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CH 1 Fluides

Parfaits Incompressibles
Basé sur le Cours de Stephane Chaussedent- univ Angers

Nous allons appliquer les équations fondamentales de la dynamique au cas de fluides


parfaits (non visqueux) et incompressibles.

1 - Equation de Bernoulli
Partons de l'équation fondamentale de la dynamique et considérons l’écoulement
stationnaire d’un fluide parfait incompressible :

 v          
 + (v ) v  = −p +  v +  g  (v ) v = −p +  g
 t 
écoulement fluide parfait donc non
stationnaire visqueux
   
Si g = − gez , alors on peut écrire :  g = −(  gz )
Par ailleurs, on vérifie toujours       
l’égalité vectorielle suivante : (v)v = 1
2
(vv ) − v  (  v ) 1
CH 1- Fluides Parfaits Incompressibles

Par conséquent :
          
(v ) v = −p +  g  1
2
(vv ) − v  (  v ) = −p − (  gz )

 1 2     
 (2 v ) + p + (  gz ) = v  (  v )
 1 2   
 (2 v + p +  gz ) = v  (  v )

2
 1 2  
 (2 v + p +  gz ) = 2  v  

 
Si l’écoulement est irrotationnel : =0 et par conséquent :
 1 2 
(2 v + p +  gz ) = 0

Donc : 1
2
v 2 + p +  gz = Cte en tout point de l’écoulement
si celui-ci est irrotationnel.
2
CH 1- Fluides Parfaits Incompressibles

Si l’écoulement n’est pas irrotationnel :


      *
(v ) v = −p − (  gz ) = −( p +  gz ) = −p
p* : pression motrice
 
es v Le long d’une ligne de courant, dans le repère
de Frenet le vecteur vitesse s’exprime :
 = Cte  
 v = ves
en
Dans ce même repère, on a :
    
v  = (ves ).( es ) = v
s s
  p*  p* 
D’où :  v (ves ) = − es − en
s s n  v p*
   v =−
v  e v  e  s s
es + v s = es + v n  2 *
s s s R   v p
 =−
v  v2  p*  p*   R n
Soit : v es +  en = − es − en
s R s n 3
CH 1 - Fluides Parfaits Incompressibles

 
es v
 v p*
 v =− (i)
 s s  = Cte
 2 * 
  v p en
 =− (ii)
 R n
2
v v  1  1 p*
(i) v = 21 = (2 v 2 )  2
(2 v ) = −
s s s s s
 1 2  1 2
 (2 v + p* ) = 0  (2 v + p +  gz ) = 0
s s
 p +  gz + 1
2
v 2 = Cte le long d’une même ligne de courant.
équation de Bernoulli

v2 p* p*
(ii)  =−  0
R n n
La pression motrice diminue quand on se rapproche du p*

centre de courbure.
Si les lignes de courants sont rectilignes et parallèles, alors la pression motrice reste constante
4
dans la direction perpendiculaire.
CH 1 - Fluides Parfaits Incompressibles

2 - Interprétation de l'équation de Bernoulli


a) Interprétation en énergie
Multiplions tous les termes de l’équation de Bernoulli par un volume V :
p.V +  gz.V + 1
2
v 2.V = Cte  V
p.V  travail des forces de pression : énergie potentielle due aux forces de
pression.
 gz.V = mgz  énergie potentielle due aux forces
de pesanteur.
1
2
v 2.V = 12 mv 2  énergie cinétique.

Cte  V = Em  énergie totale : énergie mécanique.


E
Par conséquent : p +  gz + 12 v 2 = m
V
correspond à une énergie mécanique par unité de volume (si V=1).
L’énergie mécanique reste alors constante le long d’une ligne de courant (il n’y
a pas de dissipation d’énergie). 5
CH 1 - Fluides Parfaits Incompressibles

b) Interprétation en pression

p +  gz + 1
2
v 2 = C te

p  pression statique
(elle existe même s’il n’y a pas de mouvement)

p +  gz = p*  pression motrice
(elle génère le mouvement)

1
2
v 2  pression cinétique
(elle résulte du mouvement)

p +  gz + 1
2
 v 2 = Pt  pression totale (ou charge)

L’équation de Bernoulli montre alors que la charge reste constante le long d’une
même ligne de courant
( → pas de perte de charge dans l’écoulement d’un fluide parfait).
6
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3 - Applications
a) Sondes de pression - Tube de Pitot
L’étude de la cinématique des écoulements a permis de montrer que des obstacles
pouvaient générer un ou plusieurs point(s) d’arrêt.
Par exemple, la superposition d’un écoulement uniforme avec une source peut
modéliser l’écoulement autour d’un objet appelé demi-solide de Rankine.

Ainsi, en amont de cet objet


U
l’écoulement peut être
considéré uniforme, de
A demi-solide
vitesse U.
de Rankine
Un point d’arrêt A est généré
sur le bord d’attaque de
l’objet.

7
CH 1 - Fluides Parfaits Incompressibles

U
Le long d’une même ligne de
A demi-solide courant on vérifie :
de Rankine

p +  gz + 1
2
v 2 = C te

Considérons la ligne de courant passant par le point d’arrêt et appliquons Bernoulli entre le
point A et un point situé loin en amont :

p +  gz  + 1
2
v 2 = pA +  gz A + 1
2
v A2
U2 0
 p +  gz  + 1
2
U2 = pA +  gz A
Et si l’écoulement a lieu dans un plan tel que z = Cte, alors :

p + 1
2
U2 = pA la pression pA est ainsi appelée pression de
stagnation. 8
CH 1 - Fluides Parfaits Incompressibles

h
B’

B
O’
U A
O
tube de Pitot-double

En O et O’, l’écoulement est supposé uniforme, de vitesse U.


Les lignes de courant étant supposées rectilignes et parallèles, la pression est la même
en O et O’  p0 = pO’
Pour les mêmes raisons, la pression est la même en B et B’  pB = pB’
Le fluide étant immobile à l’intérieur de la sonde, la pression y est uniforme et égale à la
pression en B.
 le premier manomètre donne la pression en A pA − pB =  gh
 le second manomètre donne la pression en B 9
CH 1 - Fluides Parfaits Incompressibles

h
B’

B
O’
U A
O
tube de Pitot-double

En appliquant Bernoulli entre O et A, on a : pO + 1


2
U 2 = pA
Puis entre O’ et B’ : pO' + 1
2
U 2 = pB' + 12 v B2'
On peut alors faire l’hypothèse que l’écoulement est redevenu
uniforme loin après le front de l’objet : v B' = U
D’où : pO' = pB' Or, on a vu que : pet
O' = pO pB' = pB
 pO = pB
Par conséquent : pB + 1
2
U 2 = pA
10
Université d’Angers - LPA CH IV - Fluides Parfaits Incompressibles

h
B’

B
O’
U A
O
tube de Pitot-double

pB + 1
2
U 2 = pA
 1
2
U 2 = pA − pB =  gh

 U = 2gh

différents types de sondes de Prandtl


(tubes de Pitot-double) 11
CH 1 - Fluides Parfaits Incompressibles

b) Phénomène de Venturi - Mesure de débit

Considérons une conduite le long de laquelle a été placé un rétrécissement :

A’ C’
B’

A B C

On dispose de 3 sondes de pression (manomètres) placées :

 en amont du rétrécissement  pA
 au niveau du rétrécissement  pB
 en aval du rétrécissement  pC (sonde facultative) 12
CH 1 - Fluides Parfaits Incompressibles

A’ C’
B’

A B C

En dessous chaque prises de pression, les lignes de courant peuvent être


considérées rectilignes et parallèles : dans la direction perpendiculaire (suivant z)
les lois de l’hydrostatique s’appliquent à la pression :

 pA = pA' +  gz A'

 pB = pB' +  gzB' où pA' = pB' = pC' = patm
 p = p +  gz
 C C' C'

13
CH 1 - Fluides Parfaits Incompressibles

A’ C’
B’

A B C

Appliquons Bernoulli sur la ligne de courant passant par A, B et C :

pA +  gz A + 1
2
 v A2 = pB +  gzB + 1
2
 vB2 = pC +  gzC + 1
2
 vC2
z A = zB = zC = 0
 patm +  gz A' + 1
2
 v A2 = patm +  gzB' + 1
2
 vB2 = patm +  gzC' + 1
2
 vC2

2 2 2
v v v
 z A' + 12 A = zB' + 1
2
B
= zC' + 1
2
C

g g g
14
CH 1 - Fluides Parfaits Incompressibles

A’ C’
B’

A B C

v A2 vB2 vC2
z A' + 1
2
= zB' + 1
2
= zC' + 1
2
g g g
On sait par ailleurs que le débit volumique est conservé :
(en supposant la vitesse uniforme sur une même
qv = SAv A = SBvB = SCvC
section)

Remarquons que : SA  SB  v A  vB  z A'  zB'


(rétrécissement) (accélération) (dépression)

et que si SA = SC alors v A = v C et z A' = zC' : la 3ème sonde ne servira


que pour une étude des pertes de charge 15
CH 1 - Fluides Parfaits Incompressibles

A’ C’
B’

A B C

v A2 vB2 1
z A' + 1
2
= zB' + 1
2  z = z A' − zB' = (vB2 − v A2 )
g g 2g
SA
SAv A = SBvB  vB = v A
SB
1 2 2 2 2gz
Donc : z = v A (SA soit
SB: − 1) vA =
2g (SA SB )2 − 1

2gz
Le débit dans la conduite s’obtient par : qv = SA
(SA SB )2 − 1 16
CH 1 - Fluides Parfaits Incompressibles

A’ C’
B’

A B C

Exprimé en fonction du diamètre D de la


conduite et du diamètre d du rétrécissement,
le débit s’exprime :

 D2 2gz
qv =
4 (D d )4 − 1

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c) Ecoulement par orifice - Formule de Torricelli

Considérons la vidange d’un réservoir par un orifice placé sous la surface libre :

Appliquons Bernoulli entre un point A de la


z
A surface libre et un point M du jet :
zA
pA +  gz A + 1
2
v A2 = pM +  gzM + 12 vM2
h
Hypothèse : dans le jet, les lignes de courant sont rectilignes
M parallèles, donc dans la direction transverse on peut y
zM appliquer les lois de l’hydrostatique. Les variations d’altitude
étant négligeables, la pression statique peut alors être
considérée uniforme dans tout le jet.
0

Comme il n’y a pas de discontinuité de pression à l’interface jet-atmosphère, la


pression statique dans le jet est égale à la pression atmosphérique.

Par conséquent : pA = pM = patm 18


CH 1 - Fluides Parfaits Incompressibles

pA +  gz A + 1
2
v A2 = pM +  gzM + 12 vM2
patm patm   gz A + 12 v A2 =  gzM + 12 vM2

Hypothèse : la vitesse de descente du niveau de la surface


z libre peut être considérée négligeable devant celle du fluide
A s’écoulant dans le jet.
zA
 v A  vM
h Par conséquent :
M  g( z A − zM ) = 1
2
(vM2 − v A2 )  1
2
vM2
zM
h
0  vM = 2gh
contraction du S formule de Torricelli
jet 
Calcul du débit :

qv =  vM =  2gh où  = Cc S
coefficient de contraction
19
CH 1 - Fluides Parfaits Incompressibles

Le coefficient de contraction dépend de la géométrie de l’orifice.


De manière générale, Cc est déterminé expérimentalement et tabulé :

parois minces Cc = 0,61

orifice à bords profilés Cc = 1,00

orifice à bords rentrants Cc = 0,50

20
CH 1 - Fluides Parfaits Incompressibles

d) Phénomène de cavitation
Le phénomène de cavitation correspond à la formation de bulles de vapeur au sein
d’un liquide en mouvement.

En conséquence de l’équation de Bernoulli, quand la vitesse augmente la pression


diminue. Si pression tombe en dessous de la pression de vapeur saturante, alors le
liquide s’évapore  formation de bulles.

En pratique, et dans la plupart des cas, ce phénomène est gênant.


Par exemple :
 la cavitation est consommatrice d’énergie
énergie consommée pour la formation des bulles (transition de phase) + contraintes

 la cavitation est à l’origine de la détérioration prématurée des


hélices de navires
Les bulles créées par cavitation migrent spontanément
vers les zones où la pression du fluide est plus élevée :
elles éclatent et le choc mécanique engendre des
détériorations.
21
Théorème d’Euler
Forces exercées par
un écoulement sur
un solide
Cf cours Olivier LOUISNARD- Ecole des mines Albi

22
Quantité de mouvement
On considère le système constitué par les deux boules – pas de forces extérieures
P’1=m1v’1

P1=m1v1 Conservation de la QDM :


P1+ P2 = P’1+ P’2

Choc
Variation de QDM de 1 :
P2=m2v2
P1 = F 2/1 t = − F 1/2 t

P’2=m2v’2

La variation de P1 renseigne sur la force exercée par 1 sur 2


De même la variation de Pfluide va nous renseigner sur Ffluide/solide

23
Force écoulement / solide
n Ffluide / solide ?
Ssol v
v
Se V Ss
v
n
v n
v
n v

V est un volume de contrôle


Rappel : conservation de la QDM délimité par Se, Ss, et Ssol

24
Philosophie
De même que la QDM d’une ... la différence
boule après le choc renseigne QDM sortante - QDM entrante
sur la force qu’elle a subi... renseigne sur la force que le fluide
a subi, en particulier de la part du
solide
P’1=m1v’1
n Ffluide / solide ?
P1=m1v1 Ssol v
v
Choc Se v V Ss
P2=m2v2 n
v n
v
P’2=m2v’2 n v

De façon caricaturale : le fluide = la boule 1


le solide = la boule 2
25
Concrètement...

n Ffluide / solide ?
Ssol v
v
Se v V Ss
n
v n
v
n v

26
Détails

n Ffluide / solide ?
Ssol v v
Se v V Ss
n n
v
v
n v
en général négligeable
ou nul (démontré plus tard)

en régime permanent
27
Il reste :
Résultat

n Ffluide / solide ?
Ssol v v
Se v V Ss
n n
v
v
n v
Conclusion (théorème d’Euler) :

28
Généralisation
n Sair
Slibre

• En général la surface du solide non mouillée


Se v V Ssol Ss
est en contact avec l’air extérieur n
v n
v
n v
On cherche donc plutôt
On montre :

Ajouter la force exercée par l’air sur le solide revient à remplacer


p par p-patm dans l’intégrale des forces de pression.

A RETENIR
• Certaines parties du liquide peuvent être en contact direct avec l’air extérieur
= surfaces libres (jets, problèmes fluviaux)
Cela ne change pas le résultat. 29
Cas d’un tube de courant
On note ne et ns les vecteurs normaux dans le sens de l’écoulement
On suppose que la vitesse uniforme sur Se et Ss

ne
v = v en e
n Se Ssol
n
ns
Ss v = vsns
On obtient :

Si plusieurs entrées / sorties, on somme sur toutes les entrées / sorties.


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Conséquences (qualitatives)

• Si un solide accélère un fluide en mouvement rectiligne (ne = ns, vs > ve),


il subit une force en sens inverse du mouvement du fluide.
(propulsion fusée, avion, bateau par réacteur ou hélice, animaux).

• Si un solide freine un fluide en mouvement rectiligne (ne = ns, vs < ve),


il subit une poussée dans le sens du mouvement.
(force de trainée, aéro-freins)

• Si un solide dévie un fluide, il subit une force en sens inverse de la déviation


(coude, aile d’avion, portance, …)

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