Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Résumé d’argumentaire.
Max Weber, Economie et société, Tome 1, Paris, Plon, 2003, p. 285-294, p. 301-303, p. 320-325.
Chapitre III – Les types de domination.
La légitimité qu’un chef parvient à se donner aux yeux d’un groupe est le fondement
de sa domination sur celui-ci. C’est de cette légitimité et de ses origines que traite le troisième
chapitre de l’ouvrage Economie et Société, un essai qui décrit l’organisation sociale et son
rapport à l’économie publié en 1921. Il est considéré comme un texte central d’un point de
vue sociologique et comme l’œuvre majeure de l’allemand Max Weber (1864-1920).
L’auteur, ayant suivi des études de droit, s’est ensuite intéressé à l’économie et est
aujourd’hui considéré comme l’un des fondateurs de la sociologie, particulièrement dans son
aspect politique. L’extrait étudié présente la vision du concept de domination de Max Weber,
particulièrement leur lien à la notion de légitimité. Dans un premier temps, l’auteur définit les
termes principaux de son raisonnement et annonce les trois types de domination qu’il a établi.
Ce résumé reprendra la structure des idées de Weber en commençant par définir les
concepts généraux et en trouvant les différentes caractéristiques qui permettent de déterminer
les différents types de dominations. Puis seront présentés chacun de ces types : la domination
légale, la domination traditionnelle et la domination charismatique.
Page 1 sur 6
Cornella Paul IAP - TD n°2.
(étudiant n°2210998) Résumé Argumentaire - Séance 3.
raisonnement de Weber : ces deux concepts impliquent une relation entre un individu ou
groupe qui ordonne et un autre qui obéit ; la distinction se fonde dans l’idée que la domination
« implique une part de consentement à être dominé »3.
Pour que s’établisse la domination, l’existence d’une « direction administrative » est
normalement nécessaire. C’est un « état-major d’individus », doté d’un minimum de pouvoir,
qui a pour rôle de transmettre les ordres au groupe dominé. Les motifs qui poussent ses
membres à être fidèles au « chef » sont nombreux – la coutume, l’affection, les intérêts
matériels, les mobiles idéaux, etc. – ; s’ils sont insuffisants pour s’assurer d’une obéissance
totale, ils sont les déterminants du type de légitimité qui va permettre au chef d’asseoir sa
domination. Intervient là un autre concept central, celui de la « légitimité », qui vit de la
croyance du groupe en un motif qui octroie au chef le droit d’imposer sa domination. C’est
par cette légitimité que le pouvoir se dote d’un consentement de la part des dominés, qui
forme dès lors un « groupement de domination ».
La domination dépend donc des leviers qui sont utilisés pour diffuser la croyance en la
légitimité. A partir de ce raisonnement, Weber décline son concept en trois formes : la
domination rationnelle, la domination traditionnelle et la domination charismatique. Ils sont
ce que l’auteur considère des idéaltypes, des modèles qui ne se retrouvent pas dans la réalité
selon leur définition exacte mais qui réunissent un certain nombre de de caractéristiques
applicables dans de nombreuses formes de domination.
3
Parini, L. (2013). Domination/Pouvoir. Dans : Catherine Achin éd., Dictionnaire. Genre et science politique :
Concepts, objets, problèmes (pp. 180-190). Paris : Presses de Sciences Po.
Page 2 sur 6
Cornella Paul IAP - TD n°2.
(étudiant n°2210998) Résumé Argumentaire - Séance 3.
partage des pouvoirs et des moyens de coercition limité. Il s’agit là d’une « autorité
constituée ».
La « direction administrative », à la distinction des autres formes de domination, est
très encadrée. Ses membres, les « fonctionnaires », sont salariés du pouvoir – ils ne le
possèdent pas –, et choisis pour des critères de formation et de spécialisation. Ils sont donc
rémunérés, mènent une carrière dans ce domaine et connaissent un avancement professionnel.
Le système se base également sur une hiérarchie très importante.
Les membres du groupes obéissent par leur statut de membre d’un système dans lequel
ils ont confiance, sans être subjugués par leur leader ou soumis à une tradition. Ils obéissent à
la domination dans les limites du pouvoir accordées au détenteur, au-delà desquelles ils ne se
voient plus soumis à ses ordres.
La domination traditionnelle a pour point commun avec la légale qu’elle est basée sur
un système pérenne, la coutume y faisant office de règlement dans la légitimation de son chef.
Il faut toutefois noter que, dans cette forme de domination, c’est bien à la personne nommée
par la tradition qu’on obéit.
Le détenteur du pouvoir est ici déterminé par une transmission, une succession –
souvent familiale – toujours liée à un système de tradition accepté de tous. Cette succession
lui accorde un caractère sacré. Il est donc rendu puissant par la tradition, mais c’est également
celle qui le limite, sans que les limites soient définies. Si ses ordres et décisions marquent une
rupture avec la tradition, il brise sa reconnaissance en l’objet même qui légitime son pouvoir.
La direction administrative est ici moins formelle : elle est composée de personnes de
confiance, avec un critère principalement relationnel. Ses membres peuvent également être
déterminés par la tradition.
Le groupement est l’ensemble de personnes qui lui sont redevables d’une forme de
respect puisque croyant en la tradition qui guide son pouvoir. De la même manière qu’un
groupement de domination légale ne se doit d’obéir que dans les limites de la norme, celui-ci
n’a de devoir d’obéissance que dans la mesure où le chef respecte la tradition.
Page 3 sur 6
Cornella Paul IAP - TD n°2.
(étudiant n°2210998) Résumé Argumentaire - Séance 3.
4
Dormagen, J. (2008). Le Duce et l'état-major du fascisme : contribution à une sociologie de la domination
charismatique. Revue d’histoire moderne & contemporaine, 55-3, p. 41.
Page 4 sur 6
Cornella Paul IAP - TD n°2.
(étudiant n°2210998) Résumé Argumentaire - Séance 3.
En conclusion, il faut avant tout rappeler que Weber a ici constitué des idéaltypes de
l’analyse de la domination, qui n’existent pas en tant que tels dans la réalité mais dont les
caractéristiques correspondent en de multiples aspects aux différentes formes de domination
que nous connaissons, que ce soient des monarchies, des démocraties, des dictatures, ou
même des entreprises, associations, sectes ou toute autre structure organisée par une
domination.
Cependant, sous différents points de vue, le raisonnement de Weber est contestable, et
certains éléments semblent manquer. Outre l’influence du contexte historique et spatial de
l’écriture de l’ouvrage, on peut par exemple questionner les liens entre les différents types de
domination : la domination traditionnelle n’est-elle pas l’héritière de la domination
charismatique, dans la mesure où les successions et les traditions trouvent souvent leur origine
dans un personnage marqué par une qualité divine ou associé à des exploits militaires ? Dans
la même lignée, on peut se questionner sur la position des pouvoirs religieux entre le
traditionnel et le charismatique : ce dernier est considéré comme fragile, tout en prenant
comme exemple la figure de prophètes dont l’influence reste ressentie des siècles plus tard et
devient une des composantes de la domination traditionnelle. Enfin, dans une réflexion plus
psychologique, on peut, comme le fait Bertrand Guillarme, questionner la notion même de
consentement, pourtant au cœur du raisonnement de Weber. Le questionnement serait ici de
savoir si un individu qui est éduqué au sein d’un certain groupement de domination dont il
acquiert les normes est réellement consentant à sa domination ou s’il n’est pas plutôt
déterminé à obéir ?
9930 caractères.
Page 5 sur 6
Cornella Paul IAP - TD n°2.
(étudiant n°2210998) Résumé Argumentaire - Séance 3.
Bibliographie.
- Chazel, F. (2019). La sociologie wébérienne de la domination : L’apport comparé des
deux versions. Revue européenne des sciences sociales, 57-1, 17-41.
- Dormagen, J. (2008). Le Duce et l'état-major du fascisme : contribution à une
sociologie de la domination charismatique. Revue d’histoire moderne &
contemporaine, 55-3.
- Guillarme, B. (2012). Deux critiques du consentement. Raisons politiques, 46, 67-78.
- Parini, L. (2013). Domination/Pouvoir. Dans : Catherine Achin éd., Dictionnaire.
Genre et science politique : Concepts, objets, problèmes (pp. 180-190). Paris : Presses
de Sciences Po.
- Ruby, C. (2014). Domination, autorité et pouvoir dans une sociologie de la
domination. Raison présente, 192, 79-86.
Page 6 sur 6