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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

♡Prise de notes - 15 février 2023♡

Pourquoi un cours de droits et libertés ? Parce que leur protection est le meilleur rempart de
la démocratie contre la montée des extrêmes, dans ce cours, nous partons à la découverte
de nos droits et libertés ainsi que des mécanismes qui les protègent sur le plan interne et sur
le plan international.

SUJET DU COURS 2022-2023


En Europe, la démocratie vacille. Des leaders forts et/ou d’extrême droite sont de plus en plus
nombreux à monter au pouvoir.

En voici la carte :
https://www.touteleurope.eu/vie-politique-des-etats-
membres/carte-quels-sont-les-pays-d-europe-gouvernes-par-l-
extreme-droite/

Elle nous montre où l’extrême droite est au


pouvoir.

Nous allons aborder les risques, les menaces et


les signes qui remettent en cause la démocratie
et qui le font de manière de plus en plus
inquiétante et persistante voire alarmante et
horrifiante. On le voit en Europe (Italie, Pologne,
Hongrie, etc).

Et la Belgique ?
Cela vaut en Europe mais aussi en Belgique, où l’on voit pourtant ça de loin, surtout en
Wallonie. Mais en réalité, nous ne sommes pas immunisés. Le premier parti en Flandre est le
Vlaamse Belang. Si on les additionne avec les nationalistes flamands, la NV-A étant le second
parti en tête en Flandre, (qui veulent la fin de la Belgique, de la monarchie, du Sénat, etc), ils
représentent beaucoup de voix.

Les derniers sondages RTBF-Le Soir de décembre 2022 donne le Vlaamse Belang en tête
des intentions de vote :
https://www.lesoir.be/480797/article/2022-12-02/grand-barometre-bruxelles-ecolo-degringole-et-le-ptb-monte

Le score du Vl aamse Belang est de 25,5%. Attention, le NV-A et le VB ne sont pas la même
chose, même si certains ont des opinions très proche de l’extrême droite comme Theo
Franken, Bart de Wever a toujours dit qu’il ne montrait jamais au pouvoir avec l’extrême droite.
La NV-A essaie de se différencier avec des positions un peu plus démocratiques. On ne peut
exclure, si ce score-là se confirme dans les urnes, que l’extrême droite monte au pouvoir,
particulièrement en Flandre.

Par ailleurs, l’étude Bye bye Belgium (2022) livre des résultats alarmants : près d’un jeune sur
deux pense que notre société serait-elle mieux gérée si le pouvoir était concentré dans les
mains d’un seul leader : https://www.rtbf.be/article/sondage-rtbfla-libre-bye-bye-la-democratie-un-belge-sur-quatre-
donnerait-le-pouvoir-a-un-leader-unique-11100798
Cette étude montre que 37.3 % des Belges sondés sont favorables à l’établissement d’un
leader fort. Or, c’est un inconstitutionnel et c’est exactement ce que voulait éviter au maximum
les congressistes de 1830, qui ont été victime du despotisme néerlandais. Le phénomène est

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plus marqué chez les jeunes, de manière assez surprenante : 47, 8% des jeunes pensent que
la Belgique a besoin d’un leader fort.
è Pourtant, les situations sont catastrophiques là où il y a des leaders forts Poutine e,
Russie, Bashar Hellasar en Syrie qui a d’ailleurs torturé des enfants.

Non seulement, c’est inacceptable sur les principes mais aussi, ça ne fonctionne pas. Il y a ce
mythe que ce serait plus efficace un leader fort, or ce n’est pas nécessairement vrai. Sans
contre-poids mis à la disposition du pouvoir politique, c’est compliqué, sans avis extérieur, cela
ne fonctionne pas mieux, il n’y a plus de frein, plus de contre-poids.

On l’a vu dans la gestion de la crise Covid-19 : il n’y a plus de parlementaires, les ministres
ont dirigé sans contre-poids et l’adoption des normes s’est faite de manière opaque et ce
n’était pas plus efficace : ça a aboutit à une cinquantaine d’arrêtés ministériels qui ont été
adoptés. Ils se contredisaient sur certains points et l’on se perdait. Ça a plutôt nui à l’efficacité,
cette inflation de normes qui changent tout le temps.

Enfin, certaines pratiques de l’Etat, telles que ne pas respecter des milliers de décisions de
justice en matière d’asile, ébranlent notre Etat de droit.
https://www.justice-en-ligne.be/Crise-de-l-accueil-non-respect-des

Ecoutons à ce sujet un magistrat et une avocate qui étaient les invités de la RTBF hier.
https://auvio.rtbf.be/media/les-sequences-de-matin-premiere-le-parti-pris-avec-lavocate-nathalie-gallant-et-luc-hennart-
president-honoraire-du-tribunal-de-1ere-instance-de-bruxelles-2998608 (10’ 30’’)

Contexte de l’interview : l’extrême droite est montée au pouvoir en Israël. Et la premiere chsoe
qu’ils ont dans le collimateur, ce sont les juges, car ceux-ci embêtent les leaders forts.

Avis cash : on ne peut pas se contenter de dire « on n’a pas encore l’extrême droite, on est
immunisé ». Et idem sur le fond, il faut que les jeunes se rendent compte de ce qu’est
réellement un leader fort. Si on connaît des jeunes qui sont pour un leader fort, il faut qu’on
devienne ambassadeur de la démocratie. Car un leader fort, c’est aussi un leader qui ne
respecte pas les décisions de justice. Pour Anne-Emmanuelle, si 1 jeune sur 2 est favorable
à l’établissement d’un leader fort, c’est parce qu’on ne leur explique pas ce que cela représente
et implique réellement.

A force d’être entouré de leader fort, ce phénomène a déteint sur l’Etat belge. En effet, être
entouré de leader fort, ça désinhibe les « leaders non forts ». La montée en puissance des
leaders forts décomplexe les Etats qui ne sont pas censé être basé sur des gouvernements à
parti unique ou à leader fort. La montée en puissance des partis d’extrême droite influence
aussi les propos des autres partis politique qui ne le sont pas.

Ecoute de l’interview : un dossier en particulier a montré l’influence des leaders forts sur la
Belgique, c’est le dossier sur la crise d’asile.

Un grand nombre d’avocats se sont inquiétés de la crise d’asile. La crise de l’asile, c’est le fait
que le droit international, les conventions internationales, nous obligent juridiquement à fournir
un accueil aux demandeurs d’asile. Le droit d’asile est totalement vain et creux si l’Etat
d’accueil doit qui fournir un accueil ne le fait pas durant le temps de l’examen du dossier de la
personne qui demande l’asile.

La réalité c’est que la Belgique à cet autonome 2022 n’a pas offert l’accueil à un point tel que
des familles de demandeurs d’asile, y compris des enfants, ce sont retrouvé dans la rue.
ð Le droit d’asile de ces personnes n’est pas respecté.
Sachant que la Belgique est un Etat de droit, les avocats ont introduit une série d’actions en
justice pour que l’Etat belge respecte ses obligations internationales. Il y a eu des milliers

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d’actions et des milliers de décisions de juges qui ont dit que l’Etat belge devait fournir un
accueil aux demandeurs d’asile en respect des dispositions internationales.

Les juges ont enjoint à l’Etat belge d’agir, mais il a fallu attendre jusqu’à hier, quand l’Etat
belge a enfin fourni un logement à des demandeurs d’asile qui vivaient, jusque là, dans un
squat et donc dans des conditions d’hygiène épouvantables alors que l’Etat belge doit les
accueillir (leur fournir un logement, des soins médicaux, à manger) en vertu d’une obligation
juridique internationale qui lui incombe.

On avait une forme de petit Calais qui se formait au centre de Bruxelles, et hier, l’Etat belge a
enfin pris des mesures et ces personnes ont été relogées.

C’est pour ça que les congressistes les ont bétonnés dans la Constitution car, sortant des
Pays-Bas, ils savaient ce qu’était le despotisme et voulaient absolument le contrer.

Parce que les dictatures, quand elles arrivent, la première chose qui est foulée ce sont les
droits et libertés des individus. Les congressistes de 1830 ont bétonné les droits et libertés
dans la Constitution avec le principe de légalité (il faut une loi pour toucher à nos droits et
libertés), et ce, car les congressistes de 1830 étaient les anciens opposants au régime
hollandais. Eux savaient ce qu’étaient un leader fort et despotisme et voulaient absolument
contrer cela.

Or, en 2023, on note que chez nous, il y a une forte tentation au nord du pays d’avoir un
pouvoir plus fort (car c’est ça aussi être un parti d’extrême droite). Même parmi les jeunes, on
retrouve une tentation autoritaire.

Pourquoi un cours de droits et libertés ? Parce que leur protection est le meilleur rempart de
la démocratie contre la montée des extrêmes, dans ce cours, nous partons à la découverte de
nos droits et libertés ainsi que des mécanismes qui les protègent sur le plan interne et sur le
plan international.

1. ANALYSE
Principe : les droits et libertés, rempart de la démocratie

1.1. Les droits et libertés, rempart de la démocratie

a) Le catalogue des droits et libertés (titre II de la Constitution – outil n°1)

Parmi les divers droits et libertés, on retrouve des différences dans la nature, dans le type de
droits et libertés, mais aussi en termes temporels. On constate, dans la C°, des droits et
libertés datant d’époques différentes et représentant, dès lors, des conceptions différentes.

• Les droits et libertés de la 1ère génération (ou « négatives ») : l’Etat doit s’abstenir

Cette première génération traduit la conception du 19e siècle des droits et libertés, période
durant laquelle se profilait une conception libérale du pouvoir. Au 19e s., quand la révolution
belge a lieu, les congressistes savaient ce que c’est que de vivre face à un despote et donc,
pour eux ce qui était important, c’étaient les « libertés négatives ».
C’est une conception défensive de la citoyenneté, dans laquelle il est important que l’Etat
n’abuse pas, ne se permette pas d’interférer dans les libertés des indivdus, de pénétrer dans
nos libertés d’expression, de culte, d’enseignement, etc. Les injonctions sont toujours
négatives : « l’Etat ne fait pas ci, ne fait pas ça ».

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Benjamin Constant, grand penseur des libéraux (rédacteur d’un grand texte de philosophie
politique), a écrit un des textes fondateurs de la pensée libérale (dans le sens de courant
philosophique) en 1819 qui s’appelait « De la liberté des anciens et des Modernes ».

Les libertés modernes du 19e s., qui sont aujourd’hui perçue comme ancienne, étaient bâties
sur l’idée que l’Etat doit se limiter, s’arrêter au pas de la porte, ne pas s’immiscer dans notre
sphère d’autonomie. « Prions l’Etat de rester dans ses limites, nous nous chargeons d’être
heureux. »

Dans la pensée libérale, il y a cette idée que l’Etat doit s’abstenir de nous empêcher de mettre
en œuvre les moyens pour être heureux, pour développer des activités économiques, cette
idée que les individus, par eux-mêmes, avec leurs propres compétences, vont réussir à
produire du bien-être, des richesses et la plus-value. Le rôle de l’Etat est principalement un
rôle d’abstention.

Cette conception s’opposait à celle d’une liberté plus positive : celle des anciens, qui n’était
plus à la mode au 19e s.

Catalogue de 1830 dans Titre II : art. 19 (liberté d’expression), art. 22 (cultes), art. 29 (secret
des lettres).

Le problème : il n’a pas fallu longtemps pour réaliser qu’intimer l’ordre à l’Etat de s’abstenir ne
suffisait pas pour être heureux, du moins pas à tout le monde et donc on est arrivé aux droits
et libertés de la 2e génération.

• Les droits et libertés de la 2ème génération (ou « positives ») : l’Etat doit agir

Les droits et libertés du 19e sont passées de mode. L’Etat doit agir, doit faire positivement
qqch. Donc, c’est aussi très politique.
ð Droits et libertés positives ou actives

Est-ce qu’il faut laisser les forces du marché faire (conception négative) ? Ou est-ce que l’Etat
doit mettre positivement en œuvre des droits de protection (Etat providence) et faire
positivement des choses ?
ð Ces conceptions divergentes des droits et libertés représentent le clivage politique actuel.

Ça a abouti à une série de droits et libertés inscrits dans la C° dans lesquels on intime
positivement à l’Etat de faire qqch. Ex le plus emblématique : l’art. 23 C°.

ð L’Etat doit garantir (donc positivement). L’injonction n’est pas seulement : « l’Etat n’agit
pas, mais on demande à l’Etat d’agir aussi ».

è Art. 11bis C° en matière de représentation des sexes : l’Etat garanti positivement la


représentation hommes-femmes.

• Les droits et liberté de la 3ème génération : les droits collectifs

On se situe dans la deuxième moitié du 20e s.

On prévoit des droits aux individus en tant que groupes.


Idée de droits collectifs : il ne s’agit pas travailler le sens, cette fois, d’avoir une injonction de
faire ou ne pas faire, mais de qui est titulaire de ces droits. Ça remet en cause la perspective
individuelle des droits (art. 15 C° : inviolabilité du domicile, un droit formulé en termes
individuels). Les droits collectifs sont envisagés en termes de groupe.

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Au niveau international, cela a donné naissance au droit des peuple à disposer d’eux-mêmes :
les peuples peuvent décider eux-mêmes pour eux (ce qui a permis la décolonisation).

Au niveau intra belge, cela s’exprime pour protéger les minorités idéologiques et
philosophiques.

è Art. 11 C° : article important dans le cadre du fédéralisme pour que quand on a


communautarisé la culture et l’enseignement, les minorités du côté de chaque frontière
ne pâtissent pas de cette communautarisation (puisqu’au sud : plus de gauche et
laïque et au nord : plus de droite et catholique). Il faut protéger ces groupes au sein de
la communauté dans laquelle ils sont minoritaires.

On protège aussi les choix philosophiques des parents dans l’enseignement. La protection
des minorités politiques est inscrite dans l’art. 24 de la C° pour les mêmes raisons.

Ex d’opression : au Canada, les oppressions subies par les autochtones. On reconnaît des
droits à ce grpe (droits de la 3e génération)

• Les droits et libertés de la 4ème génération (?) : les droits liés à l’environnement
s.l.

C’est difficile de parler d’une « génération » quand on est dedans. Ce sont les droits mis en
place pour essayer de mettre fin à la crise climatique qu’on encourt actuellement. Des droits
nouveaux apparaissent et sont très originaux.

Ces droits apparaissement d’abord comme dans l’art. 23 (droits et libertés positives), dans
lequel on a consacré le droit à un « environnement sain ». De plus, on constate, dans les
constitutions de différents pays, qu’est consacré un droit à un développement durable.

Chez nous, c’est notamment le cas dans l’art. 7bis qui n’est pas libellé en termes de droits. Ce
n’est pas une norme claire, le compromis politique à la base de celui-ci est probablement mou
et un compromis se cache sans doute derrière. Le compromis politique à la base de cet article
a dû être très douloureux. Il n’est pas formulé en termes de droit mais témoigne de l’apparition
du concept de développement durable dans la Constitution, aux droits liés à l’environnement
au sens large.

Dans ces droits liés à l’environnement, on ne vient pas que travailler sur le sujet qui est lié à
l’environnement mais aussi sur l’idée de qui est titulaire : les humains en tant qu’espèce ont
des droits, mais les humains ne sont pas les seuls. Toutes les espèces vivantes ont des droits,
on reconnaît de plus en plus de droits aux animaux. On parle de droits des espèces vivantes
non animales.
ð Question de qui est titulaire du droit.

Jusqu’à présent on concevait des droits pour les sujets actifs et vivants, maintenant on en
conçoit même pour les générations futures. On envisage que des personnes qui ne sont même
pas encore là ont des droits. Est-ce qu’un jour on protégera même les machines ? Cela vient
modifier l’idée de temporalité et de titulairité du droit.

Cette catégorie vient chambouler plein de choses : on tente d’anticiper les droits et libertés
des générations futures, on ne s’arrête pas aux droits des générations actuelles (ça vient
travailler la temporalité), ça vient travailler le sujet du droit (les animaux, les êtres vivants de
manière générale ont des droits => retour à une forme d’animisme : non. Humain peuvent
avoir des droits (c’est le cas dans certaine culture et religions : indiens d’Amérique)

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b) Juridicté des droits et libertés de la 2ème génération ? : l’effet de standstill : une


réduction sensible du niveau de protection de ces droits doit être justifié par des motifs
liés à l’intérêt général (outil n°2)

Ces droits et libertés de la deuxième génération, comme dans l’art. 23, qui dit qu’on a le droit
au logement (mais les sdf ?), qu’on a droit au travail (or, on dirait que c’est faux : personnes
sans emploi). Qu’est-ce qu’on va accorder comme valeur juridique à ces droits de la deuxième
génération, quelle juridicité ont-ils ?

Est-ce qu’on les consacre dans la Constitution parce qu’on a envie que ce soit vrai (un vœu ?)

ð Il y a problème de juridicité des droits à partir du moment où l’Etat doit faire qqch
activement.

La jurisprudence et la doctrine ont résolu cette question. Ce qui est important pour ces droits
c’est l’effet de standstill : ça ne veut pas dire que du jour au lendemain, l’Etat va garantir
concrètement ces droits, mais que s’il veut appliquer une réduction de ces droits, il faut que
cette modification soit motivée par l’intérêt général qui vient appuyer ces droits sociaux et
économiques (pas seulement des envies politiques ou raisons budgétaires). La doctrine et la
jurisprudence ont échafaudé la doctrine du standstill : ainsi pour les droits et libertés de la
deuxième génération : ce ne sont pas des droits absolus, ce n’est pas on s’en fout, c’est une
position intermédiaire.

En cas d’irrespect, les avocats peuvent aller devant le juge, et dire qu’il y a une réduction non
motivée des droits et libertés des individus.

Il y a 3 décisions qui ont fondé l’effet de standstill.

Pour le prochain cours… Lire le Titre II de la Constitution, l’outil 2 et choisir une des 3 décisions
citées dans celui-ci.

♡Prise de notes - 22 février 2023♡

Exemples de droits des différentes générations :

è Art. 15 C° = droit de la première génération. On limite le pouvoir de l’Etat d’aller dans


le domicile de l’individu. On limite le pouvoir de l’Etat qui doit s’abstenir. C’est un droit
de la première génération car on formule une injonction de ne pas faire (liberté
négative) : les individus se chargent eux-mêmes d’être heureux et l’Etat reste à sa
place.

è Art. 11bis C° = droit de la la deuxième génération. En effet, il garantit la représentation


des hommes et des femmes au sein du CM et des gouvernements des Communautés
et Régions.

ð Garantir c’est plus que simplement ne pas faire : il y a une obligation positive de l’Etat.
L’obligation n’est pas seulement imposée à l’Etat fédéral mais aussi les entités fédérées.

è Art. 11 C° : droit de la troisième génération. Protection des minorités idéologiques et


philosophiques.

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è Art. 24, §1, al. 3 C° : droit de la troisième génération. Droit à l’enseignement et respect
des conceptions philosophiques et idéologiques des parents et des élèves.

è Art. 25 C° : historiquement, c’est un droit de la première génération mais en tant que


groupe, les éditeurs, imprimeurs et distributeurs bénéficient d’une protection
supplémentaire (en plus de la liberté de la presse qui s’applique à tous les individus).

è Art. 23, al. 3, 4° C° : droit de la quatrième génération

è Art. 7bis C° : droit de la quatrième génération. Idée de solidarité entre les générations :
l’Etat est censé se projeter pour prendre en compte les intérêts des générations
futures.

Le Titre II de la Constitution est intitulé « des Belges et de leurs droits » ? Mais quid des
étrangers ? Pourquoi en parle-t-on dans le cadre de ce cours ?
ð Art. 191 de la C° (qui date de 1830)

Art. 191 C° : la règle est qu’un étranger a les mêmes droits que nous sauf exceptions. Donc,
la règle, le principe, c’est l’égalité entre belges et étrangers sur le plan de la protection de leurs
droits.

NB : le droit international nous impose de donner l’asile. Avant, c’était l’Église qui donnait
l’asile, on a ensuite développé des protections étatiques en matière d’asile.

On se pose une question sur les droits de la deuxième génération : qu’est-ce qu’ils signifient
en termes de juridicité ? Est-ce que le droit à un logement décent (repris à l’art. 23, 3°) implique
dire que tout le monde a un logement ? Ou alors cet article n’est qu’un vœu pieux comme les
résolutions ? Mais si on perçoit les choses comme ça, alors on prive la C° de son effet
obligatoire ! Ou alors, ça veut dire que chacun pourrait se prévaloir de l’art. 23 de la C° et que
les SDF pourraient se tourner contre l’Etat et faire valoir l’art. 23 pour que celui-ci lui accorde
un logement ?
ð Ça ne se passe pas comme ça, en réalité.

Dans ces cas-là, la jurisprudence a considéré que c’était l’effet de standstill qui était l’effet
juridique de ces droits et libertés de la deuxième génération. Ainsi, si l’Etat réduit la protection
de ces droits, cette réduction doit être motivée par des justifications favorables à l’intérêt
général. Si l’Etat belge réduit les droits positifs des individus, il doit le faire en le motivant
sérieusement.

Outil 2.1. Analyse de l’arrêt du Conseil d’Etat :


Affaire : le requérant était une personne lourdement handicapée qui avait droit à un siège
roulant et vus ses circonstances, elle avait besoin d’accessoires pour accompagner sa chaise
roulante. Cependant, bien que la COCOF prévoyait légalement que ces accessoires soient
remboursés, elle n’est pas intervenue, à plusieurs reprises, pour aider des personnes dans ce
genre de situation. Par conséquent, elle a subi plusieurs attaques en justice et a finalement
perdu ces procès devant les cours et tribunaux. Du coup, elle a modifié sa législation pour ne
plus perdre de procès (cela était la véritable motivation derrière cette modification législative.
En effet, c’était clairement mentionné dans l’exposé des motifs de la norme réglementaire).

La personne handicapée a introduit une requête en annulation et le Conseil d’Etat a annulé


l’arrêté de la COCOF en raison de non-conformité à l’art. 23, al. 3, 2° et 5° sur base de l’effet
standstill. Ainsi, la personne handicapée a pu obtenir un remboursement de ces accessoires.

1.2. Les droits et libertés, au carrefour des pouvoirs fédéral et fédérés

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

Les droits et libertés sont au carrefour de plusieurs pouvoirs.

a) En droit interne : quelle entité est compétente en matière de droits et libertés dans
l’ordre interne ?

On a un catalogue de droits et libertés qui bétonne une série de droits et libertés dans la
Constitution mais qui est compétent en Belgique pour les droits et libertés ?

Notre premier réflexe est de faire l’application des règles de répartition des compétences
classiques. En vertu de l’art. 35 C°, les compétences attribuées reviennent aux entités
fédérées et les compétences résiduelles reviennent à l’autorité fédérale.

• Position du problème

è L’inviolabilité du domicile de l’art. 15 : on mentionne « la loi » et on en déduit que les


agents fédéraux doivent le respecter mais quid des agents régionaux ? Doivent-ils
respecter les droits et libertés en vertu de l’art. 35 ?

ð S’arrêter à la répartition des compétences est un peu court, ça donne de l’espace aux
entités fédérés pour traiter ces droits et libertés avec mépris.

• Trois cas différents :

Cas 1 (simple) : quand la Constitution habilite elle-même les autorités compétentes et nous dit
qui est concerné.
è Ex : le droit au logement de l’art. 23. Ce dernier énumère l’ordonnance, la loi et le
décret.
La Constitution fait le job pour nous. Ici, elle habilite tant l’Etat fédéral que les entités fédérées

Cas 2 (+ compliqué) : la Constitution désigne, dans son texte, la loi. Mais qu’est-ce que cela
veut dire, concrètement ?
è Ex : violation de domicile (art. 15) : s’applique le principe de légalité : est réservée, dès
lors, à la loi les situations dans lesquelles elle va pouvoir faire le « cow-boy »1, chez
nous. Mais quand on utilise les termes « par la loi », est-ce qu’on entend marquer la
distinction entre pouvoirs législatifs ou exécutifs ? Ou est-ce que la Constitution veut
parler de la loi fédérale et donc exclure les Communautés et Régions ?

Quand on retrouve l’expression du principe de légalité (« par la loi »), qu’est-ce que cela
désigne ? Or, selon l’interprétation, les conséquences concrètes sont différentes : si on
interprète la loi par la loi, la loi en tant que norme législative (donc qui que ce soit qui règle
cette matière, ça doit être les parlementaires ou que les Communautés et Régions restent
dehors ? Ou alors ce sont les ministres quels qu’ils soient ?

En 20012, la Cour Constitutionnelle a été saisie de la question. Selon elle, quand on a une
disposition constitutionnelle qui vise « la loi », on doit se pencher sur la date à laquelle celle-
ci a été écrite. Le sens à donner à l’expression dépend de quand elle a été écrite. Ainsi, si elle
a été rédigée avant le fédéralisme, « la loi » désigne le pouvoir législatif (donc pas l’exécutif,
mais bien tant la loi, le décret que l’ordonnance). Si la disposition date d’après le fédéralisme,
« la loi » désigne la loi fédérale (puisque le Constituant est quand même au courant du
fédéralisme, donc s’il voulait viser le décret et l’ordonnance aussi, il l’aurait écrit).

1
Jtj elle abuse avec ces expressions, cette cow-girl
2
Arrêt CC : 35/2001

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

On a dès lors régler la controverse puisque « la loi » indique toute norme législative avant le
fédéralisme et, après le fédéralisme, le constituant, quand il emploie le terme « loi », marque
son intention que la norme soit une norme fédérale.

Quand est-ce qu’on détermine cette date concrètement ? Quelle date prend-t-on ? Le
fédéralisme date de 1970 : quand le constituant prend la loi, à l’époque, il sait déjà qu’il existe
des décrets. Mais la date choisie par la Cour Constitutionnelle est 1980, même si dès 1970,
le Constituant ne peut pas ne pas savoir qu’on est en train de se transformer sur le plan du
fédéralisme.
ð On a égard à la date de la disposition pour savoir qui est compétent.

En conclusion, dans une disposition qui date d’avant 1980, le Constituant voulait laisser au
législateur la compétence de gérer les droits et libertés qui découlent de tel article ou tel, et
pas seulement au législateur fédéral. Après 1980, il sait que la loi n’est plus la seule norme
législative et réserve, alors, quand il dit « la loi », la compétence à l’Etat fédéral.

Cas 3 (le + complexe) : quid du cas où la Constitution ne dit rien du tout ou du moins, rien sur
la répartition des compétences ? Comme toujours, les silences de la loi sont ce qui est le plus
compliqué à interpréter.

Pour les cas avant 1980, quand le constituant réserve à la loi la compétence de régler telle
ou telle matière et que rien n’est dit sur la répartition des compétences, retombe-t-on sur l’art.
35 classique ? Et donc l’Etat fédéral serait compétent ?

è Ex : l’art. 15 date de 1830 mais alors les agents régionaux peuvent rentrer comme des
cowboys chez les gens et ne sont pas tenus de respecter l’inviolabilité du domicile.

è Art. 29 (avant : art. 22) : les Communautés et Régions ne doivent pas respecter le
secret des lettres.

En 1990, on s’est dit que les droits et libertés n’étaient pas des compétences matérielles
comme les autres et qu’elles ne devaient pas être abordées sous la logique de la répartition
des compétences traditionnelles.

La jurisprudence et la doctrine ont décidé qu’il appartenait à chaque autorité de repsecter de


manière négative les droits et libertés repris dans la Constitution. Chaque entité est concernée
par le respect des droits et libertés.

La loi n’est pas interprétée en matière de répartition des compétences. Ainsi, de manière
passive, chaque entité doit respecter les libertés constitutionnelles et de manière positive,
réglementer les droits et libertés.

Donc, soit la Constitution prévoit que chacun, dans ses compétences doiet garantir tel ou tel
droit et dans le silence de la Constitution, on retombe, si la compétence n’est pas attribuée
aux Communautés et aux Régions, sur la compétence de principe de l’Etat fédéral.

Cependant, la jurisprudence a admis des immixtions des entités fédérés, même si à défaut de
précision, la compétence de principe appartient à l’Etat fédéral et ce, sur base de l’art. 10 LSRI
(compétences implicites - cdts : impact marginal, immixtion nécessaire, traitement différencié).

è Ex : liberté de la presse (art. 25 qui date de 1830) : on ne trouve pas les termes « par
la loi ». On est dans le cas où rien est dit. On établit la différence entre s’immiscer et
organiser la liberté de la presse. Il est évident que toutes les entités doivent respecter
cette injonction étatique qui s’adresse à toute autorité publique. C’est clair, mais alors

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

qui peut réglementer la presse ? L’art. 25 ne dit rien : la compétence a-t-elle était
donnée ou pas ? On a la RTBF en communauté française. Les entités fédérés sont
compétentes en matière de presse. C’est dans l’autre sens : la loi spéciale confère aux
entités fédérées la compétence en matière de presse. Mais il n’en est pas moins que
l’Etat fédéral doit respecter ce principe de liberté de la presse.

Une autorité qui ne doit pas à se soucier des droits et libertés, c’est scandaleux. Anne-
Emmanuelle est choquée qu’on ait hésité que les droits et libertés ne soient pas imposées à
toutes les entités.

b) En droit international : quelle entité est compétente en matière de droits et


libertés dans l’ordre international ?

• PRINCIPE : dans ses compétences matérielles, chaque entité est compétente


pour conclure des traités (article 167 § de la Constitution – outil n°1)

Dans leurs compétences matérielles, les entités sont compétentes pour conclure des traités.
En Belgique, on a poussé très loin la régionalisation et communautarisation des compétences
puisque les entités ont le pouvoir de conclure des traités. (ce qui n’est pas le cas dans la
plupart des Etats fédéraux).

La répartition des compétences dans l’ordre interne a été calquée sur les normes
internationales.

• QUID DES TRAITÉS MIXTES ? : outil n°3

Art. 167 C°, §1 : les Communautés et Régions peuvent conclure des traités dans leur domaine
de compétence, ce qui pose la question des traités mixtes qui mettront en oeuvre les
compétences de plusieurs entités.

Comme dans la vie de tous les jours, il y a beaucoup de traités qui ne correspondent pas à la
répartition des compétences intra-belges.

L’ONU, quand elle fait un traité ne se soucie pas du régime de répartition des compétences
internes aux Etats fédérés.

Donc ces traités mobilisent souvent des compétences qui relèvent de niveaux de compétences
différents. Et ce qu’on a décidé, c’est que quand il y a un traité mixte, l’ensemble des entités
concernées par le traité vont devoir être associé dans l’élaboration, la négociation, la
ratification, conclusion de ce traité. Ce qui aboutit à une complexité sur certains traités souvent
faramineuses. Parfois, toutes les entités sont impliquées.

• ILLUSTRATION : choisir un traité international + norme(s) d’assentiment et


justifier pourquoi

Les traités internationaux doivent être approuvés par les parlements belges à travers une
norme d’assentiment.

Pour le prochain cours… chercher un traité international (traité, convention, accord, etc). On
regarde quelles sont les entités belges compétentes et pourquoi ? Sur quelle base ?

♡Prise de notes - 1 mars 2023♡

10
Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

Chaque entité peut conclure un traité international (accord entre Etats, contrat entre pays). La
caractéristique en Belgique, c’est qu’il n’y a pas que l’Etat fédéral qui est compétent pour
conclure des traités internationaux mais en réalité, toutes les entités sont aptes à conclure des
traités dans leur domaine de compétence.

Le système de répartition des compétences internes s’exporte dans le domaine international.

è Traité entre la France, la Région wallonne et la Région flamande au sujet de


l’aménagement de la Lys. Ce sont les Régions qui sont compétentes en vertu de art.
§1, II (politique de l’eau).

1.3. Les droits et libertés, au carrefour des pouvoirs législatif et exécutif

a) En droit interne :

• En théorie : le principe de légalité (titre II de la Constitution)

Rappel : la Constitution réserve à la loi la plupart des droits et libertés. Dans certains droits, la
Constitution ne renvoie pas seulement à la loi mais aussi au décret et l’ordonnance et dans
les dispositions datant de 1830, les droits et libertés sont protégés par la loi.
ð C’est le principe de légalité selon lequel c’est le législateur qui doit réguler, réglementer
limiter les droits et libertés.

• Origine : Congressistes de 1830 ont protégé les droits et libertés par le principe
de légalité (titre II de la Constitution)

Les congressistes, qui avaient eu à souffrir du despotisme du régime hollandais qui s’exerçait
par l’exécutif et dans lesquels les assemblées n’avaient rien à dire, ont pensé à cadenasser
par le principe de légalité les droits et libertés qu’ils consacraient.

Louis de Potter était un ancien opposant au régime hollandais, qui s’est fait arrêté par celui-ci,
a subi un procès d’assise et a été emprisonné car il avait critiqué le régime hollandais. Par
renversement de situation, il a été le premier président du congrès national et a défendu avec
ferveur ce principe de légalité.

« Vous le savez, Messieurs, à l’époque de notre réunion, une constitution, imposée par la
Hollande, pesa sur notre patrie. Si du moins cette loi fondamentale avait été franchement
exécutée dans toutes ses dispositions, avec le temps, peut-être, et à l’aide des progrès que
l’arbitraire ministériel nous forçait à faire chaque jour dans la carrière de l’opposition
constitutionnelle, elle aurait pu devenir l’espoir de la liberté belge. Mais, loin de là : les
consciences violées ; l’enseignement enchaîné ; la presse condamnée à n’être plus que
l’instrument du pouvoir, ou forcée au silence ; la substitution arbitraire du régime des arrêtés
(// exécutivisation) au système légal établi par le pacte social ; le droit de pétition méconnu ; la
confusion de tous les pouvoirs, devenus le domaine d’un seul ; l’imposition despotique d’un
langage privilégié ; l’amovibilité des juges, abaissés au rôle de commissaires du pouvoir ;
l’absence complète de la garantie de la publicité et de celle du jury, tout, Messieurs, nécessitait
une révolution, la rendait inévitable, et précipitait l’époque » (ouverture du congrès belge par
Louis de Potter, le 10 novembre 1830).

Les congressistes avaient vécu dans un régime réglé uniquement par des arrêtés (et non des
lois), donc par l’exécutif. Ce qui explique l’importance du principe de légalité pour eux,
notamment en matière pénale (art. 14 C°)

11
Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

• Evolution en période « normale » : le principe de légalité est grignoté par


l’exécutivisation (rappel : cours de droit constitutionnel)

Rappel de droit constitutionnel : arrêt en matière pénale sur les drogues qui habilitait l’exécutif
à fixer la liste de drogues.

De plus en plus, le principe de légalité se retrouve grignoté par l’exécutivisation. Les grandes
juridictions et la doctrine majoritaire considèrent que le principe de légalité est satisfait, honoré
si les éléments essentiels sont réglés par le législateur. Mais on est arrive à des stades où le
fait d’imposer la carte d’identité et fixer quels sont les drogues réprimées sont la compétence
de l’exécutif alors qu’il s’agit d’éléments essentiels.

On note une double dégradation du principe de légalité :


- On a admis que le principe de légalité, c’était seulement le fait que le législateur doive
régler les éléments essentiels.
- On a élargi la définition de ce qu’était les éléments essentiels. (déf + extensive).

Pourquoi ce principe de légalité aurait des vertus plus grandes pour nous que la gestion par
l’exécutif, pour nous, les citoyens. Les vertus de la discussion parlementaire :

- Les parlementaires sont le fruit du suffrage universel. Si on ne trouve pas important que
ce soit pas ceux qu’on a désigné qui décident mais les ministres (pas nécessairement élu
comme on l’a vu : Frank Vandenbroucke et Annelies Verlinden ministres far durant la
pandémie, issus ni l’un, ni l’autre par le suffrage universel), alors on peut abandonner tout
simplement le suffrage universel.

- La présence de l’opposition, et donc le pluralisme des débats. Le fait que l’opposition ait
quelque chose à dire, ce qui n’est pas le cas au sein du Conseil des ministres.

- La publicité des débats (garantie constitutionnelle : art. 47 C°). On a accès aux discussions
des parlementaires, à qui à dit quoi, à qui a voté quoi (ce qui nous aidera lors du suffrage
universel, puisqu’en observant les votes et opinions émises au sein de la Chambre par les
députés, on pourra orienter notre suffrage lors des élections). A l’inverse, les ministres ne
sont pas transparents (et ils ont sûrement leurs raisons, parfois l’opacité est nécessaire
pour devoir dégager des compromis, notamment. Mais cela n’est pas dérangeant, tant que
l’exécutif ne décide pas tout et qu’il se contente d’exécuter)

- Les pouvoirs des citoyens vis-à-vis des parlements. Il existe une série d’instruments (ex :
droit de pétition) qui nous permet, en tant que citoyens, de nous adresser aux
parlementaires. De plus en plus, on cherche à mettre en place des mécanismes d’initiative.
Ainsi, on peut mettre à l’agenda des parlementaires, pour autant qu’on réunit assez de
signatures (ex : en cas d’interpellation citoyenne). On nous donne des pouvoirs vis-à-vis
de nos parlementaires qu’on n’a pas à l’égard des exécutifs et c’est très bien, mais si le
parlement décide de moins en moins, ça n’a aucun sens.

ð Principe constitutionnel qui montre que les congressistes attendait bcp de ce principe de
légalité, ils pensaient que par celui-ci que leur droits et libs seraient mieux protéger par
leur parlement que par leurs ministres.

ð Modernité dans les débats de 1830 en termes de démocratie car les congressistes dit que
même si les parlementaires venaient à s’immiscer trop loin dans le droit et liberté des
citoyens, l’opinion pourrait intervenir (tenir en garde fou) et les rappeler à l’ordre : par le
droit de pétition ; par la liberté de la presse. Conception dynamique de la politique :
investissement des citoyens dans la chose politique.

12
Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

• Evolution en période de pandémie : quelle place pour le principe de légalité ?


(outils n°4)

La plus puissante exécutivisation est en Wallonie. On a eu une phase de pouvoirs spéciaux


mais la plupart des mesures (masques, couvre feu, la bulle, la limitation des rassemblements,
la distanciation sociale) était prise par arrêté, mais ici, ce n’était même des arrêtés de pouvoirs
spéciaux mais des arrêtés de police par la ministre de l’Intérieur.
ð Le pays était géré par arrêtés de police par la ministre de l’Intérieur.

C’était compréhensible au début de la crise, quand on ne savait pas trop ce qu’il allait arriver.
Mais quand le temps a passé et que la gestion a continué à être faite par les arrêtés de police,
ça devenait problématique. Les constitutionalistes du pays sont intervenus et ont dit que toutes
ces mesures atteignant la vie privée et les libertés et prévoyait des amendes pénales, devaient
être réglée par le législateur.

Il n’y en avait pas eu peu : 55 arrêtés de police entre mars 2020 et 2022. Beaucoup de juristes
sont intervenus en disant que cette gestion par arrêtés ministériels n’allaient pas et qu’il y avait
des garanties qui avait du être apportée par le principe de légalité.

Ce qui est déprimant, c’est lorsque les parlementaires se sont enfin réveillé et ont voté la loi
pandémie par laquelle ils ont décidé que la ministre de l’Intérieur aller continuer à gérer le pays
par arrêtés, qui serait désormais des arrêtés royaux de police. La seule intervention des
parlements serait qu’on les tiendrait au courant des arrêtés qui étaient pris.

Pourquoi les parlementaires acceptent-ils leur satellisation et la sur-exécutivisation ?

L’exécutivisation, c’est l’autre face du déclin du principe de légalité. Celle-ci a eu lieu en temps
normal et en période pandémie, c’est encore pire.
ð 250 000 prévenu pour infractions covid durant la pandémie.

Mais on est quand même dans une démocratie et dans un Etat de droit et la bonne nouvelle,
c’est qu’on a des juges et mêmes s’il y a le Conseil d’Etat et la Cour Constitutionnelle se sont
prononcés, il y a eu des petits juges, dans leur coin, mis face à des affaires nombreuses qui
leur tombaient dessus, le tout dans des cdts affreuses, qui ont dit qu’ils n’étaient pas d’accord.

Outil 4. Analyse du jugement de la juge de paix de Charleroi :


En septembre 2021, une petite juge de police de Charleroi qui a eu, face à elle, un cas
d’infraction covid, dans des cdts difficiles, alors qu’elle avait des ministres surpuissants au-
dessus d’elle a refusé d’appliquer la sanction prévue par l’arrêté ministériel. Elle a regardé le
principe de légalité et a dit non. Elle a appris le principe de légalité, qu’en matière de droits et
libertés, et qu’en matière pénale, où le droit devait d’ailleurs être d’interprétation restrictive,
c’était le législateur qui devait faire les limitations.

Contexte : dans le cadre des mesures covid, un homme a contrevenu à ce qui était prévu
dans un des arrêtés. Il est poursuivi pénalement (amende covid car il s’est retrouvé sur la voie
publique avec des amis pour boire des canettes de bière). La mère du prévenu a déjà payé
les amendes (ce n’était pas un évènement isolé). C’est un homme qui souffrait d’un retard
mental, c’est sa mère qui a payé ses amendes car il ne sait pas se gérer lui-même. Les
mesures de confinement ont été très dures pour les personnes des classes sociales
défavorisées et notamment, des infractions covid ont été reprochées à des gens qui n’étaient
pas bien chez eux, qui vivaient des dans des cdts difficiles et qui sortaient, non pas parce que
c’était des dangereux, mais parce qu’ils vivaient dans des cdts compliquées.

13
Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

Décision du tribunal : la juge de police a donc eu face à elle un pauvre monsieur, qui n’avait
pas toutes ces capacités et venant d’un milieu défavorisé, se retrouvant face au tribunal de
police de Charleroi car il n’avait pas respecté une réglementation covid. La juge avant de
prendre sa décision, vérifie le fondement légal des poursuites et voit que les arrêtés
ministériels prévoyant les infractions covid étaient fondés sur une loi de 2007, dite loi de
Ghislenghien, adoptée pour faire face à la catastrophe de Ghislenghien. Cette loi est celle qui
a été employée par l’exécutif et la ministre de l’intérieur pour fonder leurs arrêtés de police.

La juge est allée chercher cette loi de 2007 et a vérifié (p. 13) la base légale, dans un jugement
héroïque, dans lequel elle rappelle qu’en période de crise c’est aux textes fondateurs qu’il faut
se référer (eux-mêmes ayant, le plus souvent été élaboré, suite à des crises).

Les mesures prévues par la loi de 2007 sont limitativement énumérées. Un périmètre a été
défini et ces mesures, définies pénalement, ayant été limitées, la loi ne permet pas d’adopter
toutes les mesures prises par la ministre de l’intérieur.
ð P. 18 : elle constate qu’on ne peut accorder un tel pouvoir exorbitant à un l’exécutif.

31. « …Dans une démocratie la fin ne justifie pas les moyens… » Bien que la fin soit légitime,
elle ne justifie pas tous les moyens.

La juge applique l’art. 159 C° qui est une disposition constitutionnelle très importante
permettant aux petits juges d’écarter les normes administratives de l’exécutif contredisant la
Constitution.

L’art. 159 C° a été prévu par les congressistes, bien placés pour savoir que les abus sont
souvent, voir toujours commis par les exécutifs. Il investit les cours et tribunaux d’une mission :
n’appliquer les actes administratifs réglementaires qu’autant qu’ils sont conformes aux lois
(interprétées de manière extensive : ces actes doivent respecter toutes les normes
supérieures, en soi toutes les normes provenant du pouvoir législatif).

ð Idée d’ériger tous les juges de cette mission de surveiller si, de la part, des exécutifs il y a
respect des normes législatives.

On est pendant la pandémie. La juge de police prend au sérieux cet art. 159 C° et examine en
premier lieu l’arrêté. Celui-ci prévoit une série de mesures qui, même s’ils étaient justifiés par
une la loi de 2007 doivent être interprétées de manière restrictive car elles sont des exceptions
aux principes de légalité (de plus, le droit pénal est d’interprétation restrictive).

A propos du fondement légal de ces mesures, l’exécutif se basait sur une loi sur la sécurité
civile de 2007 (p. 18) : la juge déduit que (cfr. §31) les arrêtés ministériels ne pouvaient être
fondés sur la loi 2007 et ne sont donc pas conformes aux lois au sens de l’art. 159. Au nom
du principe de légalité, elle écarte l’arrêté ministériel et le monsieur n’est plus condamné.

Par application du principe qui peut le plus peut le moins, le ministre de l’Intérieur a considéré
qu’elle pouvait adopter les mesures covid, même si ce n’était pas prévue dans la loi de 2007.
Cela ennuie à Anne-Emmanuelle car selon elle, le droit pénal doit être de stricte interprétation.

Selon la juge, le principe de légalité, et singulièrement en matière pénale, fait que ça doit être
le législateur qui décide. Or ici, on a essayé de faire rentrer dans la loi de 2007, des mesures
qui n’était pas prévues par cette dernière.
Grâce à cela, l’arrêté ministériel a été écarté car il était anticonstitutionnel et les poursuites
n’étant plus fondées sur rien, ce monsieur a été acquitté.
Malheureusement, ce jugement a été réformé en appel, devant le tribunal correctionnel. Sa
décision a été réformée en appel. Sa position était peu suivie, même au sein même du tribunal
de police de Charleroi.

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

Le jugement de Charleroi a fait l’effet d’une bombe, car si tous les juges de police s’alignaient
sur ce jugement, il n’y aurait plus de poursuites et de condamnation pour infraction covid.

Dans les faits, certains juges (une minorité) ont adopté la même jurisprudence. Ainsi, c’était
compliqué pour les justiciables de savoir ce qui était vraiment réprimé ou pas, car selon le juge
devant lequel ils étaient présentés, leur situation était plus ou moins favorable.

b) En droit international :

• En théorie : le principe de l’assentiment parlementaire (à ne pas confondre


avec la négociation, la signature et la ratification – art. 167 §2 et 3 C°, outils
n°1 et 3)

Pour former un traité international (=contrat entre différents Etats-nation), on distingue


différents actes. (v. accord de coopération sur les traités mixtes).

- Le premier stade de l’élaboration d’un traité international est la négociation entre Etats
(discussion sur le contenu du traité). C’est les exécutifs qui négocient les traités pour
aboutir à un accord qui est ensuite signé. La négociation et la signature sont des actes de
l’exécutif. La signature d’un traité manifeste l’intention d’une exécutif d’être parti à celui-ci.
Mais ce n’est qu’une intention et d’autres étapes vont intervenir pour que le traité soit
valablement constitué.

- Le deuxième stade est celui de l’assentiment parlementaire : c’est la condition nécessaire


pour qu’un traité international produise un effet juridique, entre en vigueur dans l’ordre
interne. L’assentiment parlementaire est donné par une loi, qu’on appelle « loi formelle »
et qui est publiée au MB. C’est par ce biais, que les parlementaires sont consultés.

Art. 167, §2 et 3 : quels sont les règles de vote et de quorum pour adopter une telle loi ? Ce
n’est pas l’art. 167, §4 qu’on applique : celui-ci porte sur les lois spéciales qui organisent les
modalités d’adoption des traités et pas sur les lois adoptées au sein de la procédure
d’élaboration des traités.

Par conséquent, on se réfère au mode délibératif usuel des chambres repris dans l’art. 53 C°.
Quand la Constitution ne dit rien sur la manière d’adopter une norme législative générale, on
retombe sur l’art. 53 qui s’applique de manière subsidiaire quand la Constitution ne dit rien.

Le même raisonnement pour les entités fédérés s’appliquera pour les entités fédérés : ce sera
à travers une loi, un décret ou une ordonnance adopté selon les modes de quorum (majorité
des présents) et de vote (majorité des suffrages) ordinaires que l’assentiment parlementaire
sera donné.

- Le troisième stade, et dernier acte juridique de la procédure, c’est la ratification du traité


qui est un acte de l’exécutif. La signification de cet acte juridique est l’expression du
consentement de l’Etat à être lié par le traité. Pour rappel, la signature était la manifestation
de l’intention des parties à être lié au traité. Ici, c’est clairement le consentement et plus
une simple volonté. La ratification est la condition juridique nécessaire pour que le traité
produise ses effets juridiques dans l’ordre interntaional.

Pour savoir quand un traité entre en vigueur, on doit regarder dans le traité même, car c’est
lui qui fixe son entrée en vigueur. Des fois, un traité prévoit qu’il faut que toutes les parties
l’aient ratifiés pour qu’il puisse sortir ses effets, des fois, seules 10 ratifications sont suffisantes.
Un traité peut être entré en vigueur dans l’ordre international et pas dans l’ordre national
interne.

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

• En pratique : quelle place pour les parlementaires en aval de la procédure ?

Les parlementaires, pouvons-nous nous dire sont mieux lotis dans l’ordre international que
dans l’ordre national, puisque l’assentiment parlementaire est nécessaire. Mais attention, en
pratique, s’il y a bien un domaine où les parlementaires peinent à exister, c’est le domaine
international et ce, alors qu’on est dans une période compliquée où se profile une tendance
de mondialisation, de globalisation (mais qui est peut-être en train de se perdre : Brexit, guerre
en Ukraine, car reviennent les conflits et tensions entre Etats).

è Traité de libre échange entre la Belgique et le Canada (CETA) en vue de réduire, voire
abolir les taxes entre les deux pays, pour qu’ils se fassent des cadeaux fiscaux mutuels
et pour favoriser le marché entre les deux Etats et favoriser le commerce canadien en
Belgique.

Ce traité, est le seul cas où les parlementaires se sont levés et ont entamé un véritable
bras de fer contre les exécutifs dans la conclusion du traité. D’autant plus que c’étaient
les parlementaires wallons qui se sont soulevés (rappel : les Régions ont d’importantes
compétences en matière économique). La Région wallonne, et plus singulièrement son
parlement, a montré les muscles car ses membres n’étaient pas d’accord avec une
série de dispositions du traité.

ð C’est un évènement isolé mais tous les regards étaient tournés vers la petite Wallonie qui
a elle toute seule bloquait l’échange avec le grand Canada.

C’était Paul Magnette, qui était ministre-président, qui avait orchestré la révolte.
Finalement, il a quand même fallu que le chef de l’exécutif soit en pointe de la révolte
pour que les parlementaires se révoltent… On peut se demander pourquoi alors qu’il
l’avait signé et négocié, Paul Magnette s’est révolté contre ce traité ? Car, en réalité,
ce n’était pas lui qui avait participé aux premières étapes de la procédure. En effet, ces
traités prennent très longtemps à conclure et souvent, plusieurs législatures se
succèdent durant leur élaboration.

2. Outils
Outil n°1. La Constitution belge

Outil n°2. Hachez I., «Le standstill, ou comment les juges ont permis de mieux protéger les
droits fondamentaux en limitant les possibilités de recul», https://www.justice-en-ligne.be, +
choisir 1 des trois arrêts cités !

Outil n°3. Accord de coopération du 8 mars 1994 entre l’Etat fédéral, les Communautés et les
Régions relatif aux modalités de conclusion des traités mixtes, M.B., 17/12/1996

Outil n°4. Jugement du 21 septembre 2020 du Tribunal de police du Hainaut (division


Charleroi), n°20/2538 (site du cours)

♡Prise de notes - 7 mars 2023♡

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

La question de la relation entre droit international et droit interne est d’une brûlante actualité.
En témoigne le bras de fer entre l’Union européenne et certains pays européens comme la
Hongrie ou la Pologne. Le droit international doit-il primer sur le droit national, même
constitutionnel ? A quelles conditions ? Dans quelles limites ? Plongée dans une des
questions les plus complexes et passionnantes de la pensée juridique !
https://www.robert-schuman.eu/fr/questions-d-europe/0615-l-etat-de-droit-en-pologne-ou-la-fausse-querelle-de-la-primaute-du-
droit-europeen
https://institutdelors.eu/publications/le-bras-de-fer-entre-lunion-europeenne-et-la-hongrie/

Certains pays comme la Hongrie et la Pologne se retranchent de plus en plus derrière leur
droit interne pour faire barrage au droit international (= droit produit par les Etats entre eux),
notamment au droit européen (= sous-branche du droit international, mais plus contraignant
car plus intégré dans nos Etats).

Que faire quand on a du droit international d’un côté et du droit constitutionnel, d’un autre, et
que les deux se contredisent ?

Les relations avec la Pologne vont mieux, depuis la guerre en Ukraine. Mais il y a un problème
avec la Hongrie, où l’extrême droite est au pouvoir, qui brandit son droit national face au droit
européen.

1. Analyse
a) Rappel / répartition des compétences fédéral/fédérés ? (art.167 § C°)

• Dans ses compétences matérielles, chaque entité est compétente pour conclure
des traités

Dans la répartition des compétences entre fédéral et fédéré, la Belgique se singularise en ce


qu’elle laisse une forte autonomie aux entités fédérées dans le domaine international,
notamment pour conclure des traités (dans la plupart des Etats fédéraux, le droit international
est géré par l’Etat fédéral, et on laisse de côté les entités fédérées).

• Au sein de chaque entité : le Gouvernement signe et ratifie un traité ; le


parlement donne son assentiment

En Belgique, les entités fédérées ne sont pas en dehors de la confection et de l’élaboration du


droit international. Si le gouvernement joue un rôle en amont (négociation et signature) et aval
(ratification), le Parlement intervient entre ces deux moments pour donner son assentiment.

b) Ne pas confondre : négociation et signature/assentiment /ratification

La ratification est donnée après l’assentiment parlementaire et après que celui-ci soit définitif.

c) En pratique : la ratification gouvernementale est donnée après que l’assentiment


parlementaire soit définitif (délai d’annulation abrégé - article 3 § 2 LSCC outil n°5)

Les normes d’assentiment des traités sont des normes législatives. Et la ratification intervient
après que le délai de recours devant la CC contre la loi d’assentiment est expiré car on craint,
que, si l’exécutif se précipite, la norme d’assentiment soit annulée devant la CC. Ce serait
catastrophique car la ratification conditionne l’entrée en vigueur dans le droit international de
la norme et l’assentiment conditionne son entrée en vigueur en droit interne.
ð C’est la raison pour laquelle dans les lois sur la CC, on prévoit un délai abrégé.

17
Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

En effet, pour les normes d’assentiment, on prévoit un délai raccourci de 60 jours (le délai
normal est de 6 mois). C’est parce que la ratification intervient après que la norme soit devenue
définitive, donc après que le délai est expiré et qu’on ne veut pas traîner pour des raisons de
stabilité des relations internationales. Ce délai est organisé dans le but de garantir une stabilité
des relations internationales, dans l’idée de favoriser les relations internationales.

Cela a une conséquence négative, en réalité, sir les droits de la défense ou sur le droit à un
recours effectif. On a moins de chance d’obtenir l’annulation d’une norme d’assentiment si on
puisqu’on a 60 jours pour introduire notre recours que pour une loi normale pour laquelle on
dispose de 6 mois. Ça décourage les recours.
ð On a favorisé les relations internationales par rapport aux droits de la défense.

d) Question : quelle est la place dans la hiérarchie des normes des traités, conventions,
accords internationaux « directement applicables»?

Quelle est la place du droit international (traité, convention, protocole, accord = contrats entre
Etats, tous ces mots désignent la même réalité) dans la hiérarchie des normes ?

Qu’est-ce que ça veut dire qu’un traité international soit directement applicable ?
ð Effet direct d’un traité international dans le droit interne
ð C’est dans ce cas que se pose la question du rapport entre droits interne et international.

Effet direct = même idée que directement applicable. Un traité a un effet direct quand il
comporte, prévoit une disposition juridique claire, complète qui impose aux Etats parties à ce
traité international de s’abstenir de faire quelque chose de précis ou au contraire d’agir
positivement de manière précise. En sorte telle que cette obligation juridique pesant sur l’Etat
est si complète et précise qu’elle pourra être invoqué directement par les citoyens de cet Etat.
Les citoyens de cet Etat vont pouvoir se saisir de ce droit international directement applicable.

Dès qu’un traité international a un effet direct se pose la question de la confrontation entre
droit interne et international. Si on a un traité flou (ex : les Etats s’engagent à favoriser la paix
dans le monde => peu précis et peu concret) et que c’est mou alors ça ne pose pas de dilemme
aux juges.

è Art. 3 CEDH : l’Etat belge ne peut torturer : c’est clair (>< favoriser la paix dans le
monde ; pas la même plasticité)

On parle de conflit entre droit international et droit interne car, dans leur contrôle, les juges
vont être soumis à des injonctions potentiellement contradictoires entre le droit interne et ce
droit directement applicable qui dit quelque chose de contradictoire. AU sein de leur
contentieux, les juges intègrent le droit international, directement applicable.

Que fait le juge face à un conflit entre droit interne et droit international directement
applicable ?
- Il peut soit adopter une position plus internationaliste et faire primer le droit international
(c’est beaucoup le cas en Belgique). S’il adopte cette position internationaliste, il fait même
primer le droit international, potentiellement sur la C°. Il va dire ça car sinon, le droit
international est inutile : en effet, la Belgique pourrait conclure un traité avec les autres
Etats et puis, en interne, se retrancher de ses obligations. La position internationaliste est
la seule qui donne du sens au droit international, qui le garantit. Sinon, cela voudrait dire
que l’Etat peut s’engager sur la scène internationale et puis, faire l’inverse de ce à quoi il
s’est engagé en droit interne. Cela oblige les Etats à être conséquent et cohérent.

- Position interniste : le droit interne ne s’efface pas si facilement devant le droit international
et ce, à cause des enjeux de type démocratique relatif à la manière dont le droit interne

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

est confectionné. Si on fait primer le droit international, la Constitution est soumise à celui-
ci aussi. Or la Constitution, en droit belge, est formée et modifiée en vertu de l’art. 195 C°,
qui allie à la fois plusieurs étapes (en 3 temps et prévoit des majorités plus protégées). A
force d’adopter une position internationaliste, cela signifie potentiellement que la
Constitution, protégée procéduralement par l’art. 195, peut s’incliner devant le droit
international reçu dans l’ordre interne selon les règles de vote et de quorum de l’art. 53 C°.
Conséquence de la position internationaliste : la C° est soumise à aux normes
internationales à effet direct, alors qu’elle prévoit des garanties procédurales très lourdes,
plus protectrices qu’une simple loi d’assentiment adopté selon l’art. 53 C°. Donc cette C°
peut s’effacer face à une norme d’assentiment dans l’élaboration de laquelle les
parlementaires ont un peu de place (pression de l’exécutif et l’international au sujet d’un
accord déjà négociée et signé, et dont la plupart des étapes sont opérées par l’exécutif).

ð Cette position interniste fait primer le droit interne et particulièrement, la Constitution sur le
droit international.

Pour les internistes, le droit interne et la Constitution pourraient devenir inutiles et non
contraignants car on pourrait potentiellement, sur la scène internationale, décider des choses
contraires à notre texte fondamental et l’imposer.

è Hongrie et Pologne : position interniste.

Est-ce que les congressistes ont donné le même pouvoir aux juges, vis-à-vis des lois, que
celui qu’ils ont en vertu de l’art. 159. Non : ils ne peuvent pas écarter des normes élaborées
par le législateur (mais méfiance vàv des exécutifs). On n’a pas donné le pouvoir au juge
d’écarter la loi. Souvent le juge judiciaire est tenté de contrôler aussi la conformité de la loi à
la C° comme pour actes administratifs.

1.1. En droit interne : des positions juridictionnelles dissonantes ?

1.1.1. La Haute Cour judiciaire : une réponse claire

a) Arrêt Cass. « Leski » - outil n°6

Outil 6. Analyse de l’arrêt Leski de la Cass :


L’arrêt Leski répond à la question de savoir comment faire quand le juge est face à un traité
et une loi qui se contredisent. Pour la Cass, le droit international directement applicable prime.

Contexte : Leski = nom d’une société d’importation de lait étranger. La Belgique avait imposé
à cette société de payer des taxes quand elle importait son lait. Or, l’un des piliers de la
construction européenne, c’est la libre circulation des marchandises.

Le Cour de Justice condamne la Belgique qui ne peut imposer des droits de taxe à la société
Leski lorsqu’elle importe du lait venant d’un des Etats membres. La Belgique, plutôt, que de
se plier à cette décision et de rembourser les taxes, adopte, cette fois, une loi qui dit que toutes
les sommes perçues en vertu de ses droits d’importations sont acquises définitivement.

La société Leski va se tourner vers le tribunal de première instance et réclame son droit au
remboursement des sommes qu’elle a payé à l’Etat belge. Elle voit son recours rejeté en
première instance. La Cour d’appel saisie par la société Leski chante une autre chanson : on
a une loi de 1966 qui dit que les sommes ne doivent pas être remboursées et d’autre part, on
a le traité de Rome qui prévoit la libre circulation des marchandises. La Cour d’appel donne
raison à Leski car elle décide d’écarter la loi car elle se considère compétente pour l’écarter

19
Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

étant donné qu’elle rentre en contradiction avec une norme internationale directement
applicable.

Arguments des parties : l’Etat belge introduit un pourvoi devant la Cass . L’Etat invoque (p.
916-918 : moyens invoqués) comme premier moyen que les juges ne peuvent écarter la loi :
c’est la compétence exclusive du législateur. Ensuite, le deuxième moyen s’identifie à
l’incompétence des juges soulevée dans le premier moyen : il porte sur le caractère
incontestable par qui que ce soit des choix opérés par le législateur. Dans le troisième moyen,
est discutée la différence entre le fait de constater que les effets de la loi sont arrêtés et
l’annulation d’une loi. L’Etat dit que ce que font les juges en réalité c’est d’annuler une loi et
pas seulement d’en arrêter les effets.

Décision de la Cour : elle rejette les trois moyens et pose (p. 919) : « Attendu que lorsque le
conflit existe entre une norme de droit interne et une norme et une norme de droit international
qui a des effets directs dans l’ordre juridique interne, la règle établie par le traité droit prévaloir ;
que la prééminence de celle-ci résulte de la nature même du droit international
conventionnel ».
ð La règle du traité et prévaut et cela tient à la nature même du droit international.

Si on déroge au droit auquel on vient de souscrire sur le plan international, le droit international
n’a pas lieu d’être.
ð Position internationaliste de la Cour.

L’arrêt Enel et Costa de la CJUE est cité par la Cass : elle suit la jurisprudence des juridictions
internationales.

♡Prise de notes - 15 mars 2023♡

Comment articuler droit interne et droit international ? Et comment le juge va articuler des
injonctions contradictoires qui viennent du droit interne et du droit international ?

Derrière cette question technique, il y a une vraie grande question sociétale : est-ce qu’on
laisse le droit international affirmer sa primauté, quitte à balayer les droits internes ?

On a vu que les lois d’assentiment parlementaire étaient des lois limitées : pas de possibilité
pour les parlementaires d’amendement et en plus l’assentiment intervient en bout de course :
après un procédé entièrement négocié, décidé.
ð Signe de la perte de vitesse des parlementaires.

La loi, procéduralement, apporte plus de garanties aux citoyens que les lois d’assentiment
parlementaires.
ð Perte de vitesse des parlementaires (ils sont un détail dans la procédure) // FN Herstal
(argument du gouvernement : ça n’aurait rien changé s’il y avait eu le parlement en face)
Si on ne dit pas que c’est le droit international prime, alors on bascule dans la féodalité entre
les Etats. Le droit international vient mettre du droit entre les rapports de force entre Etats.

La Cour de cassation adopte une position internationaliste. Cette position internationalisme


peut se montrer dangereuse car elle implique que les juridictions internes ne peuvent plus
contrôler ces lois d’assentiment car elles ne sont plus compétentes. Alors que dès qu’il y a des
actes juridiques internes, il faut affirmer le pouvoir de nos juridictions nationales.

1.1.2. La haute Cour administrative (le Conseil d’Etat) : des réponses contrastées

20
Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

a) La Section d’administration : arrêt C.E. «Goosse» - outil n°7

Outil 7. Analyse de l’arrêt GooSse du Conseil d’Etat :


Contexte : un arrêté royal ouvre la fct publique aux européens en exécution de principe de
l’UE qui consiste à favoriser la libre circulation des travailleurs (= idée qu’on peut travailler
comme fonctionnaire dans d’autres Etats européens mais avec une limite : on ne peut
participer à la puissance, force publique. Ex : policiers, armée => réserve de nationalité pour
certaines fcts).

Arguments des parties : Mr. Goosse, un fonctionnaire belge, voit cela d’un mauvais œil et
n’est pas content qu’on ouvre la fct publique belge à des non belges européens. Il introduit
une requête en annulation contre cet arrêté. Il introduit 3 arguments :

- Le moyen 1 portait sur un problème de non-rétroactivité : il considérait que la réforme


entreprise était rétroactive (moyen écarté par le CE)

- Moyen 2 : publicité de l’administration (moyen écarté par le CE)

- Moyen 3 : il invoque la Constitution car il invoque le fait que l’article 10 C° qui est visé
réserve aux belges les emplois civils et militaires. Goosse dit qu’aucune norme
internationale, et même de manière générale, ne donne le pouvoir aux Etats de faire des
traités contraires à la C°. Cette obligation d’ouvrir la fct publique aux non belges venait du
Traité relatif à l’UE, du droit européen. En décidant de faire l’inverse de ce qui est prévu
dans la C°, ce sont toutes les garanties liées à la révision de la C° qui sont perdues en
chemin.

Décision du Conseil : le CE, à la p. 11, va considérer que « lorsqu’un conflit existe entre une
norme de droit interne et une norme de droit international qui a des effets directs dans l’ordre
juridique interne, la règle établie par le traité doit prévaloir ».
ð Position internationaliste. Quasi copié-collé de l’arrêt Leski. Mais il ajoute que le principe
s’applique aussi pour les articles de la C°, même si cela vient atteindre aux effets des
articles 8 et 10 de la C° (l’arrêt Leski ne se prononce que p/r à une loi, ici, le principe vaut
en ce compris pour la C°).

A la p.13, le CE va très loin dans cette logique, il pousse si loin la logique internationaliste,
qu’il vient dire que c’est le traité international de toute façon qui a fixé cette règle (et pas l’arrêté
royal) et donc que lui, CE, n’est pas compétent. Il conclut donc que le moyen est irrecevable
car il attaque une règle qui ne provient pas d’un arrêté royal (qui lui se borne à la traduire dans
le droit interne), mais du droit international.
ð C’est aller un peu loin. C’est bizarre aussi car si ce n’est pas recevable pourquoi se
penche-t-on sur le fond ? Pourquoi répond-on au moyen ?

Les 4e, 5e et 6e moyens qui sont rejetés.

Lien entre outils (intéressant : dialogue des juges) : à la p. 8, le CE cite, fait référence à un
arrêt de la CC (réf à Arrêt « Ecole européenne » et à l’avis SLCE « Maastricht ». Les juges se
répondent, comme Leski faisait référence à l’arrêt Costa Enel de la CJUE.

b) La Section de législation : avis SLCE « Maastricht » - outil n°8

On a eu longtemps tendance à opposer les positions des deux sections du Conseil d’Etat.

21
Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

Outil 8. Analyse de l’avis Maastricht du Conseil d’Etat :


Contexte : l’article 8 C°, ce ne sont pas les emplois qu’il réserve aux belges mais, dans son
ancienne version, les droits politiques. Le traité de Maastricht de l’UE (et une directive qui
exécutait ce traité) est venu imposer à la Belgique d’ouvrir la citoyenneté locale aux non
nationaux. Cela vaut autant pour le droit de vote que la citoyenneté belge aux non nationaux.

La Belgique tarde, en raison de conflits communautaires / linguistiques, à exécuter son


obligation. D’une part, les flamands craignent que le pouvoir des francophones soit renforcés
à Bruxelles mais aussi dans les communes à facilité, où il y a aussi beaucoup de fonctionnaires
européens. D’autre part, chez les wallons, la majorité des francophones disaient qu’on ne
pouvait discriminer les étrangers entre eux et donc qu’il fallait donner les mêmes droits aux
étrangers non-européens.

A cause de la controverse, on n’a rien fait et la CJUE est venue nous rappeler à l’ordre (elle
vient faire ça quand les Etats n’exécutent pas leurs obligations). Dès lors, un projet de loi est
déposé (art. 3 LCCE : demande d’avis obligatoire). La SLCE recommande et émet des
réserves car la Constitution en son article 8 réserve les droits politiques aux belges et que
cette Constitution n’a pas été révisée. Ainsi, la SLCE dit, en rappelant un avis qu’elle avait
déjà donnée, à la p. 18 : « la révision de l'article 8, alinéa 2, de la Constitution est le préalable
obligé à la transposition en droit belge de la directive du 19 décembre 1994 ».
ð Elle émet une réserve à ce sujet dans son avis.

Beaucoup d’analyses et de commentateurs ont opposés les positions des deux sections du
Conseil d’Etat. C’est vrai qu’on voit des dissonances, on est dans les deux cas face à un conflit,
l’article 8 qui dit une chose et le droit européen autre chose. Les commentateurs ont vu un
écart, dans cet avis, du CE par rapport à l’arrêt Goosse.

Anne-Emmanuelle trouve qu’on a trop opposé ces deux avis. Déjà, ici on est dans un avis qui
n’a pas de portée obligatoire et on est que dans le stade de la confection du droit. C’est
excessif de dire que la SLCE est interniste : ici, elle plaide pour une harmonisation du droit,
pour éviter qu’il y ait conflit. Elle dit, en réalité, que quand un conflit existe, il appartient à la
Belgique de le résoudre en modifiant son droit interne. Elle préconise une révision de l’art. 8 :
preuve qu’il ne s’agit pas d’une position interniste. Ce qu’elle fait tient à sa nature : conseiller
les gouvernants pour faire du « bon droit », en l’occurrence résoudre ce conflit en modifiant la
C°.

NB : à l’époque l’art. 8 réservait aux belges les droits politique.

Dans l’arrêt Goose, il est fait référence à l’avis de la SLCE (p. 12) : « si l’on peut, comme l’a
fait la section de législation du Conseil d’Etat, souhaiter que le texte constitutionnel soit adapté
aux exigences du droit européen, une telle adaptation ne saurait conditionner l’application de
ce droit, qui s’impose même en son absence ».

ð Le CE se répond, essaie lui-même de dire de ne pas prendre l’avis de la SLCE pour laisser
tomber le droit international.

Pour Anne-Emmanuelle, le tout tient au moment où la juridiction se prononce : le contrôle de


la SLCE est préventif (elle essaie de prévenir les conflits de normes).

Du coup, l’article 8 a été ouvert à révision, par la suite, pour étendre la citoyenneté électorale
aux non-nationaux, en sorte telle que le conflit a été résolu. Donc, il n’y a pas eu de recours
contre cette loi, puisque que la C° a été révisée.

22
Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

1.1.3. La Haute Cour constitutionnelle : entre les deux (positions), son cœur balance ?

a) Une réponse dissonante ? : Arrêt C.C. «Ecole Européenne – outil n°9

La CC est dans une position compliquée car c’est la garante de la C°. Quelle position va-t-elle
adopter ? Il faut distinguer deux cas de figure :

- Cas du recours en annulation, que va-t-elle faire s’il y a un recours devant elle au sujet
d’une loi d’assentiment. Ce qu’on n’a pas fait c’est qu’on n’a pas prévu l’interdiction
d’introduire un recours en annulation contre une norme d’assentiment. Et même, plus loin,
le législateur spécial a prévu cette possibilité de pouvoir introduire un recours en annulation
contre les normes d’assentiment. La Cour part déjà d’une position un peu interniste : elle
va devoir comparer la norme d’assentiment à la C° et éventuellement dire que la norme y
est contraire. On peut dire, sans avoir égard à sa jurisprudence, que la CC est condamnée
à une position interniste, car le législateur a prévu une position interniste pour elle.

Pour garantir la stabilité des relations internationales, on prévoit un délai de recours


d’annulation raccourci à 60 jours pour introduire un recours devant la CC (art. 3, §2
LCC) car l’idée était que l’exécutif attende l’écoulement du délai pour pouvoir donner
sa ratification. Le droit international n’est pas encore totalement formé au moment où
l’on peut saisir la CC, car la ratification n’a pas encore eu lieu. La ratification ne pourra
intervenir qu’après le délai de 60 jours.

Dans le contentieux de l’annulation, c’est trop court de dire que le législateur spécial a
consacré une position interniste, car on n’est pas vraiment dans un conflit entre norme
interne et norme internationale car cette dernière n’est pas encore formée.

- Contentieux préjudiciel : de manière générale, il n’y a pas de délai pour poser une
question préjudicielle (c’est la grande différence entre les deux types de contentieux). C’est
sans délai (sine mora). On peut potentiellement avoir un arrêt de la CC qui se saisit d’un
droit extrêmement ancien. Cela crée deux problèmes/opportunités (en fct de son pov dans
la controverse) :
o On ne peut plus dire que le droit international n’est pas encore formé, il est
complet, de fait. Potentiellement du droit international complétement formé
pourrait être écarté.
o C’est n’importe quand. En termes juridiques, ça peut être complexe. On a des
traités comme celui de Rome qui datent des années 50, comme des plus
récents. Potentiellement, la CC va peut-être dire que la loi d’assentiment du
traité de Rome, fondateur des Communautés européennes, est écartée car elle
a un problème de constitutionnalité. Cela crée un problème aussi en termes de
relations internationales. Ce contentieux préjudiciel est, à l’origine, sans délai.

ð Heureusement, il va y avoir une réforme.

C’était controversé de savoir si la Cour était compétente, notamment pour les raisons vu ci-
dessus.

C’est l’arrêt Ecole européenne va être le premier arrêt dans lequel la CC va nous apporter une
réponse : à savoir, si la CC est compétente pour répondre à des questions préjudicielles à
l’égard des lois d’assentiment.

23
Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

Outil 9. Analyse de l’arrêt « École européenne » de la CC:


Faits : en Belgique, l’art. 24 C° prévoit que l’enseignement est gratuit mais par un Protocole
(//traité international) confirmé par une loi d’assentiment, est prévue la création de l’École
européenne et le paiement d’une contribution scolaire pour s’inscrire à celle-ci. Or, des parents
n’ont pas voulu payer ce minerval, ces droits d’inscription et par conséquent, sont assignés
devant le juge à payer les droits d’inscription qu’ils n’ont pas payé. Ils soulèvent que ce traité
est contraire à la C°, devant le juge de paix du canton de Mol. Le juge pose la question
préjudicielle à la Cour.

Décision de la Cour : la Cour adopte-t-elle une position internationaliste d’entrée de jeu et se


déclare incompétente ou alors se déclare-t-elle compétente mais adopte une position
internationaliste sur le fond ?

La CC opère en trois temps :

- D’abord, elle considère, en B.4, qu’elle est compétente, car ni le droit international, ni le
droit interne n’autorise les Etats à faire des traités contraires à leur C°. En somme, sur la
compétence, elle adopte une position interniste.

- En B6, elle se penche sur le contrôle et là, elle se modère. Elle dit qu’elle est compétente
et donc cela implique qu’elle va examiner le contenu des actes internationaux vàv de la C°
(position interniste). Mais on a l’impression d’une forme de modération, car elle dit que « la
Cour devra toutefois exercer son contrôle en tenant compte de ce qu'en l'espèce, il s'agit
non d'un acte de souveraineté unilatéral mais d'une norme conventionnelle produisant
également des effets de droit en dehors de l'ordre juridique interne ». => contrôle prudent
/ modéré. Elle devra tenir compte que ce n’est pas comme une loi classique dont elle
analyse la constitutionnalité.

- Finalement au terme de cet examen, elle considère que cette loi d’assentiment n’est pas
contraire à la C°, car, en B.7.4., elle dit les écoles européennes ne sont pas des
établissements pour lesquels on ne peut considérer que l’enseignement doit être gratuit.
Elle limite l’article 24 aux établissements relevant de l’Etat belge ou subventionnés par les
autorités publiques et prévoit qu’il ne s’applique pas aux écoles privées, ce qu’est l’Ecole
européenne. Elle trouve qu’il n’y a pas contrariété entre les deux et donc pas besoin de
faire primer l’un ou l’autre.

NB : article 24 = ancien article 17.

Dans la doctrine, on énonce une dissonance : c’est sûr que cet arrêt est moins internationaliste
que Goosse et Leski et c’est aussi vrai que c’est plus interniste sur la compétence. Mais il ne
faut pas radicaliser la position de la Cour et tenir compte du rôle et du statut de chacun.

Si elle avait répondu à la question par l’affirmative, le juge de paix aurait écarté la loi et les
parents n’auraient pas du payer. Mais, dans la réalité, le juge de paix a imposé aux parents
de payer.

b) La riposte du législateur : la réforme de la CC de 2003 (nouveaux articles 4 alinéa 2


et 26 §1bis LSCC - outil n°5)

Cet arrêt a provoqué la stupeur et a fait réagir. Pour la stabilité des relations internationales,
ça pouvait être déstabilisant, car depuis l’arrêt de 1994, la Cour s’estimait compétente pour ce
genre d’examen, quoiqu’elle privilégiait une position interniste modérée dans ce cadre (car
elle ne fait pas comme si la loi était une loi comme les autres).

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

Une réforme a eu lieu en 2003 (c’est grâce à elle qu’on a l’appellation Cour Constitutionnelle
plutôt que Cour d’arbitrage). Par la loi du 9 mars 2003, le législateur va étendre la compétence
de la CC au-delà des articles 10 et 11 de la C° et règles répartitrices de compétences, soit à
l’ensemble du titre II. La Cour n’est toujours pas compétente pour l’ensemble de la C°.

Dans ce cadre, le législateur va se saisir de cette question (celle de savoir si la Cour est
compétente ou non pour les questions préjudicielles portant sur els normes d’assentiment à
un traité) : le législateur, qui a très peur que cela déstabilise le droit international ajoute un
paragraphe 1bis à l’article 26.

Art. 26, § 1bis LCC : « sont exclus du champ d'application de cet article les lois, les décrets et
les règles visées à l'article 134 de la C° par lesquels un traité constituant de l'Union
européenne ou la Convention du 4 novembre 1950 de sauvegarde des droits de l'homme et
des libertés fondamentales ou un Protocole additionnel à cette convention reçoit
l'assentiment. »

NB : règles visées à l’art. 134 C° = ordonnances ; Convention du 4 novembre 1950 = CEDH

Finalement, on exclut deux types de traité : les traités constituant de l’UE et la CEDH + les
protocoles additionnels relatif à cette convention.

ð On trie le droit international, ça sent le compromis à plein nez. C’est une position plutôt
internationaliste, c’est pour protéger ces ordres juridiques. Mais ça renforce l’idée des
citoyens que ce sont des ordres à part sur lesquels ils n’ont pas de prise.

Pour le reste du droit international, qui va pouvoir encore faire l’objet de questions
préjudicielles, un autre mécanisme est mis en place dans l’art. 4 (durant la même réforme de
2003) sur le contentieux de l’annulation. Un nouveau délai de 6 mois va s’ouvrir à partir du
moment où un arrêt de la CC constate qu’une disposition législative est contraire à la C°.

Pourquoi ? Car le plus grand problème lié au contentieux préjudiciel, c’est qu’on avait des lois
qui n’étaient pas annulées mais qui avaient fait l’objet d’un arrêt constatant leur
inconstitutionnalité via une question préjudicielle. Des lois qui valaient encore erga omnes,
tout à fait formée, restant dans l’ordonnancement juridique, alors qu’une question préjudicielle
avait constaté leur inconstitutionnalité. La réforme de 2003 va encore plus loin que juste le
problème des lois d’assentiments et a carrément cherché à régler le problème de ces lois qui
avaient fait l’objet de question préjudicielle.

On immunise le droit international, qui semble important mais pour le reste du droit
international, l’étau se resserre.

ð Réforme de 2003 est très ambivalente : elle protège et immunise des questions
préjudicielles et prévoit des nouveaux délais d’annulation pour le droit international plus
important mais le reste du droit international pourra être remis en question, même des
années plus tard (position interniste).

♡Prise de notes - 22 mars 2023♡

Le législateur, dans le cadre d’une réforme plus générale de la CC, va instituer de nouvelles
règles au contentieux préjudiciel. Le législateur réouvre un délai d’annulation de 6 mois pour
autant qu’au contentieux préjudiciel, la CC ait conclu à l’incinstitutionnalité d’une loi ; Evoiter
que des lois soient dans l’entre deux, car on avait des lois écartées, déclarées

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

inconstitutionnelles, mais pas d’effet erga omnes. Quand une loi est annulée au contentieux
de l’annulation, c’est avec effet rétroactif. C’est la grande différence : annulation erga omnes,
la nirmle n’existe plus et n’est censée jamais avoir exister pour le cointentieux de l’annulation
alors que pour le contentieux préjudiciel le juge écarte la norme législative dans le litige qu’elle
juge (juger l’affaire comme si la loi n’existait pas). Mais ce n’est pas pour tous, que dans le
cadre du litige. Les plaideurs suivants pour l’invoquer dans leur litige (les avocats auront
intérêts à faire ça car dès que la CC sort un tel arrêt, il pèse une obli au juge de poser des
question sprjéudicel, mais si un arrêt a déjà été rendu sur la matière, le juge est dispensé de
cette obligation). Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas d’effet orga omnes, qu’il n’y aura pas d’effet
dans un litige postérieur.

Concrétement, une fois que la CC a constaté l’inconstitutionnalité d’une loi au contentieux


prjéu, le législateur devrait y reméideir, sauf qu’il ne le fait pas tout le temps. De plsu, avant
2003, après l’écouelment du délai de 6 mois on pouvait plus introduirre un recours en
annulatkon contre une telle loi.

Du coup, le législateur spécial a introduit un nouveau délai à l’art. 4, 2°.

Le principe c’est désormais de trier le droit international. Seulement certaines normes de droit
internationales, qui ont en commun d’être eurocentrée (UE et Conseil de l’Europe), à savour
les traités constituants (problème : mais qu’est-ce que c’est ? qu’est-ce qui fait d’un traité un
traité constituant : problème d’interprétation !), qui fait l’objet de l’exclusion du champ
d’application de l’art. 26, §1.

c) Conséquences : arrêt C.C. «Acte unique européen» - outil n°10

Outil 10. Analyse de l’arrêt Acte unique européen de la C.C. :


Contexte : action en responsabilité devant le tribunal de première instance. Le tribunal pose
une question à la CC pour savoir si la loi d’assentiment est conforme aux articles 10 et 11 de
la C°.

Décision de la Cour : en vertu de l’art. 26, §1bis, la CC se déclare incompétente. Première


application de cette norme issue de la réforme. On est en 2004, un an après la réforme. La
CC est obligée de cnstater que lé légstaeur spécial a retiré cette compétence et doit en
conclure (B.3) qu’elle n’est pas compétente piur répondre à la question préjudicielle. Pour des
raisons de stabilité des relations internationales (mais pas toutes ! on est dans un cadre
eurocentré).

Dès lors elle constate que l’acte unique européen est un traité constituant de l’UE avec un
problème car on n’a pas de définition. Quand savons-nous qu’un traité est constitant ? On sait
que ce n’est pas n’importe quel traité. Ca sent le compromis, ce n’est pas n’importe quel traité
et pour les plsu importants on ne fait pas comme si c’était des normes comme les autres. On
se cible sur la CEDH et sur ces traités constityant.
ð Problème d’interprétation.

La Cour est dans une position difficile, c’est compliqué pour elle de dire, sans aucune
restriction, qu’elle admet la primauté du droit international.

d) La Cour s’affirme : C.C. «Arrêt stabilité» - outil n°11

Actualité : en matière d’économie, ça tremble. Beaucoup d’observateurs constatent que ces


problèmes financiers ressemblent à la grande crise de 2007-2008.

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

Outil 11. Analyse de l’arrêt stabilité de la C.C. :


Contexte : cet arrêt est à propos de la crise de 2007-2008, celle qui a plongé la Grèce dans
une presque faillite, le Portugal aussi. L’Europe et les états européens ont conclu un trauté
« stabilité » pour limiter les dettes des états membres. L’UE a conclu un traité prévoyant des
règles de maîtrise budgétaire, de maîtrise du déficit public obligatoire.
ð // Belgique actuellement : les dépenses de notre pays ont explosé.

Ce traité a reçu l’assentiment en Belgique par 9 parlements différents, car ces règles
budgétaires s’imposent à toutes les entités. Un accord de coopération a été établi pour
respecter ces règles au niveau intrabelge.

Ce traité avait été négocié par les exécutifs, conclu par les exécutifs, il y a eu un assentiment
parlementaire mais il a été donné dans un délai extrêmement rapide (les parlementaires ont
presque eu le couteau sur la gorge, on peut douter que les garanties de débat aient été
respectées).

Parties : des particuliers, des associations, des élus, des syndicats et même des mouvements
politiques vont introduire unr recours en annulation contre la loi d’assentiment à ce traité.
ð Lever de bouclier social.

Pour les plaignants, la conclusion de ces règles de maîtrise budgétaire avaient de graves
conséquences. La solution quand on est endetté, c’est de réduire ses dépenses. Ces
plaignants pensent que l’Etat, dans cette conception socio-économique, va moins dépenser
de manière publique. Ils ont peur qu’une austérité qui ne dise pas son nom s’installe. Les
syndicats appellent ce traité le traité austérité : un Etat austère est celui ne dépense plus
beaucoup d’argent publique pour ses citoyens.

En face, le Conseil des Ministres et le gouvernement flamand qui monte aussi au crénaut.

Arguments des parties :


L’argument sur l’exercice des pouvoirs : les requérants invoquent différents principes
constitutionnels, dont l’art. 33, qui dit que tous les pouvoirs émanent de la nation et sont
exercés de manière conforme à la Constitution, en combinaison avec les articles 10 et 11.
Selon les plaignants, le traité dépasse l’exercice de certains pouvoris comme le prévoit l’art.
33 et, aussi, il implique un transfert inconditionnel de souverainté. Qu’en le faisant les
gouvernants ont transférés la souverainté belge, à l’UE, au mépris de la Constitution, du rôle
des parlements et du droit des citoyens de participer à la vie politique via le droit de vote.

Les requérants invoquent la Constitution, et notamment le principe de souverainté national à


l’encontre d’une norme d’assentiment, mais en réalité c’est à l’encontre du contenu du traité
qu’ils se soulèvent. Juridiquement, cela revient à demander à la Cour de faire primer sur le
droit international la Constitution.

Décision de la Cour : aux termes de l’arrêt, la Cour conlut qu’aucune des parties n’a intérêt
à agir, elle considère le recours irrecevalble. Cependant, elle fait quand même un
« considérant » sur la matière qui nous intéresse (B.8.7) : « lorsque le législateur donne
assentiment à un traité qui a une telle portée, il doit respecter l’article 34 de la Constitution. En
vertu de cette disposition, l’exercice de pouvoirs déterminés peut être attribué par un traité ou
par une loi à des institutions de droit international public. Il est vrai que ces institutions peuvent
ensuite décider de manière autonome comment elles exercent les pouvoirs qui leur sont
attribués, mais l’art. 34 C° ne peut être réputé conférer un blanc-seing généralisé, ni au
législateur, lorsqu’il donne son assentiment au traité, ni aux institutions concernées,
lorsqu’elles exercent les compétences qui leur ont été attribuées. L’art. 34 C° n’autorise en
aucun cas qu’il soit porté une atteinte discriminatoire à l’identité nationale inhérente aux

27
Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

structures fondamentales, politiques et constitutionnelles ou aux valeurs fondamentales de la


protection que la C° confère aux sujets de droit. »

ð La Cour prend une position internise et prend la défense de la C°. La CC dit qu’on ne eput
faire n’importe quoi sur la scène internationale et que même via les traités, les gouvernants
ne peuvent porter atteinte « à l’identité nationale inhérente aux structures fondamentales,
politiques et constitutionnelles ou aux valeurs fondamentales de la protection que la C°
confère aux sujets de droit. » Sur la scène internationale, ils doivent prendre avec eux
l’identité nationale et les valeurs fondamentales de la C°.

On sent que la CC veut adopter une position très interniste, voire encore plus que dans l’arrêt
Ecole européenne, surtout qu’elle met en garde. Mais elle rejette du recours car aucune partie
n’a intérêt à agir, elle considère que c’est irrecevable (première nuance). Ça n’aboutit à rien,
aucun résultat concret à cette prise de position. Elle fait peut-être une mise en garde et fait un
avertissement aux gouvernants et adopte une position plus tranchée que dans l’arrêt Ecole
européenne, mais c’est tellement flou et alambiqué (qu’est-ce que l’identité nationale ? Les
valeurs fondamentales de la C° ?), qu’on ne comprend pas ce que les gouevrnants doivent
faire. Quel effet à cet position musclée mais floue ?

B. 8.9 : la CC considère que « rien ne fait apparaître que les dispositions attaquées affectent
directement un aspect de l’Etat de droit démocratique qui est à ce point essentiel que sa
défense justifierait un intérêt à agir dans le chef de tous les citoyens. » Par le biais de la
recevabilité, elle présume du fond. Plutôt que de répondre sur le fond, elle dit que ce n’est pas
recevable.

e) La Cour s’aligne ? : C.C. «Primauté juridictionnelle » - outil n°12

Outil 12. Analyse de l’arrêt Primauté juridictionnelle de la C.C. :


Contexte : en 2012, un résident belge reçoit un nouveau permis de conduire belge après avoir
déclaré qu’il avait perdu le précédent. Ensuite, il déménage au Pays-Bas et reçoit un permis
néerlandais, en 2015. En 2016, le tribunal de police de Flandre occidentale déchoit (ordonne
une mesure punitive), le permis de conduire de ce monsieur, car il a conduit un véhicule sans
permis de conduire valable. Il subit une déchéance de son permis de conduire et il va devoir
repasser des tests pour le récupérer car le juge considère que le permsi de conduire délivré
au Pays-Bas n’est pas valable. Ce monsieur fait appel, sauf que le TPI confirme la position de
du tribunal de police. Il fait ensuite un pourvoi en cassation qui casse la décision en se basant
sur un arrêt de la CJUE.

L’affaire est renvoyé à un autre TPI qui pose une question à la CJUE, attirant l’attention du
juge sur l’arrêt de 2012 sur lequel s’était basée la Cass. La CJUE répond qu’elle a changé de
position : il y a eu un nouvel arrêt en 2020. Le TPI retire sa question et se trouve face à un
problème, il est face à deux ordres, celui de la Cass qui est conforme à ce que dit le CICR et
celui de la CJUE qui va dans le sens contraire. En fonction du sens suivi, l’issue sera différente.
Soit le prévenu obtient satisfaction si on se conforme à l’arrêt de la Cass, basé sur le CICR ou
si l’on suit l’évolution de juriprudence de la CJUE, il est condamné.

Alors, il pose une question sur l’art. 435 CICR (règle selon laquelle les juridictions doivent se
conformer dans sur les points de droits tranchés par la Cass) à la CC. Il demande si cet
article est compatbile avec les articles 10 et 11 de la CC, en ce qu’il ne prévoit pas le cas de
figure, à savoir que depuis l’arrêt de la Cass, il y a eu un arrêt de la CJUE disant quelque
chose de différent.

28
Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

Arguments des parties : le CM et le prévenu défendent la même position, celle de


l’irrecevabilité des questions préjudicielles, et considèrent que ces questions ne sont pas utiles
aux litiges et pas claires. On sent qu’ils veulent éviter les questions préjudicielles.

Décision de la Cour : la CC dit en B.18.1 qu’en effet la disposition du CICR a des effets
disproportionnés car elle ne prévoit pas le cas de figure où l’appréciation de la Cass est
contraire à la position de la jurisprudence européenne. Les juridictions du fond doivent écarter
les arrêts de la Cour de cassation si elles sont, à cause d’eux, dans l’impossibilité de faire
primer le droit de l’UE.

ð Position internationaliste puissante car la CC considère qu’une juriduction ne peut pas


appliqué une disposition qui s’opposerait au droit de l’UE. Elle suit l’arrêt Leski. Elle va
jusqu’à sanctioner, à considérer inconstitutionnelles des dispositions qui ne permettraient
pas la position internationaliste
ð Pour elle, les juges ne doivent même plus se poser la question : elle leur enjoint de faire
primer le droit international même quand une disposition de droit interne dit l’inverse.

B. 17.3 : « Il apparaît que le droit de l’Union européenne s’oppose à une disposition législative
ayant pour effet qu’une juridiction qui doit statuer dans une affaire qui lui a été renvoyée par
une juridiction supérieure est liée par l’appréciation portée en droit par cette juridiction
supérieure, si la juridiction à laquelle l’affaire a été renvoyée après cassation estime, après
avoir posé ou non une question préjudicielle à la Cour de justice de l’Union européenne, que
l’appréciation en droit est contraire au droit de l’Union. »

ð Cela renverse la pyramide : le juge de fond peut contrôler et contredire la Cour de cass
pour autant qu’on se saisit du droit de l’UE.

1.2. En droit international : des positions juridictionnelles à l’unisson

1.2.1. Au niveau de la Cour de Justice de l’Union européenne : outil n°13. Une question
d’une brûlante actualité …

Outil 13. Analyse de l’arrêt Costa c. Enel de la C.J.U.E. :


Contexte : l’UE produit des lois sur le libre marché. Le problème : en Italie, la société Enel a
le monopole sur tout ce qui est électricité. S’oppose à cette société, Mr. Costa qui est débiteur
et qui ne veut pas payer les factures d’électricité. C’est une société étatique (très politique) et
est donc en concurrence avec les firmes privées. Alors que l’Italie a nationalisé tout ce qui
était électricité et donc service public. La construction européenne est basé sur l’idée du libre
marché. Mr. Costa remet en cause, sur base de la législation européenne, le monopole de la
société (pleins de dispositions prévoient la libre concurrence). Il pose une question
préjudicielle à la CJUE qui est compétente pour les problèmes de normes européennes.

Parties : Costa contre Enel et le gouvernement italien.

Arguments des parties : le principal argument qui nous intéresse c’est le fait la nationalisation
du secteur électrique italien qui ne serait pas compatible avec les règles du droit
communautaire. On voit le chemin parcouru. Pour le gouvernement italien, ce n’est pas parce
qu’il y a un principe de libre concurrence qu’on ne peut pas avoir des institutions nationales.

Les Etats ont-ils vraiment compris à quel point ça va remettre en question la gestion nationale
de certains secteurs, comme l’électricité, le fait d’adhérer à la construction européenne ?

Pour le gouvernement italien, la question est irrecevable car le juge national doit appliquer la
loi nationale.

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

Décision de la Cour : la Cour répond les états ont abandonné une partie de leur souverainté
en adhérant à l’UE et ne peuvent donc pas opposer leur législation nationale au droit de l’UE.
ð Primauté du droit international.

Sur le fond, elle reconnaît l’effet direct des diverses dispositions de droit communautaire qui
sont en jeu. Elle en conclut que la question est recevable et que l’Etat italien ne peut pas
opposer sa loi nationale au droit de l’UE. Elle enjoint au juge de regarder si les règles de droit
européen en question s’appliquent au cas d’espèce. In fine, elle lui refile la patate chaude. On
ne sait pas ce qu’à dit le juge de Milan à cet égard.

ð Le droit né du traité ne peut être contredit par un texte de droit interne (traité economique
européen).

« Que le transfert opéré par les États, de leur ordre juridique interne au profit de l'ordre
juridique communautaire, des droits et obligations correspondant aux dispositions du traité,
entraîne donc une limitation définitive de leurs droits souverains contre laquelle ne saurait
prévaloir un acte unilatéral ultérieur incompatible avec la notion de Communauté. »

ð Controverse sur le consensus à donner.

1.2.2. Au niveau de la Cour européenne des droits de l’homme : outil n°14

Outil 14. Analyse de l’arrêt Open doors de la C.E.D.H. :


Contexte : l’avortement était considéré être une infraction à l’époque en Irelande. Ensuite
d’une assemblée citoyenne tirée au sort et d’un référendum, on a retiré l’interdiction
d’avortement de la C°.

Avant cet évènement, il y avait des associations d’avortement qui conseillait des femmes pour
avorter à l’étranger. La Supreme court, en vertu du 8e amendement, a interdit les activités
d’informations pour avorter à l’étranger. Les associations et des particulières en âge de
procréer et des femmes qui travaillait se sont levées contre cette décision et ont introduit une
requête devant la CEDH.

Arguments des parties : le principal argument devant la Cour était le fait que la liberté
d’expression ait été violé car le gouvernement leur empêchait de s’exprimer et de conseilller
les femmes. Le droit à la liberté d’expression comprend le droit de recevoir des informations.
Il se base sur les articles 10 et 14 CEDH. Le gouvernement irlandais dit que le droit de la vie
ne concerne que la vie du foetus et pas de la mère. Les associations, elles, pensent que le fait
de ne pas conseiller porte atteinte à la vie des femmes.

Sur les rapports entre le droit international et le droit national : l’Irlande invoque cette règle car
existe en droit interne, dans la C°, un article qui consacre le droit à la vie et qui a été établi par
référendum. C’est la voix du peuple irlandais versus celui de la CEDH.

La C° irlandais est brandie par son gouvernement. La Cour abdiquerait son rôle dont l’investit
la Convention si à chaque fois qu’un gouvernement national invoquerait sa C° et qu’elle le
suiverait.

ð Va-t-elle vraiment condamné un Etat pour avoir appliqué sa loi nationale ?

Décision de la Cour : la Cour joue surtout (notamment en pt. 72) sur le fait qu’il n’y a pas
d’interdiction d’information en réalité dans la législation irlandaise.

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

La CEDH donne raison aux plaignantes. Malgré le droit constitutionnel irlandais, le


gouvernement irlandais a manqué à ses obligations telles que prévues par la Convention.
Même le droit constitutionnel d’un Etat ne peut pas être invoqué contre le droit international.
(// arrêt Ecole européenne)

ð Position internationalissime. Ici, c’est carrément la C° qui est en jeu.

2. Outils
Outil n°5. Articles 1 à 34 de la loi spéciale du 6 janvier 1989 sur la Cour constitutionnelle
(version coordonnée) < Boîte à outils Droit constitutionnel !

Outil n°6. Arrêt « Leski », Cass. 27/05/1971, Pas. , I, 886 (site du cours)

Outil n°7. Arrêt Goosse, C.E. du 05/10/1996 in http://www.raadvst-consetat.be/

Outil n°8. «Avis du Conseil d’Etat sur un avant-projet de loi (…) portant exécution de la directive
du Conseil de l’Union européenne n°94/80/CE du 19 décembre 1994», Doc.Parl. , Ch. , s.o. ,
1997-1998, 1767/1, pp. 18 et 19 in https://www.lachambre.be/

Outil n°9. Arrêt « Ecole européenne », C.C. n°12/94 du 03/02/1994 in https://www.const-


court.be

Outil n°10. Arrêt « Acte unique européen », C.C. n°3/2004 du 14/01/2004

Outil n°11. Arrêt « Traité stabilité », C.C. n°62/2016

Outil n°12. Arrêt « Primauté juridictionnelle », C.C. n°159/2022 du 1er décembre 2022

Outil n°13. Arrêt Costa/Enel, C.J.U.E n°6-64 du 15 juillet 1964 (site du cours)

Outil n°14. Arrêt Open Doors…/Irlande, C.E.D.H. n° 14234-5/88 du 29 octobre 1992 in


https://www.echr.coe.int/è Jurisprudence è Banque de données HUDOC

31
Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

En ce mois de mars 2023, la réforme des retraites en France et l’application du 49.3 de la


Constitution française entraînent des manifestations sans précédent dans toute la France.
Cela a donné lieu à des violences dénoncées de part et d’autre : le Gouvernement dénonce
des actions violentes de la part de certains manifestants ; des citoyens et des associations
dénoncent la violence et les arrestations à l’encontre des manifestants. Mais il y aussi des
violences du côté des forces de l’ordre, alors les policiers ont une mission définie de manière
légale : celle de protéger les citoyens.

Voici un exemple de vidéos de violences policières qui sont diffusées par des organes de
presse (et donc dont on peut présumer que leur fiabilité a été contrôlée par ces organes) :
https://www.youtube.com/watch?v=Lb_vH8BhwxE
https://www.youtube.com/watch?v=u6jBBsIRxmk
https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/violences-policieres/tu-la-fermes-ou-tu-veux-que-je-recommence-un-enregistrement-
sonore-revele-des-intimidations-et-insultes-de-policiers-de-la-brav-m-a-l-egard-de-manifestants-interpelles-a-paris_5730413.html

Le Conseil de l’Europe a exprimé son inquiétude face à ce risque d’escalade :


https://www.coe.int/en/web/commissioner/-/manifestations-en-france-les-libertés-d-expression-et-de-réunion-doivent-être-
protégées-contre-toute-forme-de-violence
De même, Amnesty international s’est également alarmé de la situation en France :
https://www.amnesty.fr/actualites/france-manifestations-un-recours-excessif-a-la-la-force-et-aux-arrestations-abusives

La dénonciation de ce qui s’est passé est plus large que d’habitude, ce n’est pas seulement
la gauche qui dénonce les violences policières. Le Conseil de l’Europe, qui généralement rend
des communiqués pour les pays où la démocratie est moins affirmée (car en réalité il y a une
forme de hiérarchie entre les Etats), ici, c’est sur l’actualité française qu’il se prononce. C’est
pas souvent à l’égard des pays de tradition démocratique plus ancienne que de telles
communiqués sont rendus.

C’est très actuel comme sujet. Les morts par balle des victime de police sont de plus en plus
fréquents. (=> éviter de banaliser l’utilisation des armes par la police)

Est-ce que ces manifestants qui ont été blessés par les policiers et subissent des séquelles
peuvent dénoncer et à qui, de tels actes ? Que peut faire le Conseil de l’Euorpe peut faire à
part un communiqué ? Et quel est cet ordre ?

Focus sur cette actualité !

1. ANALYSE
1.1. Texte de base

a) La convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales du 4


novembre 1950 (outil n°15) + 16 protocoles

La Convention est un texte fondamental qui date de 1950, soit le lendemain de la ww2 et des
atrocités commises dans ce cadre. Les Etats européens au sens large (>< UE, ce sont deux
ordres juridiques totalement différents. Il y aussi plus de 27 Etats : il y a 46-47 membres au
Conseil de l’Europe) se sont dit que de se baser sur le droit national pour réguler les rapports
et ne pas tomber dans la barberie ça ne sufffisait manifestement pas. Il fallaitt faire autre chose.
Si on laisse tout faire aux Etats, ça risque d’être dangereux. Des hommes se sont mis autour
de la table pour réunir les éléments qu’ils trouvaient les plus importants dans une démocratie :
quels sont les droits et libertés de l’homme qui sont si importants qu’ils doivent être consacrés
dans un texte qui s’impose à tous ?

32
Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

ð La convention est l’enfant du traumatisme de la ww2.

b) Entrée en vigueur dans l’ordre international : article 59.3 CEDH

Entrée en vigueur dans ordre international : le traité lui-même prévoit comment il entre en
vigueur. L’entrée en vigueur de telles normes varie de traité à traité. Des fois, un certain
nombre de ratification requis pour que celui-ci entre en vigueur. D’autres fois, toutes sont
nécessaires, etc. Pour la Convention, c’est l’art. 59. 3 qui prévoit les modalités d’entrée en
vigueur.Celle-ci entre en vigueur après 10 ratifications (en pratique, ce fut le 3 septembre
1950). Cette entrée en vigueur dans l’ordre international n’est pas la même chose que l’entrée
en vigueur en droit interne

c) Entrée en vigeur en Belgique :

Il faut l’assentiment parlementaire, la ratification de ce traité et la publication au MB de


l’assentiment parlmentaire, qui est une norme législative (à l’époque une loi), pour garantir
l’entrée en vigueur dans l’ordre interne d’un traité. La ratification est, elle, un acte de l’exécutif,
qui, avant de donner sa ratification attend l’écoulement d’un délai de recours abregé devant la
CC (pas encore le cas dans les années 50 car la CC n’existait pas).

En Belgique, c’est la loi du 13 mai 1955 (pourquoi a-t-on pris autant de temps ?) qui a porté
assentiment à la Convention. La ratification a eu lieu le 14 juin 1955 et la publication, le 19
août 1955.

d) En l’état actuel : 47 Etats (2022) ou … 46 (2023) ? Entre le Conseil de l’Europe et la


Russie, c’est l’escalade (aussi)

https://www.coe.int/fr/web/portal/-/council-of-europe-suspends-russia-s-rights-of-representation
https://www.rtbf.be/article/la-russie-decide-de-ne-plus-appliquer-les-arrets-de-la-cedh-11007983
https://www.coe.int/fr/web/portal/-/the-russian-federation-is-excluded-from-the-council-of-europe
https://www.coe.int/fr/web/portal/46-members-states

Le conflit en Ukraine a une conséquence sur le Conseil de l’Euorpe. Quand il a éclaté, dans
un premier temps, en février 2022, après l’invasion de la Russie en Ukraine, le Conseil de
l’Europe a décidé qu’il suspendait les droits de représentation de la Russie au sein du Conseil
de l’Europe. Il a décidé, pour la CEDH, l’organe juridictionnel du Conseil de l’Europe, que cette
suspension ne concernait pas la Cour et ses arrêts.

De ce fait, la Russie ripose et annonce ne plus appliquer les arrêts de la CEDH. Cas très
intéressant de conflit droit interne-droit inetrnational car une loi russe a été promulguée pour
permettre à ces juridictions de ne plus suivre les arrêts de CEDH. La Russie invoque son droit
interne pour faire barrage à une Cour intrnationale.

Finalement, le Conseil de l’Europe a décidé d’exclure la fédération de Russie de son


organisation, mais quid pour les opposants, les citoyens et les réfugiés russes qui vivent dans
une Russie basculant dans un régime très autoritaire ?

Attention : le Conseil de l’Europe veut montrer son désaccord avec la Russie mais quid des
droits des opposants qui vivent en Russie ? Ils n’ont plus la possibilité de recourir à cette
institution. Or l’idée du Conseil de l’Europe, c’est qu’on puisse, en tant que particulier, se
plaindre des mesures prises par son Etat.
ð Donc c’est compréhensible, mais est-ce une bonne décision ?

Conséquence pratique : avant, il y avait 47 membres au Conseil de l’Europe, puis on a basculé


vers 46 membres. C’est désormais officiel, la Russie ne fait plus partie du Conseil de l’Europe.

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

Le Canada, les USA, le Japon, le Mexique, le Saint-Siège et Israël siègent au Conseil de


l’Europe en tant qu’Etats observateurs (ils ne sont pas réellement membres).

ð On n’est plus que 46 membres au Conseil de l’Europe depuis la guerre en Ukraine qui a
eu des répercussions sur le plan international.

L’exclusion par le Conseil de l’Europe de la Russie est emblématique de ce bras de fer entre
Russie et Occident, mais était-ce une bonne idée ? Ça n’aurait pas été mieux de maintenir
des lieux où on peut discuter mais aussi contrôler la Russie ?

Cette exclusion de la Russie fera des dégâts à terme. Quid des opposants politiques en
Russie ? Le fait qu’ils avaient accès à la CEDH était très important pour des gens dans telles
situations. Le Conseil de l’Europe est un organe est biface, cette exclusion de la Russie a elle
aussi un double versant.

♡Prise de notes - 19 avril 2023

1.2. Une énumeration de droits (titre I)

a) Principe : des droits … et leur limitation !

La Convention, comme la C°, prévoit une énumération des droits. Mais ce ne sont pas des
droits absolus, car il est possible pour les Etats de les limiter. L’énumération de ces droits ne
garantit pas que toujours, dans toute circonastance et en tout lieu, les Etats respecteront ces
droits, mais c’est la garantie qu’ils les respectent dans certaines conditions quand on les limite.

Certains droits (mais très peu) ne peuvent être limités. La plupart des droits peuvent être
limités par les Etats mais à certaines conditions. La plupart de ces droits prévoient les conditios
de ces limitations. D’ailleurs, certains de ces droits sont aussi protégés par la C°.

b) Les droits pour lesquels la convention prévoit elle-meme les conditions de limitation :
art. 8 (vie privée et familiale), art. 9 (liberté de pensée, de conscience et de religion),
art. 10 (liberté d’expression), art. 11(liberté de réunion et d’association) CEDH

Il y a toujours trois critères pour limiter ces droits, qui se trouvent dans le second
paragraphe de l’article qui les consacre :

- La condition de légalité de la mesure : lorsque un droit est restreint, l’Etat doit repsecter
critère de légalité (qui ne vise pas forcément une loi). Par légalité, on peut viser aussi des
actes de l’exécutif et même de la jurisprudence (rappel : le Conseil de l’Europe réunit 46
états, donc beaucoup de systèmes juridiques différents). La Cour ne s’est pas attachée à
la nature de la norme et n’a pas imposé que ce soit la loi adoptée par des représentants
élus qui soit la seule comprise dans ce principe de légalité. Le principe de légalité implique
donc que l’intention, l’exigence de la Cour porte sur les qualités que va revetir la norme et
notamment ses qualités de clarté, d’accessibilité et de prévisibilité.

- L’énumération des buts légitimes (art. 8 à 10 § 2 CEDH) : la Convention énumère les


buts dans lesquels ces droits et libertés pourront être restreints.

è Art. 10 sur la liberté d’expression. Le §2 énumère les buts que la Convention considère
comme légitime, pour lesquels on peut restreindre la liberté d’expression. Même quand

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

la loi ne précise pas pourquoi elle limite les droits, la Cour va quand même vérifier si le
but poursuivi par la loi est légitime.

- La nécessité des ingérences dans une société démocratique, ce qui inclut la


proportionnalité de la mesure : il faut que l’ingérence soit nécessaire dans une société
démocratique. Ce critère de nécessité, qui est dans la jurisprudence de la Cour transformé,
inclut la proportionnalité de la mesure. La Cour vérifie si la mesure est prévue par la loi et
poursuit un but légitime et elle analyse le caractère proportionel de la mesure. Était-elle la
moins attentatoire pour atteindre le but visé ? Atteint-elle réellement le but visé ? Bref, dans
cet examen, elle vérifie que cette mesure était la moins inappropriée mais aussi la moins
dommageable. Elle ne donc doit pas seulement être utile mais nécessaire.

Doute : au titre de la nécessité de la mesure, la Cour va analyser la proproprtionnalité de la


mesure. Or, la nécessité et la proprotionnalité de la mesure, ce n’est pas la même chose. La
nécessité, c’est plus fort que la proportionnalité. Une mesure peut être proprotionnée sans
être nécessaire. La nécessité est plus exigeante. Toute mesure nécessaire est proportionnelle.
ð // abus de droit (mesure la moins attentatoire possible).

c) Les droits pour lesquels la Convention ne prévoit pas de possibilité de limitation : article
3 (interdiction de la torture), article 4 § 1er (interdiction de l’esclavage)

Exception : certains droits pour lesquels la Convention ne prévoit aucune cdt de limitation. Et
ce, car la Cour considère qu’ils sont à ce point important qu’ils ne peuvent souffrir d’aucune
limitation.

è Art. 10, §2 qui explique dans quelle mesure on peut limiter ce droit, on peut restreindre
la liberté d’expression. Différence : dans l’art. 3, il n’y a pas de §2. C’est frappant, pas
d’exception, pas de limitations possibles, ce que la Cour répète souvent.

Avant, il y avait une certaine correspondance entre l’art. 3 et ce qu’on voyait dans les films et
séries. Puis, on a eu des séries dans lesquelles, il y avait eu des séances de torture perpétrées
même par les gentils. Ça a été concurrent avec les attentats du 11 septembre. La torture du
pov des gentils était envisageable. Mais en réalité, la torture est interdite, peu importe les
circonstances.

Pourquoi l’art. 3 est aussi net, claire et sans appel ? Ça s’explique par le contexte : en 1950,
on est après la deuxième guerre mondiale et l’on se souvient de l’utilisation de la torture dans
les camps de concentration. Cet article est révélateur d’une histoire et d’une évolution dans la
société. Art. 3 : valeur fondamentale que la Cour surveille avec une vigilence particulière.

Art. 4, §1 ressemble à l’art. 3 : clair, net, sans ambiguité. Dans son §3, on énonce ce qui n’est
pas considéré comme de l’esclavage.

En Lybie, on a des cas d’esclavage : marchés d’êtres humains, vendus ou achetés


particulièrement pour les migrants qui viennent du sud de l’Afrique et doivent traverser la Lybie.
(cdts inhumaines).

La France a été condamné sur base de l’art. 3 pour avoir transférer un ressortissantr algérien
en Algérie, là où il était possible qu’il soit soumis à des actes de tortures.

Les Etats sont condamnés sur le pied de l’art. 3, s’ils emploient de la torture mais aussi s’ils
transfèrent des personnes à des endroits susceptibles d’user de la torture.

Différence entre traitements dégradant, inhumains et la torture :

35
Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

- Les traitements dégradants, inhumains : nous laisser, par ex, dans un hôtel sans manger,
sans se laver, sans possibilité d’appeler ses proches.
- Torture : élément intentionnel de la part des autorités visant à vouloir extorquer des
informations.

Ex : affaire El Masri. El Masri était un homme arrêté par les autorités de Macédonie car son
nom ressemble à celui d’un homme recherché au USA pour complicité aux attentats du 11
septembre. On l’arrête et on le garde dans un endroit dans des conditions excécrables :
traitements dégradants.

d) Les droits liés a des garanties procédurales :

• Article 5 (droit à la liberté et à la sûreté), article 6 (droit à un procès équitable),


article 7 (légalité de la peine), article 13 (droit à un recours effectif)

L’art. 5 est l’équivalent des art. 12 et 14 dans notre C° : légalité des peines.

Ce sont des articles fondamentaux car de tout temps (et ça a été le progrès du droit), l’individu
a été exposé à l’arbitraire de l’Etat (seigneur, Roi, etc). D’ailleurs quand les chartes-lois sont
nées, on a dès le début vu apparaître des cdts relatives à l’arrestation des individus.
ð Limitesà l’arbitraire des autorités par rapport à la liberté individuelle des individus que ce
soit dans la manière dont on les arrête, des sanctions qu’on leur impose, par rapport à la
procédure, des droits de recours qu’ils peuvent avoir vis-à-vis de ce comportement de
l’Etat.

La fin ne justifie pas les moyens (affaire El Masri : la lutte contre le terrorisme a beau être un
but légitime, les autorités n’ont pas carte blanche pour autant).

Non seulement il y a des droits et libertés liés aux garanties procédurales, mais la Cour a
aussi, dans sa jurisprudence, renforcé ces garanties de procédures car elle a consacré un
volet procédural des droits reconnus par la Convention.

• Volet procédural de certains droits reconnu par la Cour

La Cour, pour essayer d’étendre et de rendre plus efficiace la protection, augmente ces
exigences en disant que quand un particulier se plaint de violation, l’Etat a l’obligation effective
et positive de se bouger. Les Etats ont l’obligation positive de mener une enquête rapide,
effective et impartiale lorsque, par exemple, l’art. 3 est en jeu et que des particulier en
invoquent la violation.

L’Etat est mis en demeure de faire quelque chose. Un Etat qui défaille, qui ne respecte pas
les droits et libertés étant partie au problème, il aura tendance à ne pas agir, ce pourquoi la
CEDH somme l’Etat d’agir.

e) Principe horizontal : l’interdiction des discriminations (article 14 de la Convention)

L’art. 14 sera pris avec un autre article. Toute différence de traitement n’est pas de la
discrimination. Ce qui est interdit, c’est de faire une différence de traitement qui est
discriminatoire, donc qui ne repsecte pas les critères qui permette la différence de traitement
(légalité, but légitime, etc). Mais la discrimination c’est aussi traiter de manière similaire des
personnes qui sont dans des situations différentes.

f) La Belgique et la CEDH ? : 198 arrêts constatant au moins une violation de la CEDH


par la Belgique (outil n°16)

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

♡Prise de notes – 26 avril 2023♡

g) Illustrations : Arrêt Salduz et arrêt Bouttafala (outils n°17 et n°18)

Outil 18. Analyse de l’arrêt Bouttafala de la C.E.D.H. :


Faits et contexte : Mr. Boutaffala est un juriste de haute école, qui fait par ailleurs partie d’une
association de défense, de service des jeunes. Les faits se passent en 2009 alors que l’affaire
est réglée en 2022 : 13 ans de procédure. Il ne récule devant rien. Un jour, en 2009, rentre à
St-Gilles de son travail et dans son quartier une ambulance est en train secourir un individu. Il
s’arrête et regarde pour voir de qui il s’agit. Son frère est présent, aussi. Là, ça se passe mal
avec la police.

Selon Bouttafala, ils sont rejoints par un ami et les policiers ceinturent l’ami et puis, Bouttafala
qui veut intervenir, recoit des coups de matraques et là une chute d’un policier intervient.
Bouttafala tombe sur un des policiers et cause sa chute.

Pour les policiers, à la fois l’ami et Boutaffala ont porté des coups aux agents, les ont poussé.
Selon eux, c’est Bouttafala et son ami qui ont été violent à leur égard.

Ils ont, à la suite de ça, emené Bouttafala dans un fourgon qui s’est fait insulter par les forces
de l’ordre, ce qui est reconnu par gouvernement belge, d’ailleurs. Il est relâché le lendemain.
Il a quand même dû aller à l’hôpital avec des multiples lésions et des incapacités de travail de
1 mois.

S’en suivent deux procédures : d’abord, l’une intentée par Boutafala à l’encontre des policiers
pour violence à son égard. La chambre du conseil qui se prononce sur le règlement de la
procédure conclut à un non lieu. Bouttafala fait appel, la chambre des mises en accusation
confirme la décision de la chambre du conseil. Bouttafala introduit un pourvoi en cassation qui
est accepté par la Cour, qui casse l’arrêt de la chambre des mises en accusation pour défaut
de motivation. La nouvelle chambre des mises en accusation rejette la demande de Bouttafala
et conclut au non-lieu. Nouveau pourvoi que la Cour de cassation rejette cette fois en estimant
que l’arrêt de la chambre des mises en accusation a bien été motivé. Il va devant la CEDH et
là, l’Etat belge prend peur et signe une déclaration de reconnaissance unilatérale. Le
gouvernement belge reconnaît que l’arrestation, l’interpellation du requérant ne s’est pas
déroulée dans des cdts qui sont conformes à l’art. 3. Le gouvernement belge propose 15000€
à Bouttafala qui accepte. Il y a un arrrêt de la CEDH qui acte le fait qu’il y a un réglement à
l’amiable entre les parties.

En parallèle, il y a une action intentée par l’Etat belge contre Bouttafala pour coups aux agents
des forces de l’ordre et rebellion. La chambre du conseil renvoie Boutafalla et son frère pour
coups aux agents et rebellion devant le tribunal correctionnel. On a ensuite un Aappel de
Bouttafala et la chambre des mises en accusation confirme la décision du chambre du conseil.
Le tribunal correctionnel ne condamne pas Bouttafala sur l’ensemble des préventions mais
reconnaît sa culpabilité. Cependant, en terme de peine, vu le long délai qui s’est écoulé, le
tribunal correctionnel se contente d’une simple déclaration de culpabilité.

Bouttafala fait appel devant la Cour d’appel de Bruxelles. Un des arguments avancés par
Bouttafala, c’est que dans l’autre procédure le gouvernement belge reconnaît que
l’interpellation et l’arrestation ne s’étaient pas faites conformément à l’art. 3 CEDH. La Cour
d’appel considère que la déclaration du gouvernement n’est pas de nature à remettre en cause
le non-lieu prononcé à l’égard des policiers. Elle déclare qu’il y a rébellion sur base des

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

déclarations concordantes des agents de polices. Pourtant, on découvre qu’une inspectrice


était présente dans le fourgon et confirme les injures proférées à l’égard de Bouttafala.
ð La Cour d’appel ne veut pas lier les deux dossiers et ne veut pas tirer les conséquence de
cette reconnaissance unilatérale de l’Etat belge, ni des autres versions des faits qui
émanent d’autres personnes que les policiers eux-mêmes.

Elle se limite à une déclaration de culpabilité, mais lle condamne, quand même. Alors
Boutafalla introduit un pourvoi en cassation qui est rejeté. Il va devant la CEDH : il introduit
une requête devant la Cour européenne (qui a déjà rendu un autre arrêt mais qui ne faisait
que acter le règlement à l’amiable par les parties), il conteste le pronocé de sa culpabilité
partielle, car celui-ci se base uniquement sur les déclarations concordantes des policers et sur
celles des témoins indépendants, ni des siennes, etc.

Les parties : Boutaffala contre l’Etat belge qui n’a pas respecté ses obligations vis-à-vis de la
Conventions. Intervenant : Ligue des droits humains.

Arguments des parties : le premier argument invoqué par Bouttafala, c’est la violation des
art. 3 et 46 de la CEDH. L’argument étant qu’au sein des juridictions belges, il n’a pas été
suffisament tenu compte de la déclaration du gouvernement reconnaissant l’irrespect de la
Convention : violation de l’art. 3. S’agissant de l’art. 46, cet arrêt qui acte le règlement à
l’amiable n’est pas pris en compte. La Belgique est coupable de ne pas avoir repsecté l’un des
arrêts rendu par le CEDH.

Décision de la Cour : c’est un argument que la Cour n’accepte pas, même si elle est d’accord
avec l’idée que le gouvernement belge doit assumer toutes les conséquences de sa
déclaration unilatéaale. La CEDH constate aussi qu’elle n’est pas compétente pour contrôler
l’exécution de ses propres arrêts. Qui est compétent pour s’assurer de la bonne exécution des
arrêts de la CEDH ? le Comité des ministres qui n’est pas une juridiction mais un organe
politique. De toute façon, elle rajoute que l’arrêt en question qui avait cloturé la procédure à
l’encontre des policiers n’était pas un arrêt qui constatait une violation mais qui se bornait à
acter la conciliation.

La Cour dit tout de suite que l’art. 3 c’est une valeur fondamenetale de la Convention (il a pour
caractéristique de souffrir d’aucune dérogation et d’aucune limitation).

Arguments des parties : vient ensuite un argument sur l’art. 6 de la Convention (droit à un
procès équitable). Selon Bouttafala, les juridictions internes ont systématiquement omis de
prendre en considération les témoignages à décharge. Ils se sont focalisés sur les
témoignages des policiers.

Décision de la Cour : la Cour conclut à une violation des droits de la défense. La cour d’appel
a donné poids plus important aux témoignages à charge et n’a pas donné d’importance aux
témoignages à décharge. Pour la Cour, il y a aussi renversement de la charge de la preuve
car la Cour d’appel a dit que le requérant ne démontrait pas l’absence de rebellion dans son
chef (présomption d’innocence => charge de la preuve incombe au demandeur). Elle constate
une violation dans le chef de la Belgique de l’art. 6, §1 et ordonne une indemnisation sur cette
base. Bouttafala obtient finalement gain de cause au terme d’une procédure qui dure 13 ans.

La Cour rejette le fait que le gouvernement défende devant elle qu’on puisse demander au
requérant de démontrer l’inverse de ce qui est établi par ses seules déclarations.

En France, beaucoup de faits de violence policière sont invoqués. Dès qu’il y a une allégaltion
de violence policière ,il faudrait qu’il ait un mécanisme de contrôle extérieur, parce que sinon
les Etats ont tendance à se dédouaner.

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

Outil 17. Analyse de l’arrêt Salduz de la C.E.D.H. :


Les manifestants ont-ils droit à un avocat dès leur arrestation, même si comme Boutaffala, ils
sont relâchés le lendemain ? La question se pose de savoir si c’est en amont de la procédure
pénale en tant que telle qu’un avocat doit être commis à une personne arrêté. Cet arrêt Salduz
répond à cette question par l’affirmative. Cet arrêt rendu en grande chambrecontredit l’arrêt
de chambre simple rendu de le cadre de la même affaire. Dans cet arrêt en grande ch, la Cour
va constater la violation, par la Turquie de l’art. 6 CEDH, car elle n’a pas donné la possibilité
à Salduz d’avoir accès à un avocat lors de sa première audition (donc avant même le
démarrage de la procédure). Au fond, est-ce qu’on a droit d’un avocat dès qu’on est trasnféré
dans un commissariat ? Selon la Cour, oui.

Contexte : un jeune manifestant kurde a été arrêté lors d’une manifestation contestant le
régime d’Ankara. Ce jeune participant a été arrêté et a été interrogé dans le commissariat
police. Il reconnaît avoir participé à cette manifestation lors de ces interrogatoires et avoir
réalisé une banderole. Ensuite, il est condamné au pénal sur cette base (problématique en
terme de liberté d’expression, aussi), alors que par la suite, il revient sur cette déclaration
formulée pendant qu’il était au commissoriat et dit que cet aveu lui a été extorqué en raison
des coups et blessures qu’il a reçu.

Arguments des parties : après la procédure en interne, il se tourne vers la Cour et il invoque
principalement une violation de ses droits de la défense car il n’a pas pu bénéficier de
l’assistance d’un avocat dès son arrestation (art. 6, c) CEDH). Pour le gouvernement turque,
cette art 6 n’a pas été violé, car il a pu recevoir assistance d’un avocat par la suite.

Décision de la Cour : elle estime qu’en principe le droit à un procés équitable implique la
présence avocat dès les stades prélimianaire de l’enquête, même lors du premier
interrogatoire dans un commissariat de police, alors que la procédure pénale en tant que telle
n’a pas encore démarré. Et ce, car ce stade déterminant dans le reste de la procédure. Si la
présence d’un avocat est si importante c’est parce prévenu est vulnérable à ce stade et donc
pour conformer au principe à l’égalité des armes qui existe entre le prévenu et l’Etat, il faut lui
donner l’assistance d’un avocat. C’est aussi important pour éviter des erreurs judiciaires et
empêcher l’auto-incrimination (ce qui se passe en l’occurrence). La Cour retient le jeune âge
du requérant comme élément renforçant l’obligation pour l’Etat de lui donner l’assistance d’un
avocat dès le début de la procédure.

La réception des arrêts Salduz a fait l’objet de l’élaboration de nombreuses lois. Ainsi, des
permanences Salduz sont organisés dans les barreaux. Quid des arrestation administratives
(qui ne donneront pas lieu à des poursuites) ? Ex : ivresse sur voie publique qui doit juste
passer en cellule, pas besoin de déranger un avocat pour ça, si ? Mais l’obligation découlant
de l’arrêt Salduz n’est pas respectée, alors. Quid quand on arrête des gens sans aucune
raison, notamment, dans le cadre de manifestation. C’est difficile de savoir en amont si
l’arrestation est adminsitrative ou non, mais alors on a un problème au niveau de l’organisation
des avocats.

1.3. Une procédure dérogatoire en cas de crise : article 15 CEDH

On a crée, en cas de crise, une procédure dérogatoire à l’art. 15 de la Convention (souligner


le mot « dérogeant »)

a) 3 conditions de fond : article 15.1

Il y a des conditions de fonds pour appliquer cette procédure : elle ne s’applique que dans
certains cas limitativement énumérés par l’art. 15. Il est permis à l’Etat de déroger aux

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

obligationss prévues par la Convention maus dans quels cas ? Trois cdts cumulatives (art. 15,
§1) :
- L’Etat doit être en situation de guerre ou en cas d’autre danger public menaçant la vie de
la nation
- Il y a un critère de nécessité, ça doit être nécessaire de déroger à la Convention : « dans
la stricte mesure où la situation l’exige »
- Il ne faut pas que ça rentre en contradiction avec d’autres obligations du droit international.
Ex : pour les Etats de l’UE, l’utilisation de mines anti-personnelles font l’objet d’une
convention de l’ONU, on ne peut pas l’utiliser même, sion déclenche art. 15.

Dans ces cdts, on peut activer l’art. 15, càd que les Etats manifestent leur intention de déroger
à la Convention en raison de la situation. On est plus loin que dans les restrictions habituelles
prévues dans les §2 des articles. Etant dans un état de gravité et dans les cdts listées, les
Etats pourront déroger à la Convention.

b) Une procédure stricte : article 15.2

En plus des cdts de fonds, il faut respecter procédure stricte reprise à l’art. 15, §3. La durée
est importante car l’Etat doit informer dès le départ la date de fin de ce régime.

c) Des droits indérogeables : art. 2 (droit à la vie), 3 (interdiction de la torture), 4 § 1er


(interdiction de l’esclavage) et 7 (légalité de la peine)

ð Hiérarchisation dans les droits et libertés de la Convention car il y a des droits à ce point
consubstentiels de la société qui les fonde, que même dans les cas de crise, on ne peut
pas y déorger. Ils sont visés expressément par l’article 15

Peut-on activer ce droit pour tous les drots de la Convention : non. L’art. 15, §2 prévoit des
droits indérogeables, même quand l’Etat est dans un cas de crise, il doit repsecter ttes les
exigences de l’art. 15. L’Etat ne pourra pas se soustraire aux obligationss imposées par ces
articles.

Pour l’art. 2 (droit à la vie) : c’est sauf quand il y a des morts résultant de la guerre, il ne vise
pas des actes licites de la guerre.

En termes de restriction et de limitations, certains articles ne prévoit aucune restriction,


notamment le 3 et le 4 (ces droits n’ont pas de §2 et ne souffrent pas de limitations). Mais ici,
on constate leur caractère indérogeable : donc, ils sont non seulement indérogeables, en plus
de ne pas souffrir de limitations, de restrictions. Ils ne souffrent ni de restrictions ni de
dérogations.

On a des droits qui peuvent être limités mais ne peuvent, en cas d’activation de l’art. 15, faire
l’objet de dérogation : art. 2 et 7.

Une certaine possibilité d’interprétation est laissée par cet article qui peut ainsi couvrir des
situations assez différentes. La tendance à être tout le temps en crise accentue le recours à
l’art. 15. Notamment, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme suite aux attentats de 2015-
2016 à Paris, l’art. 15 avait été activé. Idem Turquie en 2017, suite à un coup d’Etat.

d) De crise en crise : l’art. 15 est de plus en plus sollicité, notamment lors de la crise du
COVID-19 ? https://www.coe.int/fr/web/conventions/derogations-covid-19

La crise du covid a remis cet article sur le devant de la scène. Ce site indique la liste des pays
qui ont activé l’art. 15 en raison de la gestion de la crise sanitaire. Ce sont des pays de l’est

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

pour la plupart. Ce sont des petits pays, plutôt récents, qui sont issus de la chute du mur qui
séparait l’est et l’ouest, ou du démentellement de la Russie.

e) Débat : en temps de crise, un Etat doit-il ou non activer l’article 15 CEDH ?

Etait-ce bien que ces pays aient activer l’art. 15 ou alors est-ce bien que des pays comme la
Belgique ne l’aient pas activer l’art. 15 ? Fallait-il déplorer l’agissement de ces pays ou celui
des nôtres ? La Belgique aurait-elle dû avoir recours à l’art. 15 et prévenir d’emblée l’adoption
de certaines mesures contraire aux droits et libertés de la Convention, ou alors la Belgique
annoncait-elle être prudente (garantie démocratique en disant qu’on n’avait pas envie d’aller
plus loin) en n’activant pas l’art. 15 ? Cet article, quand les Etats l’active, devons-nous
considérer qu’il s’agit d’une protection ou alors trembler en se demandant s’il ne s’agit pas
d’un rétrogadation ?

Quelle est la position de la CEDH par rapport à cet article 15 ? Dans cette affaire qui lui a été
soumise, des syndicats suisses ont saisi la Cour dans la cadre des mesures Covid-19. Ils se
plaignaient d’avoir été interdit de manifester. Or la Suisse n’avait pas activé l’art. 15 et donc,
la Cour saisie de plaintes suite aux mesures covid, a-t-elle intégré le fait que l’art. 15 n’avait
pas été activé ? La Cour allait-elle dire qu’on n’était pas dans un régime d’exception car l’art.
15 n’était pas activé et donc être plus sévère parce que la Suisse n’a pas activé cet article ou
ne pas parler du tout de cet article et donner raison à la Suisse ?

Décision de la Cour : comme la Suisse n’a pas activé art. 15, elle n’a pas joué le jeu. Elle n’a
pas repsecté les cdts de l’art. 15 et annoncé qu’elle ne pourrait plus assurer les exigences de
l’art. 11. Ainsi, la Suisse n’ayant pas activé cette procédure, doit pleinement répondre aux
exigences de l’art. 11 ce qu’elle n’a pas fait, comme le constate la Cour. Le fait ou non d’avoir
activé de l’art. 15 est non seulement pris en compte dans la jurisprudence de la Cour, mais
est pris à charge des Etats. En n’ayant pas activé cet article, elle a analysé la mesure prise
par la Suisse comme si on était en temps normal. Elle condamne la Suisse pour cela mais
d’autres raisons aussi. Elle retient la violation de l’art. 11 par la Suisse.

Réponse nuancée à la question de savoir si c’est bien que la Belgique active ou pas l’art. 15 :
- Positif : elle n’envisage pas d’aller plus loin que d’habitude.
- Négatif : mais face aux mesures très lourdes et restrictives que prenait la Belgique, on
constatait qu’elle dérogeait à la Convention sans respecter les cdts de l’art. 15.

Consolation : même si elle n’a pas activé l’art. 15, si un particulier va devant la CEDH, la Cour
va analyser la situation à charge de la Belgique.

Sur la procédure, qu’est-il exigé des Etats ? On sent que l’idée est de limiter cette procédure
dérogatoire que ce soit dans les motifs mais aussi dans les injonctions procédurales (préciser
les actes qui seront posés par l’Etat, la durée, etc).

1.4. La juridiction : la Cour européenne des droits de l’homme (titre II)

a) Principe : une protection très efficace

Cette saisine très large de la CEDH permet une protection très efficace. Alors, qu’en Belgique,
on doit toujours avoir égard au type d’acte pour déterminer la juridiction compétente
(complexité de la réparatiton des compétences en terme de juridiction), on peut aller devant la
CEDH en contestant n’importe quel acte et pas seulement juridique (même matériel : policier
qui frappe des civils). Peu importe la nature de l’acte ou de l’absention et peu importe d’où que
vient le comportement attentoire à la Covention, l’on peut toujours introduire une requête
devant la Cour.
ð Idée d’offir la protection la plus effective possible aux ressortissants des états membres.

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

b) Composition (articles 20, 22 et 23 CEDH) : 46 juges nommés pour 9 ans

Il y a le même nombre de juges qu’il y a de membres au Conseil de l’Europe. Avant, il y en


avait 47 mais il n’y en a plus que 46 depuis que la Russie ne fait plus partie du cercle. Les
juges sont nommés par l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et ce, pour 9 ans.
On est pas dans des nominations à vie, qui font partie de l’inamovabilité et de l’indépendance
des juges. Pour la CEDH, la nomination des juges est limitée dans le temps.

c) Saisine de la cour (articles 33 et 34 CEDH) : sur demande d’un Etat à l’encontre d’un
autre Etat ou sur requête individuelle

La plupart des cas soumis à la Cour, c’est sur requête individuelle contre un Etat membre. La
CEDH est une arme pour tous les ressortissants contre leur Etat. Mais elle peut aussi être
saisi par un Etat contre un autre => affaire interétatique.

d) Conditions de la requête individuelle (articles 34 et 35 CEDH):

La tendance, comme dans toutes les juridictions, c’est que la Cour, victime de son succès et
tend à restreindre toujours plus les cdts de recevabilité des requêtes individuelles.

Aujourd’hui, les débats ont tendance à se déplacer des assemblées parlementaires aux
prétoires (montée en puissance des juges, le gvt des juges). C’est une tendance lourde à notre
époque. Il y a alors une inflation des requêtes juridictionnels, les juges étant amenés à trancher
des débats politiques. Cela peut s’expliquer par le déclin parlementaire et le déclin du politique.
Il est compliqué pour certaines juridictions de faire face.

Cdts de la requête individuelle :


- Ouvert aux particuliers, aux ONG et groupes de particuliers (article 34)

- Etre victime d’une violation de la Convention (article 34) occasionnant un « préjudice


important » (article 35.3.b). C’est toute violation qu’on vise, par n’importe quel type d’acte,
y compris un comportement factuel (saisine plus ouverte). Cette cdt du préjudice important,
ce n’est pas satisfaisant en terme de garanties. On a rajouté ce critère en 2010 pour faire
face à l’arriéré judiciaire. La CEDH n’arrivait pas faire face à toutes les requêtes et a donc
dû filtrer. Ce n’est donc pas n’importe quelle victime qui peut saisir la CEDH : elle doit subir
un préjudice important à cause de l’acte contesté. Le préjudice doit atteindre un niveau
minimum de gravité pour justifier son examen par une juridiction internationale.

- L’épuisement des voies de recours internes (art 35.1)

- Au départ : délai de 6 mois à partir de la décision interne définitive (art 35.1) MAIS le
Protocole n°15 ramène ce délai à 4 mois. Mais est-ce déjà d’application ?

è Comment trouver ce protocole ? Sur le site du Conseil de l’Europe in


https://www.coe.int/fr/web/portal/home è «Explorer » è «Bureau des Traités» è «Liste
complète »
è Comment savoir s’il est entré en vigueur ? Attention, il faut distinguer l’entrée en vigueur
dans l’ordre interne et l’entrée en vigueur dans l’ordre international

o Entrée en vigueur dans l’ordre international : chaque traité précise ses conditions
d’entrée en vigueur + Le Bureau des Traités sur le site du Conseil de l’Europe
donne l’Etat des signatures et ratifications

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

Entrée en vigueur du Protocole n°15 dans l’ordre juridique international : 1e août 2021. Le traité
prévoit son entrée en vigueur lui-même, en son art. 7 (premier jour du mois qui expire au bout
d’un délai de 3 mois : il faut que toutes les parties l’ait ratifié pour qu’il entre en vigueur. Toutes
les parties l’ont ratifié. Le dernier qui l’a ratifié c’est l’Italie (le 22 avril 2021). Donc
conformément à l’art. 7 du Protocole, c’est le 1e août 2021 que le traité entre en vigueur.

L’art. 4 est celui qui modifie le délai de 6 mois à 4 mois, mais celui-ci subit une entrée en
vigueur différée en vertu de l’article 8.3 du Protocole 15. La réduction du délai de 6 mois à 4
mois sera applicable aux décisions définitives qui sont rendues après un délai de 6 mois, après
l’entrée en vigueur du protocole càd le 1 février 2022.

o Entrée en vigueur en Belgique : assentiment parlementaire et ratification. En


pratique : entrée en vigueur du Protocole n°15 ? Outils n°19 et n°20

Entrée en vigueur dans l’ordre juridique belge : la Belgique a signé le traité le 07/10/13 et a
donné son assentiment au traité par le 04 mars 2013 et a ratifié ce protocole le 04 avril 2018.
(mais on n’a pas respecté le délai de recours devant la CC de 60 jours ! L’exécutif n’a pas
entendu le délai pour donner sa ratification).

Le fait que le traité soit déjà ratifié alors que quelqu’un fait un recours contre la loi
d’assentiment ça pousse la Cour à ne pas annuler la loi d’assentiment, eu égard à sa prise en
compte particulière du droit conventionnel international. En pratique : entrée en vigueur du
Protocole n°15 ? Outils n°19 et n°20

NB : quand la Belgique a ratifié le protocole, c’était un cas où, comme l’Italie ne l’avait pas
encore ratifié, le traité n’était pas encore en vigueur dans l’ordre international alors que les
conditions étaient réunies pour qu’il entre en vigueur dans l’ordre interne.

♡Prise de notes – 3 mai 2023♡

e) Procédure : pour désengorger la Cour, une procédure en cascade : juge unique /


Comité (3 juges) / Chambre (7 juges)/ Grande chambre (17 juges) (articles 26 à 30,
articles 43 et 44 CEDH ) – Outil n°17, page 7

Procédure en cascade devant la CEDH :

Les affaires vont être envoyées devant un juge unique qui va pouvoir dire, tout seul, si la
requête est irrecevable ou décider d’envoyer la requête devant un comité de 3 juges (+ de
garanties pour le requérant devant 3 juges que devant un juge unique). Sa seule compétence :
prononcer l’irrecevabilité d’une requête. Si la requête n’est pas irrecevable, il la transmet à un
comité de 3 juges (art. 28). Ce comité à 3 choix :
- Soit il consièdre la requête irrecevable
- Soit, il la déclare recevable et se prononce au fond, mais il ne peut le faire que si la
jurisprudence est bien établie (art. 28, §1, b))
- Soit, il peut transemettre cette requête à une chambre de la cour.

Devant la chambre de la Cour dans laquelle il y a 7 juges –(garanties procédurales renforcées),


il y a 3 possibilités :
- La chambre déclare la requête irrecevable (art. 29, §1).
- La chambre déclare la requête recevable et rend un arrêt sur le fond (art. 29, §2).
- La chambre peut se dessaisir au profit de la grande chambre (art. 30).

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

Compétence de la grande chambre (art. 31) : a grande chambre sera composée de 17 juges
et aura deux possibilités :

- Elle est saisie d’une affaire pendante (càd pendant qu’une chambre traite une affaire, en
cours de conflit, d’instance), en vertu de l’art. 30. L’art. 30 détaille les cas dans lesquels la
chambre peut renvoyer l’affaire devant la grande chambre (ce n’est pas n’importe quel
cas !): quand il y a une question grave quant à l’interprétation de la Convention (par ex :
un sujet encore jamais traité mais qui présente une certaine gravité) ou en cas de
contradiction avec la jurisprudence établie (revirement de jurisprudence potentiel), il faut
aussi qu’une des parties ne s’oppose à ce dessaisissement. Cette condition a été abrogé,
par l’art. 3 du Protocole additionnel n°15. Une partie ne

- Elle est saisie après qu’une chambre se soit prononcée, après la procédure, en vertu de
l’art. 43. Après que la chambre a rendu son arrêt (// appel et pas pourvoi, car la CEDH se
prononce sur le fond), pour saisir la grande chambre, il faut remplir différentes cdts. Il faut
que ça soit demandé par une des parties, il faut que ce soit dans un délai de 3 mois, il faut,
sur le fond (on veut limiter des possibilités d’appel mais flou normatif), que ce soit une
question grave de caractère général. C’est un collège de 5 juges qui décidera s’il y a
matière à renvoyer l’affaire devant la grande chambre, en appel. Tant que le délai de 3
mois n’est pas passé, les arrêts de la CEDH ne sont pas définitifs.

ð Deux voies d’entrée à la grande chambre.

Dans l’arrêt Salduz, au §6 : « le 20 juillet 2007, le requérant a demandé le renvoi de l’affaire à


la Grande Chambre, après l’arrêt de la chambre ». C’est Salduz qui a fait appel. On est dans
le cas de l’art. 43. §7 : un collège de la Grande Chamnnre a considéré que c’était assez grave
et a fait droit à cette demande.

Pourquoi une procédure si compliquée ? Pour limiter l’arriéré judiciaire. La réduction du délai
de 6 mois à 4 mois, c’était dans la même optique. La Cour est victime de son succès.

Appliquer ces critères, implique préjuger du fond. Quand sait-on qu’il s’agit d’une question
grave sur l’interprétation de la Convention ? Qu’est-ce que la jurisprudence établie ?

f) Contenu et effet des arrêts : possibilité d’indemnisation et force obligatoire (art. 41 et


46 CEDH)

Les arrêts de la CEDH constate la violation ou non par un Etat de ses obligations. La Cour
peut aussi indemniser. Elle peut faire droit à des demandes d’indeminsiation (art. 41). La
Convention prévoit aussi que ces arrêts sont obligatoires : juriquement, l’Etat fautif doit
remédier à la violation constatée et remplir ces obligations. L’Etat est censé prendre les
mesures. En cas de condmanation pénale, en vertu de l’art. 442bis CICR : dans le cas du
condamné qui a introduit une requête devant la CEDH, si la Cour a constaté la violation par la
Belgique de la Convention, il y réouverture d’un nouveau procès, si le condamné le demande.

C’est le Comité des ministres (organe politique, donc négocations, intérêts stratégiques, ce
n’est pas le mécanisme le plus efficace) qui surveille l’exécution par les Etats de la
jurisprudence de la cour.

La Cour avait dit dans un arrêt que ce n’était pas à elle de surveriller l’exécution de ses arrêts :
arrêt Bouttafala. Elle rappelle que c’est le Comité des ministres qui est compétent pour
surveiller l’exécution des arrêts. Dans un sens, il y a des enjeux politiques internationaux qui
plaident pour un organe de contrôle politique. Concrétement, une procédure spécifique est
suivie devant le comité des ministres (p. 7 de la source 17).

44
Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

Particularités propres à la Cour : les opinions individuelles des juges (// Open Doors). Les
juges peuvent se démarquer des autres. Ces opnions ne sont pas nécessairement contre le
contenu de l’arrêt. Il y a des opinions individuelles… (art. 45)
- Concordantes (car la matière est intéressante, car le pays du juge est très concerné =>
porte d’accès sur les riches débats qui se font dans nos juridictions).
- Discordantes

ð N’existent pas dans nos juridictions internes.

g) Exécution des arrêts : surveillance par le Comité des Ministres (article 46 CEDH)
http://www.coe.int/fr/web/execution

h) Inédits : opinions individuelles des juges (article 45 CEDH) et «arrêt-pilote»

Les arrêts pilotes : dans certains cas, quand il y a un nombre très important de requérants,
pour faire face à l’engorgement de la Cour, quand des centaines de requêtes introduites au
sujet d’une même matière, la Cour adopte un arrêt pilote à propos de la première requête et
cet arrêt vaudra pour l’ensemble des requêtes motivées par le même dysfonctionnement, par
le même problème structurel (à l’égard d’un Etat). Cela permet à la Cour de gagner du temps.
Cela permet aussi de reforcer l’effectivité de la protection. Un Etat qui fait l’objet d’un arrêt-
pilote reçoit une pression supplémentaire pour résoudre le problème. Surtout, si l’arrêt pilote
prévoit un système d’indemnistation.

Premier arrêt-pilote qui a été rendu: Pologne au sujet de la modification de la frontière suite à
la seconde guerre mondiale. Une série d’habitant polonais on dû quitter leur maison en raison
de la modif de fontière : retrouvé en Ukraine, biélorussie, Lituanie. La pologne s’était engagée
à indemniser ces gens, ce qu’elle n’a jamais fait. Bronioski en 2004 a introduit une requête
devant la CEDH. 80.000 personnes étaient concernées et des centaines de requêtes ont été
introduites en même temps, dès lros la CEDH a rendu un arrêt-pilote qui concerner l’ensemble
des 80.000 particuliers.

Très efficace car en 2005, en suite de cette arrêt, la pologne a édcité une nouvelle loi sur les
compensations financière octroyées aux habitants polonais.

i) Nouveau !!! : un mécanisme préjudiciel instauré par le protocole n°16

Chercher ce protocole et sa loi d’assentiment. Ce protocole prévoit la possibilité piyr les plus
ghautes juridictions nationales de demander un avis à la CEDH une interprtation de la
Convention, pour une affaire en cours. L’idée est de prévenir les problèmes en amont car si
un juge et une autre haute juridictin se poe uen question vàv de laCEDH, on empêche un
problème potentiel, la juridiction peut intégerer cet avis contraignant à sa solution et donc, il y
a moins de potentialité de requête devant la CEDH. But : désengorger la Cour : prévenir
certaines problèmes : mais gérer un nouveau contentieux alors qu’elle est déjà surbooké. Elle
doit asborber ce nouveau contentieux.

Pour entrer dans ordre juridique international, le protocole n°16 prévoit qu’il entre en vig après
10 ratif et donc il est entré en vigueur le 01/08/18 après que 10 Etats l’aient ratifié, dont le
Belgique n’a pas fait partie.

Dans l’ordre interne, ce protocole est entré en vigueur : loi d’assentiement donnée le 30
octobre 2022. La Belgique a vraiment tardé. Publication le 5 décembre 2022 et la ratification
22 novembre 2022. L’exécutif n’a pas attendu l’acoulement du délai de recours devant la Cour
constitutionnel car c’est 60 jours à partir de la publication.

45
Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

A quel moment exactement, à quelle date, concrétement, la possibilité va être donné pour les
hautes juridictions belges de poser questions préjudicielles. L’art. 8.2 du protocole dit que le
protocole entre en vigueur le premier jour du mois qui suit un délai de 3 mois après l’expression
du consentement (donné par la ratification) de l’Etat. En pratique, c’est le premier mars.
ð // méca de question préjudicielle auprès de la CJUE.
ð Dialogue des juges
ð // arrêt primauté juridictionnelle.

La CC pose déjà des questions préjudicielles à la CJUE.

Ce dialogue pour la qualité du droit, c’est très bien mais pour les requérantes, c’est compliqué.

• Principe : création de la possibilité pour les plus hautes juridictions nationales de


demander un avis contraignant à la CEDH sur l’interprétation de la Convention dans le
cadre d’un litige en cours (article 1er)
• Comment trouver ce protocole ? Sur le site du Conseil de l’Europe in
https://www.coe.int/fr/web/portal/home è «Explorer » è «Bureau des Traités» è
«Liste complète» :
• Comment savoir s’il est entré en vigueur ? Voir supra !
• En pratique : le protocole n°16 est-il entré en vigueur ? Outils n°22 et 23

2. LES OUTILS
Outil n°16. Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés
fondamentale è https://www.echr.coe.int/ è «Textes officiels»

Outiln°17. CEDH, Aperçu de jurisprudence «1950-2021 » è https://www.echr.coe.int/ è «La


Cour » è «Aperçue 1950-2021 »

Outil n°18. Arrêt Salduz c. Turquie, CEDH n°36391/02 du 27 novembre 2008 è


https://www.echr.coe.int/ è «Recherche HUDOC » (en haut à droite)

Outil n°19. Arrêt Boutaffala c. Belgique, CEDH n°20762/19 du 28 juin 2022

Outil n°20. Protocole n°15 portant amendement à la CEDH fait à Strasbourg le 24 juin 2013 in
https://www.coe.int/fr/web/portal/home è «Explorer » è «Bureau des Traités» è «Liste
complète »

Outil n°21. Loi du 4 mars 2018 portant assentiment au protocole n°15 portant amendement à
la CEDH fait à Strasbourg le 24 juin 2013, M.B. , 03/05/2018)

Outil n° 22. Protocole n°16 à la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des
libertés fondamentale signé à Strasbourg le 2 octobre 2013 in
https://www.coe.int/fr/web/portal/home è «Explorer » è «Bureau des Traités» è «Liste
complète

Outil n°23. Loi du 30 octobre 2022 portant assentiment au protocole n°16 à la CEDH fait à
Strasbourg le 2 octobre 2013, M.B. , 05/12/2022)

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

♡Prise de notes – 4 mai 2023♡

a) Origine : le juge (judiciaire), seul gardien des droits et libertés (art. 159, 144 et 145 C°)

Il n’y avait que le juge judiciaire dans notre ordonnancement pour être en charge du repsect
de nos droits et libertés car c’était le seul juge. C’était l’art. 159 qui permettait au juge jud
d’écarter les actes adminsitratifs contraire au lois, à la hiérarchie des normes. Le juge jud :
érigé en gardien des droits et libertés des individus. C’était très important à l’époque, car les
oncgressistes avaient à cœur le repsect des droits et libertés, ils se sont réunis autour d’un
pacte libéral. L’autorité devait s’arrêter au pas de la porte de nos droits et libs. Da,s chacun
des contentieux des juges jud, par ex, le droit pénal, mais qu’il d’autre qu’un contentieux qui
vise à protéger notre droit à la liberté. On veille à ce que nos droit à un procès équitable, droits
à la défense, soient respetés.
Idem juridiction sociale : trib du travail veille à ce qu’on repsecte les d et l.

b) Evolution historique : juge administratif (art. 160 C°) et juge constitutionnel (art. 142 C°)

C’est tous les deux après la ww2. Création du CE en 1946. Car la ww2 avait montré qu’il fallait
se méfier des exécyifs. Et le juge jud dans le cadre des différentes contenteiux, ça ne sufficiait
pas : il faut juridiction spécialement en charge des actes des exécutifs. En plus, création des
juridictions internationales à Strasbourg, notamment. Les politiques voeint autour d’eux se
multiplier els juges.

c) Tendance lourde : un contrôle plus serré des actes de l’Exécutif

Plus exigeants. Pas un hasard, on crée le CE avant la CC. Et quand il faut choisir, on soumet
à un plus grd contrôle les actes d el’exécutif : avis du CE. Déjà le cas en 1830 : lméfiance
exécutif qui n’existait pas à l’gard du législateur, selon un principe qui disait que le législateur
ne pouvait faillir.

L’Histoire montre que là où il y a du despotisme, souvent l’exécutif n’est pas loin. Les qualités
de l’exécutif fait aussi ses défauts : plus efficace, plus restreint, plus rapide, soutien des admin,
donc plus dangereux

ð // gestion covid.

d) Un contrôle en tension : au centre du contrôle juridictionnel des pouvoirs, deux tensions


contradictoires

Important de brider les pouvoir. Pour pouvoir respecter les droits et libertés : il faut les
contrôler. Mais il est aussi essentiel que l’arbitrage politique soit et reste fait par des politiques
et non des juges. Les choix politiques doivent rester parmi les politiques. Et ce, car les juges
ce n’est pas nous qui les choisissons, tandis que les politiques si (suffrage universel).

Les juridictions ont été créées pour faire un examem juridique et non politique, mais la frontière
entre les deux est ténue. Souvent, on est à la limite.
è Ctrle de la proprortionnalité : mesures considérées comme proportionnelles au 20e s.,
ne le sont plus forcément au 21e s. (en raison de l’évolution des mœurs, par ex).

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

ð Tensions démocratiques : important que les politiques soient contrôlé par juges mais aussi
important que l’arbitrage reste au politique et éviter le gvt des juges, en les sollicitant pour
faire des arbitrages qui ne les concernent pas.
ð // danger pour démocratie.

e) Raisonnement juridictionnel ? : devant les juges internes, les avocats invoquent les
droits et libertés prévus par C° (combinés ou non avec la CEDH), et les juges vérifient :

- Légalité de la mesure (clarté, précision, prévisibilité de la norme)


- Légitimité de l’objectif visé par la mesure
- Proportionnalité de la mesure

1. Le juge judiciaire, premier gardien des droits civils et politiques

a) Principe : dans le cadre des différents contentieux, le juge judiciaire contrôle le respect
des droits et libertés

Et dans le cadre de ses contentieux, il aura égard au titre II de la C° mais aussi aux droits et
libertés prévus par le droit international. Car quand le droit international est directement
applicable, (notamment : la CEDH, conventions de l’ONU), le juge appliquera ce droit
international en priorité.

b) Quid des droits et libertes prevues par le droit international ? : DI directement


applicable / DI qui a un « effet direct »

On sait que si une norme de droit international a un effet direct, elle est en vigueur dans l’ordre
international mais aussi dans l’ordre juridique interne, grâce à l’assentiment parlementaire et
la ratification mais ce n’est pas tout : il faudra aussi, qu’en terme de contenu, les droits libellés
par tel ou tel article soient libellés de manière suffisement précise et claire que pour créer un
droit précis au justiciable belge.

Quand une disposition de droit international se limite à énoncer des vœux (ex : « les Etats
doivent encourager la paix dans le monde »), c’est trop large et flou que pour avoir un effet
direct. D’ailleurs, ça ne vise pas les individus.

c) Un contrôle dans l’urgence : l’action en référé devant le président du TPI

• PRINCIPE : en cas d’urgence, le psdt du TPI peut ordonner de manière provisoire


à l’Etat de mettre fin à une violation de droits et libertés constitutive d’une faute
(art. 144 et 145 C°, 544 CJ, 1382 du C. Civ)

On peut s’adresser au président du TPI pour ordonner à l’Etat de mettre fin à une violation de
nos droits et libertés, dans l’urgence.
ð Forme d’anticipation au provisoire et dans l’urgence du contentieux de la responsabilité
civile.

Ce n’est pas une décision au fond et ce n’est pas une décision qui présume le fond, mais on
a trouvé cette solution pour faire cesser une faute manifeste.

• INTERESSANT : dans ce contentieux, on ne soucie pas de la nature de l’acte qui


est à la source de cette violation mais seulement de cette violation

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

On ne s’intéresse pas à la nature de l’acte (administartif, législatif, etc), c’est la violation qui
est importante. Lorsqu’un individu voit de manière manifeste ses droits et libertés violés, il peut
s’adresser au TPI : que ce soit un fait, un acte matériel, acte administartif qui porte atteinte à
ses droits et libertés.

è Beaucoup de décisions en matière de référés dans le contentieux des étrangers.

• CONDITIONS : l’urgence, des moyens sérieux prima facie et le risque de


préjudice grave

Il y a des cdts strictes à respecter pour mettre en oeuvre cette procédure :


- L’urgence particulière (pas l’envie)
- Des moyens sérieurs prima facie (le psdt se prononce au provisoire et ne préjuge pas de
la procédure qui va se dérouler par la suite) : comment fait-on pour savoir si un moyen est
prima facie (convaincant à première vue) ?
- Il ne suffit pas de trouver ça grave : il faut une conséquence concrète.

Pour les juges c’est difficile de se prononcer sur le caractère sérieux à première vue des
arguments, et de montrer que la violation de ce droit provoque un préjudicie grave.

• EFFET : une décision qui vaut entre parties et au provisoire, qui ne préjudicie
pas de la décision du fond sur l’action en responsabilité

L’Etat a l’ordre de faire cesser la violation. Ce n’est pas un contentieux objectif : il ne vaut
qu’entre parties et qu’en attendant que l’action en responsabilité soit tranchée sur le fond. Le
TPI assortit souvent cette décision d’une astreinte. En attendant que la juridiction se prononce
sur le fond, l’Etat doit se conformer, sous peine de devoir payer une astreinte.

• ILLUSTRATION : depuis mars 2022, le CST est attaqué en référé devant le


président du TPI de Namur

è Le CST a été attaqué en référé devant le TPI. C’est allé jusqu’en appel : la Cour d’appel
de Liège a donné raison au requérant et considéré que le CST n’était pas proportionné.

Idem sur les étrangers : on a souscrit par traité de garantir que l’Etat belge doive fournir un
logement aux demandeurs de protection internationaux (demande d’asile). Les juges
constatent cela et condament l’Etat belge de faire cesser cette violation du droit d’asile.
Souvent une astreinte assorti ces décisions.
ð Contentieux en urgence en référé devant TPI.

2. Un contrôle serré des actes émanant des exécutifs

a) Principe : dès l’origine, une plus grande méfiance.

Ces actes font l’objet d’une plus grande méfiance et ce, depuis 1830 (car les congressistes
étaient des opposants au régime hollandais et savaient que les abus de pouvoirs venaient des
exécutifs).

2.1. Le contrôle par voie d’exception devant les cours et tribunaux : art. 159 C°

a) Principe : le juge peut écarter les actes administratifs (arrêté royal, arrêté ministériel
règlement, règlement communal, …) contraire «aux lois »

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

Art. 159 C° : existe depuis 1830 et fait barrage aux excès des exécutifs. Le terme « loi » dans
cet art. désigne la loi pris au sens le plus large. Les actes administratifs doivent être conformes
aux normes supérieures dans la hiérarchie des normes.

Il y a longtemps était le seul moyen de faire barrage à ces actes (car il n’y avait pas encore de
CE).

ð Centralité de l’art. 159 C° : on peut opposer cet article en cas de violation de nos droits et
libertés par un acte de l’exécutif.

b) Attention : le juge ne peut écarter les normes législatives

On ne vise pas les lois, seuls les actes des exécutifs : car il y acette idée que les juges ne
doivent pas s’immiscer dans domaine de la loi, qui doit rester entre les mains du législateur.
On ne peut écarter les normes législatives, produit de la représentation parlementaire et du
suffrage universel.

Deux exceptions :
- Cas particulier (et stigmatisant) pour les ordonnances bruxelloises (art. 9 LSIB). Pour
rappel, Bxl est au centre des tensions du système institutionnel belge. Les ordonnances
sont les seules normes législatives qui sont soumise à ce régime.

- Autre exception : depuis l’arrêt Le Ski (1971), la Cour de cassation affirme la supériorité
du droit international par rapport au droit interne et admet que le juge interne «arrête » les
effets de la loi contraire au droit international. En effet, dans l’interprétation de l’arrêt Leski
(1971), on voit que la Cass admet de limiter les effets internes de la loi contraire au droit
international conventionnel. On ne parle pas d’écarter, mais on dit que le juge judiciaire
doit s’arrêter (arrêter les effets). Par le biais du ctrl des effets du droit international, on
s’approche d’un contrôle de la loi. Le juge judiciaire ne peut juger des normes législatives,
mais depuis l’arrêt Leski, le juge peut contrôler la compatibilité des normes législatives
belges au droit international directement applicable.

c) Effets : ne vaut qu’entre parties et dans le cadre du litige

L’art. 159 ne vaut qu’entre parties, que dans le cadre du litige dans lequel il a été appliqué
ð Effet relatif.
ð Pas d’annulation erga omnes de l’acte admnistratif. Différence entre effet relatif et effet
absolu (>< SCCE)

Ex : un règlement communal avait décidé de pénaliser les femmes portant la burqa, une
femme la portant a contesté ce règlement devant le juge et a invoqué l’argument selon lequel
ce règlement violait son droit à la liberté de culte. Le juge a été d’accord et dans cadre du
litige, il a écarté le règlement : la femme n’a pas été condamnée à payer l’amende. Mais le
règlement communal existe toujours.

Le CE peut, lui, annuler la norme pour ainsi la faire disparaître de l’arsenal juridique avec effet
erga omnes.

d) Illustration : Jugement du 21 septembre 2020 du Trib de police du Hainaut (outil n°4)

La juge de police aconfronté les arrêts de police Covid avec la C° et la CEDH. Au bout de son
raisonnement, elle a conclu que ces arrêtés ministériels étaient contraires au principe de
légalité et donc à la C°. Elle écarte les arrêtés dans le cadre du litige : la personne présentée
devant elle n’a pas été condamnée et n’a pas du payer les amendes prévues par les arrêtés.

50
Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

2.2. Le contrôle préventif par la CLCE : art. 3 LCCE, art. 160 C°

a) Origine : 1946, créé au lendemain de la ww2 (dégâts par les exécutifs). Idée de borner
encore plus les exécutifs.

b) Principe : contrôle préventif des avant-projets d’actes réglementaires et des avant-


projets de loi, décret et ordonnance

On contrôle préventivement.

c) Saisine : la saisine est obligatoire

La saisine est obligatoire pour les projets de loi, mais pas pour les propositions de loi.
ð Idée sous-jacente : plus de méfiance à l’égard de l’exécutif.

d) Délais : le cercle vicieux des avis demandés en urgence

Délai de saisine du CE : le CE comme toutes les juridictions a un large arriéré judicaire. Dès
lors, la LCCE prévoit qu’un avis puisse être demandé dans le mois ou en urgence, càd dans
les 5j. Dans ces cas, le CE peut se limiter à un examen juridique restreint. Mais tout le monde
lui demande de rendre un avis en urgence. Et puisque la plupart des avis sont demandés en
urgence, le problème d’arriéré judiciaire n’est pas réglé mais simplement reporté. Dans
l’extrême urgence, on peut se passer totalement du CE, mais l’on doit motivé soigneusement
pourquoi l’on contourne le CE.

C’est normalement seulement pour les cas exceptionnels que l’extrême urgence peut être
invoqué.
ð On a oublié cette règle en période Covid. On invoquait tout le tps l’extrême urgence.

Cercle vicieux : plus aucun minsitre ne demande un avis dans un délai normal puisque tout le
monde le demande en urgence : ils n’ont pas envie de se retrouver au bas de la pile.
ð L’exception devient la norme. Inversion des principes.

e) Effets : saisine obligatoire mais avis non contraignant dans ses effets

Comment le justifie-t-on ? Ce n’est pas écrit expressis verbis dans les lois, ça découle du
terme même avis : l’idée est qu’il est consultatif.

Même si juridiquement, il n’est pas obligatoire de suivre l’avis, en pratique, c’est une mine à
recours : un ministre que ne suit pas l’avis du CE doit bien motiver son choix, car si des
plaideurs veulent se retourner contre son acte, ils vont en premier lieu invoquer l’avis du CE
non suivi. Cela ne veut pas dire que la SC va suivre la SL : les deux sections sont
indépendentes, mais ça aide clairement les plaideurs.

2.3. Contrôle a posteriori par voie d’action devant SCCE : art. 14 et 17 LCCE, 160 C°

Ce n’est pas un contrôle préventif.

a) Principe : suspension et/ou annulation d’un acte administratif devant le CE (art. 14 et


17 LCCE)

b) Délai : requête dans les soixante jours de la publication de l’acte

Procédure en suspension : on va pouvoir poursuivre l’annulation ou suspension dans un délai


de 60 jours de la publication de l’acte.

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

c) Conditions spécifiques de la suspension (art. 17 LCCE) (très exigente // référé en


matière judiciaire) : une demande est obligatoirement couplée à une requête en
annulation (§1) SAUF extrême urgence (§4) ; elle doit démontrer l’urgence (§2) ; il doit
exister un/des moyen(s) sérieux susceptible prima facie de justifier l’annulation de
l’acte (§1er)

On met des procédures en urgence en raison de l’arriéré judiciaire, la procédure normale ne


peut prévenir l’ensemble des dégâts qui peuvent s’étaler dans le tps que pourrait provoquer
un acte adminstratif, par ex. On renforce la protection des citoyens, mais dans l’urgence, dans
des délais réduits, on ne peut pas amener la même qualité juridique aux débats et à la
décision. On a des procédures à la fois en urgence et au provisoire.

La solution en suspension ne préjudicie pas de la solution au fond. On a un acte, par ex, pas
suspendu, mais qui sera annulé. On peut aussi avoir acte suspendu mais qui ne sera pas
annulé.

L’idée de ce contentieux en suspension et au provisoire, c’est qu’on se prononce prima facie


(à première vue). On suspend sans que l’ensemble de la procédure se déroule comme au
contentieux de l’annulation. On suspend la décision d’un ministre, par ex, c’est exorbitant.
ð // référé en matière judiciaire.

Les cdts sont très strictes :


- Les plaideurs ne peuvent l’utiliser pour suspendre des actes qui ne leur plaisent pas, sans
au fond vouloir poursuivre l’annulation de cet acte. Ce pourquoi une demande en
suspension doit toujours être couplée avec une requête en annulation. Les plaideurs ne
peuvent en abuser.

- Démontrer l’urgence.

- Il faut qu’il existe des moyens srx prima facie qui puissent justifier l’annulation de l’acte (//
procédure en référé).

- Quand on démontre l’urgence, il faut montrer que l’urgence est incompatible avec la
procédure normale et que l’engagement de cette procédure normale risque de provoquer
un dommage. Démontrer le dommage que va provoquer la non-suspension de l’acte. C’est
compris dans démontration de l’urgence. C’est compliqué de le démontrer (preuve sur
l’avenir).

è Arrêt FN Herstal : les parties avaient obtenu la suspension, dans un premier temps, de
l’acte administratif.

d) Saisine : par toute partie justifiant d’un intérêt à agir

Idée qu’on veut attaquer un acte mais en plus le suspendre car le maintien de cet acte pendant
la procédure est dommageable pour notre client.

e) Effets : suspension de l’exécution de l’acte jusqu’à l’arrêt au fond (suspension), effets


erga omnes ce qui signifie qu’en cas d’annulation, l’acte est réputé n’avoir jamais existé
(annulation)

La suspension, on l’obtient jusqu’à l’arrêt au fond. Là soit, on obtient l’annulation et l’acte


disparaît avec effet erga omnes ou alors, après avoir analysé concrétement les moyens et leur
pertinence, les juges n’annulent pas. La suspension s’arrête lorsque l’arrêt sur l’annulation est
rendue.

52
Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

ð // référé (anticipation en urgence et au provisoire de l’art. 1382).

Un des rares arrêts où le CE a été sévère vàv des mesures Covid : c’est quand à la veille des
réveillons de 2022, le CODECO a décidé d’annuler les évènements culturels. Un artiste a
introduit une requête en suspension en extrême urgence : il a dû démontrer les pertes
concrètes qu’engendrait pour lui de la mesure.

Sur le fond - argument prima facie : violation des droits sociaux-économiques et culturels et la
proportionnalité de la mesure (ce n’était pas préconisé par les experts de fermer ce secteur et
alors que d’autres secteurs pouvaient rester ouverts).

f) Illustration (requête en annulation) : arrêt CE Goosse (outil n°9)

3. Quel contrôle des normes législatives ? Un contrôle prudent

a) Origine : la loi, domaine sacré du politique

Au départ (influence française), on considérait que la loi était le domaine sacré du politique,
car quand les parlementaires prêtent serment, ils prêtent serment de respecter la C° et on se
contentait de ça. Pas de contrôle notamment de la consitutionnalité des lois.
ð Conception jusqu’à la fin de la première moitié du 20e s.

Le juge ne peut pas se mêler, pas de contrôle de la loi par le juge.

b) Evolution : même la loi peut être contrôlée par le juge, mais dans des conditions strictes

Dans un contrôle moins serré que les actes de l’exécutifs. Ce contrôle s’est développé en
parallèle avec la reconnaissance et la montée en puissance des droits de l’homme.

En Belgique, ce qui a été décisif, ce n’est pas ça, mais le fédéralisme : au départ, la CC était
la Cour d’Arbitrage. On avait besoin d’un arbitre entre les différents parlements que l’on a créé.
On passe au contrôle des juges de la loi, car on ne sait plus faire autrement.

Car fédéralisme signifie plein de parlements, ce qui implique plein de normes légsilatives
différentes ce qui peut déboucher sur d’éventuels conflits, d’où le besoin d’un arbitre.

C’est ensuite qu’on étendra la compétence de la CC au titre II de la C° et aux droits et libs.


Avant, c’était juste réparatiton des compétences.

3.1. Contrôle préventif par la SLCE : art. 2 (initiative parlementaire) et 3 LCCE (les
exécutifs), art.160 C°

a) Principe : contrôle préventif facultatif des propositions de la loi, décret et ordonnance


(art. 2 LCCE) ; ctrl obligatoire des projets de loi, décret et ordonnance (art. 3 LCCE)

b) Modalités : saisine facultative en cas d’initiative parlementaire (article 2 LCCE) sur


demande du Président de l’assemblée, quand 1/3 des membres le demande et pour
les assemblées bilingues, quand la majorité d’un groupe linguistique le demande ;
saisine obligatoire en cas d’initiative gouvernementale (article 3 LCCE)

Pour les proposition de loi c’est soit quans le président le demande, soit quand 1/3 des
membres le demande, soit lorsque la majorité des membres d’un grpe linguistique le demande
pour les assemblées bilingues.

c) Délais : le cercle vicieux des avis demandés en urgence

53
Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

d) Effets : avis non contraignant dans ses effets

e) Illustration : avis SLCE «Maastricht» (outil n°8)

3.2. Le contrôle par voie d’action devant la CC : art. 1 LSCC, art. 142 C°

a) Origine : 1983

b) Principe : recours en suspension ou en annulation d’une norme législative devant la


Cour MAIS sur la base d’un nombre limité de principes constitutionnels : au titre II de
la Constitution, aux art. 170, 172 et 190 C° et aux règles répartitrices de
compétences (attention à l’art.142 C° !!!, art. 1, art.19 et 20 LSCC)

La CC n’est pas expressément chargé d’assurer le respect de l’ensemble de la C°. Elle est
compétente pour les articles suivant : titre II, règles répartitrices de compétences, art. 172 (les
étrangers peuvent avoir les mêmes droit que les belges sur le territoire). Mais la CC est très
créative, en combinant avec les articles 10 et 11, elle arrive de se saisir d’autres articles.

Art. 142 (qui organise la compétence de la CC) ne dit pas la même chose que ce que Anne-
Emmanuelle vient de dire => faut aller voir la loi spéciale sur la CC. On a révisé la compétence
de la CC sans réviser la C° mais en révisant la loi sur la CC. Car l’art. 142 prévoit qu’une loi
spéciale peut modifier cette matière.

c) Délai : 6 mois après la publication de la norme (art. 3 § 1er LSCC)

+ rappel focus 1 : 60 jours pour les normes d’assentiment (art 3 § 2 LSCC)


+ nouveau délai de 6 mois après la publication d’un arrêt préjudiciel (art 4 alinéa 2 LSCC)

d) Conditions spécifiques de la requête en suspension : obligatoirement liée à une


requête en annulation, un/des moyen(s) sérieux et le risque de préjudice difficilement
réparable (art. 19 et 20 LSCC)

Même idée, même ambiguité, c’est l’ambiguité des contentieux en amont sur le fond. On ne
peut pas demander seulement la suspension, il faut demander l’annulation d’une norme
législative pour éviter un dommage qui serait difficilement réparable si l’on laisse la procédure
se dérouler normalement.

Il faut à nouveau invoquer des moyens sérieux prima facie et il faut aussi démontrer l’existence
d’un préjudice difficilement réparable. Démontrer que l’application de la loi et l’écoulement du
temps dans la procédure va nous provoquer un préjudice difficilement réparable, c’est
compliqué à démontrer.

e) Saisine : par le CM, les Gouvernements fédérés, par les assemblées ou par toute
partie justifiant d’un intérêt à agir (article 2 LSCC)

La CC peut être saisie par les autorités et est ouverte aux particuliers. Ce qui est critiqué c’est
que les particuliers (par ex : les associations) vont devoir démontrer leur intérêt à agir, alors
que les autorités ne le devront pas : cet intérêt à agir est présumé chez elles.
ð Trace des origines de cette CC qui, au fond, a été crée en tant que Cour d’arbitrage pour
trancher les conflits de compétence entre les parlements différents.

a) Effets : suspension de l’exécution jusqu’à l’arrêt au fond (suspension) et annulation


erga omnes (annulation)

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

Dans un arrêt concernant des crèches bruxelloises (crèches créées en vertu d’une
ordonnance), l’annulation avait été prononcée, avec effet erga omnes. Les crèches doivent
être fermée, si la CC ne précise rien. Mais la CC a prévu, dans ce cas, que les crèches déjà
construites resteraient en l’état.

b) Illustration (requête en annulation) : arrêt C.C. «Traité stabilité» (outil n°11)

3.3. Le contrôle prejudiciel devant la C.C. (article 26 LSCC)

a) Principe : quand, dans le cadre d’un litige, un juge (judiciaire ou administratif) se pose
la question de la compatibilité d’une norme législative avec une norme constitutionnelle
dont la CC assure le respect, le juge est obligé d’interroger la Cour (art. 26 § 1er LSCC)

Quand on a créé la CA, on s’est posé la question de la création d’un mécanisme de question
préjudicielle. Puisque le juge ne peut pas écarter els lois, on s’est dit que c’était bien si dans
ces cas compliqués, il pouvait se tourner vers la CC. Mais ce n’est pas ue faculté : c’est une
obligation. Le juge du fond doit se tourner vers la CC en cas de doute sur l’interprétation de la
loi ou en cas d’incomptabilité.

b) Délai ? : pas de délai pour poser une question préjudicielle

Sine die : pas de délai pour poser une question préjudicielle.

c) Des exceptions : dans certains cas déterminés, le juge n’est pas obligé d’interroger la
Cour (article 26 § 2 et § 3 LSCC)

Lorsque la Cour a déjà répondu à la question. Lorsque le juge estime que la réponse de la CC
à la question préjudicielle n’est pas nécessaire à la résolution du litige.
ð Ce sont des choses que l’on peut discuter. Le juge a des moyens d’éviter les questions
préjudicielles…

d) Rappel (focus 2) : depuis 2003, certaines normes d’assentiment sont exclues du


contrôle préjudiciel (article 26 § 1er bis LSCC)

Et ce, pour protéger les normes d’assentiment à des traités. Ces normes échappent à ce
contrôle préjudiciel et au fait qu’on poursuive l’annulation en dehors du délai de 6 mois. Ce
n’est pas pour n’importe quelle norme : celles qui sont visés à l’art. 26, §1bis LSCC.

Celles-ci n’échappent pas entièrement au contentieux de l’annulation : on peut les annuler


dans le délai de 60 jours qui est prévu pour celles-ci après leur publication.

e) Effets : obligation pour le juge (et pour les autres juges dans la même affaire) de se
conformer à l’arrêt de la Cour (art. 28 LSCC) + rappel (focus 1) : en cas de réponse
positive, ouverture d’un nouveau délai d’annulation de 6 mois (art. 4 al 2 LSCC)

Le juge va devoir se conformer à l’arrêt de la Cour rendu sur question préjudicielle et un


nouveau délai va s’ouvrir pour les recours en annulation suite à cet arrêt sur question
préjudicielle.

Le juge va devoir tenir compte et écarter, si c’est ce que décide la CC. Le juge judiciaire se
conforme à la décision de la Cour : cela a des conséquences concrètes notamment en matière
pénale.

f) Illustrations : arrêt «Ecole européenne» (outil n°9) ; arrêt «Acte unique européen» (outil
n°10), arrêt «Primauté juridictionnelle» (outil n°12)

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

g) Quid en cas de concours (droits et libertés protégés à la fois par la Constitution ET par
un traité international) ? : priorité … à la C.C. (art. 26 § 4 LSCC)

Au contentieux préjuciel, il faut donner priorité à la CC pour qu’elle donne son avis.

Dans l’article 26, §4, il a été prévu manifestement qu’un problème de concours avec la CJUE
(et le droit de l’UE) et la CC devait déboucher sur la compétence de la CC.

Cela s’explique, car à cette époque, le mécanisme de question préjucielle n’existait pas pour
la CEDH (protocole n°16) => que doit-on comprendre ? L’art. 26, §4 vise-t-il toutes les
juridictions internationales ou alors juste la CJUE suivant le libellé de l’article ?

♡Prise de notes – 10 mai 2023♡

Petit exercice pratique : Mme la présidente du SCCE est allée à Riga avec tous ses
homologues, tous les chefs de haute juridiction administrative. Un collègue d’un autre pays
utilisait l’AI pour trier les affaires. Imaginons qu’en suite de ces rencontres, on décide de faire
un traité limitant l’AI dans les juridictions adminstratives. Ce traité est signé par la Belgique
(assentiment parlementaire + ratification). Question : est-il attaquable ? On est conseiller de
chatGPT, que peut-on faire ? Est-il attaquable et devant qui ? Voie curative et non curative ?
Deux traités : l’un est conclu entre les membres de l’UE (il interdit usage de l’AI dans les hautes
cours administratives) et le second est plus général (protocole conclu par le Conseil de
l’Europe) et interdit l’usage de l’AI auprès des juges.

Traité conclu entre les pays membres de l’UE.

Contrôle curatif :
Donc la loi d’assentiment voté par le parlement (monocaméralisme : art. 74 et pas repris dans
les articles 77 et 78 => avant c’était une compétence du Sénat qu’on lui a retiré lors de la 6e
réforme de l’Etat) à ce traité est attaquable devant la CC, durant un délai de 60j suivant la
publication de la norme d’assentiment. Bases légales : art. 3, §2 (cdts différentes de la
procédure normale : la procédure est plus courte, elle est ici de 60j alors qu’en temps normal
elle est de 6 mois : art. 3, §1 => but d’assurer stabilité des relations internationales : enjeux
qui dépassent le milieu belge).

L’exécutif doit normalement respecter ce délai de 60j avant de ratifier, mais en réalité, ils
n’attendent pas toujours.

D’ailleurs, la ratification du traité par l’exécutif ne peut intervenir qu’après l’écoulement de ce


délai. Après ce délai, l’acte n’est plus attaquable devant la CC, à moins qu’une question
préjudicielle soit posée, celle-ci réouvrant un délai de 6 mois pour attaquer l’acte en annulation.
(art. 4 LCCE)

Question préjudicielle :
Art. 26, §1, 3° (violation potentielle de droits protégés par la C° par une loi) : une question
préjudicielle sur cette loi d’assentiment peut être posé, sine mora. Le traité 1 de l’UE ≠ traité
constituant de l’UE (art. 26, §1bis). Ce traité ne rentre pas dans le régime d’exclusion.

Que ChatGPT pourrait-il répondre comme argument ? Principe de standstill.

Réouvertude du délai pour l’annulation de 6 mois (art. 4, 2° LCCE)

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Esther Remy Opsomer – BAB2 2022-2023

ð Pour pas qu’il y ait des lois dans le « purgatoire », dont on a constaté un problème au
contentieux préjudiciel mais qui ne sont pas annulé.

De plus, les juges du fond devront se conformer à la décision du juge dans le contentieux
préjudiciel mais que dans le cadre du litige en question (effet erga omnes).

Protocole additionnel complémentaire à la Convention.

Contrôle curatif :
L’art. 3, §2 n’exclut pas l’introduction d’un recours en annulation contre une telle norme. Que
ce soit un traité de l’UE ou que ce soit un protocole additionnel à la CEDH. C’est au niveau de
la question préjudicielle que la situation est différente. L’on peut donc poursuivre l’annulation
de cette norme, dans un délai de 60j suivant la publication de la loi d’assentiment (art. 3, §2)
ð Devant CC car norme législative.

Question préjudicielle :

Art. 26, §1bis : c’est un protocole additionnel qui rentre dans le champ d’application de cet
article, il n’est donc pas compris dans le régime prévu par l’art. 26, §1 et ne peut faire l’objet
de question préjudicielle devant la CC.

Droit international directement applicable et droit international à effet direct : ne sont pas
assimilés dans la doctrine sans expliquer ce qui les différencie. Pour invoquer une norme de
droit international face à une norme interne, il faut que la norme international soit reconnue
comme ayant un fx direct, càd que la norme en question doit créer un droit de manière
suffisament précise et inconditionnel, sans que l’Etat n’ait à adopter des normes
complémentaires pour donner contenu à cette disposition (pas de mesure des Etats membres
qui la transposent : aucune, les Etats ne doivent pas adopter norme juridique supplémentaire
pour lui donner contenu) de façon claire, pas sous forme de souhait. Effet direct : non
seulement directement applicable mais en plus elle formule un droit de manière claire et
précise.

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