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Le pouvoir et la constitution

I) Modalités d’action et d’acquisition du pouvoir :

A) Le principe de la séparation des pouvoirs Pour distinguer les diverses formules selon
lesquelles le pouvoir politique est mis en œuvre dans l'État, il convient d'analyser la
répartition des compétences entre les gouvernants. Classer les systèmes politiques,
c'est répondre à la question : qui fait quoi ? Or, à l'époque où les régimes
constitutionnels se sont substitués à l'absolutisme et où, par conséquent, il devenait
possible d'aménager rationnellement l'exercice du pouvoir, le principe de la
séparation des pouvoirs fut très généralement admis comme susceptible de fournir
une ligne directrice à cette organisation. Il repose sur l'idée que l'autorité unique
constitue pour les gouvernés un risque d'arbitraire. À ce risque permet de remédier
le morcellement des prérogatives de puissance politique entre les organes distincts.
Si « c'est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en
abuser : il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites [...], il faut que, par la disposition des
choses, le pouvoir arrête le pouvoir » (Montesquieu, De l'esprit des lois, IX, VI). C'est
à ce résultat que tend une répartition des compétences telle que plusieurs autorités
doivent obligatoirement intervenir pour que la décision reçoive sa pleine efficacité.
Cette répartition est effectuée à partir d'une distinction tripartite des fonctions de
l'État : la fonction législative, la fonction exécutive et la fonction juridictionnelle.
L'autorité compétente pour faire la loi n'étant pas autorisée à l'appliquer la fera
nécessairement générale et impersonnelle ; l'autorité qui l'applique n'ayant pas la
qualité pour la faire, elle ne sera pas tentée de fixer la règle au moment de
l'exécution, ce qui est le propre de l'arbitraire ; quant à l'autorité chargée de juger,
elle sera impartiale puisqu'elle statuera en vertu d'une loi qu'elle n'a point faite et
qu'elle ne peut modifier.

B) Degrés et modes d'organisation L'histoire et l'ethnographie fournissent à


l'anthropologie politique une multitude d'informations sur la vie politique d'un grand
nombre de sociétés globales. Les modalités d'organisation du pouvoir souverain y
sont très diverses : dans ce foisonnement il est difficile de mettre de l'ordre et de la
clarté. On peut cependant repérer une échelle graduée des degrés d'organisation et
quelques variables essentielles qui définissent les types d'organisation ou régimes
politiques.Les sociétés humaines connues peuvent être rangées suivant un ordre de
différenciation et de spécialisation croissantes des rôles politiques. Dans certaines
d'entre elles, qui ont subsisté jusqu'au XXe siècle, ces deux dimensions sont réduites
à un minimum qui tend vers zéro : il en est ainsi d'Indiens des forêts du Brésil avant
leur mise en « réserves » ou leur extermination, des Esquimaux avant leurs premiers
contacts avec les Européens ou les Américains, des Pygmées africains, des
Tchouktchi du Nord-Est de la Sibérie et des autochtones des îles Andaman en Asie
du Sud-Est, des Turkanas du Soudan méridional. Dans ces sociétés à pouvoir
minime, certains notables peuvent prendre temporairement de l'influence sur leur
groupe ou acquérir du prestige, mais nul n'a le privilège de décider et de
commander. Le respect de coutumes incontestées, la crainte de sanctions
surnaturelles ou de la réprobation publique, le droit de vengeance ou le recours à la
médiation en cas de litige suffisent à la régulation sociale.Dans les sociétés à pouvoir
diffus, les rôles politiques ne sont pas spécialisés : ils sont mêlés à divers autres
rôles sociaux et, pour ainsi dire, dilués. Il n'y avait pas de gouvernants chez les Lobi
de la Haute-Volta, mais certaines décisions souveraines étaient prises par le prêtre
de la Terre, d'autres par les chefs de marchés, d'autres encore par les magiciens des
différentes confréries ou par les prêtres des funérailles.

II) La norme suprême régissant l’Etat

A) L'établissement des Constitutions La question est celle du pouvoir constituant


originaire. Il est a priori inconditionné, à l'image de la souveraineté. Il se situe dans
un contexte de rupture, ou de table rase. Le caractère inconditionné peut naître dans
un Etat neuf, constitué après l'indépendance d'un pays ou d'un Etat « renouvelé »
après une révolution, un coup d'Etat ou le renversement d'une dictature. Ex.Ce sont
les exemples de la France en 1789, 1814, 1848, 1870 ou de la Russie en 1917.Le
caractère « novateur » d'une Constitution dans ce cadre doit d'ailleurs être nuancé
car, à moins d'un Etat sortant du néant et ignorant ce qui se passe à côté de lui, il y a
souvent réaction ou mimétisme dans le travail constituant. C'est ainsi que la
Constitution du 4 octobre 1958 s'inscrit contre celle de 1946 et que cette dernière
avait cru s'inscrire contre celle de 1875.Mais il y a aussi mimétisme, c'est-à-dire
imitation, consciente ou inconsciente, des textes antérieurs.Ex.La Charte de 1830
copie en partie celle de 1814, tout en récusant certains points, et la Constitution de
1958 reprend, à propos des dispositions qui ne faisaient pas débat, celle de
1946.Cette nouvelle Constitution est élaborée selon les idées des gouvernants au
pouvoir au moment de l'émergence du nouvel Etat ou du nouveau pouvoir,
gouvernement provisoire, gouvernement révolutionnaire ou, dans le cas d'un coup
d'Etat militaire, junte. Le processus juridique d'élaboration du texte constitutionnel est
alors choisi par eux, de façon en définitive libre. Aucune règle juridique ne les oblige
à choisir une voie plutôt qu'une autre, sauf à admettre des règles qui seraient soit
tirées de la nature, soit tirées de la métaphysique.Le mode d'établissement peut
donc être soit autoritaire, soit plus démocratique.

B) La révision de la constitution La Constitution prévoit souvent elle-même la


possibilité d'être révisée. Une révision partielle peut être préférable à une
modification complète ou à la révolution ou au coup d'Etat. Le pouvoir constituant est
alors dit "dérivé" par rapport au pouvoir constituant originaire. Il est dérivé parce qu'il
découle du texte constitutionnel précédent ou existant et qu'il est enfermé dans des
conditions précises de forme et de procédure comme la majorité qualifiée ou le vote
séparé ou non des assemblées, lorsque ce pouvoir est confié à des assemblées. En
outre, il peut y avoir des conditions de temps (art 89 al 4 de la Constitution de 1958)
ou de fond qui s'imposent à lui : l'article 89 al. 5 interdit ainsi que puisse être modifiée
la forme républicaine du gouvernement. Est-ce à dire alors que le pouvoir constituant
dérivé est moins libre que le pouvoir constituant originaire ? Une réponse positive
pose la question de savoir, dans le cas où il ne respecterait pas les conditions
prévues, si des sanctions pourraient exister et qui pourrait les infliger. Mais il y a tout
d'abord des différences quant à la facilité ou à la difficulté admise pour réviser : il y a
des constitutions « souples » et des constitutions « rigides ».

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