Vous êtes sur la page 1sur 14

Commentaire.

Extraits des Discours sur la première décade de Tite-Live, Machiavel.

Ce texte, extrait des Discours sur la première décade de Tite-Live de Machiavel – écrits
entre 1512 et 1519 –, constitue une réflexion sur la forme républicaine, appuyé sur l’histoire de
Rome selon l’historien Tite-Live. L’ouvrage s’intéresse ainsi à la mise en place d’un système
républicain, au regard de la fondation et du maintien de la république romaine. Les chapitres ici
étudiés se centrent, dans ce cadre de réflexion, sur la dualité entre la figure unique du fondateur,
du « législateur » – ou plus largement du dirigeant – et le peuple.
Cette dualité constitue le cœur du questionnement de ce texte, à savoir la manière dont
ces deux acteurs peuvent contribuer à l’avènement et la perpétuation de la république, dans le
prisme de l’antagonisme qu’ils invoquent dans le sens commun.
Ainsi par ce questionnement, Machiavel cherche à démontrer que c’est l’action
réciproque de ces deux acteurs qui est le cœur du maintien de la république, la forme idéale de
gouvernance. Ici se trouve l’objectif plus large de l’ouvrage, à savoir celui de construire un
prototype d’une république vertueuse, appuyée sur l’expérience de l’Histoire antique. Si cette
thèse ne correspond pas aux dogmes de l’époque, c’est parce que Machiavel marque une rupture
dans la perception philosophique et politique d’un grand nombre de notions, comme l’égalité,
la liberté, la religion, transversales à ce texte.
L’analyse de ces chapitres se divisera en deux grandes parties. La première s’intéressera
au caractère du fondateur et du législateur, son rôle et son action, mais surtout aux moyens qu’il
peut employer pour fonder et asseoir son pouvoir, et son régime, au bénéfice du bien commun ;
y sont concernés les chapitres IX à XXXIV du Livre I, auxquels s’ajoute le chapitre XIII du
Livre II. La seconde se centrera plutôt sur les attributions que Machiavel fait au peuple en tant
qu’ensemble uni, en suivant l’argumentation des chapitres XLVII à LVIII du Livre I.

Page 1 sur 14
Machiavel porte un intérêt particulier à la manière dont sont dirigées les cités, les états,
notamment en raison du contexte politique florentin de l’époque. Face aux multiples crises qui
traversent la ville, l’interrogation du régime idéal et des moyens de son avènement sont le centre
des préoccupations de l’auteur. De plus, son expérience auprès du gouvernement de Soderini
(1498-1512) le plonge au centre du pouvoir, et ses réflexions postérieures, après le retour des
Médicis au pouvoir, sont ainsi un moyen de prouver sa capacité à comprendre la politique et à
participer au pouvoir – en effet les Médicis l’ont écarté de toutes ses fonctions suite à leur
reprise du pouvoir sur Florence en 1512. Ici, il s’intéresse particulièrement à la position du
« législateur » dans la manière par laquelle il va fonder et maintenir son régime. Il affirme
notamment l’importance du pouvoir s’un seul homme, marqué par la vertu et la sagesse.1
L’histoire antique constitue dès l’entrée dans le texte, l’argument d’autorité. En effet,
dès les premiers paragraphes dans le Chapitre IX des Discours, c’est à l’histoire romaine que
le lecteur se confronte. En effet, du contenu jusqu’à son titre, les discours se veulent une étude
de l’histoire de la République romaine, bien qu’ils constituent également une étude plus large
sur la république (Roux, p. 70). L’appui sur une source antique est également un élément
contextuel important, puisque Machiavel se place dans le courant de « l’humanisme civique »2,
dont le but est la recherche de la pérennité de l’état. A l’image de l’humanisme plus large, ces
thèses s’appuient grandement sur les écrits philosophiques et politiques de l’antiquité. On note
cependant déjà une divergence, puisque Machiavel s’appuie sur l’histoire, sur l’expérience,
plutôt que sur la théorie, qui était plus propre à ce courant (Collin, p. 117).
Ici, c’est le cas de Romulus dans la fondation de Rome qui nous intéresse. L’argument
se fait par l’exemple. Le pouvoir de celui qui veut fonder un régime bon n’a pas besoin de limite
et les actions de celui qui s’attèle à cette tâche se justifient, dès lors qu’il ne souhaite pas fonder
une tyrannie. En effet, fonder un tel régime nécessite avant tout une concentration totale du
pouvoir, ce qui rend nécessaire le meurtre d’un frère dans le cas de Romulus. L’argument
initialement présenté pour introduire cette idée est d’une forte violence pour justifier par
l’extrême. C’est une caractéristique importante de la fondation d’un régime : l’amoralisme, à
savoir l’idée que la fin justifierait les moyens, dès lors que l’objectif entre dans le bien commun

1
Si la notion de virtù appartient plutôt à l’analyse faite dans Le Prince, elle joue également dans les discours un
rôle central dans les Discours. Elle couvre un champ de qualités large, notamment la « fermeté de caractère »,
le « courage militaire », « [l’]habileté calculatrice », la « capacité de séduction », « inflexibilité » ou encore la
« force » (Muhlmann, p. 54).
2
L’humanisme civique est une notion apparue sous la plume de Hans Baron, en 1925, sous le nom de
Bürgerhumanismus. Son objectif est de trouver la bonne forme de gouvernement, avec la défense d’idéux
comme la liberté.

Page 2 sur 14
(Nay, p. 150). Ainsi, agir dans l’illégalité pour fonder un régime ne constitue en rien un
problème si le résultat est juste. Cette justice est incarnée par la vertu du législateur.
On peut donc analyser cette vertu par différent éléments. D’abord, le fait de ne pas
fonder une dynastie, l’héritage ne menant qu’au mal. A l’image de Polybe, Machiavel estime
que l’héritage mène à la disparition de la vertu, puisqu’avec l’habitude, l’intérêt personnel et
général se mélangent (Roux, p. 71). Pour Machiavel, un régime peut survivre à un dirigeant
sans vertu, mais pas deux ; hors, l’héritage remet à la Fortune uniquement la vertu du prochain
Prince. De plus, la république ne survit qu’avec l’appui du plus grand nombre, affirmation qui
sera élaborée dans les chapitres postérieurs.
On observe également dans l’affirmation que l’homme a « plus de penchant au mal
qu’au bien » un trait fondamental de la pensée machiavélienne (Nay, p. 149). On observe dans
le détail que ce mal s’incarne dans l’absence de vertu, et plus concrètement dans la priorisation
de l’intérêt personnel sur le bien commun. Le propos peut être nuancé : on peut l’analyser
comme une précaution prise, puisque la supposition de la méchanceté de l’homme appelle à la
construction d’une loi forte (Collin, p. 133), la loi étant centrale chez Machiavel. Cette vision,
et la question de l’ambition des hommes au pouvoir, font aussi partie de ce que l’on peut
qualifier de « pessimisme » chez Machiavel, notamment dans son analyse anthropologique
(Roux, p. 98).
Un élément qui prouve que la volonté de Romulus n’est pas tyrannique est le fait qu’il
s’entoure d’un sénat. Ce point est intéressant puisqu’il répond partiellement à l’affirmation,
montrant la nécessité d’un pouvoir collectif à la suite de la fondation. Est ici introduit un
élément central : si le régime est fondé par un homme – qui plus est déjà qualifié de « Prince » –
qu’il a besoin d’un sénat pour fonctionner, assimilable à une élite, et qu’il ne se maintient que
par le support du « grand nombre », on observe l’indéniable mixité des pouvoirs nécessaire,
que l’on retrouvera au fil du texte3. On retrouve aussi, dans l’idée de conservation par le plus
grand nombre, cette volonté que, par la mixité, « chacun surveille l’autre » (Roux, p. 72). Cette
mixité sera appuyée sous divers angles au cours du texte.
Dans l’exemple, le remplacement du roi romain par des « consuls annuels » est le
dernier élément qui montre l’absence de volonté tyrannique, et qui corrobore la thèse de la
fondation par un. D’un côté, on comprend qu’une république fonctionnelle est vouée à avoir

3
Cette mixité se base sur les trois formes « pures » selon Aristote : démocratie, aristocratie et monarchie
(Skinner, p. 103).

Page 3 sur 14
une direction renouvelée, mais de l’autre, on comprend que c’est l’unicité du législateur – ici,
le roi – qui explique la possibilité même que ce régime soit fondé.
Si d’autres exemples antiques sont invoqués, c’est parce que l’ensemble des fondateurs
inspirent l’œuvre de Machiavel, particulièrement dans Le Prince.4 Ici, la variation de l’exemple
montre à la fois que Rome n’est pas un exemple isolé, mais cherche aussi à affirmer le deuxième
objectif du chapitre. Par l’exemple de Cléomène, il est démontré que c’est aussi la réforme des
institutions devenues corrompues qui passe par le pouvoir d’un seul.
La conclusion de ce chapitre en constitue le sommet argumentatif, notamment par sa
forme. Ici, le blâme est retiré de Romulus pour la mort de son frère, à l’image d’une plaidoirie.
En réalité, le chapitre incarne l’amoralisme5, par la démonstration que tous les moyens sont
autorisés dans l’idée de l’intérêt général. Ce point de vue rompt avec la morale humaniste ; dès
lors, cette rupture s’incarne dans une Défense digne du procès d’un meurtrier – Romulus,
accusé par des moralisateurs. Ainsi, Machiavel fait prévaloir dans ce débat l’amoralisme, loin
du cynisme, qui est nécessaire et peut mener au bien, incarné par le modèle de la République
de Rome.
Pour asseoir son idée de la nécessité du pouvoir d’un seul outre la fondation de Rome,
le chapitre XXXIV s’intéresse à la forme que constitue la dictature6. Ici, Machiavel défend
notamment la loi comme élément central d’une République fonctionnelle. Le chapitre
commence par le retournement une accusation. Cette fois-ci, ce serait celle de la responsabilité
de la dictature dans l’avènement de la tyrannie à Rome7. Cette dictature, en tant qu’institution,
est au contraire tout à fait nécessaire au maintien de la République. C’est sa corruption par
l’homme et ses intérêts qui ont pu mener à ce détournement.
Cette dictature est purement bénéfique tant qu’elle reste légale. En effet, la loi est
l’élément qui évite la corruption. Les institutions, produits de la loi, ne peuvent donc pas être
néfastes. Ainsi, c’est le cadre juridique fort autour de la dictature, à la fois temporel et
institutionnel qui assure son bienfait (Skinner, p. 110). Le risque, en cas d’existence d’un
citoyen trop puissant, est pointé, mais celui-ci sera traité par la suite.

4
Dans Le Prince, œuvre majeure de Machiavel a la même période, l’argumentation se base sur un champs plus
large de fondateurs et Princes, antiques et modernes, dont l’expérience appuie le propos (Skinner, p. 102).
5
Cet amoralisme est questionnable : on parle ici de l’amoralisme dans la pratique du législateur, le fait de ne
plus soumettre l’ensemble des actions à la morale. Cependant, la morale n’est pas absente de l’œuvre de
Machiavel, et apparaît notamment dans la notion de bien commun. Le cynisme, mentionné à la suite, s’éloigne
donc bien de l’amoralisme tel qu’il est ici défini. D’ailleurs, on note aussi que l’amoralisme n’est pas ici immoral :
il ne s’oppose pas à la morale, mais en fait tout simplement abstraction.
6
Ici, dans sa définition romaine, à savoir un régime temporaire de plein pouvoir encadré par la loi.
7
C’est ici la prise de pouvoir par César qui est au cœur du raisonnement. César a en effet établi sa tyrannie en
établissant une dictature à vie.

Page 4 sur 14
De plus, la dictature est non seulement bénéfique, mais tout à fait indispensable, avec
en cause la lenteur de la République. Celle-ci n’est pas apte à répondre à l’urgence, et doit donc
pour sa survie se prémunir d’une telle institution, qui saura mettre en pause temporairement la
légalité, pour assurer une réaction rapide. C’est encore une fois une démonstration de la
nécessité de mixité des pouvoirs.
Pour appuyer, nous sommes placés face à un dilemme : si l’Etat sans dictature se trouve
face à une situation d’urgence, il peut soit passer par ses institutions déjà existantes, et donc se
perdre dans sa lenteur, soit rompre avec ses lois et légitimer l’illégalité, menant à sa perte. Ainsi,
la dictature n’est pas un idéal, mais une nécessité – la notion de necessitas est centrale pour
Machiavel, incarnant la nécessité de rupture avec la morale pour le maintien de l’Etat (Nay, p.
152) – puisque ceci est inévitable. Cette idée est caractéristique du réalisme de Machiavel ; le
réalisme consisterait en l’étude de la république selon « ce qui est » et par l’expérience, plutôt
que par la construction théorique d’un idéal, de ce qui « devrait être » (Nay, p. 151).
L’exemple de Venise montre aussi le besoin de ramener au présent dans
l’argumentation, et la réflexion qui ne se limite pas à Rome, mais bien à la république plus
largement. Venise est alors une république exemplaire pour sa stabilité en Italie. C’est ici le
marqueur de la centralité de l’expérience8, mais aussi de la portée théorique du texte, outre la
simple analyse historique.
Si la conclusion de cette réflexion sur la dictature s’éloigne du titre initial proposé par
le chapitre, elle va au-delà. Le chapitre qui devrait porter sur la non-dangerosité de la dictature
en devient l’apologie9. La dictature est l’une des raisons de la puissance impériale de Rome. De
plus, elle naît du conflit, qui est la source de la loi ; plutôt, la loi et l’institution sont la
cristallisation du conflit à un moment donné (Collin, p. 150). Cependant, le conflit en question
est généralement celui entre le peuple et les « Grands » (Roux, p. 74). Sa mention sous la forme
d’un conflit entre états à la source d’une institution reste caractéristique de cette vision ancrée
dans le réalisme.
A ces deux démonstration, qui affirment la légitimation du pouvoir d’un seul, et la
justification des moyens par l'intérêt général, s’ajoute le chapitre XIII du Livre II, qui appuie
cette théorie en se centrant sur la ruse10. En effet, outre la violence, la ruse est un autre moyen,
qui pourrait être considéré comme illégitime, de mettre en place un régime virtuoso. Ce chapitre

8
Pour machiavel, l’exemple fait loi, à l’image de son argumentation dans Le Prince.
9
L’éloignement du titre face à la conclusion est courante dans les Discours, prouvant parfois un usage important
de la rhétorique pour faire valoir son point de vue (Lefort, p. 11).
10
La défense de la ruse reste cependant plus spécifique son ouvrage Le Prince, dans lequel elle constitue une
thématique centrale (Collin, p. 128)

Page 5 sur 14
vient en effet en complément car il traite, à l’image du IX, des voies de l’avènement d’un régime
et d’un homme au pouvoir.
Ainsi, la ruse constitue un moyen tout aussi important que la force, voire plus, puisqu’il
a été indispensable tous ceux qui n’ont eu la fortune d’hériter d’une position, et qui ont dû y
accéder par eux-mêmes. Selon le même schéma, c’est ici l’expérience antique qui prime,
incarné par des personnages mythiques Phillipe de Macédoine ou Xénophon, corroborée par
des exemples plus proches, comme celui de Giovanni Galeazzo, de la famille Sforza.
Le développement de cette idée se fait principalement dans l’exemple romain qui suit.
Rome n’ayant pas les moyens matériels d’établir sa domination sur les puissances alentours,
elle établit une servitude qui, par la ruse, se fit passer pour une alliance, pour bénéficier de la
force militaire de ses « alliés ». Une fois que ceux-ci s’en rendirent compte, la puissance de
Rome était suffisamment assise. Il faut ici retenir que la ruse remplace, et est même par
nécessité antérieure à la force. Cette ruse est légitimée par le besoin pour Rome – mais plus
généralement pour tous les régimes naissants – d’assurer leur survie dans les premiers temps.
L’ensemble de ces exemples présentés dans cette partie démontrent que tous les moyens
sont bons pour assurer son pouvoir, dès lors que celui-ci se justifie par le bien commun – nous
ne nous trouvons en effet loin du cynisme. On y trouve partout une même motivation, à savoir
la survie, la perpétuation d’un régime. Dès lors, c’est l’apparition en quelque sorte de la
justification par la « Raison d’état »11. Cependant, cette argumentation reste descendante,
puisqu’elle ne montre pour l’instant que les moyens dont bénéficient ceux qui fondent et
dirigent – le Prince, les « Grands » : le peuple constitue le cœur de la seconde partie de
l’argumentation de Machiavel dans ce texte.

Le peuple est, ici, un acteur en tant que tel. Comme dit dans les chapitres précédents, si
la construction d’un régime vertueux appartient à un homme particulièrement sage et fort, le
peuple est l’acteur indispensable à son maintien. Cependant, à l’image du reste de l’œuvre de

11
Ce terme constitue cependant un anachronisme, puisque la « raison d’état » apparaît à la fin du XVIe siècle,
sous la plume de Giovanni Botero. Le principe reste cependant intéressant à analyser dans le prisme des écrits
de Machiavel. Pour ce dernier, la notion de necessitas associée au bien commun correspondent globalement à
cette idée de « raison d’état ».

Page 6 sur 14
Machiavel, le texte s’adresse à la classe dirigeante et porte donc sur la manière dont celle-ci
doit influer sur le peuple pour s’assurer du maintien de son régime12.
Dès son premier exemple, qui introduit le chapitre XLVII, plusieurs informations
structurantes de la pensée de Machiavel ressortent. L’objectif du chapitre est la démonstration
que le peuple se trompe sur les « affaires générales », mais pas sur les « affaires particulières ».
Il illustre immédiatement ce propos avec la volonté pour les plébéiens de s’associer au pouvoir.
Il est dès lors nécessaire d’éclaircir certains propos. Le peuple constitue une classe, face
aux « Grands », tels qu’ils sont nommés. La pensée de Machiavel est donc marquée par un
« antagonisme de classe » (Lefort, p. 10) qui défendent leurs intérêts. Les hommes de toutes
classes sont attachés à leurs intérêts, on ne les distingue pas particulièrement pour cela (Skinner,
p. 86) et ces intérêts peuvent s’opposer. On voit donc ici se former une idée première de « lutte
des classes » (Nay, p. 153), c'est-à-dire une manière d’envisager la société dans sa conflictualité
entre les dominants et les dominés. Cependant, les intérêts des hommes ne sont pas guidés par
la rationalité mais par la passion (Collin, p. 135), et le moyen de contrer cette passion est virtù,
qui arrive par un législateur sage, et se maintient par la loi. La loi et les institutions véhiculent
les idées, et éduquent la population pour qu’elle devienne vertueuse (Roux, p. 74). Mais cette
loi naît elle-même des conflictualités entre les deux classes (Skinner, p. 104 ; Collin, p. 150).
Ainsi, cette « lutte des classes » est fondamentale, parce qu’elle est structurante de tout système
politique, particulièrement dès lors qu’il se fait dans l’intérêt général, et par procuration celui
du peuple. Le conflit constitue réellement un élément majeur de la pensée de Machiavel, mais
surtout de sa rupture avec les conventions humanistes : si l’humanisme prônait la pacification,
la cohésion et la stabilité, Machiavel est convaincu que l’instabilité est inévitable et que le
conflit est au contraire bénéfique puisqu’il appelle à l’encadrement par la loi.
Ici, le peuple cherche à prendre le pouvoir au sein des institutions romaines, puisqu’il
s’en estime légitime – poussé par la passion –, mais se rend compte une fois qu’il peut choisir
ses représentants qu’aucun individu composant ce peuple n’est suffisamment vertueux13 : le
peuple n’est pas individualisé, les individus n’existent qu’au travers de leur classe en tant que
groupe (Collin, p. 145). Ce peuple doit donc s’en remettre aux « Grands » pour la direction des
affaires. Le choix du peuple devient donc « rationnel » par l’uniformisation de la multitude
d’avis individuels ; c’est l’avis commun, général, qui devient intéressant. Ainsi, le peuple ne

12
Les multiples angles pour appréhender ce texte sont intéressants. On peut l’envisager comme un commentaire
de l’histoire romaine, un traité sur les républiques ou un guide politique.
13
Cette perception est à mettre dans le prisme de l’égalité de Machiavel, étudiée à posteriori : le peuple et les
« Grands » ne sont pas égaux dans leur légitimité civique, dans leur dignité.

Page 7 sur 14
peut se prononcer sur les affaires générales, d’où sa délégation aux Princes, mais sait se
prononcer sur les affaires particulières – ce qui est démontré par l’exemple suivant, où, par la
ruse de Pacuvius, le peuple se rend compte qu’il ne peut remplacer les sénateurs qu’il haït
pourtant. On trouve ici une critique forte d’une représentation et d’une égalité que l’on pourrait
qualifier de rousseauiste, dans la mesure où le peuple ne doit pas être réellement représenté. Il
sait plutôt remettre le pouvoir au personnes qui en sont dignes, glorieuses et vertueuses. La
longueur de l’exemple, la manière dont il est développé montrent l’importance de ce
raisonnement. Cette différence entre l’approche générale et particulière est structurante de toute
l’analyse du peuple que fait Machiavel. On note aussi le rôle déterminant du prince qui, par sa
virtù, encadre le peuple pour le maintenir sur une bonne voie, dans un régime sain.
Cet exemple est corroboré par une situation proche de l’auteur, celle de Florence en
149414. Le peuple y critiquait la situation générale, mais dès qu’un citoyen accédait aux affaires,
il se rendait compte de la complexité des cas particuliers et cessait sa critique – on note que
l’individualisation se fait par l’élévation, le peuple restant une unité, quand le citoyen devient
un acteur à part entière. Ainsi, le peuple a des jugements poussés par la passion dans le flou de
la globalité, mais est sage dans le détail : cette thèse présentée auparavant suit là une
démonstration plus poussée, puisque la démonstration se base sur la dualité des positions des
individus, entre peuple et dirigeant. La comparaison par l’expérience est ici la base de
l’argumentation qui démontre le propos présenté tout au long du chapitre.
Ce passage par l’exemple de Florence permet également de parler d’un aspect central
de ce texte : la préoccupation pour Florence (Skinner, p. 111). En effet, comme il a été dit, cet
ouvrage est marqué par le contexte historique florentin. Mais les nombreuses références à
Florence et aux cités alentours qui marquent ce texte – qui se base normalement sur l’étude de
la république romaine – démontrent que leur étude constitue une dimension centrale du texte,
et que la préoccupation pour Florence est en réalité une motivation de l’étude du système
républicain.
Le chapitre suivant répond à l’affirmation que de rares erreurs peuvent se trouver dans
le choix du peuple, auquel cas le Sénat lui présenterait des candidats si vertueux, ou au contraire
si mauvais, que le peuple serait mené à faire un choix prédéterminé. Cette affirmation démontre
deux éléments : tout d’abord, elle légitime une fois de plus l’usage de la ruse, ou plus
généralement de moyens « amoraux » pour assurer une forme de stabilité. Ensuite, d’un point

14
En 1494, le régime des Médicis chute au profit d’une république, qui durera peu, fondé par Savonarole. Cette
année est donc marquée par une forte crise politique.

Page 8 sur 14
de vue plus distancié, elle indique que ce texte n’est pas qu’une description de la forme
républicaine, mais prend un rôle de guide aussi, de « manuel »15. Ainsi, les descriptions peuvent
parfois prendre un sens particulier, en prenant en compte la destinée de l’ouvrage.
Pour continuer son analyse du peuple, Machiavel parle dans le chapitre LV de l’égalité,
une notion qui porte un grand intérêt. En réalité, cette thématique n’est concrètement introduite
qu’après plusieurs paragraphes, où sont soulevés divers questionnements qu’il convient
d’éclairer. Le chapitre porte d’abord admiration de la vertu du peuple romain, avec l’exemple
des dépouilles de Véies, tombé entre les mains des romains, dont un dixième devait être
rapporté par ceux-ci. La vertu se trouve ici dans le respect de la loi, mais aussi dans la manière
de la contester. Bien que cette mesure ne fut pas appliquée, on comprend que l’existence même
d’une telle proposition montre l’honnêteté du peuple. De plus, le désaccord du peuple ne se
serait pas marqué par des pratiques illégales, mais par l’indignation publique.
Ces pratiques seraient liées aux « vertus » et à « l’esprit religieux » de ce peuple. Ces
deux notions sont ici intéressantes. La vertu, dans le cas du peuple, se rapporte principalement
à la loi : elle se caractérise par le respect de la loi, mais est aussi issue de la loi en tant que
moyen d’éduquer ce peuple. La religion constitue un point plus complexe. En effet, à l’image
de l’humanisme italien, la religion est mise à distance16. Cependant, le discours de Machiavel
est plus poussé. Dans la Rome antique, la religion est purement bénéfique : il parle d’une
religion patriotique, dont l’importance est majeure dans la construction du régime, et qui assure
un appui à la loi (Collin, p. 139). Par opposition, le catholicisme prônerait une vie distante de
la réalité, contemplative. Ainsi, elle pousserait à la paresse et détournerait de la vertu (Collin,
p. 117).
Il donne dans le paragraphe suivant la situation contraire, qui est celle de l’Italie de son
époque, mais aussi de la France et de l’Espagne, caractérisées par la corruption. Celle-ci est due
à la « licence des mœurs ». La licence, c’est l’excès de liberté – ce qui peut paraître
contradictoire dans ces régimes – mais qui en réalité prend une définition plus complexe au
prisme de la définition de liberté de Machiavel. Cette liberté s’incarne dans une vision

15
Le « manuel » est le terme plus approprié à l’époque pour parler d’un texte a visé de guide pour les dirigeants.
Le Prince en est un exemple, mais qui marque une autre rupture de Machiavel avec sa tradition. Le « manuel »
était généralement un guide moral, inspiré de la religion, sur la conduite des affaires, éléments auxquels s’oppose
Machiavel dans ses conseils
16
On pourrait ainsi compter deux renaissances. Celle du Sud de l’Europe, du Quattrocento, se marque par
l’autonomisation de la pensée politique, la mise à distance du religieux. On note des questionnements moins
marqués par la religion, notamment dans des contextes de tensions avec le Saint-Siège. Au contraire, la
Renaissance du Nord, postérieure, est fondamentalement religieuse puisque la Réforme en est l’un des éléments
structurants.

Page 9 sur 14
relativement aristotélicienne du terme : la liberté est l’absence de domination (Collin, p. 120).
Mais celle-ci s’incarne en réalité dans la communauté, par le vivere civile, la vie politique
encadrée par la loi. C’est donc cette loi qui donne la liberté, puisqu’elle assure le bien commun
et la non-domination de la communauté, en son sens global (Collin, p. 118). Ainsi, la licence
constituerait une forme d’excès de liberté, qui serait le refus de la soumission à la loi. C’est une
liberté dévastatrice puisqu’elle remet en cause tout ce qui, en réalité, assure cette même
liberté17.
L’exemple suivant, ramené au temps présent, montre une autre expérience de vertu
populaire, cette fois-ci dans les républiques allemandes18. Outre l’appui de l’affirmation
précédente – on note que dans les deux cas, la vertu du citoyen est mise à l’épreuve par des
mesures fiscales –, on tire de ce cas les éléments qui sont la source de la vertu du peuple. Le
premier, bien que peu élaboré dans le texte, constitue un point important de la pensée
machiavélienne : c’est l’indépendance. En effet, s’il est mentionné dès les premières lignes de
l’exemple que celui-ci porte sur des « Etats indépendants », la pensée est explicitée par la suite.
Le premier motif qui rend ce comportement possible est l’isolation de ces territoires de toute
puissance qui puisse corrompre les mœurs – ici, les français, les espagnols et les italiens –, par
le fait qu’ils vivent de leur production.19 La notion d’indépendance et de non-domination est
centrale pour deux raisons. La première est l’importance accordée à la fondation des régimes,
à leur début : une république vertueuse ne peut apparaître que dans une cité qui n’est pas
vassale, pas soumise à l’autorité d’une autre. Là se trouve l’un des principaux défis de Florence,
qui n’a pas été indépendante dès sa fondation. La seconde correspond à l’idée de liberté qui
vient d’être définie ; si la liberté est celle de la communauté qui n’est pas soumise à la
domination d’une puissance, l’indépendance est l’une des clés de son existence, et donc de la
vertu du peuple.
Le second motif de la vertu du peuple revient à l’égalité. La notion d’égalité s’incarne
ici dans le travail : la vie dans l’oisiveté ne devrait pas être permise, puisqu’elle rend impossible
l’existence de république ou de vertu. Cette oisiveté est incarnée les gentilshommes, ceux qui

17
C’est ici l’une des distinctions fondamentales avec Hobbes, qui estime que la liberté se trouve dans tout ce qui
ne dépend pas de la loi. Ainsi, Hobbes estime que l’on renonce à sa liberté au profit de la loi pour vivre avec
sûreté, quand pour Machiavel, on accepte la loi pour s’assurer liberté et sûreté, qui vont en quelque sorte de
pair (Collin, p. 123).
18
L’empire germanique réunit alors une diversité forte de régimes, parmi lesquelles un certain nombre de villes
libres, les Reichstadt, qui adoptent la forme républicaine, comme Augsbourg.
19
Machiavel défend ici une forme d’autarcie pour le maintien d’un système : cette idée peut être vue comme
un marqueur de l’importance que prend le mercantilisme dans la société, et du rôle qu’il a dans la circulation
des idées.

Page 10 sur 14
le sont de fait, qui possèdent des châteaux et dominent des vassaux. On trouve ici les exemples
italiens qui lui sont contemporain, soulignant que l’absence de cette catégorie en Toscane a
permis l’existence des républiques. Ainsi, pour établir une république, cette catégorie est
éliminée. Si cette idée montre bien le pragmatisme, elle rejoint l’exemple des fils de Brutus,
dans Le Prince.20
On observe donc une vision intéressante de l’égalité : l’égalité dans le peuple s’incarne
dans les distinctions matérielles, et surtout dans les dominations internes qui existent.
L’existence de ce genre de « puissants » créent des relations de clientélisme qui corrompent la
société, puisqu’elles concurrencent le pouvoir légitime (Skinner, p. 110). Les autres formes
d’inégalités, notamment dans la répartition des rôles politiques, n’ont pas d’importance,
puisqu’elles se calquent sur la vertu, la dignité, et sont mêmes bénéfiques au bien commun.
Ainsi, pour continuer sur ces exemples, il est estimé que la contribution collective se
fait selon les moyens de chacun – dans un sens plus large que la dimension uniquement fiscale –
et que, dès lors, les contrepouvoirs et l’oisiveté des seigneurs n’est pas envisageable. On note
donc une opposition au féodalisme très forte qui constitue l’un des marqueurs la modernité de
l’auteur (Collin, p. 129).
La conclusion du chapitre porte encore une fois sur un sujet distinct de la thématique
initialement indiquée. En effet, l’observation est ici que la structuration sociale fait varier le
régime qui sera approprié pour la gouvernance. La présence de gentilshommes impose la
monarchie, puisque la domination républicaine basé sur le bien commun ne saurait s’y adapter.
On note aussi une nouvelle forme d’intérêt pour la mixité des régimes, qui constitue un élément
central du régime idéal.
Un autre élément sur lequel il convient de revenir est celui de la fortune, qui émerge
vaguement dans ce chapitre. En effet, dans l’exemple de la Toscane, on note que, malgré les
conditions réunies en terme de structuration sociale, le régime idéal ne s’y est pas imposé.
Machiavel explique ceci avec une notion qui lui est chère : la Fortune. En effet, outre les
conditions nécessaires réunies, la fondation d’un régime sain dépend aussi partiellement – mais
pas entièrement, tel qu’il le souligne – de la chance, du hasard, que constitue le fait de trouver
un homme très vertueux entouré de ces si bonnes conditions (Collin, p. 119 ; Skinner, p. 89).
Le chapitre LVII marque l’apparition de la considération de l’individualité dans le
peuple. En effet, dans la protestation, la multitude s’affirme. Mais sous la menace, celle-ci se

20
Quand Junius Brutus met fin a la tyrannie de Tarquin, il doit éliminer ses propres fils qui bénéficiaient
d’avantages dans cette tyrannie. Il faut ainsi coûte que coûte éliminer ceux qui, par leur intérêt, gagne dans un
régime corrompu (Skinner, p. 107)

Page 11 sur 14
rompt en individus qui prennent peur quant à cette même protestation. La question de la
dangerosité du peuple marque une fois de plus la position que prise dans cette étude, à savoir
le fait que ces réflexions sont destinées à guider les princes. L’élément qui ressort – et qui vient
corroborer ce qui a été développé en première partie – est la nécessité d’un chef : quoi qu’il
arrive, que ce soit pour fonder une république ou mener une protestation, si le pouvoir n’est pas
centralisé chez un dirigeant unique, le projet perd l’ensemble de sa force.
Mais ce chapitre prend plus d’intérêt avec la mise en perspective que propose le suivant,
le chapitre LVIII. En effet, si la dangerosité du peuple toute relative a été traitée, c’est pour
montrer aussi que la multitude présente probablement moins de danger qu’un prince. Et cette
affirmation, qui se veut être une rupture dogmatique, doit donc être introduite par des propos
qui constituent une généralité relativisée, à l’image du chapitre LVII.
On retrouve dans ce chapitre la vision de l’homme caractéristique de Machiavel : les
hommes, sans lois, vont probablement suivre leur propre intérêt. Mais la multitude s’incarne
encore une fois par un processus de raison, issu du croisement de l’ensemble des positions. Le
Prince, s’il n’est pas soumis à la loi21, peut plus facilement dériver que le peuple. Il
complémente cet idée en disant qu’au contraire, le Prince est tout à fait encadré en France ou
dans l’Egypte antique, mais par l’action de la loi. Ainsi, on ne peut comparer des princes soumis
au loi au caractère naturel de la foule. L’interrogation porterait donc sur le caractère du prince
dans la naturalité de la foule.
Le raisonnement porte une fois de plus sur la nature humaine, qui est commune et
soumise à la passion, sinon à la défense d’intérêts propres. Quand les historiens ont cru prouver
l’inconstance de la foule, ils n’ont prouvé que sa raison : l’exemple de Manlius Capitolinus en
est le cas. Cet exemple rejoint d’ailleurs l’idée que le peuple a raison dans les affaires
particulières : si le peuple a regretté les qualités de Manlius Capitolinus après sa mort, c’est
qu’il savait observer le détail de ce qui faisait un bon gouvernant. Pour confirmer cette
rationalité, on peut donc affirmer que l’homme sordide se noie dans la multitude, mais est seul
aux commandes quand il est prince. Dans la même idée, le prince seul est plus corruptible que
la foule. Et même dans la loi, le peuple qui lui est soumis sera plus vertueux que le prince, dont
les passions sont plus nombreuses que celles du peuple.
Ainsi, ce chapitre semble se conclure sur un éloge du peuple dans sa globalité, comme
assurant le bon régime, plus que le prince. En réalité, on retombe, mais sous un autre angle, sur
la conclusion de la partie précédente. L’homme vertueux s’accaparant tous les pouvoirs est

21
On peut ici questionner la souveraineté chez Machiavel, qui s’oppose aussi à Hobbes, dans la mesure où le
régime est constamment soumis à la loi (Collin, p. 123)

Page 12 sur 14
indispensable à la fondation d’un régime sain, mais seul revient au peuple le maintien de ce
régime. En outre, malgré tout ce qui a été pensé du peuple – ici, par les historiens romains, mais
plus largement au Moyen-Âge22 – rompt avec de nombreuses idées qui lui sont précédentes
dans le rôle indispensable de ce peuple, et donc dans la nécessité d’envisager la république
comme populaire.

La division de la société en deux groupes – les « Grands » et le peuple – leur


conflictualité et leur complémentarité constituent le cœur de l’argumentation de Machiavel sur
ces divers chapitres. En effet, si la première partie s’intéresse plutôt au caractère du prince, la
seconde démontre l’indispensabilité du peuple. Par ces deux champs qui structurent ces divers
chapitres, de nombreuses notions majeures de la pensée machiavélienne ont été rencontrées.
Ainsi, la définition de la liberté, de l’égalité, de la vertu, de la nécessité, du rôle du conflit ou
encore du rôle de la loi s’inscrivent dans le cadre de cette division déjà originale de la société
en deux classes. L’analyse de ce texte demande le traitement d’un grand nombre de définitions
par lesquelles il marque une rupture avec son temps, mais qui n’acquièrent pas le sens qu’elles
ont à l’heure actuelle. L’analyse historique se retrouve dans une position intéressante où elle ne
constitue pas le fond de l’œuvre mais sert d’appui constant à la démonstration. On observe ici
l’importance du réalisme chez Machiavel, où l’argumentation passe principalement par
l’expérience.

22
Dans la vision politique du Moyen-Âge, le peuple est vu comme passif. C’est l’humanisme qui redonnera, sous
l’idée de citoyenneté, une force active au peuple. Et Machiavel en fait d’autant plus qu’il en revendique la
constance.

Page 13 sur 14
Bibliographie.
 Collin, Denis. « Chapitre V. Un républicanisme anomal », Comprendre Machiavel. sous
la direction de Collin Denis. Malakoff , Armand Colin, 2008, pp. 115-154.
 Lefort Claude. « Préface ». In Machiavel Nicolas. Discours sur la première décade de
Tite-Live. Paris, Berger-Levrault, coll. « Stratégie », 1980.
 Muhlmann, Géraldine, Pisier, Evelyne, Châteler, Françoise, Duhamel, Olivier. Histoire
des idées politiques. Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Quadrige », 2012
(1ère édition : 1982).
 Nay, Olivier. Histoire des idées politiques. Malakoff, Armand Colin, 2016.
 Roux, Emmanuel. Machiavel, la vie libre. Paris, Editions Raison d’Agir, coll. « Cours
& Travaux », 2013.
 Skinner, Quentin. Machiavel. Paris, Editions du Seuil, 2001 (1ère édition : 1981).

Page 14 sur 14

Vous aimerez peut-être aussi