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Texte 1

Mon père est mort deux mois après, jour pour jour. Il avait soixante-sept ans et tenait avec ma mère
un café-alimentation dans un quartier tranquille non loin de la gare, à Y… (Seine-Maritime). Il comptait se
retirer dans un an. Souvent, durant quelques secondes, je ne sais plus si la scène du lycée de Lyon a eu lieu
avant ou après, si le mois d’avril venteux où je me vois attendre un bus à la Croix-Rousse doit précéder ou
suivre le mois de juin étouffant de sa mort. C’était un dimanche, au début de l’après-midi.
« La place » d’Annie ERNAUX
Texte 2
Paul VALERY exprime un jugement sur les musées.
« Je n’aime pas trop les musées. Il y en a beaucoup d’admirables, il n’en est point de délicieux. Les
idées de classement, de conservation et d’utilité publique, qui sont justes et claires, ont peu de rapport avec les
délices. Au premier pas que je fais vers les belles choses, une main m’enlève ma canne, un écrit me défend de
fumer. […] L’âme prête à toutes les peines, je m’avance dans la peinture. Devant moi se développe dans le
silence un étrange désordre organisé. Je suis saisi d’une horreur sacrée. Mon pas se fait pieux. Ma voix change
et s’établit un peu plus haute qu’à l’église […]
Paul VALERY, « Le problème des musées », 1923.

Texte 3
Paul VERLAINE, poète lyrique, exprime ses sentiments intérieurs.
Il pleure dans mon cœur
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?
Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s’ennuie,
Ô le chant de la pluie !
Paul VERLAINE, Romances sans paroles, 1874.
Texte 4
ACTE I, SCÈNE I. - SGANARELLE, MARTINE
Paraissant sur le théâtre en se querellant.
SGANARELLE: Non, je te dis que je n'en veux rien faire, et que c'est à moi de parler et d'être le maître.
MARTINE: Et je te dis, moi, que je veux que tu vives à ma fantaisie, et que je ne suis point mariée avec toi
pour souffrir tes fredaines.
SGANARELLE: O la grande fatigue que doit d'avoir une femme! et qu'Aristote a bien raison, quand il dit
qu'une femme est pire qu'un démon!
MARTINE: Voyez un peu l'habile homme, avec son benêt d'Aristote!
SGANARELLE: Oui, habile homme: trouve-moi un faiseur de fagots qui sache, comme moi, raisonner des
choses, qui ait servi six ans un fameux médecin, et qui ait su, dans son jeune âge, son rudiment par cœur.

Molière, Le Médecin malgré lui, 1666.

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