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VIGNETTE : ANCELIN, 10 ANS

Ancelin présente des difficultés aussi bien pour s’exprimer à l’oral que pour lire et s’exprimer à l’écrit.
Son langage est déviant, atypique depuis qu’il est petit : il inverse les lettres dans les mots, en ajoute,
complexifiant certains mots, confond les mots dont les sonorités sont proches. Cela amusait les adultes
lorsqu’il était petit, qui trouvait cela très mignon.
Mais ces transformations et erreurs persistant, cela a alerté ses parents ainsi que ses enseignants.
D’autant qu’Ancelin présente également des difficultés importantes en orthographe ainsi qu’en lecture
(lecture lente, et lecture à voix haute hésitante, peu fluide). Cela a impact sur ses performances scolaires
car il peine à terminer ses contrôles et perd souvent des points du fait de ses fautes d’orthographe.
Par ailleurs, Ancelin a une très bonne mémoire visuelle, une bonne culture générale, est décrit par ses
enseignants comme un élève curieux et intelligent avec des raisonnements fins et des réflexions souvent
élaborées pour son âge. Il est bien intégré dans sa classe, a de bons copains qu’il garde d’année en
année.
MOTS CLEFS : Dysphasie phonologique, dyslexie – dysorthographie.

ÉPIDÉMIOLOGIE :
Il est classiquement admis que la dysphasie de développement touche environ 1 à 2% des enfants d’âge
scolaire.
Ce trouble est 3 fois plus fréquent chez les garçons.
Certaines études concluent à une prévalence des troubles spécifiques du langage oral à l’âge préscolaire
allant jusqu’à 5 à 10 % (Bonneau, 2014). La grande majorité d’entre eux ont un langage « normalisé » à 6
ans, si bien qu’il convient alors de parler de retard simple de langage et non de dysphasie.

@ Psyadom.com 2019
PHYSIOPATHOLOGIE :
La compréhension et la production de langage font intervenir l’audition, les organes phonatoires
(nécessaires à la production de sons) ainsi que de nombreuses fonctions assurées au niveau cérébral. Pour
rappel, la dysphasie concerne les fonctions supportées au niveau cérébral, qu’il s’agisse du traitement des
sons, de la mémorisation et reconnaissance des mots ou de la syntaxe, ou encore de la programmation,
au niveau cérébral, des mouvements bucco-faciaux qui permettront d’émettre correctement les
phonèmes, syllabes etc.
Plusieurs fonctions peuvent être en cause (Plaza, 2004) :
Ø Déficits perceptifs et temporels : impact sur la discrimination des séquences auditives dont les
séquences linguistiques (phonèmes, syllabes, etc.), prérequis pour ensuite reconnaître les mots.
Ø Déficit morphosyntaxique : traitement des indices morphologiques (morphèmes : préfixes, suffixes, etc.)
et syntaxiques (agencement des mots dans une phrase).
Ø Déficit intermodal : il s’agit de la capacité à associer forme sonore du mot (ce qui est entendu) – sa
production (ce qui est articulé) et ce qui est vu (mouvements des lèvres de son interlocuteur). Cette
hypothèse intermodale ferait intervenir les neurones miroirs (activation des aires motrices
correspondantes aux mouvements observés chez l’autre). Le petit enfant, lorsqu’il observe ses parents
parler apprendrait en quelques sortes les « gestes phonétiques » qu’il mettra lui-même en œuvre
lorsqu’il commencera à parler.
Etant donné la complexité et la multitude de fonctions en jeu, les réseaux neuronaux et aires cérébrales à
l’œuvre dans le langage sont nombreux.

ÉTIOLOGIE :
Les causes de la dysphasie est un trouble neurodéveloppemental. Ses causes sont par définition sont
multifactorielles.
La susceptibilité génétique est importante comme en attestent les études réalisées chez les jumeaux et
l’augmentation du risque relatif chez les apparentés (membres d’une même famille) de présenter
également une dysphasie (risque 2 à 7 fois plus important). Plusieurs gènes ont été incriminés, entre
autres FOXP2 et autres gènes situés sur les chromosomes 7, 16 et 19 (Bonneau, 2004). Les facteurs
génétiques sont retrouvés dans environ 70 % des cas. Il s’agit d’une des affections dont la part de
génétique est la plus forte.
La susceptibilité génétique est partagée avec d’autres troubles. Ainsi, les apparentés (fratrie) sont plus à
risque eux-mêmes de présenter une dysphasie, un troubles spécifique des apprentissages ou un trouble
du spectre de l’autisme.

MESURE DE L’IMPACT GÉNÉTIQUE : LES ÉTUDES DE JUMEAUX.


Les études de jumeaux sont très utiles pour mesure l’influence des facteurs génétiques dans un trouble.
Pour rappel, les jumeaux monozygotes (« vrais jumeaux ») partagent l’intégralité de leur génome alors que les
dizygotes (ou « faux jumeaux ») ne partagent en moyenne que 50 % de leurs gènes.
Les écarts observés entre les jumeaux monozygotes permettent d’évaluer le poids de l’environnement.
Les écarts observés entre jumeaux monozygotes et dizygotes, qui partagent le même environnement,
permettent d’évaluer le poids de la génétique. La responsabilité des facteurs génétiques est mesurée par un
indice : l’héritabilité.

Concernant la dysphasie, les études constatent une héritabilité d’environ 70 %.


(Bonneau et al. 2014). 2

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