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Afin d’avoir une vision globale de l’élaboration d’un programme de formation, nous allons ici
suivre un modèle d’ingénierie pédagogique, le modèle ADDIE (Basque, 2017). C’est un modèle
de conception de dispositifs pédagogiques qui propose 5 étapes consécutives.
La première est la phase d’Analyse, qui permet de récolter les données nécessaires à
l’élaboration, comme le contexte dans lequel s’inscrit le programme mais également les
besoins ou demandes spécifiques en formation.
La deuxième phase est la phase de Design, elle correspond à l’élaboration, à la conception de
l’architecture du programme de formation. C’est aussi durant cette phase que seront définis
les objectifs pédagogiques.
Ensuite vient la phase de Développement qui correspond à la construction des outils
nécessaires. En l’occurrence, dans un programme de formation utilisant la simulation, c’est la
phase de création des scénarii.
La quatrième phase est l’Implantation ou l’Implémentation, c’est le lancement réel de la
formation. Cette phase peut éventuellement être précédée d’une phase de test, qui
permettra de réaliser certains ajustements.
La dernière phase est l’Évaluation. Elle permet d’évaluer l’impact du programme sur les
apprenants, via par exemple des tests de performance ou d’auto-évaluation. Mais cette phase
permet aussi d’évaluer le programme lui-même, par exemple en réalisant des études de
satisfaction ou des audits par des experts.
Bibliographie
Basque J. Quelques critiques adressées aux méthodes classiques de design pédagogique et
implications pour une nouvelle ingénierie pédagogique. In: Colloque - Université McGill,
editor. Colloque, Université McGill. Montréal; 2017.
Module 5 – Séquence 2 : Création d'un programme de
formation
Dans cette séquence nous allons développer la phase d’Analyse et la phase de Design.
La phase de Design va permettre de définir et préciser différents points, que nous allons passer
en revue.
Premièrement, il faut définir le public cible, c’est-à-dire "à QUI" s’adresse la formation. Il faut
définir ses caractéristiques, son background, mais également savoir si l’on souhaite un public
uni- ou pluri-disciplinaire.
Ensuite, il faut déterminer les objectifs d’apprentissage ou objectifs pédagogiques, en anglais,
les Learning outcomes. Ils répondent à la question "à la fin de la formation, les apprenants
seront capables de… ". Il existe différents niveaux d’acquisition ; le "savoir" qui se rapporte
aux connaissances, le "savoir-faire" qui représente les compétences et le "savoir-être" qui
comprend les attitudes et comportements. Nous verrons plus loin comment les rédiger
correctement.
Ces objectifs sont définis sur base des besoins préalablement identifiés, ils expriment la
finalité du programme. Ils doivent être clairement identifiés afin de pouvoir par la suite définir
de manière pertinente, les techniques pédagogiques et les critères d’évaluation.
Il faut ensuite structurer le thème, c’est-à-dire, dessiner l’architecture, l’organigramme du
programme. En effet, la thématique principale du programme se divise en plusieurs sous-
thématiques, ou modules de manière arborescente. Cette structure se basera sur l'évaluation
des besoins, des ressources et des objectifs généraux, en tenant compte des participants
ciblés. A ce niveau, il est parfois utile de faire appel à des personnes expertes ou ressources
dans le domaine.
Les prérequis des apprenants doivent aussi être clairement établis. Il s’agit des connaissances
préalables nécessaires à la compréhension de la formation. Ils peuvent être évalués, mais le
plus souvent on se repose sur une preuve, à l’aide par exemple de certifications ou de
diplômes antérieurs. Il faut également prévoir d’apporter un support si nécessaire, par
exemple sous forme de cours en ligne.
Nous arrivons maintenant à un point important qui est le choix des méthodes pédagogiques.
Il doit se faire pour chaque module ou sous-thématique et doit être basé sur les objectifs
pédagogiques poursuivis. Nous pouvons distinguer les méthodes centrées sur l’apprenant et
les méthodes centrées sur l’instructeur ou l’enseignant.
Nous vous présentons ici 8 types de méthodes d’apprentissage, appelés LEM pour Learning
Events Model, proposés par Leclercq & Poumay, de l’Université de Liège. Il y a l’apprentissage
par Observation et Imitation, l’apprentissage par la Réception d’informations orales ou
écrites transmises par l'instructeur, l’apprentissage par Exercisation ou mise en Pratique. On
peut également apprendre via l’Exploration, c’est-à-dire en interrogeant de la documentation
ou en posant des questions à un interlocuteur, nous apprenons aussi par Résolution de
problèmes ou Expérimentation, en réalisant un cycle d’essais/erreurs, ou encore via la
Création ou le Débat qui nous permet de confronter nos idées avec celles des autres. Et enfin,
nous pouvons apprendre par la réflexion sur notre propre cognition, sur notre apprentissage,
c’est ce que l'on appelle la métacognition ou métaréflexion.
Pour appliquer ces types d’enseignement, qui sont bien souvent combinés, différentes
méthodes pédagogiques sont à votre disposition. Le Docteur Chiniara, de l’Université de Laval
au Canada, les décrit comme des milieux permettant de délivrer l’enseignement. Il peut s’agir
de lectures de documents, d’exposés oraux ou cours ex-cathedra, de techniques basées sur
ordinateur ou encore de simulation. Cette dernière se distingue des autres par sa nature
interactive et par l’imitation de la réalité à un certain degré.
Le choix des méthodes pédagogiques doit se faire en fonction des objectifs pédagogiques et
non par attrait pour la nouveauté ou la technologie, comme c’est parfois le cas avec la
simulation
Lorsque tous ces points sont clairement définis, et avant de passer à la phase de
développement, il est nécessaire d’établir une planification temporelle. C’est-à-dire, d’établir
un plan et de définir des délais.
Concernant la simulation, si elle est choisie comme méthode d’apprentissage : elle correspond
majoritairement à la méthode d’apprentissage par exercisation. Elle est basée sur le socio-
constructivisme, c’est-à-dire que l’apprentissage personnel se réalise dans un cadre social,
grâce à l’interaction avec d’autres individus.
Le choix de la simulation entraine de se poser certaines questions, comme: "quel temps lui
sera alloué ?", "avons-nous les ressources nécessaires ?" et "les enseignants possèdent-ils
l’expertise et les compétences nécessaires ?"
Dans le cas d’un programme de formation utilisant la simulation, il faudra aussi se positionner
quant au but de celle-ci ; c’est-à-dire se dirige-t-on vers une évaluation formative ou
sommative des séances.
Bibliographie
Avant d’entrer dans la rédaction à proprement parler des scénarii, il faut d’abord choisir la
technologie de simulation qui sera employée, et cela toujours en se basant sur les objectifs
d’apprentissage poursuivis.
Par exemple, vous comprendrez aisément que si l’objectif est de de savoir pratiquer un geste
technique précis, il vous faudra du matériel, et que la simulation procédurale parait alors
appropriée. En revanche, si votre objectif est de pouvoir reformuler les propos d’un patient
ou d’un client, il vous faudra un interlocuteur, qu’il soit organique ou virtuel.
L’utilisation de l’une ou l’autre technique est justifiée par une recherche bibliographique et/ou
par un retour d’expérience lorsque cela est possible. Le Docteur Chiniara propose un tableau
reprenant l’adaptation des modalités de simulation aux spécificités des objectifs
d’apprentissages. Dans le tableau original, le focus est mis sur l’apprentissage dans le milieu
médical mais il peut tout à fait se transposer dans d’autres domaines.
Ainsi on peut voir les 4 modalités de simulation. Premièrement l’immersion dans un
environnement clinique simulé, ou bien dans tout autre environnement. Deuxièmement la
simulation procédurale. Troisièmement, la simulation basée sur ordinateur. Et
quatrièmement, le patient simulé, qui peut tout à fait devenir un client simulé dans un jeu de
rôle.
Ce tableau nous indique, par exemple, que si nous souhaitons travailler sur des connaissances
théoriques, la simulation basée sur ordinateur est la plus adéquate, et que l’immersion dans
un environnement simulé est la modalité la moins appropriée. Si, par contre, nos objectifs
pédagogiques visent le travail d’équipe ou la capacité de raisonnement, le tableau nous
indique que l’immersion dans un environnement simulé est la modalité la plus appropriée, et
que la simulation procédurale n’est pas du tout adéquate dans ces cas.
Nous allons maintenant vous présenter les différentes étapes clés pour la rédaction d’un
scénario. Le processus de création prend du temps, nécessite des ajustements, et une
validation finale.
Finalement, qu’est-ce qu’un scénario ? Un scénario est défini comme fournissant le contexte
dans lequel va se dérouler la mise en situation, ainsi que la planification des évènements
potentiels et attendus durant celui-ci (Meakim et al., 2013).
Il doit posséder plusieurs qualités.
La plus importante est qu’il doit être basé sur les objectifs d’apprentissage visés.
Il doit être réaliste, c’est-à-dire imiter une situation réelle, mais ça ne veut pas dire qu’il doit
être de haute-fidélité.
Il doit être immersif et dynamique, en effet, un scénario représente une situation qui évolue
dans le temps, qui offre plusieurs possibilités.
Et finalement il peut être variable en termes de durée et de complexité.
Nous reviendrons sur certains de ces concepts, comme la fidélité et la complexité, plus loin
dans ce module.
Il existe deux manières de rédiger un scénario. La première se base sur des évènements
réellement survenus, que cela soit des situations simples ou complexes, habituelles ou
exceptionnelles. On se sert de ces évènements comme support pour la création des scénarii.
La rédaction se fait alors a posteriori.
A l’inverse, on peut également se fixer des objectifs pédagogiques spécifiques, et rédiger le
scénario en fonction de ceux-ci, en inventant de toutes pièces le contexte, mais en restant
réaliste. La rédaction est alors faite a priori.
Dans les deux cas, la rédaction et la structure du scénario se font de manière similaire. La
différence réside plus souvent dans le but recherché par la séance de simulation.
L’approche a priori, est utilisée de manière préventive, par exemple comme un entrainement,
comme c’est le cas pour les formations initiales ou continues. Mais elle peut aussi servir de
méthode d’investigation, par exemple pour tester un nouvel environnement de travail.
L’approche a posteriori peut par exemple, chercher à répondre à un besoin ciblé, adapté à
un secteur d’activité, comme reproduire une erreur réellement survenue et identifier ses
causes potentielles en simulation.
Quelle que soit l’approche choisie, il faut penser à structurer le scénario avec un point de
départ qui représente les circonstances initiales et un point final. Et entre les deux il faut que
toutes les actions ou interventions attendues ou potentielles soient identifiées, notées et
structurées.
Revenons à l’écriture ! Elle peut se réaliser selon une stratégie en 3 étapes. Une première
écriture rapide qui reprend les idées essentielles, les choses que l’on souhaite et ce l’on ne
souhaite pas dans notre scénario. Ensuite, on réalise des révisions et un affinement de
l’écriture, en tentant de hiérarchiser les priorités et d’éliminer ce qui est superflu dans le
scénario. Finalement, on transpose tout cela dans un support dédié à la rédaction. Il en existe
plusieurs. Comme exemples, nous citerons le modèle de la NLN (Ligue nationale des
infirmiers), celui de SimuCarePro et celui de TEACH Sim qui sont disponibles gratuitement en
ligne. Ces derniers sont à visée médicale mais peuvent tout à fait être légèrement modifiés et
servir de modèle dans d’autres domaine.
Nous allons terminer cette séquence en vous présentant une liste de tout ce que doit contenir
un scénario.
La séquence suivante permettra d’approfondir certains points de la liste que nous venons
d’évoquer.
Nous vous présenterons notamment des explications, des exemples ainsi que des conseils
pour la rédaction complète d’un scénario.
Bibliographie
Benishek LE, Lazzara EH, Gaught WL, Arcaro LL, Okuda Y, Salas E. The Template of Events for Applied
and Critical Healthcare Simulation (TEACH Sim): A tool for systematic simulation scenario design. Simul
Healthc. 2015;10(1):21–30.
Chiniara G, Cole G, Brisbin K, Huffman D, Cragg B, Lamacchia M, et al. Simulation in healthcare: A
taxonomy and a conceptual framework for instructional design and media selection. Med Teach. 2013
Aug 2;35(8):e1380–95.
Meakim C, Boese T, Decker S, Franklin AE, Gloe D, Lioce L, et al. Standards of Best Practice: Simulation
Standard I: Terminology. Clin Simul Nurs. 2013;9(6S):3–11.
Module 5 – Séquence 4 : Fidélité, complexité et objectifs
pédagogiques
Nous venons d’aborder le contenu d’un scénario de simulation. Comme vous avez pu le
constater il y a un certain nombre de choses auxquelles il faut penser ! Elles sont toutes
importantes, car elles permettent de définir le scénario dans son ensemble, du début à la fin,
avec les préparatifs nécessaires. Mais aussi de procurer un cadre déterminé, sécuritaire, pour
l’instructeur et pour les participants.
Durant la rédaction, la création de vos scénarii, il faudra aussi faire attention à la fidélité que
vous souhaitez atteindre, et à la complexité de vos scénarii. Celles-ci devront être adaptées à
votre public cible, à leurs compétences mais aussi à leur niveau d’expertise dans un domaine.
La fidélité (ou réalisme) se définit comme le degré de similitude entre la situation simulée et
la réalité, le fait d’être authentique et d’inclure des facteurs environnementaux réalistes
autant que possible. Elle se divise en 3 types de fidélité et est le produit de ces 3 composantes.
Elle peut être physique, c’est la structure de l’environnement et de ce qui s’y trouve. Elle peut
aussi être sémantique, pour ce qui concerne les concepts et théories, mais aussi
"phénoménale" pour ce qui concerne les émotions et les croyances (Groom et al.,
2014)(Dieckmann & Gaba, 2007).
La perception de la fidélité par les apprenants est aussi variable. En effet, elle peut être
influencée par des facteurs sociaux, comme la motivation, les attentes et les objectifs des
apprenants, mais aussi des formateurs. La culture du groupe, le degré d’ouverture et de
confiance ainsi que les modes de réflexion des apprenants peuvent aussi modifier leur
perception de la fidélité. Tous ces facteurs sont interconnectés et influencent le niveau de
fidélité globale. Celle-ci détermine par la suite le niveau d’engagement et d’immersion des
participants dans l’activité.
Il a été démontré que le niveau de fidélité pouvait influencer l’apprentissage. En effet, pour
les apprenants novices, moins expérimentés, l’apprentissage est meilleur dans un
environnement dit de basse fidélité. Au contraire, pour les apprenants plus expérimentés,
l’apprentissage est meilleur dans un environnement dit de haute-fidélité.
Adapté de Norman G., 2012
Cela peut s’expliquer par la courbe de réaction au stress que nous avons déjà abordée. Une
trop haute fidélité, pour un apprenant novice, représente une masse d’informations
importante, qu’elles soient sensorielles, visuelles, cognitives ou auditives. Toutes ces
informations mènent à une charge cognitive élevée, une complexité trop haute qui augmente
le niveau de stress, et par conséquent peut mener l’apprenant dans une zone de moindre
performance, voire de panique.
Ainsi, il faut écrire ses scénarii en ajustant la fidélité et la complexité au niveau du public cible.
Cela afin d’éviter le stress et l’anxiété qui pourraient nuire à la sécurité psychologique.
Avant de vous lancer dans la phase d’implémentation, il est essentiel que les scénarii soient
parfaitement connus des instructeurs et des facilitateurs. En effet, un instructeur qui connait
les scénarii pourra mieux réagir en cas d’évènements inattendus, et garantir une meilleure
interaction avec les apprenants. Concernant le facilitateur, bien que son rôle soit défini dans
le scénario, il doit pouvoir s’adapter en permanence en fonction des actions des apprenants.
Pour ce faire il est préférable qu’il connaisse parfaitement le scénario, et qu’il possède des
connaissances en simulation mais aussi dans le domaine traité.
Vous connaissez maintenant tout ce qu’il faut pour créer un programme de formation utilisant
la simulation et pour rédiger vos scénarii.
Bibliographie
Dieckmann P, Gaba D. Concepts and Commentary Deepening the Theoretical Foundations of Patient
Simulation as Social Practice. Sim Healthc. 2007;2:183–93.
Groom JA, Henderson D, Sittner BJ. NLN/Jeffries Simulation Framework State of the Science Project:
Simulation Design Characteristics. Clin Simul Nurs. 2014 Jul 1;10(7):337–44.
Norman G, Dore K, Grierson L. The minimal relationship between simulation fidelity and transfer of
learning. Med Educ. 2012 Jul;46(7):636–47.
Taxonomie de Bloom (domaine cognitif)
Niveau Caractéristiques du niveau Verbes d’action
1. Connaissance Mémoriser et restituer des informations dans des termes Acquérir Distinguer Nommer
voisins de ceux appris. Arranger Enregistrer Ordonner
Associer Énumérer Rappeler
Repérer de l’information. Cataloguer Étiqueter Réciter
Citer Examiner Répéter
Connaître des événements, des dates, des lieux, des faits. Copier Identifier Reproduire
Décrire Indiquer Retenir
Connaître de grandes idées, des règles, des lois, des formules.
Définir Lister Sélectionner
Désigner Mémoriser Spécifier
Dire Montrer
3. Application Sélectionner et transférer des données pour réaliser une tâche Acter Employer Planifier
ou résoudre un problème. Adapter Expérimenter Pratiquer
Appliquer Généraliser Rédiger
Réinvestir des méthodes, des concepts et des théories dans de Calculer Gérer Relier
nouvelles situations. Choisir Illustrer Résoudre
Classer Informer Restructurer
Résoudre des problèmes en mobilisant les compétences et Classifier Interpréter Schématiser
connaissances requises. Compléter Jouer Simuler
Construire Manipuler Traiter
Contrôler Modifier Transférer
Démontrer Opérer Utiliser
Développer Organiser
5. Synthèse Concevoir, intégrer et conjuguer des idées en une proposition, Anticiper Développer Produire
un plan, un produit nouveau. Arranger Discuter Projeter
Complexification
Bloom, B.S. et al. (1979). Taxonomie des objectifs pédagogiques. Tome 1 : Domaine cognitif (traduit par M. Lavallée).
Montréal : Les Presses de l’Université du Québec.
Carrefour pédagogique (s. d.). Les 6 habiletés de la taxonomie de Bloom.
Repéré à http://reptic-crla.collanaud.qc.ca/carrefour/bloom/.
Collège Ahuntsic (1997). Des objectifs-standards aux plans de cours.
Repéré à http://www.collegeahuntsic.qc.ca/sites/default/files/public/services/spdp/documents/plan_de_cours/os-plan-de-cours.pdf.
Centre d'études et de formation en enseignement supérieur (CEFES) (s. d.). Taxonomie des apprentissages de type cognitif.
Repéré à http://www.cefes.umontreal.ca/ressources/guides/Plan_cours/popCognitif.htm.
2. Réponse Mise en place de situations où l’étudiant doit démontrer son Acclamer Offrir spontanément
assentiment. Applaudir Passer ses loisirs à
Approuver Pratiquer
Création d’un climat propice à l’expression. Augmenter Se conformer
Discuter Suivre
Jouer
Complexification
3. Valorisation Mise en place de situations où l’étudiant doit démontrer son Aider Débattre
engagement individuel envers une valeur fondamentale plutôt Améliorer sa compétence en Encourager
que par le désir de plaire ou d’obéir. Argumenter Nier
Assister Protester
Création d’un climat respectueux de l’expression personnelle. Augmenter Renoncer à
Augmenter des qualités de Spécifier
Contester
4. Organisation Mise en place de situations où l’étudiant doit discuter, théoriser Abstraire Formuler
sur, comparer, harmoniser, définir, formuler son système de Analyser Harmoniser
valeurs. Comparer Organiser
Définir Théoriser sur
Prise en compte du besoin de recul et de temps dans la Discuter
proposition des dates de tombée.
5. Caractérisation par une Proposition d’activités permettant à l’étudiant de confronter son Changer Éviter
système de valeurs à celui d’autres individus ou groupes ou de Compléter Réclamer
valeur ou un système de Diriger Résister
mettre en pratique des principes déontologiques.
valeurs Évaluer ses subordonnés Résoudre
Évaluer ses pairs Réviser
Évaluer ses supérieurs
2. Mouvements ordinatifs Rencontrer les exigences de tâches motrices spécifiques au moyen Adapter Perfectionner
de processus d’organisation, de réalisation et de perfectionnement
de modèles et habiletés moteurs. Ajuster Améliorer
Appliquer Contrôler
Adapter : modification d’un mouvement ou d’une habileté modèles Employer Réaliser d’une manière facile et efficiente
afin de satisfaire certaines demandes spécifiques de tâche. Utiliser Régler
Synchroniser
Perfectionner : acquisition d’un contrôle facile et efficient dans la Systématiser
réalisation d’un mouvement ou d’une habileté modèles sous l’action
d’un processus de perfectionnement par :
a) élimination des mouvements parasitaires;
b) maîtrise des relations spatiales et temporelles;
c) réalisation habituelle dans des conditions plus complexes.
3. Mouvements créatifs Processus d’intervention ou de création de mouvements qui Varier Improviser Composer
serviront essentiellement les objectifs de l’étudiant.
Changer Anticiper Composer
Varier : intervention ou construction d’options nouvelles dans la Diversifier Improviser Symboliser
réalisation de mouvements ou d’habiletés. Modifier Interpréter
Improviser : réaliser des mouvements nouveaux ou des Recevoir
combinaisons de mouvements.
Composer : création de types ou de modèles de mouvements.
Centre d'études et de formation en enseignement supérieur (CEFES) (s. d.). Taxonomie des apprentissages de type psychomoteur.
Repéré à http://www.cefes.umontreal.ca/ressources/guides/Plan_cours/doc/taxonomie-psychomoteur.pdf
Legendre, R. (2005). Taxonomie du domaine psychomoteur.
Dictionnaire actuel de l’éducation. Montréal : Guérin, p. 1359.
Comme précédemment énoncé, les objectifs pédagogiques représentent le but, les finalités qui
doivent être atteintes par les participants. Ils peuvent se rapporter aux domaines cognitif, affectif ou
psychomoteur. Dans notre vidéo nous détaillons principalement la taxonomie de Bloom qui est
associée au domaine cognitif.
Ils existent d’autres taxonomies pour les domaines affectif et psychomoteur, dont voici 2 exemples.
1) La taxonomie de Krathwohl, Bloom, Masia pour le domaine affectif, qui comprend 5 niveaux de
complexification (réception – réponse – valorisation – organisation - caractérisation par une valeur
ou un système de valeurs) et qui aborde les objectifs liés aux valeurs, aux intérêts, aux attitudes, aux
émotions, aux appréciations, aux sentiments et à l’adaptation.
Les documents annexés, réalisés par l'Université de Laval (Service de soutien à l'enseignement,
Canada), reprennent les différents niveaux de taxonomie, ainsi que les verbes qui peuvent être
utilisés pour correctement rédiger et exprimer les objectifs pédagogiques.
Module 5 – Séquence 5 : Conclusion
Nadège Dubois : Comment pensez-vous que la simulation est perçue actuellement par les
professionnels de la santé ?
Robert Simon :
Encore une fois, ce n’est pas une question simple, mais je pense qu’elle est très intéressante.
Donc, je pense que les gens qui sont devenus familiers avec la simulation, je pense vraiment
qu’ils connaissent sa valeur. Avoir entendu parler de la simulation ce n’est vraiment pas assez.
Avoir une réelle expérience en simulation, c’est cela qui fait la différence. Lorsque vous
participez, vous pouvez comprendre à quel point elle est importante, à quel point elle a de la
valeur.
Il y a un nombre important de gens qui ne comprennent pas bien la simulation, ou sa
puissance, ou comment elle peut être utilisée. Et j’ai bien peur que la plupart des gens n’aient
pas des instructeurs qui savent comment l’utiliser efficacement. C’est un outil très puissant !
Je pense aux gens qui viennent à nos cours cliniques. Ils s’entrainent en face d’autres gens, ce
qui n’est pas ce que les professionnels font habituellement, ils s’entrainent ou travaillent
individuellement. Et qui plus est [en simulation], ils le font en face d’autres personnes, et nous
pouvons en parler. "Que s’est-il passé ?" Et typiquement, nous ne faisons pas cela [sur le
terrain, en clinique]. Donc, faire les choses correctement, de façon telle que les gens ne se
sentiront pas abimés, ou humiliés, ou embarrassés, c’est important, je pense, en simulation.
Ensuite les gens seront plus enclins à revenir, à comprendre la valeur de la simulation. Mais
s'ils y vont et qu’ils ne se sentent pas dans un simulateur mais bien dans un "humiliateur", ce
n’est pas bien. Et donc je pense que l’expérience qu'ils vivent, c’est une partie importante de
comment les gens perçoivent cela.
Ensuite, il y a vraiment beaucoup de gens dans la communauté médicale qui n’ont pas de réel
contact avec la simulation. Et cela est vrai même ici, là où nous avons un centre de simulation,
la plupart des gens de l’université ne savent pas ce que nous faisons. Ils vont apprendre au fur
et à mesure, c’est comme cela que cela marche : implémentation, amélioration, faire passer
le message. Vous le savez, l’éducation s’améliore, ainsi que la sécurité des patients. Et ce que
nous faisons a une part importante dans cette amélioration.
Nadège Dubois : Merci. La dernière question. Dans le futur, comment pourrions-nous
améliorer l’utilisation de la simulation en tant qu’outil pédagogique ?
Robert Simon :
Ce que je vais vous dire va vous surprendre, je pense. Car une des choses qui est en train de
se passer dans la plupart des centres où je vais, c’est que avoir les ressources, comme les
mannequins, l’espace, les ordinateurs et des choses comme cela… Les gens peuvent résoudre
ce problème [le matériel]. Et dans ce même contexte, je suis allé dans des centres où il y avait,
si vous pouvez imaginer une salle de classe … il y a un mannequin, avec des rangées de chaises
pour les étudiants. Et ils vont juste utiliser le mannequin pour un cours ex-cathedra, un exposé
oral. Ce qui serait beaucoup plus efficace, c’est de laisser les étudiants remonter leurs
manches et s’occuper du mannequin directement !
Je pense que, dans la plupart des cas, ce qu’il se passe dans l’éducation des cliniciens, au sens
large, pour toute la communauté médicale, c’est que les formateurs cliniques enseignent de
la manière dont ils ont appris. Et donc les enseignants présentent des modèles sur la manière
dont l'enseignement devrait être dispensé. Et donc, pour ces enseignants/instructeurs, c’est
assez inhabituel de recevoir des cours pour apprendre à enseigner. Leurs méthodes
d’enseignement n'ont pas fait preuve d'une efficacité supérieure pour enseigner.
Donc, maintenant nous avons des instructeurs, des personnes avec un comportement
organisationnel, et des psychologues qui sont plus impliqués dans l’éducation des cliniciens,
pas pour enseigner les compétences techniques, ce n’est pas ce que les gens comme moi font,
mais pour aider à implémenter une éducation efficace. Et c’est un travail énorme, et pas
seulement pour la simulation, car nous pouvons améliorer les techniques d’éducation pour
les feedbacks cliniques. Nous n’avons pas besoin de mettre tout en place, nous proposons
juste une méthode pour donner de meilleurs feedback aux apprenants que ce qui se fait
actuellement.
Laissez-moi rebondir sur le thème de la qualité de l’apprentissage, et comprendre ce qui
fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. J’ai dû me rendre à l’évidence en voyant l’éducation
de nombreux cliniciens dans un environnement clinique que, pour la plupart, les instructeurs
croient que si je leur dit quoi faire, ils seront capables de le faire. Et cette connexion entre
savoir et savoir-faire existe mais ce n’est pas aussi fort que l’on peut le croire. A de
nombreuses occasions, j’ai vu des instructeurs cliniques me dire "Je lui ai dit comment faire
hier, et il se trompe encore !". Donc le problème est que savoir quoi faire et faire ce qu’il faut
ce n’est pas pareil, il faut juste s’entrainer à cela.
Le futur de l’utilisation de la simulation en éducation, c’est de donner aux gens l’occasion de
s’entrainer à faire ce qu’ils devront faire avec leurs patients. Je ne suis pas en train de dire que
les connaissances ne sont pas importantes dans l’éducation des cliniciens. C’est très
important ! Il y a beaucoup à étudier, à savoir, il n’y a pas de doute là-dessus. Mais en parallèle,
il y a beaucoup de choses à faire, et cela met les apprenants dans une position où ils doivent
prendre soin des patients. Et je pense que cela est une des choses attractives pour les
étudiants infirmiers, les étudiants en médecine, les assistants : c’est qu’ils doivent prendre
soin d’un patient. Je sais que c’est un mannequin, mais ils doivent prendre soin du patient,
c’est ce qu’ils veulent faire. Et donc c’est amusant, c’est instructif. Et il y a un principe vraiment
très puissant, c’est que l’apprentissage doit avoir lieu dans un contexte émotionnel. Il y a des
données qui montrent que si l’on met un étudiant dans une situation très stressante avec une
contrainte de temps, ses conditions physiologiques sont similaires à ce qu’elles seraient en
clinique. Au niveau chimique, réaction de la peau, cortisol,... Donc cela est un état inhabituel,
il faut penser à prendre soin du patient dans ce contexte, c’est une chose, mais le faire c’est
autre chose ! Il y a deux choses qui rendent cette expérience possible. La première, c’est que
les apprentissages qui ont lieu dans un contexte émotionnel ont tendance à être plus ancrés,
ils durent plus longtemps, et cela est appréciable. Si vous pensez à une expérience dans votre
vie où quelque chose d’inattendu s’est produit du genre "Wouah ! Je ne m’attendais pas à ça
!", vous allez vous en souvenir, car il y a une composante émotionnelle. L’autre chose à
laquelle je pense, ce que le futur nous réserve, en s’appuyant sur l’apprentissage dans un
contexte émotionnel, c’est que nous allons nous entrainer à prendre soin d’un patient, et donc
s’entrainer dans cet état physiologique altéré, va me donner une meilleure chance d’être
capable de performer dans cet état physiologique altéré. C’est une notion importante et je
pense que les gens vont réaliser l’importance de pratiquer sans danger.
Nadège Dubois : Merci beaucoup Robert Simon, d’avoir partagé votre expérience avec nous