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Archives – Témoignages (paroles de grands témoins, lettres, récits de vie, etc.

Le travail consiste en une présentation orale de 10-15 minutes, sur un format didactique,
exposant une analyse critique de types de sources (modalités de production, utilité, points
de vigilance et conditions d’usage)

Intro: Conseil d'Etat et archives orales (introduire un enjeu archives)

L’usage des archives n’a rien d’évident ni d’habituel en sociologie. La sociologie s’est érigée
tardivement, au XIXème siècle, comme une science sociale autonome, et un des enjeux
majeurs a été d’affirmer l’indépendance de cette discipline nouvelle face à des sciences
sociales déjà institutionnalisées, en particulier l’histoire. Alors que l’histoire a eu tendance à
accorder un rôle central (et parfois excessif) aux archives, la sociologie a eu tendance à
l’inverse à rejeter les archives au profit d’autres sources : le sociologue serait l’homme du
terrain, abandonnant l’usage des archives à l’historien – on a même parlé d’une « mystique
du terrain ». Or les archives sont des sources disponibles pour le sociologue, et qu’il ne
faudrait pas les rejeter en raison des représentations qui ont accompagné la fondation de
ces disciplines. Par ailleurs, la pratique croissante de l’interdisciplinarité en sciences
sociales tend, sinon à remettre en cause, du moins à brouiller les frontières entre disciplines,
et l’emprunt de méthodes est sans doute plus facile de nos jours.

Les archives et leurs utilisations sont cependant toujours soumises à des débats importants.
Le Premier ministre a exigé, par un arrêté de 2011 puis par un second arrêté de novembre
2020, que chaque archive « secret-défense » fasse l’objet d’une procédure de
déclassification avant d’être communiquée aux personnes qui en font la demande après
expiration des délais prévus par la loi. Plusieurs archivistes, historiens et leurs associations
ont contesté cette procédure préalable devant le Conseil d’État, estimant qu’elle retarde ou
empêche l’accès effectif aux archives et qu’elle est contraire à la loi. La loi de refonte du
régime de communication des archives publiques de 2008 impose en effet des délais
d’accès de 50 ans pour les documents dont la communication porterait atteinte au secret de
la défense nationale, voire 100 ans pour ceux dont la communication est en outre de nature
à porter atteinte à la sécurité d’individus nommés ou pouvant être facilement identifiés. Le
Conseil d’État rappelle que les archives classifiées sont communicables de plein droit,
conformément à la loi actuelle, à l’expiration de ces délais. En conséquence, le Premier
ministre ne peut conditionner l’accès à ces archives à une procédure de déclassification
préalable.

I. Présentation générale des archives


1. Principe et définition des archives
- Def selon le CNRTL (centre national de ressources textuelles et lexicales): Ensemble
de documents hors d'usage courant, rassemblés, répertoriés et conservés pour
servir à l'histoire d'une collectivité ou d'un individu
- Def selon code du patrimoine: l’ensemble des documents quels que soient leur date,
leur lieu de conservation, leur forme et leur support produits ou reçus par toute
personne physique ou morale et par tout service ou organisme public ou privé dans
l’exercice de leur activité
- Defs diffèrent selon l’idée de volonté
- Type de sources la plus ancienne (sumériens): avec papier on observe le
développement du procédé et surtout sa rationalisation → entraîne la naissance de
concepts relatifs à leur utilisation, conservation et ouverture

2. Une typologie des archives


En France on distingue deux types d’archives:
● Archives publiques (définie par le code du patrimoine): cf. éléments de def
- L’âge des archives:
Archives courantes : documents d'utilisation habituelle ; contrôle par les Archives
de France
Archives intermédiaires : plus courante mais intérêt administratif empêchant un
traitement
Archives définitives ou « historiques » : documents qui ont subi les tris et
éliminations appropriés, destinés aux dépôts d'archives.
Une archive peut passer d’une catégorie à l’autre au fil du temps en fonction du DUA
(Durabilité d’Utilité administartives)

- Aspect juridique:Le droit d’accès aux archives est considéré comme un droit
constitutionnel depuis 2017 selon un décision du Conseil Constit.
Ouverture des archives:cf. liste

● Archives privées
- Def: code du patrimoine: “archives privées en France sont l'ensemble des archives
produites par toute personne, physique ou morale n'étant pas assimilé service ou
organisme public français”
- Regroupent notamment archives religieuses et entrepreneuriales, associatives,
scolaires, etc.
- Normalement inaccessibles, elles peuvent cependant être acquises par des
organismes d’archives publiques (don, achat)--> cf 1789

II. Les conditions d’utilisation et les limites

A. quelles opportunités?

Les archives:
- Les archives apportent une forme “brute” d’information, une forme tangible d’élément
passés dont on souligne souvent la pureté : relevés de comptes, documents
juridiques, paroles retranscrites par écrit → peu de place à un biais sur le document
initial
En effet dans le cadre d’archives administratives, ces documents ne sont pas
produits dans l’optique de témoigner de leur époque mais lors du travail quotidien
(pas nécessairement de volonté de falsifier l’histoire pour les générations futures). Le
contexte de production reste néanmoins important et doit être considéré à chaque
instant de la réflexion
- Les archives permettent aussi au travail de recherches une certaine diversité des
sources (journaux, registres officiels, correspondance privée) qu’il serait dommage
de négliger

Les témoignages:
- Les témoignages permettent une approche de l’histoire “par le bas”, en passant
d’une échelle nationale ou internationale pour s’intéresser à des trajectoires
individuelles, souvent plus représentatives de la réalité d’une période que des
rapports officiels
- Les témoignages permettent aussi d’avoir accès à des points de vue parfois ignorés
autrement, notamment ceux de minorités → dvpt de l’histoire orale aux US puis
importance après la 2nde GM pour l’histoire de la Shoah

B. Les limites

Les archives en général :

● Liora Israël L’usage des archives en sociologie


→ réflexivité vis à vis de l’archive
Archive = construction car résultante d’un tri, d’une sélection, d’une volonté ou de
l’absence de volonté de conserver certains documents → les archives sont politique
⇒ nécessité d’une sociologie des archives i.e. une compréhension fine des
mécanismes politiques et sociaux de prod, conserva° & selection des docs

● Délai de consultation pour les archives publiques → Pourquoi ? pour ne pas révéler
des secrets d’État, ne pas troubler l’ordre public ou ne pas atteindre la réputation des
individus et des familles.

On parle de régime de communicabilité → pose des questions éthiques quand on


sait que les délais sont de 120 ans après la mort d’une personne pour pouvoir
accéder aux archives le ou la concernant.

→ Enjeu mémorielle revendiqué par certains qui demandent l'ouverture des archives
pour répondre au devoir de mémoire (Lionel Jospin avait, en 97 décidé d’une
dérogation générale concernant les archives du régime de Vichy ou ouverture des
archives après dictatures comme en Russie ou au Chili pose question).

En France par exemple, il existe une catégorie d’archives incommunicables → là


encore on constate la nature politique des archives.

DONC accessibilité de ce type de source = une limite


Déjà par leur forme lorsque ce sont des documents manuscrits par exemple, mais
surtout par leur régime de communicabilité particulier.

Les archives/témoignages oraux :

● Témoignages et archives orales


Vincent Duclert (historien enseignant chercheur) → besoin de réfléchir au “statut du
témoin” en cas de témoignages
celui ci à une existence propre, une parole autonome, une présence indépendante
=/= autres types de sources

Tensions dans le monde scientifique : Pieter Lagrou (chercheur fr) dénonçait


notamment les dérives de l’utilisation de ce types de sources qui pouvaient entraîner
une histoire orale trop militante si on ne définissait pas assez le témoin et qu’on ne
réfléchissait pas assez à son statut dans l’histoire.

● Rapport du Conseil Economique et Social en 2000 sur les archives orales


2000 → premier ministre saisi le conseil économique et social d’un avis sur les
“archives orales” confiée à l’historienne Georgette Elgey
porte sur les témoignages oraux
⇒ souligne l’importance d’une utilisation scientifique des ce type de sources
+ déplore qu’il n’existe pas de programme cohérent de collecte de témoignages
oraux, comme il en est un pour les archives traditionnelles
plaide pour 2 procédures rigoureuses : une pour la collecte et une pour
l’utilisation qui implique la confrontation avec d’autres sources et la réflexion
sur le statut du témoin dans l’histoire.

III. Archives et témoignages à l’heure d’internet

● Déf : “La numérisation est le processus consistant à « transformer l’information


analogique (de toute forme et sur quelque support que ce soit) en code numérique »
(Conseil canadien des archives, 2002).”

● démocratisation de l’accès à l’information (cf. site des archives numérisées du


Pas-de-Calais)

● Pour exemple, un documentaire a obtenu un record d’audiences : « Apocalypse I »


sur la première guerre mondiale, a été recolorisé, remonté, avec des extraits de
récits de vie joués par des acteurs récents

2. La numérisation comme résultat d’une volonté politique


● Numérisation de tel ou tel document relève d’une hiérarchisation des documents et
pose la question d’un choix subjectif ou politique
● Mise en récit conséquence inévitable→ volonté pol., Apocalypse limites

Conclusion :

La force de ce type de source =


- sa diversité
- permet une autre manière de faire de l’histoire/recherche : par le bas et de manière
très empirique
MAIS il convient de ne pas oublier que ce type de source est le résultat d’une construction
sociale et politique ⇒ pas neutre, nécessite une analyse approfondie
(Gallica)

Bibliographie :

Première Guerre mondiale ou l’enseignement au défi du spectaculaire », s. d., 6.BARBIER


Jonathan, MANDRET-DEGEILH Antoine, Le travail sur archives. Guide pratique. Armand
Colin, « Hors collection », 2018, URL :
https://www-cairn-info.ressources-electroniques.univ-lille.fr/--.htm

● DUCLERT Vincent, « Archives orales et recherche contemporaine. Une histoire en


cours », Sociétés & Représentations, 2002/1 (n° 13), p. 69-86. DOI :
10.3917/sr.013.0069. URL :
https://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2002-1-page-69.htm

● DULONG Renaud, « La dimension monumentaire du témoignage historique »,


Sociétés & Représentations, 2002/1 (n° 13), p. 179-197. DOI : 10.3917/sr.013.0179.
URL : https://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2002-1-page-179.htm

● GALLAND Bruno, Les archives. Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? »,


2016, URL : https://www-cairn-info.ressources-electroniques.univ-lille.fr/--.htm

● LUBNAU Anne, « Récits de vie podcastés : peut-on parler de non-conformisme ? »,


Essais [En ligne], 7 | 2015, mis en ligne le 26 février 2021, consulté le 13 novembre
2021. URL : http://journals.openedition.org/essais/6461 ; DOI :
https://doi.org/10.4000/essais.6461

● MAUSEN Yves, GOMART Thomas, « Témoins et témoignages », Hypothèses,


2000/1 (3), p. 69-79. DOI : 10.3917/hyp.991.0069. URL :
https://www-cairn-info.ressources-electroniques.univ-lille.fr/revue-hypotheses-2000-1
-page-69.htm

● Got, O. (2015). « Archive(s) » : le mot. Sigila, 36, 13-19.


https://doi.org/10.3917/sigila.036.0013
● Ketelaar, E. (2006). (Dé) Construire l'archive. Matériaux pour l’histoire de notre
temps, 82, 65-70. https://doi.org/10.3917/mate.082.0065
● Jean Favier, Les Archives, Paris, Presses universitaires de France, 1958

● Chalifour, Joshua, et Eun Park. « La subjectivité dans la numérisation : les


perspectives des professionnels ». Archives 47, no 1 (2017): 31‑58.
https://doi.org/10.7202/1041825ar.
● Bruno Delmas et Gilles Morin, « Les archives en France. Bouleversements et
controverses », Histoire@Politique, no 5,‎2008

Andrieu, Louis. « Apocalypse, des images conflictuelles ? » Esprit, no 5 (4 juillet 2014):


130‑32.
Graff, Séverine. « « Les jeunes vont s’éclater ! » Apocalypse, la
Archives -Témoignages

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