Vous êtes sur la page 1sur 9

Cours : Droit des assurances

Auteur : Didier Krajeski


Leçon n° 2 : L'élaboration du contrat d'assurance

Table des matières


Section 1. L'élaboration du contrat........................................................................................................ p. 2
§ 1. Les mesures préalables à la souscription............................................................................................................ p. 2
A. L'obligation d'information................................................................................................................................................................ p. 2
B. Le devoir de conseil.......................................................................................................................................................................p. 3
§ 2. La formalisation de l'accord.................................................................................................................................. p. 4
A. Le principe du consensualisme......................................................................................................................................................p. 4
B. Le contenu de l'écrit.......................................................................................................................................................................p. 6
C. Les principes de preuve................................................................................................................................................................ p. 7
Section 2. La garantie provisoire........................................................................................................... p. 9

1
UNJF - Tous droits réservés
L'entrée dans la relation d'assurance est progressive. Le contrat d'assurance est un contrat
déséquilibré. Cela a justifié l'entrée en vigueur de textes de protection. Dans tous les cas où le contrat
met en place une relation déséquilibrée, la phase de formation du contrat est un moment critique.
Le législateur s'intéresse alors de près à l'échange des consentements.Bien que le processus de
formation soit très réglementé, il est parfois difficile de déterminer à quel moment le contrat a été
effectivement conclu. La pratique ne simplifie pas l'affaire. Il arrive que le souscripteur ait un besoin
d'assurance tel qu'il lui faut être assuré tout de suite, pendant la conclusion. Il faut s'interroger sur
la portée de la garantie provisoire.

Section 1. L'élaboration du contrat


Le droit des assurances réglemente soigneusement l'entrée dans la relation d'assurance. Les parties
vont échanger de l'information avant de formaliser leur accord.

§ 1. Les mesures préalables à la souscription


Il faut bien voir que l'information est réciproque. Au consommateur en quête de protection se
confronte l'assureur en quête de sécurité. Il doit peser les risques que présente le candidat au contrat.
Deux courants d'information se créent de l'assureur au consommateur et du consommateur
à l'assureur.Nous nous intéresserons donc au courant d'information allant de l'assureur vers le
consommateur d'assurance. Force est de constater que la nécessité d'informer le consommateur n'a
pas échappé au législateur. L'insuffisance de l'information n'a pas, elle, échappée à la jurisprudence.
Elle développe un devoir complémentaire que nous avons déjà rencontré : le devoir de conseil.

A. L'obligation d'information
Comme le Code de la consommation, les dispositions du Code des assurances sont très précises.

Selon l'article L. 112-2 , l'assureur doit fournir une fiche d'information sur le prix et les garanties.
Il devra en outre fournir un projet de contrat et les pièces annexées ou une notice d'information
décrivant précisément les garanties assorties des exclusions ainsi que les obligations de l'assuré.
Le texte mentionne deux fois que l'information est due avant la conclusion du contrat. Il appelle à
distinguer fiche et notice d'information.
• La fiche d'information est une information sommaire procurée au consommateur sur les
caractéristiques essentielles des produits et leur prix.
• Le texte prend soin d'affirmer que la notice d'information est une description précise des
éléments essentiels du contrat.
Depuis 1994, le candidat au contrat reçoit une information, s'il y a lieu, sur des éléments de droit
international privé. C'est la conséquence de l'organisation de la libre prestation de service.En aucun
cas, la remise de ces différents documents ne vaut offre de contrat de la part de l'assureur, il ne faut
y voir que l'exécution d'une obligation légale. Cette exécution est constatée par une mention signée
et datée par le souscripteur de la police qui reconnaît avoir reçu ces documents (art. R. 112-3 C.
ass.). On voit ici que l'assureur doit aménager la preuve de l'exécution de cette obligation.

L'obligation d'information est légale, nous l'avons dit. Est-elle sanctionnée, a-t-elle des
limites ?

A proprement parler et comme souvent, l'obligation n'a pas de sanctions propres. Mais dans ce cas,
on peut toujours prévoir l'application de la théorie des vices du consentement. C'est ce que nous
avions déjà précisé à propos de la conclusion du mandat de l'agent général (sur cette question,
consulter la première leçon).

Jurisprudence
La jurisprudence donne un effet particulier à l'obligation mal exécutée. Lorsque celle-ci donne une
fausse idée du contrat à conclure, et notamment de l'étendue de la garantie due par l'assureur, elle
peut décider que certaines clauses du contrat sont inopposables à l'assuré (Cass. civ. I, 27 février
1996 , RCA 1996, com. 136 et chron. n° 16, H. Groutel).

2
UNJF - Tous droits réservés
Jurisprudence
Le manquement à l'obligation peut consister dans la réponse erronée donnée par le préposé de
l'assureur (Cass. 2e civ., 10 juin 2004, RGDA 2004, 985, note Mayaux). Elle peut aussi consister,
lors du renouvellement d'un contrat, dans un manque de précision sur les garanties non reconduites
(Cass. 2e civ., 8 mars 2006, Resp. civ. et assur. 2006, 170). La sanction est ici encore originale :
l'assuré est indemnisé à hauteur de l'indemnité perdue.
L'obligation n'est pas sans sanction, elle n'est pas sans exceptions. L'article R. 112-2 du Code des
assurances indique qu'elle n'a pas lieu pour les assurances de grands risques (corps de véhicules
ferroviaires, aériens ou maritimes) et de petits risques (villégiature, camping et sports d'hiver).

A cette obligation générale d'information, une obligation complémentaire vient souvent


s'associer. Cela peut être dû au schéma de formation du contrat. On se souviendra de l'obligation
d'information pesant sur le souscripteur de l'assurance de groupe . Cela peut dépendre aussi de
la nature de l'assurance. Ainsi, la réglementation de l'assurance de protection juridique prévoit une
information sur le mode de gestion des sinistres, le principe de liberté de choix du représentant, et
la solution des conflits d'intérêt entre assuré et assureur. Il faut dire que la protection juridique est
l'assurance des risques juridiques. Elle réclame un soin dans la gestion des difficultés juridiques de
l'assuré (L. 127-1 et s. C. ass.).Cette information complémentaire peut provenir du mode de diffusion
de l'assurance. Une Ordonnance récente a réglementé l'information en cas de fourniture à distance
de produits financiers (O. 6 juin 2005, fourniture à distance de services financiers, RCA 2005, 236).
La loi n° 2008-3 du 3 janv. 2008 a créé, au profit des personnes physiques concernant des contrats
en dehors de l'activité commerciale ou professionnelle, un droit de rétractation et une information
correspondant à celui-ci aussi pour les contrats conclu à la suite d'un démarchage à domicile (C.
ass., art. L 112-9). Selon la personne concernée, la protection est plus ou moins importante. Alors
que le Code des assurances protégeait tout assuré quel qu'il soit, les textes récents créent différentes
catégories de consommateurs d'assurance.

Au total, l'information du consommateur est complète si elle est effective. Elle ne supprime pas la
nécessité du conseil.

Obligation d'information

Documents obligatoires • Fiche d'information sur le prix et les


garanties.
• Notice d'information- Eléments de droit
international privé (s'il y a lieu).

Sources de l'obligation Obligation légale

Charge de la preuve Incombe à l'assureur

B. Le devoir de conseil
A priori, l'obligation légale de l'assureur se limite à la transmission d'information, il n'est pas censé
conseiller le consommateur d'assurance.

Mais avant tout, quelle est la différence entre les deux ?

Selon Philippe le Tourneau (Ph. le Tourneau et L. Cadiet, Droit de la responsabilité et des contrats,
Dalloz Action 2004/2005) , la distinction est essentiellement pratique. Le devoir de renseignement
est la catégorie regroupant l'information et le conseil. L'information peut se définir comme une
transmission de données affiliée à la transparence entre les parties. Le conseil est une discussion
sur l'opportunité de l'opération affiliée à la bonne foi. La différence est assez importante puisque
l'information ne suffit pas toujours à juger de l'opportunité.Le devoir de conseil se conçoit facilement
dans des hypothèses spécifiques.

3
UNJF - Tous droits réservés
Jurisprudence
On a déjà vu que la jurisprudence décidait que le souscripteur dans l'assurance de groupe avait
une obligation de conseil. Nous en avons éprouvé le contenu et les limites. En second lieu, la
jurisprudence a estimé que le contrat de courtage donne naturellement naissance à cette même
obligation. C'est l'essence même de la mission du courtier que de conseiller son client : il en est le
guide sûr et le conseiller expérimenté. L'obligation s'étend en définitive à tous ceux qui présentent
des opérations d'assurance. L'agent d'assurance et les salariés de l'assureur en sont donc tenus
(Cass. civ. I, 21 janvier 1997, RCA 1997, com. 171, chron. n° 13, H. Groutel).

L'action liée à l'inexécution du devoir de conseil relève de la prescription biennale (Cass. 2e civ.,
7 oct. 2004, RGDA 2005, 51, note Bruschi).

Le devoir de conseil va consister pour l'ensemble des personnes citées, à s'assurer que le
souscripteur s'assure pour les risques qu'il court.

Jurisprudence
Couvrir les éventuels dommages immatériels, Cass. 2e civ., 22 févr. 2007, RCA 2007, 142, obs.
Groutel. - Cass. 2e civ., 21 déc. 2006, RCA 2007, 143, attirer l'attention sur l'importante activité de
la clinique. Ce devoir induit donc de déconseiller un produit inadapté. En revanche, la jurisprudence
décide que le conseil ne porte que sur l'opération d'assurance. L'assureur, son agent ne sont pas
tenus de conseiller l'assuré à propos de toute sa situation juridique ( Cass. 2e civ., 5 juill. 2006,
RCA 2006, 356). Tout est affaire d'espèce.

De façon assez classique, la jurisprudence considère que l'ampleur du devoir dépend de la


qualification de l'assuré. S'assurant pour son activité professionnelle, il est censé être conseillé
sur certains aspects de l'opération mais pas sur d'autres (notamment les enjeux financiers d'une
e
garantie faible : Civ. 2 , 11 juin 2009, n° 08-17.586, RGDA 2009, 885, note Abravanel-Jolly ). Cette
solution rendue concernant une assurance de responsabilité ne vaut pas pour toutes les opérations
d'assurance et notamment pas les assurances de groupe.

La portée du devoir semble aussi dépendre de la nature de l'opération. Lorsqu'elle réalise un


placement financier, on comprendra que le devoir de conseil s'étende sur les attentes et l'adéquation
de l'opération à la situation de l'assuré (Cass. com., 14 déc. 2010, n° 09-17.306, RCA 2011, comm.
129).

§ 2. La formalisation de l'accord
Selon l'article L. 112-5 du Code des assurances : « Le contrat d'assurance est rédigé par écrit,
en français, en caractères apparents ». .

On constate tout de suite le soin avec lequel le législateur a réglementé la formation du contrat. On
est un cran au dessus du droit commun de la consommation. Ce qui attire tout de suite l'attention
c'est l'exigence de l'écrit.

Quel est le rôle de l'écrit exactement, a-t-il un contenu spécifique ?

A. Le principe du consensualisme
Contrairement aux apparences, il faut tout de suite préciser que le contrat d'assurance est un contrat
consensuel. L'écrit n'est exigé qu'à titre de preuve. L'écrit est exigé ad probationem et non ad
valitatem..

4
UNJF - Tous droits réservés
Jurisprudence
Selon la Cour de cassation : « Si le contrat d'assurance doit, dans un but probatoire, être rédigé
par écrit, il constitue un contrat consensuel, parfait dès la rencontre des volontés de l'assureur et
de l'assuré ».
• Cass. civ. I, 9 mars 1999, JCP 1999, IV, n° 1828 ; B.I, n° 80 ; RCA 1999, com. 163, obs. H.
Groutel ; RGDA 1999, 567, J. Kullmann.
• Cass. 1re civ., 10 juill. 2002, RGDA 2002, 951, note Mayaux.
• Cass. 1re civ., 9 mars 2004, RGDA 2004, 345, note Kullmann.
• Cass. 2e civ., 15 févr. 2007, n° 05-20865, RCA 2007, 172, obs. Groutel ; D. 2007, 1635, note
Noguéro ; RGDA 2007, 327, note Abravanel-Joly.
• Cass. 2e civ., 14 juin 2007, RCA, 2007, 290 ; RGDA 2007, 808, note Mayaux.
• Cass. civ. I, 9 mars 1999, JCP 1999, IV, n° 1828 ; B.I, n° 80 ; RCA 1999, com. 163, obs. H.
Groutel ; RGDA 1999, 567, J. Kullmann.
• Cass. 1re civ., 10 juill. 2002, RGDA 2002, 951, note Mayaux.
• Cass. 1re civ., 9 mars 2004, RGDA 2004, 345, note Kullmann.

Pratiquement, le candidat à l'assurance répond à la fiche d'information par une proposition


d'assurance destinée à l'assureur. L'art. L. 112-2 du Code des assurances prévoit que cette
proposition n'engage ni l'assureur ni l'assuré. Cela va de soi pour l'assureur qui doit pouvoir
examiner la situation de l'assuré. Nous verrons de quelle façon. S'agissant de l'assuré, la situation
se complique. Le texte affirme qu'il peut rétracter sa proposition tant que l'assureur n'a pas manifesté
de consentement. La détermination du moment à partir duquel le contrat d'assurance est conclu
devient un art. La question est-elle essentielle ou ne s'agit-il que d'une lubie de juriste ? Un
exemple permettra d'y répondre.

5
UNJF - Tous droits réservés
Jurisprudence
Cass. civ. I, 9 mars 1999 , JCP 1999, IV, n° 1828 ; B.I, n° 80 ; RCA 1999, com. 163, obs. H. Groutel ;
RGDA 1999, 567, J. Kullmann

Voilà un homme qui contacte un agent d'assurance le 1er décembre et verse un acompte. Le 5
décembre, il signe un questionnaire d'assurance. Le 4, sa femme a un accident avec le véhicule
assuré ou à assurer. Selon la date que vous retiendrez pour la conclusion du contrat d'assurance,
l'assureur doit sa garantie ou non. En l'espèce, les juges du fond ont souverainement décidé que le
contrat avait été conclu le 5 décembre.L'enjeu est important et tout est affaire de faits. On voit des
juges décider que l'acceptation sans réserve de la prime manifeste l'accord de l'assureur (Agen, 3
mai 1999, Cah. Jur. Aquit. Midi-Pyr., 1999-3, n° 5275) . Cela n'a pas été le cas dans notre espèce.
Pour simplifier la situation, la pratique offre des solutions. Souvent, le contrat comporte une clause
de signature. Suivant celle-ci, la perfection du contrat est subordonnée à la signature du contrat
par l'assuré. La jurisprudence admet ce procédé. Comme les règles de preuve, les modalités de
formation du contrat sont susceptibles d'adaptation. Autre procédé : décider que le silence de
l'assureur pendant un certain délai vaut acceptation (Cass. 1re civ., 7 oct. 2004, RGDA 2005, 92,
Mayaux). Une dernière solution plus ciblée consiste à convenir d'une date de prise d'effet du contrat.
Nous y reviendrons.

On le voit, ni l'écrit, ni les documents divers ne caractérisent en eux-mêmes la formation du contrat.


Mais l'écrit sert de preuve. Selon la jurisprudence, il y a contrat d'assurance quand il y a accord sur
l'ensemble des éléments du contrat (Cass. 2e civ., 5 juill. 2006, RCA 2006, 357 ; RGDA 2006, 913)
ou plus précisément : « par l'échange des consentements sur ses éléments essentiels que sont
l'évaluation du risque par l'assureur et la fixation du montant de la prime » (Cass. crim., 11 déc.
2007). Cette précision pour distinguer la conclusion du contrat de la négociation de celui-ci. Les
juges du fond ont un pouvoir souverain d'appréciation. Ils peuvent ainsi décider qu'entre les deux
parties le contrat se forme par la remise d'une attestation et le paiement d'une prime (Cass. 2e civ.,
20 mars 2008, n° 07-12.845, RGDA 2008, 317, note Landel).

Les mêmes principes seront appliqués lors de la modification du contrat. Elles doivent être portées à
la connaissance de l'assuré et acceptées par lui sinon elles lui sont inopposables. Pour se protéger,
les assureurs peuvent faire signer un document dans lequel l'assuré reconnaît avoir reçu des
avenants (Cass. 2e civ., 5 juill. 2006, RGDA 2006, 921, note Abravannel-Joly). Ils peuvent d'ailleurs
le faire pour la remise des conditions générales et des conditions particulières (Cass. 2e civ., 5 juill.
2006, RGDA 2006, 917, note Abravannel-Joly).
Comme dans tous les contrats, les parties ont la possibilité de faire appel à des intermédiaires.
L'assureur a, nous l'avons vu, recours à des agents généraux. L'assuré peut aussi se faire
représenter. L'hypothèse est prévue par l'article L. 112-1 du Code des assurances. Bien entendu,
l'assureur n'est engagé que si le tiers a un pouvoir de souscription du contrat d'assurance. En
l'absence de celui-ci, l'assuré ne peut se prévaloir de l'existence d'un contrat à moins de pouvoir
démontrer l'existence d'un mandat apparent.

B. Le contenu de l'écrit
L'écrit, c'est ce que l'art. L. 112-4 du Code des assurances nomme « police ». Le terme vient de
l'italien polizza. C'est un terme signifiant « certificat ». Cette police, soumise au principe de liberté
contractuelle, contient des mentions facultatives que l'assureur juge bon de faire figurer. Il a souhaité
qu'elle comporte des mentions obligatoires. L'article L 112-4 énonce les mentions que toute police
doit comporter : nom et domicile des parties, l'objet ou le sujet assurés, la nature des risques, les
éléments concernant la durée de la garantie, la prime ou la cotisation, la loi applicable, l'adresse ou
le siège social de l'assureur, les personnes chargées du contrôle.
L'article R. 112-1 fixe des mentions supplémentaires par type d'assurance. Pour les assurances
de dommage en particulier, la police doit ainsi indiquer la durée des engagements des parties, les
conditions de tacite reconduction, les cas de résiliation et prorogation du contrat, les obligations
de déclaration de l'assuré, les conditions de déclaration en cas de sinistre, le délai de paiement
des indemnités, dans les assurances de chose l'évaluation de l'indemnité d'assurance, la règle
proportionnelle de prime, les règles de la prescription. On voit que pour ces assurances, l'essentiel
des rapports entre parties doit être mentionné dans le contrat.
La police est datée au jour où elle est établie.

6
UNJF - Tous droits réservés
Il ne faut pas oublier que ces différentes mentions doivent figurer en caractères apparents. Dans
l'apparence, le législateur établit une graduation. Les clauses édictant des déchéances, nullités
ou exclusions (qui sont d'ailleurs des exemples de mentions facultatives) doivent apparaître
e
en caractères très apparents (Cass.2 civ., 15 avr. 2010, n° 09-11.667, RCA 2010, 202, obs.
Groutel ; RGDA 2010, 676, obs. Kullmann). La sanction de cette obligation de précision et de
clarté est intelligente. Le contrat d'assurance reste valable, mais la clause dépourvue de clarté est
inopposable à l'assuré. L'assureur doit sa garantie.

Afin de parfaire la protection de l'assuré, la loi décide que les parties n'ont pas la choix de la loi du
contrat. A quelques exceptions près, le contrat doit être rédigé en langue française (C. ass., art. L.
112-3). L'assuré n'a pas droit à une autre langue même s'il la comprend mieux, l'assureur a la faculté
de l'utiliser (Cass. 2e civ., 22 nov. 2007, RGDA 2008, 63, obs. Kullmann).

L'article L. 113-15 du Code des assurances prévoit la mention de la durée du contrat en caractères
très apparents dans la police. SI la durée est supérieure à 3 années, elle doit figurer en caractères
très apparents au dessus de la signature du souscripteur.

Nous avons, jusque là, fait référence aux mentions que devait comporter la police. Elle est le reflet
de l'essentiel de l'accord des parties. Il convient de préciser que le contrat ne doit pas comporter
certaines clauses. Ce sont celles qui pourraient être qualifiées d'abusives au sens du Code de la
consommation. Le contrat d'assurance est en effet soumis à cette réglementation. La commission
des clauses abusives intervient souvent pour vilipender tel ou tel type d'assurance. La jurisprudence
n'hésite pas à appliquer le Code de la consommation et il lui importe peu que le contrat soit une
assurance de groupe : les règles concernant l'interprétation ou les clauses abusives s'appliquent
(Cass. 1ère civ.,, 22 mai 2008, n° 05-21.822, publié, RGDA 2008, 708, note Bigot).

C. Les principes de preuve


Avant d'envisager les moyens de preuve, il faut poser les règles régissant la charge de la
preuve.

La preuve de l'existence du contrat d'assurance incombe à celui qui se prétend assuré ou qui prétend
bénéficier de l'assurance (Cass. 2e civ., 22 janv. 2009, n° 08-10144, RCA 2009, 86, obs. Groutel).
En revanche, il appartient à l'assureur de démontrer la limitation de sa garantie (Cass. 1re civ., 17
juill. 2001, RGDA 2001, 1032, note Maleville. -Cass. 2e civ., 17?février 2011, n°?10-30638, RGDA
2011, 723, note Schulz). Si l'on passe à l'examen des moyens de preuve, on peut dire que la police
est l'écrit qui pourra servir de preuve aux parties. Peut-on passer outre ?

Jurisprudence
La jurisprudence a eu l'occasion de préciser que le contrat d'assurance doit être prouvé par écrit
(Cass. 1re civ., 2 mars 2004, RGDA 2004, 347, note Mayaux).

Cela signifie que tout écrit est recevable s'il répond aux conditions posées par la loi, mais cela veut
aussi dire qu'un écrit est nécessaire. On ajoutera que la jurisprudence est relativement conciliante
s'agissant de la preuve. Elle admet la preuve du consentement par des écrits non signés. La loi du
13 mars 2000 est venue bouleverser la notion d'écrit.

On en revient donc aux solutions classiques : un échange verbal peut créer une modification
du contrat d'assurance, l'extension de garantie doit pourtant être prouvée par écrit (Cass. civ. I, 14
novembre 1995, B. I, n° 402 ; D. 1996, som. com. 187, obs. C.-J. Berr ; RCA 1996, com. 34 ; RGDA
1996, 278, obs. J. Kullmann) .

En la matière comme ailleurs, la jurisprudence admet des exceptions. L'aveu est admis pour pallier
l'absence d'écrit (Cass. 1re civ., 9 mars 2004, RGDA 2004, 349, note Mayaux). Il peut résulter de
la part de l'assuré du paiement des primes ; de la part de l'assureur, il peut résulter d'une lettre de
mise en demeure de payer les primes. De l'une ou l'autre des parties, l'aveu peut encore résulter
de conclusions émises au cours d'une procédure. On admettra aussi le commencement de preuve
par écrit prévu par l'article 1347 C. civ.

7
UNJF - Tous droits réservés
Dans la pratique du droit des assurances, se développe la remise d'attestations. C'est même
une obligation pour certaines assurances obligatoires telles que l'assurance automobile. L'attestation
d'assurance n'est pas un écrit au sens classique.

Jurisprudence
La jurisprudence lui donne cependant un rôle singulier. Elle fait présumer l'existence d'un contrat
d'assurance, l'assureur doit alors apporter la preuve contraire par tout moyen.

Un assouplissement des règles de preuve est donc possible. Pour terminer sur cette question, il ne
faut pas oublier de préciser que la rigueur des règles de preuve ne vaut qu'entre les parties. Le tiers
prouve librement l'existence du contrat d'assurance.

Champ Charge de la Moyen de Exception


d'application preuve preuve

Régime Entre les • L'assuré La police ou • Aveu


probatoire du parties au ou le tout type d'écrit • Commencement
contrat contrat bénéficiaire de preuve
d'assurance de la par écrit
preuve
• Attestation
• L'assureur d'assurance
pour la
limitation
de la
garantie

8
UNJF - Tous droits réservés
Section 2. La garantie provisoire
L'article L. 112-3 du Code des assurances offre la possibilité à l'assureur et l'assuré de s'engager
avant la délivrance de la police ou d'un avenant par la remise d'une note de couverture. Que peut
signifier cette possibilité ?

Le mécanisme de la note de couverture cache deux situations diamétralement opposées qu'il


ne faudra pas confondre. La rédaction du texte cité fait référence à un engagement des parties
avant la rédaction de l'écrit définitif. La note de couverture peut d'abord servir de preuve provisoire
d'une garantie définitive selon les termes de Y. Lambert-Faivre (op. cit., n° 228) . Cette première
utilité est corroborée par l'art. L. 112-2 du Code des assurances. Avant de passer à la rédaction
de la police, l'assureur fait parvenir à l'assuré une note de couverture valant accord de principe. Le
problème de ce système est que la note de couverture n'est soumise à aucune forme.

Jurisprudence
Cass. civ. I, 25 octobre 1994, RCA 1995, com. 29 et chron. 2, H. Groutel ; J. C. P. 1995, II, n°
22452, rapp. Sargos.

Parmi les documents que s'échangent les parties, il faudra déterminer à quel moment on passe de la
simple proposition de contrat à la note de couverture. Tout repose encore une fois sur l'appréciation
des faits.

Preuve provisoire d'une garantie définitive, la note de couverture peut être la preuve d'une
garantie provisoire. Il faut le voir comme un geste commercial. En attendant l'examen définitif de
la situation de l'assuré, l'assureur lui accorde sa garantie jusqu'à ce qu'une décision soit prise. Si
le contrat d'assurance est conclu, la garantie définitive prend le relais. Si ce n'est pas le cas, elle
disparaît. Il restera à déterminer à quel moment la garantie provisoire a pris fin. La plupart du temps,
la note de couverture mentionne le délai de la garantie qui prend automatiquement fin à l'échéance
prévue.

Garantie provisoire, la note de couverture n'aura pas besoin d'être aussi précise que la police
d'assurance. En cas de difficulté sur l'étendue de la garantie, il faudra se référer aux conditions
générales de l'assureur et surtout appliquer le Code des assurances.

9
UNJF - Tous droits réservés

Vous aimerez peut-être aussi