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Sociologie contemporaine

Séquence 1 : La sociologie française contemporaine


 Matériels pédagogiques du chapitre 1 :

Table des matières du chapitre 1 :


1. Introduction

2. Le structuralisme constructiviste de Pierre Bourdieu.

3. L’individualisme méthodologique de Raymond Boudon.

4. L’analyse stratégique de Michel Crozier.

5. La théorie des mouvements sociaux d’Alain Touraine.

1. Introduction

La sociologie française est composée en plusieurs courants émanant des différentes


écoles de pensées. La sociologie holiste d’Emile Durkheim a longtemps été hégémonique.
Mais, à partir des années 1970, de nouveaux courants de pensées ont vu le jour en France. Parmi
eux, il est possible de noter le structuralisme constructiviste de Pierre Bourdieu,
l’individualisme méthodologique de Raymond Boudon, l’analyse stratégique de Michel Crozier
et la théorie des mouvements sociaux d’Alain Touraine. Ces penseurs dominent jusqu’à nos
jours la sociologie française contemporaine même s’il existe d’autres sociologues de renom tels
que Denis Segrestin, Henry Mendras (1927-2003), Renaud Sainsaulieu, Jean-Michel Berthelot
(1945-2006), Philippe Besnard (1942-2003), Luc Boltanski (né en 1940), François Bourricaud
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(1922-1991), Robert Castel (1933-2013), Jean Cazeneuve (1915-2005), Henry Desroche (1914-
1994). Il y en a également Paul Henry Chombart de Lauwe (1913-1998) qui est le pionnier des
recherches contemporaines sur la vie familiale et le monde urbain et François Héran né en 1953
et spécialiste des migrations et sociétés. Yves Lambert (1946-2006) est spécialiste de la ruralité.

2. Le structuralisme constructiviste de Pierre Bourdieu

Le grand auteur des théories de la domination, de la reproduction sociale et


constructivisme est Pierre Bourdieu (01 aout 1930- 23 janvier 2002). Il a exercé une influence
non négligeable dans le monde francophone. Il est le sociologue le plus influent de la France et
même de l’Europe dans les années 1970, 1980 et 1990. Bien qu’il soit identifié comme un
constructiviste dans sa prétention à concilier le holisme et l’individualisme, d’aucuns
continuent de considérer Pierre Bourdieu comme un pur tenant du holisme et du déterminisme.
Cela tient aussi à l’importance qu’il accorde aux structures sociales dans ses théories et la
formulation de ses concepts. Dans ce cours, nous considérons Pierre Bourdieu comme étant un
constructiviste.

La théorie de la pratique qu’il a développée se fonde sur une conception de l’action


articulée autour de la notion de disposition. Les agents sociaux intériorisent les structures
objectives à travers le processus de socialisation. Ces structures intériorisées constituent les
habitus. L’habitus, comme son nom l’indique, c’est ce que l’on a acquis, mais qui s’est incarné
de façon durable dans le corps sous formes de dispositions permanentes. La notion rappelle
donc de façon constante qu’elle se réfère à quelque chose d’historique, qui est lié à l’histoire
individuelle, et qu’elle s’inscrit dans un mode de pensée génétique, par opposition à des modes
de pensée essentialistes. C’est une espèce de machine transformatrice qui fait que nous «
reproduisons » les conditions sociales de notre propre production, mais cette fois-ci de manière
plus réfléchie que mécanique. L’habitus est un ensemble de dispositions culturelles et
comportementales, mais qui, étant incorporé, se présente sous les dehors de l’innéité. Il y a par
exemple une congruence entre l’enseignement universitaire et l’habitus des classes favorisées
qui permet aux étudiants de ces dites classes d’intégrer plus facilement l’enseignement des
lettres grâce à leurs acquis culturel préalables qui correspondent avec la culture scolaire et
universitaire. Or l’habitude est considérée spontanément comme répétitive, mécanique,
automatique, plutôt reproductrice que productrice.
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L’espace social est structuré par des oppositions relatives à la distribution inégale des
capitaux (économique, culturel, social, symbolique, etc.), en particulier des oppositions
relatives au volume et à la composition du capital. Le capital culturel surtout, est déterminant
dans la socialisation des individus. Pierre Bourdieu entend par capital culturel, un ensemble de
connaissances et d’informations qu’on dispose de par sa classe sociale. En ce sens, la notion de
capital dépasse, selon lui, la sphère économique. C’est de ce point de vue qu’il critique Karl
Marx d’avoir réduit le capital à une dimension uniquement économique. Pour lui, les conflits
entre les agents trouvent leurs explications plus dans les hiérarchies sociales et ils sont fondés
sur les mécanismes de domination. C’est à ce propos qu’il critiquait l’approche marxiste de
réductrice pour avoir donné le primat aux facteurs économiques dans l’explication de la lutte
des classes. Il montre que les acteurs qui agissent dans différents domaines sociaux sont amenés
à mobiliser différents types de ressources, leur capital économique, mais aussi d’autres
ressources qui semblent jouir d’un statut équivalent et qui, de ce fait, sont appelées aussi
capitaux tels que la culture, l’éducation, le capital social, etc.

Pierre Bourdieu est le principal théoricien de la théorie des champs qui sont des sous-
espaces sociaux au sein desquels les individus entretiennent des rapports de domination et de
dépendance en fonction de la dotation en capitaux (symbolique, social, culturel, économique).
Par le concept de champ, il entend que les acteurs sociaux appartiennent à plusieurs domaines
de la vie sociale et leurs stratégies dans un domaine, ou un champ, est fonction de rapports de
forces qui le régit, qui en crée les contours. Ce concept de champ est différent de celui
d’appareil. La notion d’appareil est une machine infernale, programmée pour réaliser certaines
fins. Le système scolaire, l’Etat, l’Eglise, les partis, ne sont pas des appareils, mais des champs.
Dans un champ, des agents et des institutions sont en lutte, avec des forces différentes, et selon
les règles constitutives de cet espace de jeu, pour s’approprier les profits spécifiques qui sont
dans ce jeu. Ceux qui dominent le champ ont les moyens de le faire fonctionner à leur profit ;
mais ils doivent compter avec la résistance des dominés. Un champ devient appareil lorsque les
dominants ont les moyens d’annuler la résistance et les réactions des dominés.

C’est ainsi que Pierre Bourdieu a insisté sur l’importance des facteurs culturels et
symboliques dans les mécanismes de reproduction. Les classes dominantes sont les principaux
bénéficiaires du système d’enseignement par exemple. Si celui qui appartient à la classe
favorisée dispose, dès sa petite enfance, de tous les atouts en termes d’habitus et de capitaux
(culturel, social, économique, symbolique) pouvant lui permettre de réussir assez facilement
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ses études, particulièrement celles supérieures, tel n’est pas le cas pour celui qui est issu des
classes défavorisées qui en est moins pourvu dès son enfance. L’appartenance à une classe joue
selon Pierre Bourdieu un rôle déterminant dans l’apprentissage du savoir au point que celui qui
ne réussit pas, ce n’est pas parce qu’il n’est pas doué, mais parce que son origine sociale
renforce ses chances d’échec. On parle d’handicap social pour les pauvres et de dons sociaux
pour les classes aisées.

Ainsi, le structuralisme constructiviste tire sa spécificité de son axiome majeur, celui de


la violence symbolique comme constitutive du social. Cette violence est doublement arbitraire,
puisqu'elle impose des significations arbitraires à travers un pouvoir arbitraire. Elle
institutionnalise un pouvoir méconnu qui est la violence symbolique qui parvient à imposer des
significations comme légitimes, en dissimulant les rapports de forces qui les sous-tendent. Elle
s’instaure par le biais de l’éducation et des médias. Cette approche théorique synthétise la
sociologie marxiste, celle holiste et celle wébérienne. Pierre Bourdieu emprunte à Karl Marx
les concepts de classe sociale, de rapports de force, de rapports de production, de dominants,
de dominés, etc., à Emile Durkheim sa théorie holiste et son concept d’habitus, et à Max Weber
son concept d’action sociale et de violence symbolique. Il s’est servi de concepts sociologiques
pour expliquer sa théorie de la reproduction sociale. Les concepts principaux de sa théorie sont
: l’habitus, le capital culturel et symbolique, le champ, la violence symbolique légitime.

3. L’’individualisme méthodologique de Raymond Boudon

Raymond Boudon est un sociologue français contemporain de Pierre Bourdieu, d’Alain


Touraine et de Michel Crozier, né le 27 avril 1934 Paris et décédé le 10 avril 2013 à Paris. Ses
premiers travaux, consacrés aux méthodes, avaient pour objectifs la critique des
conceptualisations et l’étude de l’analyse mathématique des faits sociaux. Mais après avoir
constaté une crise de la sociologie dans les années 1970, surtout en France, il développe une
critique vigoureuse des différentes formes de sociologies qui nient la liberté des acteurs. A cette
époque, le courant holiste, qui réduit le sujet à n’être que la résultante des déterministes
extérieurs, régnait en maitre en France. Raymond Boudon développe alors l’individualisme
méthodologique, terme qui apparaît en 1871 chez Karl Menger (économiste autrichien néo-
classique), et repris par Joseph Schumpeter (économiste situé à la frontière entre l'école
classique et néo-classique) dans le domaine de la sociologie. Cette expression est le point de
départ de l'approche compréhensive de Max Weber.

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Tout au long de son parcours, Raymond BOUDON a été influencé par des auteurs (Max
Weber, Vilfrédo Pareto, Talcott Parsons, entre autres). Sur ce, leurs courants de pensée ont
fortement contribué à l’élaboration de l’individualisme méthodologique. Ainsi dit, cette théorie
sociologique s’appuie de :

 l’utilitarisme de l’économie politique classique de John Stuart Mills qui stipule que
l’individu est rationnel et se décide toujours selon ses intérêts ;
 l’interactionnisme de Talcott Parsons qui postule l’idée que la conduite humaine est
motivée par les significations que trouve l’acteur dans le monde qui l’entoure ;
 les positions épistémologiques de Karl Popper pour qui le principe de la rationalité est
avant tout une approximation de la réalité ;
 Vilfrédo Pareto qui, dans sa théorie des actions non-logiques, estime qu’un
comportement est rationnel quand les moyens utilisés par un individu sont en adéquation
avec les buts qu’il s’est fixé.

Selon Raymond Boudon, la notion d’individu désigne en sociologie une propriété que
certains sociologues tiennent pour caractéristiques de certaines sociétés et particulièrement des
sociétés industrielles modernes. Dans ces sociétés, l’individu est considéré comme une unité de
référence fondamentale, à la fois pour lui-même et pour la société. C’est l’individu qui décide
de son métier, qui choisit son conjoint. Il assume "en toute liberté" ses croyances et ses opinions.
Son autonomie est plus grande dans les sociétés "traditionnelles". A ce niveau, Raymond
Boudon reprend la dichotomie qu’Emile Durkheim faisait des sociétés dans lesquelles règne la
solidarité mécanique des sociétés qui développent la solidarité organique. Dans les premières
catégories, la marge de manœuvre de l’individu sur la communauté est très réduite, alors qu’elle
est beaucoup grande dans les secondes. On pourrait en quelle sorte dire que les sociétés
industrielles sont par essence de type individualiste.

Le principe de l’individualisme méthodologique fait l’objet d’un large consensus en


économie, mais en sociologie, la situation est toute autre. En sociologie, l’individualisme
méthodologique est opposé aux théories objectivistes et déterministes inspirées d’Auguste
Comte. Il reconstruit les motivations des individus, appréhende les phénomènes sociaux comme
étant l’agrégation des comportements individuels et met la primauté sur l’individu au détriment
du collectif. Il stipule que chaque individu agit d’une manière rationnelle et logique, que la
société n’est pas plus que la somme des individus qui la composent et que les individus

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possèdent leur libre arbitre. Il pose le principe fondamental selon lequel toute explication d’un
phénomène social doit prendre pour un seul point de départ le comportement des individus,
leurs choix et leurs motivations face aux contraintes de leurs situations.

Selon Raymond Boudon, pour expliquer le comportement ou les croyances de l’acteur


social, il faut tenter de démontrer que celui-ci a des raisons de faire ce qu’il fait ou de croire ce
qu’il croit. L’intentionnalité rationnelle de l’action individuelle conduit donc nécessairement à
concevoir les acteurs sociaux comme autonomes par rapport aux structures sociales. Mais cela
ne signifie pas pour autant que toute influence de l’environnement serait exclue. L’acteur social
est doté d’une autonomie variable en fonction du contexte dans lequel il se trouve.

L’individualisme méthodologique appréhende les phénomènes, qu’ils soient d’ordre


démographique, économique ou sociologique, comme le résultat de l’agrégation des
comportements individuels. Mais ces principes ne veulent en aucune façon dire que les actions
individuelles soient intégralement libres et indépendantes des contraintes sociales. Au contraire,
ces dernières délimitent le champ du possible, mais ne bornent pas le champ du réel. La notion
même de contrainte n’a de signification que par rapport aux notions d’action, d’intention, de
projets des acteurs. Par exemple, un individu qui n’a pas d’intention d’achat n’est exposé à
aucune contrainte budgétaire. La notion de structure sociale ne peut recevoir de signification
que si on la réfère aux intentions et projets des acteurs. L’individualisme méthodologique
examine comment s’opère l’agrégation des actions individuelles. Quelles en sont les
conséquences ? Et comment émerge un phénomène social à partir des comportements
individuels ?

Raymond Boudon offre une image plus réaliste de l'acteur individuel, l'Homo
sociologicus qu’il essaie de définir est un être complexe, à la fois déterminé par des valeurs et
des intérêts, et agissant selon une certaine rationalité. S’il n'est pas un automate guidé par des
valeurs prédéterminées, ce n'est pas non plus nécessairement un maximisateur avide de pouvoir
et de profit. Raymond Boudon le situe dans cet entre-deux, entre rationalité individuelle et
déterminisme culturel. Par exemple, s’il est incontestable que l'acteur inséré dans un système
fonctionnel occupe des rôles, la variance entre les rôles et l'existence de sous-rôles font qu'il
n'est pas contraint de les exécuter mécaniquement.

Par ailleurs, à travers l'étude des systèmes d'interaction, Raymond Boudon en montrant
l'existence d'effets pervers (résultat non intentionnel de l'agrégation d'actions intentionnelles)
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fournit un cadre explicatif à la création de certaines normes et règles sociales. L'idée est que les
acteurs confrontés à des effets pervers mettent en place un cadre normatif pour les contourner.
Chaque acteur agit suivant une intention personnelle et il en découle une suspension de la
production du bien public. Cela oblige les acteurs à mettre en place des structures d'incitation
ou à bloquer l'accès au bien public (ce qui revient à le privatiser).

Raymond Boudon a ainsi appliqué les principes de sa théorie à son ouvrage intitulé
Inégalité des chances : la mobilité sociale dans les sociétés industrielles et publié en 1973. Si
les théories déterministes expliquent les échecs des enfants issus des classes défavorisées par la
place des parents dans la structure sociale, l’individualisme méthodologique se propose de
mettre en évidence les choix des parents liés aux représentations qu’ils se font des coûts et des
avantages des études longues. Il se propose de montrer comment l’agrégation de ces
comportements et de ces choix conduit aux régulations observées. Aussi, si les traditions
holistes (marxiste et durkheimienne) prêtent aux idéologies et aux consciences collectives une
forme de réalité et de postuler que ces systèmes de représentations participent à la détermination
des comportements individuels, l’individualisme méthodologique s’interroge sur les adhésions
des individus à des idées qui sont, scientifiquement, fausses. Raymond Boudon se propose de
comprendre comment les individus, à partir de leur position sociale, ou en raison de la
représentation qu’ils se font de leurs intérêts, adhèrent à des valeurs ou des idées qui sont, en
réalité, fausses.

4. L’analyse stratégique de Michel Crozier

Michel Crozier est né le 6 novembre 1922 et décédé le 24 mai 2013. Il est le principal
concepteur de l’analyse stratégique. Après avoir étudié les mouvements ouvriers en France en
1949, puis les syndicats américains en 1951, il s’est consacré à la sociologie des organisations
qui constitue, selon lui, la meilleure introduction à une connaissance générale des sociétés
contemporaines et de leurs crises. Il publia Le Phénomène bureaucratique en 1964, un ouvrage
dans lequel il met à nu les rouages organisationnels cachés et les relations de pouvoir qui
apparaissent comme le principal élément structurant de l’organisation. En 1977, Michel Crozier,
en collaboration avec Erhard Friedberg, au lieu d’adopter l’approche bureaucratique des
organisations, comme le faisait Max Weber, il initie une approche particulière des organisations.

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Ensemble, ils se proposent d’élaborer une théorie générale des organisations qui rend compte
de l’action collective qui se réalise dans toute organisation, à travers les relations de pouvoir et
les choix stratégiques des acteurs. Il s’agit d’une approche qui comprend et explique les
dysfonctionnements des mécanismes bureaucratiques et les raisons de leur inefficacité. C’est
une approche qui élargit les recherches antérieures et intègre davantage les principes de
l’analyse systémique permettant une approche plus dynamiques des systèmes. C’est une
approche qui, loin de reproduire l’organigramme, admettent que les relations de pouvoir
reposent sur des données implicites, notamment la maîtrise des zones d’incertitude. Michel
Crozier montre également comment la centralisation et la multiplication des règles aboutissent
à la constitution de « cercles vicieux bureaucratiques » qui rigidifient l’organisation. Il s’est
imposé comme le théoricien de l’Analyse Stratégique, approche qui désigne à la fois une
perspective sociologique spécifique et une méthode d’analyse des organisations.

L’analyse stratégique est constituée d’un ensemble de concepts clés :

a) Le système d’action concret :

La notion de système d’action concret cherche à désigner les phénomènes concrets


vérifiables empiriquement. Il s’agit d’un construit social dont la régulation n’est pas naturelle
dans la mesure où elle s’opère par l’action des jeux structurés auxquels participent les acteurs
sociaux. La nature des règles de ces jeux conditionnent à chaque instant les stratégies des
acteurs, mais sont, en retour, conditionnés par elles. Il n’y a pas qu’une seule stratégie possible
pour chaque acteur. Le système d’action concret n’est donc pas figé ; il est construit par les
acteurs même s’il comporte des éléments plus stables, construits antérieurement et devenus hors
portée des acteurs.
Le système d’action concret recouvre deux réalités : le système des alliances et leurs
contraintes et le système de régularisation. Le système des alliances est généralement
provisoire et porte sur la manière dont les relations se font, se défont et se refont au sein d’une
organisation. Quant au système de régulation, il englobe l’ensemble des règles de relation que
se donnent les acteurs pour résoudre les problèmes quotidien de l’organisation. Il est durable et
organise les relations stables et régulières.

b) Les zones d’incertitude :

Dans l’analyse stratégique, l’incertitude est définie par rapport au renforcement du jeu
de l’acteur, c’est-à-dire comme une autonomie. Celle-ci provient soit de l’environnement
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extérieur, soit dans l’imprévisibilité du comportement des acteurs. Michel Crozier défend la
thèse selon laquelle, l’acteur n’existe pas au dehors du système qui définit la liberté qui est
sienne et la rationalité qu’il peut utiliser dans son action. L’acteur n’est jamais totalement
contraint dans une situation organisationnelle, il a une certaine marge de liberté. C’est cette
marge de manœuvre que Michel Crozier appelle zone d’incertitude. Ce faisant son
comportement est le résultat d’une stratégie rationnelle. Mais cette rationalité n’est pas pure,
elle est limitée. Alors, l’organisation ne peut pas être assimilée à un mécanisme ; c’est un
« construit social » élaboré pour répondre à des fins. Ce « construit social » engendre à la fois
des contraintes et aussi des zones d’incertitudes. Dans un tel système, l’acteur détient une marge
d’autonomie, créant ainsi une zone d’incertitude. Cette marge d’autonomie, plus ou moins
étendue selon les fonctions, permet à chacun de choisir ses stratégies pour majorer ses
avantages. Ce système engendre des relations de pouvoir, d’influence, de marchandage et de
calcul. Le contrôle des incertitudes donne du pouvoir, lequel pouvoir définit, caractérise et
conditionne toutes les relations sociales.

c) L’environnement extérieur :

Les incertitudes venant de l’environnement sont par exemple le changement des


techniques de production ou de communication, l’évolution des marchés, le recrutement de
nouveaux membres, etc. Ces incertitudes fortes ne sont toutefois à prendre en compte que
comme des contraintes que les acteurs vont intégrer dans leur jeu. Elles ne peuvent en aucun
cas être prises comme des données que les acteurs devraient passivement subir. Toute
incertitude de ce type doit être regardée comme un élément qui sera intégré par les acteurs dans
les stratégies de l’organisation. C’est le refus de cette intégration ou un mauvais calcul à son
égard qui peut faire couler l’entreprise-organisation. Toutes les incertitudes rentrent dans le jeu
des acteurs dont elles renforcent ou diminuent l’autonomie et par là le pouvoir. L’incertitude se
situe donc toujours en relation avec le pouvoir.

d) L’imprévisibilité du comportement des acteurs

Concrètement, elle réside dans la possibilité qu’a l’individu de refuser ou de négocier


ce que l’autre lui demande, ou de chercher à obtenir quelque chose de lui, ou encore de lui faire
payer cher cette demande. Or, cette possibilité existe dans la mesure où l’un a réussi à se
préserver une zone que l’autre ne maîtrise pas et/ou le premier peut rendre son comportement
imprévisible.

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e) Le pouvoir

Le pouvoir est une relation et non pas un attribut des acteurs. Il est lié à la relation
d'échange, de négociation. C'est une relation qui vise un but, qui n'est pas transitive (elle est
directe, pas d'intermédiaire), et qui est réciproque, mais déséquilibrée. C'est un rapport de force
dont l'un peut retirer plus que l'autre, mais où l'un n'est jamais totalement démuni face à l'autre.
Il faut donc étudier le cadre spatial, temporel et social pour mesurer les atouts de chacun, ou les
contraintes qui pèsent sur eux. La possibilité de jouer sur plusieurs relations de pouvoir à la fois
est un plus. L'organisation régularise le déroulement des relations de pouvoir, en affectant la
capacité de jouer de ses membres et en conditionnant leur volonté en fixant des enjeux
suffisamment pertinents et importants. Les ressources d'un acteur ne sont pas toutes pertinentes
ni mobilisables. Les sources de pouvoir sont :

 La possession d'une compétence ou d'une spécialité ;


 Les relations entre l'organisation et son environnement ;
 Le contrôle de la communication interne ;
 L'utilisation des règles organisationnelles.
 La maîtrise de zones d’incertitude.
On peut ainsi déterminer une deuxième structure de pouvoir, véritable organigramme
de l'organisation. D'où la difficulté de trouver des objectifs communs entre acteurs ou entre les
acteurs et l'organisation. Mais l'acteur ne peut utiliser son pouvoir que d'une certaine façon et
dans une certaine limite. Il doit aussi laisser les autres exercer du pouvoir sur lui. Car la zone
d'incertitude commune à tous est la possibilité de survie de l'organisation. Les règles de
l'organisation ne sont pas neutres : tout changement organisationnel va redistribuer les zones
d'incertitude, donc le système d'action. Les acteurs n'ont pas un rôle adaptatif et passif. Ils
utilisent des jeux, en fonction des stratégies possibles. Les dirigeants et responsables ont les
mêmes atouts et les mêmes contraintes.

f) Le concept de stratégie :

Il comprend deux aspects : l’offensif et le défensif. On agit pour améliorer sa capacité


d’action et/ou préserver ses marges de manœuvre. L’idée de stratégie de l’acteur rend compte
du fait qu’il se comporte en fonction du comportement possible des autres et qu’il joue avec
eux en fonction des opportunités qui se présentent, des atouts dont il dispose. Une lecture, après
coup, en découvre le fil directeur, les aspects rationnels : la stratégie, c’est le fondement inféré

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des régularités de comportements observés empiriquement. L’acteur développe des stratégies
dont les suivantes :

 L'acteur n'a que rarement des objectifs clairs et encore moins des projets cohérents
(exemple : des conséquences imprévues de son action l'amenant à reconsidérer sa
position) ;
 Son comportement est actif. Même s'il est toujours contraint et limité, il n'est jamais
totalement limité ;
 Ce comportement a toujours un sens. Cette rationalité est liée, non à des objectifs clairs
et explicites, mais s'organise par rapport à des opportunités (contexte) et par rapport aux
comportements des autres acteurs ;
 Ce comportement présente un double aspect: un aspect offensif, (la saisie d'opportunités
en vue d'améliorer sa situation) et un aspect défensif (le maintien et l'élargissement de
sa marge de liberté) ;
Il n'y a donc plus de comportement irrationnel : c'est là l'utilité du concept de stratégie.
« Derrière les humeurs et les réactions affectives, il est en effet possible à l'analyste de découvrir
des régularités, qui n'ont de sens que par rapport à une stratégie. Celle-ci n'est donc rien d'autre
que le fondement inféré ex post des régularités de comportements observés empiriquement. Il
s'en suit qu'une telle « stratégie » n'est nullement synonyme de volonté, pas plus qu'elle n'est
nécessairement consciente ». (Crozier, Friedberg, 1977:48).

g) Les projets de l’acteur sont rarement clairs et cohérents, mais le comportement n’est
jamais absurde. Il a toujours un sens dans le contexte et en fonction du jeu des autres
acteurs qu’il essaie de décoder ;
h) Chaque comportement est actif, il se décline comme une action et la passivité est une
forme de l’action.

En outre, l’analyse stratégique repose sur un certain nombre de principes sur lesquels la
capacité d’action de l’acteur est supposée reposer.

a) L’organisation est un construit et non une réponse :

Au sein de l’organisation, les acteurs ont bien conscience des contraintes auxquelles ils
doivent faire face, mais ce sont eux qui vont construire sur le terrain l’organisation idéale. Par
exemple, la qualité est bien une contrainte qui s’impose à toutes les entreprises. La manière
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concrète dont cette qualité sera mise en œuvre dans chacune d’elles est, pourtant, construite par
le jeu des acteurs.

b) Les hommes n’acceptent jamais d’être traités comme des moyens au service de
buts que les organisateurs fixent à l’organisation :

Les intérêts des acteurs et ceux des organisateurs peuvent se recouvrir mais jamais
complètement. Aussi, les uns et les autres ne se considèrent-ils jamais comme des moyens au
service des buts de l’organisation. Non pas qu’il n’y ait pas de dévouement ou de sacrifices
consentis par les uns et les autres, les auteurs des Nouvelles approches sociologiques des
organisations (1996) souligne le cas d’une PME au lancement difficile où l’ensemble du
personnel a accepté d’augmenter son temps de travail sans contrepartie. Mais, cela ne va jamais
de soi et passe par de nombreux arrangements, souvent repris et négociés, ne traduisant jamais
une soumission fataliste, ni une adhésion spontanée.

c) La liberté relative des acteurs :

Certes, il y a un cadre formel, des règles édictées ; il y a même des rôles attendus appris
patiemment tout au long du processus de la socialisation organisationnelle. Mais, l’acteur n’est
jamais complètement enfermé dans son rôle, en mettant à profit les ambiguïtés, les incohérences
et les contradictions qu’il recèle.

d) La rationalité des acteurs est limitée :

C’est à Herbert Simon que revient le mérite d’avoir posé les jalons décisifs pour
renouveler complètement le raisonnement sur la rationalité, en proposant le concept de
rationalité limitée. Il s’agit de raisonner avec « une logique à priori, selon laquelle l'homme,
dans une perspective synoptique, chercherait la meilleurs solution à tout problème. » Or, « l'être
humain est incapable d'optimiser. Sa liberté et son information sont trop limitées pour qu'il y
parvienne. Dans un contexte de rationalité limitée, il décide de façon séquentielle et choisit pour
chaque problème qu'il a à résoudre la première solution qui correspond pour lui à un seuil
minimal de satisfaction.» (Crozier, Friedberg, 1977:46).

5. La théorie des mouvements sociaux d’Alain Touraine

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L’œuvre d’Alain Touraine (né le 3 aout 1925) puise ses racines dans les travaux de
Georges Friedman avec qui il a travaillé dans le domaine de la sociologie du travail, de Karl
Marx, de Georges Gurvitch et enfin de Talcott Parsons. Mais l’inspirateur de la théorie des
mouvements sociaux est Karl Marx selon qui, le combat proprement politique et parlementaire
est vain parce que l’infrastructure économique est déterminante en dernière instance et qu’elle
configure donc la superstructure. Or, le capital économique de l’individu est relatif à sa classe
sociale. La classe ouvrière est la classe révolutionnaire. Dans la théorie des mouvements
sociaux, les notions classes sociales et de la lutte des classes occupent une place centrale. Ces
classes, le plus souvent, apolitiques constituent une société civile ayant pour objectifs la défense
des intérêts d’une classe ou d’une nation.

Alain Touraine hérite de Karl Marx sa conception de la société comme un système de


rapports sociaux. Mais, il s’en démarque et se rapproche de la sociologie de l’action de Max
Weber en la voyant surtout comme un système d’action historique sans fil qui transforme et
continue ces mêmes rapports sociaux. Il étudie les mouvements de femmes, le mouvement
estudiantin, le mouvement écologistes, etc. à partir d’un ensemble de ressources théoriques et
méthodologiques spécialement conçues à cette fin. Il soutient que la société n’est pas une
donnée (comme chez Emile Durkheim) et ne peut pas être réduite à son fonctionnement (comme
chez les fonctionnalistes). Elle est la résultante toujours renouvelée des conflits qui opposent
les acteurs collectifs (classes ou mouvements sociaux). Alain Touraine se positionne ainsi dans
l’analyse du rapport entre conflit et action. Son questionnement concerne la compréhension de
l’évolution sociale. Il cherche à comprendre comment une société peut changer, évoluer en
fonction des conflits qu’elle produit. Ces conflits sont issus des mouvements sociaux et non des
individus, d’où selon lui, les possibilités de changement d’une société en fonction des conflits.

La classe sociale est un concept clé dans la théorie des mouvements sociaux. Comme
chez Karl Marx, les classes sociales sont les acteurs caractéristiques des sociétés industrielles.
Mais, à l’image de ce que qu’a fait Darhendorf, Alain Touraine place le rapport de domination
et non d’exploitation au cœur des relations sociales. Il oppose la classe dominée à la classe
dirigeante à qui il assigne trois fonctions :

 elle contrôle l’accumulation ;


 elle organise la production des connaissances scientifiques et techniques ;

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 elle impose son modèle culturel en faisant de sa conception de la créativité une vision
universelle.

Classe dirigeante et classe dominée s’opposent non seulement sur la production et la


répartition de la richesse mais aussi et surtout sur l’organisation sociale et culturelle de la
société. La classe dominante tente d’imposer une vision du monde et une conception de la
créativité qui lui soient favorables. La classe dominée résiste à l’action de la classe dominante
et cherche à préserver son mode de vie.

Alain Touraine a développé également l’analyse du mouvement social. Il pense que pour
exister et se développer comme tel, un mouvement social doit avoir une vision claire de ce qu’il
représente (principe d’identité), de l’adversaire auquel il est confronté (principe d’opposition)
et des enjeux de leurs rapports conflictuels (principe de totalité). Les enjeux des conflits de
classe ne se limitent pas, comme le pense Karl Marx, aux moyens de production, mais aussi à
l’orientation ou au sens que la société donne à son développement, c'est-à-dire au modèle
culturel.

Pour Alain Touraine, un mouvement social est une « action collective organisée par
laquelle un acteur de classe lutte pour la direction sociale de l’historicité dans un ensemble
historique concret », c’est-à-dire lutte pour la détermination des grandes orientations culturelles
de la société. Pour lui, chaque société connait en réalité, un mouvement social et un seul qui
possède les caractéristiques suivantes :

 il est placé au centre des contradictions sociales ;


 il a face à lui un adversaire social clairement déterminé et défini ;
 il est doté d’un projet de changement social.

Selon Touraine, le mouvement ouvrier est un mouvement social central de la société


industrielle, en tant qu’action organisée par laquelle la classe ouvrière met en cause le mode
gestion sociale de la production industrielle et, plus largement, la domination qu’exercent,
selon ses représentants, les détenteurs du capital sur l’ensemble de la vie sociale et culturelle
(Touraine, Dubet, Wieviorka, 1984).

Mais, nous vivons aujourd’hui la fin de la société industrielle et l’avènement d’une société
programmée dans laquelle :

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 le pouvoir de gestion consiste à prévoir et à modifier des opinions, des attitudes, des
comportements, à modeler la personnalité et la culture, à entrer donc directement dans
le monde des valeurs au lieu de se limiter au domaine de la réalité.
 l’enjeu des luttes n’est pas l’utilisation sociale de la technique, mais celle de la
production et de la diffusion massive des représentations, des informations et des
langages. La production de biens symboliques a pris la place centrale qu’occupait la
production des biens matériels dans la société industrielle, (Touraine, 1992).

Dans les sociétés post industrielles, le conflit se déplace de la production de richesses


matérielles vers celle de connaissances, de savoirs et de représentations. Le conflit est alors
clairement culturel et son enjeu est la représentation que la société porte sur elle-même et sur
son avenir. Alors que la classe dominante cherche toujours à faire accepter son modèle culturel,
la classe dominée se trouve de plus en plus décalée vis-à-vis d’un enjeu culturel qui dépasse de
loin l’organisation de la production. Alain Touraine s’est interrogé sur la capacité des
mouvements sociaux du début des années 1970 (mouvements anti-nucléaire, féministe,
régionaliste, etc.) à devenir de nouveaux acteurs sociaux en lutte contre les appareils de
domination. Mais, du fait de leurs ambiguïtés, ces mouvements ne sont jamais devenus, pour
lui, des acteurs centraux de la société postindustrielle.

Nous savons aujourd’hui que les hommes créent collectivement la société dans laquelle
ils vivent. Il n’existe pas d’organisation sociale qui ne soit pas l’œuvre des hommes. En
conséquence, les hommes sont en droit de la transformer. Mais, ces idées ne vont pas de soi.
Les membres de certaines sociétés (les sociétés primitives) estiment que l’ordre social leur est
donné par les dieux ou la nature et qu’ils ne doivent pas le modifier. Alain Touraine appelle
« historicité » cette capacité de la société à agir sur elle-même. En termes clairs, elle revoie à
cette capacité d’une société de construire ses pratiques à partir des modèles culturels qui
commandent les pratiques sociales, mais seulement à travers des rapports sociaux. Alain
Touraine rejoint Edward Palmer Thompson dans son analyse de l’historicité. Pour lui,
l’historicité n’est pas seulement l’inscription des sociétés humaines dans une histoire. Elle est
comprise comme étant la capacité des sociétés humaines de faire leur propre histoire par leurs
propres actions collectives. Elle suppose que, loin d’obéir à un « devenir nécessaire », d’être en
quelque sorte écrite à l’avance comme dans l’historicisme de Karl Marx. Cette histoire reste en
grande partie indéterminée pare qu’elle procède de l’action collective (comme les mouvements
sociaux) d’acteurs sociaux (comme les classes sociales) qui sont engagés dans des rapports
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sociaux (comme les rapports de classes) avec et surtout contre d’autres acteurs sociaux.
L’avenir dépend de l’issue, toujours, provisoire, de ces actions sociales, en particulier des
mouvements sociaux. L’historicité dépend de trois éléments :

 du mode de connaissance qui offre aux membres de la société une représentation de


cette dernière, des relations sociales et de la nature ;
 de l’accumulation et de ce qui est cumulable par la société (capital, les connaissances…)
 du modèle culturel, c’est-à-dire de l’attitude des hommes face à la créativité.

La sociologie tourainiène des 1970 présente donc l’originalité de s’inscrire à la fois dans
une sociologie de l’acteur et dans une sociologie du conflit et de l’action. Mais après
l’effacement de la classe ouvrière puis des mouvements sociaux de contestation comme acteurs
sociaux, on peut se demander s’il existe un acteur central dans les sociétés développées de la
fin du XXème siècle ? Cette interrogation conduit Touraine à modifier profondément ses
analyses au cours des deux dernières décennies et à centrer son attention sur les conflits
opposant l’Etat à ses usages et à l’émergence du sujet. En somme, la sociologie de Touraine se
résume en quatre points :

1) l’historicité est la capacité de la société à agir sur elle-même ;

2) l’historicité est forte dans les sociétés modernes ;

3) les classes sociales sont les facteurs de changement social de la société industrielle ;

4) les mouvements sociaux sont caractéristiques de la société post-industrielle.

Organisée autour de l’accumulation du capital, la société industrielle s’est construit un


modèle culturel laissant une place de plus en plus large à la créativité. L’idée selon laquelle
l’organisation économique dépendait des hommes et devait constamment être renouvelée s’est
progressivement imposée. Les hommes ont ensuite réalisé qu’ils pouvaient exercer leur
créativité dans l’ensemble des domaines sociaux. La société industrielle possède donc une
historicité supérieure à celles qui l’ont précédée.

Héritière de la société industrielle, la société post industrielle accumule, quant à elle,


des connaissances (savoirs scientifiques ou techniques) qui sont la condition de la production
matérielle. L’innovation est de rigueur et la société est toute entière tournée vers le changement.

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La société a alors clairement conscience qu’elle n’a pas son origine dans quelque chose qui lui
est extérieur (Dieu, la nature) mais qu’elle se produit elle-même. Son historicité est donc forte.

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