatiques (dosage de l’activité sérique des transaminases, de la phosphatase alca-
line, éventuellement de la ␥-glutamyl-transpeptidases [GT]) doivent être réservés aux salariés réellement
exposés à des substances dont l’hépatotoxicité est avérée. Dans la majorité des situations de travail, une
surveillance biométrologique de l’exposition est bien plus utile.
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Mots-clés : Hépatotoxicité ; Métabolites réactifs ; Hydrocarbures halogénés ; Diméthylformamide ;


Stéatose hépatique ; Mélanges de solvants ; Inducteurs de peroxysomes ; Cancer du foie ;
Cholangiocarcinome ; 1,2-dichloropropane

Plan cellules assurent l’essentiel du métabolisme des médicaments et


des substances chimiques de l’environnement, professionnel et
■ Introduction 1 général. Comme les atteintes médicamenteuses, les hépatopa-
thies toxiques sont – sauf exception – non spécifiques, pouvant
■ Atteintes hépatiques aiguës 2 reproduire l’ensemble de la pathologie hépatique : cytolyse (de
Atteintes hépatiques aiguës cytolytiques 2 l’élévation asymptomatique des transaminases à l’hépatite ful-
Atteintes hépatiques aiguës cholestatiques 5 minante), cholestase, stéatose, cancer, etc. [1] . Néanmoins, la
■ Atteintes hépatiques chroniques 5 physionomie des atteintes hépatiques toxiques professionnelles
Stéatose 5 s’est considérablement modifiée depuis 25 ans, date à laquelle
Fibrose/cirrhose 6 a été rédigée, par Conso et Hermouet, la précédente édition de
Cancer du foie 6 cette monographie [2] . Déjà très peu fréquentes à l’époque, les
■ Surveillance des travailleurs exposés 7 hépatites toxiques aiguës sont maintenant exceptionnelles : les

substances qui en étaient responsables, essentiellement des hydro-
Indemnisation 7
carbures halogénés subissant une activation métabolique, ont vu
leurs usages interdits ou très fortement restreints dans les pays
occidentaux. Très peu de salariés français y sont donc exposés ;
 Introduction la majorité des publications récentes provient des pays émergents
asiatiques, où ces molécules restent encore employées. Selon le
Le foie est pour 80 % de sa masse constitué d’hépatocytes, National Institute of Occupational Safety and Health (NIOSH)
organisés en lobules. Grâce à leur équipement enzymatique, ces américain, 228 substances chimiques d’usage courant en milieu

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Volume 12 > n◦ 4 > octobre 2017
http://dx.doi.org/10.1016/S1877-7856(17)66577-2
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de travail ont un potentiel hépatotoxique, notamment lors de À côté de ce mécanisme bien établi de toxicité directe,
l’exposition chronique [1] . Fondée généralement sur les données dose-dépendante et reproductible, il s’avère que l’exposition
de l’expérimentation animale, la suspicion d’hépatotoxicité por- professionnelle à certaines substances provoque, chez certains
tant sur ces molécules contraste avec le faible nombre d’études travailleurs, une atteinte hépatique faisant intervenir une sus-
positives publiées. Le texte qui suit se limite donc aux sub- ceptibilité individuelle, possiblement immunologique, proche de
stances pour lesquelles des atteintes hépatiques acquises en milieu celle observée dans les hépatites médicamenteuses [4, 7] . L’atteinte
professionnel sont décrites, en envisageant successivement les est alors volontiers de type mixte, pouvant s’accompagner de
pathologies aiguës et chroniques. manifestations d’hypersensibilité : fièvre, rash cutané, éosinophi-
lie sanguine.

Substances responsables
 Atteintes hépatiques aiguës Les principales molécules responsables d’atteinte hépatique
aiguë cytolytique figurent dans le Tableau 1. Elles sont mainte-
Depuis une conférence de consensus déjà ancienne (1990), nant utilisées en vase clos, comme intermédiaire de synthèse, ou
le terme d’hépatite ne doit plus être utilisé pour les atteintes en très faibles quantités en laboratoire de recherche. On ne les
d’origine médicamenteuse et toxique : il convient de parler rencontre pas dans les solvants usuels, ceux présents dans les
d’atteinte hépatique aiguë, que l’on qualifie, selon la biologie, de peintures, les vernis et les colles, ceux utilisés pour le dégrais-
cytolytique, cholestatique ou mixte [3, 4] : sage des pièces, dans l’imprimerie, pour le nettoyage à sec, etc. [8] .
• la cytolyse traduit l’atteinte de la membrane de l’hépatocyte : L’intoxication est la conséquence d’expositions accidentelles en
elle se définit biologiquement par une augmentation de milieu industriel (fuites de systèmes clos, débordement d’un réac-
l’activité sérique des transaminases alanine aminotransférase teur, nettoyage sans protection adéquate de citernes, etc.), avec
(ALAT) et aspartate aminotransférase (ASAT), prédominant sur inhalation de vapeurs concentrées et/ou contamination étendue
l’ALAT, plus spécifiquement hépatique. L’élévation doit être et prolongée de la peau. Des références provenant en majorité des
supérieure à 3 N, soit trois fois la borne supérieure de la nor- pays asiatiques émergents sont indiquées [9–23] .
male du laboratoire. La corrélation entre l’augmentation des Ne figurent pas dans ce tableau les nombreuses substances
transaminases et l’entendue ainsi que la sévérité des lésions pour lesquelles l’intoxication massive, en règle générale non
histologiques est médiocre [5] . L’élévation de la ␥-glutamyl- professionnelle, se complique d’une cytolyse hépatique dans le
transpeptidases (GT) n’est pas un signe de cytolyse : l’activité cadre d’une atteinte multiviscérale : sels d’arsenic et de cuivre,
de l’enzyme est augmentée dans la plupart des maladies du phosphore blanc, phosphures d’aluminium et de zinc, phénols
foie et des voies biliaires, notamment dans les stéatohépatites et crésols, paraquat, certains peroxydes organiques (notamment
alcooliques ou métaboliques (cf. infra) ; le peroxyde de méthyléthylcétone), certains nitriles, etc. Le
• la cholestase traduit l’atteinte du cholangiocyte : elle se définit Tableau 2 liste des molécules dont l’hépatotoxicité est avérée chez
biologiquement par une augmentation de l’activité sérique de l’animal, mais pour lesquelles aucune intoxication humaine n’a,
la phosphatase alcaline (PA) avec un rapport ALAT/PA inférieur à ce jour, été rapportée.
à2;
• dans une atteinte mixte, cytolytique et cholestatique, ce rapport Tétrachlorométhane
est compris entre 2 et 5.
L’hépatonéphrite provoquée par le tétrachlorure de carbone est
la mieux documentée et, de fait, le solvant sert toujours de modèle
expérimental d’hépatotoxicité. De nombreuses intoxications pro-
Atteintes hépatiques aiguës cytolytiques fessionnelles ont été décrites jusque dans les années 1960, à partir
desquelles les industriels ont limité son emploi comme solvant.
Pathogénie
La dernière intoxication rapportée en France date de 1994 : elle
La biotransformation de nombreux toxiques industriels passe implique un salarié de 38 ans, buveur excessif, exposé lors du net-
par des réactions d’oxydation par les cytochromes P450 (CYP450), toyage sans protection d’une flaque de 20 à 50 l, dispersée sur le
présents en grande quantité au niveau du microsome des hépato- sol à la suite d’une erreur de vanne dans une usine agropharma-
cytes. L’isoforme 2E1 et, à un degré moindre, les CYP1A2 et 3A4, ceutique [24] .
sont les plus impliqués. Moins réactifs et plus solubles, les métabo- Après une phase ébrionarcotique, s’installent, dans un délai
lites produits sont ensuite conjugués et éliminés par voie rénale. de 12 à 24 heures, des troubles digestifs (anorexie marquée,
Avec certaines substances, ces réactions d’oxydation génèrent des nausées, intolérance alimentaire) et un subictère accompagné
composés instables, fortement électrophiles, qui établissent des d’urines foncées. En pratique, le diagnostic n’est souvent porté
liaisons covalentes avec les sites nucléophiles des protéines consti- qu’au 3e ou 4e jour, devant des douleurs lombaires, révéla-
tutives des membranes et organites de l’hépatocyte. L’atteinte trices d’une insuffisance rénale oligoanurique. Biologiquement,
devient lésionnelle lorsque les capacités de conjugaison par le il existe une cytolyse majeure ; le facteur V est abaissé de façon
glutathion intracellulaire, peptide soufré représentant le principal variable, signant l’insuffisance hépatocellulaire. La consomma-
système de protection contre le stress oxydatif, sont débordées. De tion excessive régulière d’alcool ou l’exposition professionnelle
même, les radicaux libres produits in situ sont responsables d’une concomitante à l’isopropanol ou aux cétones sont des fac-
dénaturation des protéines, d’une peroxydation des phospholi- teurs aggravants démontrés, par induction du CYP2E1 [25–27] . Un
pides membranaires et d’une perte de l’homéostasie calcique ; traitement antiépileptique (phénobarbital, carbamazépine), anti-
auto-entretenus, ces phénomènes aboutissent à la cytolyse. Les tuberculeux (rifampicine) ou par certains antirétroviraux serait
mécanismes sont vraisemblablement bien plus complexes dans susceptible d’avoir le même effet.
la réalité, faisant intervenir l’activation de multiples cytokines La prise en charge comprend l’administration de N-
®
(produites par les cellules de Kupffer) et une cascade de réactions acétylcystéine (Fluimucil 5 g/25 ml, posologie identique à
aboutissant à l’apoptose des hépatocytes [1, 6] . À la biopsie, le foie celle des intoxications par le paracétamol), et l’hémodialyse, qui
est le siège d’une nécrose centrolobulaire et d’une stéatose, avec a transformé le pronostic. Dans le plasma, la N-acétylcystéine est
secondairement parfois fibrose, voire cirrhose. L’atteinte hépa- hydrolysée en cystéine, précurseur du glutathion : administré
tique peut s’accompagner d’une nécrose tubulaire rénale car le précocement, le traitement restaure le stock de glutathion,
rein aussi est riche en CYP2E1, en particulier la portion proximale prévenant ou limitant la nécrose hépatique induite par les
du tubule. Dose-dépendante, l’hépatotoxicité peut toutefois être métabolites électrophiles du solvant et l’atteinte rénale associée.
modulée, en général dans le sens d’une aggravation, par des fac- L’évolution se fait dans plus de 90 % des cas vers la guérison sans
teurs génétiques (polymorphisme du CYP2E1) ou acquis (réserves séquelle [10, 24] .
variables en glutathion, éthylisme, traitement par médicament Une seule étude ayant examiné le retentissement hépatique
inducteur, obésité, etc.), qui rendent compte de la susceptibilité de l’exposition chronique à faible dose est disponible : chez 135
individuelle observée en clinique. salariés d’une usine pharmaceutique britannique, exposés à des

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Tableau 1.
Principales substances chimiques responsables d’atteinte hépatique aiguë cytolytique en milieu professionnel.
Synonymes Usages passés Usages actuels Commentaires Référence
Trichlorométhane Chloroforme Anesthésique général, Solvant d’extraction en Peu irritant, très narcotique Kang et al.,
agent d’extinction, chimie pharmaceutique, Hépatonéphrite due aux 2014 [9]
précurseur de fluoroalcanes laboratoire de biologie métabolites réactifs :
(HCFC 22) moléculaire phosgène, dichlorocarbène
Tétrachlorométhane Tétrachlorure de Antiseptique, Intermédiaire de synthèse Non irritant, modérément Ochoa Gómez
carbone antihelminthique par voie et réactif de laboratoire ; dépresseur du SNC et al., 1996 [10]
orale, anesthésique général, interdit comme solvant Génération de radicaux
détachant ménager, lampes depuis 1997 (en pratique trichlorométhyle et
d’ambiance et surtout abandon dès les années peroxytrichlorométhyle
extincteurs 1970)
Précurseur de fluoroalcanes
(CFC)
1,2-dichloroéthane Chlorure Solvant de dégraissage et Fabrication du chlorure de Irritant cutanéomuqueux, Nouchi et al.,
d’éthylène d’extraction, additif de vinyle monomère, encéphalopathie au premier 1984 [11]
carburants industrie pharmaceutique, plan
désinfection des containers Formation de
(fumigation) chloracétaldéhyde et acide
monochloracétique
responsables d’une cytolyse
potentiellement mortelle avec
nécrose tubulaire rénale,
rhabdomyolyse et CIVD
1,1,2,2- Solvant de l’acétate de Exclusivement en Irritant cutanéomuqueux Zheng et al.,
tétrachloréthane cellulose, dégraissage, laboratoire de recherche « Ictère des perlières » dans les 2012 [12]
solvant de colles et vernis ateliers de perles artificielles
au début du XXe siècle
Hexachloroéthane Perchloréthane Pyrotechnie, fumigènes Atteinte hépatique retardée, Loh et al.,
militaires d’entraînement modérée 2006 [13]
Formation de tétrachlorure de
carbone par pyrolyse ?
1,2-dibromoéthane Bromure Fumigant (interdit dans Intermédiaire en chimie Hépatonéphrite par formation Prakash et al.,
d’éthylène l’UE), solvant de colorants, pharmaceutique de bromacétaldéhyde et acide 1999 [14]
additif de carburants monobromacétique
automobiles Plusieurs cas d’évolution
fulminante, suite nettoyage
de cuves ou ingestion
accidentelle sur le lieu de
travail
Tétrabromoéthane Bromure Catalyseur, séparation des Irritant cutanéomuqueux Van Haaften,
d’acétylène minerais, substitut du Un cas d’hépatite fulminante 1969 [15]
mercure dans les chez un chimiste exposé
instruments de mesure pendant 10 min à 16 ppm
1,2-dichloropropane Décapants d’encres, vernis Synthèse chimique Irritant Kubo et al.,
et peintures (perchloréthylène), Nécrose centrolobulaire, avec 2015 [16]
production du caoutchouc, hémolyse et CIVD
imprimerie Un cas consécutif au port
prolongé de vêtements
contaminés par une peinture
contenant 35 à 40 % de
dichloropropane
1,2,3- Dégraissant/décapant Production de Provoque également des Han, 2010 [17]
trichloropropane fluoropolymères neuropathies périphériques
Dichloropropanol Dichlorohydrine Solvant de résines, Synthèse du glycérol, Quatre cas d’atteinte Haratake et al.,
cosolvant de peintures « à réactif de laboratoire cytolytique aiguë dont trois 1993 [18]
l’eau » (chromatographie gazeuse) d’évolution fulminante, après
nettoyage d’une cuve sans EPI
Due à l’isomère
1,3-dichloro-2-propanol
2-nitropropane Isonitropropane, Solvant de peintures et Précurseur du bronopol Nécrose centrolobulaire Harrison et al.,
diméthylnitro- d’encres d’imprimerie (biocide libérateur de d’évolution souvent 1987 [19]
méthane (abandon depuis plusieurs formaldéhyde), traceur fulminante
décennies), dans l’explosif C4 (plastic), Une dizaine de cas publiés,
extraction/fractionnement laboratoire de recherche survenus lors de l’application
des huiles végétales de résines et peintures à
l’intérieur de citernes ou cales
de navire non ventilées

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Tableau 1.
(suite) Principales substances chimiques responsables d’atteinte hépatique aiguë cytolytique en milieu professionnel.
Synonymes Usages passés Usages actuels Commentaires Référence
Diméthylformamide DMF Industrie des matières plastiques Irritant en cas de contact prolongé Kim et al.,
(fibres polyacrylonitriles et Nécrose centrolobulaire due à 2010 [7]
polyuréthanes) et du cuir l’isocyanate de méthyle
synthétique, chimie pharmaceutique,
laboratoire de recherche,
électronique, solvant d’un
®
euthanasiant vétérinaire (T-61 )
Diméthylacétamide DMA Secteur des fibres et résines Peu irritant Gong et al.,
polyacrylonitriles, polyimides et Mécanisme en partie 2016 [20]
®
polyuréthanes (élastane : Lycra ), immunoallergique ?
véhicule de principes actifs
vétérinaires
Tétrahydrofurane 1,4-Epoxybutane Solvant de colles PVC et peintures Irritant, potentiellement Garnier et al.,
(THF) vinyliques, encres, bandes convulsivant 1989 [21]
magnétiques Deux cas de cytolyse chez des
plombiers
Hydrazine et dérivés Ergols, intermédiaires de synthèse, Irritant, caustique à forte Kao et al.,
méthylés agents porogènes, traitement concentration 2007 [22]
anticorrosion des circuits d’eaux Cytolyse retardée due aux ions
industrielles carboniums (radicaux libres)
5-Nitro-o-toluidine 5-Nitro-2- Synthèse de colorants azoïques Nécrose centrolobulaire, Shimizu et al.,
méthylaniline métabolites réactifs mal 2002 [23]
caractérisés, évolution fulminante
possible

HCFC : hydrochlorofluorocarbures ; CFC : chlorofluorocarbone ; SNC : système nerveux central ; CIVD : coagulation intravasculaire disséminée ; UE : Union européenne ;
EPI : équipement de protection individuelle ; PVC : polychlorure de vinyle.

Tableau 2.
Substances responsables de cytolyse hépatique aiguë chez l’animal, mais pour lesquelles aucune intoxication professionnelle n’est décrite.
Synonymes Usages passés Usages actuels
Diiodométhane Iodure de méthylène Réactif en gemmologie et laboratoire
Tribromométhane Bromoforme Solvant, antitussif, agent d’extinction
Triiodométhane Iodoforme Antiseptique
1,1,2-trichloréthane Trichlorure de vinyle Sous-produit de la chloration de l’éthylène (production du
1,2-dichloréthane)
Pentachloroéthane Solvant en pétrochimie Réactif de laboratoire
1,2-dichloréthylène Chlorure de vinylidène Monomère dans la production de copolymères vinyliques
Monochlorobenzène Chlorure de phényle Solvant, dégraissant/détachant Préparation de colorants et produits phytosanitaires
Monoiodobenzène Iodure de phényle Réactif de laboratoire
Bromobenzène Bromure de phényle Solvant Synthèse organique
Pyridine Azine Chimie pharmaceutique, production de phytosanitaires et
de colorants, réactif de laboratoire
1,4-dioxane Diéthylène oxyde Intermédiaire de synthèse, stabilisant de solvants chlorés

concentrations comprises entre moins de 1 et 12 ppm, il n’y avait métabolisme. L’administration de N-acétylcystéine paraît capable
pas d’augmentation significative des transaminases par rapport au de limiter, voire d’empêcher, cette cytolyse.
groupe contrôle [28] . Usuellement, les transaminases sont modérément augmentées,
de l’ordre de 10 N, et l’évolution est rapidement favorable avec
l’éviction [29–31] . Néanmoins, chez un ouvrier de production japo-
nais de 19 ans, une hépatite aiguë sévère (ALAT : 26 N ; ASAT : 14 N)
Diméthylformamide s’est développée après cinq mois d’une exposition à des concen-
Son oxydation par le CYP2E1 produit du N-hydroxyméthyl- trations comprises entre 10 à 30 ppm, générant un taux urinaire de
N-méthylformamide et du N-méthylformamide, ainsi que des N-méthylformamide de 43 mg/l (valeur limite biologique [VLB] :
métabolites réactifs (notamment de l’isocyanate de méthyle) 40 mg/g de créatinine) ; il y avait exposition concomitante à des
qui sont conjugués au glutathion. Ces métabolites inhibent de inducteurs du CYP2E1, notamment de la méthyléthylcétone [32] .
manière compétitive et durable l’aldéhyde déshydrogénase : les Par ailleurs, plusieurs observations d’évolution fulminante ont été
salariés régulièrement exposés se plaignent d’une intolérance à rapportées en Corée et en Chine dans le secteur des fibres synthé-
l’alcool (syndrome antabuse par accumulation d’acétaldéhyde), tiques [7] . Ainsi, une femme de 40 ans est décédée dans un tableau
même pour des concentrations atmosphériques inférieures à la d’insuffisance hépatocellulaire avec atrophie jaune du foie, après
valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) sur huit heures 2,5 mois d’exposition à des concentrations comprises entre 15
(10 ppm). La contamination étendue et prolongée de la peau et 45 ppm ; des anomalies du bilan hépatique ont été mises en
(le diméthylformamide [DMF] est peu volatil) et, plus rarement, évidence chez plusieurs autres salariés [33] . Le DMF reste donc un
l’inhalation de vapeurs (lors d’un procédé à chaud) provoquent solvant préoccupant en plasturgie.
une cytolyse retardée. L’atteinte hépatique est d’autant plus tar- Dans une étude portant sur 75 ouvriers d’une usine italienne de
dive que la dose est importante, car le DMF inhibe son propre simili cuir, exposés à une concentration moyenne de 7 ppm, près

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d’un quart de l’effectif présentait une élévation des transaminases des containeurs, quatre ont présenté une atteinte analogue, cinq
(importance non précisée) contre 4 % dans le groupe contrôle, une élévation modérée et isolée des transaminases, dont le carac-
en rapport avec une stéatose microvésiculaire et des plages de tère dose-dépendant était manifeste [44] . En 2010, cinq autres cas
nécrose focale, peut-être induites par des surexpositions acciden- d’atteinte hépatique sont décrits à Hong Kong chez des employés
telles par contact avec le liquide [34] . Parmi 176 ouvriers d’une de maintenance informatique, exposés pendant deux semaines
usine de cuir synthétique à Taiwan, région où la prévalence de au fluide du système de climatisation des serveurs. L’exposition
l’hépatite B et de l’obésité est élevée, les anomalies biologiques a été massive, l’hépatite précédée des signes neurologiques clas-
hépatiques étaient corrélées au niveau d’exposition moyen : 37 % siques avec ces hydrocarbures (céphalées, sensations d’ivresse),
au-dessus de 10 ppm, 27 % entre 5 et 10 ppm, 22 % en dessous de mais aussi de fièvre [45] .
5 ppm [35] .
Trinitrotoluène
Diméthylacétamide Découvert en 1863, le trinitrotoluène (TNT) reste le plus large-
Alternative au DMF, le diméthylacétamide (DMA) est surtout ment utilisé des explosifs militaires, seul ou comme flegmatisant
utilisé dans l’industrie des fibres et résines polyuréthanes, en par- d’explosifs plus puissants comme les nitramines (hexogène et
®
ticulier la fabrication de l’élastane (Lycra ). Sa toxicocinétique est octogène). Pendant les deux guerres mondiales, il a été res-
voisine de celle du DMF, avec notamment une pénétration per- ponsable de nombreuses atteintes hépatiques subaiguës chez les
cutanée prédominante. Trente-huit cas d’atteinte hépatique ont ouvriers des usines d’armement, massivement exposés. La mala-
été identifiés entre 2001 et 2004 parmi 1045 ouvriers de deux die affectait jusqu’à 5 % de l’effectif, l’éthylisme et le phénotype
usines sud-coréennes de production d’élastane ; l’atteinte hépa- « acétyleur rapide » (polymorphisme de la N-acétyltransférase 2)
tique est survenue dans les six premiers mois suivant l’embauche. contribuant à cette proportion. L’ictère survenait en général au
La médiane des concentrations urinaires de N-méthylacétamide bout de plusieurs mois de travail ; le diagnostic était souvent tardif,
(métabolite principal) était de 25 mg/g de créatinine. Trois tra- au stade d’encéphalopathie hépatique ; l’autopsie montrait des
vailleurs ont eu une rechute de la cytolyse à la reprise, dans un lésions de nécrose diffuse et une atrophie jaune du foie. Aucune
délai plus bref que la première fois. Les expositions inférieures à observation similaire n’a été rapportée depuis. Dans une étude
3 ppm ne semblent pas avoir de retentissement hépatique [36, 37] . allemande publiée en 2003, conduite chez 82 travailleurs affectés
depuis en moyenne quatre ans au démantèlement de stocks de
Trichloréthylène munitions, aucune anomalie biologique hépatique attribuable à
l’exposition n’a été mise en évidence, en dépit de concentrations
Des cytolyses subaiguës sont rapportées en Asie (sud de la en métabolites urinaires du TNT de plusieurs milligrammes par
Chine, Corée, Thaïlande et Japon) chez des travailleurs forte- litre [46] . Des résultats similaires ont été obtenus chez des ouvriers
ment exposés au trichloréthylène [38, 39] . Elles accompagnent une iraniens [47] .
toxidermie fébrile (rash diffus, éruption pustuleuse, syndrome
de Stevens-Johnson, dermatomyosite, etc.) avec hyperéosino-
philie. Il s’agit d’un syndrome d’hypersensibilité voisin du Atteintes hépatiques aiguës cholestatiques
syndrome drug rash with eosinophilia and systemic symptoms
(DRESS) médicamenteux, peut-être en rapport avec une réactiva- La méthylène dianiline (MDA) ou 4,4 -diamino-
tion de l’herpèsvirus humain de type 6 (HHV-6), virus responsable diphénylméthane possède une toxicité élective sur les cellules
de « l’exanthème subit » de l’enfant [40] . Les cytokines pro- épithéliales des canalicules biliaires, induisant une cholangite.
inflammatoires (interleukines [IL] 6, 8 et 10, interféron-␥ [INF], Cette amine aromatique est la seule substance d’usage courant
tumor necrosis factor [TNF]-␣) sont élevées chez ces patients, por- responsable d’hépatite cholestatique chez l’homme exposé en
teurs d’un gène (human leukocyte antigen B1301 [HLA-B1301]) milieu de travail. Chez le rat, l’hépatotoxicité se manifeste à
prédisposant, rare chez les Caucasiens. Un mécanisme immunoal- partir d’une dose orale unique de 25 mg/kg. Plusieurs cas ont
lergique, soit la production d’anticorps dirigés contre les protéines été décrits dans le secteur des résines polyépoxydiques où la
des hépatocytes modifiées par les métabolites du trichloréthy- MDA est utilisée comme durcisseur [48–50] . L’inhalation de vapeurs
lène, rendrait compte de la cytolyse. Là aussi, certains cas ont eu (procédés à chaud), souvent associée à une contamination
une évolution fulminante [7] . Ces tableaux d’hépatite par hyper- cutanée prolongée, provoque une atteinte associant cholestase
sensibilité sont exceptionnels dans les pays occidentaux [41] . Par intrahépatique et nécrose hépatocytaire. De début brutal, le
le passé, le trichloréthylène technique a pu être contaminé lors tableau comporte un ictère fébrile et douloureux, un rash cutané
de sa synthèse par des impuretés d’hydrocarbures chlorés hépa- et des urines foncées. Biologiquement, la cholestase est marquée,
totoxiques, dont le tétrachlorure de carbone, et provoquer des la cytolyse modérée, inférieure à 10 N ; les polynucléaires éosi-
cytolyses aiguës. nophiles peuvent être fortement augmentés. La ponction-biopsie
hépatique (PBH) montre un aspect inflammatoire des espaces
porte et des canalicules biliaires. La guérison s’est faite spontané-
1,1-dichloro-2,2,2-trifluroéthane ment et sans séquelle dans la totalité des cas publiés, en trois à
Le 1,1-dichloro-2,2,2-trifluroéthane (HCFC 123) a remplacé sept semaines.
un temps les fréons (interdits en Europe depuis 1996) dans le La MDA avait été responsable en 1965 en Angleterre d’une
conditionnement d’air et comme fluide frigorigène. Très peu uti- intoxication collective (Epping jaundice) : 84 personnes avaient
lisé actuellement, il sera définitivement interdit en 2030 [42] . présenté un ictère après consommation de pain préparé avec
Comme l’halothane (anesthésique gazeux qui n’est plus employé de la farine contaminée durant son transport ; le suivi à long
en France), l’HCFC 123 est en partie oxydé par le CYP2E1 en terme des victimes n’a pas montré d’évolution cirrhogène [51] . La
métabolites intermédiaires trifluoroacétylés, susceptibles de for- MDA a également provoqué des hépatites cholestatiques chez des
mer des adduits avec les protéines hépatiques et ainsi de les rendre toxicomanes, par confusion avec l’ecstasy (3,4-méthylènedioxy-
antigéniques. Plusieurs cas d’atteinte hépatique après exposition méthamphétamine [MDMA]), dont l’acronyme est voisin [52] .
professionnelle à l’HCFC 123 sont publiés. Une fuite du système
de conditionnement dans la cabine d’un engin de chantier a
intoxiqué sept ouvriers d’une entreprise belge de travaux publics :  Atteintes hépatiques chroniques
deux cas d’atteinte aiguë mixte à prédominance cytolytique au
bout d’un mois d’exposition, et cinq cas d’anomalies biologiques Stéatose
asymptomatiques. L’évolution a été rapidement favorable mais la
reprise du travail a conduit à une rechute au bout d’une semaine La stéatose correspond à l’accumulation de triglycérides sous
chez deux salariés. Des auto-anticorps dirigés contre le CYP2E1 forme de vésicules (micro- ou macrovésicules) dans le cytoplasme
et la protéine P58 ont été détectés, suggérant un mécanisme des hépatocytes. Généralement asymptomatique, elle se traduit
immunologique [43] . Au Japon, sur 14 travailleurs exposés pen- biologiquement par une élévation modérée et fluctuante des
dant trois à cinq semaines à de l’HCFC 123 utilisé pour refroidir transaminases (1,5 à 5 N avec rapport ALAT/ASAT supérieur à 1)

EMC - Pathologie professionnelle et de l’environnement 5


16-530-J-10  Atteintes hépatiques toxiques professionnelles

et/ou de la ␥-GT, ainsi que par une augmentation de la ferritine et d’une exposition de la population générale), provoquent chez
dans la moitié des cas. Le foie présente un aspect hyperéchogène à les rongeurs une stéatose hépatique par prolifération des per-
l’échographie, qu’il y ait ou non hépatomégalie [53] . Le diagnostic oxysomes. Les peroxysomes sont des organites cytoplasmiques
positif repose sur la PBH qui objective les gouttelettes lipidiques riches en enzymes assurant la ␤-oxydation des acides gras à
intracytoplasmiques ; elle permet également de grader la stéatose très longues chaînes et la dégradation des espèces réactives
en légère, modérée ou sévère selon le pourcentage d’hépatocytes de l’oxygène produites. Les inducteurs de peroxysomes sont
atteints, et de classer le degré de fibrose en quatre stades, de loca- essentiellement représentés par les phtalates (plastifiants du poly-
lisée jusqu’à la cirrhose [54] . chlorure de vinyle [PVC]) et des composés perfluorés comme
Le syndrome métabolique par insulinorésistance et la consom- l’acide perfluorooctanoïque (PFOA), un surfactant qui favorise la
mation excessive habituelle de boissons alcoolisées sont les polymérisation des matières plastiques fluorées. Ces molécules
étiologies dominantes (et parfois associées) d’une stéatose hépa- sont de puissants agonistes du récepteur nucléaire PPAR␣ qui
tique. Très répandu dans les pays développés [50] , le syndrome module l’activité transcriptionnelle de gènes impliqués dans le
métabolique associe une obésité abdominale (tour de taille métabolisme glucidolipidique. Expérimentalement, l’activation
supérieur à 94 cm chez l’homme, 80 chez la femme), une de peroxisome proliferator-activated receptor alpha (PPAR␣) entraîne
élévation de la pression artérielle, une augmentation des tri- une augmentation de la taille et du nombre des peroxysomes, une
glycérides (> 1,7 mmol/l) et une diminution du high density hyperplasie des hépatocytes et une hépatomégalie ; initialement
lipoprotein (HDL) cholestérol (< 1 mmol/l chez l’homme, 1,3 réversible, la stéatose est suivie de lésions de nécrose et, à doses
chez la femme). Dans le cas de l’éthanol, l’ingestion régu- massives, d’une cirrhose.
lière de fortes doses est responsable d’une inhibition de la Le PPAR␣ est très peu exprimé chez les primates : ainsi les
␤-oxydation mitochondriale des acides gras, avec formation phtalates induisent une prolifération des peroxysomes dans les
préférentielle de triglycérides [55] . Beaucoup plus rarement, la cultures d’hépatocytes de rongeurs, mais pas sur hépatocytes
prise régulière de quelques médicaments (amiodarone, fialuri- humains [67] . De fait, aucune atteinte hépatique n’est rapportée
dine, tamoxifène, zidovudine) peut être en cause. On estime dans les usines de production de phtalates et de PVC souple. Une
que jusqu’à 70 % des sujets obèses ou en surpoids et/ou hyper- étude transversale conduite chez des plasturgistes suédois expo-
lipémiques et/ou diabétiques non insulino-dépendants ont une sés à divers phtalates n’a pas mis en évidence d’anomalie clinique
stéatose. Les anomalies biologiques hépatiques qui reflètent ni biologique hépatique attribuable à l’exposition [68] . Chez 115
la stéatose induite par l’excès de poids sont réversibles, du ouvriers de production américains de PFOA, il n’y avait pas de
moins au début. Le risque est la possibilité d’évolution, chez modification significative des enzymes hépatiques, du cholesté-
10 à 20 % des patients, vers une stéatohépatite non alcoo- rol et des lipoprotéines, en dépit d’une concentration sérique
lique (SNA) ou non alcoholic steatohepatitis (NASH), elle-même moyenne élevée, à 6,8 mg/l [69] . Le PFOA pourrait toutefois inter-
douée d’un potentiel cirrhogène (1 à 3 % des cas), et peut-être férer avec le catabolisme hépatique de l’alcool et des graisses,
cancérogène [56] . favorisant le processus stéatosique lié au surpoids et à l’obésité.
En pratique, il est admis que ce mécanisme d’hépatotoxicité par
Solvants organiques prolifération des peroxysomes n’est pas extrapolable à l’espèce
De nombreuses études épidémiologiques ont tenté de mettre humaine dans les conditions usuelles d’exposition profession-
en évidence une hépatotoxicité associée à l’exposition aux nelle.
mélanges de solvants, sous forme de SNA. La pathogénie
passerait, comme avec l’éthanol, par une dysfonction mito- Fibrose/cirrhose
chondriale : inhibition de la ␤-oxydation des acides gras et
génération d’espèces réactives de l’oxygène au niveau de la L’exposition chronique à de fortes concentrations de chlorure
chaîne respiratoire [6] . Une augmentation des transaminases et/ou de vinyle monomère (CVM) provoque une fibrose hépatique,
de la ␥-GT a été inconstamment relevée chez des peintres et une hypertension portale (HTP) de type présinusoïdal, parfois
des imprimeurs [57–60] . Une petite étude cas-témoins (30/120) une péliose. L’arsenic induit également une fibrose avec HTP,
suédoise publiée en 1999 suggère un lien entre le dévelop- exclusivement par ingestion répétée de fortes doses : arseni-
pement d’une stéatose et une forte exposition cumulée aux cismes médicamenteux ou éthyliques, maintenant historiques.
hydrocarbures pétroliers [61] . Mais dans la majorité des études CVM et arsenic font l’objet de monographies spécifiques dans ce
transversales, les résultats sont non significatifs et le rôle majeur traité [70, 71] .
des facteurs extraprofessionnels (consommation d’alcool, obé-
sité, hépatites virales et auto-immunes, prises médicamenteuses,
etc.) est souligné [1, 2] . Plusieurs articles comportant ces biais ont Cancer du foie
ainsi été publiés par une même équipe brésilienne [62, 63] . Dans
Expérimentalement, de nombreuses substances chimiques,
une étude publiée en 2006 portant sur 95 ouvriers d’un site
administrées à forte dose vie entière, provoquent chez les rongeurs
pétrochimique argentin, 14 présentaient une possible stéatose
des tumeurs hépatiques, bénignes et malignes. A contrario, très
(transaminases augmentées et aspect échographique compati-
peu de substances d’usage industriel sont à l’origine d’une aug-
ble), proportion voisine de la prévalence retrouvée en population
mentation de l’incidence des carcinomes hépatocellulaires chez
générale [64] .
l’homme professionnellement exposé. Ainsi, quelques cas isolés
Le concept de SNA induite par des toxiques industriels (toxicant-
d’hépatocarcinome ont été attribués au tétrachlorure de carbone
associated steatohepatitis [TASH]) a été récemment repris : la
chez des ouvriers victimes antérieurement d’intoxication aiguë ;
survenue de stéatose à transaminases normales mais avec aug-
mais aucune étude de mortalité par cancer portant sur des tra-
mentation de diverses cytokines est suggérée chez des travailleurs
vailleurs exposés exclusivement ou majoritairement à ce solvant
exposés à différentes substances chimiques, dont des solvants
n’est disponible. Il en est de même pour la plupart des molécules
chlorés (trichloréthylène et perchloréthylène) [65, 66] . Mais les
citées dans le Tableau 1, notamment pour le 1,2-dichloréthane. En
preuves épidémiologiques sont absentes. En pratique, la respon-
2013, le 1,2-dichloropropane a été jugé responsable d’un cluster
sabilité des solvants organiques usuels dans la constitution d’une
de 11 cholangiocarcinomes (tumeur dont l’incidence spontanée
stéatose hépatique en milieu professionnel n’est pas établie. S’il
est très faible), survenu au sein d’un effectif de 62 ouvriers d’une
existe, cet effet ne concernerait – comme pour l’alcool – que de
imprimerie offset à Osaka [72] . Les concentrations moyennes en sol-
fortes ou de très fortes expositions, très largement supérieures aux
vant, utilisé pour le nettoyage des blanchets, étaient élevées, de
actuelles VLEP, et très prolongées [6, 8] .
220 à 310 ppm, la durée d’exposition comprise entre 7 et 17 ans.
D’autres cas ont été identifiés par la suite dans d’autres impri-
Inducteurs de peroxysomes meries japonaises [73, 74] . Depuis 2014, le 1,2-dichloropropane est
Plusieurs substances ayant en commun une faible réactivité chi- classé par le Centre international de recherche contre le cancer
mique, une faible toxicité, mais une importante biopersistance (CIRC) dans le groupe 1 des agents certainement cancérogènes
(responsable d’une contamination durable de l’environnement pour l’homme.

6 EMC - Pathologie professionnelle et de l’environnement


Atteintes hépatiques toxiques professionnelles  16-530-J-10

• Le trichloréthylène et le perchloréthylène induisent des  Indemnisation


tumeurs du foie (adénomes, carcinomes hépatocellulaires) chez
la souris, mais pas chez le rat. Une méta-analyse publiée en Les atteintes hépatiques aiguës cytolytiques en lien avec
2007 de 14 études de cohortes ne montre pas d’augmentation l’exposition professionnelle à certains hydrocarbures halogénés
significative des cancers du foie chez les travailleurs exposés sont indemnisables au titre des Tableaux 3, 11 et 12 du régime
au trichloréthylène [75] . Le CIRC considère comme limitées général de la Sécurité sociale [82] .
les preuves d’une association entre le risque de cancer du
foie et l’exposition professionnelle au trichloréthylène [76] .
L’épidémiologie est également négative pour le perchloréthy-
lène [77] ; les tumeurs chez les rongeurs sont secondaires à une
prolifération des peroxysomes, mécanisme non extrapolable à
l’homme (cf. supra) [75] .
“ Points essentiels
• Il n’y a pas d’étude épidémiologique faisant état d’un excès de • En France, les atteintes hépatiques toxiques profession-
cancer du foie chez les travailleurs exposés au DMF.
nelles sont maintenant exceptionnelles.
• Les polychlorobiphényles (PCB) ne sont pas génotoxiques mais
• Les principales substances responsables d’atteinte aiguë
des tumeurs digestives et hépatiques sont observées chez les
rongeurs. Les premières études épidémiologiques effectuées cytolytique, essentiellement des hydrocarbures halogénés
dans les usines de production avaient mis en évidence une aug- subissant une activation métabolique par les CYP450, sont
mentation des cancers du foie, mais le faible nombre de cas ne interdites ou utilisées en vase clos (intermédiaires de syn-
permettait pas de conclure. Dans une étude publiée en 2003 thèse) ou en infimes quantités en laboratoire de recherche.
portant sur plus de 7000 ouvriers américains, exposés entre Ces hydrocarbures n’entrent plus dans la composition des
1946 et 1977 et suivis jusqu’en 1998, il n’y avait pas d’élévation solvants usuels depuis plusieurs décennies. Le DMF et le
significative de l’incidence des hépatocarcinomes [78] . DMA restent employés en plasturgie, dans des secteurs
• Les cancers du foie ne sont pas augmentés chez les travailleurs bien identifiés : fibres et cuir synthétiques.
exposés au PFOA [79, 80] . • La méthylène dianiline, durcisseur de résines polyépoxy-
• CVM et arsenic sont à l’origine d’angiosarcomes hépatiques,
tumeurs vasculaires extrêmement rares dans la population
diques, est le seul composé d’usage courant à l’origine
générale [70, 71] . d’atteinte aiguë cholestatique chez l’homme.
• La responsabilité de l’exposition chronique profession-
nelle aux solvants organiques dans la constitution d’une
 Surveillance des travailleurs stéatose hépatique n’est à ce jour pas établie.
• Administrées à forte dose vie entière, de nom-
exposés breuses substances provoquent chez les rongeurs des
tumeurs hépatiques, bénignes et malignes. Cepen-
Que penser en 2017 des dosages biologiques hépatiques encore
dant, à l’exception du CVM et de l’arsenic (objets de
couramment pratiqués chez de nombreux salariés ? Ces tests
(transaminases ALAT et ASAT, phosphatase alcaline, voire ␥-GT)
monographies spécifiques), on ne dispose pas d’étude épi-
ne devraient être employés qu’en présence avérée de substance(s) démiologique démontrant un excès de cancers du foie
hépatotoxique(s) au poste de travail. Or on l’a vu, peu de tra- chez les travailleurs exposés.
vailleurs sont en France réellement exposés à de telles substances. • Le 1,2-dichloropropane a été récemment reconnu à
Si tel est néanmoins le cas, l’évaluation du niveau d’exposition l’origine de cholangiocarcinomes.
par métrologie et/ou biométrologie doit permettre de juger de • Les tests biologiques hépatiques doivent être réser-
leur pertinence. Il faut également disposer de valeurs de référence vés aux salariés réellement exposés à des substances
avant exposition. Peu sensibles et peu spécifiques, les tests hépa- dont l’hépatotoxicité est avérée. Dans la majorité des
tiques présentent un taux très élevé de faux positifs, conduisant situations de travail, une surveillance biométrologique de
systématiquement à la mise en évidence d’anomalies sans relation
l’exposition est bien plus utile.
avec l’exposition professionnelle. L’interprétation des résultats
suppose de bien connaître :
• la possibilité d’anomalies sans signification pathologique :
dispersion statistique des valeurs normales (pour un labora-
toire donné, 2,5 % des individus sains ont des transaminases
dépassant la limite supérieure à la normale), exercice physique
Déclaration de liens d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts
excessif ou inhabituel (élévation surtout de l’ASAT), macro-
en relation avec cet article.
ASAT (liaison de l’enzyme avec des immunoglobulines [Ig]A ou
G, ce qui augmente sa demi-vie et donc son activité sérique),
etc. [53] ;
• et toutes les étiologies possibles de résultats anormaux (alcool,
surpoids, virus hépatotropes, traitements par médicaments
 Références
inducteurs, maladies auto-immunes du foie, etc.) avant de [1] Cave M, Falkner KC, McClain C. Occupational and environmental
conclure à une atteinte d’origine toxique professionnelle. hepatotoxicity. In: Zakim and Boyer’s hepatology, a textbook of liver
Un dosage régulier de l’activité des enzymes hépatiques sera disease. Paris: Elsevier; 2011. p. 476–92.
proposé aux salariés exposés au DMF et au DMA, à la MDA, et [2] Conso F, Hermouet C. Maladies hépatiques toxiques d’origine
aux hydrocarbures halogénés figurant dans le Tableau 1. Avec professionnelle. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Toxicologie, 16-
le DMF et le DMA, cette surveillance est rapprochée pendant 530-J-10, 1993.
les six premiers mois [7] . En dehors de ces cas, peu de situa- [3] Bénichou C, Danan G. Causality assessment of adverse reactions
tions justifient la réalisation d’une biologie hépatique ; il est to drugs. A novel method based on the conclusions of international
souvent bien plus utile d’exercer une surveillance biométrolo- consensus meetings: application to drug-induced liver injuries. J Clin
gique de l’exposition, remplissant les objectifs de traçabilité. Epidemiol 1993;46:1323–30.
Pour le 1,2-dichloropropane, une échographie du foie et un [4] Larrey D. Hépatopathies toxiques médicamenteuses et non médi-
dosage sanguin de l’antigène carcinoembryonnaire sont recom- camenteuses. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Hépatologie,
mandés, mais la périodicité des examens et la date de début 7-015-M-52, 2011.
de leur mise en œuvre ne sont pas établies [81] . Des recom- [5] Senior JR. Alanine aminotransferase: a clinical and regulatory tool for
mandations spécifiques existent également pour le CVM et detecting liver injury - past, present, and future. Clin Pharmacol Ther
l’arsenic [70, 71] . 2012;92:332–9.

EMC - Pathologie professionnelle et de l’environnement 7


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F. Testud (f.testud@btpst.fr).
Toxicologie médicale et médecine du travail, BTP Santé Travail, 55, avenue Galline, 69100 Villeurbanne, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Testud F. Atteintes hépatiques toxiques professionnelles. EMC - Pathologie professionnelle et de
l’environnement 2017;12(4):1-9 [Article 16-530-J-10].

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