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Résumé
REB 39 1981 France p. 251-300
G. Dorival, Le Commentaire sur les Psaumes de Nicétas David (début du 10e siècle). — L'auteur a découvert dans un manuscrit
de Leyde (Hollande) un Commentaire sur les Psaumes inconnu, attribué à Nicétas David ; ce Commentaire peut être daté des
premières années du 10e siècle; il est fortement influencé par la tradition patristique de l'exégèse spirituelle; il met en œuvre des
méthodes scolaires bien attestées dans toute l'Antiquité tardive ; il présente des thèmes byzantins caractéristiques, ainsi la
critique de la musique instrumentale. Il est écrit sous le double patronage du Pseudo-Denys et de Basile de Césarée. Son
originalité consiste dans sa thématique et dans une innovation, la parénèse éthique, qui permet de fusionner le genre de
l'hypomnèma avec le genre de l'homélie. Nicétas David doit sans doute être identifié avec Nicétas le Paphlagonien, l'ami
d'Aréthas. L'auteur édite et traduit l'argument qui inaugure le Commentaire, ainsi que le commentaire sur le psaume 1. Deux
index complètent l'édition.
Dorival Gilles. Le Commentaire sur les Psaumes de Nicétas David (début du 10e siècle). Une œuvre inconnue dans un
manuscrit de la Bibliothèque de Leyde. In: Revue des études byzantines, tome 39, 1981. pp. 251-300.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1981_num_39_1_2122
LE COMMENTAIRE SUR LES PSAUMES
DE NICÉTAS DAVID (DÉBUT DU 10e SIÈCLE)
Gilles DORIVAL
1. L'invention du Commentaire
Parmi les chaînes exégétiques grecques sur les psaumes, l'une des plus
intéressantes est sans conteste la chaîne de Nicétas d'Héraclée, peut-être
composée à l'Ecole patriarcale de la capitale dans les années 1100 : l'abon
dance et la qualité de ses sources, assez souvent inédites, font d'elle un
monument de l'érudition patristique des 11e et 12e siècles; à ce titre, elle
mériterait d'être publiée un jour ; une telle publication suppose que l'on
repère et que l'on classe les multiples exemplaires de cette chaîne, dissé
minés dans toutes les bibliothèques du monde ; il faudra prêter l'attention
la plus grande aux exemplaires les plus anciens ; voilà pourquoi nous nous
1. Une première version de cette étude a fait l'objet d'une communication prononcée
à l'occasion de la 8e Conférence Internationale des Etudes Patristiques (Oxford, 3-8
septembre 1979). Par la suite, au cours de l'année universitaire 1979-1980, le texte grec
et sa traduction ont été présentés et discutés au cours de plusieurs séances du Séminaire
de grec post-classique de Paris IV que dirige Marguerite Harl. Dans le même temps,
plusieurs lecteurs ont accepté de lire l'ensemble de l'étude et de faire des remarques
critiques. Que tous, auditeurs, membres du Séminaire, lecteurs, soient remerciés pour
leurs suggestions et, parmi eux, tout particulièrement Monique Alexandre, Anne-Marie
Chanet, Gilbert Dagron, Marguerite Harl et Michèle Romano.
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à deux points près : 1. une faute d'impression attribue au codex des dimens
ionsde 370 χ 240, soit un format extrêmement allongé ; en réalité il faut
lire 300x240; 2. la datation de la seconde moitié du 11e siècle est irop
tardive ; elle est due au fait que le catalogueur, attribuant à tort le texte
à Nicétas d'Héraclée, se trouva dans la nécessité de faire correspondre
la date de confection du codex avec la chronologie de la vie de Nicétas.
Comme quoi la connaissance du contenu des manuscrits nuit à leur analyse
codicologique ! En réalité le Vossianus ne peut être postérieur au premier
quart du 1 Ie siècle ; mais, comme le montre la comparaison avec les recueils
de fac-similés datés, il est très probablement du dernier tiers du 10e siècle
ou des premières années du 11e siècle ; tel est en tout cas l'avis des spécial
istesque nous avons sollicités, en particulier C. Astruc, Mme Bavavéas,
J. Darrouzès, J. Irigoin et J. Paramelle.
Comment le Vossianus présente-t-il le ComPs de Nicétas David ? Sur
deux colonnes comportant 30 à 34 lignes de 20 à 25 lettres ; cette mise
en page est habituelle au 10e siècle pour les Homélies et les Commentaires ;
l'exégèse est écrite en minuscules, tandis que les versets sont en onciales
de taille moyenne, accompagnés en marge d'un guillemet simple pointé
à gauche (·>). Une particularité de ponctuation doit être signalée : ce qui
correspond à chaque articulation du texte, que nous marquons par le
passage à la ligne, le retrait et l'initiale majuscule, est indiqué par un triple
procédé : un gros point en haut dans le texte ; en face de ce point, dans la
marge, une sorte de trait ondulé, de paragraphos ; enfin l'initiale du
premier mot de la ligne qui suit la ligne où se trouve le gros point en haut
est décalée dans la marge et écrite en majuscule.
L'exégèse de chaque psaume s'achève par une courte doxologie, comme
dans les Homélies, et par un bandeau. L'exégèse de chaque psaume nouveau
est précédée d'un titre qui se présente en général sous deux formes, soit
«du même, interprétation au psaume tant»3, soit «du même, comment
aire au psaume tant »4 ; cependant, parfois le nom de « Nicétas dit aussi
David, serviteur de Jésus-Christ, le philosophe» est précisé à nouveau5.
Ce qu'il faut noter, ce n'est pas tant l'indication « interprétation », qui
est vague, mais le mot « commentaire », qui, lui, renvoie à une terminologie
relativement précise : les Commentaires s'opposent d'abord aux Scholies,
qui sont de courts éclaircissements ponctuels et discontinus ; eux forment
d'amples développements, continus, riches par leur thématique ; nous
verrons que l'exégèse de Nicétas relève tout à fait de cette forme littéraire.
Mais les Commentaires (comme les Scholies) s'opposent aussi aux Homélies
(λόγοι, όμιλίοα), non pas, comme on le croit parfois, par leur ampleur et
leur richesse, mais par le but poursuivi : la recherche du sens (littéral,
spirituel, anagogique) d'un texte dans le premier cas, l'édification d'un
auditoire réel ou fictif dans le second cas ; le Commentaire est du côté
de l'information objective (ce qui n'exclut nullement la spiritualité),
l'Homélie du côté de la formation par l'information, au moyen de procédés
protreptiques et parénétiques. Nous verrons que Nicétas reste largement
fidèle à la conception traditionnelle du Commentaire, mais qu'il innove
aussi : il introduit à la fin de chacune de ses exégèses des éléments paré
nétiques et, de cette manière, jette un pont entre le Commentaire et
l'Homélie.
L'ensemble des commentaires de chaque psaume s'achève dans le
Vossianus au psaume 75, versets 8 à 10 : le Vossianus est mutilé. Où
prenait-il fin ? Compte tenu de ses 363 folios actuels, eu égard à l'habituelle
division des Commentaires du psautier en deux tomes, du psaume 1 au
psaume 76, puis du psaume 77 au psaume 150, il est probable que le
Vossianus s'achevait à la fin du psaume 76 ; dans son état actuel, il lui
manquerait la fin du psaume 75 et tout le psaume 76.
Ce qui est probable aussi, c'est que Nicétas a commenté l'ensemble du
psautier. C'est en tout cas l'intention qu'il proclame au début de son
Commentaire. Par conséquent, il a dû exister un second tome, comportant
l'exégèse des psaumes 77 à 150. A l'heure actuelle, nous n'avons repéré
ce second tome nulle part. Nous serions d'ailleurs très reconnaissant à
quiconque pourra nous faire connaître des exemplaires du ComPs de
Nicétas David, actuellement connu partiellement par un unique manuscrit.
le passage qui précède cette citation, Dieu est longuement défini par une
série de noms, d'adjectifs et de participes, qui sont d'abord affirmés tels
quels, puis affirmés sur le mode de l'éminence (superlatifs, composés en
hyper-, substantifs en auto-).
3.2.2. L'énonciation des versets 1 et 2 est immédiatement suivie d'une
longue enumeration de « titres » parallèle à l'énumération précédente ;
elle procède de la même façon, une série de noms, d'adjectifs ou de parti
cipes, parfois d'origine scripturaire, selon la même méthode de l'affirmation
et de l'éminence; mais le réfèrent auquel elle s'applique n'est pas précisé
tout de suite ; toutefois ce ne peut être Dieu, puisque le réfèrent est présenté
comme le plus eminent après le Christ; il est le second de ce dernier;
chacun des termes de 1 'enumeration mériterait un commentaire; c'est
seulement à la fin de l'énumération que le réfèrent est «nommé», sans
toutefois que son nom soit véritablement prononcé, par l'utilisation de
l'adjectif royal (βασίλειος) et du substantif royauté (βασιλεία). Quelle est
la fonction de ce panégyrique de Basile de Césarée ? Nicétas David rappelle
que Basile a commenté les Ecritures et qu'en particulier il a composé un
prooimion des psaumes (autrement dit Γ Homélie 1 sur les Psaumes, qui,
de fait, commente le seul verset 1). Mais, ajoute Nicétas David, le projet
de Basile était de commenter l'ensemble des psaumes. S'il avait pu mener
à terme son projet, son propre travail aurait été inutile. Mais Basile n'a pas
pu accomplir sa tâche, pour deux raisons : 1. il avait d'autres activités
intellectuelles ; 2. les hommes de son temps n'étaient pas dignes de sa
science. Nicétas a comme projet de combler la lacune laissée par Basile ;
pour ce faire, il lui suffira de faire fructifier les semences laissées par l'admi
rablejardinier qu'a été Basile.
Le prooimion s'achève par une invocation adressée à Dieu, source de
toute science, et à ses saints intercesseurs, dont Basile. Sûr de la valeur
de son travail, qui est garantie par Dieu et Basile, Nicétas David demande
l'attention de ses lecteurs, appelés «hommes pieux»; il passe alors à
l'explication de détail du psaume 1, verset par verset; il serait fastidieux
de résumer cette exégèse, à laquelle nous nous contenterons de nous référer
lorsque cela sera utile.
4. Connotations byzantines
6. ComPs 1, 3, cité par la Philocalie, II, p. 382528 Robinson ; CCels VII, 11 ; ComMt
X, 15; XI, 18; XIV, 14; XVII, 6, etc.
LE COMMENTAIRE SUR LES PSAUMES DE NICÉTAS DAVID 259
7. Ainsi que l'a bien montré Marie-Josèphe Rondeau, D'où vient la technique
exégétique utilisée par Grégoire de Nysse dans son traité Sur les titres des psaumes ?,
Mélanges H.-C. Puech, Paris 1974, p. 263-287.
8. Psaumes 72 à 82 : PG 23, 821^-836^.
9. PG 27, 60-545 ; sur l'authenticité du texte, cf. G. Dorival, Athanase ou Pseudo-
Athanase ?, Rivista di Storia e Letterat lira religiosa, 1980, p. 80-89.
10. PG21, 649-1344.
11. PG 80, 857-1997.
260 G. DORIVAL
12. Sur les titres des psaumes dans J. McDonough, Gregori Nysseni opera, V, Leyde
1962, p. 24-175.
13. Marie- Josephe Rondeau, art. cit., p. 282-284.
14. PG 29, 209-228.
LE COMMENTAIRE SUR LES PSAUMES DE NICÉTAS DAVID 261
culier chez Eusèbe de Césarée et chez Grégoire de Nysse, mais aussi chez
Hésychius et le Pseudo-Athanase.
5. RÉSONANCES PATRISTIQUES
32. PG 128.
266 G. DORIVAL
33. Clément d'Alexandrie, Stromates, II, 69, 1 : GCS 52, Berlin 1960, p. 149.
34. PG 80, 872.
35. Fragment n° 6 dans E. Mühlenberg, Psalmenkommentare aus der Katenen-
überlieferung, I, Berlin et New- York 1972, p. 123.
36. Lignes 365-383.
37. Lignes 177-187.
LE COMMENTAIRE SUR LES PSAUMES DE NICÉTAS DAVID 267
unité de sens selon les règles de l'acolouthie, Nicétas David introduit une
parénèse éthique, indiquée à chaque psaume par une abréviation ; cette
parénèse consiste à récapituler, sous la forme d'exhortations, de conseils,
de bilan moral, l'enseignement de chaque psaume. Je ne connais pas de
parallèle à cette parénèse dans les Commentaires patristiques et byzantins.
Il semble qu'il y ait là une innovation, dont il faut dégager rapidement
la portée. Les psaumes sont la parole actuelle de Dieu, explique Nicétas38 ;
l'existence de la parénèse permet de compléter cette formule : ils sont la
parole actuelle de Dieu pour chacun des lecteurs du ComPs, eux que
Nicétas qualifie de «pieux»39; autrement dit, ils sont une parole qui
interpelle chacun individuellement. Débutant selon la forme du comment
aire traditionnel, chaque exégèse s'achève ainsi selon la forme homilétique.
De cette manière Nicétas David jette un pont entre les deux principales tra
ditions de l'exégèse patristique, qu'il unifie en quelque sorte dans une forme
nouvelle. Son ComPs apparaît ainsi comme l'œuvre d'un véritable créateur.
7. Nicétas David
Est-il possible de préciser qui est « Nicétas dit aussi David, serviteur de
Jésus-Christ, le philosophe » ? On le distingue complètement de Nicétas
de Byzance, le philosophe, auteur d'une Réfutation de la lettre du roi
d'Arménie et d'une Réfutation de Mahomet, qui est d'une génération
antérieure40. En revanche faut-il le distinguer de Nicétas Paphlagôn,
philosophe et rhéteur, disciple et ami d'Aréthas ? C'est en tout cas l'avis
que formulait, il y a vingt ans, J. Darrouzès41. Si l'on suit cet avis, il résulte
un inconvénient pour notre connaissance de l'auteur du ComPs ; en effet,
autant la carrière, l'œuvre et le caractère de Nicétas ami d'Aréthas sont
relativement bien connus, autant la vie et l'œuvre de Nicétas David pré
sentent des zones d'obscurité : il aurait vécu, semble-t-il, au milieu du
10e siècle, aurait été un antiphotien convaincu et aurait été évêque de
Dadybra, en Paphlagonie ; il aurait écrit la célèbre Vie d'Ignace42, un
Martyre de Georges43, les Scholies sur Grégoire de Nazianze44, ainsi qu'un
50. Elles constituent les nos 84 à 89 des Arethae Scripta Minora, II, éd. L. G. Westerink,
Leipzig 1972.
51. Ό δέ ομώνυμος έμοί και διώνυμος Παφλαγών d'après les Athon. Dion. 114
et Xerop. 184 (όμ. κ. διώ. έμοί Vatic. Palatin, gr. 247); Νικήτα του και Δαβίδ dans
tous les manuscrits.
52. Il s'agit du texte n° 3 des Arethae Scripta Minora, I, éd. L. G. Westerink, Leipzig
1968, p. 19-29.
270 G. DORIVAL
Νικήτα του και Δαβίδ δούλου ' Ιησού Χρίστου του φιλοσόφου
ύπόθ·εσις εις τδν α' ψαλμόν
Πάσα δόσις αγαθή καϊ παν δώρημα τελειον άνωθεν εστί καταβαινον από
τον πατρός των φώτων, αποστολική και θεόπνευστος έξηγήσατο γραφή.
5 Χρή δε και ημάς θεαρχικών λογίων εξηγήσεως τιθεμένους αρχήν, οΐά τίνα
κρηπίδα στερραν και. θεμέλιον τών ημετέρων λόγων άκλόνητον, την ίεραν
έκείνην προκαταβαλεΐν θεηγορίαν δι' ής ύπομιμνησκόμεθα ή διδασκόμεθα
ώς ουδέν τω αντί. χρηστόν, ουδέν άγαθον δλως ανθρώπων ούδενί, ου λόγος,
ου πραξις, ου διανόημα, δ μη παρά του επουρανίου πατρός, οΐά τίνος πηγαίας
10 και αρχηγικής άγαθότητος, ύπερεκβλύζον δια τής ύπερσόφου και άγα-
θαρχικής του συμφυούς θεού λόγου προνοίας εν τω παρακλήτω χορηγείται,
και τοΰτο σαφώς είδότας ολικώς τε | και συντεταμένως μετ' ευλάβειας άπάσης
προς αυτήν άνατείνεσθαι την άγαθόδοτιν αρχήν χρεών, βίω μέν ήγνισμέ-
νους και άγαν έκκεκαθαρμένους θεοπρεπεΐ, λόγον δέ προς αυτής αιτουντας,
15 πάσης μέν έπιτετηδευμένης άνώτερον φιλοτιμίας, μόνων δέ τών άνωθεν
καταβαινουσών εννοιών, έκφαντορικώτατον και σαφέστατον τών ιερών
λογίων εξηγητήν, δι' οδ δοξασθήσεται μέν ομολογουμένως ό τών απάντων
παροχεύς αγαθών, οίκοδομηθήσεται δέ ή εκκλησία και λαός ο κτιζόμενος
κατά τήν άληθεστάτην του πνεύματος πρόρρησιν αινέσει τον κνριον.
20 "Οθεν έμοί μέν οΰν οΰτω μέγας και πάντων αγώνων μέγιστος ό άγων
επί τήν θείαν άρτι τών θείων ψαλμών άνάπτυξιν προθυμουμένω φόβου τε
κομιδή και αγωνίας πληρουμένω, ώς ουκ άνθρωπίνοις ρήμασιν ούδ' ώς
Δαβίδ εκείνου του υίου Ίεσσαί ή τίνος άλλου τών κατ' αύτον διανοίας
άποφθέγμασιν, άλλ' ώς θεού τω άρτι φωναΐς, ουκ έξ ορούς τινός ώς πάλαι
25 τω παλαίω φωνουμέναις δι' αγγελικών στομάτων 'Ισραήλ, άλλ' ώς εκ τών
f. 1ν ουρανών | δια τοΰ ύπερουρανίου πνεύματος έμβοωμέναις έντεύξεσθαι
μέλλοντι, και ώς θεαρχικαΐς ταύταις προσβάλλοντι θεολογίαις. Διο και
πάσης μέν τής κατά το γράμμα και τήν ίστορίαν ερμηνείας, ώς και τοϊς
προ ημών ίκανώς έκφανθείσης ήδη και ποικίλαις διατρανωθείσης έξηγήσεσι,
30 το περιπέζιόν τε και μέτριον παρήσειν μοι δοκώ" μόνης δέ της απλής και
ενιαίας και πνευματικής άληθογνωσίας, ώς οίον τε και ώς αυτή δίδωσιν ή
χάρις του πνεύματος, νοεραΐς θεωρίαις έπιβατεύοντες, ούτως ήλπίκαμεν
πνευματικά συγκριναι, κατά τον θείον άπόστολον, πνενματικοΐς. "Οσα μέν
θεοπρεπή και μόνης τής Ίησοΰ μεγαλειότητος άξια εις μόνον εκείνον
Toute donation bonne, tout don parfait, vient d'en haut et descend du père des
lumières : voilà ce qu'a expliqué l'Ecriture apostolique et inspirée de Dieu.
Nous aussi, au moment où nous commençons l'exégèse des dits théarchiques,
il faut que nous mettions en tête, comme une solide base et une fondation
inébranlable de nos propos, cette sainte parole de Dieu ; grâce à elle, nous nous
rappelons ou nous apprenons que rien de réellement bien, rien de complètement
bon, n'arrive à aucun être humain, ni parole, ni action, ni pensée, qui ne jaillisse
surabondamment du Père céleste, comme d'une source et d'un principe de bonté,
et qui ne soit dispensé dans le Paraclet par la providence, suprêmement sage et
principe du bien, du logos de même nature que Dieu. Et cela, il faut que nous
le sachions clairement pour atteindre totalement et intensément, avec une piété
complète, le principe qui donne le bien, en étant sanctifiés et parfaitement purifiés
par une vie digne de Dieu, en demandant au principe qui donne le bien le logos,
tandis que tout notre zèle est occupé en haut et que seules les idées d'en haut
descendent, en le demandant comme exégète très révélateur et très clair des
saints dits ; grâce à lui sera glorifié unanimement le donateur de tous les biens
et sera édifiée l'église, tandis que le peuple créé louera le Seigneur, selon la
prédiction très vraie de l'Esprit.
Voilà pourquoi sans aucun doute le combat est si grand pour moi, le plus
grand de tous les combats; car, ce que j'ai à cœur maintenant, c'est la divine
explication des divins psaumes, et je suis rempli complètement de crainte et
d'angoisse ; car je pense que je vais examiner non pas des mots humains, ni même
des sentences spirituelles du grand David, fils de Jessé, ou de quelque autre
comparable à lui ; mais je pense que je vais examiner les paroles actuelles de Dieu,
qui ne sont pas adressées, comme autrefois, depuis quelque montagne, par la
bouche des anges, à l'ancien Israël, mais qui sont prononcées depuis les cieux
par l'Esprit supracéleste ; et je pense que, en ces paroles, je me confronte aux
paroles théarchiques de Dieu. C'est pourquoi il me semble bon d'omettre dans
ce qui va suivre le côté terre à terre et simple de toute interprétation selon la
lettre et selon l'histoire, dans la mesure où cette dernière a été suffisamment
rendue manifeste par nos prédécesseurs et a été rendue claire par des exégèses
variées ; en revanche, en parcourant, autant qu'il est possible et autant que la
grâce de l'Esprit l'accorde, les contemplations intelligentes de la seule connais
sance de la vérité, connaissance qui est simple, unitive et spirituelle, nous avons
pensé de cette manière, selon l'expression du divin apôtre, rapprocher les réalités
spirituelles des réalités spirituelles; tout ce qui convient à la majesté divine et
qui est digne de la seule grandeur de Jésus, nous le lui rapportons saintement
à lui seul ; en revanche, tous les dits qui sont inférieurs à la perfection de Jésus,
qui est principe de sainteté, nous les attribuerons de manière appropriée à ceux
qui ont part à Jésus, dans la mesure où ils conviennent aux saints ; certains propos
encore doivent être rapportés en commun à tous les saints, à titre principal au
Christ lui-même, autrement dit le saint des saints et l'époux intelligible, et, en
deuxième lieu, aussi à l'épouse céleste de Dieu, V église des premiers-nés, je veux
dire Sion, en proportion de la sainteté de tous les saints ; le sens saint des dits
correspond en effet très saintement à tous ensemble.
Mais, si les dits inspirés de Dieu ont annoncé à l'avance hymne et louange
pour les enfants de Dieu en proportion de leur mérite, en revanche, les mêmes dits
tiennent critique et malédiction en suspens sur la tête des impies, selon la mesure
de leur méchanceté.
Voilà donc la méthode et le but de notre exégèse : ne répéter en aucune façon
les anciens ; car c'est superflu ; inversement ne pas rejeter, car ce serait inconvenant,
leur manière de comprendre, quand elle est spirituelle et utile, c'est-à-dire quand
elle est dispensée à propos par l'Esprit Saint lui-même à ceux qu'il a voulus.
Ce qu'il y a de sûr, c'est que nous édifierons sur la fondation des saints Pères
et, s'il y a quelque place pour un éclaircissement plus poussé de la vérité contenue
dans les dits, nous demanderons de le recevoir de Dieu qui donne à tous simplement
sans faire de reproche et assurément nous aurons foi, d'une foi qui n'hésite pas,
que nous le recevrons ; et alors, à ce moment-là, nous aborderons le projet que
nous nous sommes proposé, en ayant le souci, autant que nous sommes capable,
de la concision et de la clarté du style, ainsi que de la plausibilité et de la vérité
du sens ; et nous composerons pour l'Eglise de Dieu un édifice accueillant par
tous ses aspects, beau et très agréable; en premier lieu, dans l'exorde, nous
commencerons par examiner et nous éclaircirons la signification de chaque
psaume, ainsi que son but d'ensemble ; ensuite, au cours de la recherche mot à
mot, nous expliquerons avec soin le sens de détail en accord avec le but d'ensemble ;
et, de cette manière, pour finir, nous ajouterons une courte exhortation concernant
la conduite et, de cette manière, nous mettrons fin au chant.
Mais avant l'examen de détail, il faut savoir quelle est la signification globale
des psaumes ; quelle est-elle ? Elle consiste dans un résumé, c'est-à-dire une vue
d'ensemble, de toute l'Ecriture sainte et inspirée ; tout ce qui se trouve développé
dans l'Ecriture dans des discours étendus et longs, que ce soit les récits des actions
admirables de Dieu, les prophéties sur l'avenir, les considérations sublimes sur les
doctrines très divines, les actions de grâces, les hymnes et les prières, que ce soit
encore les exhortations et les enseignements moraux, qui écartent la méchanceté,
qui conforment l'homme à la vertu et qui ébauchent la vie parfaite selon Dieu,
tout cela les psaumes le présentent de manière condensée et selon une brièveté
surnaturelle.
Ψαλμούς δέ τους ύμνους και τας αινέσεις ταύτας δια τήνδε κεκλήσθαι
την αίτίαν ψαλτήριον γάρ αυτό δη το μουσικόν όργανον και κιθάραν νάβλαν
τε και κινύραν και τα δμοια, πάλαι μεν εις τέρψιν άνθρώποις δια Ίουβαλ
υιοΰ Λάμεχ καταδεδειγμένα, καθώς φησιν ή γραφή" ό βασιλεύς ταΰτα
75 άνενεώσατο Δαβίδ* βουλόμενος γαρ οία φιλόθεος και φιλάνθρωπος πολλούς
της θείας αίνέσεως κοινωνούς προσπαραλαβεΐν και ταύτη δοξάζειν μεν επί
f. 2ν πολύ τον θεόν, το έκμελές δέ των πολλών ανθρώπων και ράθυμον εις ||
θεοσέβειαν άναπτερουν ίεράν άνακαινίζειν μέν ού παρέργως τα ειρημένα
μουσικά όργανα ωετο δεϊν υπ' αύτοΐς δέ κρουομένοις και ταΐς των δακτύλων
80 ψαυομένοις άφαϊς και εΰηχον συνυπηχοΰσι φθογγήν τους κατ' αυτόν ύμνους
προσήδεν πάνδημον εύφροσύνην ένθεαστικώτατα συγκροτών τας γουν ώδας
ταύτας ψαλμούς δια το ως επί πολύ τω ψαλτηρίω οργάνω χρήσθαι προς την
έξύμνησιν ώνόμαζον το δέ έποίει ούχ δτι πάντως τοΐσδε τοις κρότοις έπιτερ-
πόμενον ήδει τον θεόν.
85 'Αλλ' ώσπερ ό μακάριος Μωυσής πρό αύτου τον νήπιον παιδαγωγών
'Ισραήλ, έπεί μη δυνατώς είχεν άλλως αυτόν της είδωλολατρείας και των
άθεσμών αιμάτων άποστήσαι, συγχωρεί μέν τας θυσίας, εις τον θεόν δέ
ταύτας άναφέρειν νομοθετεί είδώς ως εύκαίρως της πνευματικής λατρείας
αναφαινομένης και αϊ ζωοθυσίαι συγκαταργηθήσονται τω γράμματι, οΰτω
90 και ό θείος Δαβίδ" επειδή πολλήν είδεν την περί τους μουσικούς ήχους και
κρότους της ανθρωπινής ψυχής φιληδονίαν, τούτου χάριν ύ|πό τοις εΐρημένοις
τούτοις όργάνοις ύμνεΐν παρεκελεύετο τον θεόν ίν' ει μή τω τής θεοσέβειας
σκοπώ, τη γουν ηδονή του μέλους τέως προς ομνησιν άναπτερώνται" έ'πειτα,
ήνίκα καιρός, τών περιβομβούντων περιπεφρονηκότες κρότων, αυτοί
95 εαυτούς οι ώιδοί λογικά και ευαίσθητα, εΰρυθμά τε και έναρμόνια δια
λόγου και θεωρίας, ήτοι πίστεως και αγάπης όργανα κατασκευάσαντες,
τω θεώ θυσίας αίνέσεως άνοίσουσι θελητάς, ενδοθεν μέν τον νουν άρρήτοις
έπιψαυόμενοι του πνεύματος έπαφαΐς, λογικήν δέ λατρείαν και αϊσιον
αΐνον δια στόματος άνακρουόμενοι.
100 Επειδή οδν ταΰθ' οοτω καλώς εϊρηται, φέρε δή λοιπόν έπ' αυτήν ήδη
τών θεοπνεύστων ψαλμών χωρώμεν την αρχήν. Πρότερον δέ τίς ή περιοχή
εΐτ' οδν ύπόθεσις του προκειμένου διασκεψώμεθα ψαλμού* αΰτη γαρ επί
πάντων οία σκοπός εύστόχως προανακηρυττομένη σαφή και εύέφοδον τήν
κατά μέρος έξήγησιν γίνεσθαι παρασκευάζει' και προς αυτήν άφορώντες δ τε
f. 3 τών λογίων εξηγητής δ τε τούτων ακροατής και προς || τον σκοπόν τήν
δλην τής ερμηνείας κατευθύνοντες άκολουθίαν ουποτ' αν ευχερώς διαμάρτοιεν
τής αληθείας.
74 cf. Gen. 4, 21 75 cf. 1 Par. 16, 4-42 86 cf. Ex. 32 87 cf. Gen. 9, 4-6
et Lév. 17, 11-14 88 cf. Lév. 1-7 | cf. Rom. 12, 1 96 1 Thess. 3, 6; 5, 8; 1
LE COMMENTAIRE SUR LES PSAUMES DE NICÉTAS DAVID 277
Voici la raison pour laquelle les hymnes et les louanges dont nous parlons
ont reçu le nom de psaumes : les instruments de musique étaient précisément le
psaltérion lui-même, la cithare, la lyre, la harpe et les instruments analogues ; ils
avaient été inventés autrefois pour le plaisir des hommes par Ioubal fils de
Lamech, comme le raconte l'Ecriture ; ces instruments, le roi David leur a donné
une nouvelle vie ; il voulait, en tant qu'ami de Dieu et ami de l'homme, s'adjoindre
beaucoup de participants à la louange divine et de cette manière rendre souvent
grâce à Dieu et faire monter le caractère dissonant et frivole de la masse des
hommes vers la sainte piété ; il pensait qu'il fallait redonner vie de manière
sérieuse aux instruments de musique ci-dessus cités ; il s'accompagnait sur ces
instruments, il en jouait, il les touchait par le contact des doigts et eux faisaient
un écho harmonieux ; David chantait les hymnes qu'il avait composés, en provo
quant la joie de tout le peuple par son inspiration. Donc ces chants, on les appelait
psaumes, parce qu'on utilisait en général pour la cantilation l'instrument psal
térion. Mais si David agissait ainsi, ce n'est pas du tout qu'il croyait que Dieu
prît plaisir à ces notes.
En fait il agissait comme le bienheureux Moïse avant lui, lorsqu'il faisait
l'éducation du jeune Israël : comme il ne lui était pas possible de détacher Israël
de l'idolâtrie et de la consommation défendue du sang en faisant autrement, il
admet les sacrifices, mais il impose comme loi de les offrir à Dieu ; car il savait
que, puisque le culte spirituel se manifesterait en temps opportun, les sacrifices
d'animaux eux aussi deviendraient inutiles en leur lettre. Le divin David agissait
de la même manière : quand il se rendit compte que l'âme humaine prenait plaisir
aux modes et notes de la musique instrumentale, il recommanda d'adresser des
hymnes à Dieu en s 'accompagnant des instruments susdits ; son but était le
suivant : faire que les hommes en ce temps -là soient poussés à chanter des hymnes,
sinon dans un but de piété, du moins par plaisir de la mélodie ; ensuite, lorsque
ce sera le moment, pleins de mépris pour l'accompagnement de notes instru
mentales, les chanteurs, s 'étant transformés eux-mêmes en instruments rationnels,
sensibles, bien rythmés, harmonieux, grâce à l'activité de leur raison et de la
contemplation, c'est-à-dire de leur foi et de leur charité, les chanteurs offriront
à Dieu des sacrifices volontaires de louange ; car leur intelligence au-dedans
est touchée par le contact ineffable de l'Esprit et ils préludent par leur bouche
un culte rationnel et une louange appropriée.
Donc, étant donné que cette question est ainsi réglée correctement, eh bien, arr
ivons-en maintenant au commencement même des psaumes inspirés. Tout d'abord
examinons quel est le contenu, c'est-à-dire l'argument du psaume que nous lisons ;
cet argument, s'il est énoncé en tête, pour tous les psaumes, avec sagacité, comme
but, rend l'exégèse de détail claire et facile. Et si l'exégète des dits, tout comme
leur auditeur, garde les yeux fixés sur cet argument, s'il accorde avec ce but la suite
logique de l'interprétation, il ne pourra jamais facilement s'égarer hors de la vérité.
Ainsi donc le premier psaume nous paraît indiquer un double but : il prédit
la révélation de celui qui est vraiment bienheureux, du plus saint de tous les saints,
et il prophétise la ruine de ses adversaires, en tant qu'impies ; mais en même
temps il nous annonce à l'avance l'esquisse de la vie très parfaite et très digne
des saints ; il fallait en effet que le psaume qui sert de fondation et de principe
de piété pour les hymnes et les enseignements divins, le psaume qui est parfait,
le psaume qui peut initier les apprentis à la perfection d'une manière qui convient
à Dieu, il fallait que ce psaume leur annonçât la perfection de la vie selon Dieu,
afin qu'ils regardent vers elle, car elle est le terme de toute vertu, et qu'ils se
hâtent vers elle en droite ligne.
Donc, ce que plus tard le premier et le seul initiateur de l'univers, le Christ,
accomplissait en commençant l'initiation évangélique pour les saints disciples,
cela, l'Esprit du Christ le devance ici et l'accomplit dans l'exorde des psaumes;
toutes les lois que le Seigneur expose à la manière de l'Evangile, de façon multiple,
en développant dans ces textes la parole de Dieu à l'aide de l'ensemble des béati
tudes, toutes ces lois, l'Esprit Saint en fait ici le sommaire ; il les énonce et les
ramasse en une formule unique à cause de ceux qui ne pouvaient pas encore
admettre un enseignement développé ; il les recommande de manière concise :
il dit qu'est heureux celui qui s'écarte du mal du péché, celui qui s'attache au
bien de la loi divine ; oui, sont établis ici le total abandon des impies, des pécheurs
et des fléaux, la volonté et le désir intenses et attentifs à la loi du Seigneur, les
sincères méditation et exercice de l'âme dans la loi nuit et jour, autrement dit
pendant la vie entière, rien d 'autre, à notre avis du moins, que la vie et la conduite
les plus évangéliques, vie et conduite que précisément, à cause de la participation
à la bonté théarchique et au nom divin d'heureux, Dieu, qui est heureux par
nature, tient en estime.
En effet le Dieu de l'univers est bon, juste, saint et sage, par nature, au sens
propre et véritablement, dans la mesure où il est créateur et dispensateur de toute
bonté, de toute justice, de toute sainteté et de toute sagesse ; en second lieu, par
la grâce qui jaillit surabondamment de lui, il rend ceux qui prennent part à lui
bons, justes, saints et sages en proportion de la perfection de leur vertu ; de la
même façon, ce Dieu qui est heureux par nature et originairement, ce Dieu qui
est le seul Dieu, qui est unique, qui est, est toujours, est de la même manière et
est au-delà de l'être, lui, l'essence en soi au-delà de l'essence, la divinité en soi
au-delà du divin, la bonté en soi au-delà du bien, le principe qui vit toujours,
éternel, qui est au-delà de tout principe, lui qui est vraiment parfait et qui est
l'initiateur de toute la perfection des initiés, lui qui dépasse et surpasse toute
bassesse et humilité terrestres, lui qui transcende supersubstantiellement et super-
naturellement toute substance et toute nature, lui qui demeure d'une manière
280 G. DORIVAL
152-154 Ps. 1, 1-2 159 cf. Me 3, 17 167 cf. Hébr. 2, 17 168 cf. Matth.
23, 10 | cf. Jn 10, 11 169 Act. 9, 15 169-170 Ex. 19, 6 cité par 1 Pierre 2, 5
et 9
LE COMMENTAIRE SUR LES PSAUMES DE NICÉTAS DAVID 281
Heureux Γ homme qui n'a pas cheminé dans la volonté des impies, qui ne s'est
pas trouvé sur la voie des pécheurs, qui ne s'est pas assis sur le siège des fléaux,
mais dont la volonté est dans la loi du Seigneur et qui méditera dans sa loi nuit
et jour.
L'esprit vraiment heureux, divin et pleinement saint, la voix grande et céleste
de la vérité, le flambeau très éclatant ou plutôt hyperéclatant de l'église, le
suprême initiateur, le suprême hiérarque, le passeur suprêmement savant qui
nous apporte les illuminations hyperlumineuses, l'exégète suprêmement estimable
des splendeurs hyperbelles, le second fils du tonnerre céleste, l'homme qui expli
quait avec des expressions divines et abondantes les doctrines divines que nous
avait exposées dans une formule unique et de manière brève le premier fils du
tonnerre53, celui qui comprenait la ténèbre secrète du silence initiatique parce
qu'il se trouvait hors de toute sensation, de toute pensée, en un mot de tout ce
qui est, celui qui avait accédé à la profondeur de l'hyperinconnaissable, celui qui,
grâce à l'aveuglement et à l 'inconnaissance hyperlumineux, connaissait par
lui-même la connaissance de l'hyperinconnaissable au-delà de l'esprit, celui qui
nous illuminait nous aussi par ses paroles divines comme par des éclairs multiples,
Lui, le grand prêtre le plus saint après notre grand hiérarque, le maître le plus
saint après le premier guide, le beau berger le plus saint après le beau chef des
bergers, le second vase d'élection, le grand (Basile) vraiment royal, le sacerdoce
royal, lui qui tient son nom de la royauté de Dieu, dont il porte le nom,
C'est lui qui, en se servant de sa langue mue par Dieu dans de très nombreuses
exégèses des Ecritures sacrées, et tout particulièrement ici dans l'exorde des
psaumes54, a illuminé notre esprit d'une manière remarquable par ses paroles
divines ; et s'il lui était arrivé de réaliser son projet, qui consistait à expliquer
toute l'Ecriture des psaumes sacrés, il ne serait sans doute plus besoin ni de nous
53. Le premier fils du tonnerre est Jean, fils de Zébédée (selon Marc 3, 7), que les
auteurs patristiques identifient traditionnellement à Jean l'Evangéliste. La doctrine
exposée dans une formule unique est sans aucun doute « Au commencement était le
logos» {Jean 1,1); cette doctrine, Basile l'a expliquée amplement dans son Homélie 16
{PG 31, 472-481). C'est la raison pour laquelle il peut recevoir le titre de deuxième fils
du tonnerre : il est le frère en théologie de Jean.
54. L'Homélie 1 sur les psaumes {PG 29, 209-228) de Basile consiste en une préface
méthodologique au psautier et un commentaire du seul verset 1 du psaume 1, F« exorde »
du psaume.
282 G. DORIVAL
195 Μακάριος άνήρ δς ονκ επορενθη εν βονλ-η άσεβων και εν όδω αμαρτωλών
ουκ εστη καΐ επι καθέδραν λοιμών ονκ έκάθισεν.
Τών τεχνιτών έκαστος το κατά την αύτου τέχνην έργον εύφυώς άπαρτίσαι
προτιθέμενος πρώτον τα έπιπροσθοϋντα και τήν του γινομένου μορφήν
περικαλύπτοντα μηχανάται περιελεΐν, εϊτα ταΐς παρ' εαυτού τεχνουργίαις
200 κατά | τήν έπιτηδειότητα του προκειμένου τας αρμόζουσας επιμελείας
έπιβάλλων ούτως εις φώς άγει το σπουδασθέν τοΰτο και ό πατήρ ημών ό
εν τοις ούρανοΐς, 6 πνευματικώς ημάς άναγεννών τω θεώ λόγος, δια του
προοιμίου τούδε βαθέως παραδείκνυσιν άμωμους γαρ και τελείους έαυτω
παρισταν βεβουλημένος πρώτον άποδιαστέλλει του χείρονος και ούτω
205 τω κρείττονι προσάγεται, πρώτον έκκλίνειν άπό του κακοΰ παρεγγυα,
είτα τό αγαθόν υποτίθεται ποιεΐν και γαρ ουδέ δυνατόν όλως είναι τήν της
αρετής οίκοδομίαν της κατ' αυτήν εύστοχήσαι τελειότητος, ει μή τα της
κακίας ι'χνη εκ βάθους καρδίας εις τέλος άνασκευασθείη τε και έξαρθείη.
Αύτη μέν ούν καθ' αυτήν ή κακία ούτ' αρχήν ούτε τέλος ώς αόριστος τε
210 και άτακτος έχουσα εν τοις έργαζομένοις αυτήν και αμφότερα έ'χειν υποκρίν
εται.
ni d'autres pour cette entreprise ; tant était spirituelle, divine et, pourrait-on dire,
céleste, la manière dont cet esprit céleste comprenait les choses divines.
Mais, parce qu'il s'étendait sur d'autres enseignements et mystères divins et
mystérieux, il ne réalisa pas cette exégèse55 ; peut-être aussi l'époque et les géné
rations des hommes de ce temps-là avaient-elles été jugées indignes de la révélation
des sciences sacrées cachées dans ces écritures sacrées ; aussi ne me considérera-
t-on peut-être pas comme audacieux ni extravagant si, moi qui ai reçu des semences
si belles de la part d'un tel jardinier, j'entreprends d'en multiplier les fruits; et
peut-être n'encourrais-je, de sa part à lui, comme de la part de tout homme
bon et sensé, aucune critique ; je crois plutôt que l'on m'adressera des louanges
si, moi qui ai reçu du père divin des éléments d'une telle valeur et si magnifiques,
j'ai l'espoir de compléter la lacune de Basile.
Ainsi donc invoquons la source de toutes les illuminations et connaissances
par l'intercession de la prière de Basile et de tous les saints ; et, grâce au sens
qui nous a été dispensé par la trinité hyperbonne, passons à l'explication des
versets.
Je vous demande, ô hommes pieux, de m 'accorder une attention résolue,
intelligente et droite, une ouïe fine et docile, et d'appliquer avec discernement
votre esprit aux paroles de l'Ecriture.
Heureux Γ homme qui n'a pas cheminé dans la volonté des impies, qui ne s'est pas
trouvé sur la voie des pécheurs, qui ne s'est pas assis sur le siège des fléaux.
Chacun des artisans qui se propose d'exécuter correctement le travail de son
art entreprend d'abord d'ôter ce qui cache et dissimule la forme de l'objet à
venir ; puis il applique à ses créations les soins adaptés selon le caractère propre
de ce qu'il se propose et de cette manière il amène à la lumière ce qu'il a entrepris ;
c'est cela que notre Père qui est aux deux, le logos qui nous régénère spirituell
ement pour Dieu, montre avec profondeur dans cet exorde ; Dieu, qui voulait
produire pour lui-même des hommes irréprochables et parfaits, sépare d'abord
du mal et ainsi amène au bien ; il recommande d'abord de s'écarter du mal, puis
conseille de faire le bien ; de fait il est absolument impossible que la demeure
de la vertu atteigne la perfection de la vertu, si les traces de la méchanceté ne
sont pas détruites et extirpées du fond du cœur pour finir.
Plus précisément, la méchanceté, prise en tant que telle, n'a ni commencement
ni fin, dans la mesure où elle est non-définie et non-ordonnée ; mais, en ceux
qui l'accomplissent, elle feint d'avoir l'un et l'autre.
55. Basile n'a commenté (sous forme d'homélies) que quelques psaumes. Sur les
17 homélies qui nous ont été transmises sous son nom, seules 14 sont considérées comme
authentiques (sur les psaumes 1, 7, Ubis, 28, 29, 32, 33, 44, 45, 48, 59, 61 et 114).
284 G. DORIVAL
Και καθάπερ επί του άγαθοΰ πρώτον οίον αρχή τις και πρώτη κίνησις
προς τόν κατά θεόν βίον ή προς τούτο γίνεται βουλή, είτα της του καλού
f. 5 βουλής ενεργούμενης και ώσπερ || όδόν τίνα και δρόμον τας κατ' αυτήν
215 έξανυούσης πράξεις, έπειδαν υπερβάσα τήν μεσότητα προς τω άκρω γένηται
τη τελειότητι προσβαίνει της αρετής, οΰτως ή αμαρτία και το κακόν,
μάλλον δε ό έργον τδ άνομεΐν προτιθέμενος αυτό, άπό βουλής άρξάμενος
πρότερον πονηράς και δια πάσης όδου και πράξεως άνομου προκεκοφώς,
εις τήν αναλογούσαν ταΐς κατ' αυτόν ένεργείαις τελειότητα δηλαδή τω
220 χρόνω μή έπικοπτόμενος καταντά.
Ή μεν ούν αρχή του κακοΰ βουλή εϊρηται άσεβων οδός δε αμαρτωλών,
ή τών ανόμων μεταξύ τής αρχής και τοϋ τέλους θεωρούμενη τρίβος* λοιμών
δε καθέδρα, ή καθ' εξιν τινά δυσκίνητον ή άκίνητον τής κακίας προσεδρεία
και οιονεί τελεσιουργία δι' άκρας του κακοΰ μετοχής τοις τής άπωλείας
225 υίοΐς έγγινομένη προσηγόρευται.
Το δε τής ασεβείας όνομα κυριώτερον μέν επί τών πολυθεΐαν ή άθείαν
πρεσβευόντων θεωρείται* πολλαχοΰ δε τής γραφής και επί τών | δυσσε-
βούντων αίρεσιωτών και επί τών άχρι χειλέων μόνον εύσεβεΐν ο ίο μένων,
βίω δε και τοις εργοις τήν εύσέβειαν άπηρνημένων, τουνομα τάττεται.
230 Αμαρτωλοί δε εμπαλιν κυρίως μέν οι πιστεύειν ορθώς λέγοντες, τοις
δε έ'ργοις αρνούμενοι* καταχρηστικώτερον δε και οί περί τήν πίστιν άθε-
τοΰντες αμαρτωλοί κατονομάζονται' λοιμοί δε ομοίως οι κατ' άμφω το
άκρον κεκληρωμένοι τής κακίας επί τοσούτον ώστε μή μόνους αυτούς άπόλ-
λυσθαι βούλεσθαι άλλα πάσι τρόποις και τους εγγίζοντας αύτοΐς προς τόν
235 κατ' αυτούς του πτώματος ολισθον συνεπωθεΐν.
Μακάριος ούν άνθρωπος δς τών είρημένων τριών καθάπαξ τήν κοινωνίαν
άπεστράφη μήτε τη τών ασεβών έπακολουθήσας βουλή μήτε τή όδω τών
αμαρτωλών το τής διανοίας έπιστηρίσας 'ίχνος μήτ' ουν ταΐς καθέδραις
συνεδριάσας τών λοιμών.
240 Δόξειε μεν ούν ϊσως τισί κυριώτερον είναι φάναι το μή στήναι μέν επί
τής βουλής, το μή πορευθήναι δε επί τής όδοΰ ώστε μακάριον είναι λέγειν
f. 5ν τόν μήτε κατά τήν βουλήν στηρι||χθέντα μήτε κατά τήν όδόν πορευθέντα
τών κακών.
Τίνος ούν ένεκεν ούτω ταΐς λέξεσιν έχρήσατο, σφόδρα προσφυώς, έμοί
245 γοΰν δοκούν, και τής ακριβείας τοΰ πνεύματος άξίως ; Μακαρίζει γαρ ου
τόν εν τή βουλή μή στάντα τών ασεβών, άλλα τόν μηδέ τήν αρχήν πεπορευμέ-
νον εκεί όπου κατά τοΰ θεοΰ ή τής εντολής αύτοΰ βουλή ήτοι διάσκεψις
συνίσταται, ώστε μηδέ τήν πρώτην ει δυνατόν τοΰ κακοΰ ταΐς άκοαΐς
224-225 cf. Jn 17, 12; 2 Thess. 2, 3 227-228 cf. 2 Tim. 2, 16-18 228-
LE COMMENTAIRE SUR LES PSAUMES DE NICÉTAS DAVID 285
Et, en ce qui concerne le bien, c'est tout d'abord la volonté dirigée vers lui
qui est comme le commencement et le premier mouvement vers la vie divine;
ensuite, quand la volonté du bien accomplit et achève ses actions comme une
route et un chemin, alors, toutes les fois qu'elle dépasse la moyenne et atteint
le sommet, elle parvient à la perfection de la vertu ; de la même façon, le péché
et le mal, ou plus exactement celui qui se propose comme œuvre précisément de
faire l'iniquité, commence d'abord par la volonté mauvaise; il avance par toutes
les voies et les actions iniques et aboutit, sans éprouver de regret, à la perfection
proportionnée à ses actes, autrement dit au temps.
Donc c'est le commencement du mal qui est appelé volonté des impies ; la
voie des pécheurs, c'est le cheminement des iniques que l'on observe entre le
commencement et la fin ; le siège des fléaux, c'est ainsi que se trouve appelée
l'assiduité à la méchanceté sur le mode d'une disposition difficile ou impossible
à modifier, ainsi que, pour ainsi dire, son accomplissement qui, par suite de la
participation totale au mal, se fixe chez les fils de la perdition.
Quant au nom d'impiété, il s'applique au sens propre aux hommes qui cultivent
le polythéisme ou l'athéisme ; mais en beaucoup de passages de l'Ecriture, le
nom est attribué aux hérétiques à la piété pervertie et à ceux qui projettent d'être
pieux seulement des lèvres, mais qui, dans la vie et par leurs actes, renient la piété.
A l'inverse les pécheurs au sens propre sont ceux qui disent qu'ils ont une
foi droite, mais qui la renient par leurs actes ; mais on dénomme aussi pécheurs,
en un sens large, ceux qui sont des négateurs de la foi. Il en va de même en ce qui
concerne les fléaux : ce sont ceux qui ont hérité à un double titre du degré extrême
de la méchanceté, à tel point qu'ils ne veulent pas être les seuls à se perdre, mais
que, par tous les moyens, ils entraînent aussi ceux qui s'approchent d'eux à
glisser avec eux-mêmes dans leur chute.
Heureux, par conséquent, l'homme qui s'est détourné une fois pour toutes
de la participation aux trois catégories susdites, qui n'a pas suivi la volonté des
impies, dont la pensée n'a pas fixé le pied sur la voie des pécheurs, qui n'a pas
siégé sur le siège des fléaux.
Or, pour certains, il serait sans doute plus conforme au sens propre de dire
ceci : d'une part ne pas se trouver dans la volonté, d'autre part ne pas cheminer
sur la voie ; dès lors il faudrait dire qu'est heureux celui qui ne s'est pas fixé
en ce qui concerne la volonté et qui n'a pas cheminé en ce qui concerne la voie
des méchants.
Pourquoi donc le psalmiste a-t-il utilisé de telles expressions, d'une manière
que je trouve tout à fait appropriée et digne de l'acribie de l'Esprit ? Car David
proclame heureux, non pas celui qui ne s'est pas trouvé dans la volonté des
impies, mais celui qui n'a absolument pas cheminé là où se forme la volonté
(ou l'esprit de doute) contre Dieu et son commandement; aussi n'accueillera-t-il
même pas le premier assaut du mal contre ses oreilles, s'il est possible qu'il se
259-260 Ps. 1, 2 261-262 Sir. 33, 15b 276-278 Rom. 8, 2 281 cf. Jn
1, 29
LE COMMENTAIRE SUR LES PSAUMES DE NICÉTAS DAVID 287
produise ; il proclame heureux, non pas celui qui n'a pas cheminé sur la voie
des pécheurs, non pas celui qui ne l'a pas parcourue en entier, mais celui dont
l'âme n'a pas du tout posé ni fixé le pied sur elle; car un tel homme, qui est à
ce point purement et saintement à l'écart de la ruine des fléaux, est vraiment
attaché au bien ; et de fait celui qui a combattu très courageusement contre
l'emprise du péché et qui a coupé la tête du serpent, celui-là ne s'inquiétera pas
du tout des replis ou des enroulements que font la queue et le terme de la méchanc
eté.
Et, en ce genre d'hommes, le divin logos a enlevé la perversité qui aveugle
l'âme, ainsi que l'inaptitude aux représentations dignes de Dieu; aussitôt à la
suite il fait resplendir la beauté de la vertu en ces termes :
Mais dans la loi du Seigneur (se trouve) sa volonté et dans sa loi il méditera
jour et nuit.
Puisque, selon le mot de l'auteur du livre des Proverbes56, (les choses vont)
deux par deux et se trouvent Γ une en face de Vautre (et de fait le haut s'oppose
au bas, la droite à la gauche, le bien au mal), inévitablement l'homme, qui se
meut de lui-même par nature, qui se dirige vers la vertu et la méchanceté selon
des inclinations volontaires, choisit tantôt le bien, tantôt le mal ; inévitablement,
comme il suit tantôt la loi de l'Esprit tantôt celle de la chair, en proportion de
l'inclination de son libre-arbitre, il consacre son zèle à ce qui lui plaît. Ainsi donc
celui qui se trouve purifié de la méchanceté selon la manière susdite, une fois
que toi, Dieu, tu as débarrassé dans le Christ Jésus toute la partie passionnée
de son âme des activités et des genres de vie divisibles et aux passions multiples,
alors inévitablement il s'attache au logos indivisible, impassible et immuable
avec un désir inflexible et indéfectible; or le désir chez lui est le combustible
d'un désir plus grand ; à son tour ce dernier est le combustible d'un désir supérieur,
et celui-ci d'un désir plus élevé ; il devient ainsi un fondement, comme dans
une échelle ; et un amour plus divin est allumé par l'amour qui est plus bas ;
jour après jour, il sait élever l'âme amie de Dieu vers la perfection.
Ce logos est la loi de Dieu, la loi de l'Esprit de la vie, qui dans le Christ Jésus
m'a délivré, comme le dit le divin Apôtre, de la loi du péché et de la mort, la loi
du Seigneur qui est irréprochable, celui qui, depuis longtemps, convertit les âmes
infantiles et imparfaites grâce à des types obscurs, des sacrifices variés, des activités
symboliques très diverses, celui qui, plus tard, aujourd'hui, par l'agneau de Dieu
56. La tradition patristique attribue les Proverbes à Salomon et le Siracide (ou Sagesse
de Sirach) à Jésus fils de Sirach. Nicétas David, en attribuant au premier ce qui est une
citation du second, commet une erreur. Peut-être peut-on l'expliquer en remarquant
que l'extrait du Siracide donné ici est un proverbe qui, à ce titre, pourrait avoir sa place
dans le livre des Proverbes; Nicétas David n'a pas soigné sa référence.
288 G. DORIVAL
qui enlève le péché du monde, institue comme loi des sacrifices bien supérieurs,
spirituels et saints, celui qui élève au-dessus de la bassesse des représentations
et des ombres figurées et matérielles, celui qui fait passer à la connaissance sans
figure, sans forme, simple et unitive de la vérité.
Or celui qui a tendu purement la volonté propre de son âme vers la mise en
action et la contemplation d'une telle loi, avec la foi en Jésus-Christ et avec son
aide, celui qui, jour et nuit, c'est-à-dire toute la durée de sa vie, a passé son temps
en elle continuellement et activement, en méditant et en approfondissant la divine
volonté, à qui sera-t-il comparé et quel sera pour lui le terme de son inébranlable
occupation en cela ? Ecoutons-le.
Et il sera comme Γ arbre planté le long des voies d'eaux, qui donne son fruit en
son temps et dont le feuillage ne tombera pas; et tout ce qu'il fera réussira.
Voici ce que dit l'Ecriture : lorsqu'un arbre ne se trouve pas dans une terre
sèche et infertile, mais qu'il est planté auprès de cours d'eau, lorsque, grâce à
l'humidité bien mesurée qui en émane, il enrichit et nourrit en bas ses racines
et lorsqu'il est réchauffé en haut par les rayons du soleil et par la pluie du ciel
et qu'ainsi il est rendu fécond, il produit son fruit au bon moment.
11 en est de même pour celui qui, grâce aux méditations, immerge son esprit
dans les dits de Dieu et la loi du Seigneur : tel un arbre raisonnable planté dans
le paradis de Dieu et enraciné dans l'église de Dieu, il enrichit la profondeur de
son cœur grâce aux contemplations et aux paroles très divines de l'Ecriture, ainsi
que grâce aux révélations de l'Esprit saint, qui sont comme des irrigations toujours
vives et perpétuelles ; il est illuminé par le Christ divin, comme par le soleil, il
est humecté de pluie, c'est-à-dire vivifié, par ses bienfaits célestes, il fait sortir
le fruit mûr et nourricier du logos qui est produit par l'action et la contemp
lation et, au moment opportun, il le tend à ceux qui le méritent pour qu'ils le
partagent.
Mais la frondaison florissante des feuilles de nos arbres a une existence éphémère
et par nature fugitive ; aussi elle tombe vite et choit sur la terre tous les ans ; au
contraire l'arbre raisonnable et intelligent est en lui-même supérieur à la corrup
tion et son fruit est impérissable, lui qui est offert comme une nourriture au
jardinier de l'univers; c'est pourquoi la gloire et la grâce, qui l'accompagnent
comme une parure de feuilles intelligibles, demeurent sans connaître le moindre
amoindrissement, ni la moindre chute, et durent aussi longtemps que le long
intervalle du siècle.
Et, étant donné que tout ce qu'un tel homme choisit de faire, il ne le fait pas
pour son plaisir, mais que, tout entier hors de lui-même, tout entier appartenant
au Dieu qui l'instruit de sa loi, il règle tout sur la volonté et le commandement
292-294 Ps. 1, 3
290 G. DORIVAL
320 τούτου δή χάριν προς πασαν αύτοϋ πράξιν κατευοδουται και συνεργεϊται
προς θεοΰ.
Μέχρι μεν τούτου τον θεοπρεπή βίον και τέλειον εν θαυμάσια βραχυλογία
διατετυπωκώς, επειδή δια της του εναντίου παραθέσεως τό εναντίον σαφέστε-
f. 7 ρον | διαγινώσκεται, των άσεβων εφεξής ύποφητεύει την καταστροφήν
325 ούτω λέγων.
αλλ'
Ούχ όντως οι ασεβείς ονχ όντως η ώσεϊ χνοϋς δν εκρίπτει άνεμος
από πρόσωπον της γης' δια τοντο ονκ άναστήσονται ασεβείς εν κρίσει
ονδε αμαρτωλοί εν βονλη δικαίων.
"Εστί περίσσεια τω σοφω νπερ τον άφρονα, φησίν ό εκκλησιαστής,
330 ώς περίσσεια τον φωτός νπερ το σκότος' και γαρ ώσπερ τό ήλιακόν τόδε
φως, της αισθητής κτίσεως τό κάλλιστον πέλον και τερπνότατον, ου φωτίζει
και περιθάλπει μόνον, άλλα και ζωογόνον τινά τοις γινομένοις δύναμιν
ένίησι και διακρίνει και ένοΐ και άνανεοΐ και άναθάλλειν ποιεί και ήδεσθαι
και ζήν, πάν δε τουναντίον εν τω άντικειμένω θεωρείται σκότω* σκοτοΐ
335 γαρ πασαν όψιν και ψύχει και μαραίνει και άγονα δρα και συγκρίνει και
παλαιοί και κατασήπει και άηδίζει και κατανεκροΐ" ούτω δή και τοις
μακαρίοις και τοις άσεβέσιν άντιδιεσταλμένη κατά διάμετρον εκεί καθέστη-
κεν ή διατριβή, ώσ|περ αύτοΐς ό βίος καν τω νυν αίώνι πολύ κατά πάντα
διεστήκει τρόπον.
340 Τοις μεν γαρ μετά τήν εντεύθεν έκδημίαν φώς ούράνιόν τε και άυλον
και άδιάδοχον έπανατέλλει και ή τούτω συνεζευγμένη διηνεκής ευφροσύνη
και άνεκλάλητος χαρά, τους ασεβείς δε σκότος εξώτερον εντεύθεν διαδέχεται
τουτέστι βαθύτατον και ζοφερώτατον ώσπερ γαρ τα μεν δια καθαρωτάτου
αέρος και διαφανούς ύλης τω αισθητω φωτί περιλαμπόμενα σώματα κατα-
345 φωτίζεται, δσα δ' αν τύχοι παχυτέροις σώμασιν υποκείμενα σκοτίζεται
και αναλόγως της των έπιπροσθούντων παχύτητος τον ζόφον υποδύεται,
οΰτω ψυχαί πάσαι νου και λόγου μετασχουσαι, δσαι μεν ουδέν γήινον
ουδέν πάχος είτ' οδν άχθος κακίας δια πονηρών έπισύρονται πράξεων,
λεπταί δε και κοΰφαι και θεοειδεΐς ή άγαθοειδεΐς και καθαραί του νυν
350 αιώνος έκδημοΰσιν, έ'σω περί τον των Ολων θεόν τό άληθινόν και άρχίφωτον
f 7ν αναλαμβάνονται φώς και της ύπερφαους αύτοΰ κρυφιό||τητος και λαμπρό-
τητος αναλόγως της αυτών καθαρότητος κατατρυφώσιν δσαι δε πολλω τω
οΰποτ'
βάρει και
αν τό
πάχει
άληθινόν
τών άσεβημάτων
καταθεάσασθαι
κατασπώμεναι
δύναιντο φώς*
λυθεΐεν
ουδείςτου
γαρσώματος,
τών μη
355 καλώς εντεύθεν και άξίως εκείνου του φωτός παρεσκευασμένων εκεί, ουδέ
326-328 Ps. 1, 4-5 329-330 Eccl. 2, 13 342 cf. 1 Pierre 1, 8 | cf. Matth. 8,
LE COMMENTAIRE SUR LES PSAUMES DE NICÉTAS DAVID 291
de Dieu, et voilà pourquoi, dans toute son activité, il réussit et il reçoit l'aide
de Dieu.
Jusqu'ici le psalmiste a décrit dans une expression admirablement concise la
vie divine et parfaite ; mais, étant donné que le contraire est compris plus clairement
par la comparaison du contraire, le psalmiste prophétise à la suite la ruine des
impies en ces termes :
// n'en va pas de même des impies, il n'en va pas de même, mais ils sont comme
la baie qu'emporte le vent depuis la terre; voilà pourquoi les impies ne ressusciteront
pas au moment du jugement, ni les pécheurs dans le conseil des justes.
Il y a, dit l'Ecclésiaste, supériorité du sage sur le fou, comme il y a supériorité
de la lumière sur Γ obscurité ; de fait cette lumière du soleil, la réalité la plus belle
et la plus agréable de la création sensible, n'éclaire pas et ne chauffe pas seulement,
mais elle envoie aussi une puissance de fécondité dans les êtres ; elle sépare,
donne l'unité, renouvelle, fait refleurir, crée l'agrément, fait vivre, tandis que
c'est tout le contraire qu'on constate dans le cas de l'obscurité qui s'oppose à
la lumière : elle obscurcit toute vision, elle refroidit, elle affaiblit, elle rend stérile,
elle opère la confusion, elle vieillit, elle pourrit, elle cause le désagrément, elle
fait mourir ; il en va de même pour les heureux et les impies : leur existence dans
l'autre monde est présentée de manière contradictoire, diamétralement opposée,
tout comme leur vie dans ce siècle-ci différait de toutes les façons.
En effet, pour les premiers, après le départ d'ici-bas, il y a la lumière céleste,
immatérielle et perpétuelle qui se lève et, couplés avec elle, la joie continue et le
plaisir inexprimable; les impies, eux, c'est l'obscurité extérieure, c'est-à-dire très
profonde et très ténébreuse, qui les accueille au sortir d'ici-bas. Car, de même
que, sous l'effet de l'air très pur et de la matière diaphane, les corps resplendissent
de lumière sensible et sont illuminés, mais que tout ce qui se trouve soumis à
des corps épais est obscur et revêt la ténèbre proportionnellement à l'épaisseur
de ce qui s'interpose, de même pour toutes les âmes qui ont eu part à l'esprit
et au logos : toutes celles qui ne traînent rien de terrestre, aucune épaisseur,
c'est-à-dire aucun poids dû à la méchanceté, sous l'effet d'actes mauvais, mais
qui quittent le monde d'aujourd'hui en étant subtiles, légères, semblables à Dieu
ou au bien, pures, toutes ces âmes sont enlevées jusqu'à la lumière véritable,
principe de la lumière, du Dieu de l'univers et elles jouissent de son secret hyper-
lumineux, ainsi que de sa splendeur, proportionnellement à leur pureté; mais
toutes les âmes qui sont délivrées du corps, alors qu'elles sont attirées vers le
bas par le formidable poids et la formidable pesanteur de leurs impiétés, toutes
ces âmes ne pourront jamais contempler la lumière véritable ; car aucun de ceux
qui n'ont pas ici-bas subi un entraînement beau et digne de cette lumière de
là-haut, aucun de ceux qui n'ont pas conformé l'homme intérieur au fils de la
των μη ταΐς ίεραΐς άκτΐσι της θεογενεσίας δια πίστεως ακραιφνούς και
πολιτείας ειλικρινούς εις υίον φωτός και ημέρας τον εντός άνθρωπον κατηρ-
τισμένων τω ύπερφαεστάτω της μεγαλοπρεπούς δόξης εκείνης ένατενίσαι
φωτί, κάν δτι μάλιστα την άρετήν εντεύθεν ύποκρινόμενος και τοις των
360 ανθρώπων έπαίνοις μετεωριζόμενος, εαυτόν τοις υίοΐς παρενείροι τοϋ
φωτός κεναΐς έλπίσιν έξαπατώμενος' κατ' άναλογίαν δέ της αύτοΰ πονηρίας
έκαστος και της ένδοτάτω των μακαρίων φωτοειδους καταστάσεως άποπε-
σεΐται και τον εξώτερον ήτοι βάθιστον των άσεβων κατακριθήσεται | σκότον
εις δν χνοός τρόπον άτίμως έκριπτόμενος έξαπολεΐται.
365 Και γαρ ώσπερ ό κατά τας λεωφόρους των ανθρώπων τοις ποσί λεπτυ-
νόμενος χνοΰς, βιαίας ανέμου θυέλλης και καταιγίδος αθρόως έμπεσούσης,
αίρεται θάττον ή λόγος και της των όρώντων βψεως απορρίπτεται και
άπόλλυται, ούτως εν ήμερα θεού κρίσεως και επισκοπής, άναστήσονται
μεν πάντες ευσεβείς τε ομοίως και ασεβείς δτι σύμπαν το ποίημα, φησίν,
370 αξει δ θεός εις κρίσιν.
Πώς ούν ενταύθα δια τοντο εφη ουκ άναστήσονται ασεβείς εν κρίσει ;
*Η δήλον ώς ούκ άναστήσονται εις ανάστασιν ζωής άλλ' εις άνάστασιν
κρίσεως ;
"Ωστε κατά το άκόλουθον διττή ν ήγητέον την άνάστασιν, την μέν κοινή ν
375 και πασιν ομοίως εθνεσι, πάσιν άνθρώποις δικαίοις τε και άδίκοις άνωθεν
ήξειν δια της εσχάτης σάλπιγγος προσδοκωμένην, την εκ γης χώματος,
λέγω μετά σώματος παλινζωίαν.
"Αλλη δέ ταύτης πολύ θειοτέρα και υψηλότερα, ή προς τον αέρα και τον
f. 8 ούρανόν εν νεφέλαις προς κύριον αρπαγή, μόνοις ίδιοτρόπως || άποκειμένη
380 τοις άγίοις, ή κατά Παυλον τον μέγαν διηνεκής συναυλία και συζωία μετά
του Χρίστου* ταύτην ούκ άναστήσονται τήν άνάστασιν ασεβείς εν καιρώ
κρίσεως ούδ' αδ εν βουλή ήτοι συναγωγή και εκκλησία δικαίων αμαρτωλών
παίδες συνεδρεύσουσιν.
Κατά δέ τό του είρημένου χνοός υπόδειγμα, επειδή καταπεπατημένην
385 ούτοι και άτιμον θεώ πεπόρευνται τρίβον επί της γης, δια τοΰτο άοράτω
δυνάμει και πνεύματι σφοδρω τότε, ώς άνέμω και καταιγίδι, των της
θεοτελους αναστάσεως τέκνων άποδιαστέλλονται και αφορίζονται* της των
δικαίων δέ βουλής και τιμής άποδιοπομπούμενοι τη κατ' αυτούς άπωλεία
και τοις οίκείοις αυτών παραπεμφθήσονται της σκοτίας άφανισμοΐς.
390 "Οτι γινώσκει κύριος οδόν δικαίων και οδός άσεβων άπολειται.
"Ωσπερ εγνω κύριος τους οντάς αντον κατά τα λόγια, εγνω δέ ου καθάπερ
357 cf. Luc 16, 8 368 Matth. 10, 15 | 1 Pierre 2, 12 369-370 Eccl. 12, 14a
371 Ps. 1, 5a 372-373 Jn 5, 29 375 cf. Act. 24, 15 376 cf. 1 Cor. 15, 52 |
LE COMMENTAIRE SUR LES PSAUMES DE N1CÉTAS DAVID 293
lumière et du jour, grâce aux rayons sacrés de la naissance en Dieu par la foi pure
et la conduite parfaite, au point de contempler la lumière hyperlumineuse de
cette gloire magnifique, aucun de ceux-là, même s'il feint parfaitement la vertu
et est exalté par les louanges humaines, aucun de ceux-là ne pourra s'introduire
parmi les fils de la lumière ni s'abuser de faux espoirs ; mais, proportionnellement
à sa méchanceté, chacun cherra hors de l'état lumineux et très intérieur des
heureux et sera condamné à l'obscurité extérieure, c'est-à-dire très profonde, des
impies ; à la lumière de la baie, il sera expulsé vers elle ignominieusement et
disparaîtra.
De fait, quand une violente tempête de vent, un ouragan, survient brusquement,
la baie écrasée sur les routes par les pieds des hommes s'élève plus vite qu'on ne
peut le dire ; elle est emportée hors de la vue des témoins et disparaît ; de la même
façon, au jour du jugement et de la visite de Dieu, tous les gens pieux, tous les
gens impies aussi, ressusciteront, parce que, comme le dit l'Ecriture, Dieu conduira
toute œuvre au jugement.
Comment donc le psalmiste a-t-il pu dire ici voilà pourquoi les impies ne ressus
citeront pas au moment du jugement ? N'est-ce pas bien évidemment qu'ils ne
ressusciteront pas pour la résurrection de la vie, mais seulement pour la résurrection
du jugement ?
De là vient que, selon la logique, il faut penser que la résurrection est double ;
la première est générale ; elle surviendra d 'en-haut pour tous les peuples sembla-
blement, pour tous les hommes justes et injustes ; elle est attendue au son de la
trompette finale ; c'est la résurrection hors de la terre du tombeau, je veux dire
la nouvelle vie avec le corps.
L'autre résurrection est beaucoup plus divine et élevée que celle-là : c'est
l'enlèvement vers l'air et vers le ciel dans les nuées, vers le Seigneur; elle est
exclusivement réservée aux seuls saints ; c'est le fait d'habiter et de vivre cont
inuellement avec le Christ, selon l'expression du grand Paul ; de cette résurrection,
les impies ne ressusciteront pas au jour du jugement, pas plus que les enfants des
pécheurs ne siégeront dans le conseil, c'est-à-dire l'assemblée et l'église des justes.
Mais, à l'exemple de la baie dont il a été question, étant donné que tous ces
gens-là ont suivi sur terre un chemin sans aucune valeur, indigne de Dieu, voilà
pourquoi ils sont mis à l'écart et séparés ce jour-là des enfants de la résurrection
divinement parfaite par une puissance invisible et un souffle véhément, comme
par un vent, un ouragan ; ils sont chassés du conseil et de l'honneur des justes
et ils seront livrés à la perdition qui les saisira et aux disparitions qui s'opéreront
pour eux sous l'effet de l'obscurité.
Car le Seigneur connaît la voie des justes et la voie des impies disparaîtra.
De la même façon, le Seigneur a connu ceux qui sont de lui selon les dits ; mais
cf. Dan. 12, 2 379 cf. 1 Thess. 4, 17 380 cf. Ephés. 2, 5 ; Col. 2, 13 387 cf.
Luc 20, 36 390 Ps. 1, 6 391 2 Tim. 2, 19 ; cf. Nombr. 16, 5
294 G. DORIVAL
ημείς μετά το εις γένεσιν έλθεΐν ού γαρ ούτως οΐδεν 6 ουσιώδη, μάλλον
δε | ύπερούσιον, άπλήν τε και ένιαίαν των δλων τήν γνώσιν προαιωνίως
εν έαυτώ προειληφώς· μαθήσει γαρ ήμεΐς καί άπό του άτελοΰς επί τα
395 τελειότερα προκοπαΐς ως οίοι τέ έσμεν των γινομένων θηρεύομεν τήν
γνώσιν.
Ό δέ τα πάντα κατασκευάζων θεός, τα πάντα προ της αυτών γενέσεως
είδώς, ώσπερ αυτούς προέγνω τους δικαίους δι' ευθύτητα νου και καρδίας,
αύτοκινήτως άποστραφησομένους μεν το κακόν, α'ιρετιουμένους δέ το καλόν,
400 ούτω και τας επί της γης πορείας αυτών και τας τρίβους τάς τε σωματικας
προγινώσκει και τάς νοεράς' και είδώς δτι μόνον το όντως άγαπητόν οι
μακάριοι ήγαπηκότες προς μόνον τοΰτο συντόνως άπονεύσουσι, βασιλείαν
αύτοϊς άσάλευτον και ούράνιον οία κληρονομίαν άκήρατον και άμάραντον
εν δικαιοσύνη θεοπρεπεΐ προητοιμάσατο.
405 Τούτων μεν ούν τήν όδον ού κατά ψιλήν τίνα πρόγνωσιν μόνον ό κύριος
έπίσταται, άλλα και ένεργουμένην άγαπα, δ δεύτερον έστι τοϋ γινώσκειν
f. 8ν σημαινό ||μενον ως το ενρες χάριν ηαρ εμοι καί εγνων σε τιάρα ηάντας'
γινώσκει τοίνυν και στέργει ταύτην ως άγαθήν, ως ώφέλιμον, ώς σωτήριον,
ώς αίώνιον, ώς παρ' αύτοΰ νενομοθετημένην και τους αυτήν ορθώς όδεύειν
410 έθέλοντας αύτώ τω θεώ άναγεννώσαν και υπέρ αυτόν άνω τιθεΐσαν τόν
ούρανόν.
ΟΙδεν δέ και τών ασεβών τήν όδον ώς ουδέν άγαθοΰ ουσαν, ώς επισφαλή,
ώς έπικίνδυνον, ώς φιλαυτίας καρπόν, ώς άγνοιας ή άπονοίας ή οίήσεως
και ασεβείας μεστήν διό ού φιλεΐ ταύτην, άλλα μισεί* διό και πασι λογίοις
415 θείοις, πάσαις διδασκαλίαις προφητών, αποστόλων, ιεραρχών καί γε
πάντων δικαίων δια στόματος παραγγέλλει καί μαρτύρεται ταύτης άπανιστα-
μένους τήν ευθείαν δραμε'ιν είδότας ώς ούκ έ'στιν δι' άλλης ή της τών δικαίων
όδοΰ του μόνου άγαθου θεοΰ καί δικαίου τυχεϊν.
Καί γαρ τών ασεβών ή οδός ή θεοϊς καί δαίμοσι λατρείας αναφερόντων
420 θεοστυγεΐς ή έαυτοΐς ζώντων καί πάθεσι καταφθειρομένων άνομώτατα
άμα αύτοϊς εν ημέρα κρί|σεως συναπολεΐται, της τών δικαίων μακαριωτάτης
λήξεως ήτοι καταπαύσεως άπολισθαίνουσα.
"Οπερ ίνα μή καί ήμΐν γένηται μετά το τήν ζημίαν παθεΐν εις αίσθησιν
κατά τους νηπίους ιοΰσι της συμφοράς, έλώμεθα τών δικαίων τήν όδόν,
il ne les a pas connus comme nous nous connaissons après notre venue dans la créa
tion ; car ce n'est pas de cette manière que sait celui qui, avant les siècles, a conçu
à l'avance en lui-même la connaissance de l'univers, connaissance essentielle, ou
plutôt au-delà de l'essence, simple et unitive ; car nous, nous sommes à la chasse de
la connaissance des objets créés, autant que nous le pouvons, au moyen de l'in
struction et des progrès que nous faisons depuis l'imperfection jusqu'au parfait.
Mais Dieu qui établit toutes choses, qui sait toutes choses avant leur création,
a connu à l'avance que les justes eux-mêmes, à cause de la droiture de leur intel
ligence et de leur cœur, se détourneraient du mal et choisiraient le bien de leur
propre mouvement ; de la même façon, il connaît à l'avance leurs trajets et leurs
chemins sur terre, tant les corporels que les intelligents ; et comme il savait que
les heureux qui n'aiment que ce qui est vraiment aimable se dirigeraient de toute
leur tension vers ce dernier seulement, il leur avait préparé à l'avance, dans la
justice divine, le royaume solide et céleste, tel un héritage intact, qui ne flétrit pas.
Donc, la voie de ces heureux, le Seigneur ne se contente pas de la connaître par
une simple connaissance à l'avance, mais en plus il aime qu'elle se réalise, ce qui est
le second sens de connaître ; ainsi tu as trouvé grâce à mes yeux et je t'ai connu plus
que tous ; ainsi donc cette voie, il la connaît et il l 'apprécie : elle est bonne, utile, salu
taire, éternelle, Dieu l'a instituée comme loi, elle régénère, par Dieu lui-même, ceux
qui veulent la suivre droitement, elle les place en-haut au-delà du ciel lui-même.
Mais Dieu connaît aussi la voie des impies; elle n'est rien de bon, elle est
glissante, elle est dangereuse, elle est fruit de l'égoïsme, elle est pleine d'ignorance,
de folie, de vanité, d'impiété. C'est pourquoi il ne l'aime pas et il la hait ; c'est
pourquoi encore, par tous les divins dits, par toutes les instructions des prophètes,
des apôtres, des hiérarques, sans compter celles de tous les justes, il fournit de
sa bouche l'ordre et le témoignage de quitter cette voie-là et de courir sur la
voie droite, tout en sachant qu'il n'est pas possible d'atteindre le seul Dieu bon
et juste par une autre voie, sinon la voie des justes.
Et de fait la voie des impies qui consacrent des cultes que Dieu hait aux dieux
et aux démons, qui vivent pour eux-mêmes, qui sont corrompus par les passions
dans une existence sans loi, cette voie disparaîtra en même temps qu'eux au jour
du jugement ; elle s'écartera de la part bienheureuse des justes, c'est-à-dire le repos.
Pour qu'un tel sort ne nous arrive pas à nous aussi, pour que nous ne prenions
pas conscience du désastre seulement une fois le châtiment subi, ainsi qu'il arrive
chez les enfants57, choisissons la voie des justes; cessons de frayer avec les
57. Nicétas David fait ici allusion à un proverbe attesté sous des formes voisines
dans toute la littérature grecque depuis Homère (ainsi Iliade 17, 33; Hésiode, Travaux,
218; Hérodote 1, 207; Eschyle, Agamemnon, 177, 249-250; Choéphores, 313; Sophocle,
Oedipe à Colone, 143 ; Platon, Banquet 222b 7 ; Scholies à Homère, Iliade 17, 33). II
semble que, dans le proverbe, le mot nèpios signifie le plus souvent « sot » ; mais, comme
chez Nicétas David, le mot est toujours employé au sens d'enfant, nous avons choisi
ici de conserver cette dernière traduction.
296 G. DORIVAL
425 άποστώμεν της μετά των αμαρτωλών διατριβής, την γνωστήν τω θεώ
πολιτείαν, την άρεστήν, την άγνήν και άπόδεκτον αύτώ πορείαν της αρετής
αντί της θεομισους και βδελυκτής των άσεβων αναστροφής προελώμεθα, τον
αληθώς έμφιλόσοφον βίον αίρετίσωμεν, ούκ άρτι τω βίω παρεισκρινόμενον,
ου νυν τής νομοθεσίας καταρχόμενον άρχαΐον το δώρον* παλαιός ό νόμος,
430 άνωθεν εκ πατέρων παραδεδομένος, δια προφητών, δι' αποστόλων, μάλλον
δε δια του κυρίου και θεού και σωτήρος ημών Ίησοϋ Χρίστου' κατά γενεαν
και γενεαν ή θεουργος ήμΐν άνακαθαίρεται τής σωτηρίας οδός.
ΛΗν ούχ οΐόν τε γνησίως και είλικρινώς μετελθεΐν, ει μη τω προοιμίω
του ψαλμού τόν νουν έπερείδοντας και πασαν μεν βουλήν πρώτον άπορρα-
f. 9 πίζοντας | ασεβών και πασαν είσήγησιν ή παραίνεσιν άθέμιτον, εκ δαιμόνων
ή ανθρώπων ύποτιθεμένην, τέλεον τής ημετέρας άποκρουομένους ακοής,
ως μη δύνασθαι χώραν καθ' ημών λαβείν τον έχθρόν εκ πρώτης άποστυ-
γούμενον προσβολής,
πασαν δε όδον τών αμαρτωλών ήτοι παν είδος πολιτείας άποστρεφο μένους
440 κακής, ώς μηδ' 'ίχνος ψυχής έθέλειν έρεϊσαι το σύνολον ή στήσαι κατ' αυτό,
προς δε και τας τών έξοχωτάτων εν αύτοΐς ύπεροχας και πρωτοκαθεδρίας
ώς λοιμικας και του κακοΰ μεταδοτικας αρρώστιας άποφυγγάνοντας, οΰτω
καθ' ήσυχίαν προσλιπαρεΐν τω θεώ.
Ούτω γαρ εμπράκτως τε και έμφιλοσόφως τον θείον μελετώντες νόμον
445 και έν αύτώ καθαιρόμενοι μεν άπαν αίσχος και πασαν την εξ αμαρτιών
προστριβεϊσαν τή ψυχή κηλίδα, φωτιζόμενοι δε φώς γνώσεως καθαρωτέρας
και τελεωτέρας, τελετουργούμενοι δέ κρείττοσι και μυστικωτέραις θεουργίαις,
καρποφορήσο|μεν τον άξιόθεον και άξιέπαινον τω ήμετέρω γεωργώ καρπόν,
έν Χριστώ Ίησοΰ τω κυρίω ημών ω ή δόξα και το κράτος άμα τω πατρί και
450 τω άγίω πνεύματι, νυν και άεί και εις τους αιώνας τών αιώνων αμήν.
pécheurs ; au genre de vie des impies haï par Dieu et abominable, préférons la
conduite remplie de la connaissance de Dieu, la conduite qui lui est agréable, le
chemin de la vertu qui est pur et qui a les faveurs de Dieu ; adhérons à la vie
vraiment philosophique, à une philosophie qui n'est pas entrée dans la vie
seulement récemment, qui n'a pas inauguré la législation aujourd'hui ; ancien en
est le don ; antique est la loi, qui a été transmise d'en-haut depuis les Pères s 8, par
les prophètes, les apôtres, ou plutôt par Jésus-Christ notre seigneur, Dieu et sau
veur ; de génération en génération, la voie divinisante du salut nous est déblayée.
Cette voie il n'est pas possible de la suivre réellement et purement si nous
ne fixons pas notre intelligence sur l'exorde du psaume, si nous ne refoulons pas
d'abord toute volonté des impies, si nous ne repoussons pas complètement de
notre oreille toute incitation et exhortation criminelles, suggérées par les démons
ou par les hommes (et ainsi l'ennemi ne pourra pas trouver une occasion contre
nous et sera repoussé dès son premier assaut) ;
Cette voie, il n'est pas possible de la suivre, si nous ne nous détournons pas de
toute voie des pécheurs, c'est-à-dire de toute espèce de conduite mauvaise (et
ainsi notre âme ne pourra pas fixer le pied ni se tenir sur elle), si, en plus, nous
n'abandonnons pas les distinctions honorifiques et les premiers sièges qu'appréc
ient, chez eux, les élites, comme des faiblesses pestilentielles et qui ont part au
mal, et si, de cette manière, nous ne nous attachons pas à Dieu dans la tranquillité.
De cette manière, en effet, en méditant la loi divine activement et philoso
phiquement, en nous purifiant, grâce à elle, de toute infamie et de toute la souillure
que les péchés ont infligée à l'âme, en nous illuminant de la lumière de la science
très pure et très parfaite, en étant initiés par les œuvres de Dieu excellentes et
très mystérieuses, nous offrirons à notre jardinier le fruit digne de Dieu et qui
mérite la louange, dans le Christ Jésus, notre Seigneur, à qui sont la gloire et la
puissance, en même temps qu'au Père et à l'Esprit Saint, maintenant et toujours
et pour les siècles des siècles. Amen.
58. Les « Pères » sont ici bien entendu les Patriarches de l'Ancien Testament.
du Pseudo-Denys ; mais le fait qu'ils soient employés dans le voisinage des mots
caractéristiques justifie qu'on les donne ici. Le présent Index a pu être constitué
grâce à A. van den Daele, Indices Pseudo-Dionysiani, Louvain 1941.
On doit ajouter que les autres œuvres de Nicétas David, ses Vies de saints
comme ses Scholies à Grégoire de Nazianze, sont nourries de vocabulaire
dionysien. Il s'agit donc ici d'un phénomène général, qui, il faut le souligner,
n'est pas attesté chez le seul Nicétas David : l'œuvre d'Aréthas témoigne de la
même influence.
Les chiffres renvoient aux lignes du texte grec.
298 G. DORIVAL
!
θεουργός 432 πανιέρως 41
θεωνυμία 1 32 πανόλβιος 145
θεωρία 32 et passim πάντη 46
περιθάλπω 332
ΐδρυσις 145 περικαλύπτω 199
ιεράρχης 167, 415 περιοχή 100
ιεραρχικός 157 περιπέζιος 30, 143
ίερογνωσία 181 περιφύω 271
ίερομύστης 161 πηγαίος 9, 188
ιερός 167, 356 πνευματικός 31, 48, 88, 282
ίεροτελεστικός 1 57 πνευματικώς 176, 202
ίχνος 208, 238, 250, 440 πόθος 271
πολιτεία 115, 357, 426, 439
καθάπαξ 236 πολύπαθης 269
καθηγεμών 168 πολύφωνος 1 60
καθόλου 62 πολύχυτος 1 65
καταλάμπω 305 προαιωνίως 393
κατανεκρόω 336 προγιγνώσκω 398, 401
κατάπαυσις 422 προκοπή 395
καταστροφή 324 προσάγω 205
καταυγάζω 1 73 προσβάλλω 27
κατονομάζω 232 πρόσυλος 283
κηλίς 446 προσφύω 126, 252
κίνησις 212
κοινωνία 236 ρευστός 310
κοινωνός 76 ροπή 264, 267
κομιδη 22
κρύφιος 161
κρυφιότης 351 σιγή 161
σκοτίζω 345
λαμπρότης 351-352 σκότος 334, 342, 363
ληξις 422 σκοτόω 334
λογικός 95, 98, 301, 311 συγκεφαλαίωσις 64
σύμμετρος 296
μαθητιάω 1 1 4 συμπτύσσω 1 24
μακαριότης 147 συμφυής 1 1
μεγαλειότης 34 συνεργέω 320
συνεργεία 288
μέθεξις 132
μεριστός 269 σύνοψις 64
μεσότης 215 σωματικός 400
μεταδοτικός 442 σωτήριος 408
μετάληψις 308
μετοχή 224 τελειότης 36, 115, 138, 142, 207, 216,219
μέτοχος 36 τελειόω 142
μορφή 198 τελεσιουργία 224
μορφοποιία 257, 283 τελετάρχης 118, 142
μυστικός 178, 447 τελετουργέω 114, 447
τελετουργία 1 1 9
νοερός 32, 312, 401 τρόφιμος 306
νόησις 1 62 τυπωτικός 282
νοητός 38, 314
ύπεράγαθος 141, 190
οϊησις 413 ύπεράγνωστος 163, 164
ολικώς 1 2 ύπεραγνώστως 145
ουραίος 254 ύπεραίρω 143, 273
ούρανίως 176 ύπεράρχιος 141
ουσία 144, 310 υπερβαίνω 215
ουσιώδης 392 υπερβολή 148
300 G. DORIVAL
Par hapax, on entend les mots qui, dans l'état actuel de nos connaissances,
ne sont attestés que chez Nicétas David, et cela à une seule reprise. Par mots
nouveaux, on entend les mots dont la première attestation paraît être le ComPs
de Nicétas David.
1. Hapax
άγιαρχικός (ligne 35) Cet adjectif de coloration dionysienne ou maximienne est
absent tant chez le Pseudo-Denys que chez Maxime. On notera
que, dans son Panégyrique de Thomas (PG 105, 127-146),
Nicétas David emploie l'adjectif άξιαρχική (145e), qu'on a
proposé de corriger en άγιαρχική.
συγκαταργέω (89)
συνέλιγμα (255 )
χρηστοπρεπώς (150) On notera que Nicétas David emploie l'adverbe χριστοπρεπώς,
qui est un hapax, dans ses Scholies à Grégoire de Nazianze
(PG 38, 776). Faut-il corriger le texte du ComPs ? Il ne le
semble pas. Nicétas David utilise volontiers des adverbes en
-πρεπώς : on rapprochera χρηστοπρεπώς d'άγαθoπpεπώς par
exemple.
2. Mot nouveau
άτυορρυίσκομαι (310) Le verbe est attesté au 12e siècle chez Anne Comnène (Alexiade,
XIV, V, 3) et chez Eustathe.