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Les contrats FIDIC constituent de nos jours sur la scène internationale une source
importante pour les projets de construction de grande envergure.
Très employés dans les pays en voie de développement, recommandés par la Banque
Mondiale (voire les Standard Bidding Documents for Works (2005) qui basent sur le Livre
Rouge 1999), d´autres banques de développement (comme la BAD) et plusieurs
organisations de l´Union Européenne et utilisés pour les programmes PHARES et ISPA les
contrats FIDIC connaissent un grand essor pour la construction d’usines, d’hôtels,
d’hôpitaux, de routes ou de barrages hydroélectriques. Dans le cadre de la réalisation de
projets de la Coopération financière allemande (CF) la Banque de Développement
allemande (KfW Entwicklungsbank) recommande également les modèles de la FIDIC (cf.
Règles pour l’attribution de marchés de fournitures et de services dans le cadre
de la Coopération financière avec les pays en développement, édition novembre
2006). Selon la KFW sont pertinents le Livre dit “Rouge“ pour les projets de génie civil,
le “Livre Jaune“ pour les installations mécaniques et électrotechniques et la conception de
marques, ainsi que le “Livre Vert“ pour les petits projets passés par appel d’offres local,
par exemple. Le “Livre Argent“ pour les projets clé en main est d‘un intérêt secondaire
pour les projets de la CF puisqu’il ne fait pas appel à des consultants indépendants.
Nonobstant certaines dérivations, ces types de contrat constituent un outil non
négligeable au niveau international.
A côté de l’aspect financier, la réalisation d’un ouvrage clé en main est une opération
compliquée, qui implique un grand nombre d’intervenants de nationalité différentes et qui
impose un contrôle attentif à tous les stades de réalisation du projet, ce qui exige que les
relations contractuelles soient bien fondées. C´est la raison pour laquelle pour les projets
de génie civil internationaux les conditions publiées par la FIDIC sont généralement
d’application.
A titre d’exemple on peut citer la construction d'une usine d'engrais au Bénin, d'un dépôt
d'hydrocarbures et d'une usine hydroélectrique au Burkina, en Égypte, d'une usine d'eau
minérale et du métro du Caire, grâce à des entreprises françaises, d'usines hydrauliques,
sucrières, chimiques et cotonnières au Maroc, de diverses usines en Inde par
l'intermédiaire de multiples sociétés venant d'Allemagne fédérale, d'Angleterre, de
France, d'Italie et de la Russie. De son côté, l'Inde a réalisé une usine au Vietnam.
Pour les contrats clé en mains ou produits en mains la forme de contrat recommandée
par la FIDIC est le Livre Argent (Silver Book) dont nous parlerons plus tard. Le Livre
Rouge s´applique aux travaux au métré sur devis estimatif, alors que le Livre Jaune
porte sur les travaux électriques et mécaniques, bien que la FIDIC recommande ce
modèle aussi bien pour les contrats d´ingénierie et que pour les travaux de bâtiment. Les
contrats sont administrés par un ingénieur de type anglo-saxon.
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Les conditions FIDIC
Dans le Livre Jaune l’obligation principale de l’entrepreneur est concrétisée par référence
aux exigences du maître de l’ouvrage, tandis que dans le Livre Rouge les cahiers des
charges (devis descriptif et les dessins) les remplacent. Dans le cadre de la réalisation du
contrat, il incombe le cas échéant (c´est-à-dire selon le Livre Jaune et, lorsque c’est
convenu, en combinaison avec le Livre Rouge) également à l’entrepreneur à coté de son
obligation de réalisation des travaux l’obligation de planification.
Les conditions FIDIC du Livre Argent (contrat FIDIC clé en main/EPCT) et du Livre Jaune
ont pour objet d’organiser sur une base contractuelle et pour un prix à forfait la gestion
du projet de construction dans son ensemble. Dans cette perspective les conditions
générales FIDIC (du Livre Argent et du Livre Jaune) décrivent et définissent le rôle des
différents acteurs au projet de construction, (en identifiant les différentes parties au
contrat et leurs tâches respectives), les différentes phases d’exécution, les modalités de
paiement, les risques et responsabilités devant être assumés par les parties et un mode
de résolution des litiges. Sans doute le Livre Argent est par rapport aux autres livres de
la FIDIC moins favorable aux entrepreneurs, qui assument la plus grande partie des
risques du contrat. Il y manque notamment un mécanisme d´adaptation du contrat en
cas de survenance des conditions du sol inattendues et par rapport au Livre Jaune moins
de risques assumés par le maître d´ouvrage sont listés dans la clause 17.
Les conditions FIDIC sont composées de vingt clauses. Celles-ci sont rédigées de manière
détaillée afin de répondre aux besoins des parties. Par le biais de définitions générales
elles permettent d’échapper à certaines difficultés tenant d’une part au caractère
international du contrat de construction et d’autre part à la complexité de l’opération
envisagée. (Elles prennent en considération l’aspect financier, les aspects techniques et
juridiques de l’opération.)
Présentation dans les grandes lignes du contenu des conditions générales du livre argent:
- définition du vocabulaire employé (clause 1 & 2)
- identification des parties et de leur mission (clause 3, 4 & 6)
- conception de l’ouvrage (clause 5 &7)
- [approvisionnement (clause 4)]
- exécution des travaux (clause 8, 9 & 12)
- procédure de modification (clause 13)
- réception (clause 10)
- modalités de paiement (clause 14)
- risques et responsabilité (clause 11, 17, 18 & 19)
- mode de résolution des litiges (clause 20)
Les conditions sont complétées par un guide pratique, offrant pour la rédaction des
clauses des conditions particulières diverses exemples de formulation, sans oublier les
annexes comprenant différents modèles-types de garantie, lettre d’offre, convention
d’arbitrage, etc.
L´autre atout ce type de contrat est le recours au Bureau de Conciliation (Dispute
Adjudication Boards) et à l’arbitrage, puisque comme le montre la pratique les
entreprises sont souvent très méfiantes envers les tribunaux du pays avec lequel le
contrat est passé. Pour des projets majeurs ou complexes, les intervenants préfèrent
souvent avoir recours à un organisme de conciliation propre au projet (Dispute
Adjudication Board) qui, en cas d’échec des tentatives de règlement à l’amiable, tranche
les litiges à titre provisoire. Lorsque l´une des parties n´est pas satisfaite d´une telle
décision, il y a toujours le recours au tribunal d’arbitrage international, qui est formé
selon le règlement d’arbitrage de la Chambre de Commerce Internationale (CCI).
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Les conditions FIDIC
ce concept a un pendant dans l’ordre juridique de ce pays, mais qui n’en est pas
exactement l`équivalent.
L’utilisation des conditions FIDIC exige une compréhension du texte dans son entier,
mais aussi une compréhension du vocabulaire utilisé dans son contexte d’origine, le droit
anglais. L´anglais juridique est complexe et soumis à des nombreuses traditions. Il est
par exemple fréquent que les stipulations contiennent des séries de synonymes. On
espère ainsi que le destinataire comprendra au moins une des expressions utilisées. Par
crainte de ne pas employer le mot juste, les avocats emploient souvent des expressions
synonymes (a scuttergun instead of a rifle), pour définir la notion recherchée. Il est aussi
typique de mentionner, après un mot d´origine anglo-saxonne, son équivalent d´origine
franco-normande. La notion fréquemment employée de « raisonnable » peut être
facilement traduite par raisonnable mais ceci modifie le sens du texte car un grand
nombre de décisions anglaises définissent la notion pour les besoins du droit contractuel
que l’on ne retrouve pas dans la notion de raisonnable. Il en est de même en parlant de
la force majeure, notion qui change de sens selon le droit applicable. A titre d’exemple on
peut également citer la clause prévoyant la résiliation du contrat par le maître de
l’ouvrage ou la réception du droit belge ou droit français qui n’existe pas en Common Law
avec les conséquence légales qu’on y attache en France et en Belgique.
Les conditions FIDIC jouissent alors d´une réputation mondiale et sont largement
répandues. En règle générale elles s´appliquent en anglais, la "langue maternelle" de la
FIDIC. Or un besoin non négligeable aux traductions peut être constaté. Par conséquent
il existe des traductions dans des nombreuses langues (surtout de l´édition 1987). Les
traductions en langue française des livres de la FIDIC (édition 1999) furent réalisées au
sein de notre Cabinet. Elles ont été publiées en 2006 par la FIDIC et y sont
disponibles. Récemment la FIDIC a également publié un guide des Livres Rouge et Jaune
en français. Une traduction en langue allemande du Livre Rouge est d’ores et déjà
disponible auprès de l’association allemande des ingénieurs-conseils (VBI). Nous avons
également préparé une traduction en langue allemande du Livre Argent et du Livre Jaune
de la FIDIC en coopération avec l’association allemande des ingénieurs-conseils (VBI). En
outre Maître Dr. Hök a fait paraître sur ce sujet un ouvrage et différents articles dans des
revues spécialisées. Il a participé en tant que conseiller à plusieurs projets de
construction en majorité franco-allemand élaborés à partir des Conditions FIDIC et il est
membre du FIDIC-network. Maître Dr. Hök a également enseigné cette matière auprès
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Les conditions FIDIC
Annexe: Petit Glossaire des mots clé des Conditions Générales de la FIDIC
Claim (Réclamation)
La notion de « claim » n’a pas d’équivalent exact en français, or il est fréquemment
utilisé dans les Livres de la FIDIC.
On l’a traduite par « réclamation », dont l’acception, plus technique que juridique,
recouvre toute demande de faire ou de ne pas faire, de prolongation de délais, de
supplément de prix ou de modification du prix à l’occasion d’une commande
supplémentaire, par hypothèse non-mentionnée dans le document.
Elle est généralement provoquée par le comportement du maître de l’ouvrage ou de
l’ingénieur manquant à leurs obligations ou, plus rarement, par la survenance d’un
évènement imprévu.
Determination (Constatation)
Terme central de la mission de l´ingénieur, traduit par «constatation » plutôt que par
« décision » ou « détermination », qui conféreraient à ce terme un sens trop offensif.
En effet, en vertu de la sous-clause 3.5, chaque fois que l’Entrepreneur réclame un
prolongement des délais d’achèvement ou un supplément de prix, l’ingénieur doit agir en
consultant les deux parties pour essayer d’aboutir à un accord à ce sujet et, à défaut,
l’ingénieur devra délivrer d’une manière impartiale un constat en conformité avec le
Contrat et en prenant en compte toutes les circonstances pertinentes.
Cependant, il est important de souligner qu’en établissant un tel constat, l’ingénieur se
livre à des observations objectives, sans être autorisé à modifier le contrat, ni à porter un
jugement.
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Les conditions FIDIC
Si l’évènement ne justifie pas une telle réclamation ou celle-ci n’a pas été faite dans les
délais ou conformément aux procédures de la sous-clause 20.1, et par conséquent, le
délai d’achèvement n’a pas été prolongé sur demande régulière de l’entrepreneur, ce
dernier ne pourra opposer ledit évènement pour s’opposer à une demande de réparation
des dommages issus du retard.
Ce guide a été écrit par Maître Dr. Hök. Il est distribué par la FIDIC exclusivement.