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VERECHAGUINE A.K.

ECOLE SUPERIEURE DE GENIE CIVIL (E.S.G.C.-V.A.K.)


02 BP 244 / Tél : (229) 21-30-69-17 / Fax : (229) 21-30-69-08 / www.verechaguine.com / e-mail : verechaguine@yahoo.fr
Agréée par Arrêtés N° 0135 / 0136/MENRS/CAB/DC/SP du 18/10/99 et N°0127/MESRS/CAB/DC/SGM/DPP/DESUPSP du 29/12/04

CYCLE DE MASTER PROFESSIONNEL

COURS DE RESISTANCE DES


MATERIAUX APPROFONDIE
(R.D.M.A)

Enseignant : Pr GBAGUIDI AÏSSE Gérard L.


Professeur Titulaire des Universités CAMES

Assistant : O. Farouk DJIBRIL


Objectifs du cours
Amener l’étudiant à approfondir ses connaissances et élaborer une solide
base théorique indispensable pour la maîtrise de la Résistance des Matériaux, à
s’approprier l’origine et les fondements des équations des différentes méthodes
de calcul de structures de la Résistance des Matériaux.
Calculer les systèmes hyperstatiques sous forme de portiques et des poutres
continues par les méthodes modernes et classiques de calcul des structures.
L’apprenant doit aussi maîtriser le calcul matriciel, savoir ce que c’est
qu’une matrice de rigidité et pouvoir les déterminer dans le cas de n’importe quel
type de structures.

Contenu du cours
Chapitre I : Révisions de quelques méthodes classiques
Chapitre I-1 : Méthode des 03 moments de Clapeyron ;
Chapitre I-2 : Résolution des systèmes hyperstatiques par la méthode des
forces ;
Chapitre I-3 : Résolution des systèmes hyperstatiques par la méthode des
déplacements.
Chapitre II : Résolution des poutres continues à rotules internes
Chapitre III : Résolution des systèmes hyperstatiques par la méthode de Hardy
Cross
Chapitre IV : Méthode Mixte de résolution des systèmes hyperstatiques
Chapitre V : Résolution des systèmes isostatiques par calcul matriciel
Chapitre VI : Résolution des systèmes hyperstatiques par calcul matriciel

1
Chapitre I : Révisions de quelques méthodes classiques
I-2 : Méthodes des forces
Introduction
La méthode générale la plus utilisée pour résoudre les systèmes hyperstatiques est
la méthode des forces. Elle consiste en ce que le système hyperstatique donné est
libéré des liaisons surabondantes aussi bien extérieures qu’intérieures, leurs
actions étant remplacées par des forces et des moments. Leurs grandeurs sont
choisies de manière que les déplacements dans le système répondent aux
restrictions imposées au système par les liaisons supprimées. Par conséquent, dans
ce procédé de résolution les inconnues sont les forces. Ceci explique l’appellation
« Méthode des forces ». La résolution des systèmes hyperstatiques passe par
l’établissement d’équations complémentaires des déplacements. L’essence de ces
équations est d’exprimer l’égalité à zéro des déplacements dans le sens respectif
des inconnues superflues. Lorsqu’elles sont écrites de façon ordonnée elles
prennent le nom d’équation canonique.

I –Degré d’hyperstatisme : Indétermination


On peut faire usage des formules suivantes :
L = - 3D + 2 W + C0
ou
L = + 3.K – C
D – le nombre de disque
W – le nombre de rotules internes
C0 – le nombre de réactions d’appui
K – le nombre de contours fermés
C – le nombre de rotules (rotules internes, externes et glissements)

NB. : On appelle contours fermés un système composé d’éléments droits ou


curvilignes rigidement liés (sans rotules)

2
Désignons par Bik les déplacements réciproques des points du système. Le
premier indice de B correspond à la direction du déplacement et le second à la
force provoquant ce déplacement. Par suite à la proportionnalité du déplacement
et de la force correspondante, on peut donc écrire pour la totalité du système on
doit avoir :

Ces équations sont celles appelées équations canoniques puisqu’elles sont rangées
dans un ordre. L’essence physique de l’équation canonique, c’est de retenir que
le déplacement dans la direction où la liaison a été rompue est égal à zéro.

B11 : déplacement dans la direction X1 sous l’effet de la force X1


B12 : déplacement dans la direction X1 sous l’effet de la force X2
B22 : déplacement dans la direction X2 sous l’effet de la force X2
B21 : déplacement dans la direction X2 sous l’effet de la force X1
Les différents coefficients Bik sont calculés à l’aide des intégrales de Mohr

NB: On se servira de la méthode de Véréchaguine pour calculer les intégrales


de Mohr.
Bik = Bki (réciprocité des déplacements). En effet ces déplacements résultent
d’une seule et même force égale à l’unité.

Exemple : B12 = B21

3
II. CHEMINEMENT POUR LA RESOLUTION DES SYSTEMES
HYPERSTATIQUES PAR LA METHODE DES FORCES
1) Détermination des liaisons surabondantes
2) Choix du système de base
3) Formation des équations canoniques
4) Calcul des coefficients et leur vérification (preuve)
5) Résolution des équations
6) Construction des épures

Exercice d’application

1. Degré d’hyperstaticité
L= -3D + 2W + C0
= -3*1+2*0+5
L=2 : le système est hyperstatique de degré 2

2. Système de base

4
3. Tracé des épures unitaires et épures de charges extérieures

5
4. Formation des équations canoniques et calcul des coefficients

𝐵11 𝑋1 + 𝐵12 𝑋2 + ∆1𝑞 + ∆1𝑝 = 0


{
𝐵21 𝑋1 + 𝐵22 𝑋2 + ∆2𝑞 + ∆2𝑝 = 0

1  4*4 2*4  21,333 4 53,333


B11   *  ; B12  B21   2*4*8  4*4   ;
EI  2 3  EI 6EI EI

1  8*8 2*3  170, 667 1  32*4 32*4 3*4  128, 00


B22   *  ; 1q    *4  *  ;
EI  2 3  EI EI  3 3 4  EI

1  32*4*4 32*4 3*4  298, 667


 2q     *  ;
EI  3 3 4  EI

4 414, 667
1P    2*62,5*4  0  4*30,50  0    ;
6EI EI

6 2 1321,333
 2P    2*62,50*8  2*2*14,50  8*14,50  62,50*2   (2*2*14,5  2*4,5)  
6EI 6EI EI

Calcul des coefficients 1P et  2P : utilisation de la formule des trapèzes

6
5- Détermination des inconnues

Soit à résoudre le système suivant :

 21,333X1  53,333X 2  128, 00  414, 667  0  X  7,81


  1
53,333X1  170, 667X 2  298, 667  1321,333  0 X 2  7, 05

6- Epures corrigées

7. Epures résultantes

Mrés = M1X1+ M2X2 + Mq + MP

7
8
Chapitre I-2 : Méthode des déplacements

Introduction

La méthode des déplacements est très utilisée comme la méthode des forces pour
la résolution des systèmes hyperstatiques. Si dans la méthode des forces, les
liaisons surabondantes sont remplacées par des forces X1, X2…..Xn unitaires, les
inconnues dans la méthode des déplacements seront constituées des déformations
angulaires des nœuds et de leurs déplacements éventuels.
L’indétermination par la MD est donnée par la formule :
L’ = LA + LD

L’ : est appelé l’indétermination cinématique du système
LA : est le nombre de nœuds (point de concours des barres) rigides.

Nœud rigide (encastrement M  0) Nœud articulé (M = 0)

LD : est le nombre de déplacements linéaires du système

Portique à nœuds déplaçables Portique à nœuds non déplaçables

9
2-1- Hypothèses de la méthode des déplacements

1- Les déformations dues aux efforts normaux sont négligeables par rapport
aux déformations engendrées par la flexion ;
2- Les déformations dues aux efforts tranchants sont négligeables par rapport
aux déformations émanant de la flexion ;
3- Les barres constituant le système gardent leur longueur après les
déformations (sollicitations).

2.2- Détermination du degré d’indétermination cinématique L’


L’= LA +LD
LA : nombre de nœuds rigides
LD = 2N0 – C0 – D ;
Pour déterminer LD, on introduit dans le système donné des rotules au niveau des
nœuds rigides et dans les appuis s’ils sont encastrés.

Ensuite on évalue N0 ; C0 et D
N0 : le nombre total de nœuds y compris les appuis

C0 : le nombre de réactions dans le système « rotulé »

D : le nombre de disques allant de rotule à rotule.

10
Exercice d’application
On vous demande de tracer les trois ordres d’épures du portique ci-dessous
chargée par une force uniformément répartie.

Résolution
1. Degré d’hyperstaticité
L’ = LA + LD
Avec LA (nœud rigide) = 1
LD (déplacement linéique) = 2NO – CO – D
= 2(4) – 4 – 3
LD = 1
L’ = 2 d’où le système est hyperstatique de degré 2.

11
2. Système de base :

3. Tracé des épures unitaires et des charges extérieures :

4. Formation des équations canoniques et calcul des coefficients

 r11Z1  r12 Z2  R1q  0



r21Z1  r22 Z2  R 2q  0

12
r11  0,375EI ; r12  0,375EI ; r21  0,375EI ; r22  0, 234EI ; R1q  20, 25 ; R 2q  0 ;

0,375Z1  0,375Z2  20, 25  0 22,50 36, 06


  Z1  et Z2 
 0,375Z1  0, 234Z2  0  0 EI EI

5. Épures corrigés

6. Tracé des 03 ordres d’épures (Mrés, Trés et Nrés) :

6.1. Diagramme des moments fléchissants

13
6.2. Diagramme des efforts tranchants et des efforts normaux

14
Chapitre II : Résolution des poutres continues à rotules internes

2.1. Système étagé

15
2.2. Tracé des diagrammes des efforts internes des systèmes isostatiques
obtenus

16
17
2.3. Epures résultantes des moments fléchissants et des efforts
tranchants du système

Exercices

q1= 8 kN/m F1= 50 kN


q2= 10 kN/m F2 = 30 kN

F1= 60 kN q1= 12 kN/m q2 = 9


F2 = 12 kN
m = 6 kN.m

F1= 50 kN
q2= 9 kN/m
q1= 18 kN/m
F2 = 16 kN

18
q1= 14 kN/m q2= 20 kN/m
F1= 70 kN F2 = 14 kN

m = 5 kN.m

q1= 9 kN/m F1= 80 kN q2= 12 kN/m F2 = 16 kN

q1= 12kN/m q2= 18 kN/m F = 30 kN

F1= 60 kN q2= 12 kN/m


q1= 9 kN/m

19
Chapitre III: Méthode de Hardy Cross
Introduction
3.1. Principe de la méthode
La méthode mise au point par Cross est basée sur le procédé mathématique de
résolution par approximations successives des systèmes linéaires. Pour bien
montrer le principe de la méthode, on raisonnera sur le cas des nœuds fixes (nœuds
non déplaçables).
On suppose qu’à l’état initial, les nœuds de la structure sont bloqués et ne
peuvent subir aucune rotation. Après application des charges, libérons
successivement chacun des nœuds, et laissons-le tourner puis bloquons-le à
nouveau avant de passer au nœud suivant.
Ces opérations sont répétées jusqu’à ce que la libération des nœuds ne
provoque plus de rotation. Cela signifie alors que l’état d’équilibre est atteint.
Notons que dans l’exécution pratique de la méthode le calcul des rotations n’est
pas explicité, on travail directement sur les moments agissants des nœuds.

3.2. Convention des signes


Vu le caractère systématique de la méthode on adopte pour le moment
fléchissants, une convention de celle différente de la RDM. Un moment sera
considéré comme positif s’il tend à provoquer une rotation dans le sens
trigonométrique.

3.3. Répartition des moments autour d’un Nœud


Considération un Nœud A qui ne subit pas de translation auquel abouti des
barres qui sont encastrés ou rotulés à leurs autres extrémités.

20
3.3.1. Exemple

3.3.2. Degré d’hyperstaticité : LA=1 ; LD=0 ; L’=1

3.3.3. Système de base

21
3.3.4. Epures unitaires

𝑀𝐴𝐵 = 4𝑖𝐴𝐵 ; 𝑀𝐴𝐶 = 4𝑖𝐴𝐶 ; 𝑀𝐴𝐷 = 4𝑖𝐴𝐷

4. Coefficients de rigidité (𝒌𝒊𝒋 )


Le coefficient de rigidité d’un moment est égal au quart de sa valeur (1/4).

1 1 1 1 3
𝑘𝐴𝐵 = 𝑀𝐴𝐵 = 4𝑖𝐴𝐵 = 𝑖𝐴𝐵 ; 𝑘𝐴𝐶 = 𝑀𝐴𝐶 = 3𝑖𝐴𝐶 = 𝑖𝐴𝐶 ;
4 4 4 4 4
1 1
𝑘𝐴𝐷 = 𝑀𝑖𝐴𝐷 = 4𝑖𝐴𝐷 = 𝑖𝐴𝐷
4 4

5. Coefficient de répartition (𝝁𝒊𝒋 )


Le coefficient de répartition d’un moment est le rapport du coefficient de rigidité
de ce moment à la somme des coefficients de rigidité des barres concourants à ce
nœud.
𝑘𝐴𝐵 𝑘𝐴𝐶 𝑘𝐴𝐷
𝜇𝐴𝐵 = ; 𝜇𝐴𝐶 = ; 𝜇𝐴𝐷 =
𝑘𝐴𝐵 +𝑘𝐴𝐶 +𝑘𝐴𝐷 𝑘𝐴𝐵 +𝑘𝐴𝐶 +𝑘𝐴𝐷 𝑘𝐴𝐵 +𝑘𝐴𝐶 +𝑘𝐴𝐷

La somme des coefficients de répartition pour un nœud donné donne toujours 1.

22
6. Coefficient de transmission (𝝀𝒊𝒋 )
C’est le rapport du moment à l’extrémité de la barre au moment présent au nœud
rigide de cette barre.
𝑀𝐵𝐴 2𝑖𝐵𝐴 1 𝑀𝐶𝐴 0
𝜆𝐴𝐵 = = = ; 𝜆𝐴𝐶 = = = 0;
𝑀𝐴𝐵 4𝑖𝐴𝐵 2 𝑀𝐴𝐶 3𝑖𝐴𝐶
𝑀𝐷𝐴 2𝑖𝐷𝐴 1
𝜆𝐴𝐷 = = =
𝑀𝐴𝐷 4𝑖𝐴𝐷 4

NB : les coefficients de rigidité 𝒌𝒊𝒋 , de répartition 𝝁𝒊𝒋 et de transmission ne se


calcul que pour les nœuds rigide i.

𝒌𝒊𝒋 =𝒌𝒋𝒊 (il s’agit de la même barre)


𝝁𝒊𝒋 =𝝁𝒋𝒊
𝝀𝒊𝒋 ≠ 𝝀𝒊𝒋
Au niveau du tableau des approximations successives, l’on arrêtera les calculs
lorsque sur une ligne donnée, toutes les quantités seront en valeurs absolues
inférieures ou égales à la précision donnée.

7. Cheminement des approximations successives


La distribution des moments se fera exclusivement à partir des nœuds rigides.
Pour la première itération (1er parcours du nœud rigide) on considère les
valeurs de moments à partir de la ligne de Mq jusqu’aux valeurs présentes
au niveau de la dernière ligne du nœud rigide considéré.
À partir de la deuxième itération, on s’intéressera uniquement aux valeurs
présentes au niveau de la dernière ligne du nœud rigide considéré. Le
processus de distribution des moments est le suivant :

  des Moments  Coeff de transmission (ij )  Coeff de répartition ( ij )

23
Exercice d’application
Soit à résoudre le système ci-dessous par la méthode d’Hardy Cross.
Déterminer les réactions et vérifier l’équilibre statique.

1. Degré d’hyperstaticité
L’=𝐿𝐴 + 𝐿𝐷
𝐿𝐴 =2
𝐿𝐷 = 2𝑁0 − 𝐶0 − 𝐷
𝐿𝐷 = 2 × 5 − 6 − 4

2. Système de base

24
3. Epures unitaires et des charges extérieures

2 1
𝑖1 = 𝐸𝐼 ; 𝑖2 = 𝐸𝐼
3 4
4. Calcul des coefficients de rigidité
 Nœud B

1 1 1 2
𝑘𝐵𝐴 = 𝑀𝐵𝐴 = 𝑖2 = 𝐸𝐼 ; 𝑘𝐵𝐶 = 𝑀𝐵𝐶 = 𝑖1 = 𝐸𝐼
4 4 4 3
 Nœud C
1 2 1 3 3
𝑘𝐶𝐵 = 𝑀𝐶𝐵 = 𝑖1 = 𝐸𝐼 ; 𝑘𝐶𝐸 = 𝑀𝐶𝐸 = 𝑖2 = 𝐸𝐼
4 3 4 4 16

25
1 3 1
𝑘𝐶𝐷 = 𝑀𝐶𝐷 = 𝑖1 = 𝐸𝐼
4 4 2
5. Calcul des coefficients de répartition
 Nœud B

3 8
𝜇𝐵𝐴 = ; 𝜇𝐵𝑐 =
11 11
 Nœud C
32 24 9
𝜇𝐶𝐵 = ; 𝜇𝐶𝐷 = ; 𝜇𝐶𝐸 =
65 65 65
Calcul des coefficients de transmission
1 1 1
𝜆𝐵𝐴 = ; 𝜆𝐵𝐶 = ; 𝜆𝐶𝐵 =
2 2 2
Le processus de distribution des moments est le suivant :

− ∑ des moments → (μij )Répartitiondes moments → (λij )Transmission des moments

Tableau des itérations successives

Noeuds A B C D E
Barres AB BA BC CB CE CD DC EC
Coefficients de 1 1 2 2 3 1 1 3
EI EI EI EI EI EI EI EI
rigidité 4 4 3 3 16 2 2 16

Coefficients de --- 3 8 32 24 9 --- ---


répartition 11 11 65 65 65

Coefficients de --- 1 1 1 --- --- --- ---


transmission 2 2 2

Moments --- --- 40 20 −9 --- --- ---



réactifs 9 9
B 0 ,606 1,212 3,232 1,616
C 1,271 2,541 0,715 1,906
B -0,173 -0,347 -0,924 -0,462
C 0,114 0,227 0,064 0,171
B -0 ,016 -0,031 -0,083 -0,042
C 0 ,011 0,021 0,005 0,016
B -0,0015 -0,003 -0,008 -0,004
Moments 0,4155 0,831 -0,831 6,119 -8,215 2,093
réactifs

26
6. Diagramme des moments fléchissants

27
CHAPITRE IV : Méthode Mixte de résolution des systèmes
hyperstatiques
Introduction
La méthode mixte est l’association de la méthode des forces et des
déplacements pour la résolution des systèmes hyperstatiques.
Avec le calcul par la méthode mixte une partie des inconnues sera des forces (la
méthode des forces) et une seconde partie des déplacements angulaires et/ou
linéiques.
La méthode permet de réduire de façon sensible le nombre d’inconnus et
cependant le temps de résolution. Ce qu’il faut retenir pour la méthode mixte est
que les systèmes sont souvent des systèmes étalés de façon uniformes ou des
systèmes étagés non uniformes. C’est-à-dire lorsqu’une première partie du
système présente plus de liaisons surabondantes et l’autre partie au contraire
renferme beaucoup de liaisons et peu déplacement au nœud.
Avec le calcul par la méthode Mixte, une partie des inconnues seront des forces
(selon la méthode des forces) et la seconde partie des déplacements angulaires et
linéiques ou translation (comme dans la méthode des déplacements).

b)

IIème étage

Ier étage

Fig.1

Etudions la méthode mixte de calcul en nous intéressant à la figure ci-dessus.


Déterminons par étage (niveau) son degré d’indétermination statique et le nombre
d’inconnues angulaires et linéiques afférentes aux déplacements des nœuds. Le
résultat de cette statistique est consigné dans le tableau ci-dessous.

28
Tableau : Degré d’indétermination
Degré
Nombre d’inconnues
ETAGES d’indétermination
angulaires et linéiques
statique
Premier (1er) 9 2

Deuxième (2ème) 2 12

Au total 11 14
Du tableau ci-dessus, on peut dire qu’au premier étage le système donné peut être
résolu à l’aide de la méthode des déplacements alors qu’au 2 ème étage, la méthode
des forces est plus indiquée. L’utilisation de cette méthode pour l’étude du
système (Fig 1) permet de résoudre un problème à 04 inconnues au lieu de 11 par
la méthode des forces et 14 selon la méthode des déplacements. Comme
inconnues, il est aisé de choisir les angles de rotation au premier étage et des forces
au niveau de la charnière haute. Le système de base mixte est représenté sur la
Fig.2. Il a été obtenu grâce à la suppression de la charnière haute et l’ajout des
rotations dans la partie basse.
Composons les équations canoniques de la méthode mixte selon l’idée que dans
le système de base, les réactions apparaissent dans les nœuds griffés et selon les
directions des déplacements 𝑍1 𝑒𝑡 𝑍2 ; et de même pour les déplacements selon
les directions des forces 𝑋3 𝑒𝑡 𝑋4 s’annulent :
𝑍1 𝑟11 + 𝑍2 𝑟12 + 𝑋3 𝑟13 + 𝑋4 𝑟14 + 𝑅1𝑝 = 0;
𝑍1 𝑟21 + 𝑍2 𝑟22 + 𝑋3 𝑟23 + 𝑋4 𝑟24 + 𝑅2𝑝 = 0;
𝑍1 𝛿31 + 𝑍2 𝛿32 + 𝑋3 𝛿33 + 𝑋4 𝛿34 + ∆3𝑝 = 0;
𝑍1 𝛿41 + 𝑍2 𝛿42 + 𝑋3 𝛿43 + 𝑋4 𝛿44 + ∆4𝑝 = 0.
Examinons la première équation du système et précisons ce que représente
chaque terme.

𝒓𝟏𝟏 : C’est la réaction dans le système de base du premier nœud sous l’effet de
rotation de 𝑍1 ;

29
𝒓𝟏𝟐 : C’est la réaction dans le système de base apparaissant dans le premier nœud
sous l’effet de rotation du deuxième nœud d’angle 𝑍2 ;
𝒓𝟏𝟑 : C’est la réaction dans le système de base apparaissant dans le premier nœud
sous l’action de la force 𝑋3 ;
𝒓𝟏𝟒 : C’est la réaction dans le système de base apparaissant dans le premier nœud
sous l’action de la force 𝑋4 ;
𝑹𝟏𝑷 : C’est la réaction dans le système de base apparaissant dans le premier nœud
sous l’action de la force extérieure donnée.
La somme des réactions précitées est égale à zéro.
Ainsi la première équation apparait comme une équation de statique qui exprime
l’idée d’égalité à zéro des moments réactifs apparaissant dans le premier nœud
sous l’action des inconnues et des forces intérieures données.
La deuxième équation exprime aussi la même idée.
Examinons la troisième équation et précisons l’essence de chaque terme :
𝜹𝟑𝟏 : C’est le déplacement dans le système de base selon la direction de 𝑋3
émanant de la rotation du premier nœud pour la valeur 𝑍1 ;
𝜹𝟑𝟐 : C’est le déplacement dans le système de base selon la direction de 𝑋3
émanant de la rotation du deuxième nœud pour la valeur de 𝑍2 ;
𝜹𝟑𝟑 : C’est le déplacement dans le système de base selon la direction de 𝑋3 sous
l’effet de 𝑋3 ;
𝜹𝟑𝟒 : C’est le déplacement dans le système de base selon la direction de 𝑋4 sous
l’effet de 𝑋4 ;
∆𝟑𝒑 : C’est le déplacement dans le système de base selon la direction de 𝑋3 sous
l’effet de la force extérieure donnée.
La somme des déplacements précités est égale à zéro. Ainsi la troisième équation
exprime l’idée d’égalité à zéro des déplacements ; et on peut l’appeler équation
cinématique. La même idée est exprimée dans la dernière (la quatrième) équation.

30
Les coefficients liés aux inconnues et obtenus du système d’équations de la
méthode mixte peuvent se diviser en quatre catégories :
1) Les coefficients désignant les réactions émanant des déplacements
unitaires, exemple 𝑟12 ;
2) Les coefficients désignant les réactions émanant des forces unitaires (force
ou moment), exemple 𝑟13 ;
3) Les coefficients désignant les déplacements émanant des déplacements
unitaires, exemple 𝛿31 ;
4) Les coefficients désignant les déplacements émanant des forces unitaires,
exemple 𝛿34 ;
Dans le système d’équations de base, il a été montré à partir de la fig 1b que seule
une paire de coefficients est égale à zéro, et précisément 𝛿34 = 𝛿43 = 0 , comme
l’inconnue 𝑋3 est symétrique et 𝑋4 antisymétrique. De même ces coefficients de
charges 𝑅1𝑝 ; ∆3𝑝 et ∆4𝑝 sont égaux à zéro.
La situation ne changerait pas même si dans la partie basse, le portique était
antisymétrique puisque les coefficients 𝛿34 = 𝛿43 se calculent par le biais de la
multiplication des épures des moments de flexion ; ceci seulement pour la partie
haute du portique (2ème étage), et les forces émanant des charges 𝑃 dans le système
de base apparaissent dans la portée de droite de la poutre. Si pour le calcul était
choisi le système de base indiqué sur la Fig.2 avec des inconnues groupées de
déplacement, alors serait égal à zéro. Toute la suite de coefficient et le système
d’équations canonique conduirait à deux systèmes :

1) à inconnues symétriques

𝑍1 𝑟11 + 𝑋3 𝑟13 + 𝑅1𝑃 = 0 ;


𝑍1 𝛿31 + 𝑋3 𝛿33 + ∆3𝑃 = 0 (𝑎𝑣𝑒𝑐 ∆3𝑃 ≠ 0);

31
Fig.2

2) à inconnues antisymétriques

𝑍2 𝑟22 + 𝑋4 𝑟24 + 𝑅2𝑃 = 0


𝑍2 𝛿42 + 𝑋4 𝑟44 + ∆4𝑃 = 0 (𝑎𝑣𝑒𝑐 ∆4𝑃 ≠ 0)
Les coefficients du système d’équations de la méthode mixte sont liés entre eux
par les relations :

𝑟𝑚𝑛 = 𝑟𝑛𝑚 ; 𝛿𝑚𝑛 = 𝛿𝑛𝑚 ; 𝑟𝑚𝑛 = 𝛿𝑛𝑚 , (16.11)


C’est-à-dire que les valeurs absolues des coefficients disposées en diagonale
vérifient les conditions de dépendance.

4.1. Application
Soit à considérer le portique ci-dessous chargé par une force uniformément
répartie :

32
4.1.1. Degré d’hyperstaticité
Par la méthode des Forces : L=3
Par la Méthode des Déplacements : L’ = 3

4.1.2. Degré d’hyperstaticité :


Degré d’hyperstaticité Degré d’indétermination cinématique
(Méthode des Forces) (Méthode des Déplacements)
1er niveau 2 1
2ème niveau 1 2
Total 3 3

Le degré d’hyperstaticité par la méthode des forces et par la méthode des


déplacements donne 3 or par la méthode mixte nous obtenons deux inconnues. Nous
adopterons cette méthode pour la résolution du système.

4.1.3. Système de base :

33
4.1.4. Tracé des épures unitaires et épure de charge extérieure :

4.1.5. Formation des équations canoniques et calcul des coefficients :

𝐵11 𝑋1 + 𝐵12 𝑍2 + ∆1𝑃 = 0


{
𝑟21 𝑋1 + 𝑟22 𝑍2 + 𝑅2𝑃 = 0

NB : 𝑩𝒋𝒊 = 𝑩𝒊𝒋 ; 𝒓𝒊𝒋 = 𝒓𝒋𝒊 ; 𝒓𝒊𝒋′ = −𝑩𝒋𝒊′ ; 𝒓𝟐𝟏 = −𝑩𝟏𝟐

 Calcul des coefficients

1 6×6 2 1 180
𝐵11 = ( × (6)) + (6 × 4 × 6) =
2𝐸𝐼 2 3 𝐸𝐼 𝐸𝐼

𝑟′𝟐𝟏 = −𝟔 ; 𝐵′ 12 = 𝑟 ′ 21  𝐵′12 = 6
𝑟22 = 2𝐸𝐼 ; ∆𝟏𝑷 = 𝟎 ; 𝑅2𝑃 = 90
Calculons 𝐵12
Démontrons que 𝑩𝟏𝟐 = −𝒓𝟐𝟏
𝐵12
cos 𝛼 = => 𝐵12 = 𝑎 cos 𝛼
𝑎
𝑎
tan 𝜑 = => 𝑎 = 𝑏 tan 𝜑
𝑏

cos 𝛼 = => 𝑏 = ℓ cos 𝛼
𝑏

𝐵12 = ℓ tan 𝜑 Or 𝜑 = 1° donc 𝑩𝟏𝟐 = 𝓵

34
4.1.6. Détermination des inconnues :
180
𝑋1 + 6𝑍2 = 0 𝟏𝟓 𝟒𝟓𝟎
{ 𝐸𝐼 => 𝑿𝟏 = 𝒁𝟐 = −
𝟏𝟏 𝟏𝟏𝑬𝑰
−6𝑋1 + 2𝐸𝐼𝑍2 = −90

4.1.7. Correction des épures

4.1.8. Tracé des trois ordres d’épures Résultantes

 Diagramme des moments fléchissants

35
 Diagramme des efforts tranchants et des efforts normaux

Exercice
Pour le portique ci-dessous avec les éléments de section constante, Essayer de
choisir la méthode de calcul, composer les équations canoniques et calculer tous
les coefficients. Tracer les trois ordres d’épures.

36
CHAPITRE V : RESOLUTION DES SYSTEMES
ISOSTATIQUES PAR CALCUL MATRICIEL

5.1. Matrice d’influence du vecteur moment fléchissant


C’est l’opérateur linéaire permettant de déterminer les composantes du vecteur
des forces intérieures à travers les forces extérieures. Ainsi le vecteur des
moments fléchissant s’exprimera sous la forme :

M = Lm . P

Vecteur moment fléchissant Matrice d’influence Vecteur de charge


extérieure
Le vecteur des efforts tranchants prend la forme suivante :
Q = LQ . P

Vecteur de charge
Vecteur effort tranchant Matrice d’influence extérieure

Il est évident que sur la base du principe d’indépendance d’action des forces, le
moment fléchissant dans n’importe quelle section de la poutre peut être exprimé
sous forme de somme des actions de chaque force individuelle.

37
Aux points 1, 2 et 3 fixés correspondent les moments fléchissants suivants :
M1 = m11P1 + m12P2 + m13P3
M2 = m21P1 + m22P2 + m23P3
M3 = m31P1 + m32P2 + m33P3
m11 : représente le moment dans la section 1 dû à la force P1=1 appliquée au point
1.
m12 : représente le moment dans la section 1 dû à la force P2=1 appliquée au point
2.

38
m23 : représente le moment dans la section 2 dû à la force P3=1 appliquée au point
3.
L’expression sous la forme matricielle peut s’écrire :
M1 m11 m12 m13 P1
M 2  m 21 m 22 m 23 . P2
M3 m31 m32 m33 P3

Ainsi pour construire la matrice d’influence des moments fléchissant pour une
poutre ayant n sections et chargée de forces extérieures au point I. il est nécessaire
de construire n lignes d’influence ou j épures des moments fléchissant dues aux
forces unitaires P1  P2  P3   Pj appliquées aux points 1,2,…,j.

Pour l’exemple ci-dessus, le vecteur moment fléchissant sera obtenu par :


0,938 0, 625 0,313
Matrice d’influence Lm : Lm  0, 625 1, 25 0, 625
0,313 0, 625 0,938

3
Vecteur de charges extérieures : P  5
7

Vecteur moment fléchissant


M1 0,938 0, 625 0,313 3 8,13
M  M 2  0, 625 1, 25 0, 625 . 5  12,5
M3 0,313 0, 625 0,938 7 10, 63

Nous pouvons construire le diagramme des moments fléchissants et des efforts


tranchants

39
Selon l’exemple examiné, il est clair que la partie la plus difficile des poutres
isostatiques simples reste et demeure la construction de la matrice d’influence.
Pour une poutre unique, lorsque la longueur l est divisée en n parties de longueur
d, la matrice peut être obtenue sans la construction des épures unitaires. Dans ce
cas les éléments mki de la matrice d’influence des moments fléchissant peuvent
être déterminés par les formules ci-dessous.

𝒊𝒍
mki=(n-k) lorsque 0<i≤k<n
𝒏²
𝒌𝒍
mki=(n-i) lorsque n≥i et k≥0
𝒏²

mki est l’élément de la matrice Lm obtenu à l’intersection k ième ligne et iième


𝑙 𝑑
colonne. En donnant à k et i les valeurs 1,2,3,…,n et remplaçant par au-devant
𝑛² 𝑛

de la matrice, on obtient Lm de la façon suivante :

(n  1) (n  2) (n  3) 1
(n  2) 2
d d
Lm  I n 1 
n n
2 (n  2)
1 2 3 (n  1)

In-1 est la matrice centrifuge naturelle d’ordre n-1. Elle est symétrique par rapport
à la diagonale. Les éléments de la 1ère colonne 1ère ligne en comptant la ligne du
bas vers le haut et la colonne de la gauche vers la droite se présentent comme des
suites naturelles et n’importe quel élément rangé vers le bas de la diagonale

40
principale y compris les éléments de la diagonale principale sont égaux au produit
du numéro de ces indices.
Exemple : Pour 7 divisions
6 5 4 3 2 1
5 10 8 6 4 2
4 8 12 9 6 3
3 6 9 12 8 4
2 4 6 8 10 5
1 2 3 4 5 6

EFFORT TRANCHANT
Si une poutre est divisée en n tronçons de longueur d 1, d2, …, dn, la matrice
d’influence de l’effort tranchant est obtenue selon la formule présentée
précédemment.
1
0 0 0 0 0
d1
1 1
0 0 0 0
d2 d2
1 1
0 0 0 0
KQ  d3 d3
1 1
0 0 0 0
d4 d4

1
0 0 0 0
dn
Lorsque d1=d2=d3=1 on aura :
1 0 0 0
1 1 0 0
K Q  0 1 1 0
0 0 1 1
0 0 0 1

Pour le système ci-dessus étudié on aura :

41
1 0 0 8,13 6,504
8,13
1 1 1 0 1 4,37 3,496
KQ  . 12,5  
1,25 0 1 1 1,25 1,87 1,496
10,63
0 0 1 10,63 8,504

Exercice d’application N°2

Résolution
Tronçonnons le portique en 6 parties dans les sens des aiguilles d’une montre.
Désignons les sections caractéristiques dans lesquelles seront déterminés les
moments fléchissant par les chiffres 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8,9.

42
 Tracé des épures de charges extérieures

 Détermination du vecteur moment fléchissant

M0 0 0 0
M1 1 2,00 7,00
M2 1 2,00 7,00
M3 0 0 0
M 1 2,00 5,00 7,00
M 4  . 
M5 1 2,00 6,00 17,00
M6 1,50 1,00 13,50
M7 0 0 0
M8 0 4,00 24
M9 0 0 0

 Tracé du diagramme des moments fléchissants

43
 Diagramme des efforts tranchants

 Diagramme des efforts normaux

44
Chapitre VI : Résolution des systèmes hyperstatiques par calcul
matriciel
Le stade initial du calcul des structures hyperstatiques sous la forme matricielle, est lié à la détermination
du degré d’hyperstatisme et du choix du système de base, et n’est pas différent de la méthode du calcul
habituel. Supposons qu’un portique est satisfait à la première exigence stipulée plus haut.
Pour 𝒏 degré d’hyperstatisme, le système d’équations canoniques correspondantes à une variante de
chargement de forces extérieures prend la forme de 𝐧 équations linéaires à 𝒏 inconnues
𝑋1 , 𝑋2, …….., 𝑋𝑛 qu’on peut représenter sous la forme matricielle de la façon suivante :

𝛿11 𝛿12 … . 𝛿1𝑛 𝑋1 ∆1𝑝


‖𝛿…
21 𝛿22
….
… . 𝛿2𝑛 𝑋2
. … … ‖ . ‖… .‖ + ‖∆…2𝑝. ‖ = 0
𝛿𝑛1 𝛿𝑛2 … . 𝛿𝑛𝑛 𝑋𝑛 ∆𝑛𝑝

⃗𝒑=0
⃗⃗ + ∆
ou sous la forme : 𝑨𝜹 . 𝑿

où 𝑨𝜹 est la matrice de déplacement dans le système de base selon les directions 𝑋1 , 𝑋2, …….., 𝑋𝑛 sous
l’effet de chaque force 𝑋̅1 = 𝑋̅2 = ….. = 𝑋̅𝑛 = 1 ;

⃗ 𝒑 le
La matrice 𝑨𝜹 est symétrique quadratique et d‘ordre 𝒏 ; 𝑿 sont les vecteurs des forces inconnues ; ∆
vecteur des déplacements dans le système de base sous l’effet des forces dans les directions 𝑋1 , 𝑋2,
⃗ 𝑝 contient une colonne, et le nombre
…….., 𝑋𝑛 . Comme la force est appliquée en même temps, alors ∆
de lignes de la colonne correspond au nombre de directions 𝑋1 , 𝑋2 , …….., 𝑋𝑛 .

La matrice de déplacement 𝐴𝛿 peut se présenter sous la forme 𝑨𝜹 = 𝑳𝒐′ 𝒐


𝒎 . 𝑩. 𝑳𝒎

ou 𝑳𝒐𝒎 est la matrice d’influence des forces internes (en général seuls les moments de flexion, puisque
dans le calcul des portiques l’influence des forces longitudinales et transversales est négligée) dans le
̅𝟏 = 𝑿
système de base de chaque force 𝑿 ̅ 𝒏 = 1 prise une à une. La matrice 𝑳𝒐𝒎 contient
̅ 𝟐 = ….. = 𝑿

𝒏 colonnes et 𝒎 lignes. Le nombre de lignes 𝒎 dépend du nombre de sections, dans lesquelles on

calcule les moments de flexion ; 𝐿𝑜′ 𝒐


𝑚 la matrice transposée par rapport à 𝑳𝒎 ; 𝑩 la matrice caractérisant
⃗ 𝒑 dans le système de base sous
chaque tronçon d’étude du système donné. Le vecteur des déplacements ∆
l’action simultanée des différentes charges extérieures peut être exprimé sous la forme :

⃗ 𝒑 = 𝑳𝒐′
∆ 𝒐 ⃗⃗ 𝒐′ ⃗⃗⃗ 𝒐
𝒎 . 𝑩. 𝑳𝒎𝒑 .𝑷 = 𝑳𝒎 . 𝑩. 𝑴𝒑

⃗ 𝑝 = 0, on peut trouver les vecteurs inconnus ⃗𝑿


En résolvant l’équation matricielle 𝐴𝛿 . 𝑋 + ∆ ⃗ = - 𝑨−𝟏 ⃗
𝜹 . ∆𝒑

45
En reportant dans 𝑋= - 𝐴−1 ⃗ 𝒐′ 𝒐 ⃗ 𝒐′ 𝒐 ⃗⃗ 𝒐′ ⃗⃗⃗ 𝒐
𝛿 . ∆𝑝 les expressions 𝑨𝜹 = 𝑳𝒎 . 𝑩. 𝑳𝒎 et ∆𝒑 = 𝑳𝒎 . 𝑩. 𝑳𝒎𝒑 .𝑷 = 𝑳𝒎 . 𝑩. 𝑴𝒑

−𝟏
𝜹 . ∆𝒑 = - (𝑳𝒎 . 𝑩. 𝑳𝒎 ) . 𝑳𝒎
⃗⃗ : - 𝑨−𝟏 ⃗ 𝒐′ 𝒐 𝒐′ ⃗⃗ .
, on obtient l’expression du vecteur des inconnues 𝑿 . 𝑩. 𝑳𝒐𝒎𝒑.𝑷
L’expression obtenue pour le vecteur 𝑋 reportée dans l’expression ⃗𝑴 ⃗ , donne les
⃗⃗ = 𝑳𝒐𝒎𝒑.⃗⃗⃗𝑷 + 𝑳𝒐𝒎 . 𝑿

vecteurs des moments fléchissants dans les sections énumérés dans le système hyperstatique initial.

−𝟏
⃗⃗⃗ = [ 𝑳𝒐𝒎𝒑- 𝑳𝒐𝒎 (𝑳𝒐𝒎′ . 𝑩. 𝑳𝒐𝒎 ) . 𝑳𝒐′
𝑴 𝒐 ⃗⃗
𝒎 . 𝑩. 𝑳𝒎𝒑 ] 𝑷

⃗⃗⃗ = 𝑴
ou sous la forme : 𝑴 ⃗ 𝒑 . Selon le vecteur 𝑀
⃗⃗⃗ 𝒐𝒑 - 𝑳𝒐𝒎 . 𝑨𝜹−𝟏 . ∆ ⃗⃗ l’épure résultante des moments de
−𝟏
⃗⃗ = [ 𝑳𝒐𝒎𝒑 - 𝑳𝒐𝒎 (𝑳𝒐𝒎′ . 𝑩. 𝑳𝒐𝒎 ) . 𝑳𝒐′
flexion se construit. L’expression ⃗𝑴 𝒐 ⃗⃗
𝒎 . 𝑩. 𝑳𝒎𝒑 ] 𝑷 est l’algorithme du

calcul des systèmes hyperstatique par la méthode des forces sous la forme matricielle. Pour y arriver en
calcul électronique (ordinateur), il est nécessaire de créer en hypothèses quatre matrice 𝑳𝒐𝒎 ; 𝑩 ; 𝑳𝒐𝒎𝒑 et
⃗⃗ . L’épure résultante des moments fléchissants doit satisfaire tant aux équations d’équilibre qu’aux
𝑷
conditions cinématiques. La forme matricielle définitive équivalente recherchée du vecteur de
⃗ aura une valeur qui sera égale à zéro.
déplacement 𝒁
Le vecteur ⃗𝒁 peut être exprimé à travers ⃗𝑴
⃗⃗ sous la forme ⃗𝒁 = 𝑳𝒐′ ⃗⃗⃗
𝒎 . 𝑩. 𝑴 = 0.

Pour le calcul des systèmes hyperstatiques par la méthode des forces, sous l’effet de la température, et
tassement non uniforme d’appui, les équations canoniques diffèrent de celles des forces uniquement au
niveau des membres libres et précisément :

 Effet de température 𝑨𝜹 . ⃗𝑿 ⃗𝒕=0;


⃗ +∆

 Affaissement d’appui non uniforme 𝑨𝜹 . ⃗𝑿 ⃗𝒄=0


⃗ +∆

⃗ 𝒕 est le vecteur de déplacement du système de base sous l’effet de la chaleur dont les éléments se
où ∆
calculent par le biais des formules de Maxwell-Mohr ou sous la forme matricielle ;
⃗ 𝒄 est le vecteur de déplacement du système de base sous l’effet d’un déplacement d’appui, éléments

qui se calculent ou selon la formule ∆𝒊𝒄 = − ∑ 𝑹𝒌 ∆𝒌 , ou selon l’effet d’un déplacement conformément
au système de base choisi. Plus loin le calcul des systèmes hyperstatiques coïncide avec celui des forces
extérieures.
Sous l’action sur un système hyperstatique de plusieurs variantes d’effets extérieurs (selon lesquels on
peut citer les effets périodiques, de température, ou de déplacement d’appui, etc.…) le système
d’équations canoniques se présentent sous la forme 𝑨𝜹 𝑿 + ∆= 0, où 𝑿 la matrice des inconnues, ayant
𝒕 colonnes ;
𝑨𝜹 la matrice des déplacements dans le système de base émanant des forces 𝑋̅1 = 𝑋̅2 = ….. = 𝑋̅𝑛 = 1 ;

46
∆ = 𝑳𝒐′ 𝒐 ⃗⃗
𝒎 . 𝑩. 𝑨𝒎𝒑 . 𝑷. La matrice d’influence des moments de flexion dans le système de base de toutes

(𝟏) (𝟏) (𝟐) (𝟐) (𝒕)


les variantes 𝒕 de forces 𝑷𝟏 = 𝑷𝟐 = ……. = 𝑷𝟏 = 𝑷𝟐 = ……. = 𝑷𝒌 = 1, appliquées à différents
endroits. 𝑷 la matrice de toutes les variantes 𝒕 d’effets extérieurs, la solution du système 𝑨𝜹 𝑿 + ∆= 0
se conduit de façon analogue et est de la forme 𝑿= - 𝑨𝜹−𝟏. ∆ . Les valeurs finales des moments fléchissants
dus aux 𝒕 variantes de sollicitations extérieures sera obtenues sous la forme matricielle :

(𝟏) (𝟐) (𝒕)


𝑴𝟏 𝑴𝟏 … 𝑴𝟏
‖𝑴𝟐(𝟏) 𝑴𝟐
(𝟐) (𝒕)
… 𝑴𝟐 ‖
(𝟏) (𝟐) (𝒕) = 𝑨𝒐𝒎𝒑 . 𝑩 + 𝑳𝒐𝒎 . 𝑿
𝑴 𝑴𝟑 … 𝑴𝟑
‖ …𝟑 … … … ‖
(𝟏) (𝟐) (𝒕)
𝑴𝒌 𝑴𝒌 … 𝑴𝒌

Exercice d’application
Construire l’épure des moments fléchissants du portique chargé par la force uniformément répartie et
la force ponctuelle (Fig.N°1). Le portique donné est trois fois hyperstatique. Libérons trois liaisons
au niveau de l’appui de droite. On aura un système de base.

47
Figure N°1
̅ 𝟏 =𝐗
Des forces 𝐗 ̅ 𝟐 =𝐗
̅ 𝟑 =𝐗
̅ 𝟒 =1 dans le système de base.
Construisons les épures unitaires ̅̅̅ ̅ 2 et M
M1, M ̅ 3 et aussi les épures de charges extérieures M
̅ q et M
̅p .

Tronçonnons le portique en trois (3) parties. Sur le tronçon I et III toutes les épures sont
linéaires, c’est pourquoi nous calculerons les valeurs des moments seulement aux extrémités de ces
̅ q dessinée est quadratique, raison pour laquelle à part les
tronçons. Sur le tronçon II l’épure M
extrémités on recherche les valeurs au milieu (à mi-chemin) de ce tronçon.
Du fait de la continuité des épures des moments fléchissants aux limites des tronçons (dans
les sections 2 et 4) la matrice influence 𝑳𝟎′ 𝟎
𝒎 et 𝑳𝒎𝒑 les valeurs des moments fléchissants seront fixées

une seule fois. Alors la matrice 𝐿0𝑚 sera composée de trois colonnes selon le nombre de
forces X1 , X2 , X3 , et de cinq (5) lignes selon les caractéristiques des sections. Conformément aux
signes choisies des moments fléchissants. 𝑳𝟎𝒎 sera de la forme :

6 0 1
6 3 1
L0m  3 3 1
0 3 1
0 0 1
0
La matrice Lmp sera composée de deux colonnes selon le nombre de forces données g et p et aura
cinq (5) lignes. Dans notre cas, la première colonne correspond à la force répartie et la seconde à la
force ponctuelle.

18 3
18 0
L0mp  4,5 0
0 0
0 0

48
q 2
Le vecteur de forces extérieures : P  
P 3
Comme le portique donné est éclaté en trois parties, alors la matrice B sera composée de trois sous
matrices 𝒃𝟏 , 𝒃𝟐 , 𝒃𝟑 . Dans le premier tronçon toutes les épures unitaires sont linéaires et la matrice
de flexibilité ou de déformabilité du premier tronçon 𝒃𝟏 sera de deuxième ordre.

h 2 1 3 2 1 1 4 2
b1   
6EI1 1 2 6.0,25EI 1 2 EI 2 4
Dans le deuxième (2ème) tronçon l’épure de charge due à q est quadratique et toutes les autres linéaires,
c’est pourquoi 𝒃𝟐 sera de troisième (3ème) degré.

1 0 0 1 0 0 1 0 0
h 6 1
b1  0 4 0  0 4 0  0 4 0
6EI 2 6EI EI
0 0 1 0 0 1 0 0 1
Dans le troisième tronçon toutes les épures sont linéaires, c’est pourquoi 𝒃𝟑 sera d’ordre deux (2).

h 2 1 3 2 1 1 2 1
b3   
6EI3 1 2 6.0,5EI 1 2 EI 1 2
Pour composer la matrice 𝑩 nous tiendrons compte de la continuité de toutes les épures unitaires et
de charges aux extrémités des différents tronçons (dans les sections 2 et 4). Son aspect final sera de
la forme :
4 2 0 0 0
2 5 0 0 0
1
B 0 0 4 0 0
EI
0 0 0 3 1
0 0 0 1 2
La matrice de déplacement est donnée par 𝑨𝜹 = 𝑳𝒐′ 𝒐
𝒎 .B . 𝑳𝒎 :

4 2 0 0 0 6 0 1
6 6 3 0 0 2 5 0 0 0 6 3 1 504 162 90
1 1
A  0 3 3 3 0.0 0 4 0 0 . 3 3 1  162 108 45
EI EI
1 1 1 1 1 0 0 0 3 1 0 3 1 90 45 24
0 0 0 1 2 0 0 1

Le vecteur de déplacement est donné par ⃗⃗⃗⃗


∆𝒑 = 𝑳𝒐′ 𝒐 ⃗⃗ 𝒐′ ⃗⃗⃗ 𝒐
𝒎 . 𝑩 . 𝑳𝒎𝒑 . 𝑷 = 𝑳𝒎 . 𝑩 . 𝑴𝒑 :

49
4 2 0 0 0 18 3
1p 6 6 3 0 0 2 5 0 0 0 18 0 2592
1 2 1
 p   2p  0 3 3 3 0.0 0 4 0 0 . 4,5 0 .  810
EI 3 EI
3p 1 1 1 1 1 0 0 0 3 1 0 0 450
0 0 0 1 2 0 0
La matrice inverse sera déterminée selon l’expression :

A11 A 21 A31
1
A 1  A 21 A 22 A 23
Det A 
A31 A32 A33

108 45 162 90


A11  (1)11  567 ; A12  A 21 (1) 21  162 ;
45 24 45 24
162 90 504 90
A13  A 31  (1)31  2430 ; A 22  (1) 2 2  3996 ;
108 45 90 24
504 162 504 162
A 23  A 32  (1) 23  8100 ; A 33  (1)33  28188 .
90 45 162 108
504 162 90
Det A   162 108 45  93312.
90 45 24
567 162 2430
1 EI
A  162 3996 8100 .
93312
2430 8100 28188

Vérifions la matrice inverse selon la condition 𝑨𝜹 𝑨𝜹−𝟏 = 𝑬 :

504 162 90 567 162 2430 1 0 0


1 EI
A 1  162 108 45 . 162 3996 8100  0 1 0 .
EI 93312
90 45 24 2430 8100 28188 0 0 1

La matrice inverse 𝐴−1


𝛿 a été bien calculée. Déterminons le vecteur des inconnues :

X1 567 162 2430 2592 5,4375


EI 1
X  X2  162 3996 8100 . 810  0,125 .
93312 EI
X3 2430 8100 28188 450 1,875
Calculons les valeurs des moments fléchissants dans les sections numérotées du portique
hyperstatique donné : ⃗𝑴
⃗⃗ =𝑴
⃗⃗⃗ 𝒐𝒑 +𝑳𝒐𝒎 . ⃗𝑿
⃗ :

50
M1 6 0 1
27 3,750
M2 6 3 1 5,4375
36 4,875
M  M 3  9  3 3 1 . 0,125  5,8125 .
M4 0 0 3 1 1,875 1,500
M5 0 0 0 1 1,875

Vérifions le vecteur obtenu ⃗𝑴


⃗⃗ selon la condition ⃗𝒁=𝑳𝒐′ ⃗⃗⃗
𝒎 .B. 𝑴=0 :

4 2 0 0 0 3,750
6 6 3 0 0 2 5 0 0 0 4,875 0
1 1
Z 0 3 3 3 0.0 0 4 0 0 . 5,8125  0
EI EI
1 1 1 1 1 0 0 0 3 1 1,500 0
0 0 0 1 2 1,875
La preuve cinématique universelle montre que le vecteur est bien calculé. L’épure des moments est
représentée sur la figure ci-dessous :

51

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