Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
A) Le principe de la séparation des pouvoirs Pour distinguer les diverses formules selon
lesquelles le pouvoir politique est mis en œuvre dans l'État, il convient d'analyser la
répartition des compétences entre les gouvernants. Classer les systèmes politiques,
c'est répondre à la question : qui fait quoi ? Or, à l'époque où les régimes
constitutionnels se sont substitués à l'absolutisme et où, par conséquent, il devenait
possible d'aménager rationnellement l'exercice du pouvoir, le principe de la
séparation des pouvoirs fut très généralement admis comme susceptible de fournir
une ligne directrice à cette organisation. Il repose sur l'idée que l'autorité unique
constitue pour les gouvernés un risque d'arbitraire. À ce risque permet de remédier
le morcellement des prérogatives de puissance politique entre les organes distincts.
Si « c'est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en
abuser : il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites [...], il faut que, par la disposition des
choses, le pouvoir arrête le pouvoir » (Montesquieu, De l'esprit des lois, IX, VI). C'est
à ce résultat que tend une répartition des compétences telle que plusieurs autorités
doivent obligatoirement intervenir pour que la décision reçoive sa pleine efficacité.
Cette répartition est effectuée à partir d'une distinction tripartite des fonctions de
l'État : la fonction législative, la fonction exécutive et la fonction juridictionnelle.
L'autorité compétente pour faire la loi n'étant pas autorisée à l'appliquer la fera
nécessairement générale et impersonnelle ; l'autorité qui l'applique n'ayant pas la
qualité pour la faire, elle ne sera pas tentée de fixer la règle au moment de
l'exécution, ce qui est le propre de l'arbitraire ; quant à l'autorité chargée de juger,
elle sera impartiale puisqu'elle statuera en vertu d'une loi qu'elle n'a point faite et
qu'elle ne peut modifier.