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Max Weber et La légitimité politique

Author(s): David Beetham


Source: Revue européenne des sciences sociales , 1995, T. 33, No. 101, Max Weber
Politique et histoire (1995), pp. 11-22
Published by: Librairie Droz

Stable URL: https://www.jstor.org/stable/40370096

REFERENCES
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Revue européenne des sciences sociales, Tome XXXIII, 1995, N° 101, pp. 11-22

David BEETHAM

MAX WEBER
ET LA LÉGITIMITÉ POLITIQUE*

La sociologie politique de Max Weber est Tune des pierres de touc


l'analyse politique du vingtième siècle, dans sa théorisation de
moderne et de sa relation à l'économie capitaliste, dans sa formulation
idéal-type de l'administration bureaucratique, dans sa caractérisati
politiques électorales à l'âge du suffrage universel et dans ses impli
pour les partis politiques et leur direction. Dans cet article, je propose t
fois de me concentrer sur les aspects les plus imparfaits de l'héritage w
rien: son concept de légitimité et sa triple typologie de l'autorité lé
Bien que la typologie de Weber soit à l'origine de presque toutes les d
cussions sur la légitimité en science politique depuis les années 1950
manifestement échoué dans les tâches analytiques que doit remplir
théorie de la légitimité: fournir un critère clair permettant de disting
formes de pouvoir légitimes de celles qui ne le sont pas ; différencier les
types de régimes qui ont existé tout au long du siècle; et surtout, four
analyse cohérente de la légitimité de la démocratie libérale. Les causes d
échec ne peuvent pas seulement être attribuées au fait que le centre d'i
de Weber était différent de celui des politistes ultérieurs. Cela provien
moi d'un défaut sous-jacent à sa conception de la légitimité elle-mê
identifiant ce qui est erroné dans sa conception, j'essaierai par aille
fournir une alternative plus satisfaisante.
On peut juger de l'importance pour Weber de sa typologie du «H
chaft» légitime au fait qu'elle apparaît dans son travail pas moins
fois et dans des contextes différents. Sa formulation la plus précoce fi
dans la seconde partie de Wirtschaft und Gesellschaft (largement
avant 1914, mais non publiée en raison de la survenance de la guerre). I
sert d'introduction et de principe d'organisation aux chapitres essentie
tant respectivement sur la bureaucratie, le patriarcat, le patrimonialism
le féodalisme, et l'autorité charismatique (Weber 1972, 541-687). La
gie est répétée, sous une forme légèrement différente, dans la première
ultérieure de la même œuvre, parmi les catégories sociologiques de
devaient servir d'introduction au volume révisé dans son ensemble
1972, 122-158). La typologie apparaît à nouveau dans l'introductio
Wirtschaftsethik der Weltreligionen, dans le cadre d'une présentat

* Traduction de l'anglais par Olivier Costa.

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termes utilisés p
(Weber 1920, 26
Politik als Beruf
charisme dans le
suiv.). Enfin, la
associées à chaque
dans l'article pub
Herrschaft (Webe
l'ordre d'expositi
sont suffisammen
mune pour les b
Le fait que Weber
rents apporte la p
paux domaines d
de la portée gén
Weber définit le «Herrschaft» comme une relation de commandement et
d'obéissance, dans laquelle ceux qui sont soumis à une instruction sont cen-
sés l'exécuter sans prêter attention à son contenu (Weber 1972, 29; cf.
544-545). Il définit la légitimité sociologiquement comme une croyance en
la légitimité («rightfullness») d'un «Herrschaft» donné, et il met significati-
vement le terme légitimité entre guillemets de façon à indiquer qu'il s'agit
là de la croyance des acteurs en question, et non d'un jugement normatif du
chercheur (Weber 1972, 122; cf. 549). Comme il le montre clairement, la légi-
timité n'est pas une condition nécessaire au «Herrschaft», à partir du
moment où l'obéissance aux commandements peut, dans certaines circons-
tances, être assurée de façon prévisible par la seule contrainte.
Bien que la croyance en la légitimité ne soit plus alors une condition
nécessaire au «Herrschaft» selon la définition de Weber, elle n'en est pas
moins concomitante. Cela est dû premièrement au fait que tous ceux qui
exercent le pouvoir ont un besoin psychologique d'auto-justification, et que
ces acteurs socialement avantagés ont besoin de considérer leurs avantages
comme étant mérités ou légitimes, et non pas arbitraires (Weber 1972, 549).
Mais, en second lieu, cela sert aussi à maintenir la stabilité du «Herrschaft»
si ceux qui y sont subordonnés croient également en sa légitimité, puisque
la seule obéissance basée sur des considérations d'habitude, d'intérêt égoïste
ou d'inclination personnelle est relativement instable. A un endroit, Weber
exprime cette idée à propos des subordonnés dans leur ensemble (Weber
1922, 1); à un autre, il parle de l'importance de la légitimité pour assurer
l'obéissance de l'appareil administratif aux dirigeants, et des subordonnés
aux deux (Weber 1972, 549); dans un autre encore, il choisit l'appareil admi-
nistratif seul, et reconnaît que le «Beherrschten» peut être tellement impuis-
sant face à une organisation irrésistible du pouvoir, que toute croyance dans
la légitimité du «Herrschaft» est pour sa part dépourvue d'à propos (Weber
1972, 122-123). De telles différences (voire incompatibilités) sont cependant
sans importance pour Weber, car il n'est pas directement intéressé par les
questions de stabilité ou de degré de légitimité, ou par le contraste entre des

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LA LÉGITIMITÉ POLITIQUE 1 3

«Herrschaft» légitime et non-légitim


trouve ailleurs: dans le fondement ou le
revendiquée, et dans les conséquences qu
nisation du «Herrschaft», sans égard p
tion est effectivement reconnue. «Je na
mität aber ist auch der Typus des Geh
timmten Verwaltungsstabes und der Ch
grundverschieden» (Weber 1972, 122).
C'est seulement après avoir établi que l
pour Weber dans les différents effets q
de la légitimité ont pour la forme de
passe à sa typologie classique. Il y a
croyance en l'autorité de règles établies
cielles; ici l'obéissance est due à des règ
dont la sphère d'autorité est définie se
un «Herrschaft» traditionnel, basé sur
tradition; ici l'obéissance est due à la
d'autorité est déterminée à sa discrétion
des normes et obligations traditionnel
schaft» charismatique, fondé sur la cr
d'un individu remarquable; ici l'obéiss
rer», dont l'autorité ne ressort d'aucune
démonstration continue de ces qualité
premiers appartiennent à la sphère du q
dinaire ou au charismatique, tandis qu
d'autorité personnelle, par opposition
schaft» légal. Weber répète que ces dis
ou «idéaux»; en pratique il existe toutes
ainsi que des formes de transition de
Ceci posé, on ne peut nier que la typol
trument fort efficace pour organiser et
de matériel historique. En particulier, el
ceptualiser les caractéristiques-clés du dé
opposition avec l'ordre traditionnel,
public du domaine privé; le principe de
des lois; le concept de la bureaucratie, ay
mitée au sein d'une hiérarchie régie par
nalité et de correction procédurale; et ai
la conception propre à Weber de la dé
«Führerdemokratie», selon laquelle la lég
issue d'un complexe de composants c
personnelles et de règles électorales (v
dessus tout, la typologie accordait une
la description webérienne de l'Etat mode
conceptions radicalement différentes
vers le bas - la bureaucratie était dist

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14 D. BEETHAM

l'administration,
les sphères de com
l'autre direction - vers le haut - la bureaucratie était au contraire subor-
donnée au principe charismatique du chef élu, exerçant une autorité indivi-
duelle pour la détermination de la politique sur la base du soutien volontaire
d'une masse partisane (Beetham 1987, 57-71).
Ces caractéristiques distinctives de la typologie de Weber sont bien con-
nues, et ont été responsables de sa large adoption. Pourtant, la typologie
devient rapidement incohérente si elle est utilisée pour une analyse comparée
des systèmes politiques de l'époque moderne, particulièrement du vingtième
siècle. Les politistes, par exemple, se sont fréquemment enlisés en essayant
de décider lequel des trois modèles, ou quelle combinaison de ceux-ci, carac-
térise le mieux le système de gouvernement communiste. Certains ont estimé
que son principe légitimant était essentiellement charismatique, concentré
sur le chef exceptionnel (Gill 1982); d'autres, que le charisme du chef est
devenu routinier et s'est mué en une fonction légalement validée (Heller
1982); d'autres encore, qu'il y avait une composante historique issue du pres-
tige de la révolution et de traditions nationales de longue date (Lane 1984);
quant à Rigby, il découvrait un quatrième type webérien - le but rationnel
- impliquant un progrès vers la société communiste idéale (Rigby 1982).
D'un autre côté, si l'on se tourne vers les démocraties libérales, il devient vite
évident qu'aucun engagement au respect de la légalité et des procédures ne
peut suffire à expliquer ce qui confère leur validité aux règles électorales pour
la nomination à une fonction (par opposition à d'autres règles), et que le cha-
risme inhérent à la position du dirigeant ne suffit pas à combler cette lacune
dans la théorie de la légitimation. Quand on en vient, finalement, au régime
le plus commun du vingtième siècle, la dictature militaire, le manque d'inté-
rêt de Weber pour le «Herrschaft» non-légitime devient un handicap crucial.
Ici, on ne peut plus valablement affirmer que c'est la différence entre les prin-
cipes légitimants qui est capitale, quand c'est précisément Y absence de légiti-
mité qui différencie les régimes militaires des autres, et leur donne leur carac-
tère et leur trajectoire spécifiques.
Ces déficiences ne sont pas seulement accidentelles, mais proviennent de
problèmes fondamentaux dans la typologie de Weber et dans la conception
de la légitimité qui l'étaye. La nature de ces problèmes peut être identifiée en
examinant, d'abord, les différences entre les bases ou principes «légaux» et
«traditionnels» de la légitimité; puis, par un examen du type «charismati-
que». Je les envisagerai successivement.

Si nous considérons le contraste que Weber dessine entre les types «légal»
et «traditionnel» de légitimité - contraste qui est au cœur de son analyse
de l'Etat moderne - deux éléments semblent curieux. Le premier est que la
composante-clé du «Herrschaft» légal, qui veut que la légitimité découle des
règles ou lois, n'a aucune place dans le «Herrschaft» traditionnel, dans la
mesure où la légitimité réglementaire et la validité légale sont identifiées
comme les caractéristiques de définition propres à ce type particulier. Pour-

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LA LÉGITIMITÉ POLITIQUE 15

tant, une courte réflexion révèle que la


nel doit avoir reposé sur des règles -
par la naissance de la propriété et de
spécifiquement être définies et appl
dans Tordre traditionnel à justifier la l
premier lieu le fait qu'elle a été acqu
ment ensuite, sinon pas du tout, qu'il f
lois de succession, c'est-à-dire que l'
qualités nécessaires pour occuper une
rité. Nous pourrions aller plus loin, et
sonne cherchant à justifier sa positio
en lumière le caractère légal de son acq
ou légale est sans importance ici). En d
toute légitimité est la légalité. Et le po
sujet de la légitimité porte sur l'adjud
traditionnelles comme dans toute autre
La naissance était-elle légitime, à savoir
mariage légal? etc.).
Weber aurait-il pu ignorer ce problèm
nous reprenons sa présentation de l'a
nous constatons qu'elle reconnaît que
par des règles, dans la mesure où c'est
tine des formes non routinières de «
«Der Herr (oder: die mehreren Herre
nen Regel bestimmt» et que «die tr
regelhaft orientiert» (Weber 1972, 130
les différentes façons selon lesquelles l
«routinisée» en un type traditionne
irgendeiner Art die Herrschaft von
côté Weber semble accepter comme un
nière d'autorité que la légitimité de
règles; d'un autre, il veut insister sur l
tinctive et spécifique de ce qu'il appelle
schaft».
Comment trouver un sens à cette apparente contradiction? Une première
solution est d'établir une distinction claire entre la légitimité de la personne
incarnant l'autorité, qui découle de règles, et celle des règles ou du système
de «Herrschaft». Ainsi, dans un ordre traditionnel, les règles d'accession à
la position qui légitime l'individu seront légitimées à leur tour par une
croyance en l'autorité de la succession héritée du passé, et en celle de la supé-
riorité de l'ascendance noble. La légitimité du «Herrschaft» est ainsi un pro-
cessus en deux étapes: la légitimité des individus découle de règles, tandis
que celle des règles découle de croyances ou de principes acceptés relatifs à
la source légitime («rightfull») de l'autorité, qui les étaye. Mais s'il en est
ainsi - et je le pense - qu'est-ce qui légitime exactement les règles dans le
type légal d'autorité défini par Weber? Que les individus tirent leur légitimité

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16 D. BEETHAM

d'un système de l
ment la première
légitimité?
Là est la seconde curiosité frappante de la typologie de Weber: que la
forme désignée comme légale de «Herrschaft» soit dépourvue du soutien
d'une combinaison de croyances relative à la source légitime de l'autorité.
Dire que les règles qui légitiment les individus sont à leur tour légitimées par
d'autres règles conduit à une régression sans fin. Quelle est la croyance équi-
valente à la croyance traditionnelle dans la lignée qui étaye le système d'auto-
rité du monde moderne? Si nous prenons en considération l'Etat et l'autorité
politique, alors le glissement décisif qui a marqué la transition vers la moder-
nité a été incarné par la Révolution française: il s'agit du passage du principe
dynastique de légitimité, qui définit la source légitime de l'autorité comme
résidant dans l'ascendance de la famille régnante, au principe de souverai-
neté populaire, qui définit la seule source légitime de l'autorité politique
comme résidant dans le peuple. Ainsi la Déclaration française des Droits de
l'Homme établit en 1789 que «le principe de toute souveraineté réside essen-
tiellement dans la nation» (article 3), et ce même principe est énoncé à l'arti-
cle 21 de la Déclaration des Droits de l'Homme des Nations Unies qui
affirme que «la volonté du peuple doit être la base de l'autorité du gouver-
nement».

Ce principe de souveraineté populaire peut cependant être nuancé da


la pratique par sa coexistence avec un autre principe d'autorité qui sert
limitation, tel que la persistance d'un principe traditionnel comme dans
systèmes monarchiques actuels de Jordanie et du Maroc, la croyance en un
source religieuse de l'autorité comme en Iran, ou la croyance aux doctr
du marxisme-léninisme et au parti communiste en tant que leur interprète
exclusif comme dans le modèle soviétique traditionnel. Pourtant, le
qu'une certaine reconnaissance doive être donnée dans l'ordre constitut
nel au principe de souveraineté populaire est à présent une condition presq
universelle de légitimité politique. La puissance du principe est illustrée pa
l'irrésistible force morale des mouvements populaires qui cherchent à lever
les restrictions et limitations à son exercice; et par le fait que, une fois plein
ment réalisé dans un ordre libéral-démocratique, il s'avère irréversible en
que principe de légitimité, même s'il est temporairement interrompu par
forme non légitime de «Herrschaft».
Pourquoi Weber ne mentionna-t-il rien de ceci, qui semble évident à tou
analyste de l'Etat moderne ou contemporain? Parmi les différentes réponse
qui peuvent être formulées, une doit être retenue ici. C'est que Weber n'a
perçu la distinction cruciale entre deux sortes de réponses à la question: d'o
les règles et lois tirent-elles leur légitimité? Un premier type de répon
juridique - fait référence à la source des règles et lois en question. Un seco
type - philosophique - renvoie aux principes normatifs substantifs que
lois incarnent; dans le cas de l'Etat, aux principes substantifs relatifs
source légitime («rightfull») de l'autorité du pouvoir politique. Dès lo
le contraste entre les «Herrschaft» traditionnel et légal est entièreme

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LA LÉGITIMITÉ POLITIQUE 1 7

construit selon le mode juridique. Se


autorité traditionnelle, la loi est valid
du précédent: «die Heiligkeit altübe
Ordnungen» (Weber 1972, 130). Dan
validée en vertu de sa promulgation p
la légitimité repose sur la «rational
zur Satzung dieser Regeln wiederum a
ter 'Verfassung' » (Weber 1920, 267-26
tion dans la source de la loi et dans le
traditionnelle ou réglementaire de
Weber le point central de divergence
Cette distinction entièrement juridiq
une différence importante du caractè
nel ou moderne de la société. Mais elle
plète en ce qui concerne la légitimité
voir politique. Celles-ci doivent aussi i
à la source légitime de l'autorité pol
la société - que ce soit de succession dy
neté populaire, de connaissance s
(marxisme-léninisme) ou tout autre. C
de la légitimation normative (entend
invalide la conception webérienne d
repose à son tour sur une confusion e
(la source légitime de laquelle la loi dé
(le principe légitime de l'autorité po
une confusion qui est répétée dans
politique inspirées par Weber dans l
langue anglaise.
Je voudrais insister à cette étape sur
rebattue de Weber selon le point de v
même celle d'autres philosophes poli
gement normatif ou de jugement mor
la légitimité (par exemple Schaar 19
émane intégralement d'une perspec
Weber omet des éléments qui sont néc
sciences sociales, dans la mesure où
les gens croient vraiment et à des pri
les règles constitutionnelles. C'est par
qu'elle n'est pas philosophique à prop
légitimité de Weber est déficiente. En
que nous allons aborder, va révéler
théorie.

Weber distingue des autres formes


du fait que, en tant que type pur, elle
règle, et sans la contrainte d'aucune

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18 D. BEETHAM

c'est celui qui a ét


il conférerait, par
tionnelles des ind
tion qui lui procu
mation de Weber
qu'il est la «vérit
aigu au sujet du
«charismatique» d
de suite. Prises e
d'excuse au term
politique contem
Cependant, c'est
souhaite me conce
plus générale de l
tement ce qui ét
la seule prétenti
spécifique, puisq
ne peut pas être n
sède ces qualités.
chef charismatiqu
ce qui est vrai du
moi, vrai de l'aut
légitimité est co
Quelles sont ces a
obéissance aux ord
être assurée par
consentement ex
le donner. La form
ou du système p
par acclamation,
élection ou un pl
ter, selon le con
détermination de
des données cara
était que la partic
giés économiques
allégeance à un s
donnés et dépend
comme critère de
Ce qui l'est, c'est
sonne (ou par une
le groupe de ceux
tion adulte.
Dans les systèmes politiques du vingtième siècle, il est pourtant possible
de distinguer deux modes différents de consentement populaire. Il y a le
mode électoral, basé sur le contrat libéral, qui permet un choix entre plu-

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LA LÉGITIMITÉ POLITIQUE 19

sieurs alternatives, dont l'acte de vote


la participation électorale qui traduit
part de la majorité, puisqu'elle a vot
puisqu'en prenant part à l'élection el
selon lesquelles elle a eu lieu. Dans c
fonction de sélectionner et promouvoir
ques pour la campagne électorale. Au
appeler le «mode de mobilisation» du
pation politique est dissociée du pro
sélectionnés pour le pouvoir, et où le c
par l'étendue et le degré d'activisme po
son service. Ici les partis visent à la m
faveur du régime, et ceci plus particul
classique de système politique.
Bien que le second de ces modèles d
similitudes avec la description que fa
est important d'insister sur le fait que
engagement en faveur d'un chef, p
ment. De plus, ce qui est important da
mité, est qu'elle omet toute référence
conférée et confirmée par les actions
se définit selon Weber comme une «cr
tätsglaube», et elle est entièrement con
cernés. Pourtant, des actions peuvent c
basée sur une «croyance en la légitim
tradition libérale de la théorie des co
puissent être souscrits et un consentem
tion d'intérêt propre. Ce sont les act
implicites ou explicites, qui créent une
réciproques, pas une quelconque «cr
Pour cette seule raison, les puissants
contraindre au moins les plus impo
actions par lesquelles ces derniers m
domination. De telles actions sont insti
leur donnent effet sont parmi les plus

Nous sommes à présent en position d


la conception webérienne de la légit
ensemble d'éléments différents qui
«Herrschaft» à une seule dimension: la
tät sglaube»). Quelle que soit la complex
sur une simplification erronée. La légi
tiples couches, et la légitimation du
de niveaux, qu'il faut prudemment d
pouvoir politique est légitime dans l

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20 D. BEETHAM

a) il est acquis et
b) les règles et l
des termes qui p
c) il y a un conse
sont qualifiés p

Chacune de ces
consentement exp
ce ne sont pas de
mité. La légitimit
appropriées, act
pouvons dire, no
que ce pouvoir e
Chacune de ces
des formes histor
de définir le cara
la première dime
tion de la loi, et
voir sont régies
écrites). En ce q
vont différer se
au sein de la socié
tion de l'identité
de la façon donc
son des trois élém
la mise en évidence des connections internes entre eux est une des
contributions-clés que la théorie de la légitimité peut apporter à l'étude des
politiques comparées.
Selon ces critères, l'Etat moderne doit ainsi être distingué de l'Etat tradi
tionnel, et pas seulement d'après le mode de détermination de la loi e
d'après l'étendue avec laquelle les affaires publiques sont précisément régies
par la loi (la seule distinction que la théorie juridique webérienne de la légit
mité nous donne). Il est aussi caractérisé par le principe de souverain
populaire, qui a de profondes implications pour la question de la nation (qui
constitue le peuple?), aussi bien que pour les règles déterminant l'accès
pouvoir. Il est en outre distingué par le fait qu'à présent, le groupe de ceux
qui sont qualifiés pour donner leur assentiment s'étend à toute la population
adulte. De plus, à l'intérieur de l'État moderne lui-même, les systèmes polit
ques - libéral-démocratique, monarchique, communiste ou théocratique
peuvent être différenciés selon le degré avec lequel le principe de souverain
populaire est nuancé par d'autres principes d'autorité politique, et par
façon selon laquelle le consentement de masse est organisé.
Ces différences sont déterminées par les institutions centrales du systèm
politique - les règles d'accès au pouvoir et d'exercice de celui-ci - et les i
titutions de représentation - partis politiques, etc. - à travers lesquelles
consentement est organisé et exprimé.

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LA LÉGITIMITÉ POLITIQUE 21

L'identification de la légitimité comm


nel nous permet de plus de distinguer d
voir. Il peut être acquis ou exercé en vi
cas nous le qualifierions d'illégitime. Le
vent par ailleurs être insuffisamment
dité de la source de l'autorité, en raison
tiennent, parce que les règles ne les
encore parce qu'elles sont sujettes à u
société. Dans ce cas, nous pouvons parle
dont le consentement est nécessaire à l
pouvoir pourraient le suspendre ou le
cas nous parlerions de délégitimation
sorte différente de phénomène non-lég
d'autorité politique, la mobilisation r
distinctive d'une dictature militaire
trois critères. Née de l'illégalité, elle n'
étayer ses règles de fonctionnement, e
mer l'activité politique qui est nécess
populaire dans le monde contempora

Dans mon livre, The Legitimation of


cette conception multi-couche de la lég
être utilisée pour analyser et différenc
politiques contemporains de façon co
ment est que la typologie de Weber e
la complexité de la légitimité, spécialem
pour conclure à expliquer pourquoi il
Je pense que cette explication est prof
tions philosophiques et politiques. D'u
neté populaire comme mythe, et soutie
loi naturelle, les principes politique
matières à affirmations subjectives et
conception purement procédurale ou
est un ensemble de fonctions régies pa
tante de procédures. D'autre part, so
l'individualisme et de la vocation individuelle comme source de réussite
innovatrice dans le monde signifie que sa conception du libéralisme et de la
démocratie à l'âge bureaucratique ne peut être purement procédurale. Il a
également dû trouver une place pour le rôle créatif de l'individu, non plus
seulement à travers des activités privées ou financées de façon autonome,
mais à la tête d'institutions majeures et à travers le commandement d'un ras-
semblement volontaire de partisans. Pour affirmer cela, le concept d'auto-
rité charismatique procure une catégorie parfaitement adaptée (Beetham
1985, 1-7; 1989).
Il devrait être évident que cette combinaison d'un pouvoir régi par des
règles et du principe charismatique ne parvient pas à rendre compte de la

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22 D. BEETHAM

démocratie repré
tif. En transféra
faisant de la volo
la typologie de W
de la direction p
considérations q
chise, la responsa
la théorie webér
voir politique qu

Department of P
University of Lee

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