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Le Socialisme Juridique D'emmanuel Lévy: Droit Et Societe January 2004
Le Socialisme Juridique D'emmanuel Lévy: Droit Et Societe January 2004
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Carlos Herrera
Université de Cergy-Pontoise
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Résumé L’auteur
L’œuvre d’Emmanuel Lévy représente l’une des tentatives les plus sys- Membre junior de l’Institut Uni-
tématiques pour construire une théorie du socialisme juridique. En ef- versitaire de France. Professeur
fet, cet auteur est le seul représentant de ce courant à faire œuvre de à l’Université de Cergy-Pontoise
et directeur du Centre de Philo-
doctrine dans les Facultés de droit, qui plus est, en droit privé. Toute-
sophie Juridique et Politique.
fois, il s’agit d’une pensée qui s’inscrit dans une histoire à la fois du Ses travaux de recherche
socialisme juridique et de la politique réformiste du socialisme fran- portent sur l’entre-deux des
çais autour de 1900. C’est ainsi que d’autres visions socialistes du concepts juridiques et de la
droit se développent, ceci entre deux pôles extrêmes : l’éthique et politique.
© Éditions juridiques associées | Téléchargé le 28/01/2021 sur www.cairn.info (IP: 109.12.248.96)
1. Appellation consacrée déjà par Julien BONNECASE, La pensée juridique française de 1804 à
l’heure présente : ses variations et ses traits essentiels, Bordeaux, Delmas, 1933, tome 2, p. 236.
2. Comme c’est le cas chez Paul ROUBIER, « Emmanuel Lévy, professeur honoraire à la Faculté de
droit de Lyon (1871-1944) », Annales de l’Université de Lyon, 1943-1944, p. 62. Lévy, militant actif
de la SFIO du Rhône, est élu conseiller municipal en 1912, et devient plus tard premier adjoint au
maire de Lyon, chargé de l’Assistance publique (jusqu’en 1924). Il abandonne son mandat munici-
pal à la fin des années 1920.
3. Même au XIXe siècle, le seul membre des facultés de droit ayant eu des sympathies explicites
pour le socialisme semble avoir été Émile Acollas ; voir Nicole et André-Jean ARNAUD, « Le socia-
lisme juridique à la “Belle Époque” : visages d’une aberration », Quaderni fiorentini per la storia
del pensiero giuridico moderne, 3-4, 1974-1975 (« Il “Socialismo giuridico”. Ipotesi e letture »),
p. 25-54 (on peut voir aussi, des mêmes auteurs, « Une doctrine de l’État tranquillisante : le soli-
darisme juridique », Archives de philosophie du droit, tome 21, 1976, p. 131-151. L’un et l’autre
article ont été repris dans André-Jean ARNAUD [avec Nicole ARNAUD-DUC], Le droit trahi par la phi-
losophie, Rouen, CESPJ, 1977, chapitre 3 : « De quelques alternatives historiques et de leurs sui-
tes », p. 113-166) ; Carlos Miguel HERRERA « Par le droit, au-delà du droit ? Sur les origines du so-
cialisme juridique en France », in ID. (sélection et introduction), Par le droit, au-delà du droit. Tex-
tes sur le socialisme juridique, Paris, Kimé, 2003, texte auquel nous empruntons quelques passa-
ges en première partie.
6. Pierre-Joseph PROUDHON, De la capacité politique des classes ouvrières [1865], Paris, éd. du
Monde libertaire, 1977, tome 1, p. 91, 180, 199 ; I D., De la justice dans la Révolution et dans l’Église
[1858], Paris, Fayard, 1988, tome 1, p. 89, 150-152, 299.
7. Ferdinand LASSALLE, Théorie systématique des droits acquis [1861], Paris, Giard et Brière, 1904,
tome 1, p. 198, 212.
8. Charles ANDLER, « Introduction », in Anton M ENGER, L’État socialiste [1902], Paris, SNLE, 1904,
p. I-II. Sur la problématique juridique chez Jaurès, voir Carlos Miguel HERRERA, « Jaurès et l’idée de
droit social », Cahiers Jean Jaurès, 2000.
9. Anton MENGER, Le droit au produit intégral du travail [1886], Paris, Giard et Brière, 1900, p. 14
et suiv.
10. Joseph HITIER, « La dernière évolution doctrinale du socialisme. Le socialisme juridique », Re-
vue d’économie politique, 1906 ; Edmond LASKINE, « Die Entwicklung des juristischen Sozialis-
mus », Archiv für die Geschichte des Sozialismus und der Arbeiterbewegung, 1913.
11. Cf. Carlos Miguel HERRERA, « Par le droit, au-delà du droit ? », op. cit., p. 13 et suiv.
12. Cf. INSTITUT CGT D’HISTOIRE SOCIALE, 1906. Le Congrès de la Charte d’Amiens, Paris, éd. de
l’Institut CGT d’histoire sociale, 1983, p. 279.
13. Voir en particulier André M ATER, « L’État socialiste et la théorie de la gestion » [1903] et
« Sources et origines juridiques du socialisme » [1903], in Par le droit, au-delà du droit. Textes sur
le socialisme juridique, op. cit., p. 101-163. Les idées de Mater, bien qu’elles soient placées au cen-
tre du socialisme juridique par ses premiers commentateurs, n’auront d’écho que chez des socia-
listes du même cercle. Sur Mater, cf. Carlos Miguel HERRERA, « Socialisme juridique et droit admi-
nistratif », in ID., Droit et gauche. Pour une identification, op. cit.
14. Ainsi, dans une lettre du 12 juin 1903, Sorel insiste sur le fait que l’École de droit et
l’approche sociale des juristes proches des radicaux ou de catholiques sociaux sont des ennemis
« infiniment plus dangereux que les réactionnaires décidés ». Deux mois plus tard, par le même
biais, il dénonce les analyses socialistes qui soutiennent une jurisprudence en faveur des faibles,
et notamment Jaurès, dont l’idéal est de « forcer les juges à marcher comme des tambours (lettre
du 10 août 1903). En ce sens, il soutient que le droit ouvrier n’est pas celui qui règle les rapports
entre ouvriers et patrons, une terminologie « fondée sur l’idée de la fusion des classes » et qui
place les ouvriers dans une situation de minorité sociale ; le droit ouvrier « est celui qui a rapport
aux relations des prolétaires entre eux » (lettre du 30 mai 1905). Cf. « Lettere di Giorgio Sorel a
Uberto Lagardelle », Educazione fascista, 1933, p. 334, 507-508, 761. Sur ce courant, voir notre
communication à la Journée « Georges Sorel, le droit et la postérité juridique du syndicalisme » (à
paraître). Sur Lagardelle, voir Christine BONEAU, Hubert Lagardelle, un bourgeois révolutionnaire et
son temps, Saint-Pierre du Mont, Eurédit, 2000.
15. Georges SOREL, « Grèves et droit au travail », in ID., Matériaux d’une théorie du prolétariat
[1919], Paris, Rivière, 1929, p. 407.
16. Les difficultés avec le style de Lévy se muent alors en basse attaque antisémite : « J’ai lu une
brochure d’Emmanuel Lévy : “Capital et travail”, dont L’Humanité a fait un éloge monumental. Je
me demande si Lévy comprend bien ce qu’il écrit. Je crois avoir observé que, très souvent, les
juifs ne comprenaient évidemment pas leurs théories ; ils ajoutent de lambeaux de phrases sans
penser [...]. Les raisonnements juifs sont, bien plus souvent qu’on ne croît, des raisonnements
d’hémiplégiques » (lettre de Georges Sorel à Hubert Lagardelle du 18 septembre 1909, publiée
dans Educazione fascista, op. cit., p. 972). À noter que Albert Thomas, l’auteur du compte rendu,
dédie le dernier paragraphe de son analyse à regretter les obscurités du style de Lévy.
17. Maxime LEROY, La loi. Essai sur la théorie de l’autorité dans la démocratie, Paris, Giard et
Brière, 1909, p. 258-261. Sur Leroy, voir ma communication à la Journée « Georges Sorel », op. cit.
18. Maxime LEROY, Le code civil et le droit nouveau, Paris, SNLE, 1904, p. 59, 114, 117.
19. Maxime LEROY, La coutume ouvrière, Paris, Giard et Brière, 1913, tome 1, p. 28, 42 ; tome 2,
p. 603, 684.
20. Emmanuel LÉVY, « La grève et l’entente », Questions pratiques de législation ouvrière, 1911,
p. 19.
21. Emmanuel LÉVY, « Sur la constitution juridique du parti », La Revue socialiste, 1912, p. 428.
22. Les rapports entre et Leroy et Lévy ne semblent pas avoir été simples. Ce dernier, dans sa
correspondance avec Mauss, laisse entrevoir une certaine antipathie, du moins « une concur-
rence », comme l’écrit Lévy lui-même. Au début des années 1910, ils seront associés, sous l’égide
de Lagardelle, dans l’éphémère revue Questions pratiques de droit international privé, où Leroy
figure parmi les éditeurs et Lévy parmi les principaux collaborateurs. Pour les directeurs, le droit
international privé « est peut-être, de tous les droits, le plus près de la vie », analyse validée par
Lévy qui considère qu’il apparaît « comme la discipline la plus conforme au développement du
droit privé et aussi du droit public, dans un milieu où l’État et les rapports entre les États sont
dominés par l’économie » (cf. Emmanuel LÉVY, « Sur le droit international privé », Questions prati-
ques de droit international privé, 1913, p. 360).
23. L’affiche, qui se trouve aux Archives nationales, est reproduite dans Jacques JULLIARD, Clémen-
ceau, briseur de grèves, Paris, Julliard, 1965.
24. Et même du syndicalisme, ce qui n’avait pas échappé à Albert Thomas : « Ce qui
m’apparaissait, au vrai, à la lecture de ces pages, c’est qu’au moment même où tant de camarades
se soucient de la conciliation nécessaire entre militants syndicalistes “réformistes” ou “ révolu-
tionnaires”, Emmanuel Lévy donnait, pour ainsi dire, au syndicalisme la doctrine cohérente, où se
trouvent justifiés supérieurement et indissolublement unis les principes révolutionnaires et les
pratiques réformatrices qui doivent s’imposer à tous » (Albert THOMAS « Capital et Travail »,
L’Humanité, le 7 septembre 1909).
25. Dans le même sens, Ludovic Frobert fait une périodisation de l’œuvre de Lévy en trois mo-
ments, dont le premier, 1896-1899, n’inclut pas l’élaboration du socialisme juridique. Cf. Ludovic
FROBERT, « Emmanuel Lévy (1870-1944) », in Ludovic F ROBERT, André TIRAN et Jean-Pierre POTIER
(sous la dir.), Économistes en Lyonnais, en Dauphiné et en Forez, Lyon, Institut des sciences de
l’homme, 2000, p. 198 et suiv.
26. Emmanuel LÉVY, « L’affirmation du droit collectif » [1903], in Par le droit, au-delà du droit.
Textes sur le socialisme juridique, op. cit., p. 171. Dans sa thèse déjà, Lévy affirmait que « ce sont
les faits qu’il faut observer, c’est sur les principes qu’il faut raisonner », incluant dans ces faits
les besoins, les idées, les croyances ; cf. Emmanuel LÉVY, Sur l’idée de transmission de droits (À
propos de la preuve de la propriété immobilière), Paris, A. Pedone, 1896, p. 165.
27. Emmanuel LÉVY, « Le droit du locataire et sa réalité », Le Mouvement socialiste, 1912, p. 83.
28. Emmanuel LÉVY, « Construction sociale du droit » [1931], in ID., Les fondements du droit, Paris,
Alcan, 2e éd., 1939, p. 152 ; ID., Sur l’idée de transmission de droits (À propos de la preuve de la
propriété immobilière), op. cit., p. 107 ; ID., « La grève et l’entente », op. cit., p. 20.
29. Emmanuel LÉVY, « Sur le droit international privé », op. cit., p. 361.
30. Voir Carlos Miguel HERRERA, « Socialisme juridique et droit naturel. À propos d’Emmanuel Lé-
vy », in ID. (sous la dir.), Les juristes face au politique. Le droit, la gauche, la doctrine sous la IIIe
République, Paris, Kimé, 2002, p. 69-70, auquel nous empruntons souvent dans cette deuxième
partie.
31. Emmanuel LÉVY, Capital et Travail, Paris, Les Cahiers du socialiste, 1909, p. 9.
32. Ibid., p. 13.
33. Emmanuel LÉVY, « L’affirmation du droit collectif », in Par le droit, au-delà du droit. Textes sur
le socialisme juridique, op. cit., p. 176.
34. Emmanuel LÉVY, « Le socialisme réformiste (à propos du Congrès de Dresde) », Questions pra-
tiques de législation ouvrière, 1905, p. 371.
35. Emmanuel LÉVY, « Responsabilité et contrat » [1899], in ID., La vision socialiste du droit, Paris,
Giard, 1926, p. 82.
36. Emmanuel LÉVY, Sur l’idée de transmission de droits (À propos de la preuve de la propriété im-
mobilière), op. cit., p. 112.
37. Emmanuel LÉVY, Introduction au droit naturel, Paris, éd. de la Sirène, 1922, p. 6-7.
38. Emmanuel LÉVY, « Le lien juridique », Revue de métaphysique et de morale, 1910, p. 825-826.
39. Emmanuel LÉVY, Capital et Travail, op. cit., p. 10-11.
40. Emmanuel LÉVY, « La personne et le patrimoine », La Revue socialiste, 1911, p. 549. Son droit,
dit-il, se manifeste négativement par la grève. C’est elle qui affirme le caractère collectif du
contrat de travail.
41. Emmanuel LÉVY, Capital et Travail, op. cit., p. 27.
42. Emmanuel LÉVY, « L’affirmation du droit collectif », in Par le droit, au-delà du droit. Textes sur
le socialisme juridique, op. cit., p. 168.
43. Emmanuel LÉVY, Capital et Travail, op. cit., p. 9.
44. Emmanuel LÉVY, « Le lien juridique », op. cit., p. 826.
49. Cf. Charles ANDLER, « Préface », in Emmanuel LÉVY, L’affirmation du droit collectif, Paris, SNLE,
1903, p. 4.
50. Emmanuel LÉVY, La paix par la justice. Éléments d’une doctrine du droit, Paris, Giard, 1929,
p. 4, 13.
51. Emmanuel LÉVY, « Analyse sociale du change », Le Mouvement socialiste, 1912, p. 165.
66. Émile DURKHEIM, Les règles de la méthode sociologique [1895], Paris, Alcan, 1938, p. 150. Lévy
cite l’ouvrage dès sa thèse ; plus tard, dans un texte occasionnel, il écrit : « Sa méthode est, parti-
culièrement pour un juriste, une méthode libératrice de tout dogme réactionnaire. »
67. Emmanuel LÉVY, « La grève et l’entente », op. cit., p. 20.
68. Emmanuel LÉVY, « La grève et le contrat », La Revue socialiste, 1911, p. 126. Le patrimoine est
alors « un ensemble de biens qui sont l’objet et les gages des mêmes rapports de confiance ».
69. Emmanuel LÉVY, Sur l’idée de transmission de droits (À propos de la preuve de la propriété im-
mobilière), op. cit., p. 106, p. 90.
70. Georges DAVY, Le droit, l’idéalisme et l’expérience, Paris, Alcan, 1922, p. 161-163. Pour Davy, en
effet, « il suffit de croire à la réalité de la conscience collective pour rendre compte objectivement
de ce que le droit contient d’idéal ».
71. Emmanuel LÉVY, Introduction au droit naturel, op. cit., p. 20.
72. Emmanuel LÉVY, « Sur la constitution juridique du parti », op. cit., p. 428.