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UTILISATION DES PRAIRIES ET VALEUR ALIMENTAIRE

DE L’HERBE ET DES FOURRAGES

Grâce aux expérimentations menées par la Chambre d’Agriculture depuis 2 ans sur des prairies du Béarn et du Pays
basque, et aux enquêtes réalisées cet été sur des prairies permanentes des secteurs de LYS et ARMENDARITS, le
bilan de leur utilisation, a été réalisé. Ce bilan permet de dégager des recommandations sur la conduite des prairies
pour optimiser la valeur alimentaire de l’herbe et des fourrages.

1° - EXPLOITER SA PRAIRIE EN FONCTION DE LA POUSSE DE L’HERBE

L’herbe pousse dans le département majoritairement à 2 périodes : au printemps, de façon explosive avec des
pousses allant de 150 à plus de 200 kg de matière sèche par jour et par hectare pour des prairies temporaires
fertilisées, et à l’automne. Des pousses décalées sont possibles, mais fortement dépendantes des précipitations en été
et de la douceur des températures en fin d’automne.
En effet, la température explique la plus grande partie de la pousse annuelle de l’herbe. Associée à la hausse du
rayonnement et au raccourcissement de la durée du jour, la baisse hivernale des températures marque la fin de la
croissance significative de l’herbe en décembre. En été, le facteur limitant la pousse d’herbe est plutôt l’eau.

La pousse de printemps demande une exploitation soutenue et rapide, afin de ne pas être dépassé par les quantités
d’herbe disponibles. La gestion d’une prairie à cette période, notamment les modes de pâture (dates d’entrée des
animaux, durées des séjours et délais entre les retours) est importante, car elle en conditionne l’exploitation pour
l’année.
La pousse d’automne, certes moins évidente qu’au printemps, est bien réelle, et valorisable. Elle est de 20, voire 50 kg
de matière sèche par jour et par hectare.

Les différentes phases de pousse sont atteintes à des dates variant selon le type de prairie, la précocité de sa
végétation, les secteurs géographiques, l’altitude et les années, puisqu’elles sont fortement dépendantes des quantités
de chaleur cumulée reçues ou sommes de température.

Un bulletin fourrages sera mis en place à partir de ce printemps pour mieux repérer les stades d’exploitation des
prairies.

2° - FERTILISER EN TENANT COMPTE DES EFFLUENTS D’ELEVAGE

La fertilisation azotée augmente le rendement, de façon d’autant plus visible que l’azote apporté l’est sous forme
rapidement assimilable.
C’est le cas par fertilisation minérale ou avec des lisiers.
Les fumiers et composts peuvent avoir des teneurs en azote total similaires, mais ont un effet beaucoup plus lent sur
la pousse, leur azote demandant une minéralisation pour pouvoir être assimilé par la végétation ; le fumier mis au
printemps est ainsi utile pour la 2ème exploitation de l’herbe ….

Le phosphore et la potasse sont nécessaires pour répondre à la demande de croissance permise par l’azote, et
peuvent être limitants. En exploitation d’élevage cependant, la fertilisation PK minérale peut être superflue, pour peu
que la prairie reçoive régulièrement des engrais organiques (épandages et / ou restitutions au pâturage) ; ce constat,
vérifié dans les essais en cours, est à moduler selon le niveau de rendement (donc de fertilisation azotée) demandé à
la prairie.
Une analyse d’herbe est utile pour confirmer ce point ; un prochain article reviendra sur cet aspect.

3° - LA COMPOSITION BOTANIQUE FLUCTUE

La valeur fourragère d’une prairie dépend de sa composition botanique.


Les espèces les plus intéressantes le sont par leur teneur en éléments nutritifs, notamment en protéines et en
minéraux, leur souplesse d’utilisation, leur rapport tige / feuilles en jouant sur l’appétence et la valeur alimentaire …

Indépendamment des conditions pédoclimatiques, la composition botanique d’une prairie n’est pas stable dans le
temps et est fortement dépendante des pratiques. Ainsi, la contribution des légumineuses augmente l’été, le
ralentissement de la pousse des graminées permettant un meilleur accès à la lumière de ces espèces. De même, la

novembre 2009
pâture favorise la végétation basse (dont les légumineuses), la fauche les espèces précoces, la fertilisation les espèces
les plus agressives.
Après quelques cycles d’exploitation, la physionomie de la prairie peut ainsi être très différente de celle de départ, en
prairie temporaire comme en prairie permanente .

Certaines diverses, comme le pissenlit et le plantain lancéolé, très présentes dans les (vieilles) prairies pâturées, sont,
par leur richesse en minéraux et leur action dépurative, bénéfiques au bétail et volontiers consommées. Leur
abondance au delà de 5 à 10% dans la végétation est cependant souvent le signe d’une dégradation de la prairie. La
surexploitation favorise en effet l’installation de dicotylédones, à rosette le plus souvent en adaptation au
surpâturage ; elle permet de même l’installation de graminées précoces et/ou gazonnantes, pas forcément du meilleur
intérêt fourrager (l’agrostis stolonifère en est un exemple).

La fertilisation azotée favorise l’installation des graminées les plus agressives, qui sont souvent d’ailleurs les plus
intéressantes du point de vue fourrager : RGA/I, dactyle, fétuque, … . Elle permet aussi l’installation de diverses
nitrophiles (comme le rumex), et contrarie par contre les légumineuses.
La précocité des espèces favorisées et la réponse de ces espèces à la fertilisation sous forme de production rapide et
massive d’herbe, impose de fait une exploitation plus soutenue de la prairie ainsi menée. Cela permet d’ailleurs aussi
d’éviter la montée à graines des dicotylédones indésirables.

Un faible niveau de fertilisation, comme dans certaines prairies permanentes ou naturelles peu ou pas mécanisables,
favorise l’installation d’une flore plus variée, avec des espèces qui sont souvent moins productives ou/et de moindre
intérêt fourrager. La valeur du fourrage produit, cependant, est souvent relevée par la présence de « petites »
légumineuses (du type lotier, minette, …), et sera plus stable dans le temps.
La diversité de la flore permet ainsi une plus grande souplesse d’utilisation. Petit bémol, cependant : elle peut aussi
amener à des ingestions et/ ou à des interactions, bénéfiques ou non, de substances encore méconnues.

4° - UTILISER LE FOURRAGE AU MEILLEUR DE SA QUALITE

Quelle que soit la composition botanique d’une prairie, la qualité du fourrage produit diminue avec :
- l’âge de la végétation au moment de son exploitation
- en cas de récolte, le temps passé entre la fauche et le conditionnement.

Pouvoir disposer au mieux de l’herbe produite est un enjeu économique, tant pour ne pas amputer la pérennité de la
prairie, que pour offrir au bétail une herbe ou un foin de la meilleure valeur possible.

Ainsi, le meilleur compromis rendement / valeur alimentaire serait de :


- faire paître les animaux à partir du démarrage de la végétation jusqu’au stade épi 10 cm (l’épi est dans la
gaine, non encore sorti ; la graminée est en cours de montaison) ; au delà, l’herbe perd appétence et valeur
alimentaire et est gaspillée (tri et refus), par augmentation des parties ligneuses
- faner à partir du stade début épiaison (les 1ers épis sortent) jusqu’à l’épiaison des graminées (l’enrubannage
permettant de stocker un peu plus précocement) ; après ce stade épiaison, la valeur nutritive du fourrage
diminue fortement.
Ce créneau optimal est en moyenne atteint dans le département, selon les secteurs, l’altitude et les types de
prairies, entre fin avril et mi mai …

Marie Claude MAREAUX


CHAMBRE D’AGRICULTURE 64
mc.mareaux@pa.chambagri.fr
05 59 80 69 92

novembre 2009

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