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Référence de cet article : Hervé ESSONO MEZUI (2013), La conception, la perception ou la vision

chretienne de l’histoire, Rev iv hist,22,91-101.

LA CONCEPTION, LA PERCEPTION OU LA VISION CHRETIENNE


DE L’HISTOIRE

Hervé ESSONO MEZUI1


Chercheur en Histoire au Département Histoire et Archéologie à l’IRSH/
CENAREST
LARECDYR (Laboratoire de Recherche sur les Croyances et les Dyna-
miques Religieuses)
Chercheur associé au LARHRA (Laboratoire de Recherche Historique
Rhône-Alpes). UMR 5190 Lyon France

RÉSUMÉ
Au carrefour de l’histoire religieuse, la philosophie de l’histoire, de la théologie de l’histoire
et de l’histoire du christianisme, cet article éclaire sur la perception, la vision ou la finalité
chrétienne de l’Histoire. Par opposition à l’histoire scientifique, qui est préconisée depuis le
« Siècle des Lumières », il développe l’idée chrétienne d’une histoire providentialiste dans
laquelle Dieu est maitre. L’intérêt de cet article réside sur sa capacité à éclairer l’opinion sur
la conception chrétienne des faits et du temps historiques dans un pays comme le Gabon
empreint à une forte religiosité depuis 1990.
Mots clés : Histoire, Christianisme, Philosophie, Théologie

SUMMARY
In the crossroads of the religious history(story), the philosophy of history, the theology of
the history(story) and the history(story) of the Christianity, this article lights(enlightens) on the
perception(collection), the vision or the Christian end(purpose) of the History(Story). By oppo-
sition to the scientific history(story), which is recommended since the «Age of the Enlighten-
ment», he(it) develops the Christian idea of a providentialiste history(story) in which God is
the master. The interest of this article lives(lies) on its capacity to light(enlighten) the opinion
on the Christian conception(design) of the historic facts and of time(weather) in a country as
the Gabon prints in a strong religiosity since 1990.
Keywords: History(story), Christianity, Philosophy, Theology

1 Docteur en Histoire religieuse et politique. Master professionnel Sciences des sociétés et leur environ-
nement « culture de l’écrit et de l’image »

Hervé ESSONO MEZUI (2013), La conception, la perception ou la vision chretienne de l’histoire


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INTRODUCTION
Il y a quelques années nous avons effectués un stage professionnel à la biblio-
thèque de l’Université catholique de Lyon. Ce stage a été une occasion pour découvrir
la richesse du fonds documentaire de cette structure. La lecture de certaines sources
et documents a réveillé une vieille réflexion suscitée dès l’entame de nos études uni-
versitaires en Histoire à l’Université Omar Bongo. En effet, pendant les enseignements
d’Historiographie nous avons pu constater que la période médiévale avait été marquée
par le règne de Dieu dans la conception, la perception et la vision de l’Histoire. D’une
manière générale, au Moyen âge l’histoire n’avait de sens qu’avec Dieu car la religion,
autrement dit le christianisme, rythmait la vie des individus. Ce constat peut être valable
pour certaines sociétés traditionnelles africaines et gabonaises dans lesquelles Dieu le
Créateur revêtait un caractère éminemment très important, constituant le début et la fin
de tout. Il était aussi au cœur de l’histoire des hommes. L’histoire n’avait de sens qu’à
travers Dieu, même si la définition de ce Dieu est discutable. Ce n’était pas tout à fait
le même. Il n’en demeure pas moins que les croyances, la vie et le passé de l’homme
reposaient sur un destin divin de la naissance à la mort et dans l’au-delà. Les croyances
rythmaient l’histoire des hommes. Elles façonnaient les faits historiques.
Mais la vision contemporaine de l’histoire, surtout dans un environnement laïc, tend
à rejeter l’idée qu’elle ait un sens et donc une fin. Au XIXème siècle, Hegel affirme
qu’elle est en son fond la réalisation progressive de l’Esprit2. Les évènements politiques
économiques et sociaux du XXème siècle ont favorisé un certain relativisme historique.
Au Gabon, depuis la colonisation, la situation est quasi similaire. L’histoire, en tant que
science, ne joue pas directement un rôle fondamental dans le développement de la
société. Elle subit des appréciations et des interprétations diverses. Les gabonais ne
savent quelle vision et perception donnée à l’histoire. Son objet et son utilité semblent
méconnu. En point de mire les chrétiens gabonais qui ignorent totalement la vision
de l’Histoire du point de vue de leur Eglise. Une enquête d’opinion (sondage) pourrait
révéler la réalité selon laquelle ils ne connaissent pas l’histoire de leur Eglise qui est
au cœur de leur vie sociale. Pourtant les civilisations chrétiennes dans leur ensemble,
surtout en Europe, sont imprégnées, encore de nos jours, de l’histoire de l’Eglise, qui
était au cœur de la vie sociale jusqu’il y a encore cinquante ans.
Ce constat suscite une réflexion sur la conception, la perception et la vision chré-
tienne de l’Histoire. En d’autres termes, quelle est la finalité de l’Histoire du point de vue
chrétien ? C’est une question primordiale qui peut, non seulement permettre au chrétien
de savoir à quoi sert l’histoire, mais aussi et surtout chercher à connaitre l’histoire de
leur Eglise et dans une moindre mesure s’interroger sur leur propre engagement dans
et hors de l’Eglise. Au-delà? cette question éclaire le chercheur, le scientifique et le
citoyen gabonais sur le sens de l’histoire chez les chrétiens. Ils représentent plus de la
moitié de la population au Gabon et ils constituent de véritable sujet d’histoire. On ne
peut donc occulter le mode de pensée d’une société religieuse qui a sa propre histoire
millénaire, un mode de vie, une pensée sociale et des points de vue économique : en
somme un projet de société. En effet, les chrétiens sont du monde sans être du monde.
Cette dualité les confronte à une double réalité terrestre et divine. Dans la réalité ter-
restre, ils doivent faire face à l’histoire.

2 Georg Friedrich HEGEL, La Raison dans l’histoire, Paris, Union générale d’éditions, 1965, 313p

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Pour répondre à cette interrogation nous adoptons non seulement une approche
historique mais aussi théologique car il s’agit tout de même de comprendre l’Histoire
en rapport avec Dieu. Et dans une moindre mesure nous avons recours à la philo-
sophie. Des sciences auxquelles ont souvent recours les historiens des religions.
La question de la perception et la vision chrétienne de l’histoire nous ramène, en
réalité, à une réflexion sur les termes même de vision et de perception qui implique
nécessairement la notion de finalité. Quant au mot histoire, que nous définissons
d’abord, il désigne soit une étude s’efforçant de connaître le passé de l’homme, soit
l’ensemble des états par lesquels passe une réalité, qui oblige alors à l’idée d’une
fin. Il ne s’agit pas en fait, dans cette réflexion, de comprendre l’histoire comme celle
des historiens aujourd’hui ou comme science, mais d’en définir la portée et donc la fin
dans une visée purement chrétienne. On ne nous reprochera pas de faire l’apologie
d’une religion (le christianisme). Mais dans le contexte actuel, d’une christianisation
tout azimut au Gabon, cette réflexion à toute sa place. Nous tentons aussi de com-
prendre en filigrane s’il faut parler, d’une philosophie de l’histoire ou d’une théologie
de l’histoire. Doit-on séparer l’histoire des hommes et l’histoire Sainte ? De quelle
manière sommes-nous appelés à saisir les histoires particulières, l’Histoire de l’Eglise
et l’Histoire Universelle ?

I- L’HISTOIRE ET LE MOT HISTOIRE A TRAVERS LE TEMPS


ET SA FINALITE ?
Pour commencer, jetons un coup d’œil sur la définition de l’histoire. Venant du
mot grec historia, qui signifie « enquête », « connaissance acquise par l’enquête »,
qui lui-même vient du terme hístōr signifiant « sagesse », « témoin » ou « juge ». Il a
pour origine les Enquêtes (Historíai en grec) d’Hérodote. Littéralement, le mot ionien
Historíai signifie « recherches, explorations », et dérive selon toute vraisemblance de
la racine indo-européenne wid- qui signifie voir, ou savoir pour avoir vu3. L’histoire est
donc la connaissance que l’historien essaie de constituer. Elle est à la fois l’étude des
faits, des événements du passé et, par synecdoque, leur ensemble. L’histoire est aussi
un récit qui vise la construction d’une image du passé non par intuition intellectuelle,
mais à partir de sources. Ensuite l’histoire n’est pas seulement une réflexion sur le
passé, elle se construit selon une méthode. Celle-ci a évolué au cours des temps. Une
évolution qu’on appelle l’historiographie. Enfin, l’histoire est une pratique sociale. Elle
s’inscrit fondamentalement dans son époque. Elle joue un rôle et elle est convoquée,
quelles que soient les époques, pour soutenir, accompagner ou juger les actions des
Hommes. L’histoire est présente dans toutes les sociétés car elle est le fait de tous
les hommes mêmes ceux qui croient comme les chrétiens.

I.1- L’Histoire, dans les sociétés chrétiennes

Dom Guéranger a écrit : « Le Christ est chez Lui, dans l’histoire4». Cela a été
le cas durant la période médiévale où la chrétienté était au cœur de toute l’activité
humaine. Même si le monde chrétien du Moyen-âge n’a pas cherché à formuler une
analyse approfondie, les chrétiens du Moyen conçoivent tout de même l’histoire
3 Jean LECLANT (sous la direction de) Dictionnaire de l’Antiquité, article « Historiographie grecque »,
PUF, 2005 p.1075.
4 Dom GUERANGER, Le sens chrétien de l’histoire, Paris, Plon, 1945.

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humaine dans son ensemble comme un cheminement vers Dieu, Créateur et Fin
ultime de toute chose. C’est d’ailleurs dans ce sens que Gilson affirme : « C’est donc
parce qu’ils ont cru à la Bible et à l’Evangile, au récit de la création et à l’annonce du
royaume de Dieu, que les Chrétiens ont osé tenter la synthèse de l’histoire total.5 » Par
conséquent, l’idée d’histoire est indépendante de celle d’Histoire Sainte. Cependant,
pour ces auteurs, il n’existe pas des histoires particulières propres à un peuple et à
ses coutumes. Une préoccupation qui n’était pas d’ailleurs celle des médiévaux, qui
n’ont d’ailleurs pas composé d’Histoire Universelle comme le fit par exemple Bossuet6.
En effet, en 1681, Jacques-Bénigne Bossuet, (né à Dijon, le 27 septembre 1627 et
mort le 12 avril 1704 à Paris), en sa qualité d’homme d’Église publia un Discours sur
l’Histoire universelle. Dans cette œuvre il présenta un résumé rapide des évènements,
il en chercha la raison dans les desseins de Dieu sur son Église. Dans son texte il
mêla Providence et référence à des sources (aussi bien la Bible et les docteurs de
l’Église que les auteurs gréco-latins, comme Hérodote). « On fut étonné, dit Voltaire,
de cette force majestueuse avec laquelle il a décrit les mœurs, le gouvernement,
l’accroissement et la chute des grands empires, et de ces traits rapides d’une vérité
énergique, dont il peint et juge les nations7 ».
Le mot « histoire » dans les sociétés chrétiennes est indissociable de la révélation
biblique, qui affirme l’intervention divine au sein même de l’activité humaine. L’histo-
rien Dom Guéranger affirme que: « Ni l’homme, , ni la société, ni l’histoire, ne sont
explicables en dehors de l’idée chrétienne ; et si la Providence n’est pas un mot, si
l’Incarnation n’est pas un mythe, si l’ordre surnaturel n’est pas un rêve, si l’éternité
n’est pas un mirage, ce vaste ensemble de la vie de l’humanité que l’histoire a la
prétention de présenter aux esprits, a un sens, une portée, une loi, une direction. Il
ne se peut pas qu’il n’y ait là autre chose que des faits et des dates, un pur spectacle,
et que l’humanité, au cours de sa longue vie, n’ait rien à faire, rien à obtenir 8 ». Du
point de vue chrétien l’histoire se définit donc à la fois comme un art et comme une
science puisqu’en tant que science, elle tâche de mettre en évidence les lois de vie et
de mort de toute société humaine. Subséquemment, toute la conception, la perception,
la vision et finalité chrétienne de l’histoire se ramène au sens de l’existence humaine,
parce que l’histoire l’établit non pas selon les méthodologies philosophiques ou socio-
logiques contemporaines mais à partir des actions humaines, qui s’appuient sur la
morale du Décalogue et la religion du Christ. Dans le même sens Bossuet a affirmé:
« Dieu, a fait un ouvrage au milieu de nous qui, détaché de toute autre cause et ne
tenant qu’à Lui seul, remplit tous les temps et tous les lieux et porte par toute la terre,
avec l’impression de sa main le caractère de son autorité, c’est Jésus-Christ et son
Eglise 9 ». Dans cette œuvre Bossuet établit un lien étroit entre Dieu et les hommes
à travers l’histoire. Même les hommes les plus éloignés de Dieu peuvent et doivent
se convertir: « Mon discours, dont vous vous croyez peut-être les juges, vous jugera
au dernier jour »10. En d’autres termes Dieu jugera l’histoire des hommes. Il s’appuie
premièrement sur la Princesse dans l’ignorance de la foi. Sa naissance, son enfance
5 Etienne GILSON, L’esprit de la philosophie médiévale, Paris, Vrin, 1948
6 Idem
7 VOLTAIRE, Le siècle de Louis XIV, eouvres complètes de Voltaire, ch. 32, Paris, Desoer, 1817, p. 1401.
8 Dom Delatte, Vie de Dom Guéranger, tome I, p.177.
9 Jacques-Benigne BOSSUET, Oraison funèbre de la Princesse Palatine. Paris, Imprimerie Baudelot,
1943, 45p
10 Idem

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paisible dans les couvents. Sa jeunesse dissipée, ses intrigues, son éloignement de
Dieu: dénonciation des incroyants. Deuxièmement, il parle de la conversion comme
une intervention de Dieu pour assurer le salut de la Princesse donc des hommes dans
l’histoire. Un songe la convertit, un autre lui donne l’espérance du salut. Éloge de sa
vie pénitente: sa charité, sa constance dans les épreuves, sa foi dans l’amour de Dieu.
A partir de là on peut comprendre que l’Histoire et le christianisme sont intime-
ment lié. Le christianisme est une religion fortement historique. Il s’en est servi dans
le temps au point d’en avoir une conception. La vie du Christ, des Saints… ne sont
t’elles pas des histoires avant tout. C’est Dieu qui rythme l’histoire des hommes à
l’image de la Princesse Palatine. En anachronisme, cette réalité est celle de nom-
breux chrétiens gabonais actuellement qui place Jésus-Christ au centre de leur vie
c’est-à-dire de l’heure histoire. Dieu est là pour tous les actes de la vie : mariage,
stérilité, rivalité, prospérité…

I.2- L’idée d’une Histoire au sens chrétien

L’idée d’une Histoire large au sens chrétien est abordée par deux grands hommes,
qui sont Saint Augustin dans La Cité de Dieu et Bossuet dans Le discours sur l’Histoire
Universelle. L’un et l’autre montre que Dieu est Maître de l’histoire et qu’Il dirige les
actions humaines par sa Providence. Si les médiévaux ont retenu cet élément fonda-
mental de la pensée augustinienne, la période classique, avec Bossuet, reprend le fait
que Dieu n’est pas seulement cause première du Cosmos mais bien agent principal
des activités humaines. Dans l’ensemble, en ce qui concerne l’idée d’une histoire au
sens chrétien, nous pouvons retenir d’une part, que la doctrine chrétienne soutient
que le Créateur est transcendant, écartant ainsi tout panthéisme tel qu’il avait été
formulé par les Stoïciens dans l’idée de Destin. D’autre part, l’idée de sens pour le
christianisme est rapportée au concept de finalité ultime, c’est-à-dire Dieu. C’est bel et
bien sous cet angle que la pensée chrétienne dans son ensemble approche l’histoire.
Mais, l’anthropocentrisme, qui naît durant « le Siècle des Lumières » Sous la
plume des philosophes comme Voltaire, Rousseau et plus tard Condorcet, atténue
l’idée de Providence dans l’histoire et va jusqu’à réduire Dieu à une sorte de grand
architecte de l’Univers en détachant l’idée de fins particulières et de finalité ultime. Les
Lumières désignent par métonymie les élites européennes ouvertes aux nouveautés,
une « République des Lettres éclairées ». Ce siècle se voulait éclairer par la lumière
métaphorique des connaissances - et non pas l’illumination divine, « émanation de
l’absolu11», utilisé exclusivement au singulier - acquises par l’expérience et l’enseigne-
ment du passé. Il suggéra aussi une vision manichéenne du monde, où l’« homme
éclairé » s’oppose à la masse de ceux restés dans les ténèbres. La formule a donc
bien tant une dimension sociale qu’une dimension spatiale.
Dans cette lancée Condorcet12 sépara l’histoire humaine de l’histoire sainte. Tout
en ne niant pas d’une manière absolue l’idée d’un Dieu. Il affirme l’indépendance de
l’homme, au nom de sa liberté d’action, de l’intervention divine. Dieu n’est donc plus le
maître de l’histoire, puisque c’est l’homme qui construit librement son histoire, excluant
11 Jacques ROGER, « archéologie d’une expression », dans Cahiers de l’Association internationale des
études françaises, 1968, N°20, p. 167-177. p.170
12 Jean Antoine CONDORCET, Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain. Paris,
Bureau de la «Bibliothèque choisie, 1829, 431p.

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alors toute intervention directe de Dieu. Cette autonomie n’impliqua cependant pas
encore l’anéantissement d’une certaine fin et donc d’un sens historique. Mais cette
fin fut ramenée à l’homme en tant qu’individu et non plus dans une optique univer-
selle christocentrique comme le voulaient Saint Augustin dans l’antiquité et Bossuet
pendant la période moderne.
Au XIXème siècle, Hegel et Karl Marx remanient l’idée d’une conception, une percep-
tion ou une vision chrétienne de l’histoire qu’ils ramènent à l’Esprit Absolu, rationnel
et logique. Karl Marx, établit, à l’inverse d’Hegel tout en conservant sa méthode, une
dialectique historique se manifestant par la lutte des Classes.
L’histoire fut ainsi conçue comme une Idée en marche vers un perfectionnement
permanent qui gouverne le monde.13 L’histoire s’inscrivait désormais dans l’ordre
universel et non particulier, même si c’était sous l’impulsion donnée par l’Idée, que
les histoires particulières vont évoluer. La conception chrétienne d’une histoire de
l’homme comprise dans le sein d’une Histoire Sainte est ainsi totalement évacuée. Il
faut par ailleurs noter, à cette époque, le développement d’une histoire « scientifique »,
qui fait suite à l’impulsion donnée par Auguste Comte. Celle-ci nie, bien évidemment,
toute finalité et toute idée d’une Histoire Universelle.
De nos jours, on tend vers un impérialisme de l’histoire à travers l’Ecole des Annales
qui annexe tous les domaines et prend en compte tout le non-évènementiel. Or il ne
faisait pas partie de l’historiographie traditionnelle qui s’arrêtait à l’événementiel. Les
mouvements contemporains affirment que l’histoire avec une majuscule n’existe pas.
Elle est une limite inaccessible ou plutôt transcendantale. Pour eux, il est trompeur
de prétendre à une « Histoire totale ». C’est ce qui peut, au demeurant, justifier la
mort de la philosophie de l’histoire. Ou du moins on peut dire que le genre philoso-
phie de l’histoire est en nette régression, à moins d’être une philosophie révélée.
Mais pour les chrétiens, le providentialisme d’un Saint Augustin est toujours viable.
L’autre extrême apparemment viable est l’épistémologie historique. Les historiens
scientifiques, depuis le XIXème siècle, à travers les différentes écoles, introduisent
une philosophie de l’histoire qui prétend voir des théories dans les interprétations, en
visant l’objectivité absolue. Ils tentent d’éviter tout point de vue subjectif qui implique
méthodes et théories qui paraissent incompatibles avec l’histoire au sens chrétien.
Il semble plus réaliste de s’en tenir aux constatations de la philosophie antique,
notamment aristotélicienne, à savoir que notre monde « sublunaire » est celui du
devenir, et que, par conséquent, il faut compter avec les particularités que la matière
introduit dans nos raisonnements et écarter tout déterminisme. Les faits historiques
ne sont pas scientifiques. C’est la base solide sur laquelle il faut envisager l’histoire
au sens chrétien du terme.
Cette approche chronologique de la conception, la perception et la vision chré-
tienne de l’histoire et de l’Histoire dans les sociétés chrétiennes met en évidence le
rôle déterminant qu’à jouer l’évolution de la pensée métaphysique. C’est en effet sous
l’angle d’une théologie de l’Incarnation et de la Rédemption que la pensée chrétienne
se place à propos de l’histoire. Henri Davenson de son vrai nom Henri-Irénée Marrou
à ce sujet affirme : « Nulle philosophie, nulle religion, même l’islamisme fataliste, n’a
13 Georg Friedrich HEGEL, La Raison dans l’histoire : « L’Idée est le vrai, l’éternel, la puissance absolue.
Elle se manifeste dans le monde et rien ne s’y manifeste qui ne soit elle, sa majesté et sa magnificence ;
voilà ce que la philosophie démontre »

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un sens aussi poussé de l’emprise divine sur les évènements humains (…) il suffit
de prendre conscience un instant des dogmes principaux. Du dogme essentiel : celui
du Christ, du Fils de Dieu incarné. 14 ».
La pensée chrétienne considère donc, dans la chronologie, l’histoire comme la
manifestation de Dieu au sein du monde. Dieu est maitre de l’Homme Or, les approches
rationalistes et scientifiques, que nous avons rapidement abordées, en parlant par
exemple de Hegel, Marx et l’Ecole des annales rejettent toute idée de Providence.
Dieu, maitre de l’Homme, serai t’il aussi maitre de l’histoire?

II- DIEU MAITRE DE L’HISTOIRE ?


C’est Dieu qui donne le sens réel de l’histoire. Il est évident que l’idée même de
vérité chrétienne, quête à laquelle les Grecs se sont affairés, implique une vision
du monde qui soit en lien avec celle de la Révélation où Dieu est au cœur de la vie
humaine. Mais le Dieu architecte des théistes est insuffisant. Il est plutôt question,
dans la tradition judéo-chrétienne d’un Dieu personnel et créateur qui se révèle à ses
créatures. Alors, toute l’Histoire de l’humanité s’établit en fonction de l’histoire sainte qui
lui est indissociable, affirme Sertillanges15. Il ne s’agit donc pas de l’histoire « vécue »
par l’humanité, ni l’histoire des historiens, encore moins l’histoire comme science
qui implique un traitement approprié des documents collectés mais de l’Histoire qui
poursuit une fin. L’Histoire qui conduit l’homme à son salut. Si la science historique
nous fait entrevoir la structure de l’histoire comme par exemple la période médiévale
a l’idée de chrétienté, il est question d’une Histoire Universelle. Les chercheurs, les
citoyens sont emmenés à saisir la vision de l’histoire non plus par rapport à des faits
particuliers qui jonchent les histoires particulières des peuples, mais l’histoire comme
une économie divine, qui s’identifie en quelque sorte à l’histoire de Dieu créateur et
de l’homme créature.

II.1- Le Discours de l’histoire Universelle de Bossuet

Pour mieux comprenne la finalité chrétienne de l’Histoire il faut consulter, le Dis-


cours de l’histoire Universelle de Bossuet qui aborde longuement cette question. Ce
discours, composé pour le Dauphin dont Bossuet fut le précepteur, évoque dès la
première partie, l’objet de l’étude historique : « Mais ceux qui s’étonnent de trouver
l’histoire profane en quelques endroits peu conforme à l’histoire sainte, devaient
remarquer en même temps, qu’elle s’accorde encore moins avec elle-même » 16 «
Il est certain que l’Ecriture les unit toujours ensemble ; et vous voyez Monseigneur,
qu’outre l’autorité des livres saints, le seul ordre des faits montre que c’est à cela qu’il

14 Henri DAVENSON, Qu’est-ce que l’histoire ? , le sens chrétien de l’histoire, édition de l’abeille, Lyon,
1941, 173p. Henri-Irénée MARROU dans la Théologie de l’histoire affirme également : « A la lumière
de la révélation, nous pouvons nous représenter l’ensemble de l’histoire de l’humanité comme un grand
triptyque. Au centre, l’Incarnation, le Verbe éternel qui se rait homme pour nous et notre salut, la Kénose,
l’humilité, l’humiliation, l’obéissance usque ad mortem, la croix du calvaire, la résurrection »
15 Atonin-Dalmace SERTILLANGES La vie catholique. Paris, Jean Gabalda, 2ème série, 1922, 307p : «
En d’autres termes, toute l’Histoire authentique est une Histoire Sainte. »
16 BOSSUET, Œuvres de Bossuet, Discours sur l’histoire universelle. Versailles, J.A Lebel, 1818 Tome
XXXV, p.41.

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s’en faut tenir17 ». En fait, c’est sous le rapport de la chrétienté que l’évêque de Meaux
aborde son Histoire Universelle, obéissant au gouvernement de la Providence divine18.
Trois axes principaux organisent l’ensemble de la pensée de Bossuet qui obéit à
l’économie divine en vue de la finalité ultime de l’homme. Le premier axe est l’alliance
que Dieu a contractée avec le peuple hébreu. Il expose l’influence du peuple juif qui
échappe à toutes les lois ordinaires de l’histoire en vue de la préparation de l’Incarna-
tion. Dans un second temps Bossuet expose le « divin coup d’état », en s’appuyant sur
l’Histoire du Christ, qui n’a eu son pareil qu’au moment où la création sortit du néant
pour la gloire de son créateur. C’est le Christ qui donne le sens plénier à l’Histoire car
il est l’alpha et l’oméga, celui qui rend Dieu présent à l’homme. Enfin, le troisième axe
s’organise autour de l’Eglise, qui « achève de donner à l’historien chrétien la raison
d’être de l’humanité19 ». Bossuet soutient qu’il n’y a plus de mystère dans l’histoire
puisque tout s’achève en Dieu, Fin ultime de la création et plus particulièrement de
l’homme qui est l’image de Dieu.
Cet exposé « chronologique » qui retrace en quelque sorte les grandes lignes de
l’économie de salut, indissociable de l’histoire de l’humanité, se manifeste à travers les
actions humaines. D’une manière générale, que ce soit Bossuet ou Dom Guéranger
dans le sens chrétien de l’histoire, ils s’efforcent de montrer que le miracle jonche
l’histoire humaine. Les miracles sont « des gages » de la présence surnaturelle de
Dieu dans le mouvement de l’humanité et ils ont une influence incontestable sur les
peuples. Pour s’en convaincre il faut bien lire l’Ancien Testament ou encore l’histoire
de France, comme le fait Bossuet. On comprend alors que Dieu intervient directe-
ment dans la vie des Hébreux et de la chrétienté. Bossuet affirme, à ce sujet que
« l’histoire est le grand théâtre où se produit le surnaturel20 ». Et Dom Guéranger
analyse en affirmant que « « le catéchisme a servi de base aux deux grandes œuvres
historiques de saint Augustin et de Bossuet, et l’on ne remarque pas que leur talent
ait baissé pour cela21 ».

II.2- Dilthey contre la pensée de Bossuet et contre la pensée augustinienne

Pour affiner la compréhension sur la vision chrétienne de l’Histoire, on ne peut


pas passer sous silence l’œuvre de Saint Augustin rien que pour mettre en valeur
quelques différences d’approches avec celles que nous avons relevées dans les
œuvres Bossuet et Dom Guéranger. Il est vrai que le Christ, tant dans l’œuvre de
Bossuet que dans la Cité de Dieu de Saint Augustin, est le véritable « héros » de
l’histoire. En effet, les livres XI à XXII fournissent l’explication chrétienne de l’histoire
en définissant d’abord l’origine de la Cité de Dieu pour ensuite exposer, dans les livres
XV à XVII, l’histoire des deux Cités. Mais, à l’encontre d’une lecture manichéenne
de l’œuvre augustinienne, qui définirait la Cité de Dieu comme le Bien et la Cité
17 BOSSUET, Œuvres de Bossuet, Discours sur l’histoire universelle, Tome XXXV, p.44.
18 BOSSUET, Idemaffirme : « Mais souvenez-vous, Monseigneur, que ce long enchaînement des causes
particulières, qui font et défont les empires, dépend des ordres secrets de la divine Providence. Dieu
tient du plus haut des cieux les rênes de tous les royaumes ; il a tous les cœurs en sa main : tantôt il
retient les passions ; tantôt il leur lâche la bride, et par là, il remue tout le genre humain. »Tome XXXV,
Chapitre VIII, Troisième partie, p.555
19 Dom GUERANGER, Le sens chrétien de l’histoire, Plon, Paris, 1945, p. 27.
20 Idem. Le sens chrétien de l’histoire, p48. Il ajoute que : « le grand malheur de l’historien serait de prendre
pour règle d’appréciation les idées du jour, et de les transposer dans ses jugements sur le passé », p. 54.
21 Dom GUERANGER, op.cit., p 64.

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terrestre comme le Mal en perpétuelle opposition, il faut préciser que : « ces deux
Cités sont entrelacées l’une à l’autre (comme les brins d’osier dans une vannerie)
et intimement mêlées (comme dans une émulsion chimique), si bien qu’il nous est
impossible de les séparer, jusqu’au jour ou le Jugement les partagera 22 ». Dans la
pensée augustinienne on ne peut donc réduire la perception et la vision chrétienne
de l’histoire à celle d’une histoire ecclésiastique comme le font Dom Guéranger ou
Bossuet : « L’histoire peut avec quelque vérité être comparée à un immense concert
que dirige sa main toute puissante, nelut magnum carmen cuisdam ineffabilis modu-
latoris. Lui seul sait où elle va (…) 23 ».
Par ailleurs, Henri-Irénée Marrou dans sa Théologie de l’Histoire montre que
Bossuet a confondu chrétienté et Cité de Dieu. En effet, si la période médiévale
n’a pas proposé une « Somme » de l’Histoire Universelle, elle reste bâtie sur l’idée
d’une « Immutabilité des choses 24 », qui a forcément influencé Bossuet tant dans sa
manière didactique de proposer l’histoire au dauphin que dans l’exposé formel des
faits historiques. Bossuet a confondu le moyen et la fin qui l’amène à subordonner la
fin particulière à la fin ultime. Cette confusion a servi de point d’appui au principe de
sécularisation dans l’histoire avec des philosophes comme Wilhelm DILTHEY25. Dans
son Introduction aux sciences de l’esprit, publié en 1883, il désigna son entreprise
comme une « critique de la raison historique » : ce qu’avait fait la Critique de la raison
pure d’Emmanuel Kant en 1781 à l’égard des sciences de la nature. Il la transposa
aux sciences historiques, en posant le problème de leur objectivité et de ses limites.
Il s’attela à autonomiser les sciences humaines et à refuser le positivisme. L’enjeu
était double : démarquer sciences historiques et philosophie de l’histoire ; isoler les
sciences historiques des sciences physiques, en dégageant leurs principes propres.
Dans son second axe, épistémologiquement le plus important, l’entreprise visa à
établir l’autonomie de ces sciences de la réalité sociale, culturelle et politique qui
rassemble l’historicité de leurs objets et que Dilthey nomma « sciences de l’esprit »
(Geisteswissenschaften). En rupture avec l’épistémologie positiviste alors dominante,
son œuvre trouva sa plus évidente originalité. Dilthey reprocha à Auguste Comte,
chantre du positivisme, un monisme naturaliste fermé à la spécificité des sciences
sociales. Réduisant le travail de l’historien à enregistrer des corrélations causales
entre des faits. Le positivisme historique imposait aux sciences humaines, dont
l’histoire de calquer leurs méthodes sur celles des sciences naturelles. Contre cet
impérialisme, Dilthey, systématisant les intuitions, creusa l’écart entre les deux groupes
de sciences, à partir des places respectives qu’y occupent l’explication et la compré-
hension. Ainsi l’antipositivisme le conduisait-il directement vers une problématique
décisive, aujourd’hui encore, pour toute théorie des sciences humaines. Si l’histoire
est compréhensive, ou interprétative, comment concevoir, pour leurs énoncés, une
validité possible ? Si l’histoire n’est pas enregistrement de faits, ne se voue-t-elle pas
à un pur relativisme.

22 Saint AUGUSTIN, La Cité de Dieu, 4ème édition, Desclée de Brouwer, 1960, livre I.
23 Idem
24 Etienne GILSON, L’esprit de la philosophie médiévale, Vrin, Paris, 1948
25 Wilhelm DILTHEY, Einleitung in die Geisteswissenschaften (1883), Traduction française, Paris, 1923,
p 142-143.

Hervé ESSONO MEZUI (2013), La conception, la perception ou la vision chretienne de l’histoire


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Bossuet en revanche projette l’absolu dans le relatif, la contingence des faits et
donc le transcendant est ramené à l’empirique. La pensée de Bossuet est une vision
mutilée de la réalité sur laquelle se sont appuyé les philosophies déchristianisées
qui ont alors ouvert la possibilité de l’émergence d’une philosophie indépendante et
une histoire scientifique, se suffisant à elles-mêmes, empirique et donc observable.
C’est ce qui se passa au XVIIIème et XIXème siècles. Par conséquent, limiter le
sens de l’histoire à l’histoire ecclésiastique et aux faits contingents pris dans leur
singularité, permet des déviations qu’exploitent les philosophies rationalistes puis les
scientifiques, qui réduisent purement et simplement l’histoire à une science empirique
et logique fondée sur des lois « expérimentales », excluant subséquemment toute
finalité transcendante au nom d’une liberté humaine.
De plus, à la lumière de son approche de la pensée augustinienne, Marrou affirme
à l’encontre de Dom Guéranger que : « Dieu soit en dernière analyse le maître de
l’histoire et qu’il la conduise à son gré vers la fin qu’il lui a assignée, cela est hors
de doute, mais il ne nous a pas révélé les secrets de ce cheminement ; pour en
déchiffrer le mystère, il faudrait alors ( ce qui est inconcevable) pouvoir nous situer
en Dieu, là où sa prescience et sa providence se rejoignent dans le présent de son
éternité 26». Ainsi, l’homme est réellement libre dans son action, malgré la préscience
divine. Du point de vue chrétien, Nous pouvons dire que Dieu sait où il va et surtout
où il nous mène. Alors l’histoire humaine, celle de la Cité terrestre a sa propre voie,
tracée par Dieu mais selon une direction qui nous est connue qu’en fonction de la Fin
ultime qui doit nous conduire à la Cité de Dieu. L’histoire terrestre n’est donc pas une
fin en soi comme l’affirme les philosophes modernes de l’histoire, mais elle est : « le
moyen par lequel, avec lequel et à travers lequel l’Histoire Sainte s’avance toujours
plus en direction de sa fin27 ».

CONCLUSION
Doit-on alors parler de philosophie de l’histoire ou de théologie de l’histoire ? Tout
dépend du sens que l’on donne au mot théologie. Or, dans notre brève démonstration,
nous avons établi que la perception ou la vision chrétienne de l’histoire est donnée
par Dieu qui en est le maître. Ceci est à comprendre dans le sens d’une vision
providentielle de l’Histoire Humaine selon une économie divine. Ceci ne veut pas
dire selon Saint Augustin, que c’est Dieu qui fait l’histoire, sous peine d’abolir toute
liberté humaine. En réalité c’est l’homme qui fait l’histoire sous le regard de Dieu.
Cette approche n’est saisissable qu’au regard d’une « anthropologie théologique »
c’est à dire sous l’angle de l’Incarnation et de la Rédemption qui sont au cœur de la
vie humaine. Mais là encore, l’homme est libre de choisir ou de refuser la voie qui
lui est tracée, comme le dit Bossuet28. Ce qui rejette tout déterminisme absolu. Par
conséquent, il est difficile de vouloir « construire » une philosophie de l’histoire indé-
pendante d’une théologie à moins de rejeter toute idée de finalité ultime. On pourrait
objecter que Hegel a proposé une solution « finaliste », qui ramène à l’Esprit absolu

26 Henri-Irénée MARROU, Théologie de l’histoire, Edition du seuil, Paris, 1968, chapitre 14, p. 63.
27 Langmead CASSERLY, Toward a théology of hystory, 1965, p. 65
28 BOSSUET, Le Discours sur l’histoire universelle, «La connaissance de Dieu et la mémoire de la création
s’y conserva ; mais elle allait s’affaiblissant peu à peu (…) les fausses divinités se multipliaient(…) »
Op.Cit.p. 14

100 © EDUCI 2013. Rev iv hist,22,91-101. ISSN 1817-5627


selon une réalité purement logique et rationnelle, excluant un Dieu personnel. Mais,
la finalité hégélienne rejette toute intervention divine.
Alors, il nous semble que la conception, la perception et la vision chrétienne
de l’histoire se présente comme une théologie de l’histoire qui considère les deux
Cités intrinsèquement liées. Il n’est pas question d’exclure une étude scientifique
des histoires particulières, qui oblige à des techniques de recherches, qui resteront
malgré tout toujours incomplètes. Dieu donne un sens à l’Histoire. « Il y a une seule
histoire, celle de l’humanité en marche vers le Royaume de Dieu, « histoire sainte »
par excellence29 ».

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