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Dès qu’il est question d’évaluation des formations, le nom de Kirkpatrick apparaît
rapidement dans les échanges. Si de nombreux professionnels de la formation
connaissent le fameux modèle éponyme, plus rares sont ceux à savoir qu’il a
bénéficié d’une mise à jour importante. Quels sont les changements apportés par le
nouveau modèle de Kirkpatrick ? Et quels en sont les bénéfices concrets pour
relever (enfin !) le défi de l’évaluation de l’impact des formations ?
Niveau 4 – Résultats (Results) : À quel point les résultats visés sont atteints
à la suite de la formation et du programme de soutien et de responsabilisation.
Notons que s’il est question de “formation”, ce modèle peut être utilisé pour évaluer
les effets de tout type de formation, quelles qu’en soient les modalités (présentiel,
distanciel, action de formation en situation de travail, formations hybrides, MOOC,
COOC, SPOC…), mais aussi d’un programme de coaching, etc., donc de tout
événement, activité ou action débouchant sur un apprentissage ou, plus largement,
un changement humain.
Ainsi, ce que Donald Kirkpatrick avait nommé initialement “les quatre niveaux d’évaluation”
fut rebaptisé “le modèle de Kirkpatrick” par les praticiens. Ce modèle deviendra sans
conteste celui le plus populaire dans le monde, servant de base à la conception de
méthodes, techniques et outils pour évaluer tant la qualité que l’efficacité des formations :
questionnaires, guides d’entretien ou d’observation, indicateurs, etc.
En réponse aux critiques formulées par différents auteurs, et pour guider davantage
les professionnels dans l’opérationnalisation concrète du modèle, les quatre
niveaux d’évaluation ont été mis à jour en 2010 par James et Wendy Kirkpatrick,
de la société Kirkpatrick Partners, et continuellement enrichis depuis. Le nouveau
modèle de Kirkpatrick était né.
© 2010-2019 Kirkpatrick Partners, LLC. Tous droits réservés. Utilisé avec permission.
Visitez kirkpatrickpartners.com pour plus d’informations.
D’abord, les quatre niveaux ont été précisés. Par exemple, le niveau 1
(réaction) ne se limite pas à la seule question de la satisfaction des
apprenants (ici les “clients” de la formation). Il englobe aussi la pertinence (du
contenu de la formation par rapport aux situations de travail de l’apprenant) ou
l’implication (de l’apprenant tout au long de la formation). À chaque niveau
correspondent donc plusieurs composantes qui guident davantage la
conception des outils d’évaluation.
Le niveau 3 (le plus important des quatre !) se voit adjoindre deux éléments. Il
est rappelé l’importance de l’apprentissage sur le tas : pour que
l’apprentissage soit effectif, l’apprenant devra prolonger sa formation par de
l’expérimentation, par des échanges, etc. (dans l’esprit du modèle 70-20-10).
Le nouveau modèle insiste aussi sur la nécessaire présence de leviers,
représentés par les quatre verbes d’action (contrôler, renforcer, encourager,
récompenser) : ce sont toutes les actions qui vont être mises en œuvre
avant, pendant et/ou après la formation afin de favoriser la mise en
œuvre des comportements critiques en situation de travail, donc le transfert
des acquis. Exemples bien connus : le tutorat, le mentorat, le coaching…
Autant d’actions qui devront permettre de lutter contre un faible taux de
transfert. Quand on sait que nombre d’études scientifiques considèrent que
celui-ci est en moyenne de 10 à 30 %, donc que lorsque l’on investit 100 dans
la formation on peut n’en retirer que 10 en termes de compétences réellement
développées et transférées sur le terrain, on comprend tout l’intérêt de les
intégrer au modèle.
Enfin, last but not least, ce nouveau modèle vise en bout de chaîne le retour
sur les attentes (ROE – Return on expectations), le “Saint Graal” de la
formation en matière d’impact. Alternative pragmatique et réaliste au retour
sur investissement (ROI – Return on investment), le ROE est une véritable
démarche collaborative d’évaluation de l’impact, qui commence en amont de
la formation par l’identification des attentes des commanditaires et leur
traduction en critères de succès, qui deviendront ensuite en aval les critères
d’évaluation. Il ne s’agit donc pas de répondre aux attentes des apprenants,
mais bien à celles de commanditaires de haut niveau hiérarchique (direction
générale, directions opérationnelles, etc.), dans le cadre de projets de
formation à forts enjeux. Le ROE est donc en lien direct avec la mission/la
raison d’être de l’entreprise, ses objectifs stratégiques, sa pérennité, etc. Nous
y reviendrons en détails dans le cadre d’un prochain article, tant il y a à dire
sur le sujet…