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Pourquoi punir 

Il arrive qu'après un délit, on entende l'entourage de la victime s'écrier : « le coupable doit être
puni ! » Comme si l'acte commis justifiait de fait une punition. En effet, la punition est un châtiment
infligé par jugement pour une faute, un manquement aux règles. La punition consiste à contraindre
la liberté d'un individu. La punition est universelle, on la retrouve dans toutes les sociétés. Elle
relève de la prévention. En effet, on ne punit pas le fait lui-même. Si c'était le cas, ce serait de la
vengeance, qui est une réaction de l'ordre de la nature, et exercer la vengeance comme forme de
violence ne contribue pas à l'exercice de la justice. Elle est irrationnelle, elle décrédibilise la justice
qui prône l'absence de violence tout en commettant les actes qu'elle réprime, comme la peine de
mort.
La punition fonde le système judiciaire et doit permettre le respect de la loi. Mais il arrive que la
punition puisse être injuste.
Et la justice est considérée comme injuste dès lors qu'elle ne formule pas de justes peines envers les
condamnés, ce qui ne la rend plus légitime. La punition doit permettre de corriger les individus pour
prévenir de nouveaux délits. Mais la punition comme prévention suppose que les hommes
possèdent un libre arbitre et donc qu'ils puissent être éduqués. C'est parce que la vertu peut
s'enseigner, et donc qu'elle ne relève pas de la nature, de l'innée, mais bien au contraire de l'acquis,
que la punition possède une valeur éducative. Mais toute punition permette-elle d'enseigner la
vertu ? Pour que la punition puisse enseigner la vertu, il faut connaître le but de la punition et ses
conséquences. La punition ne vise pas dans tous les cas à enseigner la vertu au coupable mais aussi
à l'enseigner à tous les membres d'une société. La punition utilise alors un procédé d'intimidation.
Par la lourdeur de la peine, les individus seraient dissuadés de commettre une action semblable.
D'une part, on punit en vue d'une éducation citoyenne, l'existence des châtiments constitue un
avertissement pour l'avenir et permet d'éviter la récidive. Mais d'autre part, la punition peut éduquer
à la vertu uniquement si elle a pour but d'empêcher les maux futurs, et non de vouloir une
rétribution, c'est-à-dire de vouloir que quelqu'un souffre parce qu'il a commis un crime, ce qui
autorise la vengeance. La punition implique la responsabilité de la personne concernée. Il dépend de
l'homme, dès lors qu'il possède toutes ses facultés, d'agir conformément à la loi. Il ne peut être jugé
sur ce qui ne dépend pas de lui. Il dépend de lui d'agir vertueusement ou non, c'est pourquoi il est
responsable pénalement. En revanche, ses autres caractéristiques, comme celles physiques, qui
relèvent de la nature ne dépendent pas de lui. Ainsi l'homme peut s'éduquer et modifier son
comportement et est tenu responsable puisqu'il agit en connaissance de cause. Le rôle éducatif de la
punition rentre en dernière instance pour modifier le comportement d'un individu, dès lors que
l'éducation citoyenne qui lui a été donné depuis l'enfance n'a pas fonctionné.
Mais la punition peut-elle être juste dès lors qu'elle implique par définition de réprimer la liberté
individuelle ?
Tout d'abord, nous verrons dans une première partie que la punition est juste dès lors que l'homme
possède son libre arbitre, puisqu'il dépend de lui d'agir vertueusement, elle vise la prévention.
Ensuite, nous verrons dans une deuxième partie que la punition peut engendrer la violence dès lors
qu'elle est fondée sur la vengeance. Enfin, dans une troisième partie, nous verrons que pour que la
violence soit évitée dans une société, c'est la peine la plus douce qui doit être établie. La punition
est juste, en ce que l'homme possède un libre arbitre. La punition ne fait sens que parce qu'il peut
être tenu responsable de ses actes. Et c'est justement parce que la vertu peut s'enseigner que
l'homme applique des punitions en cas de non respect de la loi. Et pour cause, par la peine
appliquée, l'individu doit modifier son comportement et agir en adéquation avec la justice. Le libre
arbitre permet l'apprentissage de la vertu. Si l'on punit, c'est que la mauvaise action n'a pas réussi à
être évitée. Mais en quoi dépend-t-il de nous d'être puni ? L'excellence est-elle une vertu qui
s'enseigne ? Premièrement, l'enseignement de la vertu est possible puisque cela dépend de nous
d'être vertueux, c'est pourquoi les individus sont réprimandé sur l'injustice de leur action, mais neM
le sont pas sur ce qui ne dépend pas d'eux, deuxièmement, la punition est la preuve que le sens deala
justice peut être transmis. C'est ce que souligne Le Protagoras de Platon. r
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