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Introduction

Le mot pétrole (du latin médiéval petrae oleum, huile de pierre) désigne un
ensemble de produits et dérivés variés, communs et utilisés depuis la plus haute
antiquité. La plus ancienne utilisation citée par les textes se trouve dans la Bible
judéo-chrétienne au moment du déluge quand Dieu dit à Noé : « Fais-toi une arche
en bois de résineux, tu la compartimenteras et tu l’enduiras de bitume par dedans et
par dehors ». Cette pratique du calfatage des embarcations était courante chez tous
les peuples Sumériens, Assyriens, Chaldéens, Egyptiens, Phéniciens et Carthaginois
de l’antique Méditerranée ; ils utilisaient le pétrole pour protéger les momies,
s’éclairer et faire la guerre. Son pouvoir calorifique était déjà ainsi connu depuis
bien longtemps.
Quant à la recherche du pétrole par forage, elle était pratiquée par les Chinois bien
avant l’ère chrétienne, en utilisant des tubes de bambous et des tuyaux de bronze.
Chez les Romains et au Moyen-âge se développent les applications
pharmaceutiques du bitume contre la toux, les hémorragies, les douleurs
articulaires, … On peut également citer l’utilisation des feux éternels.

Vers 1850, à Titusville en Pennsylvanie (USA), Samuel Kier recueillit un liquide


noirâtre sur des nappes d’eaux et le vend aux pharmaciens sous le nom de « Baume
de Kier ». Devant ce succès, des financiers vont créer la « Seneca Oil Company » et
confient les opérations à Edwin L. Drake qui se fera appeler colonel pour asseoir
son autorité. Drake décide de faire un forage qui atteindra 23 mètres de profondeur
et permettra en août 1859 au pétrole de jaillir. C’est la ruée vers l’or noir, la région
de Titusville se transforme en une forêt de derricks et c’est le début de l’ère
moderne du pétrole. En 1887, Bucarest est éclairé au pétrole.
L’apparition de l’automobile va faire augmenter ce besoin en pétrole. Plus tard
viendront d’autres applications : avions, matières plastiques, fibres synthétiques, …
de l’ère industrielle.

La recherche pétrolière se fait en trois phases :


- Phase de recherche géologique, y compris la géochimie ou prospection
préliminaire au cours de laquelle le géologue pétrolier cartographie les
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limites du bassin, fait l’analyse, i.e. étude des contextes tectoniques et styles
déformationnels, de la lithostratigraphie, du système pétrolier ; et la
modélisation, i.e. : simulation du cheminement des sédiments, des
paléomilieux, de l’évolution thermique, et l’estimation des volumes d’huiles
générées dans le bassin sédimentaire. Il procède également à la récolte des
indices liquides et solides ;
- Phase d’exploration géophysique : gravimétrique et magnétométrique pour
déterminer l’épaisseur de la couverture au-dessus du soubassement ainsi que
la topographie de ce dernier et localiser les sites d’implantation des forages
stratigraphiques ; la sismique permet de voir la géométrie des couches
sédimentaires ; délimiter le protoprospect et définir la stratégie des forages
d’exploration ;
- Phase de forages stratigraphiques et d’exploration.

La géologie du pétrole se rattache donc étroitement aux grands phénomènes


géologiques et géodynamiques, que l’on peut situer schématiquement suivant trois
ordres de grandeur allant par voie décroissante de la tectonique des plaques aux
mécanismes sédimentaires en passant par la naissance des bassins.

L’objectif de ce cours est de rendre le futur géologue pétrolier capable de définir le


système pétrolier d’un bassin et de procéder à l’estimation des réserves en place
dans le bassin sédimentaire.

Ce cours comprend quatre chapitres :


- Chapitre I : Définition et composition des hydrocarbures
- Chapitre II : Formation et distribution des roches-mères
- Chapitre III : Mécanismes thermiques pour la formation des hydrocarbures
- Chapitre IV : Réservoirs et pièges
Liste des ouvrages
- Source rocks, Formation and Distribution": A.Y. Huc (2005) Encyclopedia
of Hydrocarbons

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- Elements de Géologie pétrolière, 1ère Partie, Les grande lignes de l'origine et
la constitution des gisements de pétrole. P.C. de Granciansky (1999) Cours
de l'Ecole des Mines de Paris.
- Elements de Géologie pétrolière, 2ème Partie, De la roche mère au gisement,
formation de l'huile et du gaz": A.Y. Huc and P.C. de Granciansky (1999)
Cours de l'Ecole des Mines de Paris.
- Petroleum in the South Atlantic": A.Y. Huc (2004) Oil and Gas Science and
Technology. (french version:"Le pétrole des profondeurs océaniques", Pour
la Science (may 2003) and "Le pétrole de l'Atlantique Sud", Pétrole et
Technique (september-october 2003)
- Geochemistry in a reservoir and production perspective". A.Y. Huc, B.
Carpentier, G. Guéhénneux, C.Magnire (1999), SPE 53146
- Reservoir Geochemistry and Reservoir compartmentalisation". A.Y. Huc
(2001) SPE workshop 14th-16th novembre 2001, London
- Origin of HeavyOils”. A.Y. Huc (2007), in production and refining of heavy
oils, Ed A.Y. Huc, Technip, Paris
- Habitat of biodegraded heavy oils: industrial implications” .R. Eschard and
A.Y. Huc, 2007, Oil and GasScience and Technolog.
- Géodynamique pétrolière” (1985) : A.Perrodon, Masson & Elf Aquitaine,
Paris.
- Géologie de la matière organique (2007) : Bauduin et al., Soc. Géol. France.
- Applied Petroleum Geochemistry: Bordenave, M.L. (1993), Technip ed., 524
p.
- Molecular geochemistry in oil exploration In : Applied petroleum
- Geochemistry, Connan, J. (1993), Ed Bordenave M.L. Technip ed, 524p
- Kerogen, insoluble organic Matter from Sedimentary Rocks: Durand, B.
(1980), Technip ed., 519p.
- Deposition of organic Facies : Huc, A.Y. (1990), AAPG Studies in Geology
30, 347 p.
- Paleogeography, Paleoclimate, and Source Rocks : Huc, A.Y. (1995), AAPG
Studies in Geology 40, 234 p.

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- Petroleum Geochemistry and Geology: Hunt, J.M. (1996), W.H. Freeman
ed., 743 p.
- Petroleum Source Rocks: Katz, B.J. (1995), Springer-Verlag ed., 327 p.
- An introduction to Organic Geochemistry: Killops, S.D., and V.J. Killops
(1993), Longman Scientific & Technical ed., 265 p.
- The Petroleum System, from source to trap : Magoon, L.B., and W.G. Dow
(1994), AAPG Memoir 60, 655 p.
- Petroleum systems of South Atlantic Margins : Mello, M.R., and B.J. Katz
(2000), AAPG Memoir 73, 451 p.
- Biological Markers in Sediments and Petroleum : Moldowan, J.M., Albrecht,
P., and R.P. Philp (1992), Prentice Hall ed., 411 p.
- The Biomarker Guide, Volume 1: Biomarkers and isotopes in the
environment and human history; volume 2: Biomarkers and isotopes in
petroleum exploration and earth history, Peters, K.E., Walters, C.C. and J.M.
Moldowan (2005), 2nd ed, Cambridge University Press, 1131p total.
- Petroleum Formation and Occurrence : Tissot, B.P., and D.H. Welte (1984),
Springer-Verlag ed., 699 p.
- Sedimentary Organic Matter, Organic facies and palynofacies: Tyson, R.V.
(1995), Chapman & Hall ed., 615 p.
- Organic geochemistry, principles and applications : Engel M.H., and S.A.
Macko, (1993), Plenum Press ed 861p.

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Chapitre I. Définition et composition des pétroles bruts

I.1. Définition
Pour beaucoup de profanes, une roche s’identifie à un caillou ou à une pierre, c’est-
à-dire qu’elle correspond à un corps dur. Certes, ceci est vrai pour la plupart des
roches mais il en est qui sont plastiques et malléables comme les argiles, alors que
d’autres sont meubles à l’exemple des sables. En réalité, l’appellation de roche
s’adresse à tout matériau constitutif de l’écorce terrestre quelles qu’en soient les
propriétés voire même l’aspect physique. On ne peut à ce propos, manquer de
rappeler que si les roches sont généralement à l’état solide, celles qui sont
emmagasinées dans les gisements pétrolifères sont soit des huiles liquides, soit des
gaz.
Ce dernier type des roches forme la grande famille des pétroles ou bitumes. Ce sont
des fluides qui se présentent généralement à l’état liquide ou à l’état gazeux dans les
conditions habituelles. Dans l’industrie pétrolière, le bitume est un dérivé du
pétrole, fraction lourde de la distillation de certains pétroles ; existant à l’état
naturel, il est un produit d’altération du pétrole brut. L’asphalte désigne également
dans la profession pétrolière une roche sédimentaire imprégnée de bitume, produit
hydrocarburé épais ou solide.
La principale propriété économique des pétroles est leur pouvoir calorifique qui le
fait utiliser comme source d’énergie. Ce pouvoir varie en fonction de la densité et
de la composition chimique ; le rapport approximatif est 1,5 tonne-charbon = 1
tonne-pétrole = 1000 m3 gaz.

I.2. Composition des huiles et de gaz


Les huiles et les gaz sont constitués de molécules d’hydrocarbures, les atomes de
carbone et hydrogène, et des composés NSO contenant des atomes additionnels,
incluant l'azote (N), le soufre (S) et l’oxygène (O). Le terme « hydrocarbures » est
donc chimiquement incorrect mais largement accepté.
Les hydrocarbures solides sont des résines, asphaltènes, ... Les bruts légers
présentent une forte proportion des liquides et des gaz tandis que les bruts lourds
renferment d’importantes quantités des solides. Ces différentes espèces retrouvent
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leur individualité au cours de la distillation. Les méthodes d’analyse
chromatographique et spectrométrique permettent une caractérisation fine des
espèces atomiques ou moléculaires, constituant les huiles et les gaz pétroliers.
Le point focal de la structure des hydrocarbures est la nature tétravalente de l’atome
du carbone, moyennant son aptitude à être lié à d’autres atomes par ses quatre
liaisons covalentes. De ce point de vue, les hydrocarbures se répartissent en trois
familles suivantes : les hydrocarbures saturés linéaires ou cycliques, les
hydrocarbures insaturés non aromatiques et les résines et asphaltènes.

a) Les hydrocarbures saturés : alcanes et cyclanes


Les saturated hydrocarbons are species composed entirely of single C-C bonds and
hydrogen. La structure spatiale de ces espèces chimiques est contrôlée par
l’orientation tétraédrique des ponts C-C, which are constructed avec des angles de
109,5°. Le motif fondamental de la structure moléculaire des alcanes normaux (n-
alcanes) est une chaîne dite droite, alcanes branchus avec un ou plusieurs groupes
méthyl (CH3) ou des chaînes plus longues d’alkyl attachées à la chaîne principale,
ou des cyclanes, dont les caractères géométriques figurent en chimie organique et la
formule générale est CnH2n+2 avec n étant le nombre d’atomes de carbone de la
chaîne. Ils constituent des chaînes plus ou moins longues allant du C 1 au C40, les C5
à C7 étant généralement les plus fréquents. Ces hydrocarbures se présentent sous les
trois états :
- gazeux de C1 à C4 ;
- liquides de C5 à C15 ;
- solides (paraffines naturelles) au-delà de C16.
Les n-alcanes à nombre impair d’atomes de carbone, préférentiellement synthétisés
par les organismes vivants, sont de véritables marqueurs biologiques. Dans les
algues microscopiques, on observe surtout une prédominance des n-alcanes à bas
poids moléculaire (C15, C17, C19), tandis que dans les végétaux supérieurs, on
rencontre exclusivement les n-alcanes à poids moléculaires plus élevés (C21, C23,
C25, etc. ). Par contre, les n-alcanes légers, de C2 à C8, non présents dans les
organismes vivants, abondants dans les bruts, sont bien des produits de

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transformation de la matière organique après son dépôt (leur proportion augmente
au cours de la diagenèse) ; la biodégradation le fait décroître, certaines bactéries se
nourrissant préférentiellement de ces espèces.
Parmi les espèces chimiques qui constituent le pétrole, certaines sont des fossiles à
l’état moléculaire. Souvent altérées par des processus de fossilisation, elles
préservent encore leurs attributs qui permettent de les reconnaître et de déduire
l’identité des précurseurs biologiques, la biocénose, l’environnement, les conditions
diagénétiques, l’âge, etc. C’est le concept de biomarqueur : des géomolécules
(molécules fossiles) aux biomolécules précurseurs. Pareilles molécules agissent
comme des marqueurs qui fournissent des clés pour identifier les organismes dont
elles dérivent. This is exactly the concept of a molecular fossil or "biomarker" :
Hopanoid (biomolécule)-Hopane (géomolécule) ; Stéroide (biomolécule)-Stérane
(géomolécule) ; Oléanol (biomolecule)-Oléanane (géomolécule) ; Caroténoïde
(biomolécule)-Carotane (géomolécule) ; Tétrahymanol (biomolecule)-
Gammacerane (géomolécule).
Certaines espèces, les alcanes à chaînes isoprénoïde comme le pristane (C19) et le
phytane (C20), dérivent de molécules présentes dans la matière organique vivante ;
ils peuvent, comme certains n-alcanes, être considérés comme de véritables fossiles
biochimiques (ou molécules fossiles). Les stéranes, tétracycliques à 19-30 atomes
de carbone (avec une majorité de 27-29), elles dérivent de précurseurs stéroïdiques
(choléstérol, rigidifiant des membranes cellulaires et stéroïdes hormonaux) qui, une
fois enfouis dans les bassins sédimentaires, perdent très rapidement leur oxygène et
conduisent à des géomolécules appelées « stéranes ». Les hopanes, pentacycliques à
27-40 atomes de carbone, dérivent essentiellement du bactériohopanetétrol. Cette
molécule est, à quelques exceptions près (lichens, certaines fougères), spécifique
des procaryotes où elle joue le rôle imparti au cholestérol dans les membranes des
eucaryotes. Les hopanoïdes sont, pour cette raison, des biomarqueurs spécifiques de
procaryotes.
Historiquement, les premiers biomarqueurs à être identifiés dans le pétrole étaient
les porphyrines, lesquelles sont dérivées des noyaux tétrapyrolliques du
chlorophylle. Les hydrocarbures isoprenoïde C19 (pristane) et C20 (phytane) sont des

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restes possibles d’un côté de la chaîne de pigment. Le carotane est la contrepartie
des caroténoïdes constituant une famille des pigments photosynthétiques….il
faudrait noter que toutes ces interprétations directes basées sur les biomarqueurs
spécifiques sont dépendantes d’un domaine large et complexe de connaissance qui
englobe la biologie, biochimie, chimie, paléontologie, et physiologie des
organismes du passé et actuels avec lesquels nous avons seulement une
compréhension partielle.
Les n-alcanes représentent en moyenne 15 à 20% des bruts.
Les cyclo-alcanes (cyclanes) ou naphtènes sont formés d’hydrocarbures cycliques.
Leur formule générale est CnH2n ; ces représentants sont qualifiés, pour cette raison,
d’hydrocarbures méthyléniques, du nom de groupement méthylène CH2. Leur
proportion dans les bruts varie de 20 à 40% avec une valeur moyenne de l’ordre de
30%.
Chacun de ces isomères possède des propriétés physiques et chimiques bien
différentes notamment une très faible réactivité vis-à-vis de la plupart des acides,
bases, oxydants et réducteurs courants. Ce sont des molécules paraffines (parum
affinis = possédant une faible affinité).
b) Les hydrocarbures insaturés : alcènes et alcynes
Cette famille comprend essentiellement des aromatiques, ainsi appelés parce qu’ils
ont une odeur agréable, et des naphténo-aromatiques. Ils sont souvent associés à des
composés soufrés ; caractérisés par des odeurs très désagréables, ils représentent en
moyenne 20 à 45% en poids des pétroles.
Les aromatiques vrais sont constitués de molécules formées exclusivement de
noyaux aromatiques – généralement quatre ou cinq ; le plus simple est le benzène
C6H6. Les hydrocarbures aromatiques ou benzéniques, sont des hydrocarbures
cycliques possédant trois doubles liaisons par cycle hexagonal. Cette structure
confère à la molécule aromatique sa stabilité dans les composés et les
environnements naturels. Mais la molécule aromatique est aussi réactive, comme en
témoignent les nombreuses réactions de substitution intervenant sur le cycle de
benzène. Les phénols et les quinones sont les produits d’oxydation des molécules
aromatiques les plus importants et les plus réactifs dans la nature.

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Le benzène est l’un des trois produits industriels les plus utilisés dans le monde
(fabrication du nylon, styrène et ses polymères, …).
Cette famille renferme les termes supérieurs du benzène ainsi que l’abondante
famille des aromatiques polycycliques (HAP) contenant des molécules ayant évolué
à des températures élevées et dont les atomes de carbone ont été incorporés dans des
structures aromatiques (kérogènes évolués). Il suffit alors que ces structures soient
divisées par altération ou pyrolyse pour que des particules aromatiques très fines se
répandent dans l’environnement et entrent en contact avec des tissus d’êtres vivants.
Les naphténo-aromatiques sont constitués d’un ou de plusieurs noyaux aromatiques
condensés, associés à des hydrocarbures naphténiques et à des chaînes alkyles. Ils
sont particulièrement abondants dans les bruts jeunes et peu matures ainsi que dans
les huiles ayant subi une forte catagenèse. Ils sont par ailleurs souvent associés à des
composés soufrés ;
Les alcènes ou hydrocarbures acycliques non saturés sont très instables et donc très
rares, mais non totalement absents dans les pétroles naturels. Les propriétés des
doubles ou triples liaisons marquent fortement celles des molécules qui en
possèdent et leur confèrent une réactivité supérieure à celle des alcanes. Ainsi peut-
on ajouter à des alcènes des halogènes, de l’eau, des protons ou des oxydes.
L’addition d’hydrogène à un alcène permet d’obtenir un alcane. De même, on peut
polymériser les alcènes. Des quantités considérables d’éthylène sont ainsi utilisées
dans le monde pour fabriquer des polymères vinyliques. Le caoutchouc naturel ou
artificiel résulte également de la polymérisation d’un iso-alcène : l’isoprène, produit
par l’hévéa.
c) Les résines et asphaltènes sont des composés complexes de poids moléculaire
élevé, relativement riches en N, S et O ainsi qu’en Ni et V ; ils constituent la
fraction la plus lourde des bruts. Ils semblent formés principalement de noyaux
aromatiques hétérocycliques caractérisés par le fait qu’un atome autre que du
carbone « NSO » occupe l’un des sommets de cycle aromatique. Le poids
moléculaire des résines est de l’ordre de 500 à 1200, celui des asphaltènes peut
atteindre et dépasser 50000 et leur diamètre est de l’ordre de 40 à 50 angströms, en
moyenne. Les résines sont relativement plus solubles dans les solvants organiques

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et dans les alcanes légers que les asphaltènes. Les premières comprennent des
acides et des esters et sont en général un peu moins aromatiques que les secondes.
Les résines sont instables à l’air et à la lumière et tendent vers la structure des
asphaltènes. Ces corps représentent de 0 à 40% des bruts, avec une moyenne de
l’ordre 20%. Ils se rencontrent en abondance dans les bruts immatures ainsi que
dans les bruts lourds altérés et biodégradés ; en particulier dans les sables
asphaltiques. Ils constituent quelques 50% ou plus des bitumes disséminés dans les
sédiments. Il faut noter que les asphaltènes n’ont pas leur équivalent dans la matière
vivante et qu’ils sont un produit de la diagenèse-catagenèse. Elles incluent des
molécules telles que la pyridine, carbazole, acide carboxylique, phénol et les
familles de thiophène dans lesquelles les hétéroatomes N, S, O sont responsables de
l’occurrence des groupes fonctionnels qui peuvent être chimiquement réactifs. Par
exemple, une haute concentration des acides carboxyliques dans des huiles
spécifiques contribuent brutalement à leurs propriétés acides.
L’hydrogène sulfuré est, avec le gaz carbonique, un produit courant de l’évolution
diagénétique de la matière organique, et notamment à grande profondeur par
réaction du méthane sur les sulfates, ainsi que de l’activité magmatique. Il est
produit en outre par la réduction bactérienne des sulfates. Les gaz renfermant H2S,
même en traces sont appelés « acides » (sour), par opposition aux gaz « doux »
(sweet) qui en sont dépourvus. Le gaz carbonique apparaît à différents stades de la
sédimentation de la matière organique, par oxydation, fermentation ou
décarboxylation de ses constituants. C’est également un produit du métamorphisme
des carbonates. L’hélium, l’argon, souvent associés à l’azote, ont généralement une
origine crustale. La solubilité des hydrocarbures gazeux dans les huiles est
beaucoup plus élevée que dans l’eau. Leur densité par rapport à l’air varie de 0,55
pour le méthane à des valeurs proches de 1 pour des gaz humides riches en
condensat ou hydrogène sulfuré et gaz carbonique.

I.3. Hydrocarbures solides


 Gaz dissous dans l’eau congelée : hydrates de méthane ou clathrates ;

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 Sables asphaltiques ou tar sands ou oil sands sont des roches sédimentaires,
consolidées ou non, imprégnées d’hydrocarbures lourds, à viscosité très élevée à
prédominance des asphaltènes et produits complexes riches en NSO, qui ne peuvent
pas être récupérés par les méthodes conventionnelles. Suivant l’enfouissement, on
peut observer tous les termes de passage entre ces sables et les huiles lourdes de
certains gisements. Au point de vue minéral, ces sables sont souvent grossiers, bien
classés, poreux et perméables. Ils sont mouillés par l’eau, qui représente souvent
moins de 10% des vides.
Ces caractéristiques conduisent à attribuer au moins 3 processus à la formation de
ces bitumes :
- Maturation incomplète du kérogène dans le cas de produits peu enfouis
immatures et relativement en place ;
- Altération physico-chimique et biologique détruisant les paraffines au
cours de la dismigration et dans les horizons perméables aux eaux
météoriques ;
- Désasphaltisation d’hydrocarbures sous le craquage thermique au cours
de la catagenèse et formation d’un résidu plus ou moins solide dans les
séries enfouies profondément.
 Oil shales (anciennement schistes bitumineux) sont des roches sédimentaires
généralement argileuses, mais assez souvent carbonatées, très riches en matière
organique (kérogène), pauvres en bitumes et susceptibles de donner des HC
relativement lourds soit par distillation sous vide à 450-550°C, soit par combustion
contrôlée in situ, soit encore par des méthodes mixtes de fracturation hydraulique et
foudroyage de galeries de mines à la base de la couche de combustion in situ, en
utilisant les éboulis ainsi formés). Les quantités d’huiles récupérables varient de
quelques litres à 400 litres par tonne de roche. Seules les teneurs en kérogènes
égales ou supérieures à 40-50 litres par tonne sont considérées comme
économiquement rentables, en l’état actuel des technologies. Les ressources
potentielles mondiales pourraient atteindre plusieurs centaines de billions de tonnes.
Les principales réserves connues se situent aux USA (Green River), Canada, Brésil,
RDC (shales noirs adjacents au Lime Fine de la Formation de Stanleyville ; shales

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et roches argilo-calcaires de couleur noire de la Formation de Lukuga ; divers
calcaires et dolomies noirs des groupes Ouest-Congolien et de Kundelungu, etc.).

I.4. Propriétés des hydrocarbures


Les principales caractéristiques physiques des bruts sont :
- La densité, reflet de la composition ; un pétrole brut peut ainsi contenir une
phase gazeuse et des produits lourds qui, s’ils étaient isolés, seraient normalement à
l’état solide. Du fait de ces propriétés « associatives », les pétroles et les gaz
naturels (principalement le méthane) sont des mélanges, en proportions variées, de
différentes espèces d’hydrocarbures et de quelques autres espèces chimiques. La
densité, s’exprimant couramment en degré API (American Petroleum Institute) =
141,5/g – 131,5 (g étant la densité du pétrole à 60°F). Le °API du pétrole brut
s’échelonne de 0 (pour une densité de 1,076) à 100 (pour une densité de 0,6112).
Cette densité varie de 10° API pour les bruts lourds à 50° API pour des bruts légers.
La densité API est un critère bien représentatif de la qualité économique des bruts et
sert à fixer leur prix.
- La viscosité, qualité inverse de la fluidité, est la propriété d’un brut de
s’écouler. Elle dépend de la composition chimique ; elle augmente notamment avec
le pourcentage de constituants lourds et par conséquent avec la densité du brut.
Cependant, certains bruts relativement légers, mais riches en paraffines, C30 et plus,
présentent des viscosités élevées (bruts paraffiniques). La viscosité diminue
nettement avec une augmentation des gaz dissous et avec la température. Elle
s’exprime en centipoise et varie de moins d’une centipoise à plusieurs dizaines de
milliers. On peut y associer le point de congélation ou de solidification d’un brut,
propriété très sensible également à la teneur en paraffines lourdes. Les légers ainsi
que les lourds dégradés, très pauvres en paraffines, se prennent en masse à des
températures très basses (point de congélation relativement bas, suffisant à leur
identification) ; les lourds très paraffiniques, peuvent passer à l’état pâteux et solide
à des températures positives d’une dizaine de degrés Celsius (point de congélation
relativement élevé).

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- La solubilité des uns dans les autres facilitant la migration des uns et des
autres : lourdes et solides dans les légers ; les gaz se dissolvent en quantité
importante dans les fractions liquides. La distillation consiste en la séparation de ces
produits gazeux, liquides et solides rassemblés en associations complexes dans les
bruts. La propriété la plus remarquable de ces solubilités réciproques est celle du
gaz dans la phase liquide. Le rapport du gaz dissous dans l’huile, ou « gas oil ratio »
(G.O.R.) varie en fonction inverse de la densité de l’huile ; il augmente avec
l’élévation de la pression i.e. avec la profondeur, jusqu'à ce qu’il atteigne la pression
de saturation au-delà de laquelle apparaît une phase gazeuse différenciée pour
former un gas cap. Inversement, il diminue en même temps que la pression au fur et
à mesure de l’exploitation d’un champ. Ce rapport s’exprime en mètres cubes de
gaz par tonne (m3 t-1) ou mètre cube d’huile (m3 m-3), ou en pieds (feet) cube de gaz
par baril d’huile (f3 bl-1) ou « standard cubic feet per oil barrel » (Scf bl-1), les deux
expressions étant liées par la relation :
1 m3 m-3 = 5,65 f3bl-1 ou Scf bl-1 ou 100 f3bl-1 ou Scf bl-1 = 17,7 m3 m-3
NB : Un baril (barrel) est le volume équivalent d’un fut servant pour le transport des
produits pétroliers dans les cales de bateaux avant la construction des tankers
modernes. L’US bbl équivaut à 158,987 litres tandis que l’imperial bbl, à 163,66
litres.
Ce gaz dissous augmente le volume de la phase liquide d’un certain coefficient
appelé « Facteur de volume » ; la connaissance précise de celui-ci est importante
pour le calcul des réserves, le volume de brut dans un gisement étant dans ce cas
supérieur à la même quantité privée de son gaz dans les conditions de surface.
Ce rapport de volume ou de contraction est d’autant plus important que la quantité
de gaz en solution est plus élevée, i.e. que le brut est plus léger, comme il ressort du
tableau ci-dessous.
Fv GOR en m3/m3 GOR en ft3/baril
1,10 17,5 100
1,20 52,5 300
1,31 87,5 500
1,59 175 1000
1,85 260 1500
2,00 350 2000

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La solubilité des hydrocarbures liquides dans l’eau est en général très faible et
diminue rapidement avec l’augmentation du poids moléculaire, mais varie
sensiblement suivant leurs caractéristiques chimiques. Ainsi les aromatiques sont
beaucoup moins solubles que les alcanes ; à nombre égal de C, l’hexane, le
cyclohexane et le benzène présentent des solubilités respectives de 9,5 ; 6,0 et 1,750
mg/litre. Le benzène et le toluène sont très nettement les hydrocarbures liquides les
plus solubles. La solubilité dans l’eau augmente avec la température à pression
constante, en particulier pour les aromatiques. Elle décroit avec la salinité et avec la
pression.
- La fluorescence sous les radiations UV varie du jaune clair au bleu verdâtre.
Elle est caractéristique des aromatiques et serait liée à la présence de doubles
liaisons et des radicaux aliphatiques. Elle est très importante pour la reconnaissance
en forage ou sur le terrain, de faibles quantités d’hydrocarbures et de les distinguer
des charbons.
- La polarisation rotatoire, propriété qu’ont les hydrocarbons de faire subir une
rotation au rayon lumineux ; il témoigne de leur origine biologique et plus
particulièrement de leur relation avec les lipides. Il diminue au fil des temps
géologiques et de la diagenèse à la catagenèse.
- La résistivité de 1011 à 1018 Ohms/cm.

I.4. Système pétrolier


Les bassins sédimentaires se forment dans des dépressions de la croûte terrestre
supérieure, souvent occupées par des fleuves, mers, lacs ou des océans. D’après les
processus géodynamiques associés avec la tectonique des plaques, Ingersoll et
Busby (1985) proposent une classification des bassins ci-dessous :

14
Relative plate Basin type Description Modern example Ancient example
movement
Terrestrial rift valleys Rifts in continental Rio Grande, Baïkal, Karoo,
crust, commonly with Rhine-Bresse
bimodal volcanism
Divergent settings

Proto-oceanic rift Incipient oceqn basins Red Sea, Gulf of East Greenland
Through floored by new oceanic California
crust, flanked by young
rifted
continental margins

Continental rises and Mature rifted East coast Early Paleozoic of


Terraces intraplate continental USA
margins at
continental-oceanic
boundary
Intraplate settings
Continental Progradation of Mississipi, Gulf Canadian
Embakments sedimentary wedges at Coast Appalachians
edge of rifted continental
margins
Intracratonic basins Broad cratonic basins, Chad basin, Congo Paleozoic Michigan
commonly with Basin Basin
underlying rifts

Continental platforms Stable cratons with thin, Barrent Sea Middle Paleozoic
extensive sedimentary cover north America

Intraplate settings
Active ocean basins Basins floored by oceanic Pacific ocean Ophiolite-bearing
crust at active divergent complexes Oman
plate boundaries
Oceanic islands, Sedimentary aprons and Emperor-Hawaii Mesozoic Snow
aseismic ridges and platforms in seamounts Mountain volcanic
plateaus intraoceanic settings complex

Dormant ocean basins Basins floored by oceanic Gulf of Mexico Tarim basin
crust, neither spreadind
nor subducting

Trenches Deep throughs formed by Chile trench Cretaceous


Subduction Shumagin Island

Trench-slope basins Structurally confined basins Central America Cretaceous


on subduction complexes trench Cambria

Forearc basins Basins within arc-trench Sumatra Cretaceous Great


gaps Valley

Convergent settings Intra-arc basins Basins along arc platform, Lago de Early Jurassic
including superimposed Nicaragua Sierra Nevada
and overlappind
volcanoes

15
Back-arc basins Oceanic basins behind Marianas Jurassic Josephine
intra- Ophiolite
oceanic magmatic arcs,
and continental basins
behind
continental
marginmagmatic arcs
without foreland fold-
thrust belts

Retro-arc foreland Foreland basins on Andes foothills Cretaceous Sevier


Basins continental margin arc- Foreland
trench systems

Remnant ocean basins Shrinking ocean basin Bay of Bengal Pennsylvanian-


between colliding Permian Ouachita
continental margins and/or
arc trench systems
(subducted or deformed)
Peripheral foreland Foreland basins surimposed Persian Gulf, Tertiary North
Basins on rifted continental Indo-Gangetic Alpine foreland
margins during Plain basin
continental collision

Piggy-back (thrust Basin carried above moving Peshawar basin Neogene


sheet top) basins thrust sheets Apennines

Foreland Basins formed among Sierras Laramide basin


intermontane basins basement cored uplifts Pampeanas
(broken foreland) in foreland settings

Transform settings Transtensional basins Basins formed by local Salton sea Carboniferous
extension along strike- Magdalen basin
slip fault

Transpressional Basins formed by local Santa Barbara Miocene Ridge


Basins compression along strike- Basin
slip fault

Transrotational basins Basins formed by rotation Western Aleutian Miocene Los


of forearc Angeles basin
crustal blocks about
vertical axes within
strike-slip fault

Hybrid settings Intracontinental Basins on continental crust Qaidam basin Pennyslvanian-


wrench basins associated with strike- Permian Taos
slip tectonics caused by Trough
distant
collisional processes
Aulacogens Former failed rifts Mississipi Paleozoic
reactivated Embayment Anadarko basin
during convergent tectonics

Impactogens Rift basins caused by Baikal rift Rhine Graben


stresses
transmitted from
convergent plate margin

Successor basins Basins in intermontane Southern basin Paleogene Stust


settings following and Range Basin
cessation of orogenic
activity

16
I.4.1. Mécanismes génétiques des bassins
Les failles, discontinuités planaires le long desquelles survient un déplacement
significatif des roches généralement dans la partie supérieure de la croûte terrestre
(10-15 km), sont la cause principale de la genèse des bassins sédimentaires. La
classification dynamique des failles est basée sur le fait que l’une de 3 contraintes
principales dans le déviateur : σ1 maximale suivant OZ, σ2 intermédiaire suivant OY
et σ3 minimale suivant OX doit être perpendiculaire à la surface de la Terre, et donc
verticale. Les pendages des plans de normale or extension faults avec le hanging-
wall et le foot-wall respectivement au bottom et au top du plan de faille, de wrench
or strike-slip faults vers la droite (dextral strike-slip faults) ou vers la gauche
(sinistral strike-slip faults) et de reverse or contraction faults avec le hanging-wall et
le foot-wall respectivement au top et au bottom du plan de faille sont
respectivement proches de 60°, verticaux et approximativement de 30° à 0°.
Plusieurs plans de failles sont concaves vers le haut en profondeur et planaires vers
la surface, pareilles failles sont dites listric extension or contractional faults.

Les failles normales peuvent se produire en des systèmes liés notamment celui des
failles normales rotationnelles liées par un détachement basal et les failles listriques

17
d’extension produisant une rotation des hanging-wall blocks et aussi liées à un
détachement de base.

Un très faible pendage de failles inverses conduit aux thrust faults (failles de
chevauchement).
La classification des fault rocks comprend les subdivisions ci-après :
Random-fabric Foliated
Fault breccia (visible fragments>30% of Foliated fault breccias
Incohesive

rock mass)
Fault gouge (visible fragments<30% of rock Foliated gouge
mass)

Pseudotachylite Pseudotachylite
Glass/devitrif
ied glass

Crush breccias fine (Fragments>0,5cm)(0,1<fragments<0,5cm) 0-10% of


Cohesive

neomineralisation
reduction in grain
Nature of matrix

grain growth by
size dominates;

recristallisation

crush breccias (fragments<0,1cm) matrix


Crush microbreccia
tectonic

and

Protocataclasite Protomylonite 10-50%


Cataclasite Phyllonite varieties Mylonite 50-90%
Ultracataclasite flinty Ultramylonite 90-100%
crush rock
Grain growth ? Blastomylonite
pronounced

18
Les affaissements (sags) intracratoniques, les rifts continentaux, les rifts avortés et
les bassins de marges continentales passives tombent dans une suite évolutionnaire
des bassins engendrés par le processus d’étirement (stretching) lithosphérique. Les
rifts sont des aires d’amincissement crustal, mis en évidence par la faible
profondeur du Moho, le flux de chaleur très élevée proche de la surface, l’activité
volcanique, l’activité sismique avec prédominance des mécanismes distensifs au
foyer, les anomalies de Bouguer négatives et la topographie communément élevée
de marge du rift. Deux mécanismes liés expliquent la majorité d’observations dans
ces bassins : l’extension ductile de la croûte, causant les failles distensives
contrôlant la subsidence ; et la relaxation thermique suite à la distension de la
lithosphère, conduisant à une subsidence régional postrift. La principale différence
entre ces bassins de rift peut être simplement expliquée par l’importance de rejet des
failles. Si les contraintes sont insuffisantes pour causer les failles, par conséquent, le
soulèvement ou la subsidence survient sans faillage. Si le flux thermique diminue et
ne se renouvelle pas, l’effet de la contraction thermique cause la subsidence, les
affaissements intracratoniques peuvent être considérés comme des bassins
immatures qui ont avorté leur développement en rift ou en centres d’expansion
océanique. Cependant, les rifts continentaux sont à leur tour considérés comme
ayant dépassé le stade de sags basins mais ayant échoué de développer les centres
d’expansion océanique. L’évolution d’un système de rift en une marge continentale
passive se met en place quand une nouvelle lithosphère océanique est créée dans un
centre d’expansion (passage du rift au drift). En termes de mécanismes pour la
formation du bassin, les bordures de la marge continentale enregistrent la réponse
de la lithosphère à son refroidissement continu et à la surcharge considérable de ses
sédiments.

19
La flexure de la lithosphère (Esaïe 40 :4) est plus clairement démontrée dans les îles
océaniques, les chaînes de montagnes marines, les fosses océaniques et les bassins
d’avant-pays. La signature caractéristique de flexure lithosphérique est une
anomalie négative de Bouguer.

20
21
Les bassins sédimentaires se forment généralement par la distension le long des
systèmes des failles décrochantes (Zacharie 14 :4) qui sont reliées chacune à des
mouvements relatifs divergents, convergents ou obliques des plaques. Les régimes
de contraintes responsables de ces déformations sont connus comme transpressifs et
transtensifs.

22
I.4.2. Relation entre style dépositionnel et type génétique
A travers le temps, ces bassins sont progressivement remplis avec des roches
sédimentaires telles que les argilites, grès, carbonates ou évaporites. Le remplissage
procède généralement pendant plus des dizaines de millions d’années. Le poids de
sédiments déposés associé avec les processus tectoniques peuvent engendrer une
déformation vers le bas de la croûte sous-jacente, à cause de l’épaississement de la
23
pile sédimentaire qui peut atteindre plus de 20 km. Cet approfondissement du
soubassement (partie supérieure de la croûte terrestre recouvrant la lithosphère
consistant en roches cristallines granitiques dans la croûte continentale et
basaltiques dans la croûte océanique de bassins sédimentaires) d’un bassin est
appelé subsidence. Les bassins sédimentaires de même type génétique montrent des
modèles stratigraphiques semblables ; connaître les mécanismes formatifs d’un
bassin permet de prédire son remplissage sédimentaire.
Dans les affaissements intracratoniques, les systèmes de remplissage sédimentaire
sont communément continentaux, souvent sous forme de drainage fluviatile localisé
centralement, des lacs peu profonds tels que les systèmes endoréiques. Dans
d’autres intracontinental sags, des mers peu profondes sont capables de s’installer.
Les rifts continentaux sont les stades initiaux d’une séquence conduisant à une
séparation complète et à la genèse de la lithosphère océanique. Le trait majeur de
dépôts initiaux est qu’ils sont à prédominance non marins, comprenant des grès, des
dépôts volcano-fluviatiles, lacustres (eaux douces ou évaporitiques), et éoliens. La
subsidence étant contrôlée par les failles, la sédimentation devient marine dans les
stades de développement ultérieur ; d’abord de mer peu profonde, elle est
recouverte par les dépôts profonds. Dans les rifts avortés, l’évolution sédimentaire
allant de non marin à marin peu profond dans la phase synrift et marin profond dans
le postrift semble typique. Dans les rifts proto-océaniques, la sédimentation synrift
passe d’éventails de marge et d’éventails deltaïques aux sédiments carbonatés et
silicoclastiques de mers peu profondes ; les évaporites se forment périodiquement
au moment d’isolement du fossé proto-océanique. Dans les marges passives, on
note la tectonique salifère, les glissements et déplacements de masses quand le rejet
des failles normales cesse.

24
Dans les fossés océaniques profonds, les sédiments son dominés par des turbidites
et les dépôts pélagiques à grains fins ; le complexe de subduction comprend sa
couverture pélagique et des sédiments turbiditiques issus de l’arc.

25
26
27
C’est dans des pareils bassins sédimentaires que les hydrocarbons are generated and
trapped. Dans ce contexte, un système pétrolier peut être défini comme étant un
bassin ou une partie du bassin combinant tous les éléments et processus requis ci-
après conduisant à la formation d’une accumulation des huiles et de gaz.
Ces éléments requis incluent : les source-rocks, les chemins de migration, les roches
réservoirs, les couvertures (seals) et les pièges (traps). Les processus (processes)
comprennent la formation des hydrocarbures comme résultat d’un enfouissement
approprié/histoire thermale de la roche-mère, des efficientes migrations des produits
générés et acheminés au travers d’un système des conduits et des roches telles les
roches sédimentaires poreuses, fracturées ou des failles, la focalisation du flux des
hydrocarbures dans des corps tectoniques or stratigraphiques jouant le rôle des
pièges où ils peuvent s’accumuler et la préservation/altération éventuelle des
hydrocarbons dans les réservoirs à travers les temps géologiques depuis
l’accumulation jusqu’au temps actuel.

28
29
Chapitre II. Formation et distribution des source rocks

II.1. Introduction
En tant qu’une partie du système pétrolier, la source rock constitue un facteur
crucial parce qu’elle représente l’objet géologique qui façonne la charge en huiles et
gaz dans le système. Paramètre majeur, sa géologie et sa géochimie fournissent des
meilleures données d’un grand intérêt dans la recherche et l’exploration. Cette
information permet de minimiser les incertitudes sur l’occurrence, la situation
stratigraphique, la distribution spatiale aussi bien que la détermination du potentiel
pétrolier dans l’aire prospective. La connaissance acquise forme une importante
data base pour l’évaluation économique de l’exploration.

II.2. Variétés et Origines de la matière organique


II.2.1. Cycle du carbone
Elément focal de la structure des hydrocarbures, le carbone est essentiellement
stocké dans l’atmosphère (gaz carbonique), dans l’océan mondial (dissout : COD,
CID et particulaire : COP, CIP), sur le continent (biomasse vivante et litière) et dans
la lithosphère (roches sédimentaires, endogènes et manteau supérieur). Au cours de
ses transferts d’un réservoir à un autre, le gaz carbonique est le point de départ et
d’aboutissement. Parmi ces réservoirs, la composition de la biomasse comprenant
essentiellement le carbone en association avec l’hydrogène, l’oxygène, l’azote et le
phosphore, se rapproche quasiment de celle des hydrocarbures. La biomasse est la
quantité de matière vivante (phytomasse, zoomasse et biomasse bactérienne) par
unité de surface d’un environnement donné. Vladimir Vernadsky a estimé à 10200
Gt de matière organique. Homogénéisée et uniformément étalée à la surface du
globe, elle ne représente qu’une couche de 2 cm d’épaisseur. La biosphère est donc
en volume la plus petite des enveloppes de notre planète.
Les échanges entre océan-atmosphère sont contrôlés par la différence de pression
partielle de CO2 entre l’atmosphère et les eaux de surface de l’océan. Cette pression
dans les eaux océaniques étant grossièrement à l’équilibre avec l’atmosphère dans
les premiers mètres, l’activité photosynthétique l’abaisse dans les eaux de surface,
provoquant un pompage du CO2 atmosphérique. Inversement, une remontée d’eaux
30
profondes à forte pression (pCO2 augmente jusque vers 1000 m avant de se
stabiliser) provoque un dégazage de CO2 vers l’atmosphère. En conséquence, les
zones d’upwelling côtier ou équatorial sont des sources de CO2 atmosphérique alors
que les zones de plongement (downwelling) sont des puits.
Les échanges atmosphère-biosphère continentale impliquent à la fois la végétation
et les sols. En effet, les végétaux utilisent l’énergie (rayonnement) solaire à l’aide de
la chlorophylle pour réduire par photosynthèse le CO2 atmosphérique en carbone
organique et en molécules d’oxygène suivant l’équation :
nCO2 + nH2O + énergie solaire → C(H2O)n + nO2. L’oxygène peut être libéré dans
l’atmosphère, à moins que la plante n’ait besoin d’énergie pour ses fonctions
vitales. Dans ce cas l’oxygène se combine immédiatement au glucose pour donner
la réaction inverse que l’on appelle « respiration » libérant ainsi de l’énergie selon
la réaction : C(H2O)n + nO2→ nCO2 + nH2O + énergie
Par des voies multiples de synthèses biologiques, les végétaux supérieurs produisent
des macromolécules réparties en trois grandes catégories :
- Les protéines, polymères d’acides aminés, associés les uns aux autres par
des liaisons peptidiques. Ces liaisons chimiques s’établissent entre le groupement
amine d’un amino-acide et le groupement carboxyle d’un autre, et libèrent une
molécule d’eau. Lorsqu’un composé est formé d’un nombre restreint d’acides
aminés, c’est un peptide. Si le nombre de composants est plus important, il devient
un polypeptide. Ne sont considérés comme des protéines, au sens strict, que les
polypeptides d’un poids moléculaire supérieur à 10.000 daltons (douzième de la
masse atomique du carbone), la limite supérieure massique des protéines étant
d’environ plusieurs dizaines de millions de daltons ;
- Les hydrates de carbone ou glucides regroupent les sucres et leurs
polymères. Les plantes chlorophylliennes et certaines bactéries produisent elles-
mêmes les glucides dont elles ont besoin grâce à la photosynthèse. Les autres
formes de vie se révèlent incapables d’une telle activité synthétique, bien que les
glucides tiennent une place considérable dans leur métabolisme. Leur dépendance
vis-à-vis des plantes est donc inévitable ; c’est pourquoi les végétaux constituent la
base de la chaîne alimentaire. Chez les végétaux, les parois cellulaires sont

31
composées de cellulose – polymère du glucose et principal constituant du bois –
d’hémicellulose – polymère de pentose (sucre à 5 atomes de carbone) – et d’autres
composés organiques. Chez les crustacés et les insectes, l’exosquelette est constitué
de chitine, polymère d’un sucre aminé, l’acétyle-glucosamine. Chez les animaux, on
trouve également des polymères de sucre dans les cellules des cartilages, des os et
de divers tissus ;
- Les lipides ou graisses désignent un groupe hétérogène de composés
insolubles dans l’eau mais solubles dans les solvants organiques. Leur importance
biologique est double : leur dégradation libère une grande quantité d’énergie et ils
comptent parmi les constituants fondamentaux des membranes cellulaires. Les
lipides sont en général répartis en deux groupes, selon leur composition chimique :
les lipides simples qui comprennent les acides gras, les glycérides, les cérides et les
stérides et ne sont composés que de carbone, d’hydrogène et d’oxygène ; et les
lipides complexes, contenant des éléments supplémentaires tels le phosphore
(phospholipides), l’azote ou le soufre. Les glucides mais aussi les graisses
constituent la réserve énergétique, qu’elle soit utilisée ultérieurement par la plante
elle-même ou par un autre organisme qui l’a consommée, elle finit de toute façon
par être décomposée et oxydée en molécules plus petites, essentiellement de
dioxyde de carbone et d’eau. La respiration des plantes, phénomène inverse de la
photosynthèse ainsi que la décomposition des végétaux après leur mort, rejettent du
CO2. Les litières abritent une microfaune ainsi que des bactéries qui dégradent la
matière organique et rejettent du CO2 ; c’est ce que l’on appelle la respiration
hétérotrophe.
- La lignine, polymère phénolique qui imprègne la paroi des vaisseaux du
bois et de diverses cellules végétales, les rendant résistantes, imperméables et
inextensibles ;
- Les tanins qui sont des substances polyphénoliques non azotées qui
imprègnent certains tissus végétaux et les pigments, notamment les différents types
de chlorophylles, les caroténoïdes et les xanthophylles, principaux substrats
assimilateurs de la lumière chez les végétaux.

32
Les proportions de ces constituants diffèrent suivant les groupes ou les familles du
règne animal ou végétal. Les plantes supérieures sont formées en majeure partie de
cellulose (30-50%) et de lignine (10-25%). Certains composants de ces végétaux,
comme les graines, les cires et les résines contiennent des fractions importantes de
lipides. Les mousses, les lichens et les plantes aquatiques sont constitués
principalement d’hydrates de carbone et ne contiennent pas de lignine. Le plancton
marin et lacustre, notamment les algues microscopiques, est composé
essentiellement de protéines (10-50%) et d’hydrates de carbone (40-80%). On peut
également rencontrer un fort pourcentage de lipides (40%) dans le zooplancton
marin des eaux froides. Les bactéries sont formées majoritairement de protéines et
de polysaccharides et peuvent renfermer jusqu’à 40% de lipides.

II.2.3. Répartition de la production organique


Selon les écosystèmes, la part de constituants de tel ou tel groupe d’organismes sera
plus ou moins importante, ce qui a une incidence directe sur la composition
chimique moyenne de la matière organique qui y est produite : la signature
phénolique pour les environnements à végétaux supérieurs ; une signature plus
lipidique pour les environnements lacustres à dominance bactérienne.

33
La matière organique continentale est assurée par les végétaux supérieurs (toundra,
forêt tempérée à conifères, forêt tempérée à feuillus, végétation des montagnes,
végétation méditerranéenne, steppe, savane et forêt intertropicale et forêt
équatoriale), mais aussi par les algues en symbioses avec les champignons et par les
bactéries. Les déserts et zones englacées sont quasiment dénués de végétaux. La
répartition de la production suit donc une logique climatique évidente : maximale à
l’équateur et dans les zones tropicales humides, quasiment nulle aux pôles et dans
les déserts tropicaux, elle est intermédiaire dans les régions tempérées.
L’accumulation dans les sols de ces régions est l’inverse de leur production. Hormis
le développement des tourbières, la matière organique des sols n’a aucune chance
de se fossiliser sur place, soit elle est oxydée, soit le ruissellement et l’érosion des
sols qui s’ensuit, la déplace via les rivières jusqu’à des bassins de sédimentation
temporaires ou plus pérennes en raison de 100 mm an-1 et atteint 15 mg an-1 pour
des ruissellements annuels de 1000 mm. La tendance est donc à une augmentation
de la concentration en COT (carbone organique total) avec le ruissellement qui
s’explique principalement par la forte productivité organique primaire des zones
humides.
La matière organique primaire dans les océans est limitée par la pénétration de la
lumière et la disponibilité des nutriments (nitrates, phosphates, silicates et
micronutriments comme certains métaux tels fer, zinc, cobalt…). On distingue deux
types de production : la biomasse régénérée à partir des nutriments provenant du
recyclage de la matière organique dans la couche euphotique ; la biomasse nouvelle
à partir d’un stock neuf de nutriments allochtones apportés par les rivières ou les
upwellings.

34
Si l’on examine la carte de production primaire, on constate une répartition
hétérogène : une frange péricontinentale de très forte productivité et une
organisation plus ou moins zonale dans les zones hauturières, avec des minima au
centre des océans Pacifique, Atlantique et Indien. Ainsi, on constate une réduction
marquée de la production en allant des côtes vers l’océan ouvert, même si cette
transition est moins nette aux hautes latitudes et en zone intertropicale. La
production des eaux côtières est supérieure du fait des apports de nutriments par les
fleuves et de l’existence d’upwellings côtiers. Les régions les plus pauvres sont les
zones polaires et arides tropicales. La zone équatoriale est riche du fait des alizés
qui soufflent vers l’ouest et repoussent les eaux de surface, déterminant ainsi une
remontée d’eaux profondes enrichies en nutriments.

Des fronts similaires, forcés par le vent, existent également dans l’océan
Antarctique et déterminent des zones où la production est plus importante. Le
mécanisme par lequel les eaux de surface sont chassées vers le large sous l’action
du vent et remplacées par des eaux sous-jacentes plus riches en nutriments est
appelé résurgence océanique profonde ou upwelling. On connaît l’upwelling
équatorial et ceux développés le long des côtes lorsque les vents dominants
soufflent parallèlement à la côte, e.g. : upwellings de Californie-Oregon et du Pérou

35
sur la bordure ouest des continents américains, de Mauritanie-Maroc et de Namibie-
Afrique du Sud sur la bordure du continent africain, et enfin, upwelling de Socotra-
Oman-Somalie dans l’océan Indien. La répartition des quatre premiers sur les
façades occidentales des continents est associée aux grandes gyres cycloniques de la
circulation atmosphérique et océanique. Une exception concerne l’upwelling de
l’océan Indien qui est saisonnier en réponse aux moussons du sud-ouest. Ces
upwellings sont associés à des courants océaniques superficiels froids et
correspondent à des remontées d’eaux intermédiaires (300 m) vers la surface.
Parvenues en surface, ces eaux riches en nutriments permettent les blooms
planctoniques et l’installation de toute une chaîne alimentaire (de fait, les zones
d’upwelling sont parmi les meilleures zones de pêche au monde). Leur
concentration en nutriments détermine la capacité de l’écosystème à produire une
biomasse nouvelle et donc à exporter de la matière organique vers l’océan profond.
Le phytoplancton se développe très rapidement dès l’arrivée de l’eau profonde en
surface. Puis la population des prédateurs se multiplie rapidement alors que déjà
celle algale décroît par suite de l’épuisement des nutriments à l’intérieur de la
colonne d’eau qui s’éloigne de sa source d’émergence. Cette diminution des
nutriments vers le large conduit à une zonation de différentes espèces et de leur
production. Si le processus d’upwelling est pérenne, on aboutit à une productivité
bien différenciée aux niveaux des fronts. Bien souvent, le vent, moteur de
l’upwelling, est changeant, ce qui a pour conséquence de faire varier la productivité
dans le temps et l’espace.

36
Les lacs, dont la superficie totale équivaut à 1% de celle des océans, ne représentent
que 0,02% de l’hydrosphère. Pourtant, les environnements lacustres sont en
moyenne plus productifs que l’océan et, ainsi nettement plus favorables aux dépôts
de couches riches en matière organique que les fonds marins. Mais cette valeur
cache une très grande disparité primaire. Comme pour le domaine marin, le premier
facteur limitant la productivité primaire lacustre est l’apport de nutriments,
notamment le phosphore. Vient ensuite l’intensité du rayonnement solaire. Comme
pour l’océan global, on note une diminution de la productivité primaire dans les lacs
des hautes latitudes par rapport à ceux des basses latitudes. Les lacs arctiques
présentent généralement une courte période de production, ceux des zones
tempérées une période de production printanière et estivale ; ceux des régions
tropicales étant productifs tout le long de l’année. Un autre facteur limitant est la
turbidité des eaux (suspensions minérales ou planctoniques) qui limite la
pénétration des rayons solaires et diminue donc la productivité.
En plus du phytoplancton, la biomasse comprend des bactéries, algal mat
cyanobactérien, macro-algues, charophytes, diatomées, dinoflagellés, algues vertes
du genre Botryococcus en tapis caoutchouteux sur les rives des lacs à eaux

37
saumâtres ou douces ; dans les lacs alcalins et légèrement salins, ce sont les
cyanobactéries du genre Spirulina ; dans les hypersalins, l’algue verte Dunaliella et
les bactéries. Les lacs stratifiés présentent à l’interface épilimnion-hypolimnion des
bactéries Chlorobiacées formant un tapis de quelques centimètres d’épaisseur.

II.3. Mécanismes et milieux de dégradation des matières organiques


Une source rock est une unité sédimentaire, renfermant des teneurs substantielles de
matière organique fossile, laquelle est incorporée dans les sédiments au moment de
dépôt. Pour qu’une roche soit dite source rock, sa teneur en matière organique doit
être d’au moins 1-2% par poids de la roche. Cette sorte de roche est loin d’être
commune et requiert certaines conditions très spécifiques de formation.
Ces conditions incluent la productivité locale de la biomasse et la préservation des
restes organiques, favorables uniquement sous les régimes anoxiques, aussi bien
que la durée et le type de transport de matériel organique du lieu de production
biologique au dépôt du sédiment.

II.3.1. En milieu continental


Sur les terres émergées, les végétaux développent grâce à la photosynthèse de la
matière organique et, une fois les végétaux morts ou les feuilles mortes pour les
plantes à feuilles caduques, cette matière organique est dégradée et transformée par
les microorganismes du sol et quelques décomposeurs, notamment les vers, les
arthropodes et les larves d’insectes. Une partie de cette biomasse, souvent appelée
litière en domaine forestier, est incorporée dans les sols sous forme d’humus. Cet
humus à son tour va servir à la croissance des autres végétaux, en fournissant les
éléments minéraux que la seule photosynthèse ne permet pas de synthétiser. Les
composés humiques se diffèrent de la fraction solide appelée humine ; les premiers
renferment des acides humiques et fulviques. L’humine comprend des molécules
organiques dérivant des organismes microbiens, des membranes ligneuses plus ou
moins dégradées, et des molécules proches des composés humiques mais insolubles
en conditions alcalines. Les acides fulviques et humiques comme une bonne partie
des molécules de l’humine ont une structure chimique proche, riche en noyaux

38
aromatiques (polyphénols) reliés par des chaînes aliphatiques comme les peptides et
saccharides, et des groupements fonctionnels à caractère acides. La matière
organique des humines diffère de celle des végétaux vivants par une diminution
relative des teneurs en hydrogène et oxygène, parallèlement à une augmentation
relative de la teneur en carbone. Cette tendance, observée pendant la diagenèse
superficielle, se poursuit pendant la diagenèse thermique.

A côté des molécules organiques non extractibles dans les réactifs alcalins comme
les polysaccharides, les composés peptidiques et les acides gras, les composés
phénoliques résultent généralement de la dégradation de la lignine et des tannins des
résidus végétaux. Ils sont aussi synthétisés par certains microorganismes. Ces
précurseurs phénoliques évoluent par polymérisation vers des molécules de plus en
plus grosses, des composés extractibles jusqu’aux molécules insolubles. Les
complexes organo-minéraux jouent un rôle sensible dans l’évolution de
l’humification et la libération des molécules organo-minérales dans le milieu
aqueux. Les composés solubles de petite taille (acides fulviques), partant facilement
dans les eaux de ruissellement ou souterraines, contribuent au transfert à l’océan de
carbone organique dissous et des métaux (Al, Fe). A l’inverse, les composés
insolubles (grosses molécules), peu mobiles, participent à la rétention sur les terres

39
émergées de la matière organique, des métaux ainsi que des nutriments issus des
profils d’altération et de la décomposition des végétaux.

II.3.2. En milieu marin


Dans les mers, le phytoplancton (cyanobactéries et algues unicellulaires) constitue
l’essentiel de la biomasse, et est le point de départ de la chaîne alimentaire marine.
De leur vivant ou après leur mort, ils sont consommés par les organismes du
zooplancton et les pluricellulaires (radiolaires, copépodes, annélides, requins-
baleines, …). Ces organismes consomment une partie du phytoplancton et en
restituent une part au milieu marin sous forme de pelotes fécales. Ces dernières sont
capables de couler, à la différence des cellules individuelles du plancton, qui ont
une très grande flottabilité. En sombrant, les pelotes fécales entraînent donc la
matière organique vers le fond et rendant ainsi possible sa sédimentation. Le transit
à travers la colonne d’eau est d’autant plus rapide que la taille des pelotes est
grande. L’adsorption de particules organiques par des argiles peut également
conduire à des agrégats suffisamment denses pour accélérer leur chute dans la
colonne d’eau. La fraction de la matière organique quittant la zone photique pour
sombrer dans la colonne d’eau est appelée production exportée. Plus la production
primaire de surface est grande, plus la production exportée est importante.

40
Les bactéries dégradent la matière organique des cellules mortes dans la zone
photique et au cours de la chute des particules à travers la colonne d’eau. Plus
longue sera la chute, plus intense sera la dégradation de la matière organique. Cette
dégradation est également appelée reminéralisation puisque le carbone organe,
présent sous forme réduite dans la matière organique, est oxydé en carbone minéral
(CO2). Une fois que les pelotes arrivées à l’interface eau/sédiments, la dégradation
se poursuit en présence des bactéries et des organismes benthiques. Ces brouteurs et
fouisseurs participent à la destruction de la matière organique aussi longtemps que
les eaux interstitielles contiennent suffisamment d’oxygène dissous.
Schématiquement, la durée de cette action aérobie est tributaire de la vitesse de
sédimentation (un faible taux favorisant l’exposition aux conditions oxydantes des
fonds marins ; par contre un taux important favorise l’enfouissement limitant le
renouvellement de l’oxygène dissous et les conditions devenant anoxiques), de la
granularité du sédiment (conditionnant la circulation des eaux interstitielles et donc
le renouvellement de l’oxygène dissous ; les argiles peu perméables conviennent
mieux que les sables et les calcaires bioclastiques) et de l’intensité de la
bioturbation (les deux derniers facteurs étant liés au demeurant).

41
Après épuisement de l’oxygène dissous et que l’on passe sous le front redox ou
chémocline, les bactéries aérobies sont remplacées par d’autres capables de faire
intervenir l’oxygène lié aux nitrates (dénitrification importante dans les milieux
lacustres et marécageux), sulfates (sulfato-réduction prépondérante dans les eaux de
mer), oxydes et hydroxydes de fer (réduction de fer qui conduit à la formation de
pyrite). Enfin, quand ces oxydants sont à leur tour épuisés au sein des eaux
interstitielles, les bactéries fermentatrices ou méthanogènes continuent la
reminéralisation. Les bactéries ont des optimums de températures proches de 15 à
25°C, mais certaines peuvent se développer en deçà et au-delà de ces températures,
certes beaucoup plus lentement, mais les phénomènes géologiques ont tout leur
temps.
N.B : Les gaz des marais ou feu follet sont des flammes légères et fugitives
produites par la combustion spontanée de mélanges du méthane qui, en percolant à
travers le sédiment vers la surface, s’associe à des produits phosphorés :
diphosphine (P2H4) et hydrogène phosphoré (PH3) provenant de la dégradation de la
matière organique. Ce mélange est rendu spontanément inflammable à l’air par une
faible quantité d’hydrogène phosphoré liquide (PH2).

II.4. Mécanismes et milieux de préservation des matières organiques


Compte tenu de ce qui précède, l’on comprend pourquoi tant des sédiments et
roches sédimentaires sont dépourvus de la matière organique. Pourtant, il existe des
roches contenant de la matière organique, parfois en très grandes quantités
(notamment les source rocks) ; ceci signifie que certains environnements de dépôt
sont propices à la préservation de la matière organique (échappant à la
reminéralisation quasi complète en dépit des agressions aérobies et anaérobies).
C’est possible si elle échappe à un séjour prolongé en conditions oxygénées et que
son état chimique sous la chémocline ne soit pas aisément dégradable par les
bactéries anaérobies. Autrement dit, une part importante de la dégradation de la
matière organique se produit en conditions oxiques et les conditions anoxiques sont
favorables à la préservation (même provisoire) de la matière organique. Un
environnement marin peut développer des conditions faiblement oxiques en cas de

42
très forte productivité dans les eaux de surface avec comme conséquence une
croissance accrue de la production exportée et une demande sans cesse croissante
d’oxygène par les organismes aérobies dans un milieu à faible renouvellement des
masses d’eau. La consommation d’oxygène l’emportant sur le renouvellement, la
colonne d’eau devient localement suboxique à oxique. Ces zones réductrices sont
dites zones à minimum d’oxygène (zones à oxygène minimum, ZOM).

A l’échelle moléculaire, seules les molécules de petite taille sont susceptibles de


traverser les parois cellulaires pour être ingérées par les bactéries. Celles-ci sont
capables de secréter des exo-enzymes en milieu extracellulaire, capables de scinder
des grosses molécules organiques en d’autres assez petites, donc ingérables. Les
aérobies ont une gamme très large d’exo-enzymes tandis que les anaérobies sont
limitées et ne peuvent découper qu’un nombre restreint de molécules relativement
simples. La dégradation en amont au-dessus du front redox favorise celle du milieu
réducteur dans la mesure où elle engendre des substrats organiques simplifiés qui
seront dégradés à leur tour par les bactéries anaérobies. En outre, la réaction entre
les produits de la dégradation de glucides avec ceux de protéines conduit à la
formation des molécules complexes appelées mélanoïdines très peu biodégradables
et pouvant être conservées dans les roches sédimentaires. L’interaction lipides et/ou
glucides et des ions sulfures libérés au cours de la sulfato-réduction fait incorporer
du soufre à ces molécules où il joue le rôle de ponts chimiques (ponts sulfures
intramoléculaires) reliant des parties d’une même molécule ; il se forme des
43
molécules de fort poids moléculaire, qui ne seront plus reconnues par les exo-
enzymes, car leur configuration aura changé. Ces nouvelles molécules sulfurisées
(vulcanisées) seront non dégradables. L’adsorption des molécules organiques de
très petite taille à la surface électriquement chargée de minéraux argileux, ou le
piégeage éventuel dans les microcavités des surfaces des grains minéraux rend les
exo-enzymes incapables de s’attaquer à ces molécules et, d’autre part, elles sont
trop volumineuses pour pouvoir pénétrer dans les microcavités. Les molécules
organiques sont ainsi préservées. L’encapsulation est un phénomène proche ; il
s’agit de la protection des petites molécules (aisément dégradables par les bactéries)
à l’échelle des temps géologiques dans des micro-environnements au sein des
macromolécules organiques. Somme toute, plusieurs phénomènes participent à la
préservation d’une partie de la matière organique et font en sorte que certains
sédiments contiennent plusieurs dizaines de pour cent de carbone organique, alors
que d’ordinaire, on parle de roche riche en matière organique à partir de 1% de
carbone organique. Les environnements oligotrophes présentent entre 0,01 et
0,1% de la production primaire fossilisée ; les zones d’upwelling, plus de 1% ; les
lacs sont très conservateurs jusqu’à 10% de la production primaire préservée.

II.5. Genèse des minéraux biogéniques


L’action métabolique des bactéries a des implications très importantes sur les
sédiments et roches sédimentaires, notamment en ce qu’elle conduit à la formation
de certains minéraux :

44
1. Sulfures
La réaction emblématique de l’activité bactérienne dans les sédiments marins est la
sulfato-réduction qui se produit tant que les eaux interstitielles contiennent des ions
sulfates et de la matière organique consommable par les bactéries sulfato-
réductrices. Le sous-produit de cette réaction est l’ensemble des ions sulfures
libérés dans le milieu de dépôt (HS-/H2S). Les activités bactériennes aboutissent
également à la libération de fer ferreux soluble (dit fer réactif). La très forte affinité
45
chimique entre les ions sulfures et les ions ferreux aboutit à la formation
extrêmement rapide de sulfures métastables, possédant la composition chimique
approximative FeS (greigite, mackinawite). Ces sulfures métastables acquièrent une
stabilité minéralogique à l’échelle géologique quand ils sont transformés en pyrite
(FeS2). Parmi les mécanismes de formation de la pyrite dans les milieux
sédimentaires peuplés de bactéries est l’incorporation d’un atome de soufre à la
valence proche de 0 à la molécule de ces formes métastables, dans lesquelles le
soufre est à l’état réduit. On constate que la formation de la pyrite selon cette voie
requiert des conditions réductrices à proximité d’un milieu où les conditions ne sont
pas réductrices. Ceci explique que les minéraux de pyrite se forment plus facilement
et sont plus gros dans les sédiments où le front redox est à proximité de l’interface
eau/sédiments. Pour conclure, plus la matière organique est abondante dans les
sédiments, plus les réactions de sulfato-réduction pourront être intenses et
prolongées, et plus il se formera de sulfures de fer. Ces derniers finement divisés et
dispersés dans les sédiments riches en matière organique sont souvent responsables
de leur teinte sombre (qui n’est leur toujours pas conférée par la matière organique
elle-même qui est du reste un pigment moins efficace).
2. Carbonates
Les différentes équations illustrant l’activité bactérienne et les réactions connexes
font intervenir les ions H+ et HCO3- ; en d’autres termes, elles retentissent sur le pH
et l’alcalinité du milieu sédimentaire, i.e. les ions carbonates et
hydrogénocarbonates, sans oublier le CO2 dissous. La possibilité de précipiter ou
dissoudre des carbonates solides – est le résultat d’un équilibre subtil entre valeur
du pH et quantité d’ions carbonatés présents en solution. Par exemple, en conditions
aérobies, la réaction de dégradation des glucides : CH2O + O2 donne H+ + HCO3-
montre que des protons sont libérés, ce qui fait diminuer le pH et la tendance à
déstabiliser les carbonates solides ou à empêcher leur précipitation. En même
temps, des ions HCO3- sont libérés, ce qui a tendance à favoriser la sursaturation et
donc la précipitation des carbonates. Le résultat de ces deux tendances antagonistes
est que, en fonction de la température, pression et saturation, la déstabilisation des
carbonates et l’acidification du milieu ambiant par la dégradation aérobie de la

46
matière organique conduisent à la destruction des carbonates (corrosion rapide des
tests de foraminifères planctoniques, très fragiles).
En revanche, la réaction de sulfato-réduction 2CH2O + SO42- donne H2S + 2HCO3-
entraîne H+ + HS + 2HCO3- libère 2 fois plus d’alcalinité que d’acidité, si l’on peut
s’exprimer ainsi. Elle favorise donc la saturation et, de ce fait, la précipitation de
carbonates solides. Ceci est d’autant plus vrai si le sulfure d’hydrogène produit peut
s’échapper du milieu sédimentaire via les eaux interstitielles, vers les horizons sus-
jacents, voire la colonne d’eau. En effet, la diffusion de l’H2S empêche alors la
diminution du pH.
Enfin, quand il se produit des réactions faisant intervenir le fer comme dans les cas
ci-dessous :
CH2O + 2 Fe2O3 + 3 H2O donne HCO3- + 4 Fe2+ + 7 OH-
CH2O + 4 FeOOH + H2O donne HCO3- + 4 Fe2+ + 7 OH-
On constate la libération d’ions OH-. Ce qui élève le pH et favorise alors nettement
la précipitation des carbonates. Cette minéralisation précoce peut être illustrée par la
formation des nodules calcaires fréquemment rencontrés dans les formations
géologiques marneuses riches en matière organique. Elle se traduit également par la
calcification de bactéries sulfato-réductrices de leur vivant, ainsi que l’ont montré
des expressions in vitro. On retiendra que les réactions bactériennes intervenant en
conditions anaérobies peuvent conduire à la précipitation des carbonates et parfois
de façon rapide au cours de la diagenèse précoce, ce qui favorise la cimentation des
grains, voire la formation de particules micritiques (parfois appelés micarbs).
3. Phosphates
Le phosphore, présent dans les constituants cellulaires (ADN, ARN, pigments,
phosphotides, etc) est libéré par les bactéries et phytoplancton en décomposition
dans les sédiments. Ce phosphore est maintenu à l’état soluble en conditions
réductrices et il peut migrer avec les fluides interstitiels au cours de la diagenèse
précoce. Dans les environnements de dépôt euxinique, cet élément peut ainsi
regagner la colonne d’eau et, éventuellement les eaux de surface, où il pourra
soutenir la productivité, puisque c’est un nutriment essentiel. Dans les
environnements non aussi réducteurs, le phosphore précipite à l’intérieur du

47
sédiment (parfois à l’interface eau/sédiments) sans regagner la colonne d’eau. Cette
précipitation peut être rapide et importante : il se forme alors des grains
phosphatés ; elle peut être lente et subtile : on observe alors l’épigénie des
matériaux d’origine biologique (coquilles, os, dents de poissons). La concentration
mécanique des particules phosphatées relativement denses (à la suite du vannage et
remobilisation dans les milieux agités) aboutit parfois à la formation de dépôts très
riches en phosphore, appelés phosphorites. Celles-ci constituent des minerais de
phosphore, source d’engrais.

II.6. Nutriments
En plus du carbone, de l’hydrogène et de l’oxygène, la matière organique contient
également en quantités appréciables de l’azote, du phosphore et un peu de soufre.
Elle contient aussi beaucoup d’autres éléments, nécessaires pour le métabolisme
mais qui sont présents en concentrations faibles ou infimes. On les appelle oligo-
éléments (micronutriments) :
- Azote : les bactéries capables d’assimiler directement l’azote atmosphérique se
rencontrent principalement sur les terres émergées. En milieu marin, seules
quelques espèces en sont capables et ce sont des cyanobactéries. Les autres
bactéries marines consomment un azote préfixé : ions nitrite (NO2-), nitrate (NO3-)
et ammonium (NH4+). Ainsi, certaines bactéries absorbent l’azote atmosphérique
(N2) et le transforment en NH3 dans leur organisme :
2 N2 + 6 H2O donne 4 NH3 + 3 O2.
A leur mort, le NH3 libéré est hydrolysé :
4 NH3 + 4 H2O donne 4 NH4+ + 4 OH-
Les ions NH4+ sont oxydés en NO2- et NO3- par les bactéries nitrifiantes :
4 NH4+ + 6 O2 donne 4 NO2- + 8 H+ + 4H2O
4 NH4+ + 2 O2 donne 4 NO3-.
Nitrites, nitrates et ammonium sont assimilables par les racines des plantes
terrestres qui vont transformer et stocker l’azote au sein de groupement amine –
NH2. Le NO3- peut également être réduit en N2 par les bactéries dénitrifiantes :
4 NO3- + 2 H2O donne 2 N2 + 5 O2 + 4 OH-.

48
La décomposition de la matière organique relâche du NH3 dans l’atmosphère, dont
une partie est hydrolysée en NH4+. Incidemment, une petite fraction d’azote peut
intégrer le manteau par subduction. L’azote est ainsi engagé dans des minéraux
argileux, où NH4+ peut remplacer K+.
- Phosphore : présent dans l’eau de mer principalement sous la forme d’ions
orthophosphates solubles (HPO4)2-, issus de l’altération des matériaux crustaux
(apatites et orthophosphates d’aluminium) et de composés phosphatés organiques,
le phytoplancton s’en sert pour ses besoins biologiques en phosphore par
assimilation directe. Le phosphore est également rendu au milieu marin sous cette
forme à la mort des organismes, lors de la décomposition bactérienne à l’interface
eau/sédiments et dans les sédiments ; ainsi il regagne la zone photique.
- Fer : essentiel à la vie cellulaire, il rentre dans la composition des protéines,
pigments et enzymes dans le phyto- et picoplancton ; en son absence, le milieu
marin, même riche en azote et phosphore, est incapable de soutenir une productivité
algaire notable. Car le phytoplancton s’en sert pour la synthèse du nitrate réductase,
l’enzyme permettant de métaboliser les ions nitrates. Ainsi, les portions de l’océan
où le fer est présent en trop faibles quantités dans les eaux de surface apparaissent-
elles comme des déserts biologiques, à l’image de ce qui est observé dans le
Pacifique. Toute la chaîne alimentaire est affectée puisque le maillon initial fait
défaut. Le fer réactif indispensable en adsorption sur les minéraux argileux ou en
complexes organo-métalliques est celui qui est accessible aux réactions
biochimiques ; ce n’est donc pas le fer constitutif des minéraux. Les poussières
éoliennes issues des zones arides sont capables d’aller fertiliser l’océan à de grandes
distances des côtes.
C’est la disponibilité de ces nutriments qui permet de définir le niveau trophique des
eaux de mers : oligo-, méso- ou eutrophes selon que les nutriments sont
relativement peu, moyennement et fortement abondants. Enfin, la productivité
dépend fortement de la présence simultanée de tous les nutriments.

Le cycle de la matière organique a des implications pour certains éléments


chimiques, notamment les métaux qui sont activement concentrés même en faible

49
quantité par le métabolisme. Ce sont des micronutriments nécessaires au bon
fonctionnement cellulaire, mais sans grande importance vis-à-vis de la composition
chimique du sédiment. Sous l’influence de la dégradation bactérienne de la matière
organique, le comportement (fixation par les sédiments ou relargage) de certains
métaux est aussi piloté par les variations des conditions redox. En conséquence, les
sédiments et les roches sédimentaires riches en matière organique présentent des
concentrations plus importantes par comparaison avec les concentrations
rencontrées dans les argiles non organiques :
- Baryum : sous forme de barytine dans les cellules du phytoplancton. Dans les
sédiments récents et actuels, la teneur en Ba est proportionnelle au flux de matière
organique atteignant les fonds marins ; il s’accumule à l’aplomb de zones de
productivité. Son comportement s’inverse dans les zones de très forte productivité,
siège de conditions réductrices néfastes à son accumulation et sa préservation.
- Métaux sensibles aux conditions redox : Fe+2, Mn+2 solubles sous cette forme
réduite et insolubles sous forme oxydée Fe+3, Mn+4. Le fer réduit est fixé sous forme
de pyrite tandis que le manganèse est incorporé à la rhodocrosite. C’est l’inverse de
U, V et Mo sous forme d’oxyanions solubles dans l’eau de mer normalement
oxygénée et insolubles en conditions réductrices ; il se crée un gradient
géochimique entre les eaux qui en contiennent et celles qui en sont dépourvues. A
côté de ces éléments, on rencontre le Ni, Cu, Co et accessoirement le Zn qui sont
apportés sous forme des complexes organo-métalliques et des complexes chlorurés ;
en conditions réductrices, les complexes organo-métalliques s’incorporent aux
sulfures de fer authigéniques. Comme pour les autres métaux, ils permettent
d’estimer plutôt qualitativement que quantitativement les paléoconditions de
productivité des eaux de surface et du potentiel redox des sédiments au moment du
dépôt et de la diagenèse très précoce.

II.7. Relations entre carbone organique, soufre et fer


La matière organique contient initialement une part faible de soufre et peut en fixer
sous forme réduite au cours de la diagenèse précoce. En outre, la décomposition de
la matière organique par les bactéries sulfato-réductrices engendre la formation des

50
sulfures de fer, dont la forme stable à l’échelle géologique est la pyrite (FeS2). Il
existe une relation entre la quantité de soufre (organique et pyritique) et celle de la
matière organique présente dans une roche sédimentaire. Cette relation,
relativement stable pour des sédiments et roches sédimentaires marins, à grains fins
et faiblement carbonatés, indique que plus il y a de matière organique dans une
roche, plus l’activité bactérienne a dû être soutenue, et plus la quantité de sulfures a
dû être importante. Un excès de soufre reflète des conditions de dépôt
particulièrement propices à la formation de sulfures de fer et/ou à l’incorporation de
soufre réduit à la matière organique. On interprète ceci comme le résultat de
conditions euxiniques, à l’instar de ce qui est observé dans la mer Noire. En
revanche, un déficit relatif en soufre reflète un milieu de dépôt impropre à la
formation de sulfures, malgré la présence de matière organique, et est interprété
comme témoignant de conditions pauvres en sulfures au moment de la diagenèse
bactérienne : milieux d’eaux douces ou saumâtres.

II.8. Sédimentation organique et stratigraphie séquentielle


Si en sédimentologie, on se sert de la description et de la distribution (cartographie)
des unités rocheuses aussi bien en affleurements que sur des carottes (forées et
extraites des puits), de la pétrologie, de la géochimie et même de la paléontologie
en vue de collecter des données sur la nature et les conditions de dépôts des
roches sédimentaires, l’utilisation de la stratigraphie séquentielle présentée par
Mitchum et al. (1972, 1977), Vail et al. (1977), Pitman (1979), Jervey
(1982), Posamentier (1983, 1985), Posamentier et Vail (1988), et Posamentier et
al. (1988) a l’avantage de décrire l’organisation des séquences. Cette
connaissance, indispensable in basin analysis and modeling, i.e. la géométrie et
l’évolution spatio-temporelle des corps sédimentaires, y compris ceux renfermant
la matière organique à l’échelle des bassins en liaison avec les variations relatives
du sea level, constitue un outil efficace pour l’interprétation des enregistrements
stratigraphiques (sismique ou lithostratigraphique) en explo-production pétrolières.
Rappel de quelques termes :
- Depositional system : assemblage de lithofaciès, génétiquement liés par des

51
processus actifs et par des environnements ;
- Systems tract : enchaînement de depositional systems isochrones spécifique à un
segment particulier de la courbe eustatique ;
- Sequence : succession de systems tract déposés entre les points d’inflexions de la
partie descendante de la courbe eustatique ;
- Unconformity : une surface représentant un temps de non dépôt significatif qui
est caractérisé par une troncation érosionnelle subaérienne (quelquefois
subaquatique) ;
- Condensed interval : un intervalle stratigraphique marin mince caractérisé par un
taux de sédimentation très faible (moins de 1-10 mm/1 000 ans) ;
- Accommodation : l’espace disponible pour une accumulation potentiel des
sédiments.
Dans le lowstand wedge system tract, les apports en provenance du continent sont
importants, ce qui se traduit par une augmentation de la fraction continentale de la
matière organique (débris charbonneux, couches de charbons). Le transgressive
system tract se caractérise par une décroissance nette et régulière des apports
organiques continentaux du fait de la remontée du niveau marin. Cette diminution
peut être compensée par une sédimentation où la matière marine devient importante
lorsque des conditions dysoxiques se développent au cours de la transgression.
Parfois, la transgressive surface est immédiatement surmontée de black shales,
d’où les masses d’eaux en contexte transgressif peuvent facilement être anoxiques.
La MFS est caractérisée par le minimum de la fraction continentale et souvent par
le maximum de préservation de la matière organique marine, puisque c’est à ce
niveau que l’on trouve les condensations sédimentaires les plus marquées. En plus,
la matière organique est moins diluée en l’absence d’un flux détritique important.
Le highstand system tract est caractérisé par une tendance inverse de celle du
transgressive system tract, avec une augmentation de la fraction et de la taille des
particules organiques continentales, associée à la baisse du sea level, alors que la
fraction organique d’origine marine diminue, puis disparaît. Si les conditions
anoxiques sont pérennes, des faciès riches en matière organique marine peuvent se
déposer quel que soit le system tract. Au contraire, en milieu oxique, la matière

52
organique des condensed intervals est très dégradée et aucun enrichissement en
matière organique ne sera marqué dans la séquence.
Les environnements margino-littoraux sont dominés par des depositional systems
charbonneux d’épaisseur modeste et séparés par les dépôts non charbonneux de
alluvial plain and coastal plain suite à la rétrogradation très rapide lors de la
remontée du sea level. En revanche, après la MFS, le highstand system tract est
fortement, mais régulièrement, progradant ce qui a pour conséquence de faire
migrer le depositional system charbonneux en direction de la mer, tout en gardant
une connectivité des couches. En fin de ce system tract, l’empilement agradant des
séquences permet l’empilement sur une même verticale de couches charbonneuses
devenant de plus en plus fines avant leur disparition totale.
Sur les shelves, les conditions favorables à la préservation de la matière organique
sont limitées au dépôt-centre du bassin en période de low sea level. Au cours de la
remontée du sea level, les conditions anoxiques gagnent les bordures du bassin et
culminent au niveau de la MFS. Ces conditions favorables se restreignent ensuite
dans le highstand system tract qui peut même voir la disparition totale des
conditions propices au dépôt de la matière organique dans la fin du highstand
systems tract.

Au cours du Phanérozoïque, la distribution des roches riches en matière organique


n’est pas non plus uniforme ; elles se sont déposées à des intervalles
stratigraphiques assez distincts.

53
Les périodes de low sea level sont plutôt favorables à l’accumulation des charbons
(développement des deltas), alors que les périodes transgressives favorisent
l’accumulation des roches-mères pétrolières. Il faut également remarquer que cette
répartition est en relation avec la paléogéographie :
- Au Silurien, les roches-mères contiennent une matière organique lacustre et
marine puisque les végétaux vasculaires à l’origine des charbons n’ont pas
encore fait leur apparition. Les roches-mères sont surtout cantonnées à la
bordure Nord du Gondwana (actuel golfe Persique, Algérie) et dans une
moindre mesure au Sud de l’Amérique du Nord (golfe du Mexique,
Michigan) ;

54
- Au Dévonien supérieur-Carbonifère inférieur, une grande extension des
faciès marins (Sibérie occidentale, Oural, Nord de la mer Caspienne). Des
black shales sont connus dans les Appalaches, bassin intérieur nord-
américain, Amazonie et Sahara ; localement apparaissent les premières
couches d’origine terrestre en Australie, Kazakhstan et sur la marge nord-
américaine ;
- Au Carbonifère supérieur-Permien inférieur, la formation de la Pangea
correspond avec la mise en place des charbons et des roches-mères
terrestres ; toutefois, celles marines sont connues dans la bande équatoriale
(mer Caspienne, Chine du Sud, Rocheuses ;
- Au Jurassique supérieur, grande préservation de matière organique marine en
Arabie, golfe du Mexique, mer du Nord, Sibérie occidentale, marge
septentrionale du Canada ; de rares roches-mères terrestre limitées aux
55
régions arctiques et à de petits bassins en cours d’ouverture sur la marge
nord-australienne ;
- Au Crétacé moyen, l’Atlantique joue un rôle considérable dans le dépôt de
black shales dans tous les bassins pélagiques, mais aussi sur les plates-
formes du pourtour de l’Atlantique et de la Téthys (Arabie). Les roches-
mères continentales et les charbons sur les hautes latitudes de l’hémisphère
Nord ;
- A l’Oligo-Miocène, la jonction de l’Atlantique avec l’Arctique et la
circulation circum-antarctique ont modifié complètement le régime des
courants et des climats. Les roches-mères continentales sont cantonnées à la
zone équatoriale et tropicale ; celles marines sont limitées aux bassins de la
Paratéthys (mer Caspienne et mer Noire actuelles) et aux upwellings de
Californie.

II.9. Types de matière organique


Le type de la matière organique que les source rocks contiennent, les caractérise.
La matière organique survenant dans les source rocks est le résultat de la
fossilisation des restes organiques des organismes vivants. En accord avec la
définition habituelle, le kérogène est la part de cette matière organique laquelle est
insoluble dans les solvants organiques (tels que le chloroforme ou le
dichlorométhane). Dans les sédiments thermiquement immatures, le kérogène
correspond à la quasi totalité de la matière organique. Le kérogène est composé plus
ou moins de matériel organique altéré dérivé directement de bio-polymères
constituant les tissus et produits de précurseurs vivants (en héritage) et de la
polycondensation des parties intermédiaires issues de la décomposition de ces bio-
polymères (néoformation). La plupart de principaux précurseurs de ces restes
organique sont principalement algae, bacteria and higher plants.
D’après l’environnement de dépôt, la contribution relative de ces différents
précurseurs et le degré d’altération sont variables. C’est ce que constituent les
propriétés contrôlant des kérogènes. Les organismes vivants sont constitués des
biopolymères incluant les protéines, les carbohydrates (e.g. cellulose), les lipides et

56
les lignines. Les derniers étant les seuls présents dans les tissus de plantes terrestres
supérieures. L’hydrogène est l’atome le plus abondant dans les composés de pétrole,
suivi par les atomes de carbone, les hydrocarbures étant eux-mêmes constitués
seulement par ces deux atomes spécifiques. Toutes proportions respectées, les
kérogènes les plus prolifiques, en terme de la génération du pétrole, sont ceux qui
sont les plus riches en hydrogène et les plus pauvres en oxygène. Durant la
diagenèse précoce (early diagenesis premiers dizaines ou centaines de mètres
d’enfouissement), les protéines et la plupart de carbohydrates, sont beaucoup plus
détruits. Parmi les carbohydrates, l’exception notable de la cellulose, pourrait être
notée. La cellulose est moins sujette à la décomposition, et peut survivre à une
certaine extension de ce stade avec une petite altération.
Schématiquement, les composés dérivés de lipides (très riches en hydrogène),
lignine (pauvre en hydrogène, dû à sa nature aromatique) et la cellulose (riche en
oxygène), lesquels sont les plus résistants, seront préférablement préservés et
relativement concentrés dans la matière organique fossilisée en résultant. Le
kérogène partiellement hérité et partiellement néoformé exhiberait le plus ou moins
les empreintes chimiques altérés (i.e. deltaic), la contribution des plantes
supérieures terrestres implique une occurrence préférentielle de matériel ligno-
cellulosique (id est : wood fragments…), exhibant un faible ratio atomique H/C et
une teneur élevée en oxygène dans les kérogènes montrant un caractère réduit à
produire les hydrocarbures que les kérogènes dérivant de matériels algaire (exempli
gerenti phytoplancton) et bactérien. Les deux ne contiennent pas la lignine, et les
algues sont très pauvres en cellulose (essentiellement survenant dans la membrane
cellulaire) que les plantes supérieures. Les Bactéries sont dépourvues de cellulose.
Les ratios atomiques H/C et O/C de kérogènes sont traditionnellement liés au sort
de la matière organique de sédiments dans les trois principaux types pratiques et
classiques. Ces types sont schématiquement reliés à trois principaux
environnements dépositionnels et ces types ont été historiquement définis en accord
avec les séries spécifiques de référence.
• Type I : H/C>1,6 ; O/C<0,1 : nombreuses chaînes paraffiniques et peu
d’aromatiques ; ce type caractérise les milieux d’eaux douces, environnements

57
lacustres et dérive de produits lipidiques algaires et bactériens ; exempli garenti :
Eocene, Green River Shale Formation (Utah, USA)
• Type II : 1,2<H/C<1,6 ; 0,1<O/C<0,2 : intermédiaires, les produits aromatiques et
naphténiques sont plus nombreux ; ce type de kérogène caractérise les milieu
marins anoxiques avec principalement une origine planctonique parfois mêlée à des
produits issus de plantes supérieures ; e.g. : Lower Toarcian shale, Western Europe
(including the schistes carton from the Paris basin, France, and the Posidonian
Schieffer from Germany)
• Type III : H/C<1,2 ; O/C>0,2 : des produits polyaromatiques plus ou moins
oxygénés ; ce type de kérogène est issu de produits végétaux d’origine continentale
and marine (id est : deltas) ; e.g. : Upper Cretaceous from the Douala Basin
(Cameroon) and the Miocene of the Mahakam delta (Kalimantan, Borneo island,
Indonesia).
• Type IV : correspond à un matériel organique oxydé que l’on ne peut rapporter à
aucune biomasse originelle définie, à l’inverse des types I, II et III. Il s’agit souvent
de matières organiques remobilisées par l’érosion à partir de roches sédimentaires
préexistantes ou du résidu altéré de différentes biomasses. Les kérogènes rattachés à
ce type se placent sous le type III dans le diagramme de Van Krevelen et ne
représentent aucun intérêt pétrolier.

58
Il est évident que cette classification est une expression simplificatrice d’une réalité
souvent complexe où les mélanges dus à la sédimentation et à la variété des degrés
d’altération permettent en réalité une gamme assez large de produits. Comme des
valeurs indicatives, les teneurs en pétrole de ces composés qui peuvent être
potentiellement réalisés par les différents types de kérogènes, à partir de l’évolution
thermale sont exprimées en (% weight of le kérogène) : ~ 60-70% pour le Type I ;
~ 40-60% pour le Type II et ~ 15-25% pour le Type III.

Une importante différence entre la matière organique accumulée dans les marine
and lacustrine environments est que la dégradation anaérobique survient en
présence des sulfates dans les systèmes marins mais généralement sans sulfates dans
les eaux douces de lacs. La dégradation anaérobique de la matière organique en
milieu marin est conséquemment une oxydation (sulfates étant l’accepteur
d’électron) produisant H2S. La dégradation anaérobique de la matière organique
dans les eaux douces est la fermentation éventuellement associée avec l’activité de
méthanogénèse résultant dans la formation de méthane (i.e. marsh gas).

Un autre aspect de la composition de kérogènes est la teneur en soufre (élément


instrumental dans la qualité des hydrocarbures générés et dans le comportement
cinétique de kérogène lors de leur extraction et raffinage : oil rich in sulfur versus
sweet oils). Le rapport atomique S/C permet d’avoir une idée de l’intensité des
processus de sulfuration naturelle qui sont intervenus au cours de la formation des
kérogènes. Ainsi lorsque ce rapport est supérieur à 0,04, on parle d’une matière
organique soufrée et on ajoute le suffixe S à la caractérisation de son type. Les
kérogènes de type II-S sont plus fréquents que ceux des types I-S et III-S puisque
les processus de sulfato-réduction sont plus intenses en domaine marin que dans les
environnements continentaux où les sulfates sont moins abondants.

Le rapport atomique C/N est un indicateur d’origine de la matière organique qui est
largement dans les sédiments récents. Son intérêt repose sur le fait que les plantes
terrestres vasculaires et les plantes marines présentent des rapports différents, en
raison de la plus grande richesse des premières en cellulose et des secondes en
59
protéines, de telle sorte que le rapport C/N des algues marines varie de 4-10 alors
que celui des plantes terrestres est >20. Généralement, ce rapport est bien préservé
dans les sédiments malgré des légères modifications lors de la diagenèse précoce.
Ainsi dans le domaine marin, la dégradation partielle de la matière organique
algaire conduit à une perte importante d’unités protéiques, d’où une augmentation
de ce rapport. L’inverse survient dans les sols et dans certains sédiments océaniques
par adsorption de NH4+ provenant de la matière organique.

II.10. Distribution spatio-temporelle des source rocks


La plupart de roches à hautes teneurs organiques se sont déposées en des conditions
spécifiques géologiques, océanographiques et climatiques :
- Fossés intracratoniques inondés durant les époques de haut niveau marin,
lesquelles sont souvent séparées des mers ouvertes par des seuils, et sujets
conséquemment à devenir anoxiques. Les nutrients remontant de la
productivité aquatique sont suppliés par les masses continentales
environnant;
- Bassins marginaux associés avec des dépressions à l’intérieur des complexes
de plates-formes carbonatées ;
- Plateaux continentaux et pentes continentales quand ils sont associés avec
des upwelling systems ;
- Environnements de rift sujets au développement des lacustrine source rocks
sous climats humides ;
- Bassins de forme allongée et étroite reliés à la phase d’ouverture océanique
initiale quand envahis par l’eau marine sont favorables au développement de
l’anoxie ;
- Deltas lesquels contiennent des dépôts épais de shales riches en matière
organique et de charbons.
La moyenne de contenu en matière organique sédimentaire est reconnue varier
considérablement, de < 0.5% matière organique pour les plus pauvres , à 5-40%
pour les riches dans les shales et proches de 100% dans les charbons humiques et
d’algues. A l’échelle globale, la distribution chronostratigraphique est irrégulière, et

60
les accumulations majeures de la matière organique sédimentaire, et les roches-
mères, semblent être concentrées dans un nombre limité d’intervalles
stratigraphiques spécifiques. L’abondance des roches-mères à d’autres périodes de
temps est estimée très minime.
S’accordant aux différentes approches la contribution relative de ces six intervalles
en roches-mères se présente comme suit : Silurian (18-20%), Upper Devonian-
Lower Carboniferous (14-18%), Upper Carboniferous-Lower Permian (13-18%),
Upper Jurassic (15-17%), Middle-Upper Cretaceous (17-24%) and Oligocene-
Miocene (7-14%).

61
Chapitre III. From source rock to accumulation

Dans ce chapitre, nous décrivons le phénomène de la formation des hydrocarbures


par l’étude des modifications qui affectent la matière organique dans la roche-mère.
Pour cela, il faut collecter régulièrement des échantillons en provenance d’une
formation de roche-mère à diverses profondeurs, en tenant compte de l’homogénéité
latérale suffisante de la matière organique sédimentaire et d’une histoire
d’enfouissement non complexe. Cette approche a été appliquée dans de nombreux
bassins.
Par exemple, dans le Bassin de Paris et le Nord de l’Allemagne où le Toarcien de
l’Europe occidentale présente un exemple favorable pour la compréhension des
mécanismes de la formation de l’huile. L’unité concernée, dans laquelle le contenu
organique est élevé dans le Toarcien Inférieur, contient un sédiment de mer
épicontinentale, où la matière organique d’origine marine ne paraît pas montrer des
variations latérales dans le caractère. L’homogénéité du matériel à être analysé nous
amène à suivre l’évolution des propriétés de la matière organique dans les
échantillons pris à diverses profondeurs croissantes. La quantification de la fraction
extrayable, laquelle montre une croissance substantielle dans le micropétrole de la
roche-mère du Toarcien comme une fonction de la profondeur, indique clairement
le rôle de l’enfouissement dans la formation de l’huile.

III.1. Thermal mechanism for the formation of hydrocarbons


Les observations informatives de ces phénomènes sont basées sur l’examen des
fractions organiques suivantes :
- L’extrait (appelé aussi bitumen), lequel est un composé organique soluble dans
les solvants organiques tels que chloroform or dichloromethane. A une première
approximation, la composition de cet extrait est similaire à celle de l’huile. L’extrait
correspond à l’huile formée dans la roche-mère, où elle demeure comme un
micropétrole (pétrole qui est microdispersé dans la roche-mère) avant d’être
éventuellement expulsé à travers le système de drains. Cependant, il faudrait
remarquer qu’une proportion significative des produits lourds et plus polaires n’est

62
pas expulsée de la roche-mère. Ceci résulte de la différence dans la composition
totale du micropétrole et de l’huile accumulée dans le piège.
- Le Kérogène correspond à la fraction insoluble de la matière organique restant
dans le sédiment après son extraction par les solvants organiques. En général, le
kérogène représente 80 à 95% du contenu organique d’un sédiment. Il est nécessaire
d’abord de l’isoler. Ceci consiste à dissoudre la matrice minérale avec l’acide
chlorhydrique (for decomposition of carbonates) and fluorhydrique (for
decomposition of silicates). Il a été montré que ce processus dégrade généralement
le kérogène seulement très léger, exception faite pour les sédiments récents dans
lesquels la décomposition de la matière organique par hydrolyse peut atteindre 70%.
Cette susceptibilité à l’hydrolyse décroit très rapidement durant l’histoire précoce
de la sédimentation.

N.B : Chromatographie en phase gazeuse et spectrométrie de masse


Afin d’identifier les différents composants d’un mélange de substances organiques,
une série de séparations est nécessaire. Le mélange est d’abord déposé sur une
colonne de gel de silice, qui l’adsorbe. On rince ensuite la colonne par des solvants
ayant une polarité croissante – i.d. une affinité de plus en plus grande avec des
molécules elles-mêmes polaires – et on élue ainsi des fractions contenant des
molécules de plus en plus polaires. On sépare les constituants de la fraction
contenant les hydrocarbures saturés à l’aide de tamis moléculaires, solides
minéraux dont la structure contient de petites cavités régulières où seules les
molécules allongées des alcanes linéaires sont piégées. Les molécules les plus
grosses, ramifiées ou cycliques, restent en solution. Chaque fraction est ensuite
séparée par chromatographie en phase gazeuse : la fraction est vaporisée dans un
gaz inerte – i.e. qui ne réagit pas avec les molécules, comme de l’hélium – et
envoyée dans un long tube capillaire. La paroi interne du tube capillaire est
recouverte d’un film liquide non volatil. Les molécules s’y dissolvent et s’en
évaporent sans cesse au fur et à mesure qu’augmente la température du tube ; les
molécules les plus grosses y sont retenues plus longtemps que celles de petite taille.
Ainsi, une ségrégation s’opère et on étale dans le temps la sortie des molécules en

63
fonction de leur taille. A la sortie du tube, deux types de détection sont possibles.
On peut détecter directement les molécules et on obtient alors un chromatogramme
en phase gazeuse où l’ordre d’apparition des pics dépend de la taille et de la
structure des molécules alors que la hauteur d’un pic est proportionnelle à la
quantité de la substance. Dans le second type de détection, un faisceau d’électrons
bombarde les molécules à la sortie du tube, les ionise et les fragmente. Les
différents fragments ionisés sont ensuite déviés dans le champ magnétique d’un
spectromètre de masse, les fragments les plus lourds étant les moins déviés.
L’analyse de l’enregistrement obtenu, que l’on appelle spectre de masse, donne des
indications sur la structure des molécules car elles ne se fragmentent pas au
hasard. Ainsi, un spectre de masse montrant des fragments ayant des masses de 177
et 191 indique une structure constituée de cycles caractéristiques des hopanes.

64
La génération de micropétrole dans une source rock est accompagnée par un
profond changement dans les propriétés du kérogène. Dépendant de la profondeur
d’enfouissement, laquelle associée avec une croissance de la température dans le
sédiment, la transformation du matériel organique est progressive. La simple
observation microscopique montre que quand le kérogène est immature, la partie
amorphe apparaît être constituée des plaques brunâtres, larges et pelucheux. Celles-
ci évoluent graduellement en un assemblage des particules noirâtres plus petites et
plus anguleuses. La diffraction électronique par spectroscopie révèle que cette
évolution est accompagnée par un changement dans la structure du kérogène
résiduel, lequel acquiert progressivement le caractère aromatique. Ceci résulte de la
disproportionalisation des réactions accompagnées par la redistribution des atomes
de l’hydrogène au bénéfice des hydrocarbures réalisés, lesquels sont enrichis en
hydrogène et un pattern ordonné qui tend vers un arrangement imparfait de graphite.

65
66
D’abord constituée de biomolécules (glucides, protides et lipides), puis de
composés résultant de la biodégradation de ces molécules (acides fulviques, acides
humiques, humines), la matière organique subit des altérations thermiques, d’abord
légères, conduisant, notamment, à la libération d’acides organiques diagénétiques et
catagénétiques. A des profondeurs et des températures voisines de celles où sont
générés ces acides organiques (1500-2000 m, 60°-80°C), des réactions de craquage
thermique se généralisent. Elles conduisent à la formation de composés polaires
(résines, asphaltènes) et d’hydrocarbures lourds, puis, à des profondeurs
supérieures, à celle d’hydrocarbures de plus en plus légers.

67
A chaque étape de cette évolution thermique, l’huile ou les gaz se séparent d’un
kérogène résiduel de plus en plus pauvre en hydrogène et de plus en plus riche en
carbone.
La deuxième information concerne le comportement des huiles lorsqu’elles sont
portées à des profondeurs supérieures à celles où elles ont été engendrées. Une telle
situation est fréquente pour des huiles n’ayant pu migrer hors de leur source rock
alors que celle-ci continue à s’approfondir sous l’effet de la subsidence. Les
hydrocarbures de ces huiles se révèlent instables thermiquement et ils craquent sous
l’effet de la température croissante en une fraction d’hydrocarbures plus légers
qu’eux-mêmes (gaz) et une fraction carbonée ayant valeur de kérogène résiduel.
Ces fractions carbonées résiduelles constituent des pyrobitumes.
2C4H10 Thermal cracking →5CH4 + 3C
Butane →Methane + Pyrobitumen
(8C + 20H) →(5C + 20H) + 3C

68
Ces produits passent par un état visqueux à très visqueux rappelant celui des
bitumes de faible rang (pétrole lourd symptomatique de la fin de la diagenèse ou du
début de la catagenèse). Mais leurs propriétés les distinguent de ceux-ci sans
ambiguïté : ils ne sont pas fusibles, ils sont insolubles dans le CS2, ils sont solides
dans leur gisement et ne contiennent que des quantités très faibles d’hétéroatomes.
L’effet de métamorphisme peut conduire à l’évolution thermique de la matière
organique qui résulte dans la formation de graphite. Dans ces cas, les conditions
sont moins longues que celles rencontrées dans les bassins sédimentaires subsidents,
mais correspondent plutôt au métamorphisme associé aux orogenèses. En fait, la
pression et la température suffisante (GPa et plus de 1000°C) est nécessaire pour la
formation de la structure compacte et ordonnée du graphite.

En résumé, ces étapes de l’histoire de l’enfouissement de la matière organique sont :

69
- La diagenèse initiale, très précoce durant laquelle les effets bactériens assez
efficaces pour générer du gaz méthane dit biogénique ;
4 H2 + CO2 →CH4 + H2O
- La diagenèse d’enfouissement au cours de laquelle les trois types de
kérogènes commencent à perdre leurs composants oxygénés sous forme d’eau et de
gaz carbonique (O/C décroît plus rapidement que H/C) ;
- La catagenèse correspondant à des profondeurs d’enfouissement croissantes,
étape de la formation de l’huile et des gaz à condensats. Alors que O/C ne décroît
guère mais H/C diminue rapidement. La profondeur à laquelle s’effectue cette
genèse des hydrocarbures est appelée fenêtre à huile. Le seuil de début de la
catagenèse varie de 60° à 120°C de 1500 à 4000 m, selon les gradients
géothermiques des bassins sédimentaires ;
- La métagenèse, phase ultime d’évolution du kérogène, est le stade de la
formation du gaz sec (méthane) par craquage des hydrocarbures précédemment
formés et du kérogène résiduel : c’est la fenêtre à gaz en général à partir de 3000 m
de profondeur. L’ultime stade de ce processus est de générer des gaz uniquement.
En tant que fonctions de l’évolution thermique, le stade de la génération de l’huile
et de gaz correspond successivement à la catagenèse laquelle inclut la formation de
l’huile et du gaz (avec progressivement de l’huile légère et des quantités plus
abondantes de gaz à partir de la maturation thermique croissante). Ce processus de
70
génération des hydrocarbures directement à partir de kérogène est appelé cracking
primaire. Les produits générés qui ne sont expulsés pas de la roche-mère sous
cracking thermique incluent en particulier une large portion des produits lourds
(résines et asphaltènes) qui sont généralement expulsés seulement avec difficultés.
Ce cracking des produits est dit secondaire, postérieur au cracking primaire. La
combinaison de ces crackings dans une roche-mère conduit à la génération dans
l’ordre des produits à poids moléculaire bas (gaz humides, gaz avec condensat, gaz
secs contenant essentiellement un mélange de méthane, éthane, propane, butane et
finalement du méthane seul). Les gaz pétroliers peuvent contenir en solution, dans
leur gisement, des hydrocarbures plus lourds que ceux qui s'y trouvent normalement
à l’état gazeux. Ces huiles se condensent dès que les gaz sont portés à la pression et
à la température ordinaire. Ils sont désignés, pour cette raison, sous le nom de
condensats. Les dry gas sont dépourvus de fractions lourdes condensables et wet
gas, gaz dans les fractions lourdes.

Les micropétroles peuvent être extraits de sédiments par l’usage d’un solvant
organique ou par thermo-vaporisation pour la quantification et l’analyse.
L’extraction de ces micropétroles à partir des échantillons collectés du Lias dans le
Bassin de Paris montre clairement une croissance en fonction de la profondeur et de
la température. L’analyse chromatographique montre un changement graduel dans
la distribution des hydrocarbures en fonction de leur poids moléculaire, lequel
diminue vers le bas. Ceci reflète le progrès du cracking thermique qui réalise des
molécules plus petites à partir du kérogène et transforme les molécules déjà
générées dans la roche-mère en d’autres plus petites.

III.2. Composition des fluides générés durant l’évolution thermale


La composition de la matière organique des roches-mères se rattache à celle de l’un
des trois types fondamentaux définis dans le diagramme de Van Krevelen ou à celle
d’un mélange d’entre eux. Dans ce diagramme, les profondeurs auxquelles ont été
prélevés les kérogènes analysés croissent de la droite vers la gauche suivant les
flèches portées le long des trois lignées I, II et III. Cette évolution se traduit par une
perte plus intense d’atomes d’hydrogène et d’oxygène que de carbone, la perte
71
majeure en oxygène étant plus précoce que la perte majeure en hydrogène. L’on
peut alors s’attendre à ce que, tout au long de cette première période d’évolution de
la matière organique, dite de diagenèse, la transformation de la matière organique
s’accompagne d’abord de la production d’espèces chimiques riches en oxygène
(CO2, H2O, acides organiques, composés polaires des huiles). Cette période
d’évolution a été qualifiée d’époque d’oxygène.
La période suivante – qualifiée d’époque d’hydrogène – est celle où des quantités
significatives d’hydrogène sont consommées pour l’essentiel dans la genèse
d’hydrocarbures. Dans cette période, des hydrocarbures de haut poids moléculaire
se forment les premiers et constituent des huiles lourdes. Des hydrocarbures légers
se forment aux plus hautes températures et constituent d’abord des huiles légères
puis des gaz.
A la fin de la catagenèse, la réserve d’atomes d’oxygène et d’hydrogène est
quasiment épuisée alors que demeurent, dans un kérogène méritant de moins en
moins ce nom (car manquant d’hydrogène pour générer des hydrocarbons), des
quantités notables d’atomes de carbone. Ces atomes s’organisent au sein d’unités
prégraphitiques, ce dernier stade a été qualifié d’époque du carbone.

72
Le terme diagenèse organique (inventé par les géochimistes organistes) correspond
à un stade dans l’évolution de la matière organique. Il ne doit pas être confondu
avec la diagenèse minérale se limitant à l’orée du métamorphisme, i.e. sur des
profondeurs pouvant atteindre plusieurs milliers de mètres et dans une gamme de
températures allant de 10°C, environ, en surface, à 200°C, environ, en profondeur.
Or, dans le diagramme de Van Krevelen, ce terme est beaucoup plus restreint à la
seule époque d’oxygène (0-2000 m et 10-80°).

Or la composition des kérogènes issus de chacune de ces lignées diffère par la


proportion des entités appelées à être libérées au sein des huiles ou de gaz sous
forme de composés polaires (résines, et asphaltènes), de n- et iso-alcanes, de
cyclanes, d’alcènes et de composés aromatiques. De même, la composition du
kérogène, est-elle révélatrice de la proportion entre ces espèces extractibles (aux
dépens du kérogène, par un solvant organique) et celle des espèces destinées à être
intégrées dans le résidu carboné (noyaux et espèces polycycliques aromatiques,
notamment) : cette proportion est supérieure dans le kérogène de type I à ce qu’elle

73
est dans les kérogènes de type II puis de type III. La quantité croissante de
composés extractibles produite respectivement aux dépens de 1 g de carbone
organique de I, II et III diffère en proportions variables d’hydrocarbures : le début
du craquage intervient d’abord dans le kérogène de lignée III, puis II et enfin I. les
quantités totales d’huile et de gaz produits croissent du type III au type I et
présentent un spectre moléculaire différent dans chaque type de kérogène. Les
énergies d’activation nécessaires au craquage sont plus étroites et plus élevées pour
I que pour II. Le craquage total des kérogènes de type III nécessite le plus d’énergie.

Des différences existent, en outre, dans les trois grandes lignées de matière
organique, dans les compositions de telle ou telle des quatre fractions moléculaires
extraites (n-alcanes, iso-alcanes, cyclanes, aromatiques).

Les hydrocarbures décelés sont caractéristiques du métabolisme lipidique des


organismes qui les ont engendrés :
- Les biomasses de type I (procaryotes, micro-algues) produisent des
hydrocarbures dont le mode est centré entre n-C16 et n-C21, sans prédominance
d’une longueur de chaîne par rapport à une autre.

74
- Les hydrocarbures produits par les biomasses II présentent des modes centrés
sur des longueurs de chaînes en n-C15 et n-C17.
- Le spectre des hydrocarbures immatures de type III est tout à fait
caractéristique : ceux-ci sont plus lourds que les précédents (n-C25 et n-C31) et
présentent une forte dominance des termes impairs. Comme on le voit dans les
chromatogrammes d’huiles matures, cette imparité disparaît à mesure que la
température augmente.

Sur ces chromatogrammes des hydrocarbures saturés totaux à deux stades de


l’évolution thermique de la matière organique, le début de la diagenèse et le milieu
de la catagenèse, les pics les mieux résolus étant ceux des n-alcanes, c’est eux que
nous considérons. Ces pics sont spécifiques des divers types de matière organique
au stade de la diagenèse et peuvent donc être considérés comme des biomarqueurs
d’origine et de faible maturité.
C’est l’effet homogénéisateur, nivelant de la température qui a fait disparaître la
prédominance de telle ou telle longueur spécifique de matières organiques
immatures. La composition des n-alcanes ou le profil de leur chromatogramme sont

75
toujours des indicateurs de maturité du kérogène jusqu’au début de la catagenèse.
Le craquage thermique engendre alors autant de chaînes paires que de chaînes
impaires et les chaînes longues (n-C25 à n-C30), ou paires (avec un mode en n-C22 ou
en n-C24, produites au cours de la diagenèse précoce par des micro-organismes), se
révèlent instables et craquent au profil de chaînes plus courtes. Le mode du massif
de pics qui se forme alors culmine encore là où culminaient les chaînes d’origine
biologique les plus longues. Puis ce pic lissé se déplace vers des longueurs de
chaînes toujours plus courtes à mesure que croît la température de catagenèse. A ce
stade, les mélanges d’hydrocarbures produits par des matières organiques de lignées
différentes ne peuvent être distingués d’après le profil de leur chromatogramme.

La composition des fluides durant le cracking de kérogène est contrôlée par la


structure chimique du kérogène original et par l’extension de l’exposition thermique
de la roche-mère. Plus le type est concerné, plusieurs régularités ont été notées tel
que l’occurrence favorisée des paraffines de haut poids moléculaire dérivés de
kérogènes de type I et III, et hautes teneurs des aromatiques légers en hydrocarbures
dérivés de kérogène de type III. C’est une tendance pour le kérogène de type III à
être enclin un gaz, encore s’il est également une source d’huile.

Le changement dans la composition des fluides générés associés avec l’évolution


thermique est un résultat direct du cracking progressif (cracking primaire et
secondaire) de la matière organique dans la roche-mère et de la stabilité
thermodynamique des espèces organiques. Pour des buts opérationnels, les
propriétés importantes sont : la relative proportion en gaz et en huile (GOR : gas
and oil ratio) et le poids spécifique de l’huile. Dans l’industrie pétrolière, la densité
est exprimée par le degré API : (141,5/densité) – 131,5. Il faudrait noter que
l’équation est arrangée tel que 10°API corresponde à la densité 1 de l’eau, laquelle
est la valeur pour l’eau pure (l’huile devient plus lourde que l’eau au-dessus de
10°API).
Généralement, les hydrocarbures matures précoces ont une densité haute (un faible
API, lequel est inversement lié à la densité). Pour exemple, en Californie, le bassin

76
de Santa Maria et les champs pétroliers de Channel Santa Barbara Western où le
principal réservoir fracturé est la Formation de Monterey du Miocène, laquelle est
aussi une source rock et génère des huiles lourdes à des bas niveaux de l’exposition
thermique. Certaines de ces huiles ont un degré API aussi bas que 10°.
Comme une tendance générale, avec une croissance de l’exposition thermique, les
hydrocarbures liquides générés par des roches-mères deviennent plus légères :
lourde densité (inférieur à 22°API), moyenne densité (22-31°API), légère densité
(supérieure 31°API), et condensat (supérieur à 50°API). De même, il est une
croissance dans le ratio du volume des gaz générés au volume de l’huile générée
(GOR). Au niveau moléculaire, l’exposition thermique affecte les biomarqueurs. La
structure chimique des biomarqueurs évoluent du squelette de carbone qui est
composé de l’héritage biologique aux paquets moléculaires modifiés qui peuvent en
résulter.

III.2. Basic Methods for assessing source rocks


Pour évaluer le potentiel d’un système pétrolier, il est nécessaire de voir si la source
rock est présente dans ses positions stratigraphiques actuelles. Cela revient à évaluer
les statuts organiques de la source rock, incluant :
- the organic content, classically expressed as a weight percentage of the
organic carbon standardized to the entire dry rock (TOC% : total organic
carbon) ;
- the type of organic matter, which strongly affects its petroleum potential ;
- the degree of thermal maturity, which helps determine the evolution of
organic matter and can be used to evaluate the extent of kerogen
transformation and the nature of the fluids generated.
Dans des buts opérationnels, pour que cette information soit intégrée dans les
modèles de basins, la variation régionale de ces parameters doit être envisagée. Ces
méthodes incluent la mesure du TOC d’échantillons de roches, l’usage des
diagraphies différées, l’analyse chimique de kérogène, les diverses technologies de
pyrolyse et les observations microscopiques.

77
III.2.1. Mesure directe de TOC
The most basic way to measure the organic content of a rock sample is by high-
temperature oxidation of the contained organic matter. Pour éviter l’interférence
avec le carbone provenant des carbonates, l’oxydation nécessite avant tout la
décarbonatation de l’échantillon avec l’acide chlorhydrique à chaud. The total
organic carbon content, expressed in weight % (TOC), is derived from the CO2
generated by the oxidation. Certes, cette méthode sous-estime cette teneur.
Alternatively, TOC can be measured with a Rock-Eval pyrolsis device. La figure ci-
dessous propose une évaluation empirique de la qualité d’une source rock (poor,
fair, excellent) pour les différents types de kérogène en fonction de leurs teneurs en
TOC. Les états immature et over-mature se traduisent en ordre par la quantité de
carbone perdu associé avec la formation des hydrocarbures.

III.2.2. Approche géophysique de mesure de TOC


Deux approches basées sur les diagraphies différées peuvent être utilisées ; elles
doivent être calibrées par des mesures actuelles de TOC dans les forages de
référence :
- Les gamma rays (GR) sont sensibles à la radioactivité dans les sédiments,
premièrement comme un résultat de la présence de l’U, Th et K. En pratique,
78
cependant, il est plus convenable d’utiliser le spectre de gamma rays, lequel peut
distinguer la contribution individuelle des éléments radiogéniques et, plus
spécifiquement, de l’uranium, à la radioactivité. Cette approche se base sur le fait
que les source rocks peuvent être radioactives (hot shales). La radioactivité
augmente du fait que les environnements anoxiques sont favorables au dépôt et de
l’uranium (sels d’uranium, comme l’uraninite UO2, devenant insolubles dans les
conditions anoxiques) et de la matière organique (préservation). Cependant, nous
convenons que la co-occurrence de la matière organique et de l’uranium requiert
qu’il y a une source de l’uranium dans le voisinage. Ceci ne signifiant pas que
toutes les source rocks contiennent une quantité substantielle d’uranium. Le log GR
est convenablement utilisé pour déterminer la présence et la variation latérale en
richesse et épaisseur d’une source rock donnée.

- Les propriétés spécifiques de la matière organique : faible densité, faible


transmission sonique et résistivité élevée peuvent être exploitées pour obtenir
l’information sur le contenu organique à partir des diagraphies électriques de
référence.

III.2.3. Techniques de microscopie


Les pétrographes de charbons ont défini les constituants microscopiques de
charbon, qu’ils appellent macéraux par analogie avec les minéraux constituant les
roches. Ces particules peuvent éventuellement être isolées des sédiments autres que

79
les charbons humiques. Les divers macéraux peuvent être reconnus par observation
des sections polies en lumière naturelle réfléchie ou en utilisant la fluorescence aux
UV. Dans le cas des charbons, une section polie est directement fabriquée à partir
de la roche, mais pour des roches contenant la matière organique disséminée, la
section est coupée à partir d’un bloc de résine qui inclut un concentré organique
obtenu par une méthode densimétrique. En lumière naturelle, la reflectance des
macéraux exprime le pourcentage d’intensité de la lumière réfléchie comparée à la
lumière incidente, mesurée avec un photomultiplicateur. Cette reflectance augmente
de la liptinite (ou exinite, ou alginite) à l’inertinite en passant par la vitrinite. Sous
les UV, la liptinite, l’exinite, l’alginite sont les seuls macéraux à montrer la
fluorecscence.
Lumière naturelle Ultraviolets

Vitrinite Exinite Inertinite

- Exinite (or liptinite), derived from organic structures rich in lipids, for
example leaf cuticles or the exine (external wall) of pollens ;
- Inertinite, which arises from the extreme oxidation of organic matter, for
example during forest fires or oxidation in soils. It is devoid of oil potential ;
- Vitrinite, derived from the gelification of lignocellulosic tissues of higher
plants that takes place during fossilization in early diagenesis.

A) Vitrinite Reflectance
The reflectance of the vitrinite is measured with precision under strictly defined
standard experimental conditions and in immersion in oil. This reflectance has
several abbreviations, including %Ro (o for oil, referring to the oil immersion) and

80
VR (vitrinite reflectance). It increases progressively with the thermal maturity of the
samples ; the vitrinite particles becoming increasingly brighter. This phenomenon is
a direct consequence of the change in composition of the kerogen as it becomes
increasingly aromatic and exhibits greater ordering of the structural pattern
aromatic. Cette méthode requiert des centaines de mesures sur un seul échantillon,
avec un traitement statistique sous forme d’histogramme. Dans les rapports de
routine, la reflectance de la vitrinite est donnée par la médiane de l’histogramme. La
qualité de ces données est dépendante du nombre des mesures.

La procédure analytique est soigneusement définie et les résultats sont


régulièrement testés. Par conséquent, les données fournies par des laboratoires
professionnels peuvent être traitées comme des paramètres absolus pour
l’évaluation de la maturité thermique d’une source rock. Ces mesures ont été
calibrées sur un forage et sont basées sur certaines séquences sédimentaires dont on
se sert comme standard de référence pour la reflectance de la vitrinite à travers le
monde pour évaluer la maturité thermique de la matière organique. Sur le
diagramme de Van Krevelen, les valeurs de Ro sont également appréciées le long
de différentes pistes d’évolution.
Indicative key values for vitrinite reflectance (Ro) are :

81
- 0.5-0.6% : boundary between diagenesis and catagenesis ; onset of the
hydrocarbon generation ;
- 0.6-0.8% : early oil window ;
- 0.9-1.0% : peak of oil generation ;
- 1-1.4% : late oil window ; generation of lighter oil ;
- 1.4-2.0% : condensate and wet gas window ;
- 2.0% : boundary between catagenesis and metagenesis – onset of the dry gas
window.

B) Techniques alternatives
Ces techniques alternatives peuvent être appliquées et utilisées comme a proxy pour
la reflectance de la vitrinite. L’une d’elles est la mesure de la fluorescence sur les
corps algaires spécifiques. Comme un résultat de l’altération thermique
accompagnant l’altération chimique, la fluorescence de l’alginite observée au
microscope sous la lumière UV incidente diminue progressivement de bleu pour les
échantillons thermiquement immatures au vert, jaune, orange et finalement rouge
pour ceux matures. Dans les conditions standard, le spectre de fluorescence peuvent
82
être enregistrés. Le pic de la longueur d’onde du spectre (appelé λmax), qui baisse
de longueurs élevées avec les source rock thermiquement mature. Les valeurs ont
été calibrées à partir d’une collection des microfossiles bien identifiés comme
l’algue Tasmanite.

Ces valeurs de fluorescence peuvent être transposées en équivalent de reflectance de


la vitrinite (eqRo%). Ro et eqRo% fournissent une information valable au site de
forage qui peut être extrapolée à l’échelle régionale en utilisant une carte
bathymétrique. La véracité de cette carte de maturité augmente avec l’acquisition
des données de forage. Cette approche peut être utilisée pour délinéer
analytiquement les cuisines courantes de gaz et d’huiles.

83
Ce changement de couleur (blackening) de spores et pollens est représenté par the
thermal alteration index (TAI), dont l’échelle des valeurs se range de 1 à 5, the
spore coloration index (SCI), sur une échelle de 1 à 10, the color and reflectance des
microfossiles spécifiques, tels que les conodontes (conodont alteration index, CAI)
et les graptolites.
C) Rock-Eval Pyrolysis
La technologie la plus utilisée est la pyrolyse Rock-Eval mise au point par Espitalié
et al. (1977). C’est une méthode rapide de caractérisation des roches mères, de leur
potentiel pétrolier et de leur degré d’évolution.

84
Rock-Eval output can be used to extract rock sample data for :
- Total organic carbon content (TOC) ;
- The petroleum potential of the rock ;
- The type of kerogen ;
- Thermal maturity.
Le traitement thermique des échantillons sous un flux de gaz inerte (azote) est
utilisé pour :
- L’extraction les hydrocarbures libres présents dans la roche par thermo-
vaporisation ;
- La libération par cracking thermique (pyrolyse) des produits (hydrocarbures
et CO2) potentiellement présents dans le kérogène.
Les produits de ces traitements sont surveillés à la sortie du four par une suite des
détecteurs appropriés. Cette opération conduit à la production de plusieurs pics
enregistrés et quantifiés. Ces pics respectifs correspondent :
- aux hydrocarbures libres survenant dans la roche (pic S1) ;
- aux hydrocarbures libérés par le cracking du kérogène (pic S2) ;
- au CO2 produit conjointement durant le cracking du kérogène (pic S3).
Le reliquat de la pyrolyse est alors introduit dans un four d’oxydation qui permet la
transformation complète en CO2 de la matière organique résistant à la pyrolyse (pic
S4).
85
La procédure est conçue de la sorte :
- A la première étape, l’échantillon sec de la roche est pesé dans un creuset
perméable au gaz, et placé ensuite dans le four à pyrolyse, lequel est purgé par un
flux de gaz inerte (N2 ou He) à la température ambiante de la salle. Le four est
ensuite chauffé et maintenu à une température constante de 280-300°C pour une
durée standard de quelques minutes. Sous ces conditions, les hydrocarbures libres
sont thermo-vaporisés et conduits par le gaz inerte transporteur vers le détecteur des

86
hydrocarbons, ici un détecteur à flamme d’ionisation. Le pic enregistré durant cette
phase isothermique est appelé S1 et correspond aux hydrocarbures survenant
comme une phase libre dans l’échantillon de roche.
- A la seconde étape, et toujours sous un flux de gaz inerte, la température du
four est élevée dans un cycle programmé de 20°C par minute jusqu’à 600°C. dans
cet intervalle de températures 280-600°C, le kérogène est pyrolysé et subit le
cracking thermique. Les produits libérés par ce cracking thermique, les
hydrocarbons et le CO2, sont respectivement surveillés en ligne par un détecteur
FID (pic S2) et, dans les dernières versions de Rock-Eval, une cellule infrarouge
(pic S3). Il faut noter que, sur l’enregistrement fourni par le détecteur infrarouge, le
CO2 dérivé du cracking de kérogène peut être distingué de celui issu de la
décomposition des minéraux carbonatés parce que la température spécifique varie.
- A la troisième étape, après refroidissement, le creuset contenant l’échantillon
est retiré du four de la pyrolyse et transféré par un mécanisme automatique dans un
four de combustion, où il est oxydé en présence de l’oxygène (air). Le résidu
organique de la pyrolyse est subséquemment complètement transformé en CO2 (pic
S4).
Notez que les versions les plus récentes of the Rock-Eval apparatus (Rock-Eval 6)
peuvent atteindre une température de 850°C à laquelle sont suivis tous le CO et CO2
produits par cracking de la matière organique et la décomposition de carbonates
peuvent être traités pour obtenir des informations sur le contenu des carbonates et
leur nature. Rock-Eval 7, avec un module de sulfure, étend ses capacités par
l’obtention des données sur les espèces de sulfures présentes. La quantification des
produits émis, chacun correspondant à un pic par intégration des aires, fournit
plusieurs paramètres de masse :
- S1/Rock : masse d’hydrocarbures libres dans les sédiments, en mg of
hydrocarbon per gram of rock (or kg per ton) ;
- S1/TOC : masse of free hydrocarbons in mg of hydrocarbon per gram of total
organic carbon ;
- S2/Rock or oil potential of the sediment : mass of pyrolyzable hydrocarbons in
mg of hydrocarbon per gram of rock (or kg per ton) ;

87
- Hydrogen Index, HI = S2/TOC x 100 : mass of hydrocarbons produced by
pyrolysis, expressed as mg per gram of total organic carbon. Ce paramètre peut être
favorablement corrélé avec le H/C atomic ratio du kérogène ;
- Oxygen Index, OI = S3/TOC x 100 : mass of CO2, expressed in mg of CO2 per
gram of total organic carbon. Ce parameter peut être approximativement corrélé
avec the O/C atomic ratio du kérogène ;
- Total organic carbon, TOC : since the entire organic carbon of the rock est
libéré comme hydrocarbons (S1 et S2) and CO2 (S3 et S4), the TOC can be
calculated à partir de la combinaison linéaire des quantités de carbone présent dans
ces pics. Ceci est donné par la sommation de valeur moyenne pour le contenu de
carbone organique des hydrocarbures libres de pics S1 et S2 (83%) et en calculant
la contribution du CO2 dans les pics S3 et S4 (12/44 x 100~ 17%) ;
- Tmax : est la température de libération maximum des hydrocarbures durant le
déroulement de la pyrolyse programmée (correspondant au top du pic S2). La valeur
de Tmax fournit une mesure de la maturité thermique de la matière organique. Plus
la valeur de Tmax est élevée, plus grand est le degré de maturité thermique. Ceci
reflète le fait que les fractions les plus thermiquement labiles sont progressivement
perdues durant l’évolution naturelle thermique du kérogène. Les plus labiles
correspondant au front du pic S2, tendent à décroître au fur et à mesure que décroit
la maturité. Ceci se manifeste dans la décroissance progressive de l’aire de surface
du pic, accompagnée par une baisse du top de pic et une augmentation de Tmax.
L’avantage de Tmax en fonction de Ro est qu’elle peut être utilisée pour la matière
organique de types I et II aussi bien que de type III.

88
Production Index

Tmax

89
Deux types de diagramme sont couramment utilisés pour représenter les paramètres
Rock-Eval : HI vs OI diagram, qui imite le diagramme de Van Krevelen H/C vs
O/C, et le diagramme HI vs Tmax, lequel montre sur un graphe le type de matière
organique et son degré de maturité thermique.
Deux paramètres additionnels sont utilisés pour suivre le degré de progression de la
réaction de formation des hydrocarbures :
- The Production Index (PI) : S1/ (S1+S2). Dans un système fermé, l’indice de
production croît avec l’extension de la génération des hydrocarbures. La somme S1
+ S2 représente le potentiel pétrolier théorique total, et les hydrocarbures générés

90
(S1) croît comme décroît le potentiel pétrolier (S2). Cependant, dans une séquence
naturelle, quand l’expulsion commence (primary migration) certains hydrocarbures
générés sont libérés du système et l’index de production est plus bas qu’il ne
pourrait être attendu dans un système fermé ;

- The Transformation ration (TR) : (S20/TOC0 - S2/TOC0 divisé par


S20/TOC0) x S20 représente le potential initial de la source rock immature, S2 est le

91
potential résiduel courant de l’échantillon, et TOC0 est le TOC initial de la source
rock immature. Dans un système fermé théorique, TR = PI.
Le Transformation ratio est un paramètre très robuste pour l’évaluation du degré de
la génération des hydrocarbures tel qu’on ne compte pas sur la mesure de la fraction
mobile mais sur le potentiel pétrolier restant de la source rock (associé avec le
kérogène non mobile). Cependant, il requiert l’obtention de l’information sur S20 et
TOC0. Pour un échantillon donné avec son TOC courant et HI, TR peut être
exprimé en utilisant l’expression suivante : TR = (HI0-HI(TOC/TOC0))HI0. Dans
cette équation, le transformation ratio requiert que nous ayons accès aux valeurs
initiales HI0 et TOC0 de la source rock. Ces valeurs sont obtenues à partir d’un
échantillon représentatif de la source rock immature. Autrement, une supposition
doit être faite basée sur la meilleure connaissance géologique disponible : analogie,
environnment dépositionnel, model stratigraphique. Dans certains cas, le TR mesuré
est sujet d’incertitudes qui seront évaluées sur base du système étudié. En l’absence
des données pertinentes sur des source rocks immatures, le TR mesuré est parfois
approximatif en utilisant l’équation simplifiée suivante, laquelle ignore la perte de
carbone associé avec la génération des hydrocarbures : TR = (HI0-HI)/HI0
Cependant, cette équation est basée sur une valeur supposée de HI0 et induit un
préjudice parce qu’elle ne prend pas en compte le carbone organique perdu durant la
génération des hydrocarbures et, par conséquent, elle sous-estime la valeur actuelle
du TR. Il sera noté que le TR est un paramètre crucial depuis qu’il décrit la réaction
de la génération des hydrocarbures et est l’un des principaux produits des modèles
numériques simulant le cracking du kérogène dans les systèmes pétroliers.
Il existe un autre paramètre convenable pour la cartographie du potentiel pétrolier
actuel d’une source rock, lequel tient compte non seulement de la qualité mais aussi
de l’épaisseur de l’unité sédimentaire proche. C’est le Source rock potentiel index
(SPI). The SPI correspond au total du petroleum potential d’un volume dans une
colonne de source rock sur une section de 1 m2 de surface. Puisque les paramètres
complexes de Rock-Eval sont fournis en unité de poids, pour calculer SPI, nous
devons tenir compter de la masse volumique de la roche, laquelle est supposée être
de 2,5 (g/cm3). SPI (ton/m2) est exprimé comme suit : SPI = (2,5(moyS1 +

92
moyS2)h)1000 où les moyennes de S1 et S2 en mg HC/g rock pour l’unité de la
source rock et h en m est l’épaisseur de cette unité. Puisque moyS1 ne considère pas
les hydrocarbures expulsés, la valeur résultant est habituellement classique et sera
considérée seulement comme une approximation en déterminant le potentiel
régional de la source rock.

III.3. Migration des hydrocarbures


III.3.1. Définition de différents types de migration
Après leur formation dans la source rock, certains des hydrocarbures générés
trouvent éventuellement leur voie de sortie de la roche-mère à grain fin et
atteignent le système de drainage. Celui-ci est caractérisé par un ensemble de
caractéristiques géologiques qui lui confèrent des propriétés pétrophysiques
93
telles que les fluides peuvent migrer partout dans le système pétrolier.
Certains écoulements d’hydrocarbures s’accumulent dans les pièges
représentés par les roches réservoirs exhibant une porosité suffisante et une
perméabilité (sédiments perméables ou des roches fissurées). Le réservoir fait
partie intégrante du système de drainage. Maintenir les hydrocarbures dans les
pièges, nécessite que celui-ci soit recouvert par un cap rock imperméable dont
les propriétés mécaniques sont telles que la pression vers le haut générée par
la colonne des hydrocarbures faible densité puisse être supportée.
A cet égard, le déplacement des hydrocarbures dans le système pétrolier peut
être réparti en différentes étapes :
- Le mouvement de la roche-mère vers le système de drainage, auquel on
se réfère comme « migrations primaires ou expulsion » ;
- Le mouvement le long du réseau du système de drainage, lequel
comprend les couches des sédiments perméables, les roches fissurées, les
failles et les contacts de couches avec les diapirs actifs, auquel on se réfère
comme « migrations secondaires » ;
- La fuite des hydrocarbures en dehors d’une accumulation, à laquelle on
se réfère comme « dysmigration ou migration tertiaire ».

III.3.2. Physiques de migration


Parler du déplacement des hydrocarbures dans le système pétrolier prend en
compte trois points majeurs suivants :
- les fluides sont en mouvement dans un milieu poreux ;
- le système sédimentaire est naturellement saturé d’eau ;
- les hydrocarbures peuvent être considérés comme insolubles dans l’eau,
exception faite des plus légers (i.e., gaz et aromatiques à faibles poids
moléculaires tels que le benzène, toluène et xylènes) dont, la solubilité,
même faible ne peut pas être ignorée.

94
En conséquence, la plupart d’hydrocarbures migrent comme une phase
séparée dans un milieu poreux naturellement rempli avec de l’eau. D’où le
mouvement des bulles, globules ou filets d’hydrocarbures est affecté par
l’équilibre des forces concurrentes, incluant des forces résistantes et celles de
déplacement. Les surfaces minérales exercent sur les fluides des forces
d’attraction ou de Van der Waals, qui se traduisent par des phénomènes
d’adsorption au contact roche-fluide ; d’adhésion au contact huile-eau. La
mouillabilité correspond au travail nécessaire pour séparer un fluide du solide
qu’il mouille ; la tension interfaciale se définit comme étant le travail
nécessaire par unité de surface pour élargir l’interface entre deux fluides non
miscibles comme l’huile et l’eau. La tension interfaciale s’oppose à la
pression de déplacement du fluide.
Pour franchir un espace entre pores, un élément ou une gouttelette
d’hydrocarbure doit, si son diamètre est plus grand que celui de l’espace à
traverser, subir une déformation d’autant plus forte que la différence des
diamètres est plus grande ; c’est la pression capillaire, la pression minimale
requise pour faire passer un filet d’hydrocarbures dans un système eau-
hydrocarbures à travers les pores et canicules les plus larges. La pression
capillaire résiste ainsi à des pressions d’autant plus élevée qu’elle est elle-
même plus grande ; la roche présentant une cette pression capillaire fait ainsi
barrière à une pression d’huile et de gaz donnée. Elle détermine dans ces
conditions les possibilités de migration ou en d’autres termes les
caractéristiques des couvertures et des fermetures.

95
Les tensions interfaciales s’opposent à cette déformation, et donc au
déplacement, d’autant plus vigoureusement que l’étranglement est plus
restreint. Dans le cas de pores et d’interstices très étroits, conséquence d’une
granulométrie très fine, des fluides interstitiels restent adsorbés de façon
irréductible aux grains sous l’action des forces capillaires. Cette force
d’opposition est l’élément essentiel de l’imperméabilité des roches à grain fin.
Cette pression capillaire est exprimée par la loi de Young-Laplace, qui tient
compte de la nature de deux fluides (définissant la tension interfaciale γ) et la
géométrie de globules d’huile (dont le rayon est large dans l’environnement
poreux, rp, petit dans la gorge séparant les pores, rt) :
Pc = 2γ ( ) où Pc : pression capillaire e Pa ; γ : tension interfaciale en

J/m2 ; rt : rayon du filet d’huile dans l’interstice en m ; rp : rayon du globule


dans le pore.
Pour que le fluide se meuve, une force injectant devrait être présente pour
vaincre la pression capillaire ( n’est pas la même pour la migration primaire et
la migration secondaire). Cette force se manifeste par le taux de déplacement
du fluide. Pour un fluide monophasique (e.g., l’eau), la vitesse est fournie par
la loi de Darcy, laquelle formule que la vitesse est proportionnelle à la
perméabilité du système fluide-roche et au gradient de pression dans le fluide.
Vf = K/µ x gradPf

96
où Vf : vitesse du fluide en m/s ; K : perméabilité intrinsèque ; µ : viscosité du
fluide en Pa.s ; gradPf : gradient de pression dans le fluide en mouvement en
Pa.
Là où plusieurs phases surviennent dans le système de pore, cette équation de
vitesse tient compte de mouvement individuel de différentes phases et ceci
conduit à l’introduction d’un paramètre empirique reflétant l’interaction
physique entre ces phases – perméabilité relative. Cet ensemble d’équations
est dit loi de Darcy étendue au système polyphasique.
Vw = krw x (K/µw x gradPw)
et Vo = kro x (K/µo x gradPo)
Pour un objet poreux donné (e.g., un échantillon de carotte de roche) et les
fluides associés (i.e., huile et eau dans un système biphasique), les
perméabilités relatives sont empiriquement déterminées à partir des
expériences de laboratoire. Pareilles expériences sont les opérations de routine
sur le terrain de l’ingénierie de réservoir, les valeurs de kr w et de kro sont
visibles comme des courbes à tendances opposées.

Elles sont une fonction des proportions volumétriques relatives de phases


présentes dans le système de pore, cette fonction est exprimée comme la
97
saturation en huile ou saturation en eau (respectivement, le pourcentage
d’huile et le pourcentage en eau dans le volume de pore).
En d’autres termes, quand la saturation en eau est 100%, la saturation en huile
est nulle, le fluide est monophasique, krw = 1, et le système est décrit par la loi
de Darcy simple. Si les hydrocarbures sont ajoutés (saturation en huile >0),
l’occurrence d’huile suppose une situation polyphasique et une décroissance
ultérieure de la perméabilité relative krw, affectant la vitesse du flot d’eau
pour un gradient de pression similaire. Cependant, pour une faible saturation
en huile, la perméabilité relative kro demeure nulle ; sans le gradient de
pression motrice, l’huile reste en phase immobile. Si la saturation en huile
croît, elle peut atteindre un seuil, où kro >0 et l’huile commence à se mouvoir.
Comme la saturation en huile croît, la perméabilité relative à l’eau décroît et
celle à l’huile croît jusqu’à 1 et krw vaut 0. Nous revenons au système
monophasique, où l’huile devient la phase mobile et l’eau la phase immobile.
Pour simplifier, nous pouvons dire que n’importe quelles forces motrices
appliquées, l’huile ne peut pas se mouvoir dans le réseau poreux d’une roche
si la saturation en huile n’atteint pas une valeur minimale. Cette valeur est un
système dépendant et nécessite d’être définie dans un but prédictif. Par défaut,
la saturation en huile est souvent prise entre 20-30%.
Bien que les hydrocarbures soient massivement considérés insolubles dans
l’eau, peu de composés, tels que les gaz et les aromatiques à faible poids
moléculaire comme le benzène, toluène et xylènes, montrent une solubilité
dont l’importance est contrôlée par des conditions thermodynamiques et la
salinité de l’eau. La portion de ces molécules qui est en solution peut être
convoyée par la convection de l’eau ou peut se mouvoir dans l’eau selon la
diffusion. Le déplacement des espèces chimiques en solution dans un fluide
immobile est décrit par la loi de Fick, qui exprime la proportionnalité entre le
taux de diffusion et le gradient de concentration des espèces : J = -DgradC où
J : diffusion rate (mole/m.s) ; C = concentration (mole/m3) et D =

98
proportionality factor, une fonction du coefficient de la diffusion et de la
tortuosité (turbulence en m2/s).
Il est important de noter que la diffusion d’un corps dissous est associée avec
le fractionnement isotopique, qui reflète un déplacement plus rapide des
espèces à isotope léger. En fonction de la température, pression et salinité, les
espèces peuvent être solubilisées ou ex-solubilisées, donnant lieu à des
migrations hybrides mono/polyphasiques.

III.3.3. Migrations primaires (expulsion)


Comme expliqué antérieurement, pour des raisons sédimentologiques, la vaste
majorité de source rocks sont des sédiments intrinsèquement à grains fins. Par
conséquent, dans une roche-mère, la perméabilité extrêmement basse
(nanoDarcys) induit une pression capillaire extrêmement haute, laquelle
requiert un potentiel fluide bien au-dessus de la capacité de flottabilité
(buoyancy).
Le réseau poreux peut être classifié comme suit :
- interparticulaire : dominant dans les systèmes faiblement matures, mais
décroissent rapidement jusqu’à sa quasi disparition avec
l’enfouissement et la compaction ;
- intraparticulaire : incluant les moules de fossiles, microfossiles poreux,
moules de dolomite, rebord de dissolution de cristaux, et interstice des
cristaux de pyrite framboïdes ;
- microfailles générées par les contraintes régionales ou microfissures
dues à la pression interne ;
- porosité entre les particules organiques matures résultant de la perte de
la matière en relation avec la génération des hydrocarbures et du
réarrangement structural des domaines aromatiques de plus en plus
abondants à la nano-échelle.

99
Le potentiel fluide nécessaire pour l’expulsion requiert des pressions
d’injection de l’ordre de mégapascals ; atteindre ces valeurs, les forces
motrices requises sont supposées être reliées à deux principaux processus :
- La différence de pression dans les pores générée entre la source rock et
la couche de drainage comme réponse au contraste des propriétés
géomécaniques. Dans la roche-mère, la contrainte effective limitée associée
due à sa granulométrie fine ne peut pas s’accommoder à la charge entière de
la pile sédimentaire sus-jacente (colonne lithostatique), transférant une part
substantielle de cette charge aux fluides dans les pores. Par conséquent, cette
charge résiduelle s’ajoute à la pression hydrostatique, cependant dans la
couche adjacente de drainage, la contrainte effective efficiente associée avec
la force opposée de contact entre les grains entre eux contribue plus
vraisemblablement à préserver la pression hydrostatique dans les pores.
La pression dans les pores P (pression dans les fluides), dans le drain est alors
égale ou proche de la pression hydrostatique (ρwgz), la pression lithostatique
(poids de la colonne des sédiments sus-jacents saturés d’eau) étant équilibrée
par la contrainte effective (σ) pression de contact entre les grains).
P=S-σ
où P : pression de pore (dans un drain, P vaut ρwgz tandis que dans source
rock, P> ρwgz ; S : poids de terrain sus-jacent (roche et fluide) ; σ : stress
effectif ; ρw : masse volumique de l’eau en kg/m3; g : constante
gravitationnelle ; z : profondeur en m.
- La croissance de pression interne dans la source rock résultant de la
propre génération des hydrocarbures. La transformation d’un kérogène solide
en liquide et gaz est associée avec une augmentation du volume moléculaire,
un phénomène spécifiquement important pour la génération de gaz. Dans une
situation où la pression de pore dans la roche-mère excède la force mécanique
de la roche, la fracturation hydraulique prend place, favorisant la formation
des microfissures contribuant à la perméabilité de la source rock. Cette
100
fracturation hydraulique peut éventuellement induire des macrofissures,
lesquelles font augmenter instantanément la perméabilité et favorise
largement l’expulsion des fluides. Un autre point à considérer est que, selon
Darcy’law étendue au système polyphasique, pour que l’expulsion prenne
place, un niveau minimum de saturation en huile dans la roche-mère doit être
atteinte. La valeur minimale de saturation en hydrocarbures pour l’initiation
du mouvement est connue sous le nom de SATEX (SATuration for
Expulsion). Au-delà de ce point, certains des hydrocarbures générés sont
expulsés et d’autres demeurent piégés dans la source rock, partageant de ce
fait leur histoire thermique avec elle lors des processus de cracking
secondaire. Le pourcentage de l’huile expulsée comparée à l’huile générée est
connu comme « efficacité d’expulsion ».
Un paramètre impliqué dans l’efficacité d’expulsion est le rapport de viscosité
entre l’huile et l’eau. Les huiles à faible viscosité peuvent être expulsées à
faible saturation en huile (moins de 10%) ; les huiles à haute viscosité
requièrent une saturation plus grande que 50%. Ceci signifie que l’efficacité
d’expulsion est plus basse pour des fluides de high-viscosity (low API, oil
with low GOR) et plus haute pour les fluides de low-viscosity (high API, oil
with high GOR). Par conséquent, l’efficacité d’expulsion évolue avec la
maturation thermique.

III.3.4. Migrations secondaires


Les hydrocarbures migrent dans les drains avant de s’accumuler dans un
réservoir. Leur accumulation et leur concentration n’est possible que s’il y a
un piège (trap). Il existe différents types de pièges :
a) Les pièges tectoniques définis par la déformation des couches dépendent de
l’histoire tectonique du bassin :
- les pièges anticlinaux constituent le type le plus efficace et le plus
fréquent ;

101
- les pièges sur failles ne sont généralement pas importants.
Cette distinction est un peu sommaire car le plus souvent il s’agit de pièges
avec des combinaisons de plis d’amortissement et de failles. Le cas particulier
des dômes de sel qui engendre des plis et des failles de croissance.
b) Les pièges stratigraphiques où l’anomalie est d’abord constituée par un
dispositif géométrique lié à l’histoire stratigraphique du bassin. Bien que très
souvent il s’agisse de pièges mixtes où la part tectonique est nécessaire pour
assurer une fermeture latérale, on distingue différents types :
- les pièges liés aux discordances où le réservoir est tronqué par érosion
et se termine en biseau d’érosion. On pourrait logiquement rattacher
ce type aux pièges tectoniques puisqu’il y a eu déformation avant la
création d’une surface d’érosion ;
- les pièges par biseau stratigraphique et variation de faciès : les
conditions de dépôts, transgressions et régressions, les discontinuités.
De nombreuses variations de faciès peuvent être responsables de
pièges : chenaux fluviatiles ou de marées, barres et éventails
deltaïques, lobes profonds. Si les faciès sableux sont les plus typiques,
les carbonates peuvent aussi constituer de tels pièges. Le piégeage par
biseau faciologique est le plus souvent accentué par les effets
diagénétiques ;
- les pièges récifaux : il s’agit d’une catégorie bien particulière de
gisements appelés « réservoirs-pièges » organisés en édifices de tailles
variées : pinacle, atolls, récifs frangeants, grandes barrières continues ;
- les pièges géomorphologiques, type assez rare mais remarquable ;
c’est le cas de paléoreliefs enfouis dont la géométrie peut rappeler
celle des corps récifaux.
c) Les pièges divers représentent des cas particuliers de gisements où les
facteurs de piégeage sont en relation avec l’histoire diagénétique et
tectonique :

102
- les pièges diagénétiques où la qualité du réservoir est modifiée par
les cimentations ou dissolutions (gisements karstiques et bouchons
d’asphalte ;
- les pièges par faillage des socles et des intrusions volcaniques ;
- les pièges hydrodynamiques : dans certaines conditions le piégeage
est assuré par le régime hydrodynamique en présence d’une
fermeture mal assurée.
Dans le système de drain poreux, incluant les couches de sédiments
perméables, roches fissurées, des conduits associés avec des failles, des
limites des couches entourant des diapirs actifs, les propriétés pétrophysiques
favorables (haute perméabilité de 1 à plusieurs milliers de Darcy) réduisent
substantiellement la force résistante (pression capillaire), de quelques dizaines
de kiloPascals. A titre indicatif, la porosité du drain est très bonne (100-1000
mD) ; bonne (10-100 mD) ; passable (1-10 mD) et médiocre (<1mD).
Dans une pareille situation, la flottabilité seule fournit un potentiel fluide
suffisant pour soutenir la pression d’injection adéquate pour la migration des
hydrocarbures. La flottabilité (buoyancy) résulte de la différence en masse
volumique entre oil/gaz et l’eau : B = (ρo-ρw)g x h
où B : flottabilité ; ρo : masse volumique de l’huile ρw : masse volumique de
l’eau ; g : constante de la gravitation ; h : différence de profondeur.
Basée sur cette équation, la différence d’élévation entre le top et le bottom de
la queue d’un filament d’hydrocarbure en mouvement est alors déterminant,
impliquant que la longueur d’un filet et la pente de la piste de migration
jouent un rôle majeur ; le fait que les hydrocarbures restent en mouvement
peut s’expliquer par la coalescence de 2 ou plusieurs filaments en
déplacement. Par la même appréciation, un changement dans la pente du drain
peut gêner ou favoriser le mouvement d’un filament donné d’hydrocarbures.
Ce mécanisme conduisant la flottabilité implique que la migration secondaire
est dirigée seulement vers la surface. Suivant les perméabilités typiques

103
rencontrées le long du sentier de migration, le taux d’écoulement de l’huile
varie de 1 à 1000 km par million d’années. C’est plus rapide que le taux de
génération et expulsion qui est souvent considéré comme le facteur limitant le
remplissage des pièges.
Un deuxième mécanisme conduisant la migration secondaire, est de type
hydrodynamique. Quand, l’écoulement des eaux souterraines peut interférer
positivement (écoulement dans la même direction) ou négativement
(écoulement dans la direction opposée, i.e. ralentissement) avec la flottabilité.
Les couvertures sont des roches qui font obstacles au déplacement des
hydrocarbures perpendiculairement aux strates. Elles s’opposent ainsi aux
réservoirs, mais toutes les roches non-réservoirs ne sont pas pour autant des
couvertures. Certaines peuvent, par ailleurs, fonctionner également comme
roches-mères. Elles ne sont pas nécessairement imperméables à l’eau.
La non-perméabilité est déterminée par une pression d’entrée très élevée et
dans tous les cas plus élevée que celle des couches voisines. Cette pression
d’entrée est liée à des pores très fins entraînant des forces capillaires très
importantes, à des pressions des fluides interstitielles de très forte valeur, au
champ des contraintes.
La plasticité permet à la roche de conserver ses propriétés de couverture
même lors de la tectonique ; les argiles et les évaporites sont les principales
représentantes. Les argiles présentent une forte pression d’entrée due à la
finesse des minéraux argileux et des pores ; leur perméabilité décroît avec la
profondeur d’enfouissement ; la plasticité est la conséquence de l’agencement
des feuillets minéraux. Les évaporites dont la diagenèse accroît la surpression
interne, aucune perméabilité, ni porosité, très plastique, elles assurent une
autocicatrisation des zones de failles et de fissure par leur fluage, d’où les
intumescences et diapirs.
Certains mudstones et siltstones peuvent remplir, plus rarement, la fonction de
couverture dans les bassins peu tectonisés. Le pergélisol aussi bien que la

104
présence de clathrates solides, paraît être à l’origine des couvertures pour les
réservoirs gaziers de Sibérie occidentale.
Dépendant de la capacité, l’efficacité, et l’histoire géologique du piège, une
certaine quantité d’hydrocarbures accumulés peut être préservée pour un
temps donné (de quelques millions à des centaines de millions d’années).
Dans ce cas, un piège d’hydrocarbures doit être considéré comme étant dans
une situation transitoire qui entrave le progrès de l’huile et du gaz sur le
cheminement vers la surface, où son ultime destin est d’être oxydé et de
retourne à l’atmosphère sous forme de CO2, suivant le cycle naturel du
carbone.
Des scénarios de remplissage schématique ont été proposés qui tiennent
compte des observations faites sur le terrain des opérations. Le scénario le
plus populaire incorpore le remplissage séquentiel des pièges qui débordent
après avoir atteint le point de fuite (spill point : point de remplissage maximal
d’un piège), et la pression de la capacité de tenue d’un piège (i.e., la
perméabilité de la roche couverture submergée, réactivation des failles).

105
- Selon la loi de Gussov, le piège le plus enfoui le long d’une piste de
migration sera le premier rempli, puis le piège dans une position
tectoniquement plus haute, et ainsi de suite. Si ensemble l’huile et le gaz sont

106
présents dans un piège comme des phases séparées, le gaz occupera la partie
supérieure du piège et l’huile la partie inférieure. Si l’accumulation se remplit
graduellement avec de l’huile et le gaz migrant dans le piège, le gaz
remontera au top de la structure et quand la structure est remplie au spill
point, la phase d’huile s’échappera vers l’amont.
Si le piège continue à être rempli avec le gaz, l’huile sera déversée à
l’extérieur vers l’amont jusqu’à ce que le piège soit complètement rempli
avec du gaz et ne peut plus être un piège à huile. Dans ce scénario, l’huile
remplira les pièges les plus hauts et le gaz les pièges les plus bas le long d’une
piste de migration.
- La situation opposée survient quand les pièges le long d’une piste de
migration agissent comme une série des barrières de pression-déplacement
avec la capacité limitée de conserver la colonne d’hydrocarbures, ils peuvent
laisser s’échapper les hydrocarbures vers l’amont à travers la barrière avant
que le piège ne soit rempli au point de fuite. En pareille situation, si l’huile et
le gaz sont présents comme des phases séparées, comme le piège se remplit,
la pression de flottabilité croît et le gaz à la partie supérieure du piège qui
montre la perméabilité relative la plus élevée, s’échappera préférentiellement
à travers la barrière quand la pression de déplacement de la barrière est
atteinte. En pratique, une large quantité de gaz et une certaine d’huile
migreront à travers la barrière avant qu’elle ne se referme hermétiquement.
Comme la migration continue, le gaz sera éventuellement la seule phase
migrant vers l’amont grâce aux barrières de perméabilité le long de la piste de
migration à cause de la pression de déplacement. Ceci correspond à une
situation où le gaz est différentiellement piégé en haut à partir de l’huile qui
est exactement l’opposé de la loi de Gussov de piégeage au point de fuite
différentiel.

107
III.3.5. Accumulation et dysmigration
La dysmigration est un terme vague décrivant la dispersion des hydrocarbures
fluides à travers la surface du sol. Elle survient quand les fluides ne
rencontrent pas des pièges capables de les retenir ou quand ils s’échappent du
piège dont la capacité de tenue est excédée ou quand ils sont percés à la suite
des circonstances géologiques. Durant une phase de dysmigration, les fluides
échappés peuvent encore s’accumuler dans des pièges rencontrés le long
d’une piste. L’ultime débouché pour la dysmigration des hydrocarbures
correspond à des indices de surface (gas escape, oil seeps, bitumen lakes, …).

III.3.6. Drainage et modèles de migration


L’occurrence des accumulations d’huile implique le drainage de source rocks
ayant des volumes beaucoup plus larges que l’accumulation elle-même. Le
type des pièges, la présence requise et la distribution régionale des roches
couvertures, telles que les couches de shales au-dessus de sables ou les
évaporites au-dessus des carbonates faillés, et le type et la géométrie des
systèmes de drainage, ne sont pas généralement indépendants, mais sont
contrôlés à une large échelle régionale rationnelle par les styles tectoniques et
sédimentologiques. Schématiquement, nous pouvons reconnaître deux
principaux modèles de drainage :
a) Drainage latéral : il implique une roche couverture imperméable avec une
continuité régionale au-dessus d’une unité perméable monoclinale qui sert du
système de drainage, sans aucune interférence à partir des barrières
tectoniques. Les caractéristiques les plus communes sont :
- la possibilité de l’occurrence des accumulations situées loin du
point où la source rock subit la maturation, à une distance
latérale de quelques centaines de km,

108
- souvent, des réservoirs appartenant à un ou plusieurs intervalles
sédimentaires,
- les accumulations fréquentes d’huile lourde proches des marges
du système dans des contextes assez moins profonds.
b) Drainage vertical : comme le drainage latéral, la continuité de la roche
couverture imperméable est nécessaire pour la préservation des accumulations
dans le cas de drainage vertical. Les failles normales, de transtension, inverses
et les limites de couches autour des diapirs peuvent être utilisées comme des
pistes préférentielles pour la migration secondaire. Les caractéristiques les
communes sont :
- les accumulations situées approximativement verticalement au-
dessus du point où la source rock a subi la maturation ; la
migration latérale de moins de quelques dizaines de km,
- la multiplicité des réservoirs d’âges différents, empilés
verticalement le long des traits servant de pistes,
- la fréquente occurrence d’oil and gas seeps à la surface,
directement au-dessus of hydrocarbon kitchen and
accumulation.
Basé sur la phénoménologie et la physique ci-haute décrites, les approches de
modélisation sont proposées pour des simulateurs de bassins. Pour simuler la
migration secondaire, différentes approches sont utilisées et peuvent être
appliquées, dépendant du niveau de connaissance de la géologie régionale, de
databases disponibles et des objectifs de la simulation :
- Traçage des trajectoires : les lignes d’écoulement sont perpendiculaires
aux courbes isobathes au top de la couche de drainage. Par conséquent, elles
focalisent ou dispersent les hydrocarbures en tenant compte des traits
géologiques ; le résultat est une construction essentiellement géométrique de
lignes d’écoulement.

109
- Invasion-percolation : les pistes de migration suivent la compétition
entre les forces gravitationnelles et capillaires. Cette compétition peut être
décrite par le nombre de Bond sans unité Bo = (Δρ x ge x r2)/γ où Δρ :
différence de densité entre de deux phases (kg/m3) ; ge : accélération effective
de la pesanteur ; r : rayon de pore à travers l’interstice (m) ; γ : tension
interfaciale (N/m). Un changement du nombre de Bond affecte grandement le
comportement de déplacement engendrant un modèle digitant à travers une
surface plus large du système de drainage.
- Ecoulement darcyen : il tient compte de la migration est décrite comme
une fonction du temps.

III.5. Introduction to integrated basin modeling


L’occurrence des accumulations d’huile dans un bassin sédimentaire est le
résultat d’une chaine complexe d’événements, incluant les géodynamiques

110
régionales, l’histoire tectonique, le remplissage sédimentaire et tous les
processus géochimiques. Les modèles peuvent simultanément s’adapter aux
processus de sédimentation, érosion, enfouissement et compaction de
couches, l’histoire du régime de pression, l’histoire thermique, la maturation
thermique des source rocks, les écoulements des fluides et le piégeage dans
des contextes géologiques spécifiques.
Le résultat du modeling révèle la période du temps durant laquelle le système
est chargé avec des hydrocarbons générés à partir de la roche-mère. Cette
période de temps est importante pour l’exploration car on l’identifie comme
étant la période durant laquelle la probabilité de piégeage est la plus grande.
C’est l’intervalle critique. Le moment critique est défini comme le temps du
chargement maximum. Il indique donc l’intervalle de temps (du moment
critique au présent) durant lequel les hydrocarbures sont probablement restés
dans les accumulations. C’est le temps de préservation. L’intervalle critique,
le moment critique et le temps de préservation sont des indications de la
viabilité et de l’efficience du système pétrolier. Pour l’instant, l’intervalle
critique peut être comparé à la période de formation de piège. Les pièges de
plus grand intérêt nécessite un moment critique dans un ordre à avoir
l’opportunité d’être rempli avec les hydrocarbures qui chargent le bassin. La
longueur du temps de préservation croît les chances que l’accumulation
expérimentera l’altération. Durant ce temps de préservation, les hydrocarbures
peuvent migrer encore, s’accumuler dans des réservoirs et pièges qui sont plus
jeunes que le critical moment. Pour visualiser la relation entre les éléments et
les processes involved dans le système pétrolier, on construit un diagramme
connu sous le nom de charte des événements.

111
III.6. Gisements
III.6.1. Notions de fermeture
L’ensemble piège et volume fermé constitue le gisement ; celui-ci est en effet
un piège dont le volume fermé est occupé partiellement ou en totalité par des
hydrocarbures.
Une zone est dite fermée et constitue un piège lorsqu’elle est limitée par une
barrière qui oblige les flux à s’accumuler en amont. La barrière est assurée par
une surface concave vers le bas d’une couverture, formations à forte pression
d’entrée. Le mur de l’accumulation, appelé aussi plan d’eau, est une surface
plus ou moins plane, séparant les flux d’hydrocarbures de l’aquifère.
Du point de vue géométrique, la fermeture est constituée par la surface
concave vers le bas de la couverture ; il s’agit le plus fréquemment soit d’une
surface plissée en dôme ou anticlinal ; soit d’une variation de faciès
correspondant à une anomalie sédimentaire, e.g. : un récif ou une dune de
sables ; soit d’une combinaison de deux phénomènes ou d’un anticlinal faillé.
Dans le cas d’anticlinaux faillés, la faille participe ou non à la fermeture
suivant son étanchéité. Dans le cas d’un piège par faille, une partie de la
fermeture du réservoir est assurée par le contact d’une formation
imperméable. Dans ce cas, des failles mineures adjacentes jouent souvent un
rôle notable dans la répartition des volumes fermés et des fluides.
Du point de vue dynamique, on doit considérer la fermeture comme une
barrière à la migration des fluides, i.e. le passage d’un faciès poreux et
perméable à un sédiment à grain fin présentant une pression de pore ou
pression d’entrée supérieure à la poussée exercée de l’extérieur par les fluides
(en fonction des caractéristiques des fluides et des dimensions des molécules).
De ce point de vue, on peut distinguer deux grands types de fermeture :
- les unes en relation avec un flux perpendiculaire aux strates plissées
en anticlinal s’identifient d’un point de vue dynamique aux caractéristiques
des couvertures ; ce sont les plus nombreuses et les plus efficaces car si un lit

112
est inefficace, les autres peuvent posséder une pression suffisamment
importante.
- les autres en relation avec un flux parallèle aux strates auxquelles on
peut associer les fermetures par failles ou changement lithologique latéral ;
elles constituent des pièges stratigraphiques dont la barrière est assurée par la
pression d’entrée des niveaux stratigraphiques ou des fissures prolongeant la
roche réservoir, et de même qu’il suffit d’un trou d’épingle pour dégonfler un
ballon, un seul lit détritique ou une seule fissure présentant une pression
d’entrée plus faible peut laisser migrer les fluides.
Dans ces conditions, tout facteur extérieur, gradient hydrodynamique
descendant ou confinement géodynamique en compression, peut jouer un rôle
fondamental. Les fermetures, comme les couvertures, apparaissent ainsi
efficaces à certains fluides et non à d’autres, sous certaines pressions et à
certaines températures. Il en résulte un jeu d’entrées et de sorties des fluides,
et l’on peut penser que dans la majorité des cas, un piège est rempli, dans la
mesure où il est alimenté en amont à un rythme sensiblement égal à celui de
ses pertes en aval.
Il faut distinguer la fermeture théorique de la fermeture pratique ou encore
hauteur imprégnée. La fermeture théorique est celle que l’on peut mesurer
d’après les données géologiques, en général structurales, du piège, fournies
par les travaux sismiques ou les forages. Elle permet d’avoir une première
appréciation de l’ordre de grandeur des réserves que l’on peut espérer
rencontrer dans un piège. La fermeture pratique est la hauteur réellement
imprégnée dans le volume fermé du piège ; elle débouche sur la notion de
gisement.
On distingue plusieurs cas :

113
a) Hauteur imprégnée h égale à la fermeture structurale f.

b) Hauteur imprégnée h inférieure à la fermeture structurale f.

c) Hauteur imprégnée h inférieure à la fermeture structurale et épaisseur du réservoir


inférieure à la hauteur imprégnée h.

d) Gisement multicouches avec un plan d’eau unique, la hauteur imprégnée h égale à la


fermeture structurale f.

e) Gisement multicouches avec plans d’eau distincts, la hauteur imprégnée cumulée


(h+h’+h’’) est supérieure à la fermeture structurale la plus grande f.

III.6.2. Réserves en place et champs pétroliers


La porosité Ф d’une roche est sa propriété de présenter des vides, pores et
fissures. Elle s’exprime quantitativement par le pourcentage du volume des

114
vides par rapport au volume total de la roche. A côté de cette porosité totale
ou brute, on définit la porosité « utile » Фu, id est la porosité correspondant
aux vides reliés entre eux ou volume des pores susceptibles d’être occupé par
des fluides ; elle correspond à la porosité totale diminuée du volume occupé
par les fluides irréductibles. On parle également dans ce cas de porosité
connectée, ce qui introduit plus nettement le concept de perméabilité. Cette
Фu ou effective est en général inférieure de 20 à 25%, parfois de 50% à la
porosité brute.
La porosité correspond ainsi à la capacité de stockage des fluides et
notamment d’hydrocarbures id est aux réserves en place. Elle peut ainsi se
traduire en termes de capital. Les quantités d’huiles en place dans le gisement
par unité de surface est un facteur important d’estimation d’un prospect ou
d’un champ.
Ce volume d’huile et/ou de gaz piégé constitue les réserves en place du
gisement. On calcule celles-ci dans une approche, à partir du volume des
vides à l’intérieur du piège occupé par des hydrocarbures. V étant le volume
de roche imprégné, Ф la porosité du réservoir, et Sw la saturation en eau
irréductible, les réserves sont données par la relation :
R en place = V x Ф x (1-Sw).
Le baril (barrel) est l’unité volumétrique couramment employée dans
l’industrie et les transactions pétrolières et rappelant qu’à l’origine le transport
du pétrole brut par voie maritime s’effectuait dans des fûts (barrels) d’une
capacité de 158,984 litres ou encore 0,15899 m3 que l’on chargeait dans les
cales des navires.
Analyse volumétrique d’une roche sédimentaire :
- Porosité (Ф) = Vpores/Vtotal = (Vtotal- Vsolide)/ Vtotal
Vpores = Vw +Vo + Vg
Ф <5% : faible ; 10%< Ф >20% : moyenne ; 20%< Ф : bonne

115
L’ensemble des pores reliés entre eux est la porosité utile. La porosité restante
est la porosité résiduelle. Les roches réservoirs ont des porosités très variables
généralement comprises 10 et 35%. La porosité primaire est héritée du dépôt
des sédiments à l’origine. La porosité secondaire est due aux modifications
diagénétiques du sédiment au cours de son enfouissement ou bien à
l’existence de fractures dans la roche.
- Saturation : volume du fluide sur le volume des pores exprimée en %.
On définit ainsi une saturation en eau Sw, une saturation en huile So et une
saturation en gaz Sg. il reste toujours de l’eau piégée dans les pores d’une
roche réservoir, appelée eau interstitielle. La saturation en cette dernière S wi
varie entre 10 et 35%.
 Sw = Vw/Vpores ; So = Vo/Vpores ; Sg = Vg/ Vpores
 Shc = So + Sg = 1- Sw

Les réserves reconnues par sondage constituent des réserves en place


prouvées. L’exploitation d’un gisement ne permet qu’une récupération
partielle des réserves en place. Ce pourcentage de récupération varie pour
l’huile de quelques pour cent – 25% en moyenne dans le monde – à 50% et
plus dans les meilleurs cas, suivant les caractéristiques du réservoir (porosité,
perméabilité, pression) et des fluides. Le coefficient de récupération du gaz
est de l’ordre de 80%. Ces quantités récupérées ou exploitable constituent les
réserves récupérables ; elles sont calculées à partir des réserves en place par la
formule :
R recovery = R in place x FR x 1/FV
où le FR est le facteur de récupération et FV, facteur de volume qui est
fonction du GOR.
Un champ (field) correspond à un gisement ou à un ensemble de gisements
appartenant à la même unité géologique (différents niveaux d’un anticlinal,
biseaux de flanc, …).

116
La notion de champ est généralement plus large car il peut inclure la mise en
production de plusieurs gisements localisés dans des horizons réservoirs
différents.
Le classement des champs pétroliers en fonction des réserves :
- Megagiant >50.000 millions de barils
- Supergiant : 5000-50000
- Giant : 500-5000
- Major : 100-500
- Large : 50-100
- Medium : 25-50
- Small : 10-25
- Very small : <10
La durée de vie d’un gisement est très variable : de quelques années à plus de
20 ou 30 ans.
La répartition géographique et stratigraphique des bassins conduit à définir
des zones pétrolières, vastes régions où de nombreux gisements d’huile et de
gaz ont été mis en évidence. Tout bassin sédimentaire ne constitue pas une
province pétrolière, mais toute province pétrolière se superpose à une zone, à
un ou plusieurs bassins sédimentaires. Pour avoir un ensemble de champs, il
importe, en effet, d’avoir une aire subsidente où se piègent, s’accumulent et se
transforment les divers sédiments nécessaires à la genèse et à la conservation
des gisements d’huile et de gaz.
Stratigraphiquement, les zones pétrolières se répartissent comme suit :
- les calcaires à cyanobactériens dans l’Infracambrien et le Cambrien
inférieur du Moyen Orient, Sibérie… ;
- les argiles noires du Silurien dont les huiles sont contenues dans les
roches détritiques du Dévonien inférieur ;
- les dépôts houillers du Carbonifère développent des gisements
gaziers du Permien ;

117
- les argiles noires bitumineuses au Trias supérieur-Jurassique
supérieur en Europe ;
- le Crétacé inférieur, période de régression et le Crétacé supérieur,
période de vastes transgressions ont vu se développer des black
shales et des événements anoxiques à l’Albien moyen-Turonien
dans le domaine Atlantique ;
- le Cénozoïque est caractérisé par un morcellement de l’architecture
du globe favorisant d’excellentes conditions de genèse et de
piégeage à l’Eocène-Miocène.
Suivant les types de bassins, on peut distinguer :
- des zones de plate-forme stables ;
- des zones de plate-forme instable ;
- des zones carbonatées et récifales ;
- des zones de rift ;
- des zones de marges passives ;
- des zones deltaïques ;
- des zones intramontagneuses ;
- des zones de décrochements ;
- des zones d’avant-fosse ;
- des zones de cordillères.
Un play est un thème, l’idée que l’on se fait à partir des caractéristiques
géologiques (datation, lithologie, déformation, ..). La thématique n’a pas de
définition précise. Un protoprospect ou lead, une zone potentielle définie à
partir du levé géologique et de dépocentre.
Un prospect est une région prospective ainsi définie à la suite des travaux
sismiques. L’évaluation d’un prospect nécessite de prendre en compte toutes
les données disponibles aussi bien régionales que locales pour l’évaluation
quantitative (hydrocarbures en place) et qualitative (risques).

118
III.4. Géochimie du réservoir
Comme vu précédemment, durant le remplissage ou durant le temps de
résidence dans un piège, la charge des hydrocarbons peut être altérée par des
phénomènes biologique (biodégradation), physique (déséquilibre
thermodynamique, water washing, gas washing) et chimique (thermal
cracking, thermal sulfate reduction).

III.4.1. Biodégradation
La biodégradation par les communautés microbiales est à l’origine de la
majorité des huiles visqueuses à très visqueuses avec un degré API<20 et des
tar sands. Ces altérations biologiques deviennent potentiellement actives
aussitôt que la température de l’environnement géologique est suffisamment
basse pour protéger l’huile de l’attaque microbiale. Empiriquement, mais basé
sur un large set d’observations, la dégradation de l’huile est assumée à être
très active au-dessus de 65°C, mais demeure significative au-dessus de 80°C.
Si nous considérons que le gradient géothermique peut varier sur une base
régionale à partir de 20° à 40°C/km, ça correspond à une profondeur
maximum pour la biodégradation de 1500 à 3000 m. Cependant,
quantitativement à l’échelle mondiale, il pourrait être remarqué que des
facteurs autres que la biodégradation sont responsables pour la formation des
huiles lourdes. C’est le cas de la matière organique du type IIS. Le résultat de
la dégradation est la perte progressive des n-alcanes légers, les lourds, les
branched alcanes et les alcanes cycliques. Ce remaniement implique une
augmentation relative des concentrations des composés à poids moléculaire
élevé et les NSO (appelés résines et asphaltènes). Les implications
économiques et industrielles de la biodégradation de l’huile sont de loin
atteintes et incluent une augmentation de la viscosité, une décroissance de
API, une relative croissance dans le contenu métallique (premièrement Ni et
V, comme ils sont principalement présents dans la fraction de NSO, laquelle

119
est concentrée par biodégradation), et une augmentation dans la teneur en
sulfure. Cependant, la dégradation des hydrocarbons par les microbes
implique la formation des espèces chimiques intermédiaires, incluant des
composés acides qui résultent dans une croissance de l’acidité de l’huile.
C’est reflété par les valeurs élevées de TAN (total acid number déterminé au
laboratoire) et la quantité de potasse (KOH) en mg nécessaire pour neutraliser
1 g d’huile.
Les classes sélectives et quasi-séquentielles du remaniement des
hydrocarbures durant l’altération microbiale sont de routine utilisées pour
évaluer le degré de biodégradation des huiles brutes. Peters et Moldowan ont
proposé une échelle de niveau de biodégradation :
- aucun (0) : occurrence de n-paraffines juqu’aux aromatiques C26-C29 ;
- légère (1-3) : peu de n-paraffines juqu’à C26-C29 ;
- modéré (4-5) : isoprénoïdes jusqu’à C26-C29 ;
- lourd (6-7) : stéranes jusqu’à C26-C29 ;
- très lourd (8-9) : hopanes jusqu’à C26-C29 ;
- sévère (10) : uniquement aromatiques C26-C29.
Similairement, la résistance relative des alcanes branchés comparée aux
alcanes est souvent accounted for by un paramètre de biodégradation exprimé
comme un rapport n-C17/pristane. Ici, nC17 est une molécule représentative de
n-alcanes, la série la plus labile aussi longtemps que la biodégradation est
concernée, et le pristane (2, 6, 10, 14-tétraméthylpentadécane) est un alcane
branché C19 appartenant à la famille isoprénoïde. Ces molécules ont un
méthyl groupe sur chaque quatrième atome de carbone, montrant une
résistance très grande à la biodégradation.
Quantitativement, 2 et 5 degrés sur l’échelle de Peters et Moldowan
représentent respectivement une perte de 30-40% et 70% des huiles non
dégradées. Les occurrences des huiles extra-lourdes et des tars sands
représenteraient la moitié des ressources courantes de pétrole brut initial de la

120
terre. Dans le même ordre d’idées, le gaz carbonique atmosphérique et le
méthane par oxydation du premier résulteraient de cette altération qui aurait
réduit de moitié les réserves mondiales de crude oil. Les microbes
responsables de la dégradation sont non seulement anaérobiques autochtones
mais aussi aérobiques apportés par les eaux d’infiltration chargées d’oxygène.
La biodégradation génère des gaz : sulfure d’hydrogène par sulfato-réduction
bactérienne, le dioxyde de carbone et le méthane biogénique secondaire en
comparaison avec celui de la diagenèse précoce. Si ces gaz demeurent
associés aux huiles lourdes, ils constituent un atout pour l’exploitation de ces
dernières. Piégés dans une quelconque couche sédimentaire, ce méthane
biogénique secondaire est exploitable à l’instar de celui du champ Russkoe
dans les réservoirs cénomaniens du bassin de la Sibérie Occidentale.
Il a été reconnu que le principal facteur contrôlant la biodégradation est la
température. La limite supérieure étant de 120-150°C, le maximum de
biodégradation apparaît à 80°C, mais elle est plus effective entre 65-70°C. A
90°C, les champs d’huiles sont stérilisés. La disponibilité des nutrients
organiques (phosphore et potassium) lesquels sont apportés par les eaux
d’infiltration favorisant le taux de métabolisme des communautés microbiales
capables d’induire la biodégradation au contact oil/water. Ainsi plus grande
est la surface de contact et plus lent est le taux de chargement, plus favorables
sont les conditions de la biodégradation effective d’une accumulation des
huiles. Par contre, une plus petite surface de contact et un taux élevé de
chargement préviennent efficacement la biodégradation. La zone de transition
est le lieu potentiel où les huiles résiduelles forment des huiles lourdes ou une
couche bitumineuse appelée « tar mat ». Ceci implique une croissance
graduelle de la densité de l’huile avec à l’extrême la formation d’un tar mat.
Si un réservoir peu profond est protégé des infiltrations d’eaux météoriques,
les microbes autochtones peuvent avoir subi la paléo-pasteurisation avant
l’uplift et le brut demeure non dégradé à basse température. Les réservoirs

121
multichargés peuvent contenir à la fois des huiles biodégradées avant la
stérilisation et inaltérées, chargées après la pasteurisation. La reconstruction
de l’histoire de la température d’un réservoir target et le temps du chargement
d’huiles dans le modeling du bassin est d’une grande importance dans the
ability à prédire la qualité de l’huile. L’histoire de chargement et les
conditions de biodégradation affectent potentiellement la distribution de la
viscosité et le degré API dans le champ.
A partir de la géologie régionale, les huiles lourdes et les tars sands sont
souvent associés avec les bassins d’avant-pays pour plusieurs raisons : la
présence de la structure monoclinale le long du flanc distal, la continuité
latérale des couches sédimentaires recouvrant la surface de discontinuité
majeure. Cette situation permet aux fluides de migrer latéralement de la
cuisine dans la partie profonde jusqu’au forebulge. Le système de drainage
montre une large continuité latérale et consiste en des sédiments
syntectoniques fluvio-deltaïques en remplissage dans le bassin, notamment
des sables grossiers non consolidés dont la porosité et la perméabilité sont
préservées par la compaction favorisant les infiltrations d’eaux enrichies en
nutrients favorisant la biodégradation. Par conséquent, les huiles qui ne sont
pas piégées dans les accumulations intermédiaires, sur leur voie à l’extrémité
lointaine du bassin, peuvent procéder à travers des longues distances (des
centaines de kilomètres dans certains cas) et catches le drainage des volumes
sizeable des pod source rocks. Ainsi de la chaîne vers l’arrière-pays, les
hydrocarbures vont étape par étape subir la biodégradation avec la baisse de la
profondeur. Les huiles deviennent de plus en plus lourdes au fur et à mesure
qu’elles approchent la bordure peu profonde du bassin. Une zonation
s’observe à l’Ouest du Canada tout comme à l’Est de Venezuela : des
gisements profonds d’huiles conventionnelles, une zone interne d’huiles
lourdes à moyenne profondeur, et des huiles extra-lourdes et des tars sands à
faible profondeur. Le degré API diminue latéralement : de 30° à moins de 10°

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en passant par les intervalles de 25-40° et 15-25°. Dans la chaîne, la
dysmigration peut survenir le long des failles. Les vieilles et profondes
offshores de marges passives sont un autre habitat pour les huiles lourdes à
cause des basses températures lesquelles favorisent l’activité microbiale le
long des chenaux et lobes turbiditiques dans les environnements offshore
profonds.

III.4.2. Sulfato-réduction thermique


En présence de sulfate et à haute température 120-140°C, les hydrocarbons
sont sujets des réactions redox, lesquelles résultent dans la réduction des
sulfates aqueux et de l’oxydation des hydrocarbures, produisant le sulfure
d’hydrogène, le soufre, le dioxyde de carbone et la calcite secondaire. En
subsurface, cette réaction survient quand une accumulation d’hydrocarbons
est en contact avec des minéraux sulfatés (mélangés ou disséminés dans le
réservoir, ou présent dans la roche couverture), le plus répandu étant
l’anhydrite belonging à la série des évaporites. Ce phénomène est
vraisemblablement le principal processus générateur de H2S en subsurface. Il
a été reconnu comme la principale source de ce gaz acide dans de nombreuses
provinces pétrolières contenant des quantités importantes de H2S ; par
exemples : Pericaspian area, North of Abu Dabi, West Alberta Basin, Gulf of
Mexico and Iran. La réaction est écrite de la manière suivante : CnH2n+2 +
nCaSO4 donne H2S + (n-1)S + nCaCO3 + H2O
Cette réaction est très simplifiée, en réalité, c’est fort complexe et ce
phénomène se déroule par étapes qui incluent des diverses espèces de sulfures
qui catalysent la réaction. En outre, les ions de sulfate libres requièrent plus
d’énergie dans l’ordre de réduction et le début de la réaction est pensée être
triggered par l’occurrence de l’ion-magnésium avec le sulfate, changeant la
symétrie de l’ion sulfate (augmentation la longueur de la liaison S-O) et
conséquemment, le formant plus aisément pour le sulfate à être réduit. Le

123
magnésium est abondant en formation de l’eau, spécialement dans les
aquifères carbonatés où la dolomite riche en magnésium peut être présente.
Cependant, il peut être réalisé par des carbonates à faible teneur en
magnésium à cause de l’interaction continuelle eau-roche. Cette réaction
génère le sulfure d’hydrogène et les autres espèces réduites de sulfure,
lesquelles peuvent maintenant propager readily la réduction des sulfates. Dans
ce cas, le type d’hydrocarbures involved peut significativement influencer
leur réactivité et l’extent de TSR. Spécialement, dans les huiles riches en
soufre, la présence des composés de soufre labile organique peuvent être
altérés, réalisant le H2S lequel then further catalyse la réaction. Cependant, les
considérations thermodynamiques théoriques et les observations de terrain
point to le fait que les hydrocarbures liquides (spécialement les chaînes
straight) requièrent la température plus basse dès l’initiation de TSR que le
gaz. Du point de vue minéralogique, durant le processus, l’anhydrite
préexistante est progressivement remplacée par un carbonate secondaire.
Depuis l’atome de carbone de ce carbonate est dérivé des hydrocarbures (à
travers la génération de CO2), ceci montre une valeur caractéristique basse de
δ13C. Owing à l’association proche des évaporites (anhydrite) avec les
séquences carbonatées, incluant la dolomite, une source potentielle de
magnésium, la TSR est communémént observée dans les réservoirs
carbonatés. En plus, les séries clastiques, l’occurrence du fer est
vraisemblablment to scavenge H2S et produit la pyrite, une situation qui
inhibirait la réaction TSR ou à moins prévenir la préservation de H2S.
Les réservoirs de gaz dans la Khuff Formation datée du Permien, recouverte
par les évaporites du Urassique dans la Hith Formation au Nord d’Abu Dhabi,
fournit un cas exemplaire d’étude. Les réservoirs sont composés de micrites et
grainstones dolomitisés interstratifiées avec des évaporites, incluant
l’anhydrite. The onset of gaz souring, reflectant le processus de TSR, survient
à des profondeurs plus grandes que 4300 mètres, associés avec une

124
température de 140-145°C. Comme un résultat de la TSR, les nodules
d’anhydrite sont progressivement remplacés par les carbonates secondaires.
Ce carbonate secondaire est caractérisé par une légère signature de δ13C
résultant de l’origine des hydrocarbures. From a diagnostic viewpoint, la TSR
tend à générer le H2S lequel montre une lourde valeur de δ13C résultant de
l’origine de ses hydrocarbures, réflétant la signature isotopique de sulfate
inorganique dérivé comparé à de δ14S de H2S quand il est généré par la
cracking thermique des moieties de soufre bearing dans l’huile. La TSR
promotes la disproportion des réactions, incluant l’aromatisation et la
génération des structures de diamondoïdes. Ceci favorise donc l’incorporation
du soufre dans les hydrocarbures. Ceci amène à :
- un ratio élevé aromatiques-saturés dans les huiles résiduelles
(observable dans la fraction C15+ de l’huile résiduelle) ;
- une augmentation dans le δ13C dans les résiduels saturés et
aromatiques ;
- la génération des benzothiophènes et dibenzothiophènes ;
- la génération des diamondoïdes contenant du soufre (tel que
thiaadamantane) lequel peut être utilisé comme des indicateurs
moléculaires pour la TSR ;
- la génération des pyrobitumes riches en soufre.

III.4.3. Water washing


Souvent si les hydrocarbons sont basiquement insolubles dans l’eau, le gaz et
certains hydrocarbures extent à bas poids moléculaire (principalement les
aromatiques, benzène et toluène) sont susceptibles de se dissoudre dans l’eau.
En présence de l’eau, au contact oil-water, la concentration de ces espèces
s’équilibrera entre l’huile restant et l’eau leg en tenant compte de la loi
d’Henry. Due à leur faible solubilité, la quantité d’hydrocarbures exportés
sera marginale. Cependant, en cas d’un aquifère actif (flux brutal des eaux

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météoriques), le déséquilibre entre les deux phases sera maintenu et
graduellement ces espèces seront remobilisées à partir de l’huile (water
washed). Comme les hydrocarbures gazeux sont de loin les espèces plus
solubles, le washing water affecte premièrement le contenu en gaz du champ.
Au premier stade, le gaz washed à partir de l’huile leg est remplacé par le gaz
fourni par le chapeau de gaz, satisfaisant l’équilibre oil/gas. Ceci amène à une
dépletion du gas cap et, à travers les périodes du temps géologique,
l’accumulation tend à perdre son contenu gazier et sa part des hydrocarbures
légers à devenir des huiles mortes (with no internal energy pour la production
primaire) avec une haute viscosité in situ (partiellement reliant sur le contenu
en gas). Si, dans la direction vers l’aval de washing, l’eau est transportée à
basse pression, le dégazage peut éventuellement survenir, résultant dans la
formation des accumulations de gaz.
Le water washing est souvent associé avec l’eau météorique sous-saturée
agressive, capable de dissoudre les minéraux et de produire des nutrients.
Ceux-ci peuvent être délivrés à starving des micro-organismes, thereby la
promotion du processus de la biodégradation, laquelle est souvent associée
avec un pareil phénomène si la température s’y apprête. Les gisements dans le
Barinas Basin, Venezuela, près de Merida Andes, ont été décrits comme
partiellement altérés par le processus de water washing. The high hydraulic
head généré par la nearby Merida Andes fournit un aquifère météorique actif
et il en résulte un water washing de certains de gisements régionaux. Un
diagnostic de ce processus est fourni par la disparition pogressive des
hydrocarbures aromatiques à léger poids moléculaire, tels que montré par des
chromatogrammes de l’huile entière.

III.4.4. Fractionnement évaporatif, gas washing


Quand une phase gazeuse s’échappe d’une accumulation, qui excède la
capacité holding d’un piège avant d’atteindre le spill point, le gaz migrera up

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dip et éventuellement sera piégé à une faible profondeur avec une basse
pression, permettant la condensation d’un liquide à partir d’un gaz
(rétrocondensat). Dépendant de l’équilibre différentiel de phase entre les
familles des hydrocarbures, ce processus, connu comme « evaporative
fractionation » résultera dans la différenciation des compositions pour l’huile
résiduelle et le condensat migré. Le degré API élevé du retrocondensat sera
then depleted en aromatiques légers et saturés légers. En outre, les
hydrocarbons en chaînes linéaires seront plus enrichis comparés avec les
composés cycliques et branchés. A l’échelle moléculaire, ce behavior fournit
un guide géochimique convenable pour identifier le processus d’altération. Ce
processus est enhanced dans des situations dynamiques où une charge de gaz
(éventuellement fed par une cuisine profonde de gaz) entre une accumulation
d’huile récurremment et strips les hydrocarbures légers. Le gaz washing est
souvent rencontré dans les contextes deltaïques, où l’huile s’accumule dans
les pièges à sables de chenaux et le long des failles de croissance, lesquels
peuvent agir intermittemment comme une conduite pour l’influx de gaz sec
profond migrant et le outflow de gaz venting chargé avec des hydrocarbures
liquides légers. Dans une pareille situation, une séquence de gisements up dip
contenant increasingly des hydrocarbures liquides légers et des ratios élevés
gaz/condensat peuvent survenir.

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