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CHAPITRE II - QU'EST CE QUE LE POUVOIR ?

Objectifs essentiels du chapitre :


1. Définition du concept de pouvoir , mise en exergue de la complexité de la notion
2. les moyens du pouvoir
3. le pouvoir n’est durable que s’il est légitime ( définition du concept de légitimité)

SECTION I - COMMENT DEFINIR LE POUVOIR ?


I - LE POUVOIR : D'UNE ANALYSE SUBSTANTIALISTE A UNE ANALYSE
RELATIONNELLE

A - L'ANALYSE SUBSTANTIALISTE DU POUVOIR.

DOCUMENT 1 :
Avoir du pouvoir résulte d'une organisation de la relation telle qu'en l'absence de toute mobilisation de moyens propres à
rappeler à autrui sa dépendance, celui-ci adopte néanmoins une attitude ou un comportement (d'action, d'abstention) dont sa
propre dépendance est la condition nécessaire et suffisante. Avoir du pouvoir ne suppose pas en soi une manifestation visible
de volonté ou d'intention ni même, à strictement parler, la conscience de détenir un pouvoir {contra Wrong, 1979, p. 9).
C'est l'attitude de l'assujetti qui dans cette hypothèse fonde la réalité de la relation <le pouvoir, celle-ci serait-elle fondée sur
des perceptions imaginaires des moyens susceptibles d'être mis en œuvre. Dans une dictature, par exemple, la peur peut être si
intense que les sujets en viennent à s'abstenir de comportements non explicitement défendus, voire jugés souhaitables par le
dictateur ; en outre, l'expérience antérieure de la force peut conduire à exagérer dans le présent les moyens coercitifs dont dispose
encore le régime pour obtenir la soumission. Ces remarques visent à souligner combien avoir du pouvoir c'est être « crédité »
d'une certaine capacité virtuelle à agir sur autrui. La réputation d'avoir du pouvoir, même si elle repose en partie sur l'illusion
ou l'ignorance, produit des effets de réalité, du moins jusqu'à ce que se dissipent les faux-semblants à l'occasion d'une situation
concrète qui exige l'exercice effectif du pouvoir. Ainsi rencontrons-nous la problématique des mythes et représentations
sociales agissant comme élément structurant la relation de pouvoir.
Qu'il y ait ou non manifestation d'intention de A vis-à-vis de B, c'est donc l'inflexion des attitudes ou comportements de B sous
l'effet de sa dépendance, qui manifeste que A détient du pouvoir, et cela alors même qu'aucune allusion explicite n'a été faite par
lui aux moyens dont il dispose pour assurer son contrôle. Dans cette hypothèse où aucune interaction ne se concrétise
visiblement, il est tentant de glisser insensiblement d'une approche relationnelle à une approche substantialiste. Le pouvoir de
A est alors assimilé à une sorte de capital dispensateur de bénéfices ou à un attribut plus ou moins mystérieux. Ainsi la
tradition parle-t-elle du pouvoir du monarque, comme s'il s'agissait d'un bien, précieux, qu'il conserve « même lorsqu'il est
endormi dans son lit » Source : P Braud, Op Cité.
Questions :
1. Expliquez la phrase soulignée , ne vous semble t'elle pas paradoxale ?
2. Comment expliquez vous que I' individu B se soumette à l'individu A alors quecelui ci ne le lui demande pas
explicitement ?
3. Quelle conséquence sur l'analyse du pouvoir risque d'avoir cette définition (expliquer en prenant l'exemple du roi)

B - UNE ANALYSE RELATIONNELLE DU POUVOIR.

Document 2:
Le pouvoir, quelles qu'en soient les multiples facettes, gît toujours dans l'interaction; il est relation entre des acteurs ou des
systèmes d'attitudes.d'opinions et de comportements. Inversement, toute interaction est nécessairement caractérisée par
une relation de pouvoir, unilatérale ou mutuelle, qui s'exprime à travers un échange d'informations (lato sensu). En réalité,
malgré certaines apparences, avoir du pouvoir suppose toujours une relation sociale, une interaction authentique non pas
simplement virtuelle mais réelle.
Source : J Russ, les théories du pouvoir, LGF, 1994..
Questions :
-En quoi l'analyse précédente semble t'elle critiquable ?
-Montrez que le pouvoir gît toujours dans l'interaction .

Il - LES MOYENS DU POUVOIR .


Document 3 : 5 p 23
Questions :
1. Définissez avec vos propres termes le pouvoir dissuasif donnez un exemple personnel. L'exercice de la sanction
est i! obligatoire pour que les individus se conforment à ce que le pouvoir attend d'eux ?
2. Pourquoi ne peut-on assimiler pouvoir dissuasif et contrainte physique et matérielle ?
3. Comment s'exerce le pouvoir rétributif ?
4. Montrez que le pouvoir rétributif relève plus de la récompense que de la sanction et donc qu'il est moins
contraignant que le précédent,
5. en quoi Se pouvoir persuasif se distingue t'il des deux précédents ?
6. Pourquoi Galbraith considère î'ii qu'il est caractéristique des sociétés modernes ?

SECTION II - POUVOIR- AUTORITE ET LEGITIMITE

I - POUVOIR ET AUTORITE

DOCUMENT 4 :
L'autorité désigne littéralement le droit ou ie pouvoir de décider ou de commander, la capacité, en son sens le plus large, à
se faire obéir ou respecter. Dans le langage courant, !e terme d'autorité est à rattacher à la force du caractère, à la capacité
(innée ou conférée par un titre ou une fonction) d'imposer ses vues, de faire exécuter ses décisions : on fait alors «preuve
d'autorité». L'autorité fait face à la concurrence de sa forme pathologique, l'autoritarisme. Ce dernier peut se définir
comme la forme négative de l'autorité, c'est-à-dire comme l'imposition d'un point de vue dans Se mépris du.pSuraiisme et
des avis extérieurs. Le terme d'autorité désigne une compétence particulière d'un individu, d'une institution, mais ne
répond pas de .lui-même à la question de sonorîgine. Un homme seul monopolisant le pouvoir jouit de l'autorité, un
homme de savoir représente lui aussi une forme d'autorité, de mêmeque l'on ne contestera pas l'autorité d'un juge ou d'une
institution compétente.
Source : F.Bunel et alii, Les mots du pouvoir, Vinci
Questions :
1. Définissez avec vos propres termes le mot autorité, donnez des exemples personnels.
2. Distinguez l'autorité de l'autoritarisme .

II - UNE LEGITIMITE NECESSAIRE


Document 5 : 4 p 22
Questions :
1. Comment expliquer le paradoxe mis en évidence dans la phrase : « On critique souvent... juges » ?
2. Le pouvoir est-il critiqué par ceux qui y sont soumis ?

DOCUMENT 6:
La ressource antithétique de la force, c'est la légitimité. Weber fait grand usage de cette notion, et il semble qu'il n'y ait
pas pour lui de domination durable sans une légitimité minimale. Un pouvoir légitime est celui qui a la capacité de faire
accepter ses décisions comme bien fondées; il est, en terme» d'interaction et de comportement, un pouvoir dont les
directives font l'objet de l'adhésion, ou du moins de l'acquiescement, de ceux auxquels elles sont destinées. Cet
aquiescement résigné ou cette adhésion enthousiaste contribuent à faire du pouvoir une obligation morale ou juridique qui
lie le dominé au dominant, ou au titulaire du pouvoir. Mais ni l'un ni l'autre ne suffit puisqu'à leur défaut, l'institution
légitime est en mesure de mobiliser des sanctions efficaces contre le contrevenant
Source : R Boudon et F Bourricaud, dictionnaire critique de sociologie, PUF.
Questions :
1. Expliquez la phrase soulignée
2. Quelles conséquences en trie Weber ?
3. Cela signifie t’il que l’institution légitime ne recourt jamais à la force ou à la contrainte ?

Document 7 : 6 p 23
Questions :
1. Expliquez chaque forme de légitimité et donnez un exemple pour chacune

THEME DE COMPREHENSION I: LEGITIMITE ET


LEGALITE SONT-ILS SYNONYMES ?
DOCUMENT 8 : Les pleins pouvoirs à Pétain
Le 10 juillet 1940, moins d'un mois après la défaite française et la signature de l'armistice les 667 députés et sénateurs
français réunis à Vichy adoptent à une écrasante majorité (569 voix pour, 80 voix contre et 18 abstentions) le texte suivant
: « L' Assemblée nationale donne tous pouvoirs au gouvernement de la République, sous l'autorité et la signature du
maréchal Pétain, à l'effet de promulguer, par un ou plusieurs actes une nouvelle constitution de l'État français. Cette
constitution devra garantir les droits du Travail, de la Famille et de la Patrie. Elle sera ratifiée par la Nation et appliquée
par les assemblées qu'elle' aura créées»
Questions :
1. Peut-on dire que l'accession au pouvoir du maréchal Pétain s'opère dans un cadre légal ?
2. Quelles en sont les conséquences sur le régime politique ?

DOCUMENT 11 :Discours du général de Gaulle à Brazzaville le 27 octobre 1940


La France traverse la plus terrible crise de son Histoire. Ses frontières, son Empire, son indépendance et jusque son âme
sont menacés de destruction. Cédant à une panique inexcusable, des dirigeants de rencontre ont accepté et subissent la loi
de l'ennemi. Cependant, d' imnombrables preuves montrent que le peuple et l'Empire n'acceptent pas l'horrible servitude.
Des milliers de Français ou de sujets français ont décidé de continuer la guerre jusqu'à la libération. Des millions et des
millions d'autres n'attendent, pour le faire, que de trouver des chefs dignes de ce nom. Or , il n' existe plus de
Gouvernement proprement français . En effet , I' organisme sis à Vichy et qui prétend porter ce nom est inconstitutionnel
et soumis à I' envahisseur .Dans son état de servitude , cet organisme ne peut être et n' est , en effet , qu' un instrument
utilisé par les ennemis de la France contre I' honneur et I' intérêt du pays . Il faut donc qu' un pouvoir nouveau assume la
charge de diriger I' effort français dans la guerre . Les événements m' imposent ce devoir sacré , je n' y faillirai pas . J'
exercerai mes pouvoirs au nom de la France et uniquement pour la défendre , et je prends I' engagement solennel de
rendre compte de mes actes aux représentants du peuple français dès qu'il lui aura été possible d'en désigner librement.
Questions :
1. Comment le général de Gaulle caractérise t’il la situation ?
2. Comment qualifie t’il le régime de Vichy
3. Au nom de quels principes le général de Gaulle conteste-t-il la légitimité du pouvoir du maréchal Pétain ?
4. Quelles conséquences en tire t’il , quelles actions s’engage t’il à mener ?

DOCUMENT 11 : Déclaration du maréchal Pétain lors de son procès en juillet 1945 :


C'est le peuple français qui, par ses représentants, réunis-en Assemblée nationale, le 10 juillet 1940, m'a confié le pouvoir.
C'est à lui que je suis venu rendre des comptes. La Haute Cour, telle qu'elle est constituée, ne représente pas le peuple
français, et c'est à lui seul que s'adresse le Maréchal de France, chef de l'État. [...]
Le pouvoir m'a été alors confié légitimement et reconnu par tous les pays du monde, du Saint-Siège à PU.R.S. S.De ce
pouvoir, j'ai usé comme d'un bouclier pour protéger le peuple français. Pour lui, je suis allé jusqu'à sacrifier à mon
prestige. Je suis demeuré à la tête d'un pays sous l'occupation. Voudra-t-on comprendre la difficulté de gouverner dans de
telles conditions ?[...]
Chaque jour, un poignard sur la gorge, j'ai lutté contre les exigences de l'ennemi. L'histoire dira tout ce que je vous ai
évité, quand mes adversaires ne pensent qu'à me reprocher l'inévitable. L'occupation m'obligeait à ménager l'ennemi, mais
je ne le ménageais que pour vous ménager vous-mêmes, en attendant que le territoire soit libéré. L'occupation m'obligeait
aussi, contre mon gré ei contre mon cœur, à tenir des propos,à accomplir certains actes dont j'ai souffert plus que vous,
mais, devant les exigences de l'ennemi, je n'ai rien abandonné d'essentiel à l'existence de la patrie. Au contraire, pendant
quatre années, par mon action, j'ai maintenu la France, j'ai assuré aux Français la vie et le pain, j'ai assure à nos prisonniers
le soutien de la nation.
Que ceux qui m'accusent et prétendent me juger s'interrogent au fond de leur conscience pour savoir ce que, sans moi, ils
seraient peut-être devenus. Pendant que le général de Gaulle, hors de nos frontières, poursuivait la lutte, j'ai préparé
les voies à la libération. en conservant une France douloureuse mais vivante. À quoi, en effet, eût-il servi de libérer
des ruines et des cimetières ?
Questions :
1. Quels sont les arguments utilisés par le maréchal Pétain afin de justifier son action durant la période de
l'occupation :
• du point de vue juridique ( recourt-il au principe d el égalité ou de légitimité ?)
• au niveau international
• en prenant en compte les besoins des français et le contexte
2. Expliquez la phrase soulignée, que sous-entend-elle ?

THEME DE COMPREHENSION II – L'EXEMPLE DE STANLEY


MILGRAM :
ETUDE DU FILM « ABRAHAM ET LE BATAILLON DES
ASSASSINS »

A - ANALYSE DE L'EXPERIENCE SUIVANT LE PROTOCOLE ETABLI PAR S


MILGRAM
1. Dans quel contexte cette expérience a-t-elle été réalisée ( où, par qui ? )
2. Comment cette expérience a-t-eîle été présentée aux différents participants ?
3. Les volontaires correspondent-ils à un profil spécifique '?
4. Comment se comportent au cours de l'expérience les différents volontaires ( refusent-ils de continuer , rusent-ils
avec le scientifique , donnent-ils l'apparence de comprendre les répercussions de leur action )?
5. finalement quelles sont les proportions des individus ayant poursuivi l’expérience jusqu’au bout ?
6. Quelles sont les raisons avancées , a posteriori . par les individus pour justifier leur comportement ? Comment
pouvez-vous les rattacher au cours ?

B - ANALYSE DE ['HISTOIRE ET DU COMPORTEMENT DU BATAILLON 101


1. Quels sont les hommes qui composent ce bataillon (age, appartenance politique, ville d’origine)?
2. Dans quel contexte ont-ils agi ?
3. Ont-ils été forcé à agir ainsi ? Comment peut-on expliquer leur comportement ?

C- SYNTHESE
1. En quoi l'expérience de Milgram permet-elle de mieux expliquer le comportement du bataillon 101 ? quelles en
sont les limites ?
2. Peut-on dire que l'expérience historique serve de leçon ?

En complément : la véritable expérience de Milgram ( attention en anglais mais accessible): ici

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