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ENGLISH SUMMARY
Incoterms® 2020 entered into force on 1 January 2020. Codified by the Inter-
national Chamber of Commerce (ICC) in Paris since 1936, the standardized ICC
Incoterms have become key legal instruments of international trade and are reco-
gnised worldwide. While the new codification does not constitute a “revolution”, it
reinforces the existing terms with accurate and detailed explanations for parties to
sale and purchase contracts. Moreover, the new version introduces some significant
changes, including a new term called “Delivered at Place Unloaded” (DPU), greater
insurance protection for CIP and a “Bill of Lading option” for FCA. Incoterms® 2020
should reduce the risks of misunderstanding or confusion and provide better legal
protection for international sales.
Introduction
Depuis le 1er janvier, les « Incoterms® 2020 »(1) sont désormais en vigueur et
les opérateurs du commerce international peuvent s’y référer. Outils fondamentaux
des ventes internationales de marchandises, matières premières, produits finis ou
semi-finis, les incoterms facilitent les échanges grâce à leur simplicité d’utilisation.
Pour rappel, les « international commercial terms » ou « INCOTERMS », désignent
différents acronymes de trois lettres tels que les fameux FOB, CFR ou CIF, définissant
les principales obligations des parties au contrat de vente domestique ou internatio-
nale de marchandises. L’achat-vente dans un contexte international demeure toute-
fois le champ d’application « originel » des incoterms.
Codifiés depuis 1936 par la Chambre de Commerce Internationale (ICC) de Paris,
les incoterms sont révisés régulièrement, au rythme d’une décennie en moyenne
depuis 1980. Les incoterms ICC ont acquis une importance grandissante ces der-
nières années quant à leur diffusion sur de grands continents dont l’Asie et l’Amé-
rique du Nord, mais également au regard de leur portée juridique(2). Comparée aux
(1) « Incoterms® 2020 : les règles de l’ICC pour l’utilisation des termes de commerce nationaux et
internationaux » ICC Publication : 723EF, ISBN: 978-92-842-0512-7, 401 pages.
(2) V. Egéa : « La vente maritime internationale : un archipel d’internormativité concrète », Les Cahiers
de droit Volume 59, n° 1, mars 2018, p. 167-197.
A. Un effort didactique
Le contentieux du contrat de vente internationale démontre régulièrement la
mauvaise utilisation ou compréhension des incoterms que ce soit par de grandes
entreprises ou PME(5). D’une manière générale, les conséquences des « approxima-
tions » dans le recours aux incoterms prennent une acuité particulière lorsque la
marchandise est réceptionnée avec des avaries et que les parties ne trouvent pas
de compromis à l’amiable. Dès lors, la question du respect des obligations et inci-
demment des responsabilités devient déterminante. Or, c’est toute la substance de
l’incoterm que de définir les limites de l’engagement contractuel du vendeur et de
son client acheteur.
Comment améliorer alors la compréhension et renforcer la connaissance des
parties quant à leurs obligations découlant de l’incoterm choisi ? Les rédacteurs de
la codification 2020 ont certainement trouvé une partie de la réponse : proposer
une version plus didactique et pédagogique. Nous pouvons affirmer que l’objectif
est atteint. En effet, les rédacteurs ont élaboré une version très précise complétée
par de nombreux schémas afin que le vendeur et l’acheteur puissent choisir au mieux
(3) L. Fedi : « La nouvelle codification des Incoterms® 2010 : entre simplification et rationalisation de
la vente maritime internationale », DMF n° 724 avr. 2011, p. 303-313 et « Incoterms® 2010 : un tour
d'horizon maritime », Gazette de la Chambre arbitrale de Paris n° 44, Automne 2017, p. 5-7.
(4) L. Fedi : « Incoterms® 2020 : les apports de la nouvelle codification », Gazette de la Chambre arbitrale
de Paris, janv. 2020, n°51, p.2-4.
(5) P. Delebecque : lire les commentaires de jurisprudence au DMF Hors-Série n°21, 22 et 23 notamment.
Du même auteur : « L’entreprise et la vente internationale de marchandises – Cadre juridique », Ed. Créda
2015, 246 pages.
obligations des parties(6). Cette synthèse très détaillée permet de mieux comprendre
et de connaître précisément le contenu des obligations des parties au contrat de
vente. De manière générale, cette synthèse devrait s’avérer fort utile pour les opé-
rateurs qui ne maîtrisent pas bien les incoterms et de leur permettre d’évaluer avec
exactitude les différences d’une règle à l’autre.
A fortiori, les rédacteurs ont rappelé comment intégrer les Incoterms® au
contrat de vente : « [règle Incoterms choisie] [port, lieu ou endroit désigné] Inco-
terms 2020 » ex. « CIF Le Havre Incoterms® 2020 ». L’incoterm doit en effet être
toujours suivi du lieu convenu afin de déterminer précisément le point de transfert
des coûts et / ou de livraison selon la règle choisie. A fortiori, il est conseillé de ne
pas omettre la référence à la codification ICC en particulier lorsqu'une des parties
réside dans un pays régi par la loi anglaise. Bien qu’ils pratiquent les Incoterms ICC,
nos amis Anglo-Saxons ont un cadre juridique bien spécifique eu égard aux ventes
internationales notamment en ce qui concerne les ventes maritimes(7).
Par ailleurs, les informations relatives à la dichotomie existante entre livrai-
son - transfert des risques et transfert des frais pour les incoterms de la famille
« C » n’ont jamais été aussi explicitées(8) et on doit saluer cette initiative tant
les risques de confusion sont fréquents pour ces incoterms(9). Les opérateurs ont
trop souvent tendance à confondre la livraison du contrat de vente et celle du
contrat de transport(10). Enfin, il est à nouveau conseillé aux parties de se référer
à cette dernière codification dans la mesure où elle est censée correspondre aux
évolutions récentes des pratiques et de s’assurer de l’application des dispositions
standardisées ICC.
De manière synoptique, les Incoterms® 2020 sont toujours classés en fonction
de leur adaptation aux différents modes de transport :
Incoterm Description
(6) Incoterms® 2020 : « Texte des règles article par article » p. 147-196.
(7) F. Lorenzon : « Sassoon C.I.F and F.O.B contracts », Sweet & Maxwell, Sixth Edition, 796 p. et L. Fedi :
« Sassoon: CIF and FOB Contracts, le droit anglais des ventes maritimes », DMF n°802 mai 2018, p. 412-420.
(8) Lire notamment l’introduction des Incoterms® 2020, p. 3.
(9) B. Dreyer : « Les incoterms du groupe C : un vilain petit canard ? », Mélanges C. Scapel, 2013, p. 179-186.
(10) CA de Lyon (3ème Ch. A) - 15 septembre 2016 N° 15/02547, commentaires L. Fedi : « De l’intérêt de
bien choisir son incoterm », DMF n° 795 oct. 2017, p. 826 -831.
Incoterm Description
(11) CA Paris (Pôle 2, 5ème Ch.) – 21 mai 2019 n° 18/15764, lire commentaires L. Fedi : « L’incoterm EXW :
le faux ami de la vente internationale », DMF n° 817 oct. 2019, p. 828-833.
(12) Conformément à l’art. 262-I du CGI, l’exonération de TVA ne concerne que les ventes ou transports
à destination de pays tiers à l’Union européenne. Pour bénéficier de l’exonération, le vendeur doit fournir
une preuve de la réalité de la sortie du territoire de l’UE. Il s’agit en général d’un justificatif tel que
l’exemplaire papier n° 3 de la déclaration douanière (DAU) ou de sa certification électronique validée
dans le cadre du dispositif ECS (art. 74 Annexe III CGI).
(14) J. Franck : « Policy updates brings cargo into modern era », Lloyd’s List du 26 mars 2009.
(15) J.-P. Thomas : « Modification de la police française d’assurance maritime sur facultés », DMF 2009,
p. 675.
(16) « Incoterms® 2020 » : lire p. 16-17.
(17) « Incoterms® 2020 » : CIP voir p. 62 et pour le CIF p. 140.
(18) « Incoterms® 2020 » : FCA p. 33 et suiv.
Conclusion
Les « fuites » du Comité de rédaction des Incoterms® annonçaient des change-
ments significatifs par rapport à la version 2010. Ainsi, la suppression de l’EXW et du
FAS ne semblait plus faire de doute tout autant que la création d’une nouvelle règle
entre le FOB et le CFR : le « CNI » – coût et assurance. Mais l’ère des « fake news » af-
fecte également le domaine juridique…. Ces changements ne sont pas intervenus et
c’est donc une codification « douce » qui entre en vigueur. Elle n’en reste pas moins
empreinte de sagesse car, de manière incontestable, c’est la prophylaxie juridique
qui caractérise les Incoterms® 2020 et on ne peut que s’en réjouir. Beaucoup plus
explicite que les précédentes versions, la nouvelle codification devrait satisfaire les
opérateurs du commerce international tout en renforçant la prévention des risques
contractuels liés à l’achat – vente de marchandises.
Toutefois, si on peut regretter la non-intégration de l’obligation de déclaration
VGM(21) pour les conteneurs pleins, l’absence de couverture « Tous risques » pour le
CIF, certains apports, dont le FCA option B/L ou le déchargement en DPU, ne man-
queront pas de poser certaines difficultés pratiques et contentieuses. Un retour d’ex-
périence s’impose à leur égard. En attendant, une période de transition commence
mais l’acculturation aux nouvelles règles devrait être relativement rapide.
Enfin, si cette nouvelle mouture des Incoterms® a gagné en pédagogie et prophy-
laxie, la formation des opérateurs du commerce international reste déterminante.
Les incoterms sont à la disposition des entreprises mais encore faut-il que leur conte-
nu soit maîtrisé. A ce égard, les CCI de l’hexagone proposent régulièrement des jour-
nées de formation et il est fortement conseillé d’y participer. Ne dit-on pas en effet
que « plus faibles sont les risques, meilleure est l’entreprise » ?
(19) CA Paris (Pôle 5 – Ch. 6) - 15 janvier 2016 n° 14-17486 ; Voir commentaires L. Fedi : « Crédit
documentaire irrévocable et confirmé : un double contrat rigoureux », DMF n°780 mai 2016, p. 405 - 417.
(20) P. Bonassies et C. Scapel : « Traité de droit maritime », 3ème éd., point. 936, p. 726-727.
(21) L. Fedi : « La mise en œuvre du VGM en France : premiers résultats ». Gazette de la Chambre arbitrale
de Paris n° 43, p. 6. Lire également : O. Lasmoles : « Les commissionnaires de transport et la pesée des
conteneurs : difficultés et solutions », DMF n° 790 avr 2017, p. 201-301 et L. Fedi, A. Lavissière, D. Russell,
et D. Swanson : « The facilitating role of IT systems for legal compliance: the case of port community
systems and container Verified Gross Mass (VGM) », Supply Chain Forum: an International Journal, Vol. 20,
No. 1, 2019, 29–42.