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:FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES - SETTAT:340637514:88866215:41.250.176.
et économie
des entreprises
ULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES - SETTAT:340637514:88866215:41.250.
collection aide-mémoire
Droit administratif
A. Maurin
Droit civil
B. Hess-Fallon, A.-M. Simon, M. Vanbremeersch
Droit constitutionnel
E. Oliva, S. Giummarra
Droit de la famille
B. Hess-Fallon, A.-M. Simon
Droit fiscal
Ch. Aimé, M. Rochedy
Droit du travail
B. Hess-Fallon, S. Maillard-Pinon, A.-M. Simon
Économie
A. Beitone, E. Buisson-Fenet, C. Dollo, E. Le Masson
Finances publiques
E. Oliva
Institutions juridictionnelles
A. Maurin, M. Brusorio Aillaud, A. Héraud
Sciences sociales
C. Dollo, J. Gervasoni, J.-R. Lambert, S. Parayre
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Management
et économie
des entreprises
Gilles Bressy
Agrégé d’économie et gestion
Christian Konkuyt
Agrégé de techniques économiques et de gestion
Diplômé d’expertise-comptable
Sommaire
Sommaire........................................................................................................................... V
Liste des abréviations........................................................................................... XI
Chapitre 1
Qu’est-ce qu’une entreprise ?.................................................................... 1
Chapitre 2
La diversité des entreprises........................................................................... 17
Chapitre 3
L’entreprise et son environnement économique
et social................................................................................................................................ 48
Chapitre 4
La création et la disparition d’entreprise........................................ 67
Chapitre 5
La culture et l’identité de l’entreprise................................................ 80
Chapitre 6
Entreprendre et diriger....................................................................................... 96
Chapitre 7
L’information dans l’entreprise................................................................... 130
Chapitre 8
La communication et les réseaux d’information
de l’entreprise.............................................................................................................. 154
Chapitre 9
La stratégie : 1. La démarche stratégique..................................... 175
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VI Management et économie des entreprises
Chapitre 10
La stratégie : 2. Diagnostic et choix stratégique
au niveau global (corporate strategy)............................................................ 202
Chapitre 11
La stratégie : 3. Diagnostic et choix stratégique
au niveau d’un produit ou d’un DAS......................................................... 245
Chapitre 12
L’organisation de l’entreprise...................................................................... 261
Chapitre 13
Les théories des organisations................................................................... 282
Chapitre 14
L’activité commerciale : 1. La démarche marketing............ 310
Chapitre 15
L’activité commerciale : 2. Le marchéage et la vente........ 330
Chapitre 16
La production : 1. La production de biens.................................... 353
Chapitre 17
La production : 2. La production de services............................. 386
Chapitre 18
La fonction logistique : approvisionnement, gestion
des flux et des stocks........................................................................................... 404
Chapitre 19
La gestion des ressources humaines (GRH) :
1. Le cadre et les contraintes....................................................................... 420
Chapitre 20
La gestion des ressources humaines (GRH) :
2. La mobilisation du personnel................................................................ 439
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Sommaire VII
Chapitre 21
La fonction financière........................................................................................... 477
Chapitre 22
La gestion des risques......................................................................................... 498
Chapitre 23
La conduite du changement......................................................................... 511
Chapitre 24
L’entreprise dans la société............................................................................ 523
Chapitre 25
L’entreprise et l’environnement naturel........................................... 540
Chapitre 26
L’entreprise et la fiscalité.................................................................................. 553
SDGP
Système de gestion de la production
SDR
Société de développement régional
SEL
Société d’exercice libéral
SEM
Société d’économie mixte
SGDB
Système de gestion de base de données
SGI
Système de gestion de l’information
SIAD
Système informatique d’aide à la décision
SICAV
Société d’investissement à capital variable
SICOMI
Société immobilière pour le commerce et l’industrie
SIG
Système d’information pour la gestion
SIM
Système d’information pour le management
SMIC
Salaire minimum interprofessionnel de croissance
SNC
Société en nom collectif
SSCI
Société de services et de conseil en informatique
SSII
Société de services et d’ingénierie informatique
TAD
Travail à distance
TAEG
Taux annualisé effectif global
TEG
Taux effectif global
TGAP
Taxe générale sur les activités polluantes
TIC
Technologies de l’information et de la communication
TMS
Troubles musculo-squelettiques
TPE
Très petites entreprises
TRI
Taux de rentabilité interne
TVA
Taxe sur la valeur ajoutée
UBIFrance
EPIC chargé du soutien au développement international
des entreprises
UE Union européenne
UPA Union professionnelle artisanale
URSSAF Union pour le recouvrement des cotisations de Sécurité
sociale et d’allocations familiales
USH Unités stratégiques homogènes
VA Valeur ajoutée
VAN Valeur actuelle nette
VRP Voyageur représentant placier
WAN Wide area network (réseau ouvert)
ZAC Zone d’aménagement concerté
ZFU Zone de franchise urbaine
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CHAPITRE 1 Chapitre 1 – Qu’est-ce qu’une entreprise ? 1
Qu’est-ce
qu’une entreprise ?
Cette définition est assez explicite pour s’appliquer aussi bien à une
entreprise géante comme Nestlé ou Microsoft qu’à une très petite entre-
prise comme une boulangerie de quartier.
L’entreprise peut aussi bien n’appartenir à aucun groupe industriel ou
financier ou, au contraire, être un groupe de sociétés qui développe une
stratégie globale pour l’ensemble des unités qu’il contrôle.
Un décret de décembre 2008 en application de la loi de modernisation de
l’économie (LME) définit, quant à lui, l’entreprise comme « la plus petite
combinaison d’unités légales qui constitue une unité organisationnelle
de production de biens et de services jouissant d’une certaine autonomie
de décision, notamment pour l’affectation de ses ressources courantes ».
Mais l’Insee définit le plus souvent dans ses statistiques l’entreprise
comme une « unité légale exerçant une activité productive marchande »,
c’est-à-dire destinée à être vendue à une clientèle.
1. Pour plus de précisions sur ce point, voir M. Pédamon et H. Kenfack, Droit commercial,
coll. Précis, Dalloz.
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4 Management et économie des entreprises
1. La cessation de paiements est la situation dans laquelle l’entreprise ne parvient plus à
couvrir son passif exigible avec son actif disponible (caisse et banque).
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6 Management et économie des entreprises
b. La distribution de revenus1
Une très grande partie de la valeur ajoutée va être distribuée par l’entre-
prise aux autres agents économiques et constituera pour eux des reve-
nus.
Ce sont :
– les impôts versés à l’État et aux collectivités locales ;
– les cotisations versées à la Sécurité sociale et au système d’assu-
rance-chômage ;
– les rémunérations versées aux salariés ;
– les intérêts versés aux prêteurs de fonds, notamment les banques ;
– la part de bénéfice distribué au(x) propriétaire(s) de l’entreprise.
EXEMPLE
Dividendes des actionnaires dans le cas d’une société anonyme.
1. Cette répartition des revenus est dite primaire car elle est ensuite corrigée par la redistri-
bution liée au jeu des prélèvements obligatoires et prestations sociales, censée réduire les
inégalités sociales.
2. J.E. Post, L.E. Preston, S. Sachs, 2002.
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Chapitre 1 – Qu’est-ce qu’une entreprise ? 7
1. Fonds constitués de plans de retraite par capitalisation et qui constituent du fait de l’im-
portance des sommes collectées, des « investisseurs » financiers de premier plan. Ils sont
souvent anglo-saxons.
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Chapitre 1 – Qu’est-ce qu’une entreprise ? 9
1. ROE (return on equity), fixé à 15 % par les mandataires des fonds de pension nord-amé-
ricains.
2. Voir p. 114.
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10 Management et économie des entreprises
séparer leurs activités de pharmacie, très rentables, de leurs activités de santé végé-
tale (OGM) qui le sont beaucoup moins.
Pour le personnel
B. Le calcul économique
Ces décisions s’appuient sur un calcul économique. Celui-ci est une com-
paraison entre avantage et coût qui passe par une collecte d’informations
et le recours à diverses techniques dites « d’aide à la décision » (v. cha-
pitre 6, p. 109). L’évaluation des avantages n’est pas toujours facile car
certains d’entre eux ne sont pas quantifiés sur le marché à travers un prix.
Il peut en être de même pour certains coûts lorsque l’entreprise entend
prendre en compte certains effets externes (déséconomies externes) de
son activité ou certains désavantages qui ne seront mesurables en coût
qu’à plus long terme (détérioration de l’image de l’entreprise).
C. L’autonomie de décision
Le pouvoir de décision de l’entreprise repose sur l’autonomie que lui
confère la libre disposition d’un patrimoine, c’est-à-dire sur le droit
dont disposent ses propriétaires sur les actifs productifs et financiers
nécessaires à son exploitation.
Il repose également sur le pouvoir de direction de l’employeur à l’égard
du personnel, pouvoir qui s’inscrit dans le droit du travail1.
EXEMPLE
Le plan de transformation « Carrefour 2022 » annoncé par le groupe Carrefour en
janvier 2018 correspond à un changement de modèle économique de cette entreprise.
La diversité
des entreprises
1. Hervé Bacheré, 3 000 entreprises au cœur de l’économie française, Insee Focus, no 56,
mars 2016.
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18 Management et économie des entreprises
Nombre d’entreprises
Personnes physiques Personnes morales Total
dont commerçants Total dont SARL dont SA Total
410 929 1 778 201 1 429 933 44 174 1 825 497 3 603 698
49,35 % 50,65 % 100 %
Entreprises selon la forme juridique (Données provisoires).
Champ : France ; activités marchandes hors agriculture.
Source : Insee, REE (Répertoire des Entreprises et des Établissements – Sirene).
a. Risque illimité
– L’Entreprise individuelle (EI) en « nom personnel » très simple, sans
formalisme (ni statuts ni capital social), mais avec une responsabilité
indéfinie sur les biens propres en cas d’échec, car il n’y a pas de sépa-
ration entre le patrimoine de l’entreprise et celui de l’entrepreneur.
Néanmoins depuis une loi protectrice de 2015, la résidence principale
de l’entrepreneur est insaisissable.
– Le régime de micro-entrepreneur qui succède à celui de l’auto-entre-
preneur facilite le démarrage d’une activité commerciale réduite (CA
b. Risque limité
1. Pour un entrepreneur unique
• L’Entreprise individuelle à responsabilité limitée (EIRL).
Il s’agit d’une entreprise individuelle, dont l’entrepreneur dresse lors de
la création, la liste des biens nécessaires à l’entreprise et qu’il apporte en
garantie à ses créanciers professionnels. Ainsi, comme en société, l’en-
trepreneur individuel qui a créé une EIRL sépare son patrimoine en
deux parties distinctes :
– un patrimoine privé, qui constitue une garantie pour ses créanciers
privés (notamment sa banque) ;
– un patrimoine professionnel (« patrimoine affecté »), connu des créan-
ciers de l’EIRL et leur servant de garantie.
Une EIRL a l’obligation d’établir et déposer ses comptes annuels ce qui
permet aux créanciers de suivre l’évolution du patrimoine profession-
nel. Par ailleurs, l’affectation de nouveaux actifs postérieurement à la
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Chapitre 2 – La diversité des entreprises 21
• La société par actions simplifiée (SAS) est une forme juridique très
souple qui connaît un succès croissant.
La formule juridique de la SAS offre une grande adaptabilité des statuts
qui peuvent accueillir des clauses diverses d’inaliénabilité des actions,
d’agrément ou d’exclusion ainsi que des pactes d’actionnaires, généra-
lement occultes.
Par le jeu de telles clauses, il est possible aux associés de stabiliser l’ac-
tionnariat de la société (en préservant son intuitus personæ), empêchant
ainsi toute arrivée d’un concurrent ou d’un « prédateur ».
Les droits pécuniaires des actionnaires sont les mêmes que dans la SA
(dividende, droit préférentiel de souscription, boni de liquidation).
– L’appel public à l’épargne est interdit (mais la SAS peut se transformer
à cet effet en SA, sans délai), le nombre des associés est indifférent. Il
n’existe pas de capital social minimum, la société peut donc être
constituée avec un capital social de 1 €.
– Une société par action simplifiée peut être créée par une (v. supra la
SASU) ou plusieurs personnes qui ne supportent les pertes qu’à concur-
rence de leur apport.
– La décision de transformer une société en SAS doit être prise à l’una-
nimité des associés.
1. Elles sont regroupées dans les chambres régionales de l’économie sociale et solidaire
(CRESS).
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24 Management et économie des entreprises
78,1 %
associe autour d’un projet commun des acteurs salariés, des acteurs
bénéficiaires (clients, usagers, riverains, fournisseurs…) et des contribu-
teurs (associations, collectivités, bénévoles etc.) pour produire des biens
ou des services d’intérêt collectif au profit d’un territoire.
c. Les associations
Les associations, constituées selon la loi de 1901, à but non lucratif, sont
répandues dans beaucoup de domaines (santé, culture, sport, charité…)
et gèrent parfois des sommes très importantes. Celles qui ont une « acti-
vité économique » (loi du 1er mars 1984) en produisant des biens ou des
services marchands, sont des entreprises. Elles peuvent parfois être sou-
mises à TVA en totalité ou partiellement (sectorisation de l’activité sou-
mise à la taxation).
Elles sont très nombreuses en France (1,3 Million) et elles emploient
1,8 million de personnes (dont la moitié dans le secteur sanitaire et
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26 Management et économie des entreprises
social). Elles sont surtout financées par des subventions et des revenus
d’activité, le mécénat ne concernant que 9 % des associations (contrai-
rement à ce qu’il se passe dans les pays anglo-saxons).
État français
53 %
État français
19,70 %
Micro-entreprises
0 < N ≤ 10 salariés et CA ou total du bilan ≤ 2 millions d’€
Petites et moyennes entreprises (PME)
N < 250 salariés et CA ≤ 50 millions d’€ ou un total de bilan ≤ 43 millions d’€
Entreprises de taille intermédiaire (ETI)
Entreprises remplissant 2 des 3 critères suivants :
250 ≤ N ≤ 4 999 salariés
50 millions d’€ < CA ≤ 1,5 milliard d’€
43 millions < Total de bilan < 2 milliards d’€
Grandes entreprises
Celles n’appartenant pas aux autres catégories
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32 Management et économie des entreprises
Effectif
Nombre %
en millions*
Microentreprises 3 606 741 96,16 % 2,8
PME (hors microentreprises) 138 117 3,70 % 4,14
ETI 5 322 0,14 % 3,55
Grandes entreprises 274 0,00 % 4,3
Total 3 750 454 100 14,8
* En équivalent-temps plein.
Lecture : dans ce tableau, l’entreprise désigne « le groupe y c. ses filiales financières »
ou « l’unité légale indépendante ».
Ce concept nouveau se rapproche de celui d’« acteur économique ».
Champ : secteurs marchands non agricoles.
Source : Insee Références, 2 mars 2017.
1. PMI pour petites et moyennes industries, désigne les petites et moyennes entreprises
industrielles.
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Chapitre 2 – La diversité des entreprises 33
c. Les « microentreprises »
Ce sont des entreprises dont le nombre de salariés est égal ou inférieur à
10. Mais 72 % d’entre elles n’ont aucun salarié et, pour celles qui ont un
seul salarié, il peut s’agir de l’entrepreneur. Lorsque le total de leur bilan
ou de leur chiffre d’affaires est inférieur ou égal à 2 millions d’euros, ce
sont des micro-entreprises. Toutefois, le terme de TPE reste largement
utilisé dans le langage courant. Les TPE ou micro-entreprises constituent
une sous-catégorie des PME. Elles représentent plus de 95 % du nombre
d’entreprises en France et 19 % de l’emploi. Elles sont parfois une solu-
tion pour les chômeurs qui ne trouvent pas d’emploi salarié et qui
décident de créer leur activité. Elles englobent les auto-entrepreneurs
dont certains sont dans une situation proche de la subordination à
l’égard d’une entreprise donneuse d’ordre et donc du salariat.
Pour toutes ces raisons les pouvoirs publics locaux et l’État sont attentifs
à la situation de ces entreprises qui constituent par ailleurs la base du
tissu économique local (avec un grand nombre d’artisans, de commer-
çants et de professionnels libéraux). Des programmes régionaux de
financement de BPIFrance existent pour faciliter la croissance des TPE.
À NOTER
86 % des TPE emploient entre 1 et 5 salariés mais n’ont pas les moyens d’une gestion
très sophistiquée. Les réformes portées par les ordonnances visant à simplifier le
Code du travail comme le plafonnement des indemnités prud’homales, et la possibi-
lité de négocier sans syndicat devraient bénéficier à ces entreprises, comme aux PME
plus grandes.
2. Les faiblesses
• Leur financement est plus difficile (à la fois plus coûteux et plus
limité) du fait d’un pouvoir de négociation moins important vis-à-vis
des banques et des clients et fournisseurs, d’un manque d’accès aux
marchés financiers et d’une capacité d’autofinancement souvent plus
faible. De plus le souci de préserver l’autonomie de gestion dans les
entreprises familiales peut les amener à limiter l’ouverture et l’aug-
mentation du capital.
• Les PME peuvent aussi prospérer sur des créneaux (ou « niches ») de
marché en se spécialisant dans la production d’un bien ou d’un service
adapté avec précision aux besoins d’un segment particulier de clientèle3.
REMARQUE
Lorsque la clientèle visée dispose d’un pouvoir d’achat élevé on parle d’« écrémage »
du marché.
1. Voir les accords entre les entreprises ; chap. 10, p. 234.
2. Voir les variables stratégiques ; chap. 9, p. 185.
3. Voir aussi la stratégie générique de concentration sur un créneau de M. Porter, p. 254.
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Chapitre 2 – La diversité des entreprises 39
Les PME françaises sont ainsi très peu implantées directement à l’étran-
ger en comparaison des PME du Royaume-Uni, d’Autriche ou d’Islande
par exemple (source : Observatoire européen des PME, 2004).
b. Ce qu’elles représentent
En 2013, l’Insee a décompté 5 200 entreprises de taille intermédiaire (ETI)
localisées en France. Selon le METI, ces entreprises représentent 23 % de
a. Caractéristiques
Ces entreprises sont grandes par leur effectif salarié mais aussi par leur
surface financière. Ce sont, dans la plupart des cas, des sociétés. Elles
sont constituées par un grand nombre d’associés ce qui permet de mobi-
liser des moyens importants, tant au niveau du capital social que des
ressources financières externes, en faisant un appel public à l’épargne.
Du fait que ces entreprises comprennent un très grand nombre d’associés,
ceux-ci perdent parfois le pouvoir de prise de décision qui est transféré
au profit des managers (la « technostructure » selon la terminologie de
J.K. Galbraith). Ces managers se trouvent eux-mêmes placés de plus en
plus souvent sous le contrôle de quelques grands actionnaires que sont les
fonds de placement collectifs (fonds de pension ou investisseurs institu-
tionnels) (v. le thème de la gouvernance d’entreprise dans le chapitre 6).
Dans ce type d’entreprises, on met en œuvre tous les principes d’organisa-
tion et de gestion les plus élaborés. Néanmoins l’organisation très ration-
nelle du travail crée parfois des problèmes sociaux ou des déséconomies
d’échelle1 dues à l’effet de taille (absentéisme, démotivation, non-qua-
lité…) au point que l’on doit décentraliser le pouvoir et que l’on en vient
même à « éclater » l’entreprise en petites unités (small is beautiful).
Le développement de ces grandes entreprises se fait sur le marché mon-
dial où elles sont représentées par une diversité de sociétés filiales. Leur
puissance est donc très importante :
– sur l’environnement, par leur capacité de modifier ou de l’influencer
sur les plans économique et écologique ;
– d’un point de vue technique, par les moyens et la technologie mis en
œuvre ;
– d’un point de vue financier car elles peuvent facilement faire appel à
des capitaux conséquents.
Ainsi, l’Insee a relevé qu’en 2015, les grandes entreprises réalisaient
31,4 % du PIB français et 26,1 % de l’emploi salarié en France et 50,5 %
des exportations2.
Selon une étude de l’IFGE publiée en janvier 2012, le développement
des marchés financiers a permis une formidable concentration des entre-
prises françaises sur la période 1992-2010, dont une soixantaine ont vu
1. Déséconomies d’échelle : il s’agit, à partir d’un certain seuil de production, de l’augmen-
tation du coût unitaire qui accompagne l’accroissement de la quantité produite (à l’inverse
des économies d’échelle), du fait d’une saturation du système productif et de l’organisation
de l’entreprise.
2. Chiffres clés Insee 6/10/2017, Caractéristiques des entreprises en 2015.
ULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES - SETTAT:340637514:88866215:41.250.
42 Management et économie des entreprises
b. Le groupe
La diversification des produits entraîne souvent la constitution d’un
groupe qui est un ensemble de sociétés ayant des relations financières
et économiques et contrôlées soit par une société-mère, soit par une
société de portefeuille (holding). On parle de filiales quand le contrôle
est supérieur à 50 % et de prise de participation quand celui-ci est com-
pris entre 10 % et 50 %. La société-mère conserve une activité de pro-
duction contrairement à la holding qui se consacre exclusivement à la
gestion de ses actions et autres actifs financiers.
SCHÉMA D’UN GROUPE
REMARQUE
Il y a une participation croisée entre la société-mère et la filiale B dans cet exemple
(ex. : l’organisation du groupe ArcelorMittal).
Capitalisation
Rang Nom Pays Secteur au 1er août 2013
(milliards €)
1 Nestlé Suisse Distribution 164,11
et consommation
2 HSBC Royaume-Uni Finance 160,64
3 Roche Suisse Santé 159,8
4 Royal Dutch Shell Pays-Bas Énergie 158,53
5 Novartis Suisse Santé 146,29
6 BHP Billiton Royaume-Uni Industrie 122,37
7 Anheuser-Busch Belgium Distribution 117,44
et consommation
8 Vodafone Royaume-Uni Informatique 110,22
et Télécoms
9 Sanofi France Santé 99,77
10 BP Royaume-Uni Énergie 98,39
11 Total France Énergie 95,89
12 Glaxosmithkline Royaume-Uni Santé 95,34
13 Unilever Pays-Bas Distribution 92,51
et consommation
14 Volkswagen Allemagne Automobile 81,55
15 British Am. Royaume-Uni Distribution 77,57
Tobacco et consommation
16 L’Oréal France Distribution 76,4
et consommation
3
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44 Management et économie des entreprises
Capitalisation
Rang Nom Pays Secteur au 1er août 2013
(milliards €)
17 Siemens Allemagne Informatique 73,7
et Télécoms
18 Bayer Allemagne Santé 72,95
19 Novo Nordisk Danemark Santé 71,23
20 Gazprom Russie Énergie 70,51
21 LVMH France Distribution 70,36
et consommation
22 SAP Allemagne Informatique et 68,31
Télécoms
23 Rio Tinto Royaume-Uni Énergie 65,51
24 Inditex Espagne Distribution 63,08
et consommation
25 BASF Allemagne Industrie 61,8
26 ENI Italie Énergie 61,45
27 BNP Paribas France Finance 61,23
28 Sabmiller Royaume-Uni Distribution 59,76
et consommation
29 Lloyds Banking Royaume-Uni Finance 59,67
30 Diageo Royaume-Uni Distribution 59,42
et consommation
Source : PwC, oct. 2013.
34 %
MITSUBISHI
MOTORS
• La question de la transmission
Selon une étude du Cabinet Deloitte, Bien que la préparation de la trans-
mission de l’entreprise soit considérée comme essentielle pour les diri-
geants, ceux-ci concentrent leurs efforts sur le développement de nou-
veaux produits, l’augmentation du chiffre d’affaires et le développement
de nouveaux marchés ainsi que sur l’amélioration de la rentabilité. Le
manque de préparation de la transmission de ces entreprises est donc
un problème réel : 59 % des dirigeants ne disposent pas d’un plan de
succession. Cela s’explique en partie par les différents freins et obsta-
cles : le poids de la fiscalité (18 %), l’absence d’un successeur motivé ou
capable (16 %), des raisons intrafamiliales (16 %), des difficultés à sur-
monter les conflits au sein de la famille (11 %), ou encore la difficulté de
choisir un successeur au sein de la famille. Pourtant, plus de la moitié
des dirigeants (59 %) ont d’ores et déjà identifié un membre de la famille
comme successeur, et 67 % ont déjà pris des dispositions pour assurer
la continuité de l’entreprise.
• Le manque de soutien
Selon Cyril Chevrillon, dont la société (Groupe Chevrillon) soutient le
développement des entreprises familiales, celles-ci, doivent être mieux
soutenues dans leur développement « si l’on ne veut pas qu’elles se
vendent à des groupes étrangers ». En effet « Bpifrance a mille fois moins
de ressources que le fonds souverain de Singapour ». Le capitalisme
familial serait à la fois le moyen de préserver une activité industrielle et
des emplois dans les différentes régions françaises.
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46 Management et économie des entreprises
L’entreprise
et son environnement
économique et social
I. L’environnement de l’entreprise
L’environnement de l’entreprise est l’ensemble des éléments externes susceptibles
d’influencer son activité et son équilibre.
Environnement
Environnement
institutionnel
socio-culturel
et juridique
Environnement Environnement
démographique L’entreprise technologique
Environnement Environnement
économique Environnement concurrentiel
général social
B. La méthode PESTEL
Il s’agit d’un schéma d’analyse des composantes environnementales en
six grandes catégories : Politiques, Économiques, Sociologiques, Tech-
nologiques, Écologiques et Légales (PESTEL). Il s’agit donc d’apprécier
à partir de ce « pense-bête », les influences que peut exercer l’environ-
nement macroéconomique sur une entreprise donnée.
– Politique : les politiques publiques concernant l’activité, les technolo-
gies, l’investissement, etc.
– Économique : la situation économique générale en termes de crois-
sance, d’évolution de la demande, d’inflation, de taux de change, etc.
– Socio-culturel : évolution démographique, des modes de vie, du
niveau d’éducation, des courants sociaux et culturels, etc.
– Technologique : investissements en R&D concernant le secteur ; taux
d’obsolescence ; importance des transferts de technologie, modes de
protection de la propriété intellectuelle, etc.
– Écologique : règles de protection de l’environnement spécifiques au
secteur d’activité ; éventail des ressources énergétiques utilisables ;
possibilités de retraitement et recyclage des déchets, etc.
– Légal : règles du droit du travail ; droit fiscal ; règles de protection de la
concurrence et des consommateurs ; réglementation spécifique au sec-
teur, etc.
EXEMPLES
– Dans le secteur de la photo, des entreprises comme Kodak, Olympus ou Leica ont
eu des difficultés à prendre le virage du numérique contrairement à Sony ou Canon,
proactives dans ce domaine.
– La flambée des prix du pétrole et l’évolution de la règlementation anti-pollution
amènent inévitablement les entreprises automobiles à infléchir leurs stratégies de
produit vers des modèles hybrides ou électriques.
Selon A. Grove, qui a été l’un des dirigeants de Intel, l’évolution des
contraintes de l’environnement peut conduire à des « points d’inflexion
stratégiques ». Ainsi, dans la vente par correspondance, seules les entre-
prises qui ont su prendre le virage du e-commerce ont survécu dans les
années 2000. Le secteur automobile serait arrivé à cette étape comme le
montre l’incursion de Google, et bientôt d’Apple, sur le marché de
l’« automobile intelligente ».
Selon J. Rifkin, le capitalisme est passé de l’âge du marché à celui de
l’accès dans lequel vendeurs et acheteurs sont remplacés par prestataires
et usagers ce qui se traduit par un jeu croissant d’alliances et de coopé-
rations dans le but de créer et développer des réseaux plutôt qu’un capi-
tal. Il s’agit d’une inflexion stratégique dans un grand nombre de sec-
teurs d’activité qui aboutit à une véritable marchandisation de la vie
culturelle et sociale1.
1. C’est-à-dire dont la coopération des membres se réalise par voie télématique.
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Chapitre 3 – L’entreprise et son environnement économique et social 53
EXEMPLES
– Une loi d’orientation des transports doit en 2018 dessiner les perspectives et les
priorités en matière de transport en France pour les dix prochaines années, dans le
but notamment de décongestionner la circulation des biens et des personnes au sein
des agglomérations. Autant d’occasions de développer certaines activités dans le
secteur des transports (stationnement, tramways, vélos, bus, etc.), mais aussi de
pénaliser des systèmes devenus socialement indésirables (autoroute urbaines).
– Le programme européen Horizon 2020, doté de 79 Md€, doit financer des projets
de recherche et d’innovation dans l’Union européenne pour la période 2014-2020 en
favorisant les partenariats public-privé et en soutenant les PME innovantes.
EXEMPLES
Le 8 décembre 2010, la Commission européenne a infligé une amende de 5 millions €
à l’ordre national des pharmaciens français pour avoir imposé des prix minimums
sur le marché français des analyses de biologie médicale.
b. La compétitivité de l’entreprise
La compétitivité d’une entreprise est sa capacité à affronter la concurrence.
Dans les autres cas l’entente est parfaitement légale et peut s’inscrire
dans une stratégie de coopération et d’alliance (v. infra et chapitre 10).
Un autre moyen encore est la croissance par regroupement avec des
concurrents. Cette pratique est réglementée et placée sous le contrôle de
l’Autorité de la concurrence2 et de la Commission européenne qui auto-
risent ou non les opérations de concentration d’entreprises afin d’éviter
une trop forte restriction de la concurrence. Néanmoins la concurrence
étant désormais internationalisée, c’est à l’échelle du marché mondial
qu’il faudrait envisager cette question.
De façon générale, lorsque la concurrence est réduite en raison de la
position dominante d’une entreprise par rapport aux autres, celle-ci
pourrait abuser de cette position dominante en pénalisant ses fournis-
1. Ordonnance no 86-1243 du 1er décembre 1986 relative à la liberté des prix et de la concur-
rence et article 85 du traité de Rome instituant la CEE.
2. L’Autorité de la concurrence est une autorité administrative indépendante chargée de
protéger la concurrence sur les différents marchés. Elle a remplacé le Conseil de la concur-
rence en août 2008.
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56 Management et économie des entreprises
Direction Direction
générale de générale de
l’entreprise A l’entreprise B
Commerciaux A Commerciaux B
Alliance Alliance
manager A manager B
Domaine 1 Domaine 1
Services de Services de
marketing A marketing B
Alliance Alliance
manager A manager B
Domaine n Domaine n
1. Concepts aujourd’hui banalisés, empruntés à F. Perroux (Matériaux pour une analyse de
la croissance économique, publ. de l’ISEA, série D, no 8, avril 1955). La Silicon Valley, qui
est le meilleur exemple de pôle de développement, a aujourd’hui des concurrentes euro-
péennes et asiatiques avec la multiplication des technopôles.
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60 Management et économie des entreprises
1. La BPI remplace ainsi l’OSEO qui avait lui-même remplacé l’ANVAR, chargés de mis-
sions similaires.
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62 Management et économie des entreprises
e. La règlementation
L’entreprise se trouve confrontée à une règlementation plus ou moins
contraignante. Dans les pays développés, il existe un « état de droit »,
c’est-à-dire que le droit est respecté et les sanctions prononcées par les
tribunaux sont appliquées. Cela garantit aux entreprises une stabilité du
cadre des règles dans lesquelles se déroule leur activité et cela génère en
contrepartie un certain nombre d’obligations, notamment sur les plans
fiscal, social et commercial.
EXEMPLE
L’affaire des moteurs truqués de Volkswagen et d’autres constructeurs automobiles
(« Dieselgate ») : le groupe VW a été condamné aux États-Unis à payer une amende
fédérale de 2,8 Md$ et 750 M$ aux différents États, auxquels il faut ajouter les indem-
nités versées aux clients américains. Au total, le groupe VW aura ainsi déboursé
presque 25 Md$ aux États-Unis. En Europe, des actions judicaires sont en cours.
1. Théorie selon laquelle une variation de la demande entraîne une variation amplifiée du
stock de capital par l’investissement et donc un accroissement amplifié de l’activité de
production. It = v∆Yt où v est le coefficient d’accélération de l’activité et le coefficient de
capital dans l’économie considérée. Ce phénomène a été mis pour la première fois en évi-
dence en 1913 par A. Aftalion.
2. Phénomène mis en évidence pour la première fois par Jay Forester, par lequel une
demande insatisfaite d’un produit se trouve progressivement amplifiée le long de la chaîne
logistique liée à sa distribution, ce qui génère une surproduction de ce produit.
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Chapitre 3 – L’entreprise et son environnement économique et social 65
La flexibilité La flexibilité
des facteurs de production organisationnelle
Structure
Flexibilité Flexibilité Structure
divisionnelle
du travail technique organique
ou matricielle
La création
et la disparition
d’entreprise
a. L’étude de la demande
Il s’agit d’abord de recenser les clients potentiels du produit ou du ser-
vice dont on a l’idée, dans la zone géographique considérée. On doit
alors repérer les produits et les entreprises concurrents, afin de position-
ner le produit de l’entreprise projetée. On en déduira la part de marché
que l’on peut atteindre (marché théorique de l’entreprise). Une fois pré-
cisés les moyens commerciaux qui seront effectivement mis en place
(locaux, matériel et personnel) et donc la quantité vendue visée, il est
possible de quantifier le chiffre d’affaires prévisionnel, en utilisant le
prix psychologique1 du produit. Elle peut être complétée par une pre-
mière prospection effective de clientèle dès que le créateur dispose des
informations nécessaires (produit, prix, conditions de vente).
b. L’étude économique
En partant du chiffre d’affaires prévu, on doit envisager les différents
moyens d’obtenir le bien ou le service en question : achat, sous-traitance
partielle ou fabrication complète et comparer le coût unitaire d’acquisi-
tion du produit dans chaque cas.
On peut alors retenir une solution et en déduire les investissements pro-
ductifs et commerciaux nécessaires. Compte tenu de la quantité vendue
estimée précédemment, on peut chiffrer les charges d’exploitation et
calculer la valeur ajoutée puis la marge nette (résultat) et évaluer ainsi la
rentabilité du projet. Un calcul du seuil de rentabilité indiquera le mon-
tant de chiffre d’affaires à partir duquel l’entreprise sera rentable.
1. Le prix psychologique est celui qui est accepté par le plus grand nombre de clients
potentiels.
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Chapitre 4 – La création et la disparition d’entreprise 69
c. L’étude financière
Il convient de chiffrer le besoin en fonds de roulement de l’entreprise
envisagée, en calculant les différents éléments qui pèsent sur la trésore-
rie (stocks, crédit-client…), puis ceux qui allègent celle-ci (crédit-four-
nisseur).
1. Le dispositif NACRE est une compétence des régions depuis janvier 2017.
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Chapitre 4 – La création et la disparition d’entreprise 71
1. Ce statut concerne encore plus de la moitié des créations si on inclut les micro-entrepre-
neurs.
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72 Management et économie des entreprises
Parmi les entreprises créées sous la forme de sociétés, la part des SAS
continue d’augmenter pour s’établir à 56 %.
1. En réalité, la faillite est une sanction pénale prononcée à l’encontre d’un dirigeant qui
s’est rendu coupable d’un délit lors de sa gestion d’une entreprise mise en liquidation.
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74 Management et économie des entreprises
B. La liquidation judiciaire
SCHÉMA DE LA PROCÉDURE DE REDRESSEMENT OU DE LIQUIDATION JUDICIAIRE
Liquidation judiciaire
Cessation des Saisine du
Jugement Liquidation judiciaire
paiements tribunal
Plan de cession
À NOTER
À fin juin, le cumul sur 12 mois du nombre de défaillances s’élève à 55 717, soit une
baisse de 8,8 % par rapport juin 2016.
A. Le soutien financier
a. Le soutien bancaire
Une gestion bancaire pertinente devrait permettre de faire face à ces
problèmes dans la mesure où le banquier est capable de mesurer la per-
tinence du modèle économique de l’entreprise cliente et a intérêt à ce
que sa cliente perdure. Mais la frilosité des banques françaises, fragili-
sées par leurs mésaventures financières, les a conduites souvent à
oublier leur mission fondamentale de soutien à l’activité des entreprises
tout en faisant peser sur la collectivité nationale le poids de leur propre
sauvetage !
B. Ses conséquences
La concentration est considérée comme un facteur de renforcement et de
dynamisation du secteur, car elle se traduit généralement par une ouver-
ture plus importante à l’international, et par une capacité de recherche
et d’innovation plus importante pour les entreprises en bénéficiant. Elle
se déroule grâce aux opérations de croissance externe3 des entreprises
(fusions, OPA, participations) ou grâce à l’effort supérieur de croissance
interne de certaines entreprises qui grandissent plus vite que l’ensemble
de leur secteur.
La culture et l’identité
de l’entreprise
1. Renaud Sainsaulieu (1935-2002), était professeur à l’IEP de Paris et directeur du Labora-
toire de sociologie du changement des institutions, au CNRS.
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Chapitre 5 – La culture et l’identité de l’entreprise 81
a. Les symboles
Ce sont certains signes distinctifs, comme le logo de l’entreprise (image
symbolique choisie par l’entreprise pour la représenter), le style vesti-
mentaire (uniforme ou façon de se vêtir selon un dress code), le style
architectural (type de bâtiments et d’aménagement), etc.
Ils incarnent à la fois les objectifs et les caractéristiques de l’organisation
et ont pour fonction de rallier les membres de l’organisation à celle-ci.
b. Les croyances
Ce sont des informations générales, des modes de raisonnement, des
valeurs qui sont acceptées comme des évidences et qui déterminent la
façon de penser et d’agir des membres de l’organisation. Elles influencent
fortement les relations de l’entreprise avec ses partenaires (clients, four-
nisseurs, concurrents…).
Poussées à l’extrême, de telles croyances peuvent prendre un caractère
idéologique. Le produit ou service de l’organisation devient alors un
bienfait pour l’humanité et il convient de le diffuser à travers le monde.
Certaines entreprises, et beaucoup d’organisations pseudo-religieuses et
militantes, se trouvent dans ce cas.
c. Les rites
Ce sont des pratiques systématiques et invariables qui peuvent concer-
ner les activités quotidiennes, à travers la façon de communiquer
(exemple du tutoiement), le langage utilisé (vocabulaire « maison »), etc.
Ces pratiques ont souvent un caractère plus exceptionnel : rites liés à
l’accueil d’un nouveau salarié, au départ en retraite, aux décès, célébra-
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84 Management et économie des entreprises
d. Les tabous
Il s’agit des sujets dont on ne doit pas parler et des actes que l’on ne doit
pas commettre. Ils permettent d’éviter certains désordres et certaines
tensions dans l’entreprise.
EXEMPLES
L’erreur de stratégie du dirigeant, le défaut de qualité qui a fait scandale, le lancement
d’un produit qui a échoué dont il faut éviter de parler, etc.
e. Les mythes
Ce sont des faits passés qui ont été amplifiés ou déformés. Leur but est
de transmettre et de renforcer certaines valeurs de l’entreprise. Les per-
sonnages des mythes sont les héros de l’organisation, c’est-à-dire des
modèles. Il peut s’agir de dirigeants qui ont été rendus légendaires par
leur charisme, leurs réalisations exceptionnelles, et qui personnalisent
les valeurs fondamentales de l’entreprise. Il peut s’agir aussi de salariés
méritants, que l’organisation donne en modèle aux autres.
EXEMPLES
Le mythe originel de l’entreprise Nestlé est qu’un bébé prématuré qui refusait le lait
de sa mère a survécu grâce à la farine lactée pour bébé Nestlé ; celui du grand magasin
parisien La Samaritaine est que son fondateur E. Cognacq a démarré son entreprise
en vendant des tissus dans un parapluie rouge sur le Pont Neuf à la fin du xixe siècle.
b. Un code d’action
La culture de l’entreprise génère certains comportements professionnels
et en exclut d’autres. Elle constitue un code permettant aux membres de
l’entreprise d’interpréter l’environnement et d’agir pour préserver la
cohérence supposée de l’organisation. Elle influence fortement la per-
ception des membres de l’entreprise à l’égard de l’évolution de l’envi-
ronnement et des problèmes qui peuvent se poser. Elle indique dans
quel sens agir, notamment en cas de décision exceptionnelle, lorsque les
règles de gestion habituelles deviennent inopérantes.
les idées qu’elle représente. Elle peut donc limiter le champ d’action de
l’entreprise ou tout au moins compliquer certaines de ses politiques.
Certains échecs de rapprochements d’entreprises trouvent leur raison
d’être dans l’impossibilité de trouver un terrain d’entente et un modus
vivendi entre deux organisations de cultures trop différentes.
EXEMPLES
– L’échec de l’offensive de la BNP sur la Société générale en 1999 s’explique, en
partie, par une mobilisation des personnels qui a reposé sur une base culturelle.
– Aventis, née au début de l’année 2000 de la fusion de Hoechst et de Rhône-Poulenc,
s’est efforcée de créer une nouvelle culture d’entreprise, basée sur une organisation
transversale, afin de dépasser les différences entre les deux structures aujourd’hui
regroupées.
1. Cette démarche est à rapprocher du concept de « marketing interne » qui a pour objectif
de fédérer le personnel autour de la politique générale de l’entreprise.
2. Auteurs de Corporate culture and performance, 1992.
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Chapitre 5 – La culture et l’identité de l’entreprise 87
1. Sa raison d’être
Son but est de créer dans l’entreprise une dynamique capable de mobi-
liser l’ensemble des sociétés, des établissements, des services et des
salariés de l’entreprise. Il apporte donc à la grande entreprise, souvent
dispersée géographiquement, une unité.
Il est avant tout un outil de changement organisationnel qui permet
notamment de faire évoluer la culture d’entreprise.
2. Sa mise en œuvre
La diffusion du projet est l’objet d’une action de communication interne
mais aussi d’une campagne de presse et de publicité institutionnelle qui
lui donnent la dimension d’un engagement de l’ensemble des membres
de l’entreprise. L’encadrement joue un rôle d’animation du projet dans
les services et des indicateurs permettent de mesurer sa réalisation et de
mettre à l’honneur ses meilleurs artisans.
Le projet, une fois lancé, il convient d’entretenir la dynamique créée,
avant qu’elle ne retombe. On pourra recourir à des concours interser-
vices afin de susciter une émulation, publier et faire connaître les succès
obtenus par les différentes unités (journal d’entreprise, film vidéo, réu-
nion de fin d’année, presse locale…).
3. Son histoire
Le projet d’entreprise est devenu au cours des années 80, la nouvelle
« recette » pour mobiliser le personnel et accroître les performances. Il
s’est orienté au début des années 90 vers l’intégration d’une éthique
d’entreprise (v. chapitre 24 « L’entreprise dans la société »).
On lui reproche son caractère manipulatoire et aussi parfois d’incarner
une nouvelle forme de paternalisme patronal.
Selon d’autres, il s’agirait plutôt d’une fiction commode, utilisée par les
dirigeants pour désigner de façon pratique la complexité des éléments
souvent hétérogènes qui composent une entreprise. Cette fiction simpli-
ficatrice faciliterait l’exercice du pouvoir des dirigeants en sous-enten-
dant l’existence d’une unité de l’entreprise (Bazin L., et Selim M.).
Selon les auteurs de la théorie évolutionniste de la firme (v. chapitre 13,
p. 305 et s. « La théorie des organisations »), ce sont leurs savoir-faire et
leurs « compétences organisationnelles » qui différencient le mieux les
entreprises.
L’identité de l’entreprise se reflète dans l’image de l’entreprise qui est
perçue par son environnement et que l’entreprise peut influencer par ses
actions de communication et de relations publiques.
B. L’image de l’entreprise
a. Définition
L’image de l’entreprise est la façon dont celle-ci est perçue par les acteurs de son envi-
ronnement.
Or elle est très fragile, ce qui explique qu’elle fasse l’objet d’une poli-
tique de communication externe et interne.
Elle est loin pour autant d’être complètement maîtrisée par l’entreprise.
IMAGE DE L’ENTREPRISE OU IMAGE DES MARQUES ?
Le problème se pose, par exemple, chez PSA et Volkswagen où l’on cherche tout à la
fois à pratiquer une politique industrielle de groupe, propre à générer effets de synergie
et économies d’échelle, tout en différenciant les marques afin d’éviter qu’elles ne se
cannibalisent.
Mais donner une image forte à chacune des marques pose la question de l’existence
d’une image d’entreprise, pour de tels groupes de sociétés à la fois alliées et concurrentes.
Une telle image doit pourtant elle aussi exister, aux yeux des actionnaires cette fois…
ses produits. Elle passe par un portail internet et des publications sur
les réseaux sociaux généralistes ou spécialisés, ou encore par la com-
munication d’informations par voie de presse, concernant la vie de l’en-
treprise, ou bien la production de supports de communication concer-
nant l’entreprise (vidéos, journal d’entreprise, rapports, plaquettes et
catalogues). Cette élaboration d’une image favorable de l’entreprise peut
aussi s’appuyer sur des événements socio-culturels auxquels l’entreprise
s’associe par la voie du partenariat ou du sponsoring (v. infra).
REMARQUE
On voit également certaines entreprises développer de nouvelles pratiques de com-
munication, improprement qualifiées de marketing d’embuscade (ambush marke-
ting) qui consistent à s’inviter dans un événement sans avoir participé à son finance-
ment (ex. : DIM-DIM girls dans les tribunes du match de la coupe du monde de rugby
France-Irlande en septembre 2007).
Cette communication peut également consister à associer l’événement à l’entreprise
en évoquant (en dehors de tout contrat) celui-ci sur le packaging de ses produits sans
que celle-ci ne participe à l’événement lui-même. Ces formes de « communication
pirate » sont souvent utilisées pour contrecarrer, à peu de frais, l’avantage d’image
obtenu par un concurrent devenu sponsor officiel, quitte à devoir payer une amende.
1. La fondation PSA a ainsi soutenu, depuis sa création, plus de 470 projets sociaux, édu-
catifs et culturels.
ULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES - SETTAT:340637514:88866215:41.250.
94 Management et économie des entreprises
Sainsaulieu (R.), (sous la direction de), L’entreprise, une affaire de société, Presses de la
Fondation nationale des sciences politiques, 1990.
Thévenet (M.), Audit de la culture d’entreprise, Les Éditions d’Organisation, 1986.
Thévenet (M.), La culture d’entreprise, PUF, 2006.
Ouvrage collectif, Les organisations, État des savoirs, Éditions Sciences humaines, 1999.
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96
CHAPITRE 6
Management et économie des entreprises
Entreprendre et diriger
A. Présentation générale
On célèbre aujourd’hui le retour des entrepreneurs dans les grandes
entreprises. Créatifs et motivants, ils doivent préparer l’avenir de leur
entreprise. Pour cela, ils cherchent à la rendre apte aux évolutions indis-
pensables à son développement et au renouvellement de son offre.
L’entrepreneur existe depuis longtemps dans la théorie économique.
C’est un individu (entrepreneur individuel, actionnaire principal, asso-
cié d’EURL) ou bien, mais de façon plus abstraite, un groupe d’associés
qui délèguent leur pouvoir à une ou plusieurs personnes physiques
(gérant(s), PDG, ou directoire).
Il apparaît comme le responsable de l’organisation de la production et
de la stratégie retenue. À ce titre, et contrairement au manager qui peut
n’être qu’un simple mandataire des propriétaires, il assume le risque de
l’entreprise et exerce une autorité sur celle-ci.
Il joue donc un rôle déterminant pour la survie et le développement de
l’entreprise. Le profit réalisé par celle-ci est le critère principal de l’ef-
ficacité de l’entrepreneur. Une telle conception du dirigeant d’entre-
prise a semblé devoir disparaître avec l’apparition de la grande entre-
prise bureaucratique gérée par un manager et depuis qu’un « capitalisme
managérial » a succédé au « capitalisme patrimonial » longtemps domi-
nant. Mais la fin du xxe siècle et le début du xxie montrent au contraire
que les entrepreneurs ont toujours un rôle à jouer en créant de nouvelles
entreprises, souvent des PME mais aussi de grands groupes (F. Pinault,
V. Bolloré en France, B. Gates aux États-Unis, par exemple).
Les situations entrepreneuriales peuvent être présentées selon quatre
axes (T. Verstraete et A. Fayolle) :
– dans l’innovation comme l’affirmait J. Schumpeter dès les années 30 ;
– dans la mise en place d’organisations, lors de la création d’entreprise
et au cours de son développement ;
– dans l’exploitation de nouvelles opportunités, dans le cadre d’une
démarche stratégique ou marketing ;
– dans la création de « valeur nouvelle », pour les différentes parties
prenantes de l’entreprise concernée.
b. Le pilotage de l’entreprise
Manager (ou piloter) une entreprise ou l’un de ses sous-ensembles, c’est
à la fois :
– fixer les objectifs ;
– choisir et mettre en œuvre les moyens nécessaires pour les atteindre
(financement, équipement, personnel…) ;
– contrôler le fonctionnement et les résultats à l’aide notamment d’un
« tableau de bord de gestion » ;
– opérer des régulations, c’est-à-dire des corrections afin d’atteindre les
objectifs.
Ce terme introduit une comparaison commode avec la conduite d’un
véhicule, d’un avion ou d’un navire. Comme le navigateur, le pilote
Niveau de décision
Niveau de décision
a. Le système de valeurs
Les dirigeants sont porteurs d’un système de valeurs, c’est-à-dire d’un
ensemble de croyances et d’attitudes, de principes qui vont condition-
ner les finalités et les objectifs de l’entreprise.
De sorte que ces finalités peuvent être très différentes d’une entreprise à
l’autre.
On peut relever notamment :
– la volonté de puissance qui engendre une recherche de croissance et
situe l’entreprise dans une perspective de long terme ;
1. Jack Welch, patron de General Electric de 1981 à 2001 déclarait consacrer 75 à 80 % de
son temps à « parler avec les gens en interne ».
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104 Management et économie des entreprises
1. Voir M. Pedamon et H. Kenfack, Droit commercial, coll. Précis, Dalloz ; C. Champaud, Le
droit des affaires, coll. Que sais-je ? PUF.
2. Elle est mesurée par le bénéfice et par un taux de rentabilité (bénéfice/chiffre d’affaires
ou bénéfice/capitaux propres).
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Chapitre 6 – Entreprendre et diriger 105
1. D’après un article de Ian Davis in The Economist, intitulé « The Biggest Contract » du
28 mai-3 juin 2005.
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106 Management et économie des entreprises
États possibles
demande demande demande
du futur
= 5 000 U = 10 000 U = 14 000 U
Choix possibles
1. Construction du tableau des résultats évalués pour les choix possibles, dans les différents
cas d’évolution de l’environnement envisageables (en milliers d’euros).
2. Relevé des résultats minimums de chaque choix (pessimisme). Ici : + 40 pour « A » et – 300
pour « B ». Relevé des résultats maximums de chaque choix (optimisme). Ici : + 100 pour « A »
et + 300 pour « B ».
3. Sélection du meilleur de ces minimums : Par le MAXIMIN (par prudence on retient ainsi la
décision qui, dans le pire des cas, donne le moins mauvais résultat), ici + 40, c’est-à-dire
l’achat d’une machine « A ». Par le MAXIMAX (par optimisme on recherche l’éventualité
de gain maximum), ici + 300, c’est-à-dire l’achat de « B ».
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Chapitre 6 – Entreprendre et diriger 109
1. Théorie des jeux et du comportement économique, John von Neumann et Oskar Morgens-
tern, 1944.
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110 Management et économie des entreprises
Analyse des
Fichiers données (business
clients intelligence, analyse
prédicitve, etc.)
ex. : SAP
Facturation
Outils d’ETL
(extraction, Data mining
Progiciels
transformation Data (extraction
de gestion
et chargement Warehouse d’informations
intégrée
– load) (ex. : Oracle, significatives)
(PGI ou ERP)
Teradata) ex. : Rapid Miner
Évolution de
Finalités
l’environnement
Prévision
d’évolution
anticipation rétroaction
Mise en œuvre
Objectifs Résultats
des moyens
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112 Management et économie des entreprises
}
Valeur ajoutée Rentabilité
Coût des facteurs financière
Performance sociale
mesurée par les
}
Croissance
indicateurs du bilan social durable de
et les coûts de l’entreprise
dysfonctionnement évités
Rentabilité
sociétale
Performance
environnementale
mesurée
par les coûts évités
et l’atout de différenciation
C. Le contrôle de la gestion
des dirigeants dans l’intérêt des propriétaires
(corporate governance) s’est développé
dans les entreprises cotées
La direction générale de l’entreprise doit elle aussi être contrôlée. C’est
en principe la tâche des associés, notamment lors de l’assemblée géné-
rale ordinaire annuelle. Cependant quelques actionnaires principaux
peuvent exercer une influence déterminante, comme c’est le cas pour les
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Chapitre 6 – Entreprendre et diriger 115
3. Le management toxique
L’exercice du pouvoir peut s’exercer de façon viciée à l’intérieur de
l’entreprise. Le harcèlement sexuel ou le harcèlement moral en sont des
symptômes bien connus. Mais indépendamment de ces pratiques péna-
lement sanctionnées, le management pratiqué peut parfois de façon plus
insidieuse mettre en péril la santé des salariés ou de certains d’entre eux.
L’expression « management toxique » ou « déviant » est utilisée depuis
quelques années en France pour désigner ces situations. Elle est née
lorsque quelques grandes entreprises se sont vues mises à l’index du fait
de suicides de salariés liés au management qu’elles pratiquaient de
façon délibérée à l’égard de leur personnel.
EXEMPLE
Une trentaine de suicides de salariés au cours des années 2006-2008 ont en particu-
lier entaché l’image de France Télécom, devenue Orange depuis.
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Chapitre 6 – Entreprendre et diriger 121
d. Selon J. Stora1
Il y a lieu de distinguer quatre types de dirigeants selon une approche
relationnelle : le narcissique, le séducteur, le possessif et le bienveillant.
– Le narcissique, créateur d’entreprise, qui se place « au centre du
monde ». « Il se sent, de plus, immortel, il triomphe ainsi du temps et
de l’espace ».
– Le séducteur, qui fascine son entourage par son verbe. Il devient
l’idole de ses partisans auxquels il donne l’impression d’une connais-
sance et d’un pouvoir supérieurs.
– Le possessif, qui ne considère ses subordonnés que comme des objets
interchangeables et manipulables et qui doivent se soumettre à la
vision du monde de leur dirigeant…
– Le bienveillant, « dominant sa vie pulsionnelle, ce type de leader uti-
lise pour le bien de la communauté… la quasi-totalité de son énergie
psychique : bienveillant, sévère et juste ».
1. Étude publiée en février 1996 conjointement par le CNRS et le cabinet Boyden Global
Executive Search concernant les dirigeants des 200 plus grandes entreprises en Allemagne,
en Grande-Bretagne et en France.
2. B. Bertin-Mourot, M. Bauer, CNRS – Boyden Global Executive Search, « Vers un modèle
européen de dirigeants ? » février 1996 – cité dans Problèmes économiques No 2482,
août 1996.
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Chapitre 6 – Entreprendre et diriger 125
1. Sloan (A.P.) dirigea General Motors aux USA entre 1923 et 1956.
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Chapitre 6 – Entreprendre et diriger 127
1. Code établi par l’association française des entreprises privées (AFEP) et le MEDEF syn-
dicat patronal français multisectoriel.
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128 Management et économie des entreprises
L’information
dans l’entreprise
• Le contrôle des résultats n’est possible que si sont produites les infor-
mations comptables permettant le calcul de coûts et l’établissement de
budgets ainsi que l’établissement du compte de résultat et du bilan. À
partir de ces informations sera mise en œuvre la régulation par rétroac-
tion. (v. le chapitre 6 « Entreprendre et diriger »).
Les normes comptables IFRS (international financial reporting stan-
dards) sont destinées à faciliter les comparaisons entre entreprises au
niveau international. Elles ne s’appliquent effectivement en France
qu’aux grandes sociétés cotées en bourse depuis le 1er janvier 2005, mais
ces normes sont appelées à être intégrées progressivement dans le plan
comptable général français. Néanmoins, des assouplissements ayant été
introduits en faveur des PME, il semble que l’on s’oriente en fait vers
une diversification des règles comptables applicables selon le type d’en-
treprise.
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Chapitre 7 – L’information dans l’entreprise 135
Production
Finances
Applications Base unique de données
du Progiciel (données structurées
de gestion et non structurées)
intégré (PGI)
Commercial
Gestion
du personnel
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Chapitre 7 – L’information dans l’entreprise 137
C. Le respect de la règlementation
de protection des informations personnelles
a. Une réglementation européenne (Règlement
général pour la protection des données, RGPD)
Elle a été publiée le 4 mai 2016 au JO de l’UE sous la forme d’un règle-
ment et est entrée en vigueur le 25 mai 2018. Elle vise à renforcer la
protection des données personnelles en imposant un cadre harmonisé
de protection des données tenant compte des récentes évolutions tech-
nologiques (notamment le développement du Big data). Depuis
juin 2018, la CNIL peut infliger des sanctions pécuniaires de 150 000 €
(et de 300 000 € en cas de récidive dans les 5 ans). Des sanctions pénales
de cinq ans d’emprisonnement et de 300 000 € d’amende sont également
applicables en cas de manquement.
A. Informations et connaissances
Les informations sont extérieures aux personnes. Elles sont stockées sur
des supports ou produites par des traitements.
Tandis que les connaissances sont stockées dans les cerveaux des êtres
humains. Ce sont des informations qu’ils se sont appropriées, soit parce
qu’ils les ont assimilées, soit parce qu’ils les ont créées à partir de leur expé-
rience ou de leur réflexion. Néanmoins, divers logiciels proposent de col-
lecter, traiter, partager les connaissances et les savoir-faire des salariés, ce
qui semble tout à fait inapproprié. Finalement, une grande part des infor-
mations (toutes celles qui ne sont pas impliquées dans des processus auto-
matisés) ne devient utile que quand elle se transforme en connaissances.
L’entreprise doit donc aujourd’hui gérer informations et connaissances.
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144 Management et économie des entreprises
B. L’infogérance (outsourcing)
Il s’agit pour une entreprise d’accorder la sous-traitance totale ou partielle de son
informatique à une société spécialisée (SSCI, opérateur télécom ou constructeur de
matériel informatique), afin d’en réduire le coût. L’infogérance se combine généralement
à du cloud computing, au moins partiellement.
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146 Management et économie des entreprises
a. Présentation
Dans le cas d’une sous-traitance globale et pour une durée illimitée (out-
sourcing), le contrat prévoit généralement un transfert de personnel de
l’entreprise cliente vers son sous-traitant.
EXEMPLE
Ainsi, depuis 2006, General Motors confie la gestion globale de ses moyens informa-
tiques dans le monde à la société Cap Gemini, spécialiste des services informatiques.
ticité plus ou moins effective des ressources informatiques que l’on peut
faire varier en fonction des besoins de l’exploitation, sans autre augmen-
tation que celle des charges variables liées à l’augmentation du volume
de service informatique consommé auprès d’un prestataire (SSI).
• La diversité de ses formes
Le cloud computing public est celui dans lequel l’offre (harware et sof-
tware) est partagée par différents clients car elle est accessible à tous via
Internet. Les services peuvent être gratuits ou facturés à l’utilisation.
L’accessibilité du cloud public peut générer des problèmes de sécurité
(ex. : Google Cloud ou Windows Azure).
Le cloud computing privé est celui dans lequel l’offre est réservée aux
services d’une même entreprise cliente.
Généralement, les deux formes se combinent.
On distingue plusieurs types de services : le cloud d’infrastructures
(IaaS ou Infrastructure as a service) qui est le plus courant, où le fournis-
seur met à disposition à distance du matériel de traitement, des supports
de stockage et des réseaux ; le cloud applicatif (PaaS ou Platform as a
service) où le fournisseur met à disposition des outils logiciels de déve-
loppement ou de design ainsi que de gestion de données et enfin le
logiciel à la demande (SaaS ou Software as a service). Dans le cloud IaaS
l’entreprise cliente acquiert une capacité de traitement informatique
mais continue de gérer ses applications informatiques. Dans le cloud
SaaS, l’externalisation est totale.
• Les difficultés pouvant survenir
L’adaptation du système d’information de l’entreprise à l’ensemble des
prestations cloud ne se fait pas instantanément et certaines difficultés
peuvent apparaître du côté des changements de procédures et du confort
d’utilisation. Il est souvent nécessaire de standardiser les procédures de
travail internes pour s’adapter à l’offre logicielle du prestataire. Cela
peut correspondre finalement à un appauvrissement informationnel. Les
évolutions logicielles du prestataire peuvent être subies par le personnel
de l’entreprise utilisatrice, sans contre-partie perçue.
c. La bureautique
La bureautique recouvre l’ensemble des équipements électroniques de
bureau. Ils utilisent de plus en plus les technologies de l’informatique.
• Traitement de texte et gestion de bases de données
Le micro-ordinateur est devenu l’outil de base pour réaliser les opéra-
tions administratives traditionnelles (traitement de texte, tableaux, ges-
tion de bases de données).
Des périphériques : imprimante, scanner, enceintes, etc. et des équipe-
ments autonomes : électrocopieur, télécopieur (fax), matériel audio, pho-
tographique ou vidéo, complètent le micro-ordinateur.
Le smartphone sécurisé est devenu un outil indispensable des cadres
d’entreprise. Synchronisé avec l’ordinateur de bureau, il permet de
consulter ou de transmettre des documents bureautiques, mais égale-
ment de lire ou créer des fichiers multimédias et de se connecter aux
d. La relation commerciale
L’exploitation des bases de données commerciales internes ou externes
à l’entreprise (Big data), la présence sur Internet à travers un site vitrine
et des comptes sur les réseaux sociaux, les logiciels de gestion commer-
ciale (de la tenue des fichiers clients, au planning des activités commer-
ciales, en passant par la prise de commande et la facturation, etc.), les
messages publicitaires par abonnement aux services de différents pres-
tataires internet sont basés sur l’IT (v. aussi les chapitres 14 et 15).
f. L’informatique scientifique
Les applications scientifiques de l’informatique concernent les labora-
toires de recherche et développement (R&D) des entreprises. Elles
consistent à automatiser l’utilisation des mathématiques et permettent
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150 Management et économie des entreprises
1. Une mission gouvernementale sur la transformation numérique de la société a été créée
en janvier 2014.
2. Concernant le risque d’hyperconnection et de blurring, v. p. 421.
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152 Management et économie des entreprises
La communication
et les réseaux
d’information
de l’entreprise
I. En quoi consiste
la communication ?
Communiquer c’est échanger des informations. Cet échange se fait entre
les différentes composantes de l’entreprise et entre l’entreprise et son envi-
ronnement. La communication est grandement facilitée par l’usage des
NTIC (nouveaux outils d’information et de communication). Elle peut être
selon les cas, de nature interpersonnelle ou de groupe ou encore de masse.
1. Elle s’intègre à un « marketing interne » dont le but est de faire évoluer les attitudes et
comportements du personnel.
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156 Management et économie des entreprises
* J.-Y. Capul, « Les communications dans les organisations », Cahiers français, no 258.
b. L’aspect social
La communication est également nécessaire à la motivation et au mana-
gement des équipes afin d’informer et d’échanger sur les objectifs, la
stratégie, les problèmes rencontrés et la recherche de qualité. Elle per-
met de satisfaire le besoin d’échange des êtres sociaux que nous sommes.
Elle permet également un certain marketing interne visant à mobiliser
les équipes, notamment la force de vente ou les prestataires de service
en contact direct avec la clientèle.
Les réunions et stages ainsi que l’intranet de l’entreprise sont les outils
les plus utilisés.
1. Selon le cabinet Pitney Bowes, un employé français reçoit en moyenne 165 messages/
jour (emails, télécopies, appels téléphoniques, courriers, etc.).
2. Sociologue français, professeur à HEC.
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160 Management et économie des entreprises
(Codage) (Décodage)
Bruits
Rétroaction
(feed-back)
Message
1. « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie », Pensées, Blaise Pascal, 1670.
2. Slogan créé et utilisé en mai 1968.
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164 Management et économie des entreprises
P
PARENT
P
PARENT
A
ADULTE
A
ADULTE
E
ENFANT
E
ENFANT
Chaque entreprise peut combiner ces trois solutions selon ses besoins
spécifiques.
3. Un réseau intranet
C’est un réseau interne de transmission d’informations, en principe inaccessible de
l’extérieur, qui relie les différents sites de l’entreprise, utilisant les protocoles d’internet.
Cette dernière caractéristique permet à l’entreprise de recourir à des modes standards
de transmission des données et à des logiciels d’accès (dits butineurs ou browsers),
standardisés et peu coûteux.
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170 Management et économie des entreprises
Bases de données
de l’entreprise
Forums
Groupware Fournisseurs
Visioconférences Serveur Serveur Banques
Réseau Intranet-Extranet
Courrier électronique Intranet Extranet Transporteurs
Télétravail Entreprises clientes
Agendas électroniques Serveur
web
cation interne pour le groupe. Cet outil repose sur un portail personnalisable qui fédère
plus de 300 sites internes.
En mars 2013, PSA a mis également en place un intranet spécialisé : « Mon Service RH »,
permettant un accès à la fois aux salariés, managers et opérationnels RH et mettant à
leur disposition plus de 200 articles sur les thèmes suscitant le plus de questions (FAQ)
relatives à la paie et à la gestion administrative de leur dossier.
4. Un réseau extranet
L’extranet est un accès sécurisé à des ressources informationnelles,
accordé par l’entreprise, à certains de ses partenaires (« l’entreprise
étendue »).
Cela facilite la gestion « juste à temps », la gestion en temps réel de
réseaux de partenaires autour de projets communs, le suivi des presta-
tions inter-entreprises (business to business) et le supply chain manage-
ment.
Il requiert l’emploi d’un serveur extranet et implique généralement l’uti-
lisation du réseau Internet. Les questions de sécurité du réseau sont
donc plus complexes.
EXEMPLE
Le portail B2B de PSA permettant un accès sécurisé aux entreprises fournisseuses et
sous-traitantes.
Banques
Relation avec les partenaires
Fournisseurs et sous-traitants
Fabrication
Les produits
Page d’accueil Distributeurs, entreprises clientes
Intranet-Extranet
Les forums internes
les délais des échanges d’information. Le risque est que l’on en vienne à
réduire trop fortement la communication directe entre les membres de
l’entreprise. Logiciels : notes, groupwise, exchange.
1. Voir p. 421.
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174 Management et économie des entreprises
c. La sécurité du réseau
Si la sécurité d’un Intranet semble a priori assurée grâce à une bonne
gestion des droits d’accès, les risques d’intrusion existent lorsque l’en-
treprise met en place un extranet et de façon générale, lorsque son réseau
est relié à Internet.
Les sociétés de service et d’ingénierie informatique (SSII) offrent un
service de restauration de systèmes (backup service) aux entreprises qui
subissent un sinistre informatique.
Des responsables de la sécurité des systèmes d’information (RSSI) sont
recrutés afin de mettre en place les moyens de protection des systèmes
informatiques et des réseaux. La pratique des tests d’intrusion (généra-
lement coûteux) permet de repérer les points vulnérables d’un système.
La mise en place de barrages filtrants à l’entrée (firewalls) permet d’évi-
ter un grand nombre d’accès non autorisés.
Selon le Medef, les principaux risques sont : le vol d’informations,
l’usurpation d’identité, les intrusions et utilisations de ressources sys-
tèmes, la mise hors service des systèmes informatiques.
POUR EN SAVOIR PLUS
Drucker (P.), Structures et changement, Village Mondial, 1996.
Goffman (E.), La mise en scène de la vie quotidienne, Les relations en public, tome 2, Les
Éditions de Minuit, 1973.
Heinderyckx (F.), Une introduction aux fondements théoriques de l’étude des médias,
Liège, Cefal-Sup, 2002.
Kapferer (J.-N.), Rumeurs, le plus vieux média du monde, Le Seuil, 1990.
La Baume (R. de), Bertolus (J.-J.), La révolution sans visage, Belfond, 1997.
Mattelart (A.& M.), Histoire des théories de la communication, La Découverte, Collection
Repères, 2004.
Wiener (N.), Cybernétique et société, Les Éditions des Deux-Rives, 1962.
Wolton (D.), Penser la communication, Flammarion, 2008.
ULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES - SETTAT:340637514:88866215:41.250.
CHAPITRE 9 Chapitre 9 – La démarche stratégique 175
La stratégie :
1. La démarche
stratégique
I. La notion de stratégie
A. Définition
La stratégie d’une entreprise consiste en la combinaison des objectifs qu’elle s’est don-
nés et des moyens qu’elle a choisis pour les atteindre à partir d’une analyse de son
environnement. Elle correspond donc aux axes de développement de cette entreprise.
Elle instaure une « logique d’entreprise » et un modèle économique propre à cette
entreprise.
B. Caractéristiques de la stratégie
– Elle positionne l’entreprise par rapport à son environnement, à partir
d’une analyse de celui-ci et en fonction de ses potentialités. La straté-
gie repose sur une « intelligence des contraintes ». P. Drucker désigne
cette interprétation de l’environnement par l’appellation « logique
d’entreprise1 ».
– Elle engage l’entreprise à long terme puisqu’elle consiste en des déci-
sions qui nécessitent une durée importante pour aboutir, dans la
mesure où elles concernent les activités et les structures mêmes de
l’entreprise.
– Elle engage l’entreprise tout entière, contrairement aux décisions tac-
tiques (modalités d’exécution de la stratégie) et dépend de la direction
générale.
EXEMPLE
Ainsi, la direction de Renault-Nissan-Mitsubishi, a fait plusieurs choix stratégiques
majeurs pour le groupe :
– l’axe « Alliance 2022 » du développement du véhicule électrique, dont l’un des
prolongements est la création en 2017 d’une coentreprise eGT avec le constructeur
chinois Dongfeng Motor chargée de construire et commercialiser de petits véhicules
électriques en Chine.
– le partenariat avec le russe AvtoVAz, entamé en 2008 en développant notamment
la marque LADA et en redressant l’entreprise AvtoVAZ à partir de 2017.
– l’alliance avec Daimler AG depuis 2010. Qui a débouché sur de nombreux projets
communs
– la prise de participation de NISSAN dans le capital de MITSUBISHI en 2016 qui a
donné au groupe la taille de l’un des leaders du secteur automobile mondial
Cette présentation, devenue classique, est conforme à l’approche des auteurs du modèle
LCAG (dit de politique générale), simplifiée dans le modèle SWOT.
C. L’analyse « Ressources-Compétences »
Elle est présentée de façon détaillée au chapitre 10.
Cette analyse est applicable à la stratégie globale de l’entreprise (corpo-
rate strategy) comme à la stratégie au niveau d’un métier (DAS) (business
strategy). Wernerfelt (1984), Barney (1991) et quelques autres auteurs
ont développé cette approche.
Ils proposent de considérer que l’avantage concurrentiel auquel une
entreprise peut prétendre dépend des spécificités de celle-ci et plus pré-
cisément de la combinaison unique de ses ressources et ses compé-
tences.
Selon Amit et Shoemaker (1993), « Les actifs stratégiques sont l’en-
semble des ressources et capacités de l’entreprise qui sont difficiles à
vendre et à imiter, appropriables et spécialisées » (Cette conception s’ap-
parente à la thèse évolutionniste, v. p. 305, et à la théorie des compé-
tences centrales de Hamel et Prahalad, v. p. 209).
La maîtrise de ces ressources et compétences peut constituer un facteur
clé de succès (v. infra p. 184).
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Chapitre 9 – La démarche stratégique 181
• L’effet d’expérience
C’est le fait que le coût unitaire d’un produit diminue d’un pourcentage constant à chaque
doublement de l’expérience de l’entreprise. L’expérience est mesurée par la production
cumulée du produit considéré. Ce phénomène est observable dans l’industrie.
10
5
Production cumulée
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16
Commentaire : Le coût unitaire diminue à chaque doublement de la production cumulée,
mesurée en quantité ou en volume1.
• Le système d’objectifs
Il est obtenu en décomposant les objectifs généraux de l’entreprise. En
effet, pour être suivie d’effets, la fixation d’un objectif doit déboucher
sur le choix de moyens d’action. Ces moyens d’action vont eux-mêmes
constituer des objectifs pour des subordonnés. De sorte que le système
d’objectifs apparaît comme une chaîne de couples « fins-moyens » qui
permet à l’entreprise de décider à tous les niveaux de façon cohérente,
conformément à sa stratégie.
Un objectif est relatif à une période de temps donnée ou à un niveau de
responsabilité donné. Il se ramène à un moyen d’atteindre une fin plus
1. La production exprimée en valeur à prix constants est dite mesurée en volume, c’est à
dire corrigée des augmentations de prix des modèles.
ULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES - SETTAT:340637514:88866215:41.250.
Chapitre 9 – La démarche stratégique 183
vaste, lorsque l’on élargit l’horizon temporel ou que l’on s’élève dans le
niveau de pouvoir.
Objectif général :
expansion internationale
Moyens :
augmentation des exportations vers les autres pays de l’UE,
implantation par croissance externe sur le marché nord-américain
Moyens : Moyens :
baisse de 5 % du prix et campagnes achats d’actions au jour le jour en bourse
de publicité et promotion. et achats de gré à gré.
relations
promotion relations
ventes publicité financières
des ventes bancaires
internationales
La production exprimée en valeur à prix constants est dite mesurée « en volume », c’est‑à‑dire
corrigée des augmentations de prix des modèles.
• Le portefeuille d’activités
C’est l’ensemble des domaines d’activité de l’entreprise. L’idée de consi-
dérer les différents DAS comme les éléments d’un portefeuille implique
l’idée d’une gestion de cette diversité et d’une recherche de cohérence et
de complémentarité entre les DAS de l’entreprise, en considérant leurs
cycles de vie et les flux financiers générés, le risque supporté.
• Le métier
C’est l’ensemble des compétences nécessaires pour développer efficace-
ment un domaine d’activité donné. Son identification passe donc par un
inventaire des facteurs de compétence (ou compétences de base ou cœur
de compétences), c’est-à-dire des savoir-faire techniques, commerciaux,
financiers et managériaux qui sont nécessaires à la compétitivité de l’en-
treprise. Une branche industrielle recouvre le plus souvent plusieurs
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184 Management et économie des entreprises
métiers (l’industrie chimique comprend les métiers des fibres, des colo-
rants, de la peinture, etc.).
Des activités de même nature peuvent correspondre à des métiers diffé-
rents comme le montre l’exemple des fabricants de stylo à bille Bic et
Waterman. L’un a un métier lié à ses produits jetables, tandis que l’autre
est tourné vers les produits durables.
• La mission
La mission de l’entreprise est sa raison d’être, définie par ses diri-
geants. Elle permet de préciser le métier et la stratégie retenus ainsi que
l’état que l’entreprise souhaite atteindre dans l’avenir.
Elle sert à l’intérieur de l’entreprise de référence lors de la prise de cer-
taines décisions tactiques ou opérationnelles. Elle propose des orienta-
tions générales auxquelles le personnel peut se rallier. Elle sert à l’exté-
rieur comme outil de relations publiques. Elle apparaît dans ce but sur
des documents externes.
ILLUSTRATIONS
– La mission du groupe de distribution Carrefour : « Devenir le leader mondial de la
transition alimentaire pour tous ».
– La mission du groupe équipementier automobile Faurecia : « Notre mission est de
créer et de fournir des produits, des solutions techniques et des services innovants et de
grande qualité, qui contribuent à renforcer la compétitivité de nos clients et créent de la
valeur pour nos collaborateurs et nos actionnaires. Nous nous engageons à respecter
l’environnement et à assumer nos responsabilités vis-à-vis de la société. », extrait de la
Charte du groupe Faurecia, février 2006.
B. L’innovation
L’innovation est devenue une variable majeure dans le cadre des straté-
gies de différenciation ou de focalisation, ou des stratégies combinées
(« océan bleu » ou encore « meilleur produit » dans le modèle Delta).
Elle est la source principale d’avantage concurrentiel pour les entre-
prises des pays développés et le seul moyen de résister à la concurrence
des entreprises des pays émergents.
a. Présentation de la notion
L’innovation est l’application économique d’une invention ou d’une idée nouvelle.
EXEMPLE
75 % des produits du groupe SIEMENS ont moins de 5 ans.
3. Le degré d’innovation
Les innovations sont d’importance inégale.
– Il peut s’agir d’une véritable création (la notion d’« innovation de
rupture » est utilisée dans certains cas, par exemple : les fibres synthé-
tiques, les lampes à incandescence, le micro-ordinateur, etc.) ;
– ou seulement d’une modification d’un produit ou d’un procédé.
Elle peut être le résultat d’une conception entièrement nouvelle, ou une
transposition d’un concept déjà appliqué dans un autre secteur.
EXEMPLE
Le système de freinage de la navette spatiale européenne a été adapté dans l’automo-
bile (freins ABS). De même les systèmes de contrôle de stabilité de la trajectoire
(Electronic Stability Program) ont été empruntés par le secteur automobile au secteur
aéronautique.
L’ingénierie des systèmes complexes mise au point dans l’aéronautique est adoptée
aujourd’hui dans l’automobile.
1. La situation de monopole est celle dans laquelle un seul vendeur offre son produit à un
grand nombre d’acheteurs (cf. Aide-mémoire Économie, Sirey).
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188 Management et économie des entreprises
– Elle est pour l’entreprise le moyen de faire évoluer ses produits et son
métier, afin de les adapter à la demande et de s’imposer face à la
concurrence. En particulier, l’innovation peut relancer un produit
voire un métier qui arrivent à leur phase de maturité.
EXEMPLE
Le groupe Microsoft : tous les deux ans est mise sur le marché une nouvelle version
du système d’exploitation Windows.
1. David Encaoua, « Nature of the European technology gap : creative destruction or indus-
trial policy? », The New Economics of Technology Policy, ed. D. Foray, Edward Elgar, 2009,
pp. 281-314.
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Chapitre 9 – La démarche stratégique 189
2. Les obstacles
• Le premier obstacle est le coût souvent élevé de l’innovation, qui pose
le problème de son financement. Des politiques de soutien financier
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190 Management et économie des entreprises
d. La protection de l’innovation
• En France, le dépôt d’un brevet auprès de l’Institut National de la
Propriété Industrielle (INPI) est en principe le moyen de protéger son
innovation contre la contrefaçon pendant une vingtaine d’années.
Pourtant les entreprises françaises déposent assez peu de brevets com-
parativement à leurs concurrentes européennes et japonaises.
EXEMPLE
Aujourd’hui, le groupe Michelin gère un portefeuille de 11 700 brevets qui protègent
3 400 inventions.
Information et communication
Industrie manufacturière, industries extractives et autres
Activités spécialisées, scientifiques et techniques
Activités financières et d’assurance*
Activités immobilières
Hébergement et restauration
Commerce de gros, de détail,
réparation d’automobiles et de motocycles Tous types d’innovation
Transports et entreposage
Construction Innovation en produits
nouveaux pour le marché
Activités de services administratifs et de soutien
250 salariés ou plus
De 50 à 249 salariés
De 10 à 49 salariés
Ensemble
EXEMPLE
La technique de production des écrans plats mise au point en France dans les années
1980 a donné lieu à des dépôts de brevets d’application japonais et coréens, au béné-
fice des entreprises de ces pays qui dominent aujourd’hui le marché.
C. L’investissement
a. Une démarche aux formes multiples
L’investissement est l’immobilisation de ressources afin de procurer à l’entreprise un
avantage économique durable. Cette dépense n’est donc pas une charge d’exploitation
mais est consentie pour générer des recettes futures.
E. L’organisation de l’entreprise
La mise en œuvre d’une stratégie se reflète directement dans sa structure
(v. A. Chandler, Strategy and structure). L’évolution stratégique de l’en-
treprise, rendue nécessaire par les évolutions de son environnement, lui
impose donc des changements organisationnels de plus en plus fré-
quents. Cette aptitude au changement doit être cultivée. C’est le thème
de la gestion du changement.
c. La reconfiguration ou reengineering
C’est une remise en cause et une redéfinition des processus opérationnels, aboutissant
à une organisation transversale de l’entreprise. Il s’agit donc d’une reconstruction totale
ou partielle de l’organisation de l’entreprise. (Voir aussi la gestion par processus dans le
chapitre 12 « L’organisation de l’entreprise »).
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Chapitre 9 – La démarche stratégique 197
1. Méthode
Ce concept à la mode apparaît comme une synthèse des nouvelles
méthodes de gestion appliquées dans les entreprises industrielles depuis
quelques années, de façon plus ou moins générale. La reconfiguration
prônée est un recentrage sur les processus principaux. Elle est généra-
lement précédée d’un étalonnage (benchmarking) et s’accompagne d’un
plan de communication interne à contenu explicatif.
Les nouveaux processus sont définis… « en partant des clients et de
leurs besoins ; en développant la production en équipe et par projet ; en
intégrant la prise de décision au travail ; en choisissant la réalisation
simultanée des activités complémentaires, plutôt que successivement ;
en rejetant la standardisation des processus afin de les rendre adaptables
à des contraintes variables ; en responsabilisant le personnel et en déve-
loppant son pouvoir de décision ; en transformant les cadres en anima-
teurs et les dirigeants en leaders ; en développant la rémunération selon
les résultats de chacun »3.
2. Conséquences
La reconfiguration doit, selon ses promoteurs, entraîner une diminution
des procédures administratives, des coûts, des délais de mise au point et
de lancement de nouveaux produits. Une fois la reformulation effectuée,
Direction générale
a. Avantages
Un plan sert de référence commune à ceux qui ont pour mission de
l’exécuter. Il apporte ainsi une cohérence à l’ensemble des décisions
prises dans ce but et facilite le contrôle de la gestion.
Tout le problème est de savoir si le jeu (la planification) « en vaut la
chandelle » (une meilleure application de la stratégie), dans la mesure
où l’environnement des entreprises est souvent instable et où le plan est
à réviser en permanence, souvent avec un temps de retard sur l’évolu-
tion de cet environnement.
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Chapitre 9 – La démarche stratégique 199
b. Limites
La mise en place d’une planification présente un coût important et peut
alourdir le fonctionnement de l’entreprise jusqu’à la rendre incapable de
saisir les opportunités qui se présentent. L’outil peut devenir une fin en
soi et l’entreprise « autiste » sombre alors dans le travers bureaucratique.
c. Modalités
Le plan stratégique est traduit en plans opérationnels à moyen terme
(3 ans) et à court terme (< 1 an). Les budgets traduisent financièrement
les programmes définis dans les plans annuels.
Stratégie de l’entreprise
• Le plan opérationnel
Il porte sur une période d’une à trois années. Il établit la façon dont les
actions à entreprendre sont articulées et échelonnées dans le temps et il
fixe les objectifs annuels à atteindre pour appliquer la stratégie. Le plan
opérationnel peut être révisé pour tenir compte de la conjoncture.
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200 Management et économie des entreprises
• Les programmes
Le plan opérationnel doit fixer avec précision la part qui sera appliquée
dans l’année à venir. Des programmes donnent le calendrier précis des
actions à mener. Ces opérations ont un coût qui doit être budgété.
• Les budgets
Le budget global de l’entreprise est souvent ventilé en budgets partiels
répartis par domaines de gestion ou par unités opérationnelles qui tra-
duisent les programmes en termes monétaires.
De même le budget annuel est parfois décomposé en budgets trimes-
triels ou mensuels.
Ainsi chaque service pourra-t-il être doté d’un budget établissant ses
produits et ses charges pour l’année à venir (« budget prévisionnel »).
Aux 2/3 de l’année il est possible d’établir un budget estimé (ou estima-
tif) qui prend en compte l’exécution effective du budget pendant les
deux premiers tiers de l’année. À partir de cette estimation pourra être
conçu le budget prévisionnel de l’année à venir. Une fois l’année en
cours terminée, il est possible de dresser le budget réel de celle-ci et
d’analyser les écarts avec les prévisions et les estimations effectuées
auparavant.
ÉTABLISSEMENT DES BUDGETS AU COURS DE L’ANNÉE T
Le contrôle budgétaire a pour but d’expliquer les écarts (sur prix, sur
quantités) afin de mettre en œuvre des actions de redressement (v. cha-
pitre 6 p. 111-113, le contrôle et la régulation).
POUR EN SAVOIR PLUS
Allouche (J.), Schmidt (G.), Les outils de la décision stratégique, coll. Repères, La Décou-
verte, 2004.
Ansoff (H.I.), Stratégie de développement de l’entreprise, Hommes et techniques, 1968.
Drucker (P.), Structures et changements, Village Mondial, 1996.
Garrette (B.), Dussauge (P.), Strategor, Dunod, 2016.
Govindarajan (V.), Trimble (C.), Innovation : Create far from home, win everywhere, Har-
vard Business Review Press, 2012.
Hamel (G.), Prahalad (C.-K.), La conquête du futur, Dunod, 1999.
Helfer (J.-P.), Kalika (M.), Orsoni (J.), Management, stratégie et organisation, Vuibert
Gestion, 2006.
Jacobiak (F.), Pratique de la veille technologique, Les Éditions d’Organisation, 1992.
Koenig (G), Management Stratégique, Dunod, 2005.
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Chapitre 9 – La démarche stratégique 201
La stratégie :
2. Diagnostic et choix
stratégique au niveau
global (corporate strategy)
Possibilités d’augmenter
les capitaux propres
(différentes selon
Capacité d’autofinancement Potentiel
le statut juridique,
liée à la rentabiblité financier
la rentabilité financière,
de l’entreprise de l’entreprise
la notoriété, l’accès
aux marchés
financiers...)
Possibilités d’endettement
(structure du bilan
et ratio d’endettement actuel,
pouvoir de négociation
vis-à-vis des banques,
accès aux marchés
financiers)
b. L’analyse technologique
1. La technologie et son évolution
La technologie d’une entreprise est l’ensemble des connaissances et des techniques
qu’elle utilise pour concevoir et fabriquer ses produits. Elle est le savoir-faire technique
de l’entreprise.
Chaque entreprise dispose ainsi d’un patrimoine technologique qu’elle
acquiert au fil du temps dans ses différentes fabrications.
Sur un plan général, la technologie est l’ensemble des techniques, des outils
et des procédés scientifiques et empiriques employés dans l’industrie.
L’évolution technologique connaît une forte accélération depuis la première
révolution industrielle qui a commencé à la fin du xviiie siècle en Angleterre.
Elle se développe de façon irrégulière, par grappes d’innovations tech-
niques (les révolutions technologiques). Elle modifie non seulement l’envi-
ronnement de l’entreprise mais aussi les conditions de son fonctionnement.
EXEMPLE
La technologie particulière du crayon plastique Conté qui a conduit à un éclatement
du segment stratégique des crayons à dessin.
4. La stratégie technologique
Elle consiste à la fois à déterminer quelles sont les technologies à déve-
lopper et quels sont les moyens utilisables pour y parvenir.
– Les vaches à lait sont des produits pour lesquels l’entreprise détient
un avantage concurrentiel important alors que le faible taux de crois-
sance du marché réduit fortement les besoins d’investissement. Des
flux importants de liquidités sont donc générés par ces produits. Leurs
perspectives d’avenir sont limitées mais ces produits permettent le
financement de nouvelles activités.
– Les dilemmes sont situés dans des secteurs en forte croissance qui
requièrent donc des investissements importants, mais la faible posi-
tion de l’entreprise sur ce marché ne lui permet pas de générer des
liquidités importantes. Il faudrait donc choisir entre tenter d’acquérir
une forte part de marché ou abandonner ce produit.
– Les poids morts peuvent dégager un faible bénéfice comptable mais
leur cash-flow doit être réinvesti pour maintenir le produit sur le mar-
ché. Ces activités condamnées n’apportent donc rien à l’entreprise.
EXEMPLE
Owen-Jones PDG de L’Oréal de 1988 à 2006, appliquait ce qu’il appelait la stratégie
« de la vache et du veau » qui s’apparente au modèle du BCG.
Chaque domaine d’activité est représenté par un cercle dont la surface est proportionnelle
au chiffre d’affaires.
2. Utilisation
Ce modèle permet d’évaluer la situation de chaque produit de l’entre-
prise ainsi que l’équilibre de son portefeuille d’activités. Il permet aussi
d’orienter les décisions stratégiques, en s’appuyant sur l’idée que chaque
produit est appelé à devenir vache à lait ou poids mort.
L’entreprise doit rentabiliser ses vaches à lait, afin d’avoir les moyens de
maintenir sa position en ce qui concerne les vedettes et d’investir mas-
sivement, pour développer la part de marché des produits dilemmes
qu’elle a décidé de conserver.
Fragmentation Spécialisation
TRI TRI
Nombre d’approches
PM PM
Impasse Volume
TRI TRI
peu
PM PM
faible grande
Importance de l’avantage
Schéma de A.C. Hax et N.S. Majluf Harvard, l’Expansion, 1984.
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214 Management et économie des entreprises
a. La spécialisation
La spécialisation (« pure player ») consiste pour l’entreprise à se développer à travers un
seul métier, parfois un seul produit ou un seul marché.
2. Avantages
Elle présente tous les avantages qui résultent d’une concentration des
efforts de l’entreprise dans un même domaine : meilleure connaissance
de l’environnement concurrentiel, simplification de la gestion, dévelop-
pement d’une image unique – plus forte – auprès de l’environnement,
niveau d’« expérience » plus élevé qui apporte un avantage concurrentiel.
EXEMPLES
– Michelin, dans le métier du pneumatique.
– Valeo dans l’équipement pour l’automobile ou le poids lourd.
3. Inconvénients
Ils tiennent d’abord au risque pris par l’entreprise en liant son sort à
celui d’un seul métier. Toute modification rapide de celui-ci (à la suite
d’une évolution technologique par exemple) risque de déséquilibrer l’en-
treprise. C’est notamment lors des dernières phases du cycle de vie du
métier que ces risques d’évolutions défavorables sont les plus nombreux.
De plus la spécialisation peut aussi engendrer des rigidités au niveau de
l’organisation, qui affaiblissent la capacité d’adaptation de l’entreprise.
b. La diversification
1. Présentation de la notion
La diversification consiste pour l’entreprise à se développer à travers plusieurs produits,
parfois plusieurs marchés, voire plusieurs métiers.
Produit
existant nouveau
Marché
existant Pénétration du marché Développement du produit
nouveau Développement du marché Diversification
Inconvénients
Elle peut conduire à une dispersion des efforts d’investissement de l’en-
treprise, qui nuira à leur efficacité qu’il s’agisse d’investissements maté-
riels ou de recherche et développement et de formation.
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218 Management et économie des entreprises
2. La stratégie de recentrage
L’expérience des vingt dernières années montre que les entreprises les
plus rentables sont souvent celles qui ont choisi de se recentrer sur leurs
métiers de base ou d’excellence.
EXEMPLE
Usinor a cédé en 1998 sa branche aciers spéciaux, afin de se recentrer sur les aciers
plats et inoxydables. Nokia a cédé en 1992 toutes ses activités, sauf les télécommuni-
cations, pour se consacrer au téléphone mobile. Le chimiste BASF a abandonné sa
branche pharmacie en 2000 pour concentrer ses investissements sur la chimie.
Intégration ou externalisation ?
Après une vague d’externalisation des activités, il semble qu’aujourd’hui certaines
entreprises reviennent en arrière (quand il en est encore temps) après avoir subi les
inconvénients d’une externalisation trop poussée et parfois irréfléchie.
Les avantages de l’externalisation :
– Le recentrage de l’entreprise, source d’efficacité ;
Afin de concentrer ses moyens sur son métier, l’entreprise abandonne à des partenaires
extérieurs, spécialistes, toutes les activités annexes (nettoyage, gardiennage, restauration
collective, veille et documentation…). La division du travail est plus poussée ce qui est une
source de gains de productivité.
Elle réduit ainsi ses charges et consacre ses ressources à l’essentiel.
– La réduction des charges ;
l’entreprise sélectionne ses partenaires pour leur rapport qualité/prix, en les mettant en
concurrence. Cela lui permet donc de réduire ses coûts dans tous les domaines
externalisés*.
Ses inconvénients :
– La dilution de l’entreprise ;
si l’on pousse trop loin cette logique en l’étendant à des fonctions vitales (système
d’information, recherche et développement, production) l’entreprise finit par devenir
« virtuelle » en se réduisant à combiner de multiples fonctions assurées par des entreprises
extérieures aux modes de fonctionnement et aux statuts des personnels très disparates.
– Sa fragilisation et sa dépendance :
la maîtrise de l’activité et partant de là, la qualité du processus productif et du produit sont
fragilisés ainsi que la maîtrise et la confidentialité de la technologie.
L’entreprise devient poreuse, floue pour sa clientèle et son personnel, vulnérable vis-à-vis
de ses nombreux partenaires extérieurs. Sous-traitants et prestataires de services finissent
par détenir un pouvoir de négociation considérable (ex. : les sociétés d’infogérance ou
certains sous-traitants chargés de produire des pièces indispensables).
– Les coûts de l’externalisation ;
l’externalisation crée un besoin de coordination et de contrôle des prestataires qui
constitue une véritable activité de gestion nouvelle. Elle implique également le maintien
d’un savoir-faire au sein de l’entreprise afin de pouvoir le cas échéant reprendre en charge
certaines fonctions. Ces coûts sont souvent minimisés lors des calculs de rentabilité
prévisionnelle d’un projet d’externalisation.
* Les salariés consacrés à l’activité externalisée se trouvent eux-mêmes transférés au sous-
traitant.
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Chapitre 10 – Diagnostic et choix stratégique au niveau global 221
EXEMPLE
SEB internalise la fabrication de 72 % de sa production (à base d’innovations) et
externalise des produits à faible valeur ajoutée qui sont banalisés sur le plan techno-
logique pour 28 %.
Schéma établi à partir de Enduring Ideas : The three horizons of growth, McKinsey Quarterly,
2009.
Néanmoins les économies d’échelle sont très variables selon les sec-
teurs. De plus, à partir d’une certaine taille, des déséconomies d’échelle
peuvent apparaître liées à la saturation de certains équipements et à des
problèmes de gestion et d’organisation.
Surtout, d’autres priorités du dirigeant d’entreprise (cas des TPE et PME)
vont interférer avec des choix purement économiques et peuvent conduire
l’entreprise à ne pas grandir. Il s’agit aussi d’un choix stratégique fonda-
mental, souvent basé sur des considérations fiscales et sociales.
2. Les modalités
Elle peut se réaliser dans le métier actuel de l’entreprise ou prendre la
forme d’une diversification (ex. : le groupe de fonderies d’aluminium
Aluthea s’est lancé dans des produits nouveaux pour l’automobile,
l’électricité, la téléphonie, le bâtiment). Dans certains secteurs dont les
activités opérationnelles sont très évolutives (disque, édition, habille-
ment…), la grande entreprise peut développer, en son sein, des unités
relativement autonomes (divisions) consacrées chacune à un projet à
risque (« venture »). Les responsables de ces projets (« intrapreneurs »)
doivent manifester un véritable « esprit d’entreprise » au sein même de
la firme (« intrapreneurship »).
La fusion égalitaire est assez rare, la fusion absorption est plus courante.
LA FUSION SCISSION
• L’apport partiel d’actifs est l’apport par une société, d’une partie de
son actif, à une autre, contre des parts sociales de celle-ci.
La prise de participation
1. Le terme de joint-venture désigne un contrat qui implique des investissements réalisés
en coopération par plusieurs entreprises.
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228 Management et économie des entreprises
EXEMPLE
En 2007, Axa Investment Managers (Axa IM) et Axa Asia Pacific Holdings (Axa
APH), filiales de l’assureur français Axa, ont créé en Inde une société filiale com-
mune de gestion d’actifs avec le groupe indien Bharti : Bharti AXA General Insurance
qui a pour mission de se développer sur le marché indien.
En 2014, l’État français et l’entreprise chinoise Dongfeng ont pris 14 % du capital du
groupe Peugeot, à la suite d’une augmentation de capital de 3 milliards d’euros.
EXEMPLES
Dans la sidérurgie, OPA hostile réussie de Mittal Steel sur Arcelor en mai 2006. Dans
la pharmacie, OPA de plus de 20 milliards de dollars de Sanofi-Aventis sur Genzyme
en avril 2011. Dans la chimie, OPA de l’entreprise belge Solvay sur l’entreprise fran-
çaise Rhodia en 2011.
Tenant à la législation
La croissance externe aboutit à la concentration des entreprises (proces-
sus par lequel, dans un secteur d’activité donné, quelques entreprises
détiennent une part de plus en plus importante du marché)1 et à établir
une structure d’oligopole sur le marché d’un secteur. Même si elle pré-
sente certains avantages2, une telle situation aboutit le plus souvent à un
affaiblissement de la concurrence et à la pratique d’ententes, au détri-
ment des consommateurs.
Il existe une législation nationale (ord. du 1er décembre 1986 concernant
les ententes, abus de position dominante, abus de situation de dépen-
dance économique) et une législation européenne de protection de la
concurrence. L’Autorité de la concurrence est, en France, l’institution
administrative chargée du contrôle des opérations de concentration3.
C’est la Commission européenne qui remplit ce rôle au niveau européen.
EXEMPLE
En mars 2000, la Commission a interdit le rachat de Scania par Volvo afin de préser-
ver la concurrence dans les pays scandinaves. Elle s’est opposée en juillet 2001 à la
fusion entre General Electric et Honeywell, pourtant validée par les autorités des
États-Unis.
1998. La marque Eolane est créée en 2000 et des opérations de croissance internationale
suivent avec la création d’Eolane Maroc et d’Alane International en Chine. De nouvelles
opérations de croissance externe ont lieu ensuite avec les rachats de Martec puis Cyber-
sis et NCF en France. Puis, enfin, des implantations en Estonie et en Allemagne avec des
rachats de sociétés en 2012. En 2017, Eolane est un groupe international axé sur les
technologies de l’électronique les objets connectés et les biotechnologies.
Ce type d’alliance est devenu très important pour les entreprises occi-
dentales du fait du transfert important de nombreuses activités indus-
trielles vers l’« hémisphère sud ».
• Dans le cadre d’une complémentarité « client-fournisseur » (partena-
riat vertical sur la conception, le contrôle de qualité, etc.).
EXEMPLE
Le développement de l’Origami (entre le PC et le baladeur) en partenariat entre
Microsoft, Intel et Samsung.
1. Voir Garette B. et Dussauge P., Les stratégies d’alliance, Les Éditions d’Organisation,
1995.
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Chapitre 10 – Diagnostic et choix stratégique au niveau global 233
Franchiseur Franchisé
[créateur [adhérent
Approvisionnement éventuel au réseau]
de réseau]
2. L’entreprise-réseau
Si on généralise cette logique de la coopération à l’ensemble des activi-
tés nécessaires à l’élaboration et la commercialisation du produit indé-
pendamment de toute contrainte géographique, on débouche sur le phé-
nomène de l’entreprise-réseau.
Depuis quelques années se sont développées des entreprises-réseau (pra-
tique du maillage), souvent à l’échelle internationale, dans différents
secteurs industriels (automobile, habillement, chaussure, jouet, informa-
tique…). Ce phénomène est lié aux stratégies de recentrage. Il est facilité
par le formidable développement des moyens de télécommunication et
de télétraitement. Il pose le problème de la logistique et de la coordina-
tion des opérations interentreprises (management du réseau).
Une entreprise-réseau est un ensemble d’entreprises, spécialisée cha-
cune dans un domaine particulier (fournitures, conception, fabrication,
commercialisation) et rassemblées par contrat autour d’un projet (pro-
duit et marché), à l’initiative de l’une d’elles qui coordonne le réseau
(firme-pivot).
Nike, Reebok, Benetton sont de bons exemples d’entreprises-réseaux à
l’échelle internationale.
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238 Management et économie des entreprises
E. L’internationalisation
La stratégie d’internationalisation est souvent le pendant d’une stratégie
de croissance.
EXEMPLES
Ainsi, Renault détient des participations dans le capital de Nissan et Lada et est
majoritaire au capital de Renault Samsung Motors et de Dacia.
Carrefour s’est, au fur et à mesure de sa croissance, implanté dans 30 pays avec plus
de 10 000 magasins. Valéo a des collaborateurs de 70 nationalités répartis dans
28 pays. Xerox vend ses produits dans 160 pays.
1. La zone du Mercosur constitue un marché prioritaire pour le groupe PSA qui y a
implanté deux usines, en raison des perspectives de développement important du taux de
motorisation de cette zone.
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Chapitre 10 – Diagnostic et choix stratégique au niveau global 239
À NOTER
En 2003, les pays développés avaient accueilli 65 % des investissements directs à
l’étranger réalisés dans le monde. En 2009, pour la première fois, les pays en déve-
loppement et en transition ont absorbé la moitié des flux (Rapport mondial de la
CNUCED 2003 et 2010).
b. Le processus d’internationalisation
1. L’exportation
Elle est généralement la première étape accomplie par l’entreprise qui
peut bénéficier d’aides de l’État (Ubifrance). Elle lui apporte de nou-
veaux débouchés et l’expérience d’un marché étranger (« effet d’expé-
rience internationale »).
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240 Management et économie des entreprises
Cette exportation directe est assez difficile car l’entreprise doit surmon-
ter les obstacles liés à la méconnaissance des contraintes culturelles et
réglementaires locales.
Une solution plus simple mais moins riche en apprentissage consiste à
passer par l’intermédiaire d’un courtier local qui va prospecter lui-même
les réseaux de distribution et prendre en charge toutes les formalités de
dédouanement.
Une autre solution est de la compléter par une implantation commer-
ciale qui peut prendre la forme de simple représentation à l’étranger ou
d’installation d’entrepôts, ou encore d’une implantation d’une filiale
commerciale.
Une implantation facilite la vente à l’étranger en donnant à l’entreprise
une « fenêtre » sur son nouveau marché, lui permettant de mieux adap-
ter son produit aux spécificités de la demande étrangère et aussi un
approvisionnement plus régulier de celle-ci.
Au-delà des obstacles culturels, l’exportation se heurte cependant très
souvent à des barrières douanières et surtout à des obstacles administra-
tifs (normes, procédures de dédouanement, contingentements).
2. Les contrats
Ce sont la concession de licence à l’étranger et la franchise internatio-
nale (ex. : Coca-Cola).
Ils permettent le développement d’un marché international du produit
et de la marque de l’entreprise, sans investissement de sa part, tout en
lui procurant d’appréciables recettes « hors exploitation » (voir aussi les
stratégies d’alliance et coopération, plus haut).
Cependant, à travers le contrat, existe un risque de dissipation du
savoir-faire de la firme auprès de ses collaborateurs étrangers qui peuvent
alors se transformer en concurrents.
EXEMPLES
Alcatel-Lucent, Indosuez, Danone, Schneider, Air Liquide, Essilor, Carrefour, Bolloré,
Seb, PSA, L’Oréal ont choisi de s’implanter en Chine, accédant ainsi à un marché
prometteur.
4. La mondialisation
Certaines entreprises qualifiées de mondiales, sont celles dont les mar-
chés, autant que les opérations de production, se répartissent à l’échelle
c. Le phénomène de délocalisation
La délocalisation consiste à déplacer une activité de production dans
un autre pays. Les délocalisations sont souvent liées à la pénétration de
marchés étrangers. Dans certaines branches, comme l’habillement, où le
coût salarial représente une part élevée des charges (jusqu’à 30 %), la
délocalisation peut aussi s’expliquer par la recherche d’une plus grande
compétitivité ou rentabilité.
Les délocalisations (fabrications déplacées) peuvent se réaliser par des
investissements directs sur les lieux des nouvelles implantations (IDE)
ou par l’externalisation qui consiste dans ce cas à confier à une entre-
prise partenaire située à l’étranger une partie de la chaîne de valeur du
produit (offshoring).
Contrairement à une idée reçue, la sous-traitance se réalise principale-
ment en Europe et aux États-Unis. Au niveau européen, on a pu consta-
ter ces stratégies de délocalisation à destination de l’Irlande dans les
années 1990 et vers la Pologne et les autres pays d’Europe de l’Est depuis
leur entrée dans l’Union européenne en 2004. Néanmoins, la pression
des marchés financiers et des grands distributeurs sur les fabricants les
pousse à délocaliser également en Asie ou en Afrique, dans des pays à
bas salaires. C’est la logique du nouveau capitalisme productif que
P. Veltz décrit dans son ouvrage La société hyper-industrielle.
L’exportation La globalisation
Sanchez (R.), Heene (A.) et Thomas (H.), Towards the theory and practice of competence
based competition, Dynamics of Competence-Based Competition, Pergamon,
Oxford, 1996.
Tarondeau (J.-C.), Stratégie industrielle, Vuibert Gestion, 1996.
Veltz (P.), La société hyper-industrielle, Le Seuil, 2017.
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CHAPITRE 11
Chapitre 11 – Diagnostic et choix stratégique au niveau d’un produit ou d’un DAS 245
La stratégie :
3. Diagnostic et choix
stratégique au niveau
d’un produit ou d’un DAS
C. L’analyse concurrentielle
L’analyse concurrentielle permet pour chaque DAS, de situer l’entre-
prise par rapport à ses concurrents, mais aussi par rapport à la clien-
tèle, la structure du marché, les entrants potentiels et les menaces de
produits substituables.
L’analyse de M.E. Porter se place au niveau du secteur d’activité.
1. La concurrence
La concurrence est la règle du jeu habituelle d’une économie de marché.
Son intensité dépend du secteur d’activité dont le cycle de vie est plus
ou moins avancé et la concentration plus ou moins forte.
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Chapitre 11 – Diagnostic et choix stratégique au niveau d’un produit ou d’un DAS 247
2. L’âge du secteur
Ventes
Temps
Introduction Croissance Maturité Déclin
ou lancement
C B
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248 Management et économie des entreprises
EXEMPLE
Les 3 concurrents A, B et C peuvent se développer chacun avec la même part de
marché, grâce à la croissance du marché total représenté ici par la surface du cercle.
La concurrence entre les entreprises du secteur est donc modérée. On peut même
envisager facilement certaines coopérations, par exemple pour mettre en place un
standard commun, une déontologie ou un GIE axé sur l’exportation en commun
(situation de coopétition envisagée au chapitre 3).
– en phase de maturité, la concurrence très forte se fait par les prix qui
baissent en valeur réelle ainsi que la rentabilité. Les parts de marché
sont à peu près stabilisées ;
EXEMPLES
L’électronique grand public, les micro-ordinateurs, l’automobile.
3. La structure concurrentielle
Elle dépend fortement du degré de concentration des entreprises du
secteur.
On peut distinguer notamment :
– la situation de concurrence (grand nombre d’entreprises de puissance
équivalente) qui correspond le plus souvent au modèle théorique de la
concurrence monopolistique (ou différenciation) ;
– l’oligopole (quelques entreprises se partagent le marché) qui se traduit
soit par l’entente, soit par la guerre des prix ;
– le monopole (une seule entreprise propose le produit à la clientèle) qui
reste assez exceptionnel et souvent provisoire (phase d’introduction).
Il existe également des situations de duopole, monopsone, oligopsone, etc.1
4. La compétitivité de l’activité
C’est l’aptitude de l’entreprise à affronter ses concurrents pour l’activité considérée. Elle
est mesurable à ses résultats (part de marché de l’entreprise) et aux moyens engagés
dans la compétition avec les autres entreprises.
D. L’analyse technologique
La technologie d’un DAS peut être parfois suffisamment spécifique pour
justifier une analyse particulière. Dans ce cas, les étapes à suivre sont
alors similaires à celles que nous avons envisagées en ce qui concerne le
diagnostic stratégique au niveau global (v. p. 204).
Infrastructure de l’entreprise
Activités
de Gestion des ressources humaines
M
soutien
AR
Développement de la technologie
G
ES
Approvisionnement
ES
G
interne externe et
AR
M
ventes
Activités prioritaires
Source : d’après M. Porter, L’Avantage concurrentiel, Dunod, 2003.
1. Par référence à la théorie de Joseph Schumpeter selon lequel l’innovation à travers de
nouveaux produits ou de nouvelles combinaisons de facteur procure à l’entrepreneur une
rente ou un surprofit liés à une situation de monopole provisoire.
2. Par référence à la théorie de la rente foncière de David Ricardo.
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Chapitre 11 – Diagnostic et choix stratégique au niveau d’un produit ou d’un DAS 253
AVANTAGE STRATÉGIQUE
b. La différenciation
La différenciation consiste à doter les produits de l’entreprise de caractéris-
tiques distinctive afin d’obtenir un « effet de loyauté » de la part de la
clientèle ainsi « fidélisée », mais aussi de la part des actionnaires et des
salariés, rassurés par cette différence avantageuse par rapport aux concur-
rents. La différenciation peut prendre des formes diverses (conception du
produit, image de marque, technologie, commercialisation…). Elle repose
sur la perception par le client du surcroît de valeur correspondant à la
différence offerte. Elle permet à l’entreprise d’échapper (relativement) à une
concurrence par le prix de vente du produit tout en s’adressant à l’ensemble
du marché, à travers différents modèles porteurs de la même différence.
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254 Management et économie des entreprises
c. La focalisation
La focalisation (ou concentration de l’activité) consiste à se consacrer à
un segment du marché, généralement trop étroit ou trop particulier pour
intéresser les grandes entreprises. On parle alors souvent de stratégie de
créneau ou de niche. L’offre de l’entreprise est très spécialisée, vouée à
la satisfaction d’un segment de clientèle particulier ce qui crée une cer-
taine fragilité, liée à l’avenir de ce seul segment
EXEMPLES
– Novo Nordisk a choisi d’être dans la pharmacie, « le » laboratoire du diabète à
l’échelle mondiale.
– L’avionneur canadien Bombardier et son concurrent le brésilien Embraer ont
choisi le créneau des avions régionaux.
1. INSEAD : Institut européen d’administration des affaires, créé en France en 1957.
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Chapitre 11 – Diagnostic et choix stratégique au niveau d’un produit ou d’un DAS 255
Verrouillage
Intermédiaire Standard
dominant propriétaire
Distribution
exclusive
Faible coût
Élargissement
de l’offre client
1. Selon une enquête de l’Observatoire Cetelem 2010 « Automobile, la low cost attitude »,
le low cost correspond à l’élimination de l’inutile pour 69 % des consommateurs européens
interrogés, et comme une solution intelligente pour 65 % d’entre eux. 29 % des européens
sont prêts à acheter une voiture low cost (observatoirecetelem.com).
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Chapitre 11 – Diagnostic et choix stratégique au niveau d’un produit ou d’un DAS 257
Hax (A.) et Wilde (L.), The Delta Projet : Discovering New Sources of Profitability in a
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Rouach (D.), La veille technologique et l’intelligence économique, coll. Que sais-je ?,
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CHAPITRE 12 Chapitre 12 – L’organisation de l’entreprise 261
L’organisation
de l’entreprise
donc à cet ensemble constitué par les structures et les procédures mises
en place par l’entreprise.
Selon H. Liebenstein, les différences d’efficience que l’on observe entre
des firmes dotées des mêmes ressources et facteurs de production s’ex-
pliquent par des différences dans la qualité de l’organisation interne
(Notion d’« efficience X », ou facteur organisationnel qui vient complé-
ter les facteurs de production).
Néanmoins cette organisation n’est pas figée mais doit au contraire
s’adapter sans cesse pour suivre l’évolution de l’entreprise.
A. Chandler a montré dans Stratégies et structures de l’entreprise, qu’à
une évolution stratégique doit correspondre une évolution de la struc-
ture de l’entreprise. Ce changement peut être progressif ou au contraire
brutal, générant alors de grands bouleversements pour le personnel.
L’écueil en matière organisationnelle est de ne pas réformer véritable-
ment l’organisation mais d’empiler de nouvelles structures sur les
anciennes alourdissant ainsi le fonctionnement et les charges de l’entre-
prise à chaque changement stratégique.
B. Décomposition horizontale
Les tâches à accomplir pour gérer l’entreprise sont multiples et
demandent des capacités différentes, c’est pourquoi les organes et les
individus sont spécialisés. Cette division du travail correspond à la
décomposition horizontale de l’organisation.
On peut retenir deux critères de spécialisation qui permettent de struc-
turer l’entreprise par rapport à l’homogénéité et à la complexité des tra-
vaux à effectuer.
– Dans le cas où les produits vendus et les marchés sont relativement
semblables, on divise le travail par rapport aux grandes fonctions à
remplir (production, vente…) et ensuite à l’intérieur de celles-ci on
peut réaliser un découpage par produits/marchés.
– Dans le cas où on considère que les produits ou les marchés sont trop
hétérogènes pour être traités ensemble, on pratique d’abord une divi-
sion par produits/marchés et ensuite à l’intérieur de ces divisions ou
départements on opère un découpage par fonctions.
Les principales fonctions à retenir sont (liste non exhaustive) :
– F1 : la fonction technique chargée de produire les biens ou les ser-
vices.
– F2 : la fonction vente chargée des tâches produits/marchés.
– F3 : la fonction administration chargée de gouverner, gérer.
– F4 : la fonction logistique chargée des tâches complémentaires à la
production.
– F5 : la fonction financière chargée de gérer les flux de capitaux.
– F6 : la fonction sociale chargée de gérer les ressources humaines.
C. Décomposition verticale
La coordination des tâches et la hiérarchisation des différentes per-
sonnes correspondent à la décomposition verticale de l’entreprise et
représentent le système de commande de l’organisation. Cette décompo-
sition se réalise en fonction des types de décisions qui sont prises aux
divers niveaux de la pyramide hiérarchique.
On peut distinguer quatre niveaux en fonction de l’ampleur de la déci-
sion et de l’horizon qu’elle implique :
– N1 : le niveau stratégique où sont prises les décisions qui engagent
l’entreprise à long terme telles que le choix des produits à fabriquer,
des techniques à utiliser ou des marchés à conquérir et les objectifs à
atteindre.
– N2 : le niveau tactique où à moyen terme on prend les décisions d’op-
timisation qui définissent le chemin à suivre pour atteindre les objec-
tifs fixés précédemment (one best way).
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264 Management et économie des entreprises
D. La représentation de l’organisation
(ou organigramme) et ses limites
a. L’autorité formelle est décrite par l’organigramme
La structure de l’entreprise se représente à partir de deux axes, l’un hori-
zontal correspond à la division du travail et l’autre vertical à la coordi-
nation hiérarchique des tâches, selon le schéma suivant :
E. La structure organisationnelle
de H. Mintzberg
b. La structure divisionnelle
La répartition des tâches se fait par rapport aux produits ou aux
familles de produits qui présentent un plus grand caractère d’homogé-
néité que les fonctions. Chaque division ou branche est relativement
autonome et peut posséder une structure propre (fonctionnelle ou autre),
en outre le contrôle exercé par la direction n’est souvent réalisé qu’a
posteriori.
C’est le type de structure adopté par la majorité des grandes entreprises
car il permet une grande flexibilité, en effet on peut ajouter ou retran-
cher une division sans perturber l’ensemble de l’organisation.
c. La structure matricielle
Ce type de structure correspond à une répartition des tâches réalisée
suivant deux critères différents : fonctionnel et divisionnel. Cette struc-
ture allie deux compétences (et deux autorités), celle du chef de projet
ou de produit (critère divisionnel) et celle du spécialiste de la fonction
(critère fonctionnel). Ceci permet de maintenir les départements par
fonctions durables dans le temps et de former des groupes ad hoc char-
gés du travail proprement dit variables dans le temps.
C’est une structure très souple puisque l’on peut ajouter ou supprimer
facilement un produit ou un projet, elle peut néanmoins poser des pro-
blèmes pour les individus qui se trouvent soumis à deux hiérarchies
pouvant parfois se contrarier et qui doivent également s’intégrer réguliè-
rement à de nouvelles équipes de travail. Le savoir-être joue un rôle non
négligeable. Cette structure s’applique tout particulièrement aux entre-
prises de recherche, de grands travaux, de publicité
a. La hiérarchie linéaire
L’autorité est exercée sur des personnes et légitimée par la position hiérar-
chique. L’étendue du pouvoir est totale dans un secteur bien déterminé.
Ce type de structure présente l’avantage de définir parfaitement les res-
ponsabilités, elle permet la discipline, le contrôle et respecte l’unité de
commandement définie par H. Fayol « un subordonné n’a qu’un seul
chef ». En revanche, elle entraîne une mauvaise circulation des infor-
mations et une surcharge de travail pour les cadres supérieurs lorsque
l’entreprise grandit.
communication entre X et Z
sphère de compétence, d’étendue du pouvoir
b. La hiérarchie fonctionnelle
F.W. Taylor a proposé de fonder le pouvoir hiérarchique sur la spécia-
lisation, source de compétence.
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270 Management et économie des entreprises
État major
Unités
Administration Finances GRH Système d’information fonctionnelles
(Staff)
Unités
Division Produit A Division Produit B opérationnelles
(Line)
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Chapitre 12 – L’organisation de l’entreprise 271
C. La coordination
Ce terme recouvre outre la coordination à proprement parler, diverses
notions telles que communication et contrôle. Selon H. Mintzberg,
celle-ci peut être assurée par cinq mécanismes :
– l’ajustement mutuel réalise la coordination par simple communication
informelle. Ce procédé est essentiel dans les petites structures mais il
joue aussi un rôle important dans les structures décentralisées basées
sur la coopération d’un personnel hautement qualifié. On retrouve
également cette importance dans le modèle J de M. Aoki ;
– la supervision directe consiste à avoir la responsabilité du travail des
autres. Le responsable donne les instructions, délègue et contrôle ;
– la standardisation des procédés spécifie ou programme le contenu du
travail. La coordination est en quelque sorte assurée avant même que
le travail ait commencé ;
– la standardisation des résultats se fait en spécifiant les objectifs à
atteindre, ce qui permet d’accorder une auto-organisation du travail,
plus motivante ;
– la standardisation des qualifications repose sur la formation com-
mune de ceux qui accomplissent le travail.
À mesure que la structure gagne en complexité et que le travail d’organi-
sation s’intensifie, les moyens de coordination employés évoluent de la
manière suivante :
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272 Management et économie des entreprises
a. La personnalisation (organisation
« entrepreneuriale »)
C’est la structure la plus simple, dans laquelle la part prépondérante est
prise par le sommet stratégique. En effet le dirigeant joue le rôle princi-
pal, il coordonne en supervisant directement, les relations personnelles
sont privilégiées, il n’y a pas ou peu de formalisation. Elle ne possède ni
technostructure, ni fonctions de support logistique.
b. La bureaucratie mécaniste
On retrouve ce type de structure dans les organisations où les tâches
sont routinières et très spécialisées ce qui implique des procédures très
formalisées. L’élément prépondérant est donc la technostructure.
Elle convient aux entreprises de grande taille où le regroupement des
tâches est réalisé sur la base des fonctions et où la centralisation est
importante (structure fonctionnelle centralisée).
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Chapitre 12 – L’organisation de l’entreprise 273
c. La bureaucratie professionnelle
Cette structure décentralisée est basée sur le recrutement de spécialistes
dûment formés. Le centre opérationnel est ainsi constitué de profession-
nels hautement qualifiés à qui on laisse une très grande latitude dans le
contrôle de leur propre travail. Elle s’appuie sur la standardisation des
qualifications et la partie-clé en est le centre opérationnel.
1. Adhocratie : terme popularisé par A. Tofler dans Le choc du futur, signifiant une forme
de gouvernement adaptée en fonction de l’environnement, du projet à réaliser, donc une
structure ad hoc.
2. H. Mintzberg, op. cit., p. 377.
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Chapitre 12 – L’organisation de l’entreprise 275
f. L’organisation missionnaire1
Cette sixième configuration a été proposée ultérieurement par H. Mintz-
berg à partir de l’observation des entreprises japonaises dans lesquelles
normes et croyances viennent remplacer les standards et les procé-
dures et où la culture (ou l’idéologie) est « si forte que l’organisation se
construit autour d’elle » débouchant sur l’organisation missionnaire.
Une mission est clairement définie par un leader pour l’organisation
(comme le lancement d’un produit ou service présenté comme révo-
lutionnaire). Cette organisation est coordonnée par une standardisa-
tion des normes, renforcée par la sélection, la socialisation et l’endoc-
trinement des membres, rassemblés autour du leader. Les membres de
l’organisation sont soudés par des valeurs partagées. C’est la standar-
disation des normes qui en découle qui est le mécanisme de coordi-
nation.
EXEMPLES
L’entreprise japonaise de type J (M. Aoki) ou de type Z (W.G. Ouchi) ; le Kibboutz
israélien ; l’organisation religieuse ou sectaire.
b. Le système technologique
Les travaux de J. Woodward en Angleterre ont montré qu’il existait une
relation entre la technologie utilisée et la structure adoptée suivant que
la production était à l’unité, de masse ou en continu. Elle a remarqué
que plus la complexité technologique augmentait, plus la structure
administrative était élaborée et plus les cadres avaient un nombre res-
treint de subordonnés.
c. La stratégie
A. Chandler, dans son ouvrage Stratégie et structure, a montré que la
structure d’une organisation découlait de la décision stratégique qu’elle
avait prise et donc que le changement de stratégie induisait le change-
ment de structure. On passe ainsi d’une structure fonctionnelle centra-
lisée à une structure divisionnelle par produits quand l’entreprise choi-
sit de diversifier ses activités.
d. L’environnement
P.R. Lawrence et J.W. Lorsch ont montré que plus l’environnement est
stable, plus les entreprises ont tendance à évoluer avec une structure
formalisée. Par contre si l’environnement est dynamique et complexe,
elles adoptent des structures plus souples. H. Mintzberg a présenté de
façon synthétique les diverses situations dans le tableau suivant :
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Chapitre 12 – L’organisation de l’entreprise 277
Structure
Strategy Systems
Shared values
Skills Style
Staff
b. La flexibilité
La flexibilité organisationnelle est devenue nécessaire pour suivre les
évolutions stratégiques et pour faire face aux perturbations que son envi-
ronnement impose à l’entreprise.
c. La transversalité
Elle consiste à mettre en place dans l’entreprise des unités opération-
nelles qui sont constituées de personnes déléguées par différentes fonc-
tions de l’entreprise dans une logique pluridisciplinaire, reposant sur la
coopération et facilitant l’apprentissage collectif.
Ce sont les structures par projet ou les structures par processus qui
traversent l’entreprise en lui donnant la souplesse et le dynamisme
nécessaires à l’innovation ou à la compétitivité.
Un processus est défini par Ph. Lorino comme : « un ensemble d’activi-
tés reliées entre elles par des échanges de produits, de services ou d’in-
formations et contribuant à la fourniture d’une prestation à un client
interne ou externe à l’entreprise ».
Cette prestation qui peut consister en un bien ou un service peut avoir
un caractère opérationnel (production/vente destinée à la clientèle de
l’entreprise) ou fonctionnel (activité de support destinée à des utilisa-
teurs internes à l’entreprise).
d. La multidimension
Elle correspond à la construction de l’organisation selon deux (organisa-
tion matricielle) ou trois critères afin de mieux coller à la complexité du
développement de la grande entreprise, en prenant en compte notam-
ment, sa dimension internationale.
Direction générale
F1 F2 ... Fn
(Dimension
opérationnelle ;
Ici par
processus) Pr1
Pr2
Prm
Asie
Amérique
Europe
Afrique
(Dimension
géographique)
Selon cet organigramme, on retrouve sur chaque grand continent une organisation matricielle
avec un découpage horizontal par grandes fonctions et un découpage vertical par unités
opérationnelles (ici par processus mais qui pourrait être par usines ou par clientèles).
Les théories
des organisations
I. L’école classique
A. La théorie administrative de H. Fayol
(1841‑1925)1
• H. Fayol distingue 6 fonctions au sein d’une entreprise. L’une d’elle, la
fonction administrative joue un rôle crucial.
1. Fonction technique (production, fabrication, transformation)
2. Fonction commerciale (achats, ventes, échanges)
3. Fonction financière (recherche et gérance des capitaux)
4. Fonction de sécurité (protection des biens et des personnes)
5. Fonction de comptabilité (inventaire, bilan, prix de revient, statis-
tiques, etc.)
6. Fonction administrative (prévoyance, organisation, commandement,
coordination et contrôle)
• La notion classique d’administration correspond au management
« Administrer, c’est prévoir, organiser, commander, coordonner et
contrôler. »
C. L’organisation bureaucratique
de Max Weber (1864-1920)
M. Weber sociologue allemand, a distingué :
– les organisations charismatiques (fondées sur les qualités person-
nelles du leader qui est « un être extraordinaire » (charismatique) et le
dévouement des membres de l’entreprise envers le dirigeant (ex. :
H. Ford, A. Citroën, L. Renault…) ;
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Chapitre 13 – Les théories des organisations 285
Besoin
de réalisation
de soi
Besoin d’estime
de soi
Besoin d’intégration
Connaissance
du processus de
transformation parfaite imparfaite
Capacité
à mesurer les résultats
Contrôle des résultats Contrôle des résultats
élevée
ou des comportements
Contrôle des Contrôle clanique
faible
comportements
1. On se réfère habituellement aux expériences menées chez Volvo en Suède et Renault en
France.
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Chapitre 13 – Les théories des organisations 289
B. La décentralisation coordonnée
d’Alfred Pritchard Sloan (1875-1966)
A. Sloan ancien dirigeant de General Motors (où il est resté 30 ans), pré-
conise la pratique de la décentralisation coordonnée, en s’appuyant sur
4 principes :
– Les divisions doivent être autonomes et jugées selon leur rentabilité.
– Les fonctions non opérationnelles doivent rester centralisées ce qui
permet de partager leur charge entre les diverses activités (achats, tré-
sorerie, comptabilité, design, publicité, etc.).
– La direction générale doit se consacrer à la politique générale (straté-
gie) et non à la gestion d’exploitation.
– L’organigramme doit prévoir dans chaque division une représentation
des autres divisions (coordination permanente représentée en pointil-
lés sur le schéma ci-après).
On considère que la mise en place de cette organisation marque la nais-
sance du contrôle de gestion, dans la mesure où la coordination de cette
structure décentralisée impose la fixation d’objectifs et le contrôle de
leur réalisation.
A.P. Sloan développa chez GM une standardisation des méthodes de
gestion et de prévision de la demande, d’établissement des budgets et de
calcul des coûts de revient et de rentabilité des investissements. Ainsi,
les divisions et la DG parlent un langage commun.
(Fonctions non
Trésorerie Publicité Design Comptabilité Achats opérationnelles
centralisées)
(Divisions
Produit 1 Produit 2 Produit 3 Produit 4 opérationnelles
autonomes)
C. Le « modèle de la poubelle »
de M.D. Cohen, J.G. March et J.P. Olsen
C’est en étudiant l’organisation et le fonctionnement des universités
américaines que M.D. Cohen, J.-G. March et J.P. Olsen ont proposé dans
les années 1970, le « modèle décisionnel de la poubelle » (ou du fourre-
tout). Dans le fourre-tout se trouve un ensemble de solutions prédéfinies
(« toutes-faites ») liées aux théories managériales du moment et qui sont
« en attente de problème à résoudre ». Lorsqu’un problème se pose, par
facilité on puise dans le fourre-tout une solution qui pourrait convenir.
Ce « modèle » provocateur nous éloigne radicalement du schéma de la
rationalité parfaite de la prise de décision. Il montre également que l’on
peut dans certaines organisations aboutir à ce que problèmes et solu-
tions appartiennent à deux flux indépendants l’un de l’autre et que ce
soit le décideur qui relie ponctuellement les deux en piochant un pro-
blème pour lui appliquer une solution (ou inversement). Il invite à se
méfier des solutions toutes faites.
À NOTER
Cette analyse se situait dans ce que ces auteurs ont qualifié d’« anarchie organisée »
et qui correspondait à la Carnegie School de l’époque, caractérisée par une absence
d’objectifs cohérents et partagés, par un manque d’intérêt pour la prise des décisions
nécessaires à l’organisation et par un manque de contrôle des activités.
A. La notion de système
Un système est un ensemble d’éléments en interaction qui est organisé
en fonction d’un but.
Un système ouvert est en relation permanente avec son environnement
dans lequel il puise les ressources dont il a besoin (énergie, matières,
informations, etc.) et auquel il destine les résultats de son activité (pro-
duits, déchets, informations) ainsi que l’entropie qu’il a créé.
La démarche systémique repose sur une vision globale des phénomènes
complexes dont elle refuse donc a priori la décomposition, par opposi-
tion à la démarche analytique traditionnelle qui considère que « le tout
est la somme des parties ». La théorie des systèmes est holistique car elle
se refuse à réduire le comportement d’un système à la simple analyse
des parties qui le composent. La totalité est plus (ou moins) que la
somme des parties (principe de globalité). Les boucles de rétroaction
(positives et négatives) permettent la régulation du système (principe de
circularité). Le système réagit aux perturbations de son environnement
afin de préserver son équilibre. Il est auto-régulé (principe d’homéosta-
sie) ce qui lui procure une certaine durabilité.
L’approche analytique ramène le système à ses éléments constitutifs les
plus simples, en réalise une étude détaillée pour expliquer les interac-
tions existant entre eux. Elle étudie le système en isolant, en modifiant
uniquement une variable à la fois et à partir de là en déduit des lois
générales.
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296 Management et économie des entreprises
B. Le fonctionnement du système
Un système possède une limite qui le sépare de l’extérieur. Il est com-
posé d’éléments qui sont reliés entre eux pour permettre les échanges
d’énergie, de matière ou d’information et des réservoirs où ces dernières
sont stockées.
L’organisation temporelle fait apparaître les notions de flux, de vannes
et de délais.
Les flux d’énergie, de matière ou d’information s’écoulent entre les
réservoirs dans les réseaux de communication, les vannes contrôlent les
débits des divers flux et les délais tiennent aux différentes vitesses de
circulation et aux durées de stockage. Enfin, les boucles de rétroaction
(ou boucles de retour d’information) combinent les effets des flux, des
vannes et des délais.
Le fonctionnement de tout système est dépendant de deux variables :
– les variables de flux (action sur les vannes) qui permettent de réguler
le débit ;
– les variables d’état ou de niveaux (analyse des réservoirs) qui
mesurent l’accumulation réalisée.
Buts du système,
traduits en objectifs
(O)
Processus ou structure
Sorties
S6
Entrées S2 ou Objectifs
S1 résultats atteints
S5 (R) ?
S4 S3
Si les résultats
ne sont pas conformes
aux objectifs
Ajustements
Boucle de rétroaction
1. Une gestion par les objectifs permet de résoudre ce genre de problème.
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Chapitre 13 – Les théories des organisations 301
Caractéristique
de l’actif
non très spécifique
transféré moyennement spécifique
spécifique (idiosyncratique)
Fréquence
de l’échange
Structure Structures d’échange reposant sur des contrats avec
faible
de marché mécanismes d’adaptation et recours à l’arbitrage
(contrats
Structures bilatérales (contrats Structure unifiée
de vente
de coopération et sous- (Internalisation
forte classiques)
traitance/ Contrats de la production)
personnalisés)
X. Le modèle J de M. Aoki
Masahiko Aoki a entrepris dans la fin des années 1980, l’élaboration
d’un modèle décrivant le fonctionnement des entreprises industrielles
japonaises afin d’expliquer leur supériorité en matière de productivité et
leur efficience.
A. Un système de coordination
et de stimulation spécifique
– La coordination des activités est horizontale. Elle se réalise par la
concertation et la négociation entre égaux sur la base de plans de
charge indicatifs et adaptables. Elle est facilitée par la proximité géo-
graphique des différents services qui sont concentrés dans l’usine
ainsi que par la rotation obligatoire du personnel. Cette dernière favo-
rise à la fois le partage des qualifications, la communication et la coor-
dination non hiérarchique des activités. Elle s’exerce dans le cadre
d’une décentralisation des responsabilités qui donne à l’entreprise une
bonne réactivité (tant que l’évolution de l’environnement reste modé-
rée).
– La stimulation des individus se fait à travers la hiérarchie des grades
qui est gérée par un service du personnel présent en permanence au
milieu des ateliers afin d’organiser la rotation des postes de travail et
d’exercer un contrôle continu de l’efficacité de chacun qui peut débou-
cher sur une promotion. Chaque salarié est moralement tenu de pro-
gresser au cours de sa carrière (un licenciement serait possible sinon),
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Chapitre 13 – Les théories des organisations 305
A. L’apprentissage collectif
(ou organisationnel)
Une firme ne peut se développer que si elle dispose de « routines »
(répertoires de réponses), qui résultent d’un apprentissage, et qui sont
nécessaires à une adaptation aux changements de l’environnement.
Chaque firme se distingue des autres par les apprentissages qu’elle a su
mettre en œuvre. Cet apprentissage collectif est « un processus par
lequel la répétition et l’expérimentation font que, au cours du temps,
des tâches sont effectuées plus vite, et que de nouvelles opportunités
dans les modes opératoires sont sans cesse expérimentées ».
B. La théorie de la firme
Selon ces auteurs, une théorie de la firme doit expliquer la cohérence de
l’entreprise alors que chacune a un portefeuille de produits différent.
Il convient donc de dégager les critères permettant en même temps de :
– distinguer une entreprise d’une autre ;
– d’expliquer pourquoi chaque entreprise dispose d’un portefeuille d’ac-
tivités non aléatoires et selon une cohérence propre ;
– de comprendre comment les entreprises évoluent c’est-à-dire changent
de portefeuille ou d’activité principale.
La thèse évolutionniste est que chaque firme se distingue des autres par
les apprentissages qu’elle a su mettre en œuvre (qualités et routines
incluses dans leur patrimoine irréductible). Ces routines sont « tacites »
et donc non transférables. Elles sont un actif spécifique à chaque entre-
prise et permettent de les différencier les une des autres et d’expliquer
les différences de performances entre elles. Ce sont donc des « savoir-
faire » et des compétences organisationnelles qui permettent de distin-
guer fondamentalement une entreprise d’une autre. C’est cette compé-
tence foncière qui fait que l’entreprise ne peut être reconstituée par la
simple addition des actifs qui la composent.
C. L’évolution de l’entreprise
De plus, l’évolution de l’entreprise se déroule suivant un sentier déter-
miné par la nature des compétences qu’elle a accumulées.
C’est par le biais de ses actifs considérés comme secondaires (complé-
mentaires de son activité principale) que l’entreprise peut changer de
trajectoire (ex. : INTEL qui est passée des mémoires aux microproces-
seurs). Lorsque d’importants débouchés apparaissent aux limites de ses
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Chapitre 13 – Les théories des organisations 307
A. La notion de convention
Une convention peut être définie ici1 comme un ensemble de repères
qui va permettre aux membres de l’entreprise de choisir un comporte-
ment en situation d’incertitude. Ces repères sont généralement impli-
cites et ils tirent leur existence d’être adoptés et partagés par un nombre
important d’individus (« comportement moutonnier »). On peut donc
rapprocher ce concept de la notion de coutume de Max Weber.
La convention est un « cadre interprétatif » qui permet de décider, de
coordonner et d’organiser et qui apparaît comme une règle spontanée et
effective, perçue comme allant de soi au sein de l’organisation, dont la
force repose sur son adoption par un grand nombre de personnes.
1. À ne pas confondre avec la notion juridique de convention qui est l’accord des volontés
permettant de créer, de modifier ou de mettre fin à des obligations pour au moins l’une des
parties à l’accord.
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308 Management et économie des entreprises
L’activité commerciale :
1. La démarche
marketing
I. La fonction commerciale
de l’entreprise
L’activité commerciale est une activité primordiale de l’entreprise. La
division commerciale représente un « sous-système », intégré dans
le système global de la firme. En tant que tel, il possède des finalités et
un fonctionnement propres relativement indépendants du système
entreprise.
– Le but commercial repose traditionnellement sur la conquête du mar-
ché, c’est-à-dire qu’il faut découvrir, gagner et développer une clien-
tèle, ceci devant se traduire en objectifs réalistes. Il convient de noter
la nécessité d’une compatibilité entre le but commercial et le but glo-
bal de l’entreprise. Les objectifs commerciaux ne sont que des sous-
objectifs au niveau de l’entreprise et il y a une hiérarchie des buts à
établir et à respecter. Par exemple une firme peut vouloir « faire une
pause » (pour des raisons financières) après une période de forte crois-
sance, alors que les commerciaux souhaitent poursuivre le développe-
ment. Il faut remarquer que son environnement commercial et par
conséquent sa politique commerciale seront très différents selon
qu’elle s’adresse à un marché de consommateurs (business to consu-
mers, « b2c ») ou à un marché d’entreprises (business to business,
« b2b »).
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Chapitre 14 – La démarche marketing 311
1. Le terme « mercatique » a été proposé par l’Académie française pour remplacer « marke-
ting » tiré de l’anglais.
2. J. Lendrevie, J. Levy, A. de Baynast, in Mercator, 2017.
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312 Management et économie des entreprises
a. La phase production
Elle s’étend jusqu’à la seconde guerre mondiale. La priorité est donnée
à la fonction production.
Cet état d’esprit s’exprime dans la célèbre loi des débouchés de J.-B. Say
« l’offre crée sa propre demande ». On observe la filière suivante :
Production Vente
b. La phase vente
Elle dure jusqu’au début des années 1960. L’entreprise prend conscience
de la spécificité des problèmes du marché et des souhaits du consomma-
teur. Elle s’oriente vers une connaissance de ses besoins au moyen de
diverses techniques d’enquêtes et de sondages. Grâce à cet acquis, elle
améliore ses ventes par une meilleure adaptation au marché : elle moder-
nise ses circuits de distribution, la publicité remplace la réclame… Le
développement de la concurrence et les travaux de J.-M. Keynes mettent
en évidence l’importance du rôle de la demande.
On assiste à une légère modification de la filière :
Production Connaissances des besoins Marché
Actions
commerciales
c. La phase mercatique
Elle commence lorsque, à partir des années 1960, les économies
s’ouvrent au marché international et l’avenir devient aléatoire, fonc-
tion de probabilités. Le but de la firme est de se développer, générale-
ment par croissance externe (fusions, rachats) pour assurer sa pérennité.
L’organisation évolue vers la décentralisation et la participation.
Il faut donc « vendre pour produire », (« vendre la peau de l’ours, avant
de l’avoir tué »). Il s’agit d’abord d’un marketing de masse qui a évolué
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Chapitre 14 – La démarche marketing 313
Coordination des
outils commerciaux
e. Le marketing collaboratif
La notion de service devient parfois dominante dans les échanges sur le
marché. De ce fait l’important devient la co-création de valeur (v. aussi
la production de services, chap. 17) et l’étendue des réseaux à travers
lesquels aura lieu la commercialisation. Le marketing devient collabo-
ratif en s’appuyant sur le développement de l’IT et les échanges avec la
clientèle. Des modes de consommation coopératifs apparaissent dans
une recherche d’émancipation et de pouvoir des consommateurs qui
souhaitent s’affranchir de la pression marketing traditionnelle.
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314 Management et économie des entreprises
Actions sur le
consommateur
Concurrents
Influenceurs Clientèle
Distributeurs
1. Cette notion est proposée par Lambin (J.-J.), Chumpitaz (R.), De Moerloose (C.) dans
Marketing stratégique et opérationnel, Dunod, 2005.
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Chapitre 14 – La démarche marketing 319
Les panels
Ils représentent des méthodes d’observation permanentes du marché.
Ils sont réalisés par des organismes privés qui gèrent un échantillon
stable. On distingue :
– les panels de consommateurs qui permettent d’étudier le comporte-
ment des consommateurs, exemple : IRI-Sécodip (Société d’études de
la consommation, de la distribution et de la publicité). On obtient
ainsi des informations très précieuses sur la structure d’un marché, la
fréquence d’achat, la saisonnalité… ;
– les panels de distributeurs regroupent des détaillants. Le plus célèbre
est Nielsen. Ils effectuent des enquêtes permanentes concernant les
ventes, les achats et les stocks des détaillants de l’échantillon ;
– les panels d’audience permettent quant à eux de connaître l’efficacité
des différents médias. (exemple de Médiamétrie qui mesure l’audience
tv, radio, cinéma, et l’audience des sites marchands français de e-com-
merce).
Ces informations permettent de connaître les parts de marché, les prix
pratiqués, l’impact d’une campagne de publicité mais elles coûtent très
cher.
d. Les tests
Les tests sont des méthodes d’observations ponctuelles du marché. On
teste les différentes variables du marketing-mix (les 4P) : on modifie un
paramètre à la fois et on observe les réactions engendrées sur le proces-
sus d’achat.
On peut aussi vérifier la cohérence d’une politique marketing, en l’expé-
rimentant sur un échantillon représentatif du marché facilement iso-
lable.
Les tests sont utiles dans le sens où ils permettent de vérifier certaines
hypothèses avant le lancement ou la modification d’un produit ou d’une
campagne, mais ils sont coûteux et peu discrets vis-à-vis de la concur-
rence.
On distingue habituellement : test de notoriété et d’image, test pré et
post com, test de site internet, test d’identité.
e. La prévision de la demande
Après avoir défini son marché, l’entreprise essaye d’en saisir l’évolution.
Peu de firmes, sauf les entreprises à forte intensité capitalistique, se
risquent à faire des prévisions à long terme.
L’horizon courant des diverses prospections est :
– soit le court terme (inférieur à 1 an), pour mettre en œuvre des actions
commerciales adaptées ;
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322 Management et économie des entreprises
A. La délimitation du marché :
la segmentation
Une fois le marché global correctement défini, les responsables commer-
ciaux regroupent les consommateurs en catégories homogènes, c’est-à-
dire composées de personnes ayant des caractéristiques communes (même
comportement, mêmes besoins, même motivation, même revenu…). La
segmentation réalisée, on cible le segment de clientèle auquel on s’adres-
sera en priorité.
La segmentation a pour but d’acquérir une position de monopole sur
une partie du marché et de fidéliser les clients visés.
Les critères de segmentation sont définis en fonction du produit et du
marché étudié, ils sont d’ordre divers :
– démographique : âge, sexe ;
– géographique : zone d’habitation (Paris, ville, campagne) ;
– socio-économique : catégorie socio-professionnelle ;
– psycho-sociologique : opinion, comportement.
La segmentation et le ciblage permettent de caractériser le marché-type
du produit, d’identifier le meilleur couple produit-marché. On sait à qui
vendre et de quelle manière on devra le vendre. On obtient ainsi une
rentabilité maximum en concentrant l’action mercatique.
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324 Management et économie des entreprises
b. Le positionnement
Une fois le type de stratégie défini (différenciée ou concentrée), il
convient de se positionner, c’est-à-dire trouver le segment de marché le
plus approprié aux objectifs et aux moyens de l’entreprise.
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Chapitre 14 – La démarche marketing 325
LA DÉMARCHE MERCATIQUE
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326 Management et économie des entreprises
b. Le marketing « distributeurs »
On a assisté au cours des trente dernières années à une évolution du
rapport de force entre producteurs et distributeurs, en faveur de la
« grande distribution ». Pour vendre aujourd’hui, il faut d’abord vendre
aux grands distributeurs, ce qui suppose une adaptation du plan de
marchéage aux contraintes de chaque distributeur et non plus seulement
aux besoins des clients finals.
EXEMPLE
Ventes promotionnelles en accompagnement de « l’anniversaire » du distributeur.
c. Le marketing « international »
La mondialisation conduit les entreprises à rechercher des économies
d’échelle sur des marchés géographiquement élargis. Certains produits
standardisés ont ainsi pu conquérir les consommateurs de la planète
entière (« Coca-Cola »). Néanmoins, rares sont en définitive les produits
qui peuvent ainsi satisfaire de la même façon, dans différents continents
et pays, des besoins marchands, dont la composante socioculturelle
n’est plus à démontrer.
Les entreprises « mondiales » sont ainsi confrontées à la double néces-
sité d’homogénéiser leurs produits afin de réaliser des économies
d’échelle nécessaires à leur compétitivité, et d’adapter ces mêmes pro-
duits aux particularismes locaux, pour les vendre !
C’est cette double exigence qui a conduit les entreprises industrielles à
s’orienter vers les stratégies de production dites de « sur-mesure de
masse » (mass-customization), s’appuyant sur la modularité et la diffé-
renciation retardée des produits (v. p. 370).
Elles doivent aussi adapter leurs marques de produit afin que celles-ci
soient acceptables et mémorisables par la clientèle étrangère visée
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328 Management et économie des entreprises
e. Le marketing collaboratif
Le marketing se déploie de plus en plus fréquemment avec les consom-
mateurs (« market with ») qui participent ainsi à la création de valeur
marchande lors du processus qui les réunit à l’entreprise de services.
Remettant en cause la pertinence des « 4P » traditionnels, Philip Kotler,
Kevin Keller et Delphine Manceau proposent un marketing mix s’ap-
puyant sur 4 nouvelles variables :
– Personnes : il s’agit d’orienter l’organisation et toutes les personnes de
l’entreprise vers la commercialisation ;
– Processus : les processus organisationnels louent un rôle essentiel
dans la relation-client ;
– Programmes d’action : toutes les activités orientées vers la vente s’ins-
crivent dans des programmes cohérents ;
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Chapitre 14 – La démarche marketing 329
L’activité commerciale :
2. Le marchéage
et la vente
1. Le terme « mercatique » a été proposé par l’Académie française pour remplacer en langue
française « marketing » tiré de l’anglais.
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Chapitre 15 – Le marchéage et la vente 331
c. La marque
Le concept de marque intègre deux fonctions : une de différenciation du
produit et une de fidélisation de la clientèle. La marque est à la fois le
nom, le symbole ou le dessin qui représentent les éléments matériels et
immatériels du produit.
La marque est aussi le signe de la qualité de fabrication d’un produc-
teur, mais on assiste de plus en plus à l’émergence des marques de dis-
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332 Management et économie des entreprises
conserver que les produits majeurs. Ceci permet de récolter les fruits
de l’image de marque développée dans les phases précédentes.
Cette courbe générale du cycle de vie d’un produit peut être plus ou
moins étalée, avec des rebondissements ou redémarrages. La tendance
actuelle est plutôt au raccourcissement de la durée de vie des produits
par un accroissement du rythme des découvertes scientifiques et tech-
niques et une accélération de la diffusion de l’innovation. Certaines
entreprises vont même jusqu’à programmer l’obsolescence de leur pro-
duit, ce qui est un délit depuis la loi relative à la transition énergétique
de 20151.
1. Ce délit est sanctionné en France par une peine maximale de deux ans d’emprisonne-
ment et 300 000 € d’amende.
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Chapitre 15 – Le marchéage et la vente 335
Courbe très élastique (1) : une faible augmentation du prix entraîne une forte diminution des
quantités vendues (automobiles).
Courbe peu élastique (2) : une grande augmentation du prix entraîne une faible diminution
des quantités vendues (pain).
A. Le circuit de distribution
Il est constitué par l’ensemble des intermédiaires et des activités qui permettent à un
produit d’atteindre le consommateur final.
1. On constate un regain de la vente directe à partir d’un portail internet qui permet de
toucher l’ensemble de la clientèle potentielle, sans point de vente, pour des produits relati-
vement standardisés.
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Chapitre 15 – Le marchéage et la vente 339
L’émetteur conçoit une idée qu’il veut transmettre, pour cela il la met en
forme, la code selon son expérience, la transcrit pour qu’elle parvienne
de la manière la plus intégrale au destinataire.
Il élabore son message à travers son propre champ de signification. Ce
message circule ensuite jusqu’au récepteur par le biais des médias qui
sont les différents moyens de communication de masse, en subissant
des distorsions diverses. Le récepteur capte le message, le décode et le
comprend suivant sa propre logique. En fonction de l’idée qu’il a reçue,
il émettra à son tour une réponse (l’achat par exemple) dont l’émetteur
ne saisira qu’une partie et qui illustre le principe de la rétroaction.
La conception des messages peut faire appel au marketing collaboratif
(ou participatif) qui associe de façon interactive des consommateurs aux
spécialistes du marketing de l’entreprise.
Le lancement de produits s’accompagne le plus souvent d’une forte
communication commerciale. C’est par exemple le cas dans la parfume-
rie dont les producteurs n’hésitent pas à investir des sommes considé-
rables dans la communication commerciale.
LE PARFUM INVICTUS
En juillet 2013, il est lancé mondialement par la marque Paco Rabanne du groupe espa-
gnol PUIG (campagne réalisée par l’agence de publicité Mazarine) pour un montant de
plusieurs dizaines de M€. Dans ce secteur, 400 parfums sont lancés chaque année sur le
marché français et il faut donc activer une différenciation perceptuelle importante. En
2012, Cartier a ainsi dépensé 4 M€ dans un spot de publicité institutionnelle pour fêter
les 165 ans de la marque. En 2004, Chanel avait dépensé 25 M€ pour un spot promotion-
nel de son parfum No 5.
B. La publicité
a. Définitions
La publicité ou publicité-média est une forme de communication « impersonnelle » de
masse, unilatérale, réalisée au profit d’un annonceur et utilisant des supports payants.
b. Objectifs
Les objectifs de la publicité sont ceux de la communication commerciale
présentés plus haut. Pour cela la publicité cherche à combiner une
action d’information et une action de séduction visant finalement à faire
acheter les produits de l’entreprise.
Les objectifs de la publicité commerciale proprement dite (visant la
vente des produits) varient suivant l’évolution du cycle de vie du pro-
duit. En phase de lancement, la publicité servira principalement à
informer les clients potentiels. Dans les phases de fin de croissance et de
maturité (forte pression concurrentielle), elle essaiera surtout de les per-
suader d’acheter le produit de la marque en s’efforçant de le différen-
cier des produits concurrents.
c. Décisions
– La répartition du budget de publicité entre les différents moyens uti-
lisés, en fonction des objectifs retenus.
– Le choix du message création publicitaire à faire passer (la copy-
strategy).
– Le choix des supports qui en découlent (le plan média ou media-plan-
ning). Construire un plan-média, c’est donc avant tout choisir des
médias, choisir des supports, choisir des emplacements (dans l’espace
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Chapitre 15 – Le marchéage et la vente 345
d. Mesure de l’efficacité
Elle peut se faire en terme de ventes (variation de chiffre d’affaires par
rapport au passé ou sur un marché-test) sur la base d’études statistiques
ou en terme de communication (le message a-t-il été reçu, compris,
retenu ?) sur la base d’enquête par sondage. C’est la partie la plus déli-
cate de l’outil publicitaire par sa difficulté d’appréciation et par le délai
nécessaire pour obtenir des mesures auprès de la clientèle ciblée.
C. Le marchandisage ou merchandising
Il s’agit des méthodes utilisées pour adapter en permanence l’assortiment des produits
aux besoins des clients et pour assurer aux produits une présentation attractive dans les
linéaires des points de vente.
b. Objectifs
Il s’agit de faciliter les relations de l’entreprise avec toutes ses parties
prenantes primaires et secondaires, internes et externes (v. p. 6). Ils
peuvent être de renforcer ou de reconstruire l’image de l’entreprise dans
le public, d’accroître sa notoriété et de motiver le personnel. Ils sont
aussi de faciliter le marketing de l’entreprise.
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346 Management et économie des entreprises
c. Moyens
Ce sont d’abord les relations de presse (achat d’espaces média, commu-
niqués de presse), la communication institutionnelle (journal ou radio
interne ; site internet ; vidéos), ainsi qu’une action plus informelle
auprès des élus dans le cas des grandes entreprises (lobbying).
D’autres moyens de communication institutionnelle très utilisés actuel-
lement sont le parrainage ou sponsoring (soutien accordé à un événe-
ment en contrepartie d’une exploitation commerciale de celui-ci) et le
mécénat (soutien financier désintéressé d’un événement ou d’une
œuvre). Les actions de publicité institutionnelle (publicité de l’image de
l’entreprise elle-même) sont très prisées car l’image qu’elles développent
est devenue un des facteurs clé de la réussite des grandes entreprises
auprès de leurs différentes parties prenantes (clientèle, épargnants, four-
nisseurs, préteurs, etc.).
1. Voir les « Principes de Barcelone 2.0 » de l’Association for the Measurement and Evalua-
tion of Communication (AMEC), définis en 2015.
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Chapitre 15 – Le marchéage et la vente 347
b. Objectifs et moyens
L’objectif de la promotion des ventes est de stimuler celles-ci en accor-
dant un « plus » au produit et de conforter « l’image de marque » par un
dynamisme commercial. Les objectifs et les moyens sont différents sui-
vant que l’on s’adresse :
– aux consommateurs pour obtenir un essai ou un achat plus important.
– Pour cela l’entreprise peut proposer : des coupons à détacher qui
accordent une réduction du prix, une offre spéciale (article jumelé,
échantillon gratuit, quantité supplémentaire), des concours, la promotion
sur les lieux de vente (PLV) avec une mise en avant par des présentoirs ;
– aux distributeurs en vue, d’un accroissement des commandes et des
stocks, de fidéliser à la marque ou de contrer les produits concurrents.
– Dans ce but, l’entreprise accordera selon les cas : une remise spéciale,
des aides au point de vente, des voyages ;
– à la force de vente afin de stimuler l’effort de vente.
L’entreprise peut offrir : une prime de fin d’année, des récompenses en
nature comme des voyages.
V. La vente
L’action commerciale regroupe toutes les activités qui ont trait à la vente
proprement dite. Toute politique commerciale est dépendante de ceux
qui la mettent en place, qui assurent le contact avec le client.
La force de vente est constituée par l’ensemble de ceux qui sont chargés
de réaliser la vente, les « vendeurs ». On distingue généralement la force
de vente sédentaire (cas des entreprises de distribution) et la force de
vente itinérante (représentants). Elle est le maillon indispensable entre
l’entreprise et le client. L’animation de la force de vente est générale-
ment de la responsabilité du directeur des ventes. Elle vise à motiver et
mobiliser les vendeurs lors de sessions de formation et de partage d’ex-
périences. L’administration des ventes assure quant à elle le suivi admi-
nistratif des ventes et la gestion des fichiers clients.
DU MARKETING À LA VENTE
1. La loi de mars 2000 portant adaptation du droit de la preuve aux technologies de l’infor-
mation ; La loi pour la confiance dans l’économie numérique (juin 2004), complétée par la
loi Chatel (2008).
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Chapitre 15 – Le marchéage et la vente 351
La production :
1. La production
de biens
a. La qualité du produit
La qualité d’un produit ou d’un service est sa conformité aux besoins
exprimés ou implicites de la clientèle.
Elle est influencée par les innovations de produit qui ont lieu dans le
secteur et dont la succession accélérée par la concurrence tend à rac-
courcir la durée de vie des produits. La qualité du produit est parfois
altérée par une obsolescence programmée dont le client ne prendra
conscience que plus tard…
Elle est appréciable techniquement par référence à des normes (ou
standards).
Ces normes peuvent être définies au niveau national par l’AFNOR (Asso-
ciation française de normalisation) et de plus en plus au niveau interna-
tional (normes CEN ou ISO)1.
Les normes de produit garantissent à la clientèle une qualité minimale,
ce qui réduit les « coûts de transaction », facilitant ainsi les échanges.
Dans le secteur agro-alimentaire, on rencontre de nombreuses références
de qualité : 350 labels (dont le célèbre « Label rouge » pour la qualité
gustative), les appellations d’origine contrôlée (AOC) pour le vin et le
fromage, l’appellation « Agriculture biologique » et plus récemment la
certification de conformité à des normes de qualité.
La notion de qualité d’un produit englobe aujourd’hui la traçabilité de
ce produit, notamment dans l’agro-alimentaire. Elle consiste en la possi-
bilité de remonter la chaîne des intermédiaires ayant permis de confec-
tionner celui-ci et de le mettre à la disposition des consommateurs. Elle
est facilitée par le recours aux NTIC (codes barre ; « puces » électro-
niques).
c. Les coûts
Ils sont appréciés par rapport à des standards (coûts prévus qui consti-
tuent en fait des objectifs) ou, le cas échéant, par rapport à des devis.
Leur calcul est l’objet de la comptabilité analytique (ou « industrielle »).
Les coûts de production sont constitués :
– des charges d’approvisionnement en matières énergie et composants ;
– des charges de personnel de fabrication ;
– des charges d’amortissement des équipements productifs (déprécia-
tion des équipements liée à leur usure et leur obsolescence annuelle).
Ils sont fortement influencés par :
– la technique utilisée qui détermine la productivité des équipements et
du travail. La productivité d’un facteur de production se définit
comme le rapport entre la valeur de la production et la quantité de
facteur utilisée ou comme le rapport entre la valeur de la production
et le coût du facteur (elle indique dans ce dernier cas, ce que permet
de produire un euro dépensé en facteur travail ou technique). La tech-
nique détermine également la nature de l’activité de production, tantôt
basée sur une activité répétitive de type fordien, tantôt basée sur une
activité flexible basée sur la polyvalence des équipements et des opé-
rateurs1 ;
– le niveau d’activité (quantité fabriquée) qui détermine les économies
d’échelle réalisables. Les économies d’échelle sont la baisse de coût
unitaire qui résulte d’une augmentation de la quantité produite. Elles
s’expliquent à court terme par la répartition des charges fixes sur un
plus grand nombre d’unités produites (baisse du coût fixe unitaire) et
par l’amélioration du pouvoir de négociation vis-à-vis des fournisseurs
1. Entre 1995 et 2015, la production industrielle française horaire a été multipliée par 4.
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356 Management et économie des entreprises
b. Délocalisation et relocalisation ?
La délocalisation de nombreuses activités industrielles s’explique autant
par la recherche de diminution des coûts de production que par la pos-
sibilité d’accéder à de nouveaux marchés en pleine expansion (en
Chine, en Inde ou en Amérique latine par exemple). On peut remarquer
qu’après une vague de délocalisation de la sous-traitance dans les pays
à bas salaires, certains industriels européens relocalisent leurs fabrica-
tions à forte valeur ajoutée dans le pays d’origine, afin d’éviter la
concurrence « sauvage » des sous-traitants asiatiques (qui ne connaissent
pas le droit de propriété intellectuelle) et de resserrer la relation
« conception-fabrication », source de réactivité. La recherche de réduc-
tion des coûts de fabrication se fait alors par un développement de l’au-
tomatisation.
REMARQUES
Entre 2009 et 2013, 44 entreprises ont relocalisé une partie de leur production en
France, tandis que 267 délocalisaient, selon l’Observatoire de l’investissement (www.
observatoire-investissement.fr).
1. En Europe, le crowdsourcing est surtout pratiqué de façon bénévole, en dehors du cadre
de l’entreprise (par ex. : Wikipédia, Open Street Map).
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358 Management et économie des entreprises
Néanmoins, selon E. Le Boucher, « Les délocalisations ne représentent que 5 % des
suppressions d’emplois et les différentiels de coût en Europe ne peuvent pas être
accusés d’être les responsables du chômage. L’emploi qui part compte peu par rap-
port à l’emploi qui meurt sur place (à la suite de faillites ou de contrats non renouve-
lés) ou qui ne se crée pas sur place. » (in Éric Le Boucher, Économiquement incorrect,
Grasset, 2005).
« Pour les entreprises qui souhaitent relocaliser leurs activités, l’opération n’est pas
aussi simple qu’il y paraît. Il faut en effet faire du sourcing et retrouver des sous-trai-
tants et des fournisseurs de qualité » (in « Relocalisation industrielle, la sous-trai-
tance made in France », lenouveléconomiste.fr, déc. 2016).
d. Recherche de volume
La flexibilité technique n’a pas fait disparaître l’intérêt de la production
en grande série qui apporte des économies d’échelle, si avantageuses
pour l’entreprise en termes de compétitivité et de rentabilité.
Mais la recherche de volume a dû évoluer afin de rester compatible avec
l’évolution rapide des produits et la demande de personnalisation de la
clientèle. De nouvelles méthodes ont émergé (v. infra la différenciation
retardée et la modularité p. 369-370).
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Chapitre 16 – La production de biens 359
Fabrication
Fabrique les produits (quantité, qualité, délai), selon les commandes ou « pour le stock ». Il
se compose d’ateliers divisés en sections. La fabrication assistée par ordinateur (FAO) est
pratiquée dans de nombreuses entreprises industrielles. Sa gestion est elle-même
fréquemment automatisée sous la forme de la gestion de production assistée par
ordinateur (GPAO).
Expéditions
Prépare matériellement les commandes et la charge des commandes pour le transport.
Elle s’appuie de plus en plus fréquemment sur la gestion des stocks assistée par ordinateur
(GSAO).
3
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360 Management et économie des entreprises
Manutention
Réalise la circulation des flux physiques (matières, composants, etc.) entre les différents
ateliers et postes de travail. L’automatisation de la manutention se développe grâce à
différents procédés. C’est la « transitique ».
Outillage
Fabrique les outils, les achète ou les fait fabriquer, mais contrôle et règle également
ceux-ci.
Entretien
Assure l’entretien préventif du matériel et aussi les dépannages et réparations de celui-ci.
Sa gestion est parfois automatisée dans une gestion de la maintenance assistée par
ordinateur (GMAO).
Les services fonctionnels
Bureau d’études
Il conçoit des prototypes, teste leur efficacité et établit une définition complète du produit, en
fonction des moyens de production disponibles et dans une optique de standardisation des
pièces et composants utilisés dans l’entreprise. Ce travail est réalisé en collaboration avec le
service mercatique et la Recherche et Développement. Il s’appuie sur une analyse de la valeur.
Il est considérablement facilité par le recours à des logiciels de simulation et de conception
assistée par ordinateur (CAO). Il aboutit à l’établissement d’un projet (plans, nomenclature
des composants, coûts) et d’un dossier d’exécution (prototype, industrialisation).
Bureau des méthodes
Il définit les méthodes de production à appliquer pour produire au meilleur coût. Pour cela,
il établit une « gamme de fabrication » (succession des opérations, temps, quantités) pour
chaque pièce. Il étudie l’implantation des différents postes et leur outillage. Le travail est
facilité par le recours à un logiciel de conception et fabrication assistées par ordinateur (CFAO).
Bureau d’ordonnancement
L’ordonnancement consiste à assurer le lancement des opérations de production, à les
répartir entre les différents postes de façon à minimiser le temps global de production,
sans dépasser un niveau donné de coût.
Contrôle de production
Il doit aider les services opérationnels à atteindre les objectifs de qualité en formant les
opérateurs et en effectuant des sondages concernant les encours et les produits. Il est de
plus en plus complété par l’autocontrôle des opérateurs et des machines.
Projet géré en commun dans le cadre d’un « travail collaboratif », associant les fournisseurs.
Entreprise partenaires
B. La classification traditionnelle
On distingue habituellement, selon le rythme de production, quatre
grands modes de production.
MODE DE PRODUCTION
b. La démarche fordiste
Henri Ford ajouta aux principes de Taylor, l’idée de standardisation du
produit (avec la fameuse « Ford T » noire) ainsi que la conviction qu’il
1. Taylor : organisateur américain, né en 1856, qui fit paraître en 1911 ses Principes d’orga-
nisation scientifique. Cet auteur est avant tout un technicien qui débuta comme apprenti
pour gravir progressivement tous les échelons de la hiérarchie jusqu’à la fonction d’ingé-
nieur en chef d’une entreprise métallurgique. Son objectif fut de rendre les hommes plus
efficients sans pour autant accroître leur charge de travail.
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364 Management et économie des entreprises
Stock
produits
finis
B. La gestion traditionnelle
a. Champ d’application
Elle s’applique à la production en grande série et à la production en
continu. Elle consiste à établir des prévisions concernant la demande
des clients pour les mois à venir, afin de lancer des fabrications en séries
permettant la réalisation d’économies d’échelle (ou économies de
dimension). Le système de gestion de la production est du type MRP
(materials requirements planning). Il est fondé sur l’utilisation de pro-
grammes informatiques de planification de la production et des besoins
en composants, à partir des prévisions de la demande.
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Chapitre 16 – La production de biens 365
c. La programmation de la production
Un plan est établi en fonction des prévisions d’évolution de la demande
provenant des services commerciaux. Il fixe pour la période de temps
considérée, les capacités de production nécessaires des différents ate-
liers et les moyens de production qu’elles impliquent, en capital tech-
nique et en personnel, notamment.
Le programme de production fixe à court terme (pour la semaine ou le
mois, par exemple) les quantités à produire à partir de prévisions de
vente et de la prise en compte du niveau des stocks.
Cette planification (MRP), repose sur une utilisation intensive de l’infor-
matique. Elle peut s’intégrer aujourd’hui dans un système de gestion
intégrée de type ERP (enterprise resource planning).
d. La comptabilité industrielle
La comptabilité industrielle est la comptabilité analytique des activités
de production. Elle permettra de distinguer des coûts variables (en
fonction de la quantité produite) et des coûts fixes (quelle que soit la
quantité produite, au sein d’une même structure de production), mais
aussi des coûts directs (directement affectés à un objet ou qui lui sont
rattachés sans ambiguïté) et des coûts indirects (charges communes qu’il
faut répartir).
Un coût complet pourra être calculé, après incorporation des coûts indi-
rects et après prise en compte de l’influence de l’activité (méthodes de
l’imputation rationnelle et des coûts standards). La question de la déter-
mination d’un coût complet par produit se pose dans le cas d’une produc-
tion diversifiée. Cependant, un grand nombre d’entreprises pratiquent
une gestion des prix à partir des coûts directs (direct costing évolué).
Le développement de l’automatisation et de la flexibilité technique,
ainsi que la diversification des produits conduisent à pratiquer de nou-
velles méthodes de comptabilisation des coûts (voir plus loin la méthode
ABC).
a. La modularité
La conception des produits et leur analyse de la valeur conduit à définir
un certain nombre de modules intervenant dans la composition des dif-
férents produits. Ce travail de conception se fait souvent en collabora-
tion avec les fournisseurs et sous-traitants.
EXEMPLE
Dans une entreprise :
– modules M : M1, M2, M3
– modules C : C1, C2, C3, C4, C5
– modules F : F1, F2
La combinaison M1 – C1 – F2 correspondra à un produit différent de la combinaison
M1 – C2 – F2.
1. Selon le Baromètre Cegos 2017, les cadres sont 77 % à travailler en dehors de leur temps
de travail et les non-cadres également (60 %).
2. Voir J.-C. Tarondeau, Stratégie industrielle, Vuibert Gestion, chap. 4, p. 142.
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370 Management et économie des entreprises
b. La différenciation retardée
Dans cette technique, le produit est adapté aux besoins particuliers du
client, le plus tard possible grâce à différents procédés qui rendent le
produit flexible !
– La personnalisation par l’utilisateur (ou self-service) : le consomma-
teur se fait producteur (prosumer selon A. Tofler) en adaptant lui-même
le produit, livré en kit ou modulable. Exemple du mobilier de maison.
– La différenciation perceptuelle est l’art de mettre en relief par des
actions de publicité et de promotion certaines des caractéristiques du
produit, en fonction de la cible visée par ces actions. Le produit pré-
sente donc une grande variété de caractéristiques d’usage, souvent
bien supérieure à celle qui sera utile à un utilisateur particulier.
– La différenciation au stade de la distribution consiste à laisser au dis-
tributeur le soin d’assortir et de conditionner les produits de sorte qu’ils
correspondent aux besoins des utilisateurs. Exemple de l’opticien.
c. L’industrie miniaturisée
La technologie des imprimantes 3D permet de fabriquer de manière
additive des objets qui ont été informatiquement designés en 3D. Les
barrières à l’entrée disparaissent ainsi, à l’avantage de nouveaux arti-
sans-industriels qui peuvent produire à la commande à prix abordable.
B. Le toyotisme
Présentation d’un nouveau mode d’organisation industrielle sous l’in-
fluence du modèle Toyota.
T. Ohno a mis au point dans l’entreprise Toyota, un système de gestion
reposant sur quelques principes :
Les principes du toyotisme
– La priorité doit être donnée à la réduction des coûts et du gaspillage.
– Il faut obtenir une qualité optimale des produits tout au long du processus de production.
– Produire à flux tendus en fonction de la demande devient le moyen d’éviter les stocks
et les invendus.
– Prendre en compte l’avis des opérateurs qui participent au diagnostic des problèmes
et à leur résolution.
– La recherche de l’amélioration continue associe tous les acteurs de la production quel
que soit leur niveau hiérarchique en développant une coordination horizontale des activités.
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Chapitre 16 – La production de biens 371
C. La gestion de la qualité
Selon l’AFQ (Association française des qualiticiens), la non-qualité
représente encore dans les entreprises françaises un pourcentage élevé
du chiffre d’affaires (au moins 10 %).
La qualité est devenue une exigence pour les entreprises, autant du fait
de l’évolution du comportement des consommateurs que du fait de l’ac-
croissement de la pression concurrentielle, liée à la crise économique
mondiale et à l’internationalisation des marchés. D’abord limitée aux
produits, l’exigence de qualité s’est étendue progressivement à tous les
aspects du fonctionnement de l’entreprise.
1. La norme SA 8000 a été définie en 1998 par l’agence américaine Center for Economic
Priorities.
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Chapitre 16 – La production de biens 373
d. Le management de la qualité
LA ROUE DE DEMING DE L’AMÉLIORATION CONTINUE
Plan Do
(Planifier) (Faire)
Act Check
(Corriger) (Contrôler)
Qualité totale
Intégration
Innovation
des
constante
fournisseurs
Système
de production
Implication
du personnel
Un processus respecte la norme Six Sigma s’il présente un taux de 3,4 défauts par
million de réalisations, c’est-à-dire un environnement libre de défaut à 99,9997 %. Un
résultat inférieur à cette norme est ordonné sur une échelle allant de 0 à 6.
f. La qualité totale
Elle est une recherche continue de progrès qui consiste en une mobilisation de l’en-
semble du personnel, en un état d’esprit, et qui englobe les méthodes de gestion de la
qualité et l’assurance-qualité.
COMMENTAIRE
d. Le kanban
La forme la plus simple et la plus répandue de gestion à flux tendus est
celle du kanban (étiquette, en japonais). Entre les différents postes de
travail il n’y a pas de stock à proprement parler mais des conteneurs,
dont le contenu est décrit par une étiquette (kanban) qui leur est atta-
chée. Lorsqu’un poste situé en aval, utilise le contenu d’un conteneur
pour réaliser sa propre production, il détache le kanban correspondant
qu’il fait parvenir au poste producteur concerné (dont les coordonnées
figurent sur le kanban), situé en amont. Ainsi le nombre de conteneurs
existant entre deux postes ne peut dépasser le nombre de kanbans, qui
régule ainsi le flux des produits circulant dans l’entreprise. En réduisant
ce nombre, on tend les flux et l’exigence de qualité est plus grande pour
les postes situés en amont. Aujourd’hui, les kanbans sont transmis par
le réseau informatique et apparaissent sur l’écran des postes amont
concernés.
LA MÉTHODE DU KANBAN
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Chapitre 16 – La production de biens 379
E. La recherche de réactivité
a. L’organisation par projet
Pour donner à la fonction technique davantage de réactivité, les entre-
prises industrielles remettent de plus en plus souvent en cause l’organi-
sation traditionnelle en services successifs en constituant des équipes
pluridisciplinaires autour, chacune, d’un projet.
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Schéma emprunté à l’entreprise Renault.
b. « L’entreprise étendue »
La recherche d’une obtention rapide de l’efficacité technique et écono-
mique d’un programme d’activité conduit les entreprises industrielles à
sous-traiter les opérations sortant de leur compétences-clés. Cette exter-
nalisation s’explique notamment par la complexification des activités
de production qui intègrent souvent plusieurs technologies et recouvrent
ainsi différents métiers industriels.
EXEMPLE
En 2005, 75 % de la valeur d’un véhicule produit par un industriel de l’automobile
provenaient déjà de composants externes à ce producteur.
C’est « une méthode pour mesurer les coûts et les performances d’activités et
d’objets générateurs de coûts (produits en particulier). Les coûts sont affectés aux
activités en fonction de leur consommation de ressources. Les coûts sont affectés aux
objets générateurs de coût en fonction de leur utilisation d’activités.
ABC identifie les relations causales entre facteurs de coût et activités. »
Il convient donc :
– de repérer et d’analyser les activités de l’entreprise considérée ;
– d’identifier les facteurs inducteurs de coût et d’évaluer leur impact
(ex. : nombre de commandes, nombre de composants, nombre de fac-
tures…) ;
– d’affecter les coûts d’activité aux produits.
POUR EN SAVOIR PLUS
Aoki (M.), Les sociétés japonaises, structures et mécanismes internes, Economica, 1984.
Aoki (M.), Le modèle J, Problèmes économiques, no 2.225, mai 1991.
Baranger (P.), Management de la production et des opérations, Litec, 2003.
Blondel (F.), Gestion de la production, Dunod, 2005.
Dies (A.), Vérilhac (T.), La démarche lean, AFNOR éditions, 2010.
Doucet (C.), La qualité, coll. Que-sais-je ?, PUF, 2005.
Douchy (J.-M.), Vers le « zéro défaut » de l’entreprise, Dunod, 1986.
Durand (J.-P.), Vers un nouveau modèle productif ?, Syros, 1995.
Evraert (S.) et Mevellec (P.), « Pourquoi il faut modifier le calcul des coûts », RFG, mars-
avril 1990.
Giard (V.), Gestion de la production et des flux, Economica, 2003.
Gratacap (A.) et Médan (P.), Le management de la production, Dunod, 2009.
Lebas (M.), « Comptabilité analytique basée sur les activités », Revue française de ges-
tion industrielle, no 4, 1992.
Midler (C.), L’auto qui n’existait pas ; management des projets et transformation de l’en-
treprise, InterÉditions, 1994.
Organisation internationale de normalisation, Les normes les plus connues, https://www.
iso.org/fr
Périgord (M.), Réussir la qualité totale, Les Éditions d’Organisation, 1990.
Shingo (S.), Maîtrise de la production et méthode kanban, Les Éditions d’Organisation,
1983.
Tarondeau (J.-C.), Stratégie industrielle, Vuibert Gestion, 1996.
Veltz (P.), La société hyper-industrielle, Le nouveau capitalisme productif, Seuil, 2017.
Womack (J.) et Jones (D.T.), Système lean, Pearson, 2009.
ULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES - SETTAT:340637514:88866215:41.250.
386
CHAPITRE 17
Management et économie des entreprises
La production :
2. La production
de services
I. Caractéristiques générales
et évolution
A. La notion de service et de valeur du service
a. La notion de service
Les services sont des produits immatériels résultant de la mise en œuvre d’une capacité
technique ou/et intellectuelle.
Variabilité
Agriculture Industrie –
Tertiaire en % Emploi total (en milliers)
en % Construction en %
2,8 20,5 75,7 25 802
Champ : France métropolitaine.
Source : Insee TEF 2013.
1. Il faut relativiser cette évolution du fait de l’externalisation de nombreux services par les
entreprises industrielles.
2. Dans le classement, reste 1 % d’acitivité indéterminée.
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390 Management et économie des entreprises
a. La phase de conception
• Elle part de la prise en compte des données du marché (attentes de la
clientèle ciblée et concurrence) et doit aboutir à la définition d’un
concept opérationnel de production d’un service adapté aux attentes
de la clientèle. Elle s’appuie sur l’expérience du producteur et sur une
phase de rodage et d’expérimentation. On parle parfois à son sujet de
design de service.
• Une meilleure mesure des attentes de la clientèle repose sur la décom-
position du service global en trois parties :
– d’éventuels produits supports (boissons dans une brasserie, véhicules
chez un transporteur, etc.) ;
– des éléments intangibles explicites (avantages déclarés et conscients
comme par exemple l’apprentissage de la musique par un enfant) ;
– des éléments intangibles implicites (avantages non-dits ou inconscients,
comme le fait de se décharger de son enfant pendant la séance d’ap-
prentissage musical).
• L’analyse de la valeur du service de l’entreprise qui passe par une
description de l’ensemble des éléments constituant le service (l’offre
faite au client) permet souvent de distinguer un service principal de
services complémentaires
EXEMPLE
Dans le transport de marchandises, le service principal est le déplacement des mar-
chandises d’un lieu à un autre, tandis que les services complémentaires sont l’accueil
commercial, l’information sur le déplacement de la marchandise en temps réel, le
crédit-client accordé, etc.
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Chapitre 17 – La production de services 393
Spécification
du service
Fournisseur
Fournisseur
Spécification
Descriptif Processus de
Client
Client
de la prestation
du service conception
du service
Spécification
du contrôle
qualité
Besoin
Processus
du
de Marketing
service
Processus
Résultats
de prestation
du
du service
service
Analyse de la réalisation
du service et de son Évaluation par Évaluation par
amélioration le fournisseur le client
Espace 3 : Communication
Service perçu Service réalisé
Chaque fonction apporte une contribution spécifique
* CYQ pour cycle de qualité, selon la terminologie AFNOR dans la norme XP X 50-805.
Le schéma de la dynamique des quatre temps du modèle CYQ (extrait
de « Mesurer et manager la qualité de service », INSEP Éditions, 1998).
Entreprise
Personnel Client
Marketing interactif
1. Cette définition s’appuie elle-même sur le manuel d’Oslo, édité par la Commission euro-
péenne, pour harmoniser les concepts relatifs à l’innovation au sein de l’OCDE (3e éd.,
2005).
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400 Management et économie des entreprises
La fonction logistique :
approvisionnement,
gestion des flux
et des stocks
I. La logistique
Depuis quelques années, une préoccupation nouvelle s’est imposée à
l’entreprise : l’étude de la circulation des flux et du stockage, c’est-à-
dire la logistique. Mais le domaine de la logistique s’élargit aujourd’hui
pour sortir du périmètre de l’entreprise et intégrer les flux reliant celle-ci
à ses partenaires en amont (fournisseurs) et en aval (distributeurs). Un
management de la chaîne logistique globale (supply chain management)
se développe en s’appuyant sur les NTIC et la coopération entre les
acteurs de la chaîne industrielle.
L’enjeu de la logistique est d’assurer la meilleure fluidité possible des
produits dans la filière de production et de réduire au minimum les
stocks voire les supprimer. Dans cette optique, la maintenance et la
manutention (transitique) prennent de plus en plus d’importance. Il
s’agit de diminuer les coûts de stockage, la durée du cycle de fabrication
donc le besoin en fonds de roulement nécessaire (v. chapitre 21 p. 480)
et d’améliorer le niveau de service auprès de la clientèle.
c. Rôle et importance
La logistique concerne la gestion des flux physiques que ce soient les
matières premières (approvisionnement) et consommations intermé-
diaires ou les produits finis (distribution).
Pour les matières premières, cette gestion concerne l’achat, le transport,
le stockage et l’approvisionnement de la production : tout ceci dépend
de la gestion normale de la production.
Pour les produits finis, le flux physique prend sa source à la sortie de la
production et concerne le transport, le stockage et l’approvisionnement
de la distribution : c’est le domaine de la gestion de la distribution.
Dans une entreprise de distribution, il peut se développer une logistique
de soutien tournée vers la gestion des magasins de détail et le service
après-vente.
La logistique a un rôle essentiellement transversal qui est de permettre
la cohérence des flux entre les différents sous-systèmes achats-produc-
tion-ventes.
B. Stratégies d’achat
Il n’existe pas de panacée en matière d’achat et il existe autant de stra-
tégies que de « familles d’achats ». On peut se repérer en distinguant
trois types d’achats.
– Les achats à haut risque concernent des approvisionnements aux
fortes caractéristiques techniques, qui influencent la qualité des pro-
ductions de l’entreprise et qui sont souvent achetés sur des marchés
d’oligopole. La stratégie d’achat repose sur un partenariat avec les
fournisseurs visant à maîtriser les coûts tout en recherchant la qualité
et l’innovation.
– Les achats à fort volume. Ils sont récurrents, et concernent de grandes
quantités de produits standardisés. L’entreprise peut faire jouer la
concurrence en élargissant éventuellement l’approvisionnement à
l’échelle internationale afin d’obtenir un meilleur coût d’approvision-
nement. Le recours éventuel aux places de marché virtuelles facilite
la mise en concurrence.
– Les petits achats concernent des produits standards nécessaires aux
services fonctionnels de l’entreprise (fournitures bureautiques par
exemple) et peuvent être décentralisés ou bien faire l’objet d’un appro-
visionnement par une centrale d’achat commune à plusieurs entre-
prises afin d’obtenir de meilleurs prix.
C. Le mécanisme de l’achat
• Définition des besoins et des produits à acquérir
Le processus d’approvisionnement comporte comme première étape la
définition des besoins exprimés par les différents services et la défini-
tion des produits à acquérir.
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408 Management et économie des entreprises
D. Place de l’approvisionnement
dans l’entreprise
• La structure
L’approvisionnement recouvre trois activités complémentaires : l’achat,
le stockage et la gestion des flux de produits. Selon les entreprises, les
actes d’approvisionnement peuvent être décentralisés au niveau des
différentes unités ou au contraire centralisés afin de renforcer le pouvoir
de négociation vis-à-vis des fournisseurs.
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Chapitre 18 – La fonction logistique : approvisionnement, gestion des flux et des stocks 409
• L’importance
La gestion de l’approvisionnement prend de plus en plus d’importance
car elle permet de diminuer les coûts d’achat et de stockage. Le rôle de
« l’acheteur » évolue : dans le cadre d’une politique à flux tendus il est
intégré à l’ensemble du processus de production. Il doit aboutir à mini-
miser le coût total de l’entreprise en assurant prix, délai, qualité et quan-
tité des approvisionnements.
2. Le modèle ABC
Le stock est décomposé en trois parties :
– un groupe A (10 % du nombre et 70 % de la valeur) qui représente les
articles de valeur importante qui nécessitent une gestion rigoureuse ;
– un groupe B (20 % du nombre et 20 % de la valeur) représentant les
articles secondaires qui peuvent se contenter d’une gestion plus
souple ;
– un groupe C (70 % du nombre et 10 % de la valeur) comprend les
articles de faible valeur dont la gestion se limite à éviter les ruptures
de stock, avec une passation des commandes en grande quantité, et
dont les contrôles sont réalisés par sondage.
Ce type de méthode permet d’affiner l’analyse précédente et d’adapter la
gestion en fonction des différentes catégories d’articles à gérer.
LA CLASSIFICATION DES PRODUITS
4. Le coût d’achat
Celui-ci peut être fixe, mais il varie souvent en fonction des quantités
commandées, en raison des politiques de remise pratiquées par les four-
nisseurs.
B. Le modèle de Wilson
a. Le modèle pur
Ce modèle permet de déterminer la quantité optimale à commander (Q)
en tenant compte des hypothèses suivantes :
– le coût d’achat unitaire est fixe ;
– la consommation est régulière et prévisible ;
– les délais de livraison sont respectés. Il n’y a pas de rupture de stock,
donc pas de coût de rupture.
Données :
a = coût de lancement d’une commande
C = consommation annuelle en quantité
C/2 = stock moyen annuel
u = prix unitaire de l’article
t = taux de possession du stock exprimé en pourcentage
N = nombre de commandes par an ; N = C/Q
Le coût de passation des commandes (Y1) est égal à : Y1 = a . C/Q
Le coût de possession du stock (Y2) est égal à :
C 1 Q ◊u◊t
Y2 = ◊u◊t◊ fi Y2 =
2 C/Q 2
2◊a ◊ C
Q =
V
u ◊ t(1 - e )
Vp
a. La dimension informationnelle
La maîtrise de ces flux repose sur la mise en place d’un système d’infor-
mation qui permette la synchronisation des activités des différentes
entreprises participant à la chaîne opérationnelle assurant la création de
valeur par l’entreprise. Ce système informationnel doit produire et gérer
des informations internes à l’entreprise ou partagées avec d’autres parte-
naires. Ces informations sont pour l’essentiel, transfonctionnelles. Elles
sont essentielles pour maîtriser les coûts logistiques et les délais, sans
lesquels la réactivité de l’entreprise serait compromise. Le pilotage des
flux physiques se faisant à distance, la qualité des informations permet-
tant de suivre ces flux est essentielle.
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418 Management et économie des entreprises
b. La dimension financière
Le supply chain management implique des investissements spécifiques,
essentiellement liés à la mise en place d’un réseau d’entrepôts, l’instal-
lation d’équipements et de réseaux de « transitique » (ex. : le filogui-
dage de conteneurs) et la production et la communication des informa-
tions liées aux flux physiques (GPS, Extranet, ERP « élargi », logiciels
intégrateurs de type MES). Le marché permet de choisir entre acheter,
louer ou prendre le matériel en crédit-bail.
Le management de la chaîne logistique permet de réduire les stocks et
d’accélérer leur rotation et ainsi de réduire le besoin en fonds de roule-
ment de l’entreprise et donc d’améliorer son équilibre financier à court
terme (v. chapitre 21).
La gestion des
ressources humaines
(GRH) : 1. Le cadre
et les contraintes
1. Freyssenet M., Qualification du travail : tendances et mises en question, Paris, La Docu-
mentation française, 1975.
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Chapitre 19 – Le cadre et les contraintes 421
Selon le MEDEF
« La compétence professionnelle est une combinaison de connaissances,
savoir-faire, expériences et comportements, s’exerçant dans un contexte
précis. Elle se constate lors de sa mise en œuvre en situation profession-
nelle à partir de laquelle elle est validable. C’est donc à l’entreprise qu’il
appartient de la repérer, de l’évaluer, de la valider et de la faire évoluer »
(in Les cahiers du MEDEF, Journées de Deauville, 1998).
Selon P. Zarifian
La compétence est la « prise d’initiative et de responsabilité de l’indi-
vidu dans des situations professionnelles auxquelles il est confronté ».
La compétence correspond ainsi à une aptitude à combiner des res-
sources (savoirs, savoir-faire et savoir-être mais aussi connaissances
externes accessibles en réseau par ex.) dans une activité professionnelle
donnée.
52 %
40 %
27 %
20 % 20 %
16 % 15 %
8%
2%
n
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JURIDIQUES
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Le
Source : enquête IFOP réalisée auprès de 900 dirigeants de TPE, dans le cadre de
ULTE DES SCIENCES
l’Observatoire des TPE et PME mis en place par la CNP Assurances et la CPME, juin 2015.
selon laquelle : l’effort dans le travail est aussi naturel que le jeu et le
repos ; l’homme peut se diriger et se contrôler lui-même s’il se sent res-
ponsable ; l’individu moyen accepte, voire recherche les responsabili-
tés ; les salariés disposent de réserves de créativité et d’ingéniosité qui
sont inexploitées.
Les théoriciens de l’école socio-technique considèrent quant à eux qu’il
faut concilier la dimension technique et la dimension sociale de l’entre-
prise, et qu’il convient pour cela de développer les structures participa-
tives qui responsabilisent le personnel.
C. Le contenu de la GRH
a. Ses domaines de gestion
– La gestion administrative (dossiers du personnel, relations avec les
administrations) ;
– gestion des effectifs (embauches, réductions de personnel) ;
– gestion des rémunérations (salaires de base, primes, participation) ;
– gestion des carrières (formation, promotion).
b. Sa dimension stratégique
Les ressources humaines sont devenues une variable stratégique qui à
son rôle à jouer à moyen et long terme.
Le mix social (ou personnel-mix)1 est le concept désignant l’arbitrage
entre les différentes variables de décision du domaine social (recrute-
ment, rémunération, formation, promotion…) selon une stratégie sociale
définie.
c. La pratique de la négociation
Cette pratique est indispensable pour :
– régler les conflits qui surviennent (négociation directe ou dans le
cadre d’une conciliation) ;
1. Voir Martory (B.) et Crozet (B.), Gestion des ressources humaines, Dunod, 2013.
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Chapitre 19 – Le cadre et les contraintes 437
Selon l’enquête annuelle 2016 « Creating people advandage » réalisée par le Boston
consulting group (BCG) avec la European Association for People Management (EAPM)
Quatre grandes directions sont aujourd’hui à prendre pour les dirigeants de la fonction RH,
selon l’étude du BCG :
– devenir des « talent builders » en investissant dans le capital humain par la formation et
la fidélisation des salariés ;
– s’approprier les réseaux sociaux pour développer son image employeur ;
– s’internationaliser, en développant des profils RH internationaux ;
– miser à fond sur la diversité (d’âges, de sexes, de nationalités, de profils, etc.).
A. La numérisation de la gestion RH
Les solutions informatiques de la gestion des RH sont devenues des
outils incontournables en matière administrative : paie, déclarations
sociales, gestion des présences, gestion des temps et activités (GTA),
reporting, GPEC, déclaration sociale nominative (DSN), etc. Les logiciels
spécialisés sont en plein développement.
Deux systèmes peuvent exister selon l’histoire de l’entreprise :
– soit un système global de type PGI (ERP) incluant diverses applica-
tions (gestion intégrée) et qui nécessite un apprentissage ;
– soit un ensemble de logiciels interfacés de façon plus ou moins effi-
cace grâce à une architecture IAE (Intégration des applications d’entre-
prise) qui peuvent être au moins en partie accessibles en ligne auprès
de sociétés de service et d’ingénierie informatique (SSII) qui sont des
fournisseurs d’applications hébergées (SaaS, Software as a service ou
ASP, Application service provider).
SCHÉMA DU SIRH
Portail de la GRH
(accessible dans l’intranet)
Source : basé sur la présentation de B. Just in Pas de DRH sans SIRH, éd. Liaisons.
B. La recherche de flexibilité
LES MOYENS DE LA FLEXIBILITÉ
1. Dans les entreprises et groupes d’au moins 300 salariés, la loi impose la négociation d’un
dispositif de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC).
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Chapitre 20 – La mobilisation du personnel 445
Comparaison
Ajustement interne
Ajustement externe
(mutations, promotions, formation,
(embauche, sous-traitance,
aménagement du temps de travail,
réductions d’effectifs)
évolution du système productif)
e. L’ajustement
– Les procédés d’ajustement interne sont importants : mutation, forma-
tion, promotion, investissements techniques et modification de l’orga-
nisation des activités (aménagement du temps de travail, évolution du
système productif).
– Les procédés d’ajustement externe sont la réduction d’effectif ou le
recrutement externe (embauche), mais aussi le recours à la sous-trai-
tance et à des prestataires de services payés à la tâche et non au temps
(entreprises indépendantes ou travailleurs « portés » par une société
qui les embauche pour la durée d’une prestation qu’ils ont eux-mêmes
négocié avec leur client).
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446 Management et économie des entreprises
L’entreprise peut suivre cette démarche par ses propres moyens ou avoir
recours à un cabinet de recrutement (« chasseurs de têtes »), notamment
dans le cas de postes de haut niveau de responsabilité.
2. La prospection
Elle se fait par annonce de l’offre d’emploi sous des formes très variables
(presse écrite, Pôle Emploi, radios et TV locales, site Internet de l’entre-
prise ou site spécialisé).
1. La loi fixe une obligation d’emploi de personnes handicapées aux entreprises d’un effec-
tif d’au moins 20 salariés pour un pourcentage de 6 % de l’effectif.
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Chapitre 20 – La mobilisation du personnel 447
EXEMPLE
Internet est devenu le premier vecteur de recrutement du groupe Total, ce qui a per-
mis de réduire les coûts liés au recrutement.
Mais l’entreprise peut aussi utiliser les candidatures spontanées qui ont
été « mises en réserve », comme elle peut parfois chercher à recruter
chez ses concurrents (avec les risques judiciaires liés à une éventuelle
clause de non-concurrence dans les contrats de travail).
3. La sélection
Elle est généralement effectuée en plusieurs étapes.
La première consiste le plus souvent en un tri à partir des curriculum
vitae et lettres de candidature.
Ensuite viennent les tests professionnels, notamment pour les postes à
fort contenu technique. Des études de cas peuvent être demandées lors de
recrutement de personnel hautement qualifié. Puis des tests psychotech-
niques et des tests de personnalité (comme SOSIE, Hogan ou PAPI)
peuvent aider à cerner la personnalité et les aptitudes de chaque candidat.
Un ou plusieurs entretiens auxquels peuvent participer les futurs res-
ponsables et collaborateurs du recruté permettent enfin de se faire une
opinion déterminante.
L’entreprise peut aussi recruter parmi les personnes en contrat de travail
précaire (intérim ou CDD) ce qui a le double avantage de réduire le risque
d’erreur dans la mesure où la personne a pu être testée sur une période
assez longue et de donner à l’ensemble du personnel « temporaire » une
perspective motivante d’intégration dans le personnel « permanent ».
La sélection débouche sur la décision d’embauche qui se concrétise géné-
ralement par une lettre d’engagement adressée à la personne recrutée. Le
risque d’erreur de recrutement peut être réduit par une clause de période
d’essai. Sa durée est règlementée (ex. : pour les ouvriers et employés :
2 mois renouvelables une fois avec l’accord du salarié dans le cas d’un CDI).
4. L’accueil
Il consiste en une présentation détaillée de l’entreprise et du service
concerné. La présentation du travail proprement dit est d’autant plus
longue que le poste pourvu est important par ses fonctions et son niveau
hiérarchique.
Le droit français et les techniques de recrutement
Le droit français pose deux principes en matière de recrutement (loi du 31 décembre
1992) :
– celui de la pertinence des informations demandées au candidat, informations qui
doivent avoir un lien direct et nécessaire avec l’emploi proposé ou avec l’évaluation des
aptitudes professionnelles ;
3
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448 Management et économie des entreprises
Contrats à durée
déterminée
Contrats Contrats
de travail de formation
Structure du personnel temporaire en alternance
de l’entreprise : (intérim) Personnel stable (apprentissage,
Une GRH à deux vitesses sous CDI, profession-
est de plus en plus bien formé et nalisation)
souvent pratiquée bien rémunéré
Contrats aidés
Stages
(CIRMA, CUI)
C. L’externalisation de l’emploi
a. L’externalisation juridique
Les entreprises peuvent avoir recours à des travailleurs indépendants,
c’est-à-dire non salariés, mais liés à elles par des contrats de prestation
de service, des contrats d’entreprise.
EXEMPLE
Sous-traitants dans la production industrielle et fanchisés dans les services.
1. Certaines entreprises ont ainsi pratiqué le harcèlement moral pour réduire leur effectif et
ont été pour cela condamnées pénalement, ainsi que leur dirigeant.
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454 Management et économie des entreprises
La validité du plan est appréciée par l’administration du travail et par les tribunaux, en
fonction des moyens dont dispose l’entreprise ou le groupe auquel elle appartient.
Il peut être le résultat d’un accord collectif passé entre l’employeur et les représentants
syndicaux ou les représentants du personnel ou bien mis en place de façon unilatérale par
l’employeur.
Le comité d’entreprise est obligatoirement consulté sur le contenu du plan. Le projet de
plan doit être transmis à l’administration du travail.
A. Le salaire
a. Un revenu et un coût
C’est le revenu du travail. Il n’est pas interprété de la même façon par l’en-
treprise et par le salarié. Pour l’une il est un coût (60 % de la valeur ajoutée,
en moyenne) qui inclut les charges sociales, salariales et patronales, pour
l’autre il est un revenu qui est considéré comme tel dans son montant net.
b. Son montant
Il est en principe librement négocié entre les deux parties. Cependant la
convention collective de la branche d’activité de l’entreprise restreint
notablement le champ de cette négociation en faveur des salariés. Elle
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Chapitre 20 – La mobilisation du personnel 455
c. Sa composition
• Le salaire de base (lié à la qualification) dépend directement de l’in-
dice fixé par la convention collective.
1. L’écart est de 19,8 pour les cadres et de 7,7 % pour les employés et 16,6 % pour les ouvriers.
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456 Management et économie des entreprises
EXEMPLE
Voyages gratuits pour le personnel de sociétés de transport aérien.
• Les pourboires.
• Les primes qui complètent le salaire pour tenir compte des qualités
propres au travailleur (prime de productivité) ou de sujétions particu-
lières de son emploi (prime de risque).
• Les gratifications en usage dans la profession ou que l’employeur s’est
engagé à verser.
EXEMPLE
Prime de fin d’année.
REMARQUE
Certains revenus versés par l’employeur ne font pas partie du salaire. Ce sont les
libéralités de l’employeur (événement familial, succès de l’entreprise…). Ce sont
aussi les indemnités qui viennent compenser des frais engagés par le salarié à l’occa-
sion de son travail (prime de transport, prime de panier…). Ce sont enfin les sommes
versées au titre de la participation des salariés ou de l’intéressement.
1. Voir sur ces questions l’Aide-mémoire de Droit du travail Sirey et aussi le Précis Dalloz
de Droit du travail.
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Chapitre 20 – La mobilisation du personnel 457
b. L’évolution
Le déclin des conceptions tayloriennes et le développement de la négo-
ciation collective ont engendré depuis la seconde guerre mondiale un
déclin de la rémunération au rendement qui s’est traduit par une baisse
de la part que représente en moyenne les primes dans le salaire global,
au bénéfice du salaire de base.
De même a-t-on vu la garantie du salaire s’exercer sur des périodes de
plus en plus longues (mensualisation des salaires en 1978). Enfin, les
compléments collectifs du salaire, basés sur les résultats de l’équipe ou
de l’entreprise se sont développés.
c. La rémunération individuelle
Elle est fonction de plusieurs éléments :
• la qualification détermine le niveau du salaire de base (grille indi-
ciaire de la convention collective de la branche) ;
• le temps de travail est un facteur particulièrement important pour les
activités saisonnières, le travail temporaire ainsi que pour majorer le
salaire de base (heures supplémentaires). Cette rémunération au temps
était selon Taylor une prime à la paresse ;
• le rendement obtenu est déterminant dans certaines entreprises,
fidèles aux principes de Taylor, tandis que dans d’autres, plus nom-
breuses, il permet d’obtenir une prime qui s’ajoute au salaire de base.
On distingue notamment :
– le salaire aux pièces, S = p × n, où « p » est la prime attribuée par
pièce fabriquée et « n » le nombre de pièces ;
– le salaire à l’économie de temps, S = p × (T t), où « p » est la prime
attribuée par unité de temps économisée, « T » le temps alloué pour
effectuer la production et « t », le temps réellement consacré à cette
production ;
• l’ancienneté est souvent récompensée. Elle doit être interprétée
comme une fidélité du salarié à l’entreprise. Rémunérer cette fidélité
permet de conserver le personnel compétent et performant malgré les
tentations de la concurrence ;
• le mérite est lui aussi récompensé par l’entreprise. Depuis quelques
années, il a été le critère principal de l’individualisation des salaires,
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458 Management et économie des entreprises
• Selon le courant hétérodoxe et la théorie des négociations, les salaires découlent plus
du jeu des institutions que des mécanismes du marché du travail. Le coût salarial apparaît
donc comme une contrainte dont le montant s’établit principalement à l’extérieur de
l’entreprise par la négociation de la convention collective de la branche.
• Selon la théorie des contrats implicites de C. Azariadis, la peur du risque des
travailleurs et la crainte de manquer de personnel des employeurs conduirait à
l’établissement d’un contrat implicite où le salarié accepterait un salaire inférieur à celui du
marché en période de plein-emploi et un maintien de son salaire en période de chômage.
Dans ces conditions, les ajustements se font davantage par les quantités (chômage)
que par les prix (rigidité salariale) sur le marché du travail.
• La théorie du salaire d’efficience de Yellen et Akerlof (1984) s’apparente à une
théorie de l’incitation, selon laquelle en augmentant les salaires on accroît le coût
du travail mais également sa productivité, par l’effet incitatif engendré.
Le niveau du salaire s’explique en partie par le souci qu’a l’employeur de « retenir le
salarié » (du fait du coût de rotation*, constitué de coûts d’embauche, de formation et de
licenciement). Selon la nature de l’activité, l’entreprise arbitrera donc entre coût de rotation
et coût du travail. Par ailleurs, l’efficacité productive d’un salarié est directement liée à
l’appréciation qu’il a concernant la façon dont il est « traité » par l’employeur, au regard
de ce qu’il juge comme étant la norme. Ainsi se met en place dans l’entreprise un échange
de gratification contre une intensité d’effort accrue.
• La théorie du partage des profits de M. Weitzman (1984) préconise une liaison forte
entre la rémunération du travail et les résultats financiers de l’entreprise afin de
permettre à l’entreprise en cas de baisse de rentabilité, de rétablir plus facilement sa
situation financière, sans licenciement (l’exemple japonais de l’« emploi à vie » et du
salaire variable est une bonne illustration de l’« économie de partage »). Dans cette
optique, le salaire se compose d’une partie fixe et d’un bonus, lié lui au profit de
l’entreprise.
L’EFFET « GVT »
Il mesure les augmentations de salaire dues au mérite, mais sans changement de quali-
fication (Glissement), au jeu de l’ancienneté (Vieillesse) et à l’évolution des qualifications
(Technicité).
A. La notion de compétences
a. Ce qu’elle est
La compétence se définit comme « un savoir-faire opérationnel validé »
(Accord « A. cap 2000 » de la branche Sidérurgie) ; v. aussi p. 423.
Pour développer sa capacité d’adaptation aux évolutions de son environ-
nement, l’entreprise doit apprendre à gérer le changement. Cela la
conduit à raisonner en termes de compétences plutôt que de qualifica-
tions. En effet, la qualification est liée à un poste de travail alors que
l’éventail des compétences de chaque salarié lui permet de suivre l’évo-
lution de son poste et de s’adapter aux différents postes qui lui seront
confiés.
Néanmoins, un grand nombre de systèmes de gestion des compétences
observables dans les entreprises ne sont en fait que des « formes adap-
tées » de gestion des qualifications, basées sur le poste de travail. De
plus, selon une enquête DARES de 2007, seules 11 % des entreprises
pratiquaient une gestion des compétences (mais plus du tiers des établis-
sements de plus de 500 salariés).
b. Ce qu’elle apporte
Gérer les compétences et les carrières est le moyen pour l’entreprise de
disposer de la flexibilité fonctionnelle dont elle a besoin, c’est-à-dire à
effectif inchangé, d’adapter son personnel aux besoins de qualification
et de responsabilités nouvelles, liés à l’évolution de l’entreprise elle-
même. Elle permet également à l’entreprise de satisfaire les besoins de
promotion et de qualification du personnel, soucieux de préserver son
employabilité.
La pratique de la gestion des compétences est également le moyen pour
l’entreprise de responsabiliser ses salariés quant à leur employabilité.
Les principaux outils de la gestion des compétences sont l’évaluation
des compétences, la politique de formation et la promotion du person-
nel. La « logique compétence » suppose que l’entreprise valorise les
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462 Management et économie des entreprises
1. Voir l’article d’Alain Roger, « Gestion des ressources humaines et management des com-
pétences », Les Cahiers français, no 321, 2004.
2. Le salarié doit pour cela justifier de 5 ans d’emploi salarié dont 12 mois dans l’entreprise.
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Chapitre 20 – La mobilisation du personnel 463
C. La promotion du personnel
a. Présentation
Elle consiste généralement dans l’accès à un poste hiérarchiquement
supérieur, bien que l’on pratique parfois, à niveau égal de responsabilité,
à une « promotion par le salaire » dans un but de motivation.
Elle repose sur :
– une gestion prévisionnelle des emplois (à deux ans) ;
– une analyse des exigences des postes à pourvoir ;
– une préparation du personnel concerné (évaluation-formation).
Elle constitue ainsi la principale forme de recrutement interne, encore
que celui-ci puisse avoir lieu par simple transfert ou mutation.
b. Ses avantages
La pratique de la promotion du personnel présente des avantages impor-
tants. Elle est une perspective motivante pour les salariés, dans leur
travail comme dans les stages de formation. Elle permet également de
limiter les risques d’erreur liés à un recrutement puisque la personne
pressentie pour le poste à pourvoir a déjà fait ses preuves dans l’entre-
prise.
c. Ses limites
Il faut cependant signaler ici la limite qui a été formulée de façon humo-
ristique par C.J. Peter et R. Hull sous l’appellation de « principe de
Peter » et qui peut être formulée ainsi : dans une hiérarchie, tout employé
à tendance à s’élever jusqu’à son niveau d’incompétence. C’est en effet
sur la compétence dans les postes occupés précédemment que l’on se
fonde souvent pour accorder une promotion et cela, jusqu’à ce que la
personne concernée parvienne à son niveau d’incompétence et y reste !
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464 Management et économie des entreprises
D. La formation du personnel
a. Les objectifs de la formation
Le personnel arrive dans l’entreprise avec une formation (formation ini-
tiale dispensée par le système scolaire et universitaire, apprentissage et
expérience professionnelle) qui doit de plus en plus souvent être com-
plétée afin de s’adapter aux besoins évolutifs de l’entreprise.
La formation organisée par l’entreprise au bénéfice de son personnel
peut être interprétée comme un investissement immatériel effectué par
celle-ci. La formation continue, dispensée dans l’entreprise à un cadre
législatif précis qui est l’objet d’un projet de réforme.
Aux actions de formation organisées par l’entreprise elle-même (récapi-
tulées dans son plan de formation), il faut ajouter les stages suivis par
les salariés de leur propre initiative, à l’extérieur de l’entreprise, en uti-
lisant leur compte personnel de formation (CPF), ou leur droit à un
congé individuel de formation (CIF) pour une formation de longue
durée, plus qualifiante.
De plus, la validation des acquis de l’expérience (VAE) permet à chaque
salarié d’obtenir un diplôme par validation de ses acquis professionnels.
b. Le financement de la formation
Chaque entreprise employant des salariés doit consacrer un certain pour-
centage de la masse salariale brute au financement de la formation, sous
la forme d’une cotisation formation professionnelle
On remarque statistiquement que les salariés diplômés sont ceux qui béné-
ficient le plus de la formation professionnelle. De grands groupes comme
Danone ou Renault ont des taux d’accès à la formation dépassant les 80 %
du personnel sur une période de 12 mois (Rapports sociaux annuels).
c. L’organisation de la formation
La formation professionnelle peut avoir lieu pour différents motifs :
adaptation à un nouvel emploi, promotion (amélioration de la qualifica-
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Chapitre 20 – La mobilisation du personnel 465
V. Comment obtenir
une « participation » des salariés
à l’entreprise ?
Le bon fonctionnement de l’entreprise suppose un minimum de dia-
logue social, c’est-à-dire de communication entre les partenaires
sociaux : les salariés et leurs représentants d’une part et la direction de
l’entreprise d’autre part. Ce dialogue est facilité par l’existence de diffé-
rentes structures de participation, mises en place spontanément par les
entreprises ou du fait du législateur. Par participation il faut entendre
l’ensemble des formes d’association des travailleurs à l’entreprise. Le
projet de développer l’association du capital et du travail a été formulé
dès les débuts de la Ve République par le général de Gaulle et connaît,
depuis le début des années 1980, un regain certain.
AILLEURS EN EUROPE
En Allemagne et en Hollande la loi donne aux institutions représentatives du personnel
un pouvoir de codécision dans certains domaines (organisation du travail dans les deux
pays ; rémunérations et gestion des œuvres sociales en Allemagne).
En Suède et en Allemagne, les salariés sont représentés dans les organes de gestion
(conseil d’administration ou conseil de surveillance) de certaines sociétés : en Allemagne
dans les sociétés de capitaux les plus importantes et dans les sociétés sidérurgiques et
minières ; en Suède, les syndicats sont représentés par deux membres dans les conseils
d’administration des entreprises ayant au moins 25 salariés.
C. La participation financière
L’objectif est d’amener les salariés à considérer que leur intérêt est lié à
celui de leur entreprise. Il existe plusieurs formules de participation
financière.
1. Enquête annuelle du ministère du Travail (DARES), soit 44,8 % des salariés des secteurs
marchands non agricoles en 2012.
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Chapitre 20 – La mobilisation du personnel 469
1 5CP S
Réserve de participation (minimum légal) = (BN – )¥
2 100 VA
BN = bénéfice fiscal net ; CP = capitaux propres ; S = salaires
bruts ; VA = valeur ajoutée
B. Le bilan social
– Il s’agit d’un document annuel qui doit être établi dans les entreprises
d’au moins 300 salariés (loi de juillet 1977).
– Il récapitule « les principales données chiffrées permettant d’apprécier
la situation de l’entreprise dans le domaine social, d’enregistrer les
réalisations effectuées, et de mesurer les changements intervenus au
cours de l’année écoulée et des deux années précédentes ».
– Il se compose concrètement d’une batterie d’indicateurs statistiques
répartis en sept rubriques : emploi, rémunérations et charges acces-
soires, conditions d’hygiène et de sécurité, autres conditions de tra-
vail, formation, relations professionnelles, autres conditions de vie
relevant de l’entreprise.
EXEMPLE
Bilan social Renault SAS-2014 et Bilan Société Générale 2015 disponibles en libre
accès sur internet.
1. Les conflits peuvent souvent dépasser la simple grève, comme dans le cas de la filature
Céllatex dont les salariés menaçaient de faire exploser leur entreprise pour s’opposer à la
suppression de leurs emplois (juillet 2000).
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Chapitre 20 – La mobilisation du personnel 475
b. La conciliation
Souvent prévue par la convention collective de la branche, est assurée
par une commission de conciliation dont le but est d’accorder les posi-
tions des deux parties, à travers un procès-verbal de conciliation (de
non-conciliation en cas d’échec). Si un accord est obtenu, il s’impose
ensuite aux parties.
c. La médiation
Elle consiste en la proposition d’une solution (recommandation) par un
médiateur qui est choisi d’un commun accord par les deux parties ou
par le ministre du Travail, sur une liste établie par son ministère.
d. L’arbitrage
Lorsqu’il est choisi par les parties, il débouche sur une sentence arbi-
trale obligatoire pour les deux parties. L’arbitre doit être choisi d’un
commun accord par les parties.
La fonction financière
I. Finalités
• Les buts sont doubles :
– obtenir les fonds nécessaires à l’équipement et à l’exploitation de l’en-
treprise, donc réaliser la collecte du financement en tenant compte des
contraintes de coût et d’auto-financement ;
– contrôler la bonne utilisation de ces fonds, vérifier la rentabilité des
opérations financières.
• Définition et place dans la structure
Au sens strict, la fonction financière comprend toutes les activités de
collecte et de gestion des ressources financières. Pour cela, ses respon-
sables sont en relation avec les banques et les différents marchés de
capitaux, elle gère les problèmes de change et d’assurance et réalise la
gestion prévisionnelle de la trésorerie. La politique financière est donc
une politique d’équilibre à court, moyen et long terme.
Au sens large, elle englobe les activités d’aide à la décision et de
contrôle. Jusqu’à il y a peu de temps, la fonction financière se cantonnait
à son rôle de collecte des ressources, en fonction de la stratégie indus-
trielle et commerciale. Son importance dans la structure était faible
puisqu’elle n’avait qu’un rôle d’exécutant, « de courroie de transmis-
sion ».
Depuis quelques années, la direction financière acquiert son autonomie
en adoptant des stratégies de collecte (montages financiers complexes…)
indépendantes du financement des investissements ou de l’exploitation.
Le rôle du trésorier d’entreprise a cru de manière conséquente pour gérer
à court terme les excédents de caisse dégagés, en utilisant tous les pro-
duits bancaires, monétaires et financiers qui sont apparus sur le marché.
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478 Management et économie des entreprises
FR = CP – AI
BFR = AC – DCT
TR = FR – BFR
ÉVOLUTION DE LA TRÉSORERIE
a. Le financement interne
• L’autofinancement représente ce qui est généré par l’activité de l’en-
treprise au cours d’un exercice et qui demeure à sa disposition pour
couvrir les besoins de financement liés à sa pérennité et à son dévelop-
pement. Ce mode de financement est aujourd’hui, grâce à la remontée
des profits, très utilisé par les entreprises, ce qui permet de maintenir
une autonomie plus importante. L’intégralité de ce qui est généré par
l’activité constitue la capacité d’autofinancement (CAF) de l’entreprise,
autrefois, on utilisait le terme de cash-flow (flux de trésorerie). Ce terme
de capacité d’autofinancement mérite quelques précisions :
– la capacité d’autofinancement est un flux résiduel, généré par l’en-
semble des flux résultant des opérations d’exploitation, des opérations
financières et de certaines opérations réalisées à titre exceptionnel
(voir le calcul de la CAF dans le Plan comptable général1 ;
b. Le financement externe
Le financement externe de l’entreprise se réalise de deux façons : en
fonds propres (transfert à l’entreprise de la propriété d’une somme
d’argent) ou en fonds empruntés (transfert monétaire de capitaux contre
le paiement d’un intérêt).
Elle est décidée par l’assemblée générale extraordinaire car elle peut
entraîner une certaine perte de contrôle de la société en diluant le capi-
tal. Ce type d’opération revêt un caractère exceptionnel et doit respecter
certaines contraintes. Il faut espacer les diverses augmentations car les
associés ne suivraient pas. Cette augmentation doit porter sur au maxi-
mum un quart du capital social car au-delà les bénéfices ne permet-
traient pas de servir un dividende convenable. Pour éviter la perte de
contrôle consécutive à une augmentation de capital, la société peut
émettre une partie de celle-ci en certificats d’investissements (actions
sans droit de vote) ou en actions à dividende prioritaire sans droit de
vote.
• Les prêts d’organismes spécialisés tels que les sociétés de développe-
ment régional (SDR), les Instituts Régionaux de Participation (IRP), les
sociétés de capital-risque (ou venture capital) sont assimilés à des prises
de participation et aident les PME à démarrer leur activité. Les sociétés
de capital-risque sont des sociétés créées, à l’origine, par des établisse-
ments bancaires dans le but de prendre des participations, à la création
ou lors d’une augmentation de capital, dans des entreprises innovatrices
et porteuses d’avenir (startup). Les sociétés de capital-investissement
(private equity) concernent plus spécifiquement des sociétés matures
souvent sous-évaluées et qui connaissent des difficultés ou qui sou-
haitent se développer.
• Les primes et subventions d’équipement versées par divers orga-
nismes publics sont assimilées à des fonds propres puisqu’elles restent
la propriété de l’entreprise et sont destinées à financer des investisse-
ments.
• Le financement participatif (equity crowdfounding) qui consiste en
la rencontre en ligne par internet entre les épargnants et l’entrepreneur
sur une plateforme de mise en relation1, peut permettre de lever des
fonds contre des actions d’une entreprise, soit pour permettre sa nais-
sance, soit pour financer le développement de projets.
le règlement de toutes les créances. Après avoir été oubliés dans les
années 90, ces prêts ont resservi avec la crise de 2008 où ils ont servi de
support aux prêts de l’État, aux entreprises en difficulté et aux interven-
tions d’Oseo, devenue BPI France.
sés jouent un rôle important dans le financement des PME tels que la
Banque publique d’investissement.
Le prêt inter-entreprises se développe avec la désintermédiation du sys-
tème bancaire : des entreprises empruntent à court terme pour prêter
à long terme et réaliser ainsi des gains sur la différence des taux.
• Le financement participatif (lending crowdfounding ou crowdlen-
ding) qui consiste en la rencontre en ligne par internet entre les épar-
gnants et l’entrepreneur sur une plateforme de mise en relation peut
aboutir à emprunter des fonds au public à partir de la présentation du
projet par écrit et par vidéo de démonstration. Plusieurs exemples
montrent que l’on peut ainsi emprunter des sommes importantes de
façon avantageuse. En France, le monopole bancaire concernant les prêts
à intérêt a cantonné le financement participatif à des apports en capital
ou des prêts sans intérêt, mais l’ordonnance du 30 mai 2014 met fin à ce
monopole pour des projets allant jusqu’à 1 000 000 € sur une durée
maximale de 7 ans et avec un maximum de 1 000 € par projet et par
prêteur.
3. Le crédit-bail
– Le crédit-bail (ou leasing) est une forme de financement particulière
puisque l’entreprise ne finance pas elle-même le bien à acquérir, c’est
une société spécialisée qui achète le bien pour le louer ensuite à l’en-
treprise. Le crédit-bail peut porter sur des biens mobiliers, la durée
varie alors de 3 à 7 ans, ou immobiliers, pour une durée plus impor-
tante jusqu’à 20 ans.
L’entreprise locataire spécifie le bien qu’elle désire utiliser, la société
de crédit-bail l’achète ou le fait construire et ensuite le met à la dispo-
sition de l’entreprise locataire contre le paiement d’un loyer. Le contrat
comporte une option d’achat du bien à la fin de la période de location,
pour une valeur résiduelle déterminée.
– La cession-bail (ou leaseback) est une variante du crédit-bail. Une
entreprise cède des biens immobiliers ou d’équipement à une société
de crédit-bail, qui lui en laisse la jouissance moyennant le prix de la
location prévu par le contrat et éventuellement les conditions de
rachat. Ce type d’opérations permet à l’entreprise de générer des liqui-
dités qu’elle peut utiliser pour financer des immobilisations ou pour
rééquilibrer son bilan.
Dans les contrats de crédit-bail, l’entreprise n’est pas propriétaire du
bien, celui-ci n’apparaît donc pas à l’actif du bilan (il est néanmoins
mentionné dans les engagements hors bilan) et le bien ne peut être
amorti.
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488 Management et économie des entreprises
a. Principes d’établissement
Le tableau de financement décrit comment, au cours d’un exercice, les
ressources ont évolué et quels sont les emplois qui en ont été faits. Il se
compose de deux parties :
– L’une concerne le financement à long terme qui permet de déterminer
la variation du fonds de roulement net global (DFR). C’est la différence
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Chapitre 21 – La fonction financière 491
a. Construction du plan
• Phase 1. Les besoins de financement sont constitués par :
– les investissements projetés ;
– l’accroissement du besoin en fonds de roulement induit par l’augmen-
tation de l’activité ;
– les prises de participation (croissance externe) ;
– le remboursement des emprunts à long terme ou des prêts qui peuvent
être accordés à des filiales,
– les dividendes à verser.
• Phase 2. Les moyens de financement interne sont :
– la capacité d’autofinancement ;
– les cessions d’actif.
• Phase 3. On détermine le besoin de financement externe.
• Phase 4. L’ajustement est réalisé par les moyens de financement
externe suivants :
– les emprunts à moyen et long termes ;
– les augmentations de capital ;
– les subventions ;
– les remboursements de prêts.
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Chapitre 21 – La fonction financière 493
c. Utilité
Le plan de financement a une triple utilité pour la conduite de la poli-
tique financière de la firme, en tant qu’aide à la décision.
Tout d’abord, il est une expression quantifiée en flux monétaires du plan
stratégique de l’entreprise. Il en assure la cohérence dans le temps en conci-
liant le développement de l’entreprise et l’équilibre financier nécessaire.
Ensuite, il permet une réflexion sur la structure de financement de l’en-
treprise, sur la combinaison ressources internes/ressources externes, ou
sur la combinaison augmentation de capital/endettement. Ces diffé-
rentes simulations facilitent le calcul du coût minimum du financement.
Enfin, c’est un élément de discussion vis-à-vis des prêteurs car il fait
apparaître la capacité à rembourser les emprunts demandés.
V. La gestion de la trésorerie
A. Buts
– Le but traditionnel de la trésorerie est d’assurer la solvabilité et la liqui-
dité de l’entreprise, c’est-à-dire qu’elle doit ajuster, dans le temps, les
encaissements et les décaissements, pour éviter la cessation de paiement.
Le budget de trésorerie est l’instrument privilégié de ce type de travail
car il prévoit les encaissements et décaissements qui découlent des pré-
visions industrielles et commerciales. Il permet d’anticiper les déficits et
les excédents, donc de prévoir leur financement et leur placement.
– Le but second consiste à gérer au mieux les excédents qui résultent
d’un décalage entre encaissements et décaissements. Le trésorier
recherche les placements les plus rentables et les plus souples sur les
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494 Management et économie des entreprises
b. Le budget de trésorerie
Le budget de trésorerie est un document qui assure la cohérence de la
gestion budgétaire. Il est établi annuellement, divisé en périodes d’un
mois, elles-mêmes affinées à la semaine et au jour. Le budget est ajusté en
permanence par les encaissements et décaissements réels, on obtient un
plan glissant de trésorerie. Il permet de déterminer de façon très précise
la politique de placement/financement à court terme à mettre en œuvre.
LE BUDGET DE TRÉSORERIE
Mois 1
Semaine 1 Semaine Semaine Semaine Mois 2 Mois 3 Mois 4
L M M J V 2 3 4
Trésorerie
initiale
Encaissements
Décaissements
Solde
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Chapitre 21 – La fonction financière 495
C. La gestion du solde
a. Le financement du déficit
Le choix du financement du déficit est le résultat d’une décision concer-
nant la banque et le moyen de financement.
Le choix de la « bonne banque » résulte d’une comparaison des taux au
jour le jour et des conditions (dates de valeur, commissions, prix des
services…) pour les différentes opérations envisagées.
Le choix du moyen de financement est fonction de la dépense à couvrir,
un solde négatif certain et durable sera financé par l’escompte, moyen de
financement rigide mais moins coûteux. Pour un solde négatif aléatoire et
passager, on fera appel au découvert plus souple mais aussi plus coûteux.
D. Le contrôle
Le but de la trésorerie est d’assurer la solvabilité au moindre coût. Le
contrôle de la solvabilité est réalisé en calculant la marge de sécurité
constituée par la trésorerie potentielle. Le moindre coût sera contrôlé en
suivant l’évolution des frais et des produits financiers. Le contrôle de la
gestion de trésorerie se fait en répondant à diverses questions telles que :
– les soldes bancaires sont-ils proches de zéro ?
– les crédits sont-ils correctement choisis ?
– les conditions bancaires sont-elles bien négociées et appliquées ?
POUR EN SAVOIR PLUS
Ouvrages de cours
APCE, Le financement participatif ou crowdfunding, www.apce.com
Bargain (A.), Melyou (G.), Scaramuzza (M.), Maîtriser les flux financiers, Eyrolles, 2004.
Cobbaut (R.), Théorie financière, Economica, 2005.
Degos (J.-G.), Griffiths (S.), Gestion financière, Éd. d’organisation, 2011.
Delahaye (J.), Delahaye-Duprat (F.), Saraf (J.), Finance d’entreprise, Dunod, 2016.
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Chapitre 21 – La fonction financière 497
1. Cette étude est réalisée tous les deux ans par AON plc, multinationale d’origine britannique
no 1 mondial du courtage d’assurances et de réassurances, conseil en gestion des risques.
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Chapitre 22 – La gestion des risques 499
L’enquête relève aussi que quelques risques importants restent sous éva-
lués par les entreprises : délits informatiques/piratage/virus/codes mal-
veillants ; risque de défaut d’une contrepartie ; perte de propriété intel-
lectuelle/données ; réseaux sociaux ; financement des régimes de retraite.
« Chaque jour, mafias, gangs et cartels frappent, volent de la multinatio-
nale du CAC 40 à la PME, en déployant trois tactiques simples, brutales
et très efficaces : prédation, parasitisme et concurrence »1.
Le risque repose sur la probabilité de réalisation d’événements suffisam-
ment dangereux pour inquiéter. Plus la probabilité et plus la dangerosité
sont fortes l’une et/ou l’autre et plus le risque est grand.
On doit évidemment distinguer les risques assurables qui sont couverts
par le paiement d’une prime et les risques non-assurables qui sont inhé-
rents à toute entreprise et qui seraient selon plusieurs auteurs clas-
siques (A. Smith, J.-B. Say) la justification du profit distribué aux pro-
priétaires de l’entreprise pour assumer ce risque (notamment celui de
liquidation judiciaire à la suite d’une cessation des paiements).
1. Les nouveaux pirates de l’entreprise. Mafias et terrorisme, B. Monnet, P. Véery, Paris
CNRS Éditions.
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500 Management et économie des entreprises
– Les risques techniques : ce sont tous les risques qui accompagnent les
activités de production : pannes, accidents que l’on peut subdiviser
par catégories :
– risques matériels2 (différents sinistres susceptibles de menacer l’ex-
ploitation, qu’ils soient spécifiques au secteur d’activité (ex. : séche-
resse) ou non (incendie, catastrophe naturelle) ou encore les dom-
mages matériels ayant été infligés à des tiers (clients, par exemple)) ;
1. Ces retards et ces défauts étaient en effet masqués par la pratique du stockage (voir le
chapitre « la production » – La gestion traditionnelle de la production/la production pour
le stock).
2. Les vols et agressions, auxquels certaines entreprises sont exposées, entrent dans cette
catégorie (grandes surfaces, banques, transporteurs de fonds, …).
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Chapitre 22 – La gestion des risques 501
Fonctions opérationnelles
Fonctions de soutien
1. Des sanctions pénales sont applicables (amende et/ou emprisonnement ou élimination
des déchets selon les cas) afin de protéger l’air, le sol, les eaux pluviales, la mer, la faune et
la flore. Elles semblent néanmoins assez peu dissuasives et devraient être prochainement
alourdies.
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502 Management et économie des entreprises
Risque de change
Il s’agit du risque de variation du taux de change lors d’une opération
d’achat ou de vente en dehors de la zone euro.
A. La démarche de prévention
a. La cartographie des risques
Elle passe par le repérage et l’évaluation des risques principaux de l’en-
treprise.
Elle peut être effectuée par un audit interne confié au spécialiste de l’en-
treprise (risk-manager) lorsqu’il existe. Mais le plus souvent, c’est à des
cabinets de conseil, des courtiers, ou des assureurs que l’on pourra
demander cette évaluation.
Pour y voir clair, il convient de mesurer les différents risques en appré-
ciant la gravité de leurs conséquences (dangerosité) et leur probabilité
d’apparition.
Il est ensuite possible de les hiérarchiser afin de consacrer les efforts de
l’entreprise aux plus importants d’entre eux.
Concernant les risques qui pèsent sur le personnel de l’entreprise, il
existe en France, depuis 2001, une obligation d’établissement d’un
document unique d’évaluation des risques professionnels (DU) qui doit
être mis à jour chaque année et qui est tenu à la disposition des repré-
sentants du personnel dans l’entreprise.
L’élaboration du DU est en principe participative, ce qui permet de
conscientiser le personnel quant aux risques qui pèsent sur lui dans
l’entreprise. Un programme annuel d’actions de prévention complète
l’évaluation proprement dite. Des fiches-outils permettent de mesurer la
gravité de chaque type de risque.
EXEMPLES
– contre les accidents du travail : sensibilisation du personnel aux différents risques
d’accident ; apprentissage des gestes et comportements de sécurité ; acquisition
d’équipements sécurisés, etc. ;
– contre le risque d’incendie : vérification des installations électriques, issues de
secours, extincteurs, exercices d’évacuation, etc. ;
– contre le risque-client : services d’une société de renseignement commercial ;
conditions de paiement évolutives selon le risque-client, clauses contractuelles pro-
tectrices ;
– contre le risque informationnel : audit de vulnérabilité, sensibilisation et forma-
tion du personnel à la sécurité informationnelle.
1. Privatisée en 1994, la COFACE est une filiale de NATIXIS depuis 2006.
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Chapitre 22 – La gestion des risques 507
Fonctionnement Fonctionnement
Mise en œuvre du PCA
normal normal
Sinistre
Axe du temps
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508 Management et économie des entreprises
a. L’entrepreneur individuel
Il est pleinement responsable pénalement des infractions qu’il est sus-
ceptible de commettre en tant qu’entrepreneur (infractions au droit du
travail, au droit de la concurrence, en matière fiscale, douanière, etc.).
La conduite
du changement
Selon plusieurs études menée par IBM (IBM global CEO study)
entre 2006 et 2012 auprès de nombreux dirigeants (1 700 en 2012) dans
le monde (de 64 pays et 18 secteurs) sur le thème « l’entreprise de
demain », la plupart des dirigeants d’entreprise s’attendent à des chan-
gements rapides et complexes, qu’ils interprètent néanmoins comme des
opportunités de croissance. La capacité à faire face à ces changements
devient capitale et permet d’obtenir un avantage compétitif. La
connexion croissante des acteurs liée à la numérisation a un impact sur
la façon dont l’entreprise agit et interagit avec ses différentes parties
prenantes. De façon générale, « les dirigeants conduisent des change-
ments significatifs pour répondre mieux et plus vite aux attentes du
marché et des individus ».
I. La nécessité du changement
pour l’entreprise
Pour suivre une stratégie ou pour faire face aux perturbations qu’elle
rencontre, l’entreprise doit changer. On pourrait donc affirmer que rien
n’est aussi permanent que le changement ! Encore faut-il préciser de
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512 Management et économie des entreprises
A. Quel changement ?
a. Une mise à jour continuelle
(changement progressif)
Le changement peut d’abord consister en un ensemble d’ajustements
partiels et de modifications mineures (idée d’évolution ou d’adaptation,
d’apprendre à « faire mieux la même chose ») qui interviennent jour
après jour, comme une sorte de mise à jour continuelle de l’entreprise
que l’on peut d’ailleurs rapprocher du processus d’amélioration conti-
nue des Japonais (Kaizen). L’avantage d’un tel changement est qu’il est
l’affaire de tous, progressif et bien accepté puisqu’il répond à un souci
général d’efficacité, en s’appuyant sur le bon sens de chacun. On pourra
ainsi orienter l’entreprise vers une plus grande productivité, une meil-
leure sécurité et une éco-efficacité. Un lien est à faire avec la culture
d’entreprise qui à travers le jeu des valeurs qu’elle véhicule va donner la
priorité à tel ou tel changement.
b. Le changement radical
Il correspond à l’idée de rupture, (de « faire ce que l’on n’a jamais fait »)
ou de stratégie (repositionnement). Il remet en cause tout ou partie de
l’organisation existante. Selon J.-P. Durand et R. Weil « le changement
est à la fois modification d’une fonction, d’une situation, d’un mode
opératoire et transformation des modes de régulation de ceux-ci. ». Ce
changement intervient dans le cadre d’une nouvelle stratégie, ou pour
s’adapter à de nouvelles contraintes ou à une nouvelle technologie
(NTIC) ou pour faire face à une situation de crise. Il peut être simple-
ment réactif (adaptation à une évolution contraignante) ou proactif
(générateur d’évolutions de l’environnement), comme dans le cas de
l’innovation.
EXEMPLES
– Dans les années 1970, on observe un repositionnement stratégique complet de
l’entreprise BSN (futur groupe DANONE) qui abandonne l’activité de fabrication du
verre pour se consacrer aux produits alimentaires.
– Le groupe nord américain IBM qui était très centrée sur la conception et la com-
mercialisation de matériels informatiques jusqu’en 1990, s’est alors transformé réso-
lument en une entreprise orientée vers les services aux entreprises en matière logi-
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Chapitre 23 – La conduite du changement 513
cielle (cloud computing). Elle réalise en 2015 plus de la moitié de son chiffre
d’affaires dans les services.
Contextes
Changement
Contenu Processus
B. La conduite du changement
C’est l’ensemble de la démarche qui va de la perception et de l’analyse
d’un problème de l’entreprise à la définition et la mise en œuvre d’une
solution à ce problème, impliquant une modification des structures ou
des procédures de travail. Une procédure d’ajustement vient compléter
l’ensemble (on retrouve ainsi les différentes étapes du « pilotage » de
l’entreprise).
La conduite du changement désigne donc le pilotage du changement
organisationnel. Si on observe très souvent le recours aux outils du pilo-
tage par projet, la conduite du changement organisationnel dépasse lar-
gement le cadre d’un projet opérationnel.
Cela consiste à :
– faire prendre conscience aux personnes concernées, du problème qui
se pose à l’entreprise ;
– analyser et proposer une solution du problème en suivant certaines
méthodes (choix des outils d’analyse, choix du degré de participation ;
choix du degré de changement) ;
– accompagner le changement en suivant certaines étapes (formulation
du changement par la direction, mobilisation, formation, communica-
tion) ;
– suivre une démarche de consultation et de participation afin d’impli-
quer les personnes concernées par le changement (création d’un senti-
ment d’urgence facilitant la mobilisation).
b. Le coût du changement
La mise en place de nouvelles structures, ou de nouvelles procédures,
implique des investissements matériels (équipements productifs) ou
immatériels (brevets, licences, formation, logiciels) et d’éventuelles
adaptations du personnel. Il convient alors d’établir un budget prévi-
sionnel qui sera réactualisé à chaque étape.
Les enjeux
du changement Légitimation Réalisation Appropriation
Les logiques (émotif) (cognitif) (comportemental)
d’action
Vision Pilotage Intérêt
Stratégique (Initiateur (Crédibilité de (Retombées
(perspective directionnelle) engagé) la structure de incitatives)
pilotage)
Modèle Capacité Apprentissage
Fonctionnelle (Diagnostic) (Ressources et (Expérimentation)
(perspective structurelle) compétences
engagées)
Communication Effort Progression
Opérationnelle (Informations (Collaborations (Amélioration
(perspective culturelle) adaptées) appropriées) continue et mesure
des résultats)
Tableau adapté de « L’évolution de la pensée en gestion du changement : leçons pour la
mise en œuvre de changements complexes », par Alain Rondeau, professeur, directeur du
Centre d’études en transformation des organisations, HEC Montréal, Téléscope, vol. 14, 2008.
large place à des projets et à des modules « ad hoc ». Les procédures
sont évolutives et leurs changements font l’objet d’une communication
au sein de l’entreprise, afin que les solutions élaborées par les uns
puissent bénéficier à tous.
Par ailleurs, un tel apprentissage suppose une motivation des acteurs et
on pourra rechercher certaines caractéristiques favorables chez les sala-
riés concernés : leur niveau de formation de base, leur expérience pro-
fessionnelle, âge, potentiel, savoir être, etc. Les entreprises vont alors
chercher à détecter une « aptitude au changement » chez les salariés
qu’elles recrutent.
Cette capacité plus grande de certaines entreprises à apprendre et chan-
ger constitue un avantage concurrentiel supplémentaire important dans
certains secteurs dans lesquels un apprentissage permanent s’impose.
Processus Apprenant
d’apprentissage Produit bénéficiaire
(mode d’acquisition, d’apprentissage de l’apprentissage
traitement (contenu (un agent
et stockage informatif) ou l’organisation
d’informations) elle-même)
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Chapitre 23 – La conduite du changement 519
C’est lorsqu’il existe un écart entre les objectifs et les résultats d’une
action (« erreur ») que l’on entre dans une boucle d’apprentissage. C’est
en effet en étudiant et corrigeant cette « erreur » que l’on va apprendre.
Selon C. Argyris et D.A. Schön, l’apprentissage organisationnel est la
modification de l’état de connaissance de l’organisation qui rend pos-
sible un changement du comportement organisationnel.
– L’apprentissage en simple boucle est celui « qui modifie les stratégies
d’action ou les paradigmes1 qui sous-tendent les stratégies, mais ne
modifie pas les valeurs de la théorie d’action ».
– L’apprentissage en double boucle, lui, « induit un changement des
valeurs de la théorie d’usage, mais aussi des stratégies et de leurs para-
digmes »2. Il entraîne donc une remise en cause des valeurs et des
normes qui déterminent le répertoire de stratégies d’action d’un agent
ou d’une organisation. Leur modification va permettre de générer un
nouveau répertoire de stratégies d’action aboutissant à corriger les
erreurs constatées.
Paradigmes Paradigmes
et stratégies et stratégies
d’action Résultats d’action Résultats
L’erreur constatée entraîne une remise en cause des stratégies d’action L’erreur constatée entraîne une remise en cause des stratégies et valeurs
b. La gestion de crise
Elle passe par :
– une évaluation des conséquences de la crise et de leur durée ;
– un repérage des points positifs et des leviers d’action disponibles ;
– la fixation d’une stratégie de crise, réévaluée en permanence (objectifs
prioritaires et moyens d’action) ;
– la pratique d’une communication de crise adaptée aux différents
publics concernés ;
– l’ouverture de négociations avec les parties prenantes (personnel,
clients, fournisseurs, banquiers, actionnaires, etc.).
LA CRISE DU « DIESELGATE » CHEZ VW
Le 20 septembre 2015, le groupe automobile allemand Volkswagen a dû reconnaître sa
culpabilité dans une tricherie électronique concernant les émissions polluantes de ses
moteurs diesel vendus partout dans le monde. Cela a entrainé le limogeage de Martin
Winterkorn alors dirigeant du groupe.
Le nouveau dirigeant Matthias Müller met alors en œuvre une communication défensive
face aux plaintes des consommateurs qui se multiplient, aux enquêtes policières et aux
poursuites judiciaires dans de nombreux pays. VW maintient ainsi ses campagnes publi-
citaires (en abandonnant néanmoins son fameux slogan « Das Auto ») et promet des
indemnisations pour les clients concernés. Le dirigeant a fait acte de repentance devant
les autorités américaines, les médias, et a demandé « pardon aux actionnaires pour avoir
trahi leur confiance » lors de l’explosive assemblée générale des actionnaires de
juin 2016. C’est à cette époque qu’est aussi annoncé le plan « Strategy 2025 » axé sur les
véhicules électriques, en tournant le dos au diesel comme pour faire peau neuve. Néan-
moins, le groupe croule sous le poids des indemnisations aux USA et en Europe, et
certains observateurs mettent en doute sa capacité de financer la stratégie annoncée.
Pettigrew (A.), Whipp (R.), Managing change for competitive success, Blackwell Publi-
shing, 1991.
Rondeau (A.) et Alii, « La gestion du changement stratégique dans les organisations
publiques », Télescope, Revue d’analyse comparée en administration publique, Qué-
bec, vol. 14, no 3, Automne 2008.
Serres (J-C.), Le management agile ! Construire et accompagner le changement,
AFNOR, 2007.
Silberzahn (P.), Bienvenue en incertitude, Nature Rerum Éditions, 2018.
Soparnot (R.), Le management du changement, Vuibert, 2010.
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CHAPITRE 24 Chapitre 24 – L’entreprise dans la société 523
L’entreprise
dans la société
I. Le développement durable,
l’éthique, la citoyenneté
et la responsabilité sociétale
de l’entreprise
Dans l’absolu, l’idée d’un développement économique durable corres-
pond à mettre en œuvre ce qui permet de répondre aux besoins des
générations actuelles, sans pour autant compromettre les chances des
générations futures de pouvoir satisfaire un jour leurs propres besoins.
À partir de ce concept, la société et les parties prenantes de l’entreprise
font peser sur elle une responsabilité sociétale qu’elle doit assumer afin
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524 Management et économie des entreprises
d. Mise en œuvre
L’entreprise peut intégrer des priorités sociétales dans ses choix de ges-
tion (ex. : investissements réducteurs de pollution, accueil de stagiaires)1
ou agir en dehors de sa sphère d’activité par son savoir-faire en prêtant
du personnel et de l’équipement à des projets culturels (on parle alors
parfois de mécénat de compétences) ou par des investissements spéci-
fiques (fondations et autres actions de mécénat). (V. aussi chapitre 5,
p. 93).
Les entreprises doivent cependant se soumettre à des contraintes de
rentabilité à court terme qui peuvent les amener en cas de difficultés à
mettre spontanément entre parenthèses leurs préoccupations sociales et
écologiques.
Le contraste entre les principes affichés et certains plans de réduction
du personnel souligne les limites d’une telle démarche.
b. L’éthique d’entreprise
a. Définition
C’est l’affirmation de règles d’action que certaines entreprises s’engagent à respecter
vis-à-vis de leurs partenaires et parties prenantes, voire de l’ensemble de la société.
1. Ainsi le groupe Unilever a-t-il lancé un plan Vitality 2005-2010 dans toutes ses usines
pour développer l’éco-efficacité et l’éco-conception dans l’entreprise.
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Chapitre 24 – L’entreprise dans la société 527
b. Finalités
L’éthique de l’entreprise, qui s’intègre le cas échéant dans un projet d’en-
treprise, est surtout un moyen d’entretenir une image positive et de
cultiver la confiance de ses différents publics, internes et externes. Son
développement est incontestablement lié à l’importance croissante de
l’opinion publique pour l’entreprise, c’est-à-dire l’opinion des parties
prenantes de la grande entreprise : actionnaires, clients, salariés, parte-
naires économiques, pouvoirs publics. Sans cette démarche, les activités
de l’entreprise rencontreraient parfois une hostilité de leur environne-
ment, capable de mettre en échec leur stratégie. Elle est donc souvent un
des moyens utilisés par les firmes pour tenter de maîtriser leur image.
Anne Salmon, Sociologue à l’université de Caen, s’interroge à ce sujet
« Mais peut-on fabriquer de toutes pièces une éthique et la diffuser
comme on organise une campagne publicitaire ? C’est l’une des ques-
tions que pose aujourd’hui le bricolage coloré de références multiples
(religieuses, culturelles ou philosophiques) mises au service d’un projet
de mobilisation des salariés auquel on assiste dans les entreprises. »1
EXEMPLE
Le code éthique du groupe Valéo (mars 2005) se décline en 4 orientations : Respect
des droits fondamentaux ; Soutien du développement durable ; Éthique de conduite
des affaires ; Éthique des conduites professionnelles.
1. Innovest calcule l’« alpha » d’une entreprise, c’est-à-dire la plus-value économique résul-
tant de la prise en compte de facteurs de développement durable.
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530 Management et économie des entreprises
fiscalité grâce à une répartition efficace des activités entre leurs filiales.
Ceci est encore plus vrai si on prend en compte les activités écono-
miques croissantes réalisées sur internet, sur lesquelles il est difficile
d’exercer un contrôle précis dès qu’elles ont un caractère international
(voir aussi le chapitre 26 sur l’entreprise et la fiscalité).
POUR EN SAVOIR PLUS
ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), http://www.ademe.fr
Aguiton (C.) et ali, Attac, contre la dictature des marchés, La Dispute, 1999.
D’Almeida (N.), L’entreprise à responsabilité illimitée : la citoyenneté en question, Édi-
tions Liaisons, 1996.
Capron (M.), Quairel-Lanoizelee (F.), La responsabilité sociale d’entreprise, La Décou-
verte, 2016.
CJD, L’entreprise citoyenne, juin 1992.
Dion (M.) et Wolff (D.), Le développement durable : Théories et application au manage-
ment, Dunod, 2008.
Faber (E.), Chemin de traverse, Albin Michel, 2011.
Forum pour une nouvelle gouvernance mondiale, Indice de la gouvernance mondiale et
Documents en débat, http://www.world-governance.org
Gazier (B.), Vers un nouveau modèle social, coll. Champs, Flammarion, 2005.
Jacquard (A.), J’accuse l’économie triomphante, Le livre de poche, 1995.
Krugman (P.R.), La mondialisation n’est pas coupable, La Découverte, 2000.
Lépineux (F.), Rosé (J.-J.), La responsabilité sociale des entreprises, Dunod, 2016.
Méda (D.), Qu’est-ce que la richesse, Aubier, 1999.
MEDEF (Mouvement des entreprises de France), http://www.medef.fr
Notat (N.), Senat (J.-D.), Rapport « L’entreprise, objet d’intérêt collectif », mars 2018.
Novethic, http:// www.novethic.fr, filiale de la Caisse des dépôts.
ORSE, http:// www.orse.org/
Quairel-Lanoizelée (F.), Capron (M.), Turcotte (M-F.), Iso 26000 : une Norme « hors
norme » ?, Economica, 2010.
Segrestin (B.), Levillain (K.), Vernac (S.) et Hatchuel (A.) in La « Société à Objet Social
Étendu », Un nouveau statut pour l’entreprise, Presses des Mines, 2015.
Société générale, Responsabilité sociale et environnementale, http://www.socgen.com/
rse
ULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES - SETTAT:340637514:88866215:41.250.
540
CHAPITRE 25
Management et économie des entreprises
L’entreprise et
l’environnement naturel
1. Externaliser les coûts : faire supporter à un autre agent ou à la collectivité, des coûts qui
vous sont propres.
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542 Management et économie des entreprises
B. Les écoproduits
Ils sont apparus à partir des années 90 dans l’industrie. Le véritable
écoproduit est celui qui respecte l’environnement aussi bien aux stades
C. Les éco-industries
Les activités éco-industrielles sont les « activités qui produisent des biens
et services capables de mesurer, de prévenir, de limiter ou de corriger des
impacts environnementaux tels que la pollution de l’eau, de l’air, du sol,
ainsi que les problèmes liés aux déchets, au bruit et aux écosystèmes. »1
Ces éco-industries forment un ensemble très disparate. Des grands groupes
à notoriété mondiale co-existent avec des PME très spécialisées sur leur
niche de marché. Elles interviennent sur des secteurs d’activité très variés
à la fois par le domaine environnemental : air, eau, déchets… et par le type
d’activité : services de dépollution, fabrication de produits industriels,
d’équipement, de constructions… Elles n’ont pas la même clientèle, pas
les mêmes technologies, pas le même potentiel de croissance.
Les attentes des consommateurs français
Le sondage IFOP pour l’ONG environnementale WWF France, réalisé en octobre 2017
(échantillon de 1 002 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et
plus – méthode des quotas) montre que 70 % des Français sont prêts à changer leur
consommation pour des produits plus responsables (bio, labellisés, locaux, plus
rémunérateurs pour le producteur). Les deux tiers (67 %) estiment être prêts à diminuer leur
consommation de protéines animales et 62 % déclarent acheter des aliments bio. 69 %
déclarent être prêts à payer plus cher leurs produits, si c’est pour mieux rémunérer les
agriculteurs et 93 % des Français pensent que la présence de pesticides dans les aliments
consommés a des conséquences sur leur santé personnelle.
1. Définition conjointe OCDE/Eurostat dans « The environmental goods and services indus-
try – Manual for data collection and analysis ».
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544 Management et économie des entreprises
A. De nouvelles orientations
pour les entreprises
a. Certaines entreprises s’engagent
dans le développement durable
Ces entreprises reformulent leur projet économique en affirmant que le
profit n’est pas leur seule finalité mais que leur mission intègre égale-
ment l’amélioration du bien-être de l’humanité à travers la production
d’un bien ou d’un service. L’entreprise définit ainsi un projet mobilisa-
teur pour son personnel et propre à fidéliser sa clientèle (Exemple de la
« mission de Canon pour le xxie siècle »).
c. Le développement de l’éco-efficacité
Le concept d’éco-efficacité est symbolisé par les « 3R » : réduire, réuti-
liser, recycler.
De grandes entreprises industrielles comme Xerox, 3M ou STMicroelec-
tronics ont ainsi pu réduire sensiblement leur niveau de pollution
industrielle tout en réduisant leurs charges.
Build Recycle
product Materials
Dismartle
Deliver Customer
Use Return to Xerox
Raw Materials
Source : extrait de « 2007, Report on global citizenship ».
ILLUSTRATION
L’initiative Science Based Targets (iSBT) est issue d’un partenariat entre le Global Com-
pact des Nations Unies, le WWF, le CDP, et le World Resources Institute pour accompa-
gner les entreprises dans la définition d’objectifs de réduction des émissions de gaz à
effet de serre (GES). Au début de l’année 2018, 356 grandes entreprises participaient à
cette initiative, dont pour les françaises : Altarea Cogedim, Atos SE, AXA, BNP Paribas,
B. Les éco-taxes
Une éco-taxe vise à dissuader de polluer. Elle fait supporter au produc-
teur une charge supplémentaire qui est supposé inclure le coût de ses
propres rejets ou de sa pollution. L’éco-taxe doit permettre « d’internali-
ser » les coûts de pollution ou de dépollution pour que le producteur
investisse dans des procédés antipollution et ne paie plus la taxe. Le
développement de ces taxes complète la panoplie d’outils plus clas-
siques (réglementation, subventions, mesures de couverture des coûts)
et des différents outils basés sur le marché (instruments tarifaires comme
les contributions amont sur les déchets, marchés de contrats négo-
ciables/permis d’émissions, crédits d’impôts, etc.).
Instaurée en 1999, la Taxe Générale sur les Activités Polluantes (TGAP)
s’applique à l’élimination et au transfert des déchets, aux installations
émettant des polluants dans l’atmosphère, à la livraison ou l’utilisation
de matériaux d’extraction, aux installations classées pour la protection
de l’environnement, aux préparations lubrifiantes, à la livraison ou l’uti-
lisation de préparations pour lessives,
Elle ne constitue pourtant pas vraiment une « internalisation » des coûts
des dommages environnementaux car elle est fixée généralement à un
niveau trop faible. Néanmoins dans le domaine des transports, l’en-
semble des taxes appliquées aux poids lourds peut constituer un
exemple de tentative d’internalisation des coûts sociaux d’une activité.
Il existe ainsi une écotaxe « poids lourds » concernant les véhicules de
transport de marchandises de plus de 3,5 tonnes circulant sur le réseau
routier complétée par la taxe intérieure de consommation des produits
énergétiques (TICE).L’objectif reste la modification des comportements
des entreprises et des ménages par un accroissement des prix relatifs des
ressources naturelles ou de biens et services à l’origine des pollutions.
Divers obstacles s’opposent à la mise en place de taux trop élevés et,
tout d’abord, celui de la compétitivité des entreprises. Une fixation de
taux en fonction des réels dommages environnementaux pourrait pous-
ser à la délocalisation vers d’autres pays et n’avoir, finalement, aucun
effet sur la pollution mondiale engendrée.
1. https://ec.europa.eu/clima/policies/ets_fr.
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552 Management et économie des entreprises
L’entreprise et la fiscalité
I. La fiscalité française
A. L’impôt
L’impôt est un prélèvement obligatoire que la société exige de la personne, sans contre-
partie et non affecté, et destiné à couvrir les dépenses publiques d’intérêt général et les
charges résultant des dettes de l’État.
a. L’imposition du revenu
Elle est déterminée par foyer fiscal et porte sur le revenu global net qui
est la somme des différents revenus catégoriels nets perçus par les
membres du foyer fiscal durant l’année. Elle est progressive selon un
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Chapitre 26 – L’entreprise et la fiscalité 555
b. L’imposition de la dépense
Il frappe l’utilisation du revenu qui est faite. Il s’agit principalement de
la TVA et des différents droits indirects (tabacs, alcools, produits pétro-
liers, droits de douane). Ce type d’impôt est très sensible aux variations
de l’activité économique (ex. de la « cagnotte fiscale » de 2000 où la
conjoncture économique étant plus favorable que les prévisions, la ren-
trée de l’impôt a été supérieure).
c. L’imposition du capital
Elle peut être annuelle et permanente (impôt de solidarité sur la fortune
– ISF – transformé en impôt sur la fortune immobilière – IFI – depuis le
1er janv. 2018, impôts locaux) ou perçue à l’occasion de la transmission
du capital (mutation) tels les droits d’enregistrement, de succession ou
l’impôt sur les plus-values.
Le résultat fiscal est égal au résultat comptable augmenté des réintégrations fiscales
et diminué des déductions fiscales.
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Chapitre 26 – L’entreprise et la fiscalité 557
pôt sur les bénéfices n’apparaît pas dans les comptes de l’entreprise :
c’est ce que l’on appelle la « transparence fiscale ». La société n’a pas
d’existence fiscale, ce sont les associés qui sont imposés à l’impôt sur le
revenu pour la part des bénéfices réalisés.
d. La fiscalité de groupe
Au niveau des grandes entreprises, l’organisation est souvent réalisée en
groupe de sociétés possédant des liens commerciaux et financiers entre
elles. Il apparaît intéressant au niveau stratégique de pouvoir établir un
résultat d’ensemble du groupe tel celui opéré dans le cadre de la consoli-
dation comptable où le résultat consolidé n’est pas une simple agrégation
des résultats des membres du groupe mais bien le résultat de l’ensemble
avec en particulier l’élimination des opérations intra-groupe. Au niveau
fiscal, deux techniques permettent d’obtenir un résultat d’ensemble :
l’intégration fiscale et l’utilisation de la société en nom collectif (SNC).
a. L’intégration fiscale
Le droit fiscal offre, sur option, depuis la loi de finances de 1988, un
régime spécifique d’intégration fiscale pour les sociétés soumises à l’im-
pôt sur les sociétés. La gestion fiscale d’un groupe de sociétés dans le
cadre de ce régime autorise la consolidation des résultats de sociétés qui
bien que juridiquement indépendantes sont néanmoins contrôlées direc-
tement ou indirectement à plus de 95 % par une société dite « tête de
groupe ». Ce système permet de réaliser la somme des résultats bénéfi-
ciaires et déficitaires de chacun des membres du groupe sous réserve de
quelques ajustements et retraitements.
Le bénéfice d’ensemble est imposable au nom de la société « tête de
groupe » au taux normal, s’il s’agit d’un déficit, il est reportable sur les
bénéfices d’ensemble.
La société mère est seule redevable de l’impôt sur les sociétés pour
toutes les sociétés comprises dans le périmètre d’intégration, c’est elle
qui calcule l’impôt sur les sociétés du groupe, qui paye les acomptes et
le solde de la liquidation.
A. Le choix de l’implantation
L’État et les collectivités locales, au travers de leurs politiques fiscales,
essaient de répartir harmonieusement les activités sur le territoire ou
de développer certaines régions.
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Chapitre 26 – L’entreprise et la fiscalité 561
C. Le choix de l’internationalisation
Les entreprises multinationales ont eu au cours de ces dernières années
un développement prodigieux. Ces groupes qui sont parfois de taille
gigantesque forment une réalité économique sur le plan international
mais sont rarement reconnus sur le plan fiscal. Ceci est dû à la mise en
œuvre de la compétence fiscale de l’administration sur son territoire
national qui applique, soit la méthode d’imposition fondée sur la rési-
dence, soit la méthode fondée sur la source :
– « Les personnes qui ont en France leur domicile fiscal sont passibles
de l’impôt sur le revenu à raison de l’ensemble de leurs revenus. Celles
dont le domicile fiscal est situé hors de France sont passibles de cet
ULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES - SETTAT:340637514:88866215:41.250.
562 Management et économie des entreprises
ILLUSTRATIONS
Une société sise en France qui vend à sa filiale à Hong Kong 150 000 € un service géné-
ralement facturé 100 000 € sur le marché français diminue son bénéfice de 50 000 € en
France, où elle est imposée à 33,33 %, et l’augmente de la même somme à Hong Kong
où elle n’est pas imposée (0 % d’impôts sur les revenus réalisés à l’extérieur de Hong
Kong). Grâce à cette opération, le groupe réalise une économie de 16 667 €.
Le prix de transfert fonctionne aussi très bien dans le sens de l’importation : l’exemple
le plus connu étant celui des bananes de Jersey. Aucune banane ne pousse à Jersey, et
pourtant cette juridiction est un des premiers exportateurs de bananes au monde ; ceci
grâce à la pratique intensive du prix de transfert par les vendeurs de bananes. Les
bananes sont produites par une société équatorienne (par ex.) et vendues à une société
située à Jersey. La société de Jersey va ensuite revendre ses bananes à une autre société
du même groupe en France, mais à un prix beaucoup plus élevé, permettant ainsi de
laisser l’essentiel des bénéfices à Jersey, et de ne laisser qu’une faible marge lors de la
revente en France à la société française.
Les États redressent les prix qui ne correspondent pas à ceux qui
auraient été normalement pratiqués, en effet les administrations fiscales
cherchent à préserver leurs recettes fiscales et ceci d’autant plus que la
majorité du commerce mondial est constitué d’opérations intra-groupe
et relève de la politique des prix de transfert. Ceci est une source conti-
nuelle de contentieux fiscaux car il est difficile de savoir si un transfert
entre firmes indépendantes est réellement similaire à un transfert à
l’intérieur d’un groupe et les méthodes de calcul des prix de transfert ne
sont pas universelles !
d. Le choix de la délocalisation
La mondialisation présente des avantages potentiels pour les entreprises
qui peuvent s’expatrier et la libéralisation des marchés financiers
entraîne des risques de distorsion induits par l’impôt dans les activités
de services financiers internationaux ainsi que des risques de fraude
fiscale internationale.
La mondialisation et les nouvelles technologies de l’information peuvent
permettre la prolifération de régimes fiscaux destinés à attirer des activi-
tés susceptibles de se déplacer d’une région à l’autre. Lorsque des
régimes fiscaux sont conçus pour amputer la base d’imposition d’autres
pays, cela risque d’attirer les activités dotées d’une grande mobilité géo-
graphique telles les activités financières et d’autres activités de service.
C’est le cas notamment des GAFA (acronyme désignant les géants de
numérique Google, Apple, Facebook, Amazon) pour lesquels il existe
une disparité entre l’endroit où ils réalisent leurs bénéfices et l’endroit
où ceux-ci sont imposés. À la suite des révélations relatives au scandale
des Panama Papers (2016) et des Paradise Papers (2017), la Commission
européenne a relancé officiellement le projet d’ACCIS (assiette com-
ULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES - SETTAT:340637514:88866215:41.250.
564 Management et économie des entreprises
Index alphabétique
J M
Jacques (E.) 81 Machines 382
Jakobson (R.) 161 Management de la qualité 371, 373-
JAT 178, 377, 417 376
Jensen (M.C.) 15, 303 Management participatif 428, 433
J (modèle) 304, 371 Manager 102, 287, 290
Journée continue 449 Manne (H.) 299
Juran (J.-M.) 373 Manuel d’Oslo 399
Juste à temps 171, 361, 377, 422, 500 Marché 53, 54, 316-319
Marchéage 314, 330
March (J.G.) 293-294
K Marketing 311, 314
Marketing collaboratif. Voir
Kaizen 376 Marketing participatif
Kanban 378 Marketing d’embuscade (ambush
Kapferer (J.N.) 153, 159, 174 marketing) 344
Kennedy (A.) 87 Marketing direct 338
Knowledge management 143 Marketing « distributeurs » 327
Kotler (P.) 311, 316 Marketing individualisé 313
Kotter (J.) 86 Marketing interne 398
Marketing « one to one » 326
Marketing mix 314, 330
L Marketing opérationnel 330
Marketing participatif 331
Lancement 333, 411 Marketing stratégique 330
Lapert (D.) 391, 398-399 Marketing viral 344
Lasswell (H.D.) 160 Marque 331
Latham (G.P.) 427 Martinet (A.C.) 153, 176
ULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES - SETTAT:340637514:88866215:41.250.
572 Management et économie des entreprises
V Z
Vache à lait 212 Zarifian (P.) 387, 424, 434
Valeur actionnariale 8, 105, 117 Zéros (cinq) 376
Valeur actuelle nette (voir VAN) 194 Znaniecki (F.) 425
Valeur ajoutée 5, 7 Zone(s) franche(s) urbaine(s) 60, 70,
Valeur (création de) 5-7, 10 561
VAN 194 Z (théorie) 286
ULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES - SETTAT:340637514:88866215:41.250.
:FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES - SETTAT:340637514:88866215:41.250.176.
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41
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Des repè chaque chapitre
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ME-PMI, 2223
(Compta ion de P et aux
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