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La théorie de l'intersectionnalité

La troisième théorie, connue sous le nom de théorie de l'intersectionnalité, est une approche complexe
qui examine comment différents axes de marginalisation, tels que la race, le genre, la classe sociale et
d'autres caractéristiques, se chevauchent et interagissent pour façonner les expériences de
discrimination. Cette théorie a été développée par la chercheuse Kimberlé Crenshaw, une juriste et
professeure de droit à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA) et à l'Université Columbia.

Contexte Historique :
La théorie de l'intersectionnalité a émergé dans les années 1980 en réponse aux limites des approches
traditionnelles qui traitaient la race et le genre comme des catégories distinctes et indépendantes.
Kimberlé Crenshaw a développé cette théorie pour mieux comprendre les expériences des femmes afro-
américaines qui ne trouvaient pas de cadre adéquat pour exprimer les complexités de leur identité dans
les mouvements féministes et antiracistes.

Idées Principales :
L'intersectionnalité met en évidence que les individus ne sont pas seulement affectés par une forme de
discrimination, mais plutôt par une interconnexion de plusieurs formes de discriminations qui se
cumulent. Par exemple, une femme noire peut faire face à la fois au racisme et au sexisme, et ces deux
formes de discrimination se renforcent mutuellement.

L'approche intersectionnelle remet en question l'idée que les discriminations sont des phénomènes
isolés. Elle montre comment les systèmes de pouvoir et les structures sociales créent des expériences
uniques pour les individus en fonction de leur position dans plusieurs groupes marginalisés. Elle met en
garde contre l'invisibilité des personnes qui se situent à l'intersection de plusieurs catégories.

Exemples :
Prenons l'exemple d'une femme immigrante d'une classe sociale défavorisée. Cette femme peut faire
face à la fois à la discrimination basée sur son genre, son statut d'immigration et sa situation
économique. L'intersectionnalité permet de comprendre comment ces facteurs se combinent pour
façonner son accès à l'emploi, à l'éducation, aux soins de santé et à d'autres opportunités.

Un autre exemple concerne les femmes autochtones. Elles peuvent être confrontées à la discrimination
basée sur leur genre ainsi que sur leur appartenance ethnique, ce qui peut se traduire par un accès
limité à la justice, à l'éducation et à la protection de leurs droits culturels.

En résumé, la théorie de l'intersectionnalité, développée par Kimberlé Crenshaw, offre un cadre


analytique crucial pour comprendre la complexité des expériences de discrimination en prenant en
compte les interactions entre plusieurs formes de marginalisation. Elle aide à reconnaître et à lutter
contre les systèmes de pouvoir qui maintiennent ces discriminations interconnectées. > ‫جمعة مباركة‬: La
théorie de l'intersectionnalité a été largement saluée pour sa contribution à la compréhension des
expériences complexes de discrimination, mais elle a également fait l'objet de critiques et de débats.
Voici quelques critiques courantes, avec des explications et des exemples, ainsi que les noms de
chercheurs qui ont exprimé ces critiques :
1. Complexité excessive : Certains critiques estiment que l'intersectionnalité peut être difficile à
appliquer en pratique en raison de sa complexité. Ils soulignent que la prise en compte de toutes les
intersections possibles peut rendre l'analyse trop compliquée pour être opérationnelle.
*Exemple* : Il peut être difficile pour les praticiens du droit d'appliquer l'intersectionnalité lorsqu'ils
doivent tenir compte de multiples dimensions de marginalisation dans un cas spécifique.

2. Essentialisme limité : Certains chercheurs critiquent l'intersectionnalité en affirmant qu'elle peut


renforcer l'essentialisme en considérant les groupes marginalisés comme homogènes, plutôt que de
reconnaître la diversité interne de ces groupes.
*Exemple* : L'intersectionnalité peut supposer que toutes les femmes noires partagent les mêmes
expériences, alors qu'en réalité, elles peuvent avoir des vécus très différents en fonction de facteurs
individuels.

3. Difficulté à hiérarchiser les oppressions : Certains critiques soutiennent que l'intersectionnalité ne


fournit pas de cadre clair pour hiérarchiser les différentes formes de discrimination et déterminer
comment elles interagissent.
*Exemple* : Lorsqu'une personne est confrontée à la fois à des préjugés sexistes et à des préjugés
racistes, comment déterminer quelle forme de discrimination a un impact plus important sur ses
expériences ?

4. Manque de solutions pratiques : Certains chercheurs estiment que l'intersectionnalité met davantage
l'accent sur l'analyse théorique que sur la formulation de solutions pratiques pour lutter contre la
discrimination.
*Exemple* : L'intersectionnalité peut offrir une analyse approfondie des problèmes, mais elle peut ne
pas toujours indiquer clairement comment remédier à ces problèmes dans des contextes concrets.

5. Risque de fragmenter les mouvements : Certains critiques craignent que l'accent mis sur les
intersections puisse fragmenter les mouvements sociaux en créant des divisions internes au lieu de
favoriser l'unité.
*Exemple* : En mettant en avant les différences et les divisions entre les groupes marginalisés, il
pourrait être difficile de mobiliser un mouvement solide pour le changement social.

Parmi les chercheurs qui ont exprimé des critiques à l'égard de l'intersectionnalité, on peut citer :
- Nancy Fraser
- Christina Hoff Sommers
- Gayle Rubin

Ces chercheurs ont soulevé des points de discussion importants concernant les limites et les implications
pratiques de la théorie de l'intersectionnalité.

Références relatives à la Théorie de l'intersectionnalité :


1. Crenshaw, Kimberlé. (1989). "Demarginalizing the Intersection of Race and Sex: A Black Feminist
Critique of Antidiscrimination Doctrine, Feminist Theory and Antiracist Politics." University of Chicago
Legal Forum, Vol. 1989, Article 8.

2. Crenshaw, Kimberlé. (1991). "Mapping the Margins: Intersectionality, Identity Politics, and Violence
against Women of Color." Stanford Law Review, Vol. 43, No. 6, pp. 1241-1299.

3. Davis, Angela Y. (1981). "Women, Race & Class." Vintage Books.

Critiques de la Théorie de l'intersectionnalité :

1. Critique : Complexité excessive

Certains critiques soutiennent que l'intersectionnalité peut devenir extrêmement complexe à


appliquer en pratique en raison de la multiplicité des identités et des facteurs interconnectés.

Exemple : Certains affirment que la prise en compte de toutes les intersections possibles peut rendre
difficile la formulation de politiques et de solutions claires.

2. Critique : Manque de clarté méthodologique

Certains chercheurs remettent en question la méthodologie de l'intersectionnalité, en argumentant


qu'elle ne fournit pas toujours des directives claires pour analyser et résoudre les problèmes.

Exemple : Des critiques affirment que sans des directives méthodologiques plus spécifiques,
l'intersectionnalité peut être interprétée de différentes manières.

3. Critique : Risque de fragmentation

Certains chercheurs craignent que l'accent mis sur les intersections puisse fragmenter les mouvements
sociaux en créant des divisions internes basées sur les différences.

Exemple : Des critiques soulignent que trop d'attention portée aux différences entre les groupes
pourrait détourner l'attention des objectifs communs de lutte contre l'injustice.

4. Critique : Ignorance des expériences universelles

Certains critiques suggèrent que l'intersectionnalité peut parfois négliger les expériences universelles
communes à tous les groupes marginalisés.
Exemple : Des chercheurs argumentent que se concentrer uniquement sur les différences peut
masquer les similitudes dans les expériences de discrimination et d'oppression.

5. Critique : Manque de solutions pratiques

Certains chercheurs estiment que l'intersectionnalité peut être plus efficace pour identifier les
problèmes que pour proposer des solutions concrètes.

Exemple : Des critiques soulignent que l'intersectionnalité peut aider à identifier les expériences
multiples, mais peut être moins précise en ce qui concerne les actions spécifiques à entreprendre.

Chercheurs critiques :

1. Patricia Hill Collins : Bien qu'elle soit une pionnière de l'intersectionnalité, elle a également exprimé
des préoccupations concernant les défis de la mise en œuvre pratique et la complexité de la théorie.

2. Nira Yuval-Davis : Elle a contribué à la théorie de l'intersectionnalité, mais a également critiqué


certaines de ses implications, notamment en ce qui concerne les divisions potentielles au sein des
mouvements sociaux.

3. Sara Ahmed : Bien qu'elle soutienne l'importance de l'intersectionnalité, elle a également soulevé des
questions concernant les risques d'essentialisme et de simplification excessive.

Ces références et critiques vous fourniront une base solide pour explorer la Théorie de
l'intersectionnalité et les débats qui l'entourent.

Références sur la Théorie de l'intersectionnalité :

1. Crenshaw, Kimberlé. "Mapping the Margins: Intersectionality, Identity Politics, and Violence against
Women of Color." Stanford Law Review, vol. 43, no. 6, 1991.

2. Collins, Patricia Hill. "Black Feminist Thought: Knowledge, Consciousness, and the Politics of
Empowerment." Routledge, 2000.

3. Crenshaw, Kimberlé, et al. "Demarginalizing the intersection of race and sex: A Black feminist critique
of antidiscrimination doctrine, feminist theory and antiracist politics." University of Chicago Legal
Forum, 1989.
Références sur les critiques de l'Intersectionnalité :

1. McCall, Leslie. "The Complexity of Intersectionality." Signs: Journal of Women in Culture and Society,
vol. 30, no. 3, 2005.

2. Carastathis, Anna. "The concept of intersectionality in feminist theory." Philosophy Compass, vol. 9,
no. 5, 2014.

3. Lykke, Nina. "Intersectional analysis: Black box or useful critical feminist thinking technology?" In
European Journal of Women's Studies, vol. 13, no. 3, 2006.

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