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INDUSTRIES CULTURELLES

SOCIOLOGIE P4
SEMESTRE 3

N00259420162 Yaye Ndioufa MBAYE Dakar


N00242920162 Fatou DIOME Dakar

Sujet 1
Le terme "Industries culturelles" est apparu pour la première fois dans La Dialectique de la
raison (Dialectic of enlishtenment), un livre écrit par deux philosophes allemands, Theodor
W. Adorno et Max Horkheimer, et publié à Amsterdam en 1947. L’UNESCO les définit
aujourd’hui comme les industries qui touchent à la fois la création, la production et la
commercialisation de contenus culturels et immatériels. Ces contenus sont généralement
protégés par le droit d’auteur et ils peuvent s’apparenter à un bien ou à un service.
D’ordinaire, les industries culturelles incluent l’édition imprimée et le multimédia, la
production cinématographique audiovisuelle et phonographique, ainsi que l’artisanat et le
design.
Nous allons aborder les industries culturelles et ensuite expliquer l’apport du développement
technologique sur celle-ci.

Les origines du terme « industrie culturelle » au singulier est utilisé pour la première fois en
1947 par Horkheimer et Adorno de l’école de Frankfort1, et ceci de façon péjorative pour
mettre en évidence les risques de perversion de l’art face à l’application des techniques de
production industrielle aux œuvres culturelles. Faisant ainsi écho à beaucoup d’autres de leurs
contemporains, critiques d’art, historiens et sociologues, Horkheimer et Adorno voulaient par
cette expression qu’ils ont intentionnellement voulu antinomique, défendre la théorie de l’art
pour l’art. Pour eux, l’art à cause de son caractère symbolique ne devait se voir attribuer
aucune fonction économique. Ils estiment que pour que l’art continue d’être un vecteur de
sens, de valeurs et de symbole, il lui faut conserver sa motivation intrinsèque (pas d’autre
finalité que lui-même). Vers les années 1970, le terme est repris et cette fois-ci au pluriel «
industries culturelles » à une période où la marchandisation et la production industrielle des
œuvres d’art était si répandue et banalisée (surtout dans les domaines du livre, du disque)
qu’il apparut injustifié de continuer par exclure les activités culturelles du champ de
l’économique conventionnelle. En effet deux siècles plus tôt, les premiers théoriciens de
l’économie capitaliste, Adam Smith et Ricardo excluaient les activités culturelles du domaine
économique. Selon eux, ces dernières relevaient de la sphère des loisirs et du divertissement
et ne permettaient pas la création de la richesse. Pour Adam Smith par exemple, était
improductif, le travail qui « ne se fixe sur aucun objet ou chose qui puisse se vendre ». Parmi
les travailleurs improductifs, il incluait les domestiques, les fonctionnaires, les ecclésiastiques,
les gens de loi et médecins, de même que les gens de lettres, les comédiens, les farceurs, les
musiciens, les chanteurs et danseurs d’opéra car « leur ouvrage à tous tel que la déclamation
de l’acteur, le débit de l’orateur ou les accords du musicien s’évanouit au moment même qu’il
est produit ». A l’époque des pionniers de l’économie moderne, les activités culturelles se
limitaient dans une large mesure aux spectacles vivants où l’usage de l’offre culturelle était in
situ et in tempo donc non reproduisible à l’identique techniquement et artistiquement parlant.
Ce caractère temporaire et immatériel des œuvres culturelles fut l’une des principales
justifications de cette exclusion des activités culturelle du champ économique par les premiers
économistes. Néanmoins des années plus tard, l’évolution technique va rendre possible une
transformation sensible des caractéristiques de la production culturelle constituant ainsi un
tournant décisif dans le développement des activités culturelles et de leur insertion dans les
champs de l’économie marchande capitaliste. La Production industrielle des biens culturels,
dans La Dialectique de la raison, Gallimard, Paris, 1974 Adam Smith cité dans Eléments pour
une économie des industries culturelles, Marc Ménard, SODEC, Québec 2004.

Entre autres techniques, la plus notable fut celle qui rendit possible la séparation du contenu
de l’œuvre et de son support. Cette séparation permit la duplication des œuvres culturelles que
ce soit dans les lettres ou dans la musique. La reproductibilité des œuvres culturelles rendue
possible par les techniques de production massive telles que l’impression dans l’édition de
livres et le pressage de disques audio fut à cet égard les traits marquants de cette révolution
qui intervint non seulement dans la production des biens culturels mais aussi dans leur
consommation. Dans sa nouvelle acception, le terme « industries culturelles » désigne « un
ensemble d’activités culturelles qui incorporent les fonctions économiques de conception, de
création, de production, de distribution et de commercialisation. Ces activités sont
principalement la musique, l’édition, les arts de la scène, l’audiovisuel (cinéma, radio,
télévision), la mode et accessoirement le sport et toutes les activités liées au loisir »3. Dans les
pays anglo-saxons ces activités sont appelées « créative industries » (Royaume Uni) et «
Copyright industries » (Etats- Unis) ; elles comprennent outre les domaines déjà cités,
d’autres secteurs comme ceux protégés par les droits de la propriété intellectuelle : le dessin,
les arts plastiques, l’informatique (les logiciels), la publicité. 2. Industrie, culture et industries
culturelles L’Industrie Lorsqu’on parle généralement d’industrie dans le domaine
économique, on fait allusion à cette forme de production massive de biens de consommation
intervenue suite à la révolution industrielle et des inventions scientifiques au 19ème siècle.
Lesquelles inventions ont radicalement modifié les méthodes de production et d’organisation
du travail dans les fabriques. Cette forme de production qui s’appuie fortement sur
l’utilisation de machines sophistiquées constitua une véritable rupture avec les moyens de
production artisanaux des époques antérieures et se caractérisa par un travail à la chaîne (une
succession de tâches et d’activités de production complémentaires et successives dont la
somme permettait de parvenir au produit industriel fini), une production de masse, une
division accrue du travail, une spécialisation de la main d’œuvre et d’importants
investissements financiers. La culture Selon Mondiacult 1982, la culture est « l’ensemble des
traits distinctifs spirituels et matériels, affectifs et intellectuels qui caractérisent une société ou
un groupe social. Elle englobe en outre les arts et les lettres, les modes de vie, les façons de
vivre ensemble, les systèmes de valeur, les traditions et les croyances ». D’après cette
définition, on peut dire que la culture inclut la quasi- totalité des activités de production
symboliques puisqu’elles sont toutes porteuses de sens, de valeurs Cultura : Estrategia para el
desarrollo local, AECI, 2007et d’identité propres à des groupes sociaux donnés. Ces activités
sont à l’origine de la production de biens qui sont qualifiés de « biens collectifs » par Lacroix
et Tremblay4. Les industries culturelles L’évolution technologique a permis la production
massive de biens culturels par la mécanisation et a contribué à la réduction considérable du
temps de travail permettant ainsi l’allongement du temps de loisirs et une demande sans cesse
croissante de biens culturels. Pour répondre à cette demande, une technique innovatrice
viendra au secours de l’activité culturelle en rendant possible la reproduction sur support
matérielle des œuvres, facilitant ainsi la multiplication exponentielle des biens culturels dont
l’accès n’est plus limité à certaines couches sociales privilégiées. Les produits ou biens
culturels seront ainsi crées à une échelle industrielle d’où l’expression industries culturelles
pour faire allusion au processus et à l’organisation de la production dont les méthodes et les
moyens sont identiques à ceux employés dans les industries classiques. Le concept moderne
d’industries culturelles fait référence aux activités culturelles dont les processus de production
et de diffusion des biens se caractérisent par les éléments suivants :
 Une forte marchandisation. En effet les œuvres culturelles sont désormais
considérées comme des produits de consommation au même titre que les
produits industriels classiques destinés à être produit et vendu à large échelle.
La forte demande des biens culturels renforçait cette tendance encouragée par
la décentralisation de la culture qui ouvra les biens culturels à un plus large
public.
 Un recours à des moyens techniques avancés dans la production. Il s’agit d’une
forte mécanisation des activités de production. Mécanisation rendue possible
par de lourds investissements financiers. Les activités culturelles dont la
rentabilité devenait de plus en plus sensible sur le plan économique, avaient
commencé par attirer des fonds substantiels destinés également à soutenir les
activités de distribution et de commercialisation.
 Une division du travail et une spécialisation des ressources humaines. Le souci
de performance et de rentabilité imposera de nouvelles façons de faire aux
entreprises culturelles. Désormais elles ont recours à une main d’œuvre
technique et spécialisée en relation avec les grandes fonctions économiques (la
conception, la création, la production, la distribution, la commercialisation, la
consommation). The Information Society and the Cultural Industries Theories,
Trend Report, Current Sociology vol. 45, 1997.

En revanche, Les évolutions technologiques que le monde connaît depuis plus de vingt ans
ont des conséquences considérables sur les industries culturelles. En effet, elles remettent en
cause des équilibres établis depuis longtemps et ont un impact énorme sur les usages des «
consommateurs » de biens culturels comme sur les formes de création et de transmission de
contenus culturels, bousculant et transformant fondamentalement la relation des auteurs et des
créateurs à la fois avec leurs publics et avec les éditeurs et les producteurs. Qu’il s’agisse de la
musique, du cinéma, du livre, de l’audiovisuel, des jeux vidéo ou de la presse écrite, ces
évolutions bouleversent les modèles économiques. Le numérique permet aussi aux usagers de
devenir des acteurs en leur donnant la possibilité de créer et de partager des contenus.
En définitive dans ces caractéristiques que nous venons d’analyser brièvement, on voit bien
que les secteurs de production d’œuvres culturelles se distinguent difficilement des industries
classiques dont ils partagent plusieurs traits non seulement dans l’organisation du processus
de production mais aussi dans les moyens humains et techniques utilisés. D’où l’appellation «
industries culturelles ». Cependant les biens issus de ces industries ne sauraient être
considérés à part entière et traités comme des biens industriels classiques à cause de leur
contenu symbolique et de certains de leurs caractéristiques qui échappent aux principes et aux
lois de l’économie capitaliste. En effet, contrairement aux autres biens industriels, les biens
culturels sont des biens d’expérience en ceci que c’est le public qui en détermine la valeur au
moment de l’usage. A l’opposé des autres produits industriels dont l’appropriation par le
public peut être anticipée, les producteurs d’un bien culturel ne peuvent prévoir d’avance
l’accueil que les consommateurs réserveront au bien en question. Les biens culturels relèvent
du domaine subjectif et changeant de l’esthétique des émotions d’où un grand risque dans
l’entreprise culturelle. En outre, la structure des coûts dans la production des biens culturels
fait des industries culturelles un secteur d’activité économique très particulier. Les biens
culturels ont un coût de production très élevé et des coûts de reproduction très bas entrainant
des rendements croissants à l’échelle. A cette particularité s’ajoute une autre relative au
comportement du consommateur de produit culturel. Tandis que le consommateur d’un bien
classique voit son désir d’acheter le même bien décroître à l’acquisition d’une unité
supplémentaire de ce bien, le consommateur culturel par contre voit son désir croitre. Ce
comportement est dû au fait que le bien culturel bien que pouvant s’insérer ou s’identifier à un
courant esthétique donné est un produit unique. Chaque œuvre culturelle est le fruit d’une
activité créatrice particulière ; chaque créateur ayant une façon bien distincte de concevoir une
œuvre. Ce qui fait que l’usage d’un bien produit par un créateur, n’annihile pas
nécessairement chez le consommateur le désir de consommer le même type de bien produit
par un créateur. La variété de l’offre culturelle et son constant renouvellement soutien cette
tendance. C’est dans ces considérations et dans bien d’autres encore de nature sociologique et
commerciale que réside l’intérêt des débats actuels autour des industries culturelles et des
échanges de biens culturels dans le contexte économique de la globalisation.

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