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INSTITUT TOGOLAIS DE RECHERCHE AGRONOMIQUE

Collection Brochures et
Fiches Techniques

BIEN PRODUIRE ET CONSERVER L’IGNAME

Etoudo Kwami N’KPENU


Nénonéné MENSAH-MODZINU EWOVOR

Février 2008
Dans la même collection :

1 : Guide de production de semences certifiées Maïs–Sorgho–Riz–Niébé


2 : Bien cultiver et conserver le maïs
3 : Bien cultiver et transformer le manioc
4 : Bien cultiver le sorgho
5 : Bien produire et conserver l’igname
6 : Produire du riz, bien le transformer pour mieux le vendre
7 : Bien élever les poulets en milieu traditionnel
8 : Gestion améliorée de la fertilité des sols
9 : Elever des abeilles et produire du miel de qualité
10 : Pour bien élever les porcs en milieu traditionnel
11 : Producteurs de céréales, protégez vos cultures contre Striga
hermonthica par la culture des faux hôtes
12 : Maraîchers, protégez vos cultures de tomate et de choux contre
les insectes avec l’extrait des feuilles de neem
13 : Producteurs de niébé, protégez mieux vos cultures et conservez
bien vos récoltes
14 : Eleveurs de moutons et chèvres nourrissez bien vos animaux en
saison sèche
15 : Pour bien produire le soja
16 : Bien cultiver le piment
17 : Riziculteurs Togolais, diversifiez vos cultures pour mieux valoriser
vos bas-fonds
18: Pour bien planter le cocotier au Togo
19 : Pour bien planter le palmier à huile au Togo
20 : Produire le jus, la confiture et la marmelade de fruits

N.B. : Les documents n° 1 - 10 sont des brochures techniques


Les documents n° 11 - 20 sont des fiches techniques
Institut Togolais de Recherche Agronomique

BIEN PRODUIRE ET CONSERVER L’IGNAME

Collection dirigée par :


Kodjo TETEVI (Chef d’équipe)
Domenyo K. TSATSU
Bontiébite BADJARE
Ayéfouni ALE GONH-GOH

ii
Sommaire

Préface................................................................................................ iv

Introduction......................................................................................... 1

1. Où cultiver l’igname ? .................................................................... 1

2. Quelle est la place de l’igname dans la rotation et quelles


cultures peut-on lui associer ? ......................................................... 2

3. Que faut-il faire avant de planter l’igname ?............................... 3

4. Quelles varietes faut-il cultiver ? .................................................. 4

5. Quand et comment faut-il planter l’igname ? .............................. 7

6. Est-ce qu’il faut des tuteurs pour l’igname ? ........................... 10

7. Est-ce que l’igname a besoin d’engrais ? .................................. 10

8. Quels soins faut-il apporter a l’igname pour avoir une bonne


production ?...................................................................................... 11

9. Quand recolter l’igname ? ........................................................... 13

10. Comment bien conserver l’igname ?........................................ 13

11. Combien faut-il depenser pour produire un hectare


d’igname ?......................................................................................... 17

Annexe............................................................................................... 18

iii
Préface

La présente collection de brochures et de fiches techniques est le fruit


de la volonté commune de l’Institut Togolais de Recherche
Agronomique (ITRA) et de l’Institut de Conseil et d’Appuis Technique
(ICAT) de répondre à la forte demande en écrits de vulgarisation
exprimé par le monde rural et son interlocuteur direct qu’est le
conseiller agricole. La concrétisation de cette volonté à été rendue
possible grâce au soutien du Centre Technique de Coopération
Agricole et Rurale (CTA) très attaché à sa mission, celle de
promouvoir la diffusion de l’information agricole dans le cadre de la
convention ACP-UE.

Je tiens donc à exprimer ici notre reconnaissance aux premiers


responsables du CTA pour leur constante sollicitude et je sais que
nous pouvons compter sur eux dans le futur.

Mes encouragements vont aux chercheurs de l’ITRA et à leurs


collègues de l’ICAT pour leur sacrifice qui ont permis la production de
cette première série de brochures et fiches techniques. Je les invite à
ne pas baisser les bras mais à continuer à travailler, afin de répondre
aux besoins en écris de vulgarisation non encore satisfaits.

Je tiens à féliciter l’équipe en charge de cette collection, pour son


ardeur au travail, qui a permis de sortir dans un délai record la
vingtaine de brochures et de fiches techniques.

Enfin, je tiens à associer les lecteurs à l’amélioration de ces écrits. Ils


peuvent le faire en nous adressant leurs observations et critiques qui
seront prises en compte dans les éditions futures.

Merci à tous !

Dr Comlan Atsu AGBOBLI


Directeur Général de l’ITRA

iv
Introduction

L’igname est produite surtout en Afrique de l’Ouest. Au Togo on la


retrouve dans toutes les régions. La production nationale tourne
autour de 600 000 tonnes par an ces dix dernières années.

Au Togo, l’igname est consommée par près de la moitié de la


population sous les formes suivantes : bouillie, cuite à la braise, frite,
pilée, pâte de cossettes d’igname. Elle est riche en énergie et plus
riche en protéines que le manioc. Ses épluchures servent à nourrir les
animaux.

Jadis essentiellement culture d’autoconsommation l’igname est


devenue ces dernières années une culture de rente.
L’igname est transformée dans l’industrie en farine fine blanche
proche de l’amidon appelée fécule qui sert à fabriquer du glucose. La
fécule rentre aussi dans la fabrication des gâteaux et sert à préparer
du foufou qu’on obtient sans être pilé.

L’igname sert aussi à fabriquer des médicaments contre les maladies


de la peau.

Parmi les contraintes liées à la culture de l’igname on distingue :


appauvrissement du sol, manque de semenceaux et de nouvelles
variétés, attaques des maladies et des insectes et perte importante
des tubercules au cours du stockage.

Cette brochure propose quelques conseils pratiques aux producteurs


pour améliorer la production et la conservation de l’igname.

1. Où cultiver l’igname ?

L’igname est cultivée dans les zones où il y a au moins 5 mois de


pluie. Elle pousse bien quand la température moyenne est comprise
entre 25 et 30°C.
Les sols qui conviennent à l’igname sont les sols profonds,
perméables et riches en humus.
Ce sont les sols laissés en jachère pendant au moins 5 ans.
L’igname aime des sols riches. C’est pourquoi elle est cultivée en
début de rotation.

1
S’il est difficile de laisser le sol en jachère pendant 5 ans à cause du
manque de terre, semez le mucuna, une légumineuse qui améliore la
fertilité du sol à la fin de la rotation.Vous pouvez cultiver l’igname
après 2 ans de jachère de mucuna.

Creusez le sol pour voir s’il n’y a pas beaucoup de cailloux. S’il y en a,
évitez de choisir ce type de sol car il ne donne pas de bons
tubercules.

2. Quelle est la place de l’igname dans la rotation et


quelles cultures peut-on lui associer ?

Quelques types de rotations

1ère année: Igname 1ère année : Igname


2è année : Arachide ou sorgho 2è année : Haricot
3è année : Coton ou maïs 3è année : Maïs
4è année : Maïs ou sorgho 4è - 6è année : Jachère
5è année : Maïs ou sorgho 7è année : Igname
6è - 8è année : Jachère
9è année : Igname

On recommande la rotation suivante pour réduire la durée de la


jachère

1ère année : Igname


2è année : Arachide ou sorgho
3è année : Maïs et mucuna
4è année : Maïs et mucuna
5è année : Igname

Quelques types d’association

Igname + sorgho Igname + riz


Igname + mil Igname + niébé
Igname + niébé + riz Igname + melon +
Igname + arachide palmier à huile
Igname + maïs +
légumes

2
3. Que faut-il faire avant de planter l’igname ?

Préparez le terrain
Défrichez très tôt avant l’arrêt des pluies un terrain riche et sans
cailloux si vous voulez planter les ignames précoces.
Défrichez à partir du mois de mars le même type de terrain si c’est les
ignames tardives. Laissez les herbes pourrir sur le sol. Evitez de les
brûler.

Faites des buttes


Sur un sol peu fertile, faites des buttes espacées de 1,5m x 1,5m soit
4 450 buttes/ha. Sur un sol riche on peut avoir 5.000 buttes/ha (1,40m
x 1,40m) et même plus (6 500 buttes soit 1m x 1,5m). Les buttes ont
40 cm à 80 cm de haut.
Si vous travaillez dans des bas-fonds, faites de grosses buttes (80 cm
à 1 m de haut). Sachez qu’elles produisent de très gros tubercules qui
se conservent mal.

Buttes d’igname

Vous pouvez faire aussi des billons à la grande houe (daba), de gros
billons à la charrue ou avec une billonneuse. Les billons ont 30 cm à
80 cm de haut. L’écartement entre les billons est de 1,5 m et de 1m
entre les plants soit 6600 plants à l’hectare. Les billons permettent à
la plante de mieux profiter de l’eau de pluie retenue dans les sillons. Il
est aussi difficile aux rongeurs de causer des dégâts aux tubercules.

3
Gros billons pour plantation d’igname

NB: Sur les billons, on récolte des tubercules de taille moyenne qui
se conservent mieux que les gros tubercules récoltés sur des
buttes.

4. Quelles varietes faut-il cultiver ?

Il existe des variétés à foufou qui appartiennent aux groupes


Dioscorea cayenensis et Dioscorea rotundata et les variétés qui ne
conviennent pas au foufou et dont les plus cultivées font partie du
groupe Dioscorea alata.

Le choix de la variété à cultiver se fait en tenant compte de : la


productivité, la précocité, la bonne conservation, l’aptitude à faire le
foufou, le prix à la vente.

4
Tableau 1 : Caractéristiques des principales variétés d’igname
cultivées au Togo

Variétés à foufou
Variété Cycle Taille Conservation Qualité Principales
tubercule du zones de
foufou culture
Variété locale de D. rotundata et D. cayenensis
Loboco Précoce Gros Médiocre Très Bassar,
bonne Sotouboua
Hè-abala Précoce Très Passable Assez Sotouboua
Ou Katala gros bonne
Alassora Tardive Petit Très bonne Bonne Sotouboua,
Ou Koukou Est-Mono
Kara
Brutani Précoce Très Passable Assez Bassar,
ou Wétaï gros bonne Sotouboua
ou Lokodjè
Kratsi Semi- Gros Passable Très Wahala,
tardif bonne Amlamé
Est-Mono,
Sotouboua
Gnalabou Semi- Gros Médiocre Très Mêmes
tardif bonne zones que
Kratsi
Modji Précoce Gros Passable Bonne Wahala ,
Est-Mono
Atakpamé
Sonka Précoce Gros Bonne Bonne Agou, Kara
Ou Son
Kléméfou Précoce Très Assez bonne Bonne Amlamé,
gros Sotouboua
Yomblè Précoce Gros Bonne Bonne Mêmes
zones que
Modji
Kplindjo Semi- Très Bonne Assez
tardif gros bonne
Bafo Semi- Gros Médiocre Bonne
tardif
Kéké Tardif Petit Bonne Assez
bonne Bassar

5
Kpadjole Semi- Gros Assez bonne Assez
tardif bonne
Moniya Semi- Très Médiocre Assez
tardif gros bonne
Djatiba Précoce Gros Médiocre Bonne
Bambletinga Semi- Très Médiocre Bonne
tardif gros
Nia Semi- Gros Médiocre Bonne Dapong
tardif
Tsamtsate Précoce Gros Bonne Bonne
Variétés améliorées de D.rotundata
TDr 747 Semi- Gros Bonne Bonne Est-Mono
tardive Wahala
Bassar
TDr Semi- Gros Bonne Bonne Sotouboua
89/02665 tardive

Variétés ne convenant pas au foufou


Variétés Cycle Taille Conservation Qualité Principales
tubercule de zones de
culture
l’igname
bouillie
Variétés locales de D. alata
Kabanga Tardive Très Très bonne Bonne Sotouboua
gros
Akpovidé Tardive Très Très bonne Très Wahala
gros bonne
Dilambor Tardive Très Très bonne Bonne Bassar
gros
Variétés améliorées de D. alata
Florido Tardive Moyen Très bonne Très Maritime,
bonne Plateaux
Centrale,
Kara

Source : N’KPENU, 2007, Communication personnelle

6
On peut trouver les semenceaux des variétés améliorées TDr 747,
TDr 89/02665 et Florido au Centre de Recherche Agronomique des
Savanes Humides de l’Institut Togolais de Recherche Agronomique
(ITRA) à Sotouboua.

5. Quand et comment faut-il planter l’igname ?

Quand planter ?

Plantez les variétés précoces à partir de novembre jusqu’en mars.


Plantez les variétés tardives en début de saison de pluies.

Quoi planter ?

Préparez les semenceaux

Choisissez des semenceaux non pourris et qui ne portent pas des


taches blanches.
Les semenceaux peuvent être des tubercules entiers ou des
fragments de tubercule
Pour les tubercules entiers qui ont beaucoup germé, éliminez les
germes les moins vigoureux, laissez un ou deux germes vigoureux en
les coupant à 5cm de la tête du tubercule. Les semenceaux doivent
avoir entre 400 et 600g.
Pour les fragments de tubercule, préparez-les 1 à 2 jours avant la
plantation
Préparez dans un récipient, un mélange de 8 litres d’eau , 50 g (2
sachets de 25 g) d’un produit de traitement fongicide-insectide
exemple caïman rouge, de la cendre de cuisine tamisée (une boîte de
pilchard remplie).
Mettez les semenceaux (tubercule entier ou fragment), dans un panier
et plongez-les dans le récipient contenant ce mélange pendant une
minute.

7
Réduction du germe du Les semenceaux trempés dans
semenceau avant plantation un mélange fongicide-insecticide

Attention ! Choisissez la taille des semenceaux en fonction de la


grosseur des buttes

Comment obtenir les semenceaux ?

Les semenceaux sont obtenus par la technique traditionnelle du


sevrage et par la technique améliorée de multiplication rapide.

La technique du sevrage

Elle consiste à récolter les variétés d’igname précoces et les semi-


tardives en laissant un bout de tête. La butte est refaite pour permettre
une seconde production en fin d’année. C’est ce qu’on appelle "tête
d’igname" qui va servir de semenceau.

D’autres formes de semenceaux sont les tubercules moyens des


variétés précoces, semi-tardives et tardives récoltés en fin d’année qui
sont divisés en 2 ou 3 parties. Les petits tubercules provenant de
toutes les variétés sont utilisés directement comme semenceaux.

8
Paysan en train de Paysan en train de récolter
sevrer l’igname une tête d’igname

Tête d’igname récoltée

La technique de multiplication rapide

C’est une technique qui permet de produire des semenceaux entiers à


partir de tubercules moyens appelés "tubercules mères". Ces
"tubercules mères" coupés en petits morceaux ayant la grosseur de la
boîte d’allumettes vont produire des tubercules entiers qui seront
utilisés comme semenceaux. Cette technique est décrite en annexe.

Avantages et inconvénients de chaque technique

- La technique du sevrage permet d’avoir des tubercules très


tôt au moment où on manque de nourriture. Les tubercules se
vendent chers. Mais si après le sevrage il y a manque de
pluie, les semenceaux produits sont de mauvaise qualité. De
même si après le sevrage il y a trop de pluie, les racines sont
étouffées et les plants meurent. Dans ces conditions on ne
peut plus avoir de têtes d’igname.

9
Attention ! les plantations tardives entraînent une baisse de
rendement. Les tubercules récoltés de ces plantations sont de petite
taille et germent tôt

- Avec la technique de multiplication rapide on a beaucoup de


semenceaux en peu de temps avec peu de tubercules. On
obtient seulement des tubercules entiers qui sont des
semenceaux de bonne qualité. Les tubercules des variétés
précoces et semi- tardives ont le temps de bien mûrir.
L’inconvénient c’est qu’il faut attendre une campagne avant
d’avoir les semenceaux pour produire les ignames de
consommation.

Comment planter ?

Plantez à une profondeur de 10 cm


Evitez de planter quand il fait trop chaud
Paillez après avoir planté pour conserver l’humidité du sol

6. Est-ce qu’il faut des tuteurs pour l’igname ?

Mettez des tuteurs si vous êtes dans une zone forestière. Cela permet
aux feuilles de l’igname de profiter du soleil.

Il n’est pas nécessaire de mettre des tuteurs si vous êtes en zone de


savane où les arbres ne cachent pas la lumière du soleil.

NB. Les tuteurs font augmenter le rendement de l’igname ; mais


dans les zones où le problème de bois se pose les frais engagés
pour le tuteurage ne sont pas compensés par l’augmentation du
rendement.

7. Est-ce que l’igname a besoin d’engrais ?

Apportez l’engrais organique (résidus de récolte, compost, fumier,


etc...) quand le sol devient pauvre. Il faut mettre aussi l’engrais
chimique.

10
L’apport d’engrais chimique seul sur sol pauvre en matières
organiques ne permet pas d’accroître le rendement.

Apportez 34 brouettes de fumier ou de compost bien décomposé à


l’hectare avant le buttage. Mettez deux sacs et demie (130 kg) d’urée,
deux sacs (100 kg) de superphosphate triple et deux sacs et demie
(120 kg) de chlorure de potasse à l’hectare.
Le superphosphate triple, le chlorure de potasse et la moitié de l’urée
sont mis à 8 semaines après plantation ; la moitié restante de l’urée
sera apportée 8 semaines après le premier apport.

8. Quels soins faut-il apporter a l’igname pour avoir une


bonne production ?

Sarclez bien

Les semenceaux d’igname ne germent pas tous en même temps ; ils


mettent un à deux mois pour pousser ; cela donne le temps aux
mauvaises herbes de couvrir le sol.
Pour cela vous devez garder le champ propre en début de plantation.
Sarclez 3 à 4 fois avant la récolte. L’igname met 8 à 12 mois pour
produire.

Protégez les plants contre les maladies et les insectes

La mosaïque

C’est une maladie. Ses signes commencent par des tâches jaune-clair
à côté des nervures et quelques parties des feuilles.
Les feuilles se froissent et deviennent comme des ficelles.
La plante produit de très petits tubercules.

11
Plants d’igname attaqués par la mosaïque
(marqués de toiles rouges)

Evitez de planter les tubercules issus des plants malades. Pour cela,
identifiez les plants malades avec une toile rouge. A la récolte, mettez
de coté les tubercules de ces plants malades.
Ces tubercules donnent la maladie quand ils sont utilisés comme
semenceaux

La mosaïque est « le sida » de l’igname. C’est le seul moyen efficace


de lutter contre elle.

De nos jours il est mis au point des variétés résistantes ou tolérantes


à la mozaïque telles que TDr 747 et TDr 89/02665 qui sont en voie de
vulgarisation.

Les nématodes
Les nématodes sont des vers invisibles qui vivent dans le sol. Ils
attaquent les tubercules et les rendent impropres à la consommation.
Evitez d’associer l’igname et le pois d’angole ou l’igname et le
soja. Evitez aussi de faire rentrer le pois d’angole et le soja dans une
rotation où il y a l’igname. Il y a des nématodes dans les racines de
ces cultures.

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Tubercule attaqué par des nématodes

9. Quand recolter l’igname ?

Vous pouvez faire 2 récoltes :


- vous récoltez les plus gros tubercules plus tôt (juin-juillet)
- vous récoltez 2 à 3 mois plus tard les têtes et le reste des
tubercules

Récoltez les ignames précoces quand les feuilles commencent par


jaunir.
Vous verrez qu’il y a parfois des fentes sur les buttes
Les variétés précoces sont mûres 5 à 7 mois après plantation

Récoltez les variétés semi- tardives en août-septembre , 8 à 9 mois


après plantation et les tardives en décembre-janvier 10 à 12 mois
après plantation quand les feuilles sont totalement sèches.

Vous pouvez obtenir un bon rendement qui peut aller de 15 à 20


tonnes par hectare si vous utilisez de nouvelles variétés qui
produisent beaucoup et si vous entretenez bien le champ

10. Comment bien conserver l’igname ?

Pourquoi les ignames pourrissent-elles vite au stockage ?

Les tubercules d’ignames pourrissent vite parce qu’ils contiennent


beaucoup d’eau.
Quand le tubercule est blessé les microbes et les insectes profitent
pour pénétrer et causer les pourritures après.

13
Tubercules d’igname stockés sur le sol
et sans aération (mauvais stockage)

Quelles techniques utilisent-on pour conserver les ignames

Conservation sous hangar


Faites une étagère de 50 cm de haut sous un hangar bien
ventilé.
Disposez les tubercules sur l’étagère

Tubercules d’igname stockés sur étagère sous abri

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Conservation sur tresses verticales

Attachez les tubercules les uns après les autres avec une
ficelle.
Il y a beaucoup d’aération mais cette méthode demande
beaucoup de travail.
Elle se fait dans les régions forestières.

Stockage sur tresses verticales

Quelles précautions faut-il prendre pour mieux conserver les


ignames ?

Evitez de récolter pendant les moments trop chauds de la journée.


Evitez de blesser les tubercules pour limiter la pénétration des
microorganismes.
Faites un abri en toit de paille. Plus l’abri est élevé, plus il est aéré.
Avant de les stocker, traitez les tubercules au « curing’ ».

Comment traiter les tubercules avec la technique du curing


Récoltez les tubercules un jour avant le traitement au curing.
Couvrez ensuite les tubercules avec la paille sur une épaisseur de 15
cm.
Couvrez la paille avec une bâche en toile.
Vous pouvez remplacer la bâche par des sacs de jute.
Mettez-les les uns sur les autres.
Il faut 15 à 20 sacs de jute pour 50 tubercules qui pèsent environ 150
kg

15
Quand il fait chaud, gardez les tubercules pendant 3 jours.
Pendant l’harmattan, gardez-les pendant 5 jours.
Enlevez les tubercules et rangez-les sur une étagère.

Les tubercules ne pourrissent pas beaucoup quand on fait le curing


avant le stockage.

Le curing permet d’éliminer l’excès d’eau des tubercules. Il favorise le


durcissement de leur peau pour une meilleure résistance contre les
microbes et une cicatrisation des blessures. Après l’opération, les
tubercules doivent être manipulés avec beaucoup de précaution pour
éviter de nouvelles blessures.
Enlevez les germes toutes les deux semaines au cours du stockage

Tas d’igname en cours de traitement au curing

16
11. Combien faut-il depenser pour produire
un hectare d’igname ?

Tableau 2 : Coût de production d’un hectare d’igname dans les


différentes zones de production

Opération culturale Coût moyen des opérations (Fcfa/ha)


Régions Centrale, Régions Maritime
Kara, Plateaux Est et Plateaux Ouest
Défrichement et débardage 30 000 30 000
Buttage 90 000 90 000
Semences (achat) 450 000 450 000
Plantation (préparation des 57 000 57 000
semenceaux et plantation)
Tuteurage - 65 000
Sarclages (trois sarclages) 60 000 60 000
Récolte 42 000 42 000
Transport de la récolte 42 000 42 000
Stockage 17 500 17 500
Total 788 500 853 500

17
Annexe

La technique de multiplication rapide de l’igname

Vous utilisez chaque année près du tiers de la récolte comme


semenceau.
Vous êtes obligés d’utilisez les tubercules gardés pour la
consommation et la vente
Vous achetez des semenceaux qui sont chers si vous êtes nouveau
producteur
Vous pouvez résoudre ce problème en pratiquant la technique de
multiplication rapide
Cette technique vous permet d’avoir beaucoup de semenceau à partir
de peu de tubercules

Pratiquez cette technique en suivant les étapes ci-après :

- Choisissez des tubercules sains, longs et pas trop gros.

- Divisez chaque tubercule en trois parties (tête = 1/4 du


tubercule, milieu = moitié, queue =1/4)
- Mettez les têtes à part, les milieux à part et les queues à part

- Découpez chaque partie en rondelles comme on coupe


l’igname pour faire l’igname bouillie (tékon). L’épaisseur des
rondelles doit être égale au tiers de l’index

- Divisez chaque rondelle en 6 ou 8 petits morceaux

Tubercule-mère Tubercule-mère divisé en 3 parties

18
Tubercule-mère coupés en rondelles Minifragments

- Préparez dans un récipient un mélange composé de : 8 litres


d`eau, 3 petites boîtes de tomates remplies de cendre de
cuisine bien tamisée, 2 sachets de 25 grammes de caïman
rouge (insecticide fongicide)

- Mettez les fragments dans un petit panier et plongez le


pendant une minute dans le récipient contenant le mélange
bien remué ;

Assurez vous que tous les fragments sont complètement trempés

Fragments plongés dans le


Produit chimique +cendre
produit de traitement

19
- Sortez le panier et étalez les fragments sur des feuilles de
bananier ou de branches de palme à l’ombre
-
- Laissez sécher jusqu’à ce que l’eau disparaisse sur les
fragments

Fragments étalés à l’ombre d’un arbre

- Préparez une planche d’une largeur d’un pas sous un abri en


branches de palme

- Cherchez la sciure de bois (résidus de sciage du bois)

- Mouillez la sciure avec un peu d’eau de façon qu’en pressant


la sciure l’eau ne s’écoule pas entre les doigts

- Recouvrez la planche de la sciure mouillée d’une épaisseur


d’un tiers de l’index et étalez les fragments sur la planche, la
peau sur le sol

- Séparez les fragments de la tête, du milieu et de la queue par


des morceaux de bois

- Recouvrez les fragments d’une seconde couche de la même


sciure d’une épaisseur un peu plus d’un tiers de l’index

20
- Arrosez chaque fois que la sciure devient sèche jusqu'à 6
semaines.

Fragments mis en pépinière Fragments dans un récipient

- Préparez des billons de 30 à 40 cm de haut. Laisser un


mètre entre les billons. Couvrez les billons avec la paille ; à
partir de la 3ème semaine arrachez les fragments qui germent
et plantez- les sur les billons à 25 cm les uns des autres

- Continuez la plantation jusqu’à la fin de la 6ème semaine

Fragments germés Plantation sur billons


des fragments germés

21
- Récolter 5 à 6 mois après la plantation au champ quand les
lianes sont sèches.

Récolte de semenceaux

Attention !
-Vous devez planter les fragments de tubercules germés sur
billons 15 à 30 jours avant le début des pluies.
-Dans la zone à deux saisons de pluie (Région Maritime et des
Plateaux), vous devez préparer la pépinière en mars-avril et dans
la zone à une saison de pluie (Régions Centrale, Kara et Savanes)
en avril-mai.

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