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RÉSUMÉ. — Cet article a pour principal objet de suivre la mise en place d’une
« métaphysique des possessions » qui trouve son origine dans l’œuvre de Gabriel Tarde.
Elle se caractérise par une substitution ; à l’analyse des fondements et de l’exercice du
pouvoir, elle oppose des questions d’un tout autre ordre, à la fois plus immatérielles et
plus microscopiques : comment s’opère la possession d’un être (qu’il soit physique,
biologique ou technique) par un autre ? Que signifie être possédé par une croyance ou
un désir ? Par quelles voies se transmettent les idées et les inventions dans une société
donnée ? Sous l’apparente diversité de ces questions, il est possible de repérer des
dynamiques communes. C’est la fonction de la « métaphysique » selon Tarde : rendre
compte de principes génériques engagés tout au long de la chaîne des organisations
sociales, des formes les plus primaires de l’association biologique aux formes les plus
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Cet article a pour principal objet de suivre la mise en place et les effets de ce
que nous proposons d’appeler une « métaphysique des possessions », en prenant
comme point de départ l’œuvre de Gabriel Tarde. On pourrait légitimement
s’étonner de l’utilisation du mot « métaphysique » pour désigner l’œuvre de
Tarde. Celle-ci ne relève-t-elle pas, comme l’attestent la plupart des titres de
ses œuvres – La logique sociale, Les transformations du pouvoir, L’opinion et
la foule –, d’une approche essentiellement sociologique qui s’accorde a priori
très mal avec l’idée même d’une relation à la métaphysique par rapport à laquelle
elle était censée rompre ? Plus grave encore : ne risquons-nous pas de réduire
la spécificité des modes d’existence 1, physiques, biologiques, techniques et
sociaux, à l’intérieur d’un ensemble de principes premiers, censés déterminer
une théorie générale que la métaphysique a trop longtemps désignée ? Quelles
en seraient d’ailleurs la fonction et l’utilité ?
Si nous proposons de caractériser cette approche de « métaphysique », c’est
que le concept de possession désigne bien ce que Tarde appelle, dès 1898, dans
son livre Monadologie et sociologie : un « fait universel ». Ce « fait » ne désigne
nullement une catégorie première de l’être à partir de laquelle, par un processus
de complexification croissante, il serait possible de déduire l’ensemble des
formes plus complexes de l’expérience. Il signifie au contraire, selon nous,
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1. Nous reprenons l’expression « modes d’existence » à É. SOURIAU (Les Différents Modes d’exis-
tence, Paris, Presses Universitaires de France, 1943). Cette enquête, initiée par É. Souriau, sur la
multiplicité des modes d’existence sera reprise par des auteurs aussi différents que M. DUFRENNE
(Phénoménologie de l’expérience esthétique, Paris, Presses Universitaires de France, 1953),
G. Simondon, G. MOURELOS (Bergson et les niveaux de réalité, Paris, Presses Universitaires de
France, 1964), G. Deleuze et B. LATOUR (« Sur un livre d’Étienne Souriau : “Les différents modes
d’existence” » in L’Agenda de la pensée contemporaine, Printemps 2007).
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U N E N O U V E L L E M O NA D O L O G I E
Les monades, filles de Leibniz, écrit Tarde, ont fait du chemin depuis leur père. Par
diverses voies indépendantes elles se glissent, à l’insu des savants eux-mêmes, dans
le cœur de la science contemporaine 3.
2. Nous pensons ici principalement à la redécouverte récente de la pensée de Tarde aussi bien
en philosophie (notamment grâce aux travaux d’E. ALLIEZ et de P. MONTEBELLO) que dans les
« Sciences Studies » (Cf. B. LATOUR, « Gabriel Tarde and the End of the Social », in P. Joyce (ed.)
The Social in Question : New Bearings in the History and the Social Sciences, London, Routledge,
1992., et B. LATOUR, Changer de société – Refaire de la sociologie, trad. fr. N. Guilhot, Paris, La
Découverte, 2006).
3. G. TARDE, Monadologie et sociologie, Paris, Les empêcheurs de penser en rond, 1999, p. 33.
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4. Ibid., p. 34.
5. Ibid., p. 36.
6. Ibid., p. 37.
7. Idem.
8. Tarde, Monadologie et Sociologie, p. 40.
9. Ibid., p. 69.
10. Ibid., p. 72-73.
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11. Voir à ce sujet les distinctions très importantes entre « pluralisme ontique », « pluralisme
existentiel », « monisme ontique » et « monisme existentiel » qu’opère E. Souriau dans Les Diffé-
rents Modes d’existence, Paris, Presses Universitaires de France, 1943, p. 4-5.
12. TARDE, Monadologie et sociologie, p. 65.
13. G. W. LEIBNIZ, La Monadologie, Paris, Le livre de poche, 1991, p. 128.
14. TARDE, Monadologie et sociologie, p. 33.
15. L’interprétation que propose A. BADIOU dans Deleuze : « La clameur de l’Être », Paris,
Hachette, 1997, de la philosophie de Deleuze, à savoir que l’univocité que réclame Deleuze renverrait
à une forme d’unité sous-jacente de l’être, nous semble reposer sur un quiproquo. En effet, elle
implique de faire abstraction de cette tradition monadologique selon laquelle le monisme ontolo-
gique devient un réquisit (et non pas un fondement) d’une forme de pluralisme ontique. C’est toute
la question d’une nouvelle approche de l’individuation qui maintiendrait simultanément l’exigence
moniste, selon laquelle les principes dynamiques à l’œuvre dans le réel sont valables pour toutes
les formes d’être, et le principe des indiscernables, qui est ici en question.
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selon laquelle les principes dynamiques à l’œuvre dans l’individuation des êtres
sont les mêmes pour tous, mais s’actualisent de différentes manières. Ainsi, par
exemple, dans Procès et réalité, lorsque Whitehead définit les entités actuelles
(qui correspondent aux monades), il écrit : « Elles diffèrent entre elles : Dieu
est une entité actuelle, et le souffle d’existence le plus insignifiant dans les
profondeurs de l’espace vide en est une aussi. Mais, quoiqu’il y ait entre elles
hiérarchie et diversité de fonction, cependant, dans les principes que manifeste
leur actualisation, toutes sont au même niveau » 16.
Le monisme, selon Tarde, peut se comprendre de trois manières différentes
lorsqu’il est question de cette distinction : soit il s’agit d’envisager « le mouvement
et la conscience, la vibration d’une cellule cérébrale, par exemple, et l’état d’esprit
correspondant, comme deux faces d’un même fait, et l’on se leurre soi-même par
cette réminiscence du Janus antique » 17 ; soit il signifie qu’une réalité plus fon-
damentale en serait la « source commune », mais alors on n’y gagne « qu’une
trinité au lieu et place d’une dualité » 18 ; soit enfin, et c’est la position dans laquelle
s’engage Tarde : on pose « que la matière est de l’esprit, rien de plus » 19. En quoi
ce monisme de l’esprit se distingue-t-il par exemple d’une forme d’idéalisme
subjectif qui affirmerait que la matière n’est que de la représentation ? C’est que
Tarde ne dit pas que la matière est une production de l’esprit, mais qu’elle est déjà,
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16. A. N. WHITEHEAD, Procès et réalité. Essai de cosmologie, trad. fr. D. Janicaud et M. Elie,
Paris, Gallimard, 1995, p. 69.
17. G. TARDE, Monadologie et sociologie, p. 43-44.
18. Ibid., p. 44.
19. Ibid., p. 44.
20. Ibid., p. 55.
21. Ibid., p. 44.
22. Le panpsychisme de Tarde n’est pas sans relation avec le spiritualisme de Bergson. Voir à
ce sujet l’excellent ouvrage de P. MONTEBELLO, L’Autre métaphysique. Essai sur la philosophie de
la nature : Ravaisson, Tarde, Nietzsche et Bergson, Paris, Desclée de Brouwer, 2003.
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Bien que Tarde ne s’engage pas dans la mise en cohérence de ces éléments,
nous pouvons cependant tenter d’en dégager trois principes fondamentaux pour
cette métaphysique des possessions qui nous intéresse : 1. Le processus de
dissolution, dont nous avons retracé le mouvement, permet de soustraire la
possession à toute réalité qui lui serait antérieure et dont elle dépendrait, c’est-
à-dire à toute ontologie première. Au-delà de l’activité possessive, il n’y a rien
qu’un « pur néant » ; 2. Cette activité possessive est un principe d’individua-
tion 23 qui vaut pour tous les êtres ; elle signifie que cette action est à la fois ce
qu’il y a de plus commun aux êtres (fait universel) et ce qui définit leur différence
(les modes de la possession) ; 3. L’activité possessive ne doit pas être confondue
avec l’activité de prise de possession d’un objet par un sujet, ce qui entraînerait
une réduction des dynamiques de possession à des rapports uniquement de
pouvoir. Ce qui distingue ici la possession du pouvoir, c’est le caractère géné-
tique et individuant de la possession : le sujet s’individue parallèlement à l’objet
à l’intérieur d’un espace dynamique plus large et plus microscopique qu’ils
viendront provisoirement occuper. Au « pouvoir sur » qui implique le plus
souvent des entités préexistantes, dont la genèse est déplacée en amont, et un
rapport de domination, il s’agit d’opposer des dynamiques d’activités imper-
ceptibles qui portent sur d’autres activités et qui par leurs relations et leurs
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23. La pensée de Tarde partage avec celle de Simondon un certain nombre de caractéristiques
remarquables. Voir à ce sujet, M. COMBES, Simondon : individu et collectivité, Paris, Presses Uni-
versitaires de France, 1999.
24. Nous reprenons l’expression à G. SIMONDON, L’Individuation à la lumière des notions de
forme et d’information, Paris, Jérôme Millon, 2005.
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tation que nous voudrions en donner ici, le point d’intersection entre deux
forces possessives : la croyance et le désir.
Tarde s’est très tôt intéressé à ces deux « forces de l’âme » dans lesquelles
il voyait la source de tous les phénomènes psychologiques et sociaux. Dans son
premier article philosophique, « La croyance et le désir », publié en 1880, il
écrit déjà : « Au fond des phénomènes internes, quels qu’ils soient, l’analyse
poussée à bout ne découvre jamais que trois termes irréductibles, la croyance,
le désir, et leur point d’application, le sentir pur » 25, et il ajoute : « Les deux
premiers termes sont les formes ou forces innées et constitutives du sujet » 26.
Ainsi, elles apparaissent comme les forces originaires de toutes les facultés
– mémoire, perception, imagination – et qui, par leurs compositions et relations,
produisent les formes plus complexes de l’expérience du sujet. Elles ne se
limitent d’ailleurs pas à la constitution du sujet mais se déploient à l’extérieur,
dans les relations entre les sujets, et deviennent, par complexification croissante,
le « ciment » des sociétés :
Peut-on nier que le désir et la croyance soient des forces ? Ne voit-on pas qu’avec
leurs combinaisons réciproques, les passions et les desseins, ils sont les vents perpé-
tuels des tempêtes de l’histoire, les chutes d’eau qui font tourner les moulins des
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ception à une autre » 32. L’objet de l’appétition est donc la perception, une
perception sans doute encore virtuelle mais qui n’en est pas moins réelle en tant
qu’insistante à l’intérieur de la monade, sans laquelle elle n’aurait aucune exis-
tence ; elle ne serait qu’une abstraction vide de sens. L’appétition n’est pas
générale, elle ne détermine pas une fin commune qui vaudrait pour tous les
êtres et qui définirait par là même une tendance uniforme de l’univers, mais
elle est située à l’intérieur de telle perception en vue de tel changement d’inten-
sité. Tout se passe donc comme si chaque perception était traversée d’une
dimension supérieure, une visée qui lui était immanente mais qui la projetait
au-delà d’elle-même et l’entraînait vers une nouvelle perception. Et certes cet
« appétit ne saurait toujours parvenir entièrement à toute la perception où il
tend, mais il en obtient toujours quelque chose » 33.
Le désir, qui correspond donc à l’appétition, est l’activité possessive de la
monade qui vise à s’en approprier d’autres : « L’action possessive de monade
à monade, d’élément à élément, est le seul rapport vraiment fécond » 34. Une
monade n’existe, selon Tarde, qu’à ce prix ; son activité possessive se confond
avec son être. On ne demandera donc pas les raisons de cette propension de la
monade à s’en approprier d’autres car cela supposerait qu’il y ait des fins
envisageables au-delà de celle que Tarde pose comme ultime : « Tout être veut,
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préexiste à ses expressions » 37. Certes, l’univers « n’existe pas hors de ce qui
l’exprime, hors des monades elles-mêmes ; mais ces expressions renvoient à
l’exprimé comme au réquisit de leur constitution » 38. Leibniz, en refusant toute
influence des monades, a fait « de chacune d’elles une chambre obscure où
l’univers entiers des autres monades vient se peindre en réduction et sous un
angle spécial » 39. Rien d’étonnant alors au fait que Leibniz soit revenu plus
d’une fois sur la question de la communication des monades pour adopter
finalement l’idée d’un « vinculum substantiale » 40.
Chez Tarde, au contraire, l’univers n’existe qu’au prix de la multitude infinie
de ces conflits au sein desquels les monades « aspirent au plus haut degré de
possession ; de là leur concentration graduelle » 41. Elles composent les unes
avec les autres, influent et se métamorphosent par leurs rencontres. L’indivi-
duation des êtres ne va pas d’un univers à ses expressions (les monades), mais
d’activités possessives à des concentrations graduelles qui donnent naissance
aux formes de plus en plus complexes de l’univers.
Les deux forces tardiennes, croyance et désir, seront susceptibles d’articuler
le plus petit, le plus élémentaire, au plus grand, au plus massif, parce qu’elles
définissent des régimes de possession distincts, mais interdépendants, qu’on
peut caractériser par deux mouvements : contraction et expansion. En même
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37. G. DELEUZE, Différence et répétition, Paris, Presses Universitaires de France, 1968, p. 68.
38. Idem.
39. G. TARDE, Monadologie et sociologie, p. 56.
40. Au sujet de la théorie du « vinculum substantiale », voir M. BLONDEL, Une énigme historique.
Le « vinculum substantiale » et l’ébauche d’un réalisme supérieur, Paris, Gabriel Beauchesne, 1930,
A. BOEHM, Le « vinvulum substantiale » chez Leibniz, Paris, Vrin, 1938, et enfin C. FREMONT,
L’Être et la relation, Paris, Vrin, 1981.
41. G. TARDE, Monadologie et sociologie, p. 93.
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biologiques, techniques ou humaines ? Nous avons dit que les monades, par
leurs désirs et leurs croyances réciproques, formaient des « concentrations gra-
duelles » qui déterminaient des ordres d’appartenance qu’on peut lier à des
dynamiques collectives de possession. Des monades, qui ne sont que des fais-
ceaux d’actions possessives, avides d’en posséder d’autres, sont à leur tour
objets de possession et, par cette réciprocité de la possession, elles transforment
des agrégats en sociétés. Elles sont simultanément actives et passives, puissance
de se laisser approprier et de prendre 42. L’émergence des sociétés est à ce prix ;
elle suppose la collaboration active de toutes les monades qui s’engagent, même
dans leurs répulsions et oppositions, à faire exister cet être-collectif qui n’est
autre que la consolidation de leurs liens.
À la question « qu’est-ce qu’une société ? », la réponse de Tarde est d’une
extraordinaire simplicité : c’est « la possession réciproque, sous des formes
extrêmement variées, de tous par chacun » 43. Le concept de société acquiert
une extension inédite qui fait dire à Tarde que « toute chose est une société,
tout phénomène est un fait social » 44. De la matière inerte aux organisations
sociales, nous retrouvons une même logique qui se déploie à des échelles
différentes, et donc à l’intérieur de nouvelles contraintes, de rapports de pos-
sessions réciproques :
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Multiplicité des opérations par lesquelles des êtres avides, désirant, produisent,
par leur rencontre, sous forme de convergences, d’oppositions, d’alliances, les
liens qui les maintiendront, aussi longtemps qu’ils le peuvent, dans une his-
toire commune. La ressemblance entre les monades est d’ailleurs la forme
la plus pauvre de leur appartenance à une même « concentration ». Elles com-
muniquent et se relient plutôt par la disparité de leurs fins et de leurs ten-
dances.
Tout rapport harmonieux, profond et intime entre éléments naturels devient créateur
d’un élément nouveau et supérieur, qui collabore à son tour à la création d’un élément
autre et plus élevé ; à chaque degré de l’échelle des complications phénoménales de
l’atome au moi, en passant par la molécule de plus en plus complexe, par la cellule
ou la plastidule d’Hoeckel, par l’organe et enfin par l’organisme, on compte autant
d’êtres nouveaux créés que d’unités nouvelles apparues 47.
Didier DEBAISE
Université Libre de Bruxelles