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Des principes inviolables sont posés afin de préserver l'intégrité de ces modèles très utilisés à
l'international.
La Fédération internationale des ingénieurs-conseils (Fidic) réunit des associations d'ingénieurs, soit environ 40
000 entreprises de construction et 1 million de professionnels d'une centaine de pays différents. Elle publie des
modèles de contrats de construction dans les domaines du génie civil et du bâtiment. Chacun d'eux est identifié
par une couleur. Par exemple, le Livre rouge désigne un modèle de contrat pour les projets dont le maître
d'ouvrage est en charge de la conception.
Equilibre. Ces contrats étant des formulaires standard, il est courant que les parties leur apportent des
modifications substantielles. Pour décourager une telle pratique qui peut porter atteinte à la philosophie « juste
et équilibrée » de ses contrats, la Fidic a publié pour la première fois en 2019 des « Golden principles Fidic » ou
« Règles d'or ».
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Les modèles Fidic sont rédigés de manière à garantir que les parties remplissent leurs obligations dans les
délais et, surtout, qu'elles assument les bons risques - ceux qu'elles sont les plus aptes à gérer. Cependant, il
est fréquent que les utilisateurs des contrats ne puissent résister à la tentation de les modifier pour s'assurer la
plus grande sécurité possible. Ces changements interviennent le plus souvent sans tenir compte de leurs
conséquences potentielles, comme l'incohérence de l'ensemble contractuel faute d'avoir apporté les
modifications subséquentes nécessaires, ou l'impact plus large sur la relation entre les parties. Par exemple, les
clients exigent souvent des modifications du Livre rouge afin d'en étendre les obligations de conception, de
supprimer les ajustements de prix et de délais en cas de conditions physiques imprévisibles, ou de réduire le
nombre de motifs possibles pour demander de tels ajustements. Il est aussi courant d'ajouter aux contrats Fidic
une série de documents contractuels, qui peuvent faire double emploi ou, plus inquiétant, entrer en contradiction
avec les clauses originelles.
Litiges. Toutes ces modifications peuvent avoir pour effet de faire porter des risques à une partie incapable ou
mal équipée pour les assumer. Et, surtout, donner naissance à des différends souvent difficiles à résoudre en
présence d'un contrat qui est substantiellement dissemblable du contrat Fidic qu'il prétend être. Ce risque est
particulièrement accentué - ce qui arrive assez souvent - lorsqu'est supprimée la procédure de règlement des
litiges à plusieurs niveaux, procédure pourtant censée permettre une résolution rapide et efficace.
- GP1 : les devoirs, droits, obligations, rôles et responsabilités de toutes les parties au contrat doivent être
généralement conformes à ce qui est implicitement contenu dans les conditions générales, et appropriés aux
exigences du projet.
- GP2 : les conditions particulières doivent être rédigées clairement et sans ambiguïté.
- GP3 : les conditions particulières ne doivent pas modifier l'équilibre risques-bénéfices prévu dans les
conditions générales.
- GP4 : tous les délais spécifiés dans le contrat pour permettre aux parties d'exécuter leurs obligations doivent
être d'une durée raisonnable.
- GP5 : à moins qu'il n'y ait conflit avec le droit applicable au contrat, tous les litiges formels doivent être soumis
à un bureau de conciliation et de prévention des litiges (ou à un bureau de conciliation, le cas échéant) en vue
d'une décision provisoirement obligatoire tenant lieu de condition préalable à l'arbitrage.
- le GP1 prohibe toute modification des conditions générales (dans le cadre d'un contrat Livre rouge ou jaune
[2]) qui exigerait que l'ingénieur obtienne l'approbation du maître d'ouvrage avant de procéder à une
constatation sur la réclamation d'un entrepreneur ou d'accorder une prolongation de délai ;
- conformément au GP2, toute suppression dans les conditions générales doit être compensée par des
conditions particulières recouvrant le même champ d'application, et qui ne laissent aucun rôle, devoir, obligation,
droit et répartition des risques indéfinie, ni ne perturbent l'intégrité et la cohérence desdites conditions générales
;
- le GP3 interdit les modifications qui obligeraient l'entrepreneur à assumer le risque de conditions physiques
imprévisibles dans le cadre d'un Livre rouge, rose (3) ou jaune ;
- conformément au GP4, les conditions particulières ne doivent pas spécifier des délais impraticables qui
imposent des conditions déraisonnables à une partie contractante pour exercer ses droits et/ou exécuter ses
obligations ;
- le GP5 interdit tout contrat qui ne prévoit pas de bureau de conciliation et de prévention des litiges (ou de
bureau de conciliation), ou qui restreint la portée des litiges pouvant être soumis au bureau de conciliation.
Les modèles de contrats Fidic, très utilisés pour les projets de construction à l'international,
subissent souvent des modifications substantielles apportées par les parties.
Ces changements engendrent un certain nombre de risques, sur le plan de la définition des
obligations de chacun, de la cohérence de l'ensemble contractuel, de la gestion des différends,
etc.
La Fidic a donc élaboré des Règles d'or, qui érigent cinq principes en conditions générales des
contrats, et fournissent des conseils pour rédiger les conditions particulières.
Reste à savoir dans quelle mesure les constructeurs pourront obtenir de leurs clients le respect
de ces règles dites inviolables.
(1) http://fidic.org/books/fidic-golden-principles-2019 (2) Livre jaune : contrat où l'entrepreneur est chargé de la
conception. (3) Livre rose : modification du Livre rouge utilisée pour des projets financés par des banques
multilatérales de développement.