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Du texte à l’image :

les reliefs sur les stèles « de confession » d’Anatolie

Nicole Belayche*

« Il faut que les murs, le marbre et l’airain


parlent à tous… » (Abbé Grégoire).

L’épigraphie religieuse païenne de la Lydie et de changeante employée par L. Robert pour une même
la Phrygie impériales offre des documents d’une inscription (« confession » ou « expiation ») 5, ou
richesse rare pour l’historien des religions. Depuis bien des propositions alternatives pour affiner
le début du XXe siècle 1, les savants ont identifié l’appellation (stèles d’expiation ou de propitiation
chez certains dédicants une expérience de la faute
– quand ce n’était pas du péché 2 –. Ces inscriptions,
remarquablement rassemblées par l’épigraphiste
allemand G. Petzl en 1994 3, sont connues sous le
∗ École Pratique des Hautes Études, Sciences religieuses,
nom de « stèles de confession / Beichtinschriften ».
Elles offrent des relations d’expériences de la divi- Paris.
Je dédie ces réflexions aux participants à mon séminaire de
nité différentes des dédicaces votives habituelles
l’EPHE (2003 & 2004) et adresse mes remerciements à G. Petzl
dans les paganismes grec ou romain. Après une pour nos discussions amicales et fructueuses lors des confé-
adresse au(x) dieu(x) en forme d’acclamation rences qu’il a données à Paris en tant que Professeur invité, cf.
(« Grand(e) est… »), les textes inscrits qui dévelop- Annuaire de l’EPHE, section des Sciences religieuses, 112, 2003-
pent le plus complètement l’expérience vécue peu- 2004, p. 245-247.
1 La première collection de ces inscriptions a été publiée par
vent se décomposer en quatre étapes : 1) l’exposé de
F. Steinleitner, Die Beicht im Zusammenhange mit der sakralen
la faute, la « confession » (oJmologevw), étape privi-
Rechtspflege in der Antike. Ein Betrag zur näheren Kenntnis klei-
légiée par l’historiographie ; 2) la punition subie nasiatisch-orientalischen Kulte der Kaiserzeit, Munich, 1913.
(kolazovmenoı), généralement sous la forme d’une 2 Cf. R. Pettazzoni, La confessione dei peccati, III, Bologne

pathologie physiologique ou mentale, quand ce n’est (Storia dei Religioni 12), 1935 ; plus récemment M. Ricl, La
pas la mort ; 3) la propitiation du (ou des) dieux conscience du péché dans les cultes anatoliens à l’époque romaine.
( iJlavskomai); et 4) l’écriture de la stèle qui pérennise La confession des fautes rituelles et éthiques dans les cultes méo-
le nouvel état d’adoration des fidèles (sthl<l>ografevw, niens et phrygiens, Belgrade, 1995 (en serbe, rés. français).
3 Petzl 1994 publiait 123 textes. À ce jour, plus de 150 sont
pratiquement toujours lié avec une eujlogiva).
publiés, les plus récemment dans P. Herrmann, H. Malay, New
Cette structure complète n’apparaît pas dans Documents from Lydia, Vienne (ETAM 24), 2007.
tous les textes et la caractérisation de l’expérience 4 D’où les précautions de Petzl 1994, p. IX-XI. Cf. aussi infra

racontée par les fidèles est en réalité plus obscure note 87.
qu’il n’y paraît 4. En témoignent la dénomination 5 L. Robert, Hellenica VI, Paris, 1948, p. 107-108, n° 43.

1
Nicole Belayche

pour A. Chaniotis, stèles de réconciliation pour


6 Chaniotis 1997 (déjà chez H.W. Buckler, Some Lydian
A. Rostad) 6. La structure générale des déroule-
Propitiatory Inscriptions, Annual of the British School at Athens
ments narratifs et les relations entre les séquences
21, 1914-1916, p. 164-183) ; A. Rostad, Confession or Reconci-
qui les composent m’ont conduite à proposer que liation ? The narrative Structure of the Lydian and Phrygian
l’originalité de ces expériences des dieux réside “Confession Inscriptions”, Symbolae Osloenses 77 (2002), p. 145-
moins dans les trois premières étapes (confession, 164. R. Gordon, Raising a Sceptre : confession-narratives from
punition, expiation) que dans la finalité même de Lydia and Phrygia, JRA 17, 2004, p. 177, note 1, choisit de conser-
leur narration (phase 4) : l’action de grâce ostenta- ver l’appellation pour ne pas troubler le lecteur.
7 Petzl 1994, 69, ll. 27-34, avec une chute fréquente du récit à
toire par le monumentum texte et image – qui est
la troisième personne dans un épilogue à la première personne.
elle-même à double détente (la nouvelle attitude des Cf. N. Belayche, Résumé des conférences et travaux, Annuaire de
fidèles envers la divinité et l’action publicitaire, l’EPHE, section des Sciences religieuses 111 (2002-2003), p. 220-
voire catéchétique) : 224 et Les stèles dites de confession : une religiosité originale
dans l’Anatolie impériale ?, in : L. de Blois, P. Funke, J. Hahn
« Les enfants de Iucundus et de Moschios, petit-
(éd.), The Impact of Imperial Rome on Religions, Ritual and
enfants de Tatias, …délivrèrent de cela [les impréca-
Religious Life in the Roman Empire, Leyde, 2006, p. 66-81.
tions de Tatias], après avoir apaisé les dieux en toutes 8 H. Malay, A Praise on Men Artemidorou Axiottenos, EA 36,
choses, et à partir de maintenant nous rendons grâce
2003, p. 13-18 (répertorié sans le texte par Petzl 1994, 56) et
en ayant inscrit sur une stèle les puissances des
G. Petzl, art. cit. (note 1).
dieux. » 7
9 Dans d’autres contextes, Némésis est individualisée comme

Un texte d’époque néronienne récemment publié 8, megavlh qeovı, cf. Strabon XIII 1, 13 et les megavlai qeai ; Nemevseiı
dans lequel l’eulogie se déploie en forme d’arétalo- de Smyrne, IK Smyrna (G. Petzl), 641 & 650.
10 Cf. N. Belayche, Le malheur comme signe des dieux
gie, est venu heureusement confirmer cette lecture.
dans l’Anatolie impériale, in : S. Georgoudi, R. Koch-Piettre,
La stèle objective la qualité justicière du dieu / sa
F. Schmidt (éd.), Signes, rites, destin dans les sociétés de la
nevmesi" 9 – la punition étant un signe divin qui doit Méditerranée ancienne, Leyde (à paraître).
permettre d’identifier la faute 10 – et elle réalise son 11 Petzl 1994, 59, ll. 17-22 (cf. G. Petzl & H. Malay, A New

exaltation : « et le dieu s’irrita de cela, parce que Confession-Inscription from the Katakekaumene, GRBS 28,
Syntychè ne le révélait pas (oujk ejxefavnteuse) et 1987, p. 469-471) ; cf. aussi Petzl 1994, 57 (ll. 11-12) et 33 (ll. 3-7).
n’exaltait pas (oujde ; u{ywse) le dieu ». Alors, il lui 12 A.D. Nock, Essays on Religion and the Ancient World, I,

enjoint « de dresser la némesis [i.e. la stèle inscrite] Oxford, 1972, p. 427, note 77, rangeait ces inscriptions dans « the
aretalogy type in general » ; V. Longo, Aretalogie nel mondo
sur son lieu [le sanctuaire ou le territoire du dieu] » 11.
greco. I. Epigrafi e papiri, Gênes, 1969, en a d’ailleurs retenu cinq
Ces objets dévotionnels seraient donc plus juste- dans son corpus, n° 80-84. M. Ricl, CIG 4142 – A Forgotten
ment des stèles « d’ostension » ou « d’exaltation », Confession-inscription from North-West Phrygia, EA 29, 1997,
qui “représentent” (au deux sens de constituer et p. 42, a relevé l’importance de « the “educational motive” », mais
figurer), en mots et en images, autant d’arétalogies elle le relie à la procédure pénitentielle (« the confessional ritual »,
des dieux, comme A.D. Nock en avait déjà eu l’in- p. 43), alors qu’il reflète plutôt l’état transformé du fidèle.
13 CMRDM, I 63 (en 196-197). Elle n’est pas retenue dans
tuition 12. « À Artémis Anaitis et Men de Tiamos »,
Petzl 1994, car elle ne présente pas les étapes 1 et 2.
les dédicants marturou~nteı ta ı ; dunavmiı tw~n qew~n 14 Pour des stèles contemporaines, de même provenance
ajpevdwkan th n; eujchvn 13. géographique et en contexte social analogue, outre les corpus
L’examen des reliefs qui accompagnent la moitié régionaux habituels (Tituli Asiae Minoris V, Monumenta Asiae
des stèles inscrites dans le corpus de G. Petzl me Minoris Antiqua et IK), I. Diakonoff, Artemidi Anaeiti anestesen.
semble corroborer cette lecture. La cohabitation The Anaeitis-dedications in the Rijksmuseum van Oudheden at
entre texte et image est courante également sur les Leyden and related material from Eastern Lydia. A reconsidera-
tion, BABESCH 54, 1979, p. 139-155 (qui explore tout particuliè-
types traditionnels – c’est-à-dire votifs – de dédi- rement l’iconographie des dieux) ; Malay 1994 ; Id., Researches in
caces religieuses offertes en Anatolie occidentale 14. Lydia, Mysia and Aiolis, Denkschrift d. Österr. Akad. d. Wissensch.,
Les reliefs ne se résument pas à une “illustration” Phil.-Hist. Kl. 279 (ETAM 23), 1999 ; et Drew Bear et al. 1999.
des inscriptions, à la fois parce que le langage figu- 15 Cf. T. Hölscher, The Language of Images in Roman Art,

ratif a sa sémiotique propre 15 et parce que l’expé- Cambridge, 2004 [1987] ; Id., Autour de l’image, Metis 5 (1990).
rience religieuse rapportée étant multi-séquentielle, Sur l’interaction entre texte et image, J. Elsner (éd.), Art and Text
in Roman Culture, Cambridge, 1996, en part. p. 2 : « how art and
les reliefs opèrent des choix. Les reliefs peuvent être
text are intertwined – not merely different, but interdependent, not
classés en fonction du degré d’autonomie du texte just potentially celibate, but engaged in perpetual intercourse ». Sur
et de l’image dans leur combinaison. 1) L’image les problèmes de méthode posés par la sémantique des attributs,
n’évoque qu’un élément du texte, par exemple la C. Bérard, Modes de formation et modes de lecture des images

2
Du texte à l’image : les reliefs sur les stèles « de confession » d’Anatolie

jectif prosélyte 16. J’ai choisi de concentrer l’attention


sur la fonction d’intensification, parce qu’elle peut
aider à éclaircir la finalité de ces documents, donc
leur caractérisation.

Au simple titre d’objet, la stèle affiche sa des-


tination mémorielle – elle est un martuvrion 17 –
et médiatique par la qualité de nombreuses réali-
sations – même si l’esthétique n’en est pas acadé-
mique – et par la présence d’épais tenons (fig. 1)
destinés à la ficher en terre ou sur un socle dans les
temenè des sanctuaires 18. L’objet-stèle matérialise
le texte qu’il porte, qui consigne que la divinité a
réclamé son érection et son inscription (= phase 4).
L’accent mis sur l’écriture de la stèle s’exprime par
l’usage redondant des deux verbes sthl(l)ografei~n
(presque spécifique à ces types de documents) et
ejggravfein, ou par la formule suggestive e[ngrafon
iJstavnai 19. Mutatis mutandis – au niveau d’une
audience locale –, sa fonction “pragmatique” 20 est
comparable à celle des grandes inscriptions impé-
riales publiques, étudiées par J. Elsner : « what was
meaningful was the monumental nature of the text
itself as writing » 21. La stèle est en elle-même l’eulo-
gia :

divines : Aphrodite et Isis à la voile, in : EIDWLOPIIA. Actes du


Colloque sur les problèmes de l'image dans le monde méditerranéen
classique (Château de Lourmarin en Provence, 2-3 septembre 1982),
Esther Giraud (éd.), Rome, 1985, p. 163-171.
16 R. Gordon, art. cit. (note 6), p. 184, envisage deux fonc-

tions : une confirmation du texte (« the iconic image as a gua-


rantor of verisimilitude ») et un complément qui vient renforcer
la déclaration (« the visual foregrounding of the ritual »).
17 Petzl 1994, 9 (ll. 13-14).

18 Voir aussi Petzl 1994, 20 et Drew Bear et al. 1999, p. 43.

Dans d’autres sanctuaires, les murs de clôture ou de la voie d’ac-


Fig. 1 – Petzl 1994, 5, stèle de Théodoros. cès recevaient les reliefs, cf. à Antioche de Pisidie, au sanctuaire
de Mên Askaenos (dans la tradition des reliefs rupestres),
CMRDM IV (1978) et G. Labarre, M. Taslialan, La dévotion au
dieu Men : les reliefs rupestres de la Voie Sacrée, in : T. Drew-
Bear, M. Taslialan & C.M. Thomas (éd.), Actes du Ier Congrès
divinité qui est honorée ou bien les parties du corps International sur Antioche de Pisidie, Lyon-Paris, 2002, p. 258-312
humain qui ont souffert de la punition divine. (avec bibl. ant.).
2) L’image complète le texte en représentant une 19 Par ex. Petzl 1994, 11 (ll. 6-10), 70 (l. 8) & 96 (ll. 4-5).

20 P. Veyne, Lisibilité des images, propagande et apparat


étape de l’expérience qui n’est pas verbalisée dans
monarchique dans l’Empire romain, Revue historique, 304, 2001,
le texte gravé (par ex. une partie du corps pour une
p. 9 : « ce qui importe est moins le contenu du message que la
maladie). 3) L’image intensifie le texte en renché- relation qu’il établit avec autrui ».
rissant sur l’une des étapes qu’il rapporte, généra- 21 J. Elsner, Inventing Imperium : texts and the propaganda

lement la dernière. 4) Les deux langages exhortent of monuments in Augustan Rome, in : J. Elsner (éd.), op. cit.
conjointement les fidèles et se soutiennent dans l’ob- (note 15), p. 52.

3
Nicole Belayche

dessinée selon R. Gordon 24. Ces rapports d’espace


souvent inégaux renforcent l’accent privilégié mis
par les reliefs sur deux étapes du texte. Soit une re-
présentation anatomique rappelle la punition mani-
festée par une maladie, dont le(la) dévot(e) a été
guéri(e) après aveu de la faute et reconnaissance
des puissances du dieu 25. En langage figuré, c’est
un élément qui peut suggérer, de façon indirecte, la
phase de « confession ». Plus fréquemment, c’est la
phase finale d’adoration, d’exaltation, de la divinité
– ajpo ; nu~n su ejulogw~ dit un texte 26 – qui est repré-
sentée.

L’intensification assumée par le relief ne modi-


fie pas l’imagerie de la divinité dont le fidèle a expé-
rimenté la puissance. Lorsque le dieu est figuré,
c’est généralement sous sa forme anthropomor-
phique traditionnelle. Le texte de l’inscription peut
en justifier la représentation, dans les cas où c’est
le dieu lui-même qui a réclamé sa statue [kaqivse
ajfivdru(s)ma] 27. Elle se conforme alors au type habi-
tuel (fig. 3). Le dieu Mên (ou Meis 28) se reconnaît à
son habit militaire ; il est coiffé du bonnet phrygien
et tient un sceptre dans la main droite et une

22 Petzl 1994, 43 (ll. 5-8).


Fig. 2 – Perzl 1994, 6, stèle de Pôl(l)iôn. 23 Cf. aussi Petzl 1994, 75.
24 Cf. R. Gordon, art. cit. (note 6), p. 183-184, avec des

remarques subtiles sur le signifiant des cadrages des textes.


25 Par ex. Petzl, 1994, 75 (Glykia avait une sciatique). Cf.

« …ayant été punie, j’ai avoué la faute et j’ai consa- A. Chaniotis, Illness and cures in the Greek propitiatory inscrip-
cré l’action de grâce (eujlogivan) [= la stèle] parce que tions and dedications of Lydia and Phrygia, in : Ph.J. van der
j’ai recouvré la santé » 22. Eijk, H.F.J. Horstmanshoff, P.H. Schrijvers (éd.), Ancient Mede-
cine in its Socio-Cultural Context, 2, Amsterdam-Atlanta, 1995,
La mise en espace de l’image sur la face inscrite p. 323-344.
et les cadrages respectifs du texte et de l’image sont 26 Par ex. Petzl, 1994, 37. Pour la question de l’origine juive

de bons indicateurs de la fonction sémantique ou perse de la diffusion de l’eulogia dans l’épigraphie païenne
dévolue à la figuration. Souvent isolé dans un cadre de l’Asie Mineure impériale, cf. H.W. Pleket, Religious History
as the History of Mentality : the “believer” as servant of the deity
(fig. 11) – qui n’est pas sans évoquer l’aspect d’une
in the Greek World, in : H.S. Versnel (éd.), Faith, Hope and
niche cultuelle lorsqu’il renferme une figuration du Worship. Aspects of Religious Mentality in the Ancient World,
dieu (fig. 7) –, le relief occupe toujours la partie Leyde, 1981, p. 184-189. Cf. l’invention de la prière pour
supérieure de la stèle, généralement surmontée W. Burkert, Creation of the Sacred. Tracks of Biology in Early
d’un fronton qui porte le symbole du dieu. C’était Religions, Cambridge (Mass.)-Londres, 1996, p. 91.
27 Petzl 1994, 67 : [en 118/9] « Il a plu à Mên Axiottenos
donc la partie la plus immédiatement visible si les
qu’Amyntas, qui avait souffert de la part de Mên de Tiamos et
stèles étaient fichées en terre. L’image vient même
de l’Anaïtis parce qu’il leur était soumis (?), élève une statue ».
parfois en relief au dessus du texte qu’il contraint à G. Manganaro, La dedica di un aphidrysma di Men Axittenos
épouser les contours de l’image (fig. 2) 23. Ou bien del 118 d.C., ZPE 61, 1985, p. 199-203, comprend : parce
elle envahit l’espace aux deux-tiers (fig. 8), relé- qu’Amyntas avait attelé au joug des animaux sacrés.
guant le texte à un statut de bulle dans une bande 28 Petzl 1994, 3, l. 1.

4
Du texte à l’image : les reliefs sur les stèles « de confession » d’Anatolie

pomme de pin dans la main gauche 29. Il est souvent


accompagné du croissant lunaire 30, au point que
l’attribut devient symbole, sculpté au fronton de la
stèle, ou bien dominant l’ensemble de la composi-
tion, ou bien encore tramé dans le corps du texte
(fig. 1) 31. Les autres puissances divines affichent la
même figuration canonique : Hosios kai Dikaios (le
Saint et le Juste) se reconnaissent dans un couple
au sceptre (ou au bâton) et à la balance (fig. 4) 32.
Or, l’une des caractéristiques des textes dits de
confession est d’acclamer une personnalité magni-
fiée de la divinité :
« Grande est la Mère Anaïtis maîtresse d’Azita et Mên
de Tiamos et leurs puissances » 33.

L’exaltation des dieux n’affecte donc pas leur


représentation iconographique, comme si la figura-
tion conventionnelle, qui a des chances d’avoir été
celle de la statue qui recevait les hommages, était
déjà, pourrait-on dire, une figuration “en majesté”.
L’épiphanie des dieux lors de l’expérience de leur
puissance ne révèle pas un aspect inconnu de leur
personnalité, mais un aspect méconnu et négligé.
Elle modifie la perception qu’en a désormais le fi-
dèle, donc son attitude religieuse 34.
La stèle de Meidôn (fig. 5), qui pourrait appa-
raître comme une banale évocation d’un élément du
texte (fonction 1), atteste, à l’examen, que l’image
peut rajouter un discours autonome. De forme qua-
drangulaire, elle présente un fronton sculpté (non

29 Cf. CRMDM III (1976), p. 104-108 (E. Lane ne s’attarde

pas sur le sceptre) et R. Vollkommer, LIMC, VI 1 (1992), s.v.


Men, p. 462-473.
30 Petzl 1994, 51 ; cf. aussi 3 (= infra fig. 6).

31 Respectivement Petzl 1994, 6 ; 57 (avec la bipenne

d’Apollon à droite) ; et 5 (à côté d’une paire d’yeux).


32 Petzl 1994, 105 ; cf. T. Drew-Bear, Local Cults in Graeco-

Roman Phrygia, GRBS, 17, 1976, p. 262-264 et G. Petzl, Die


Beichtinschriften im römischen Kleinasien und der Fromme und
der Gerechte Gott, Nordrhein-Westfälische Akademie der Wissen-
schaften, Vorträge G 355, Opladen, 1998, p. 6-7 & p. 20, fig. 9. Cf.
aussi Drew Bear et al. 1999, 522. Pour le corpus des inscriptions,
M. Ricl, Hosios kai Dikaios, EA 18, 1991, p. 1-70 & 19, 1992,
p. 71-103.
33 Petzl 1994, 68. Cf. L. Robert, Hellenica X, Paris, 1955,

p. 86-89.
34 Cf. les remarques lumineuses de J.-P. Vernant, Figura-

tion et image, Metis 5, 1990, p. 225-238, sur eidôlon et eikôn, du


double à l’image. Fig. 3 – Petzl 1994, 67, stèle d’Amyntas.

5
Nicole Belayche

représente un autel surmonté d’un aigle dressé,


dont les ailes sont déployées. L’oiseau symbolise
évidemment le Zeus local. Son installation sur l’autel
inscrit métaphoriquement le message figuré dans
un contexte rituel. À droite de l’aigle, un avant-bras
droit sort de la pierre et la main offre quelque chose
au bec de l’aigle (plus qu’elle ne lui prend quelque
chose) 37. En contexte païen, cette représentation du
geste offertoire est sans parallèle 38 et les textes ins-
crits n’apportent pas de secours 39. Dans l’iconogra-
phie impériale, et plus largement gréco-romaine, le
code graphique habituel de l’offrande consiste en
un dédicant la main tendue vers ou au dessus d’un
autel (comme nous le verrons bientôt). F.T. Van
Straten a donc interprété la scène comme représen-
tant la vision onirique, « meaning that Zeus (the
eagle) should be given his share of the offerings, or
that his share had been withheld » 40. Le texte inscrit
rappelle que la manifestation nocturne de Zeus a
réclamé l’écriture de la stèle pour y publier l’étendue
de ses pouvoirs justiciers. Dans le discours global,
à la fois langagier et visuel, le geste de la main,
contextualisé rituellement par la figuration de
l’aigle sur l’autel, joue le rôle de logotype de la “loi
sacrée” rappelant la conduite pieuse à suivre lors
des banquets rituels (le partage sacrificiel avec la
divinité), que les serviteurs de Meidôn avaient
enfreinte.

35 Plutôt que « les serviteurs du dieu », M. Ricl, art. cit.

(note 12), p. 88.


36 Petzl 1994, 1 ; paraphrase de J. & L. Robert, BÉp. 1970,
Fig. 4 – Petzl 1994, 105, stèle de Telesphoros et Hermo- 511.
génès. 37 F.T. Van Straten, Daikrates’ Dream. A votive relief from

Kos, and some other kat’onar dedications, BABesch, 51, 1976,


p. 9 : « either offering something to the eagle or conversely taking
something from it ». Pour Malay, 1994, 55, « a piece of meat ».
38 À mon sens, la figuration de l’aigle exclut qu’il puisse
dégagé) orné en son centre d’une rosette. Elle est
s’agir du « secours de la droite divine », Robert 1983, p. 526. Sur
composée en deux registres superposés, l’inférieur
la main de d/Dieu, O Weinreich, Qeou~ ceivr. Antike Heilungswun-
accueillant l’inscription : der, Diss. Heidelberg VI, 1908 et K. Gross, Menschenhand und
« Meidôn fils de Menandros faisait un symposion Gotteshand in Antike und Christentum, Stuttgart, 1985. Il n’y
[« une beuverie », L. Robert] dans le sanctuaire de a pas de rapport avec les bustes de Zeus locaux, dont le bras
Zeus Trôsou et ses serviteurs 35 ont mangé des mets droit est replié sur la poitrine, avec la main sortant du manteau
non sacrifiés (a [quta). Alors, le dieu l’a rendu muet (cf. Drew Bear et al. 1999, 388-394 ou bien 427-432), un schème
pendant trois mois et lui a enjoint dans son sommeil iconographique de loyauté qui se retrouve dans des bustes funé-
d’ériger une stèle et d’y inscrire ce qu’il avait souffert. raires de tradition romaine (par ex. CMRDM I, 99, à Cottiaeum).
39 Petzl 1994, 94 (ll. 3-4) mentionne une guérison « par la
Et alors, il a commencé à parler » 36.
main d’Eunoia », que G. Petzl interprète (p. 112) comme l’action
Le relief, mis en valeur par sa place au registre d’une prêtresse ; cf. aussi G. Petzl, op. cit. (note 32), p. 25.
supérieur et par un épais rebord servant de sol, 40 F.T. Van Straten, art. cit. (note 37), p. 10.

6
Du texte à l’image : les reliefs sur les stèles « de confession » d’Anatolie

Fig. 5 – Petzl 1994, 1, stèle de Meidôn fils de Menandros.

Il est d’autres cas où le relief figure à sa manière


une réglementation religieuse sanctionnée par le
dieu. Sur une stèle du milieu du II e siècle (fig. 6),
Fig. 6 – Petzl 1994, 3, stèle anonyme, « le voleur ».
l’image, qui occupe la moitié supérieure de la stèle,
choisit le moment conclusif d’un fait divers lié à
une réglementation. Le texte s’ouvre par l’acclama-
tion de Mên Axiottènos Seigneur (basileuvwn) de
Tarsi, dont la figure gravée “écrase” la composition est ici accentué par les poses de l’un et de l’autre.
sur un tiers de l’espace. Le dieu Mên affiche un apparat régalien conven-
« Alors que le sceptre avait été dressé, pour le cas tionnel. Sa main droite est appuyée sur le sceptre,
où quelqu’un volerait quelque chose dans le bain dont l’érection active la juridiction permanente du
(public), un manteau ayant été dérobé, le dieu fut maître de Tarsi pour assurer l’ordre dans le bain
irrité contre le voleur et fit qu’au bout de quelque (du village ?) 42. À sa droite, sur un support, est étalé
temps celui-ci lui remit le manteau et avoua. Cela
étant, le dieu ordonna par les soins d’un messager
que le manteau fût vendu et que les puissances (ta ;ı
dunavmeiı) fussent inscrites sur la stèle » 41. 41 Petzl 1994, 3 (traduction partielle de Robert 1983, p. 519).

Cf. Chaniotis 1997, p. 366-367 et G. Petzl, op. cit. (note 32), p. 9-11.
La construction iconique retenue a pour finalité 42 Meis est qualifié de kritès alathètos (P. Herrmann, H. Malay,
d’exalter les puissances du dieu. Les deux registres op. cit. (note 3), n° 51) et Hosios kai Dikaios de kritès/juge (M. Ricl,
superposés, de taille inégale, affichent une dispro- art. cit. [note 32], n° 102). Tarsi était sur le territoire de Sattai ou
portion habituelle entre homme et dieu, dont l’effet Silandos, cf. Malay 1994, carte (The Main Provenances).

7
Nicole Belayche

Lorsque le dieu est anthropomorphisé tenant le


sceptre en main droite (ou en main gauche si la
droite fait un geste d’offrande ou qu’il est en
couple 47), l’attribut de souveraineté et de prise de
parole 48 est non seulement une signature banale de
son essence d’instance supérieure – possiblement
redoublée par la patère dans l’autre main (fig. 7) 49 –,
mais il évoque nécessairement la justice par le
sceptre. Une stèle datée de 166/7 (fig. 7) rapporte
dans ses premières lignes comment un certain
Eudoxos a délivré sa femme Sardion, mineure, d’un
parjure, en versant une amende et en faisant inscrire
la stèle. La suite de l’inscription reproduit la régle-
mentation religieuse à laquelle Eudoxos s’est con-
formé 50. Celui qui libère de l’impiété consécutive au

43 La cession à la divinité du bien pour lequel on lui demande


réparation est un procédé connu, cf. TAM V 1, 257, Malay 1994,
171 et l’étude de H.S. Versnel, Beyond Cursing : The Appeal to
Justice in Judicial Prayers, in : C.A. Faraone, D. Obbink (éd.),
Magika Hiera. Ancient Greek Magic and Religion, New York-
Oxford, 1991, p. 60-95 (= « Les imprécations et le droit », RD 65,
1987, p. 5-22, en part. p. 10 n° 5). Cf. M. Ricl, The Appeal to
Divine Justice in the Lydian Confession-Inscriptions, in :
E. Schwertheim (éd.), Forschungen in Lydien, Asia Minor Studien
17, 1995, p. 67-76 et A. Chaniotis, Under the Watchful Eyes of
the Gods : Divine Justice in Hellenistic and Roman Asia Minor,
in : C. Colvin (éd.), Greco-Roman East. Politics, Culture, Society,
Yale Classical Studies, 31, 2003, p. 1-43.
44 Robert 1983, p. 519.

Fig. 7 – Petzl 1994, 58, stèle d’Eudoxos. 45 F. Sokolowski, Lois sacrées de l’Asie Mineure, Paris

(TravMém IX), 1955, 79, ll. 2-3 ; cf. Chaniotis 1997, p. 372. Pour
les mains levées dans la gestuelle du serment, S. Knippschild,
Drum bietet zum Bunde die Hände. Rechtssymbolische Akte in
l’objet du délit, le manteau dont le produit de la zwischenstaatlichen Beziehungen im orientalischen und grie-
vente a dû grossir le trésor du temple 43. En dessous, chisch-römischen Altertum, Stuttgart (PAwB 5), 2002, p. 55-63.
clairement séparé du registre du dieu par un rebord 46 Cf. H.W. Pleket, art. cit. (note 26).

et représenté à échelle (presque deux fois) plus 47 Respectivement Petzl 1994, 61 et Malay 1994, 556 &

petite, le fidèle – « le voleur repentant » écrivait pl. 97 fig. 253.


48 Cf. Homère, Iliade II 100-109 (cf. Pausanias, IX 40, 11-
L. Robert 44 –, debout, lève ses mains au dessus de
12), I 233-239, VII 406-413 & X 328-332.
sa tête. Le geste n’est pas celui de l’adoration. Une 49 Cf. P. Veyne, Images de divinités tenant une phiale ou
loi sacrée de Pednelissos en Pisidie (Ier siècle avant patère. La libation comme “rite de passage” et non pas offrande,
notre ère) pourrait fournir un parallèle dans un rite Metis 5, 1990, p. 17-28 et K.C. Patton, When the High Gods pour
juratoire : lors d’une procédure exécratoire, le plai- out wine. A Paradox of Ancient Greek Iconography in compara-
gnant qui ne peut fournir de témoins doit poser la tive Context, Thèse Harvard, 1992 (non uidi).
50 Petzl 1994, 58 : [Réglementation, ll. 9-20] : « Pour que les
main sur la tête (tiqevstw th ;n cei~ra eiı kefalhvn) 45.
serments par le nom d’Axiottènos soient levés, [on fera] en sorte
En tout cas, le relief a choisi de représenter la
que le délieur des serments acquitte 175 deniers ; en outre, sur
suprématie du garant de l’ordre villageois, glorifié cette somme, il retiendra le prix qu’Axiottènos a demandé [au
dans l’acclamation, à la justice duquel les habitants sens technique d’interroger un oracle], si cela était inscrit cor-
sont soumis 46. rectement, de façon à avoir le droit d’ériger la stèle [Petzl 1994,

8
Du texte à l’image : les reliefs sur les stèles « de confession » d’Anatolie

parjure est un « délieur des serments (oJ luvwn 51 Petzl 1994, 52.
o{rkouı, ll. 10-11) », appelé six lignes plus bas « le 52 Le texte de Polliôn représenté tenant le sceptre ne le men-
délieur du sceptre (oJ luvwn skh~pptron [sic]) ». Sur tionne pas (fig. 2). Pour le dieu Mên tenant le sceptre, Petzl 1994,
une stèle de Philadelphie, le dédicant, délivré de 3, 51, 52 & 61 et CMRDM I, pl. IV n° 6 & 90.
53 Petzl 1994, 4 : « Au dieu Tarsios indéliable. Alors que
son parjure (e[loisa ejx ejpiorkosuvnhı), a fait repré-
Severus avait empêché de couper les branches permettant de
senter un Mên tenant le sceptre 51. confectionner la couronne, le dieu a enquêté sur la faute. Ses
Parmi les textes « de confession » publiés jusqu’à filles qu’il a élevées, Asiatikè et Ioulianè, ont érigé [s.-e. cette
présent, aucun de ceux qui mentionnent explicite- stèle] en rendant grâce ». Le relief représente deux personnages
ment la procédure par le sceptre n’est accompagné masculins de part et d’autre d’un arbre, celui de gauche s’apprê-
d’un relief où celui-ci est tenu par un homme 52. La tant à couper l’arbre avec une hache. Cf. aussi Petzl 1994, 24
pour une consécration à caractère expiatoire pour une faute
phraséologie des inscriptions permet, néanmoins,
commise par le père ou l’oncle des dédicants. Pour des vœux
d’en restituer plusieurs fois la présence activée. prononcés par les parents et acquittés par les enfants, cf.
Ainsi, une dédicace est-elle dédiée « Au dieu Tarsios F.T. van Straten, Gifts for the Gods, in : H.S. Versnel (éd.), Faith,
a[lutoı (indéliable) » par les deux filles de Severus Hope and Worship. Aspects of Religious Mentality in the Ancient
qui avait refusé de couper les branches de son arbre World, Leyde, 1981, p. 70.
54 J. Strubbe, ARAI EPITUMBIOI. Imprecations against
pour confectionner une couronne 53. Dans une im-
Desecrators of the Grave in the Greek Epitaphs of Asia Minor. A
précation funéraire, les a[luta skh~ptra (sceptres
Catalogue, IK 52 (1997), 67 (datée de 234/5) ; cf. Id., Cursed be
indéliables) sont appelés pour protéger une tombe he that moves my bones, in : C.A. Faraone, D. Obbink (éd.),
à Tabala en Lydie 54. Il est probable que la procé- Magika Hiera. Ancient Greek Magic and Religion, Oxford, 1991,
dure par le sceptre est la toile de fond implicite p. 44 - 45 et notes p. 57-58.
de beaucoup de ces textes 55. D’ailleurs, la lecture 55 Cf. Chaniotis 1997, p. 366-369.

56 Chez les Scythes, Arès était représenté (to ; a[galma) par


conjointe des images et des textes autorise à penser
un sabre de fer qui recevait les sacrifices, Hérodote, IV 62.
que le recours au sceptre indiqué dans les épi-
57 Cf. Drew Bear et al. 1999, 29-39. Le relief de Petzl 1994,
graphes n’est pas qu’une formule métaphorique
38 présente à gauche d’une orante debout de face une femme de
destinée à exprimer la justice divine, mais qu’il rap- profil à genoux, main droite tendue en signe d’action de grâce
porte une procédure rituelle effective qui se déroule (ll. 7-9). Sur les reliefs de Grèce dédiés à Mên, les orants sont
dans le temple. L’érection du sceptre (ejfivsthmi to ; représentés de profil, CMRDM I, 2 (Athènes) & 10 (Thrace).
skh~ptron) met la divinité en présence 56 et crée un 58 Respectivement F.T. Van Traten, Hiera Kala. Images of

cadre rituellement juratoire pour les paroles accu- Animal Sacrifice in Archaic and Classical Greece, Leyde (RGRW
127), 1995, fig. 76 (Athènes) & 89 (Délos) et British Museum
satrices ou de défense qui sont alors prononcées.
Coinage, II 424 (ludi saeculares de Domitien en 88). Cf. aussi les
Deux stèles qui montrent iconographiquement le enfants de Persée suppliant dans le cortège triomphal (Plutarque,
sceptre en action intensifient dans le même mouve- Paul Émile, 33, 6) ; Sénèque, Lettres, IV 41, 1 (ad caelum elevan-
ment l’étape finale d’exaltation de la divinité par dae manus) ; et Apulée, De mundo 33 [363]. Le geste est transcul-
l’eulogie. Les dévots, toujours en position frontale turel, cf. Exode, 9, 29 & 33 ; Apulée, Métamorphoses, XI 13 ; à
et statique, s’y font représenter en orants, main Palmyre, les pyrées du dieu anonyme figurant les dédicants les
deux mains levées (D.R. Hillers, E. Cussini, Palmyrene Aramaic
droite levée 57. Le geste est banal pour figurer la
Texts, Baltimore-Londres, 1996, 997). Philon de Byblos (ap.
prière sur les reliefs grecs dès l’époque classique et Eusèbe de Césarée, Préparation évangélique, I 10, 7 = Baumgarten
les supplicationes des rituels publics romains 58. [807], p. 13, l. 23), en applique la pratique aux temps mythiques :
Certains dédicants inscrivent dans la prière leur « Ils tendirent les mains vers le ciel en s’adressant au soleil ».
geste imploratoire : [ JO]sivw/ te Dikaivw/ cei~raı Cf. plus généralement W. Burkert, op. cit. (note 26), p. 85-88
(« Rituals of submission »).
ajeiv[rw]59. Il prend valeur imprécatoire sur les dédi-
59 J. Strubbe, op. cit. (note 54), 19 = M. Ricl, art. cit. (note 32),
caces votives lydiennes et phrygiennes, dont les
103.
mains supines renchérissent sur les appels à la jus- 60 Sammelbuch griechischen Urkunden aus Ägypten I, 1323
tice divine contenus dans les textes gravés, comme (Alexandrie, IIe s.) : « Arsinoè, morte prématurément, implore
F. Cumont l’a depuis longtemps établi 60. mains levées (ai[rei .. . ta ;ı cei~raı) le dieu hypsistos qui voit
toutes choses, Hélios et les Néméseis » ; cf. F. Cumont, Il sole
vindice dei delitti ed il simbolo delle mani alzate, Atti della Pont.
Accad. Rom. di Arch., Ser III, Mem. I 1, 1923, p. 65-80 ; Id., Nuovi
epitaffi col simbolo della preghiera al dio vindice, Atti della Pont.
p. 71 : « damit (?) er eine Stele aufstellt »] ; le délieur du sceptre Accad. Rom. di Arch., Ser III, Rend. V, 1926-1927, p. 69-78 ; Id.,
déposera dans le sanctuaire 175 deniers et le sceptre sera délié Invocation au Soleil accompagnée des “mains supines”, Syria 14,
justement […] ». 1933, p. 385-395.

9
Nicole Belayche

lation rituelle, la coupe d’un chêne sacré 66. Le relief


choisi par C. Bassa (fig. 8) se développe en deux
registres superposés sous un fronton à acrotères.
Au registre supérieur, deux personnages encadrent
un autel. À droite de l’autel, un personnage masculin
barbu tend sa main droite qui porte une couronne.
Sa main gauche soutient un sceptre dressé, mais
elle ne le tient pas 67, si on compare cette représen-
tation avec celles de Mên dont la main serre le
sceptre. De l’autre côté, une femme (probablement
la dédicante), en long manteau, offre de sa main
droite un objet rond (de l’encens ?) sur l’autel. Au
registre inférieur, deux personnages masculins,
représentés à échelle plus petite, lèvent la main
droite en signe d’eulogie. L. Robert y a reconnu à
bon droit « le public de la scène » 68, c’est-à-dire les
fidèles du sanctuaire. Le personnage à la couronne
qui soutient le sceptre est très probablement un
prêtre, comme cela apparaît encore plus clairement
Fig. 8 – Petzl 1994, 12, stèle de C. Bassa. sur une stèle similaire, la plus tardive de celles
publiées à ce jour (263/4). L’inscription est dédiée
au même Zeus des chênes jumeaux :

Claudia Bassa a dédié sa stèle au milieu du IIIe


siècle à un Zeus local : Zeus des chênes jumeaux 61.
Le relief qu’elle a commandité (fig. 8) emplit
61 Petzl 1994, 12. Cf. Robert 1983.
l’essentiel de la pierre et ne laisse place qu’à cinq
62 Cf. N. Belayche, Rites et “croyances” dans l’épigraphie
lignes, allusives en matière de faits :
religieuse de l’Anatolie impériale », 53e Entretiens de la Fondation
Hardt, Genève-Vandœuvres, 2007 (pagination en cours). Contra
« Moi, Claudia Bassa, punie pendant quatre ans et
E. J. Schnabel, Divine Tyranny and Public Humiliation : A sug-
qui ne croyais pas dans le dieu, j’ai obtenu de com-
gestion for the interpretation of the Lydian and Phrygian confes-
prendre ce pourquoi je souffrais ; en signe de recon-
sion inscriptions, Novum Testamentum, 45, 2003, p. 183.
naissance, j’ai dressé la stèle ». 63 Cf. P. Herrmann, Men, Herr von Axiotta, in : S. Sahin,

E. Schwertheim, J. Wagner (éd.), Studien zur Religion und Kultur


Le relief permet de comprendre, me semble-t-il,
Kleinasiens, Festschrift F.K. Dörner, Leyde (EPRO 66/1), 1978,
la signification de mh ; pisteuvousa tw/~ qew/~ (ll. 2-3). p. 415-423 ; N. Belayche, “Au(x) dieu(x) qui règne(nt) sur …”.
Elle n’est pas à tirer vers l’indication d’une foi reli- Basileia divine et fonctionnement du polythéisme dans l’Anatolie
gieuse de type judéo-chrétien 62, mais renvoie au impériale, in : A. Vigourt et al. (éd.), Pouvoir et religion dans le
contexte bien attesté d’une conception du monde monde romain. En hommage à Jean-Pierre Martin, Paris, 2005,
régi par des dieux maîtres du territoire et garants de p. 257-269.
64 Sur la dynamis des dieux, cf. H.W. Pleket, art. cit.
la justice 63. Il faut entendre : « moi qui ne reconnais-
(note 26), p. 177-184.
sais pas la dynamis du dieu qui me punissait » 64, 65 Petzl 1994, 7 (j’ai tenté de rendre dans la traduction la
comme le dit explicitement une autre inscription qui notion juridique de peithein). Le relief figure trois personnages
témoigne à nouveau d’une réglementation sacrée : debout ; à gauche et à droite, une femme et un homme lèvent la
main droite en signe d’eulogie, tandis qu’au centre un garçon
« Alors que les dieux des Perkéniens, Zeus Oreitès, plus petit (probablement Euménès junior, le fils qui a subi la
avaient prévenu de ne pas faire paître les bêtes punition) a sa main droite repliée sur la poitrine.
dans le bois sacré, puisqu’ils [les Perkéniens] n’y ont 66 Petzl 1994, 10, l. 6 (dia ; to ; ajpisti~n). Cf. J. Rudhardt,

pas apporté crédit (hjpeivqousan), ils (les dieux) ont Notions fondamentales de la pensée religieuse dans la Grèce clas-
puni… » 65. sique 2, Paris, 1992 (p. 12 pour pistis).
67 Cf. Robert 1983, p. 520 : « contre son côté gauche et son

Une autre stèle fustige l’ajpistiva – la mécréance – bras pendant, le sceptre du dieu dont il dispose ».
dans les puissances du dieu manifestée par une vio- 68 Robert 1983, p. 522.

10
Du texte à l’image : les reliefs sur les stèles « de confession » d’Anatolie

que la scène veut évoquer le moment de la « confes-


sion » 73, suivi de la réconciliation rituelle 74. Mais
ce motif est moins fréquent que celui des dévots en
eulogie, qui manifestent ainsi leur attitude trans-
formée face aux dieux, comme sur les stèles
votives 75.
Ces représentations permettent de préciser
l’obscure question des protagonistes qui intervien-
nent en cas de recours à la justice divine 76. Même
lorsque « le sceptre a été dressé » de façon préven-
tive pour garantir une réglementation 77, comme
pour le bain public évoqué plus haut, ou pour pro-
téger des tombes contre des violations évetuelles 78,
la formule suggère un maniement rituel – même
symbolique –, qui opère son activation et met en
branle les puissances justicières du dieu. L’action

Fig. 9 – Petzl 1994, 11, stèle d’Athènaios.


69 Petzl 1994, 11. Pour l’ordre nocturne de Zeus d’avoir à éle-

ver une stèle, cf. Petzl 1994, 1 (supra, note 36).


70 CMRDM I, 54, p. 37 (en 171-172) ; cf. I. Diakonoff, art. cit.

(note 14), p. 167. Le bas du relief étant cassé, il est impossible


« [acclamation] Moi, Athènaios, châtié par le dieu de vérifier s’il reposait sur le sol.
pour une faute commise par ignorance, je fus sommé 71 Contra Robert 1983, p. 518 (« le pied en est posé sur une

dans un songe, après avoir reçu beaucoup de châti- base »). Petzl 1994, p. 19, n’identifie pas un socle, mais l’ourlet
ments, d’élever une stèle et j’y ai inscrit les puissances inférieur du manteau. La comparaison avec les autres manteaux
du dieu. En action de grâce, j’ai fait écrire sur la stèle représentés de façon stéréotypée (cf. le dédicant de ce relief, ou
[+ date] » 69. TAM V 1 (1981), pl. 17 n° 292 & pl. 19 n° 479, ou Malay 1994,
65 & pl. 12 fig. 29, ou Malay 1999 [cité note 15] fig. 144 n° 139,
Le relief (fig. 9) montre à droite Athènaios fai- ou bien CMRDM I, 19 & 20) m’empêche de me rallier à cette
lecture.
sant le geste de l’adoration, main droite levée. Le 72 Voir par ex. Petzl 1994, 70 (photo p. 91) ou Drew Bear
personnage de gauche, main droite tendue tenant
et al. 1999, 529. Cf. F.T. Van Straten, art. cit. (note 53), p. 138-
une couronne, est certainement un prêtre cura- 139 pour les inscriptions de Lydie et Phrygie.
teur/épimélète du sceptre, dont le bras gauche est 73 Cf. S. Mitchell, Anatolia I, Oxford, 1993, p. 192 (« while

pendant en support, à la manière d’un relief de he makes the confession ») et R. Gordon, art. cit. (note 6), p. 184
Kula où Zeus Masphalatenos, kyrios et tyrannos, (« the ritual of the confession itself »).
74 Les offrandes sont attestées plusieurs fois (par ex. Petzl
soutient le sceptre contre son côté gauche 70. Le
1994, 5) ; cf. aussi le iJeropoivhma (Petzl 1994, 74) ; il existait même
sceptre, symbole des dieux et de leur puissance, ne
une tarification (Petzl 1994, 58).
repose pas sur le socle, qui est bien visible 71. Une 75 Cf. Drew Bear et al. 1999.
telle figuration l’aurait qualifié comme objet cul- 76 Cf. M. Ricl, art. cit. (note 43), p. 69. Sur le rôle des prêtres
tuel, à la manière des bas-reliefs de jambes sur agissant comme un éventuel tribunal divin, cf. Chaniotis 1997,
socle qui entendent exprimer la qualité d’ex-voto p. 372-377, développé dans Id., art. cit. (note 43).
des objets représentés 72. Figurer le sceptre détaché 77 TAM V 1, 167a : Eij dev ti" prosamav r th/ tai~ ı sthv l lai",

de son socle – comme en lévitation – sous la super- e[stai tw~n dw ;deka skhvptrwn hjkoukwv" .
78 Cf. par ex. TAM V 1, 160 : Kai ; ejphravsanto mhv ti" aujtou~
vision du prêtre, pourrait donc se lire comme l’ex-
tw/~ mnhmeivw/ prosamavrth/ dia ; to ; ejpestavsqai skh~ptra ou
pression plastique de l’érection du sceptre, de son
J. Strubbe, op. cit. (note 54), 55 : « Si quelqu’un a détruit ou dété-
activation. Lorsque le dévot est ainsi représenté riore cela (i.e. ce tombeau), tw~n qew~n kecolwmevnwn tuvcoito (qu’il
aux côtés d’un prêtre, et au moment de l’offrande encoure la colère des dieux) ; peri ; touvtou skh~ptron ejphravsato
comme Claudia Bassa (fig. 8), on peut imaginer (à cette fin, le sceptre a établi une imprécation) ».

11
Nicole Belayche

de l’encens 82. Sa main gauche, pliée au niveau de


la taille, tient une coupe, sans doute à libation.
L. Robert proposait d’y reconnaître « le représen-
tant des méchants hommes venus à résipiscence » 83.
Deux stèles rapportant que la Mère Anaïtis a récla-
mé un iJeropovhma / une offrande pour s’acquitter
d’une faute (aJmavrthma) pourraient aller dans ce
sens 84. Cependant, le texte de l’inscription soutient
mal cette lecture. Les voisins méchants n’intervien-
nent que comme des acteurs passifs dans le proces-
sus de réparation ; ils semblent même supprimés
(« le dieu a demandé des comptes, a puni et a causé
la perte de ceux qui avaient conspiré contre eux », ll.
14-16) ; rien n’assure qu’ils soient les dédicants de la
stèle, certes cassée à la fin. Je reconnaîtrais plus
volontiers dans le grand personnage un représentant
de la communauté villageoise – et pourquoi pas un
prêtre puisque les dieux sont les seigneurs du terri-
Fig. 10 – Petzl 1994, 35, stèle de Métrophanès et Flavianus, toire 85 ? – rendant grâce au dieu justicier, et, à sa
les fils de Philippikos. droite, le petit personnage masculin en eulogie figu-
rerait l’un des orphelins rentrés dans leurs droits.

suppose (ou a supposé) une présence sacerdotale,


même si le texte des inscriptions ne la mentionne
pas. Ainsi, dans un conflit entre Tatias (la belle-
mère) et Iucundus (son beau-fils), Tatias s’estimant
diffamée « dressa le sceptre (ejpevsthsen skh~ptron) 79 Petzl 1994, 69, ll. 9-11. Pour ej n suneidhvsi toiauvth/,
et prononça des imprécations dans le temple de cf. LSJ, s.v. « suneivdhsiı », p. 1704 ; contra Petzl 1994, p. 89 &
façon à se défendre contre ces allégations dans un A. Chaniotis, art. cit. (note 43), qui l’interprètent comme un par-
tel crime » 79. Le lieu (le sanctuaire) comme la pro- jure (i.e. : bien qu’elle fût consciente de sa culpabilité). Pour une
fidèle tentant (en vain évidemment) de dissimuler une action à
cédure (par le sceptre) se laissent difficilement ima-
la divinité, Petzl 1994, 59, ll. 16-17.
giner en l’absence des prêtres. Dans certains cas, la 80 Petzl 1994, 35. Sur la force des solidarités villageoises,
collectivité villageoise recourt à la justice divine cf. T. Gnoli, J. Thornton, Sw~ze th n; katoikivan. Società e religione
pour protéger ses membres, comme ces deux nella Frigia romana. Note introduttive, in : R. Gusmani, M.
orphelins dépouillés par des voisins malhonnêtes : Salvini, P. Vannicelli (éd.), Frigi e Frigio. Atti del 1o Simposio
Internazionale, Roma, 16-17 ottobre 1995, Rome, 1997, p. 153-200.
« la communauté des Tazènoi étant méprisée a dres- 81 Pour l’organisation de ces sanctuaires, M. Ricl, Society

sé le sceptre contre ceux qui se sont mal conduits à and Economy of Rural Sanctuaries in Roman Lydia and Phrygia,
leur [les orphelins] égard » (ll. 11-14) 80. EA 35, 2003, p. 77-101.
82 Je remercie V. Huet pour cette indication. Cf. TAM V 1
Ici aussi, le contexte collectif signale une inter- (1981), 247 et R. Turcan, Liturgies de l’initiation bacchique à
vention dans laquelle l’absence d’un encadrement l’époque romaine (LIBER), Paris (Mém. AIBL 27), 2003, p. 137.
sacerdotal surprendrait, compte tenu du rôle sou- 83 Robert 1983, p. 522.

verain des dieux sur les collectivités 81. Le relief qui 84 Petzl 1994, 73 & 74.

85 Une inscription éditée par H. Malay, op. cit. (note 14), 111,
surmonte le texte (fig. 10, il n’en reste qu’un dessin)
prévoit que l’offrande expiatoire (ta ; luvtra) sera répartie entre
présente une scène d’offrande avec eulogie, selon
les dieux, le village et les prêtres.
une graphique banale. À droite d’un personnage 86 Petzl 1994, 97. À la suite de P. Herrmann, Petzl 1994, p. 115,
de petite taille main droite levée, un homme offre s’interroge sur la pertinence de son appartenance au groupe
de la main droite des objets ronds sur un autel, « Beichtinschriften ». Cette réserve me semble plutôt encourager
un geste qui figure généralement celui d’égrener à la réappréciation du concept.

12
Du texte à l’image : les reliefs sur les stèles « de confession » d’Anatolie

La stèle d’Aurèlios Trophimos peut servir de saı to ;n qeovn, qui évoque une consultation des
résumé conclusif à ce propos (fig. 11) 86. Le dédi- dieux en cas de malheur, attestée à plusieurs re-
cant, représenté en eulogie, main droite levée, prises.
déclare :
Trophimè « interrogea la Mère Tarsènè, Apollon
« ayant interrogé la divinité [probablement parce Tarsios et Mên d’Artémidoros Axiottènos Seigneur de
qu’il souffrait de quelque mal], j’ai érigé la stèle à la Koresa et il [Mên ou Apollon ?, dont le croissant de
Mère des dieux en rendant grâce à ses puissances ». lune et la bipenne sont représentés au sommet de la
stèle] m’ordonna d’inscrire sur une stèle leur puis-
Les deux premières étapes (confession et puni- sance justicière/nevmesin et de m’inscrire moi-même
tion) ne sont guère discernables derrière le ejrwthv- pour le service des dieux » 87.

L’érection de la stèle dépasse largement la propi-


tiation, que pourrait obtenir une offrande d’expia-
tion, pour servir surtout d’exaltation du dieu dans
l’écriture. Le texte et l’image contribuent ensemble
ici à une exhortation des fidèles, parfois représen-
tés, qui confine à une “catéchèse”, écrite en toutes
lettres à l’occasion. Les parénèses finales du type :
« Il [le dédicant] parangevllei (avertit / conjure) tous
les hommes qu’il ne faut pas mépriser le dieu » 88,
inscrivent en mots la toute-puissance des dieux
représentée en miroir par le geste eulogique des
dévots. Cette fonction apologétique est certaine-
ment la plus originale au sein de la documentation
religieuse païenne de l’Anatolie impériale. Car,
si l’image du fidèle en orant a des parallèles sur
d’autres documents de Lydie et Phrygie, sa repré-
sentation appuyée sur un texte non plus seulement
votif, mais lui-même arétalogique, confère à l’objet-
stèle une fonction à la fois sémiotique et pragma-
tique 89 dans laquelle l’image épaule les mots.

87 Petzl 1994, 57. Ces consultations de type oraculaire sont à

distinguer des tablettes imprécatoires (pittavkion, Petzl 1994, 60,


l. 6) pour réclamer son droit.
88 Petzl 1994, 9 et les dédicaces à Apollon Lairbènos, par ex.

Petzl 1994, 106. Sur le sanctuaire connu archéologiquement,


A. Strobel, Das heilige Land der Montanisten. Eine religionsgeo-
graphische Untersuchung, Berlin-New York, 1980, p. 208-218 et
T. Ritti, C. Simsek, H. Yildiz, Dediche e KATAGRAFAI dal san-
Fig. 11 – Petzl 1994, 97, stèle d’Aurelius Trophimos fils tuario frigio di Apollo Lairbenos, EA 32, 2000, p. 3-6.
d’Artémidoros. 89 Cf. supra, note 21.

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Nicole Belayche

Bibliographie

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