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Aziz MECHOUAT

VALEURS DES JEUNES CASABLANCAIS


APPROCHE SOCIOLOGIQUE

Préface de Jamal KHALIL


Préface

Préfacer ce livre sur les valeurs, c’est aussi revenir sur le long
processus de construction, dans son sens premier, d’une thèse. En
construisant celle-ci et par la suite en la rédigeant Aziz Mechouat
avait un souci majeur, celui de trouver un système explicatif
cohérent des valeurs des jeunes. Cette idée en elle-même engendre
une supposition implicite consistant à penser que connaître les
valeurs d’un groupe social impliquerait quelque part une
connaissance de la réalité sociale du même groupe. On prend
alors le risque de cristalliser des objets qui sont par essence
malléables voire fluctuants. L’auteur n’a pas hésité à le prendre.

En tous les cas de figure cette connaissance demeure toujours


partielle et temporaire. Une sorte de marqueur du temps. La
démarche suivie par l’auteur, bien que classique demeure originale.
Elle est classique car ses étapes sont normées : on questionne des
auteurs et par la suite des personnes, en utilisant de façon disparate
plusieurs outils. On questionne un grand nombre de façon
directive et on interroge un petit nombre de manière non directive.
Au bout compte on obtient un matériau à soumettre à la
discussion. Elle est originale car une fois le matériau obtenu, le
système d’analyse construit prend de la distance par rapport au
concept même de valeur.

La levée du voile sur la notion de valeur est une première tentative


de répondre à la question suivante : Comment analyser un système
de valeur alors qu’on est dedans ? En d’autres termes comment

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objectiver là où la subjectivité est de mise ? On revient à la volonté
de Durkheim de considérer comme choses, les objets non
compénétrables à l’esprit de façon directe. On prend de la distance
vis à vis d’un terrain qu’on a vécu et interrogé durant certain
temps. A un moment donné, on décide d’arrêter se disant que cela
doit suffire, il faut passer à une autre étape : l’analyse. Si le terrain
peut encore livrer d’autres éléments, donner du jus, il peut aussi
ne jamais se terminer, devenir une source d’interrogation
continuelle. L’avantage d’une thèse c’est qu’elle a une durée, il faut
après un certain temps construire et conclure, quitte à ouvrir de
nouvelles pistes pour soi-même ou pour d’autres.

Les questions multiples posées aux jeunes par Aziz Mechouat sont
complexes : Quel système de valeurs est porté par la jeunesse
casablancaise scolarisée? Quelles sont les choses les plus
importantes pour ces jeunes? Comment se situent- ils à l’égard de
la modernité et de la tradition ? Les jeunes sont-ils individualistes
ou s’intègrent-ils dans des groupes ? Pour obtenir des réponses
l’auteur a d’abord dû mettre en place un système de classification
des valeurs des jeunes selon leurs propres orientations (vers soi,
vers les autres, vers le passé ou vers l’avenir), il a ensuite essayé de
relever la logique qui réside derrière les choix des jeunes et enfin
établit la position que peut détenir une valeur au sein du système
des jeunes.
Les résultats obtenus montrent que les jeunes âgés de 15 à 24 ans
considèrent, dans leur grande majorité, la religion comme la valeur
la plus importante dans la vie. La famille vient au deuxième rang
et le travail apparaît en troisième. Parmi les valeurs les moins

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importantes figurent la liberté, les amis, et les loisirs. En plus de
cette classification les jeunes dénoncent la permissivité et
regrettent l’époque révolue marquée par l’autorité.
Le discours des jeunes ont révélé que, malgré un fort désir
d’assurer leur individualité, il existe toujours des entraves à la
réalisation de leur autonomie : le passé lointain, les liens familiaux
et les valeurs religieuses. On se trouve alors avec une centralité
religieuse et une jeunesse individualiste cherchant dans le travail le
moyen d’atteindre son indépendance et de lutter contre les
pressions sociales. Le système de valeur construit par Aziz
Mechouat peut donc se résumer en une typologie : des
individualistes orientés vers l’avenir, des individualistes orientés
vers le passé, des communautaires orientés vers le passé et des
communautaires orientés vers l’avenir.
L’avantage de ce genre de construction c’est qu’elle permet
d’intégrer des objets qui peuvent paraitre contradictoires de
prime abord. Le pragmatisme des individus leur permet de s’auto-
construire un système de valeurs à la carte. Quand bien même
celui-ci peut sembler aléatoire, il véhicule du sens pour ceux qui le
vivent. La difficulté que porte ce système d’analyse, c’est la mesure
des contradictions possibles et non possibles. Jusqu’à quel point
un individu peut-il supporter de vivre des objets aussi disparates
en gardant sa cohérence.

C’est cet aspect dynamique de la thèse de Méchouat qui permet


d’entamer de nouvelles discussions et d’ouvrir des perspectives de
recherches fort intéressantes. Comment s’effectue l’intégration et
l’implémentation des valeurs dans un monde de plus en plus

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ouvert ? Si on considère la variable âge comme variable
explicative, comment le système de valeur individualisé va-t-il
évoluer ? Qu’en est-il des autres variables : sexe, lieu de vie urbain
ou rural. Plus on soumet des objets à la discussion, plus on ajoute
de la connaissance à des réponses qu’on aurait pu considérer
comme évidentes.

Jamal KHALIL

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Introduction
L’objet de ce livre « les valeurs de la jeunesse » se situe au
croisement des chemins entre la sociologie des valeurs et celle de
la jeunesse. Les enjeux épistémologiques qui entourent ces deux
concepts de « valeur » et « jeunesse » diffèrent en sociologie. Même
si l’histoire de la sociologie reste à écrire, l’épistémologie du
concept de valeur a traversé toute cette histoire. De Durkheim à
Parsons, de Weber à Boudon en passant par Bourdieu et d’autres,
l’usage de ce concept se fait avec précaution du fait de sa
polysémie1. Cette polysémie n’a pas empêché les fondateurs de la
sociologie de consacrer une partie intéressante de leurs travaux à
l’explication des valeurs morales et l’existence de certaines
croyances. A titre d’exemple, Durkheim2 a expliqué les raisons de
l’existence de la notion d’âme dans toutes les cultures humaines.
Pour sa part, Weber3 a tenté de comprendre le développement du
capitalisme en relation avec l'ethos calviniste. Tocqueville a pour
sa part expliqué la dose élevée de religiosité chez les Américains
par rapport aux Européens.

L’intérêt que porte la sociologie à l’étude des valeurs revêtira


davantage d’intérêt à partir des années 1960, selon Hutcheon4.
L’étude des valeurs, selon ce même auteur, est en peu de temps
devenue la boussole de l’étude de la réalité sociale. Cet intérêt

1 ASSOGBA, Yao. L'état de la question sur l'étude des valeurs. In: Les valeurs des jeunes, sous la direction de Gilles Pronovost et Chantal
Royer. Les Presses de l'Université du Québec, 2004,p. 12.
2DURKHIEM, Emile. Les Formes élémentaires de la vie religieuse. Paris: Le Livre de Poche, 1991.
3WEBER, Max. L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme. Plon, Paris, 1964.
4HUTCHEON, Phillip. Value Theory: Toward Conceptual Clarification. The British Journal of Sociology, 1972, Vol. 23.

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découle de ce qu’il appelle une croyance en l’utilité des études des


valeurs pour faire progresser les sciences sociales5.

Quant au concept de « jeunesse », la littérature consultée fait état


d’une multitude d’approches. Le chaos6 caractérise la recherche
sur cette tranche d’âge. Les résultats de cette dernière s’avèrent
eux aussi chaotiques en raison de leur caractère fragmentaire et
confus. L’itinéraire épistémologique de ce concept montre qu’il
s’agit d’une invention moderne. Les psychologues, les pédagogues
ont été les premiers à s’intéresser à cette période et ses mutations.
Régis Bigot et Claire7 Piau soulignent que les travaux portant sur
la jeunesse sont nés à l’aube du XXème siècle et notamment avec
l’évolution enregistrée en psychologie et en sociologie. C’est ainsi
que sous l’influence de la psychologie naissante du début du XXe
siècle, la jeunesse a été définie pour la première fois comme un
processus de maturation psychologique, un passage difficile, un
moment de crise8. En sociologie, l’intérêt porté à cette catégorie
remonte, selon Galland, aux années 1950-1960, période marquée
par la massification de l’école. Différentes écoles sociologiques se
sont penchées sur l’étude de la jeunesse. Aux Etats-Unis, l’école
de Chicago fut l’une des pionnières en la matière. Dès les années
vingt, ses travaux, notamment ceux de Parket Burgess, ont mis
l’accent sur la culture juvénile, sur les expressions culturelles, sur
la sous-culture juvénile et sur les transformations dues au

5Ibid.
6PEARL, Arthur. Tendances théoriques de la recherche sur la jeunesse aux États-Unis d'Amérique. Revue internationale des sciences
humaines. Unesco.Vol. XXXVII, n° 4, 1985, p.493.

7BIGOT Régis, Claire Piau. Peut-on parler d’une opinion de la jeunesse, Cahier de recherche, n°181, CREDOC, 2003.
8GALLAND, Olivier, Sociologie de la jeunesse. Paris: Edition Armand Colin, 2011, p.57.

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processus d’urbanisation. Au sein de ces transformations, un


intérêt particulier a été accordé à l’origine de la déviance.

En France, la construction de la jeunesse en tant que domaine de


recherche sociologique a suscité plusieurs débats à partir des
années soixante. L’interrogation a notamment porté sur
l’existence de la jeunesse comme catégorie spécifique. Deux
visions sont apparues. Certaines considèrent que la jeunesse
constitue une catégorie homogène susceptible d’être étudiée. Pour
d’autres, la jeunesse n’est qu’un mot dans la mesure où elle reflète
les mêmes mécanismes de classement et de déclassement. De ce
fait, la jeunesse est considérée comme une donnée socialement
construite. Ce débat théorique portant sur la construction de la
jeunesse en guise d’objet d’étude sociologique s’est accompagné
d’un débat méthodologique, notamment quand il s’agissait
d’étudier la culture et les valeurs des jeunes. Le débat autour des
approches a eu des répercussions sur les résultats.

Les études à l’échelle internationale portant sur les valeurs des


jeunes mettent souvent l’accent sur la différence entre les valeurs
des jeunes et celles des adultes9. D’autres recherches ont pour leur
part insisté sur l’hétérogénéité des valeurs des jeunes eux-mêmes,
en particulier lorsque leur niveau d'éducation est pris en compte10.

9GALLAND, Olivier, ROUDET, Bernard, (dir.), Les valeurs des jeunes (Tendances en France depuis 20 ans), Paris, 2001.
10PORTELA, Mickaël, «24 heures chrono dans la vie d’un jeune: les modes de vie des 15 24 ans», Études et Résultats, n°911, DREES,
avril, 2015.

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Au Maroc, même si «la jeunesse n’en finit pas d’être traitée comme
le parent pauvre des études en sciences sociales »11, les études qui
ont directement porté sur les valeurs des jeunes, malgré leur rareté,
dressent des tableaux différents de cette jeunesse. En tenant
compte de la chronologie de ces études, nous avons constaté que
cette jeunesse peut être subdivisée en trois catégories : les jeunes
sont soit modernes, soit traditionnels, soit bricoleurs. Bien qu’il
soit difficile de réduire la richesse des analyses effectuées par
André ADAM, Paul PASCON, Mekki BENTAHAR,Rahma
BOURQIA, Hassan RACHIK et Mounia CHRAÏBI sous peine
de schématisation et de tautologie, nous pouvons cependant
formuler l’idée que derrière chaque image réside un contexte
historique et sociopolitique précis.

La modernisation correspond aux jeunes de la post-indépendance.


A cette époque, la priorité était accordée aux questions politiques,
économiques et sociales. L’image d’une jeunesse en cours de re-
traditionalisation apparaîtra à partir des années 80. Elle est liée à
un contexte régional marqué par la montée en puissance des
mouvements islamistes et de l’idéologisation de la religion. Quant
à l’image du jeune bricoleur, les chercheurs, notamment Mounia
CHRAÏBI et Bayat, l’expliquent comme étant une sorte de
réponse à la pression d’un monde qui tend de plus en plus vers la
mondialisation et ses effets.

En tenant compte de cette littérature, cette thèse examine les


valeurs des jeunes casablancais scolarisés dans un contexte de
11EL AYADI, Mohammed, Rahma, BOURKIA. Introduction . In: BOURQIA, Rahma, EL-AYADI, Mohammed, EL HARRAS, Mokhtar.
Les jeunes et les valeurs religieuses. Eddif, 2000, p.9.

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mondialisation croissante, du libre accès à Internet, de diversité de


source de socialisation et d’urbanisation ainsi que de
transformations majeures affectant la famille, l’école, la politique
et le marché du travail. De ce fait, cette tentative cherche à
explorer les valeurs de la jeunesse casablancaise scolarisée en
relation avec ce qui importe pour elle. Cette thèse met en
particulier l’accent sur les différences et les similitudes entre les
systèmes de valeurs des jeunes en fonction de quatre orientations
essentielles : l’orientation vers soi, l’orientation vers les autres,
l’orientation vers le passé et l’orientation vers l’avenir.
En partant d’une hypothèse de départ qui postule l’existence d’un
lien entre la vie du citadin et une certaine tendance vers
l’individualisme, nous avons essayé de nuancer entre les différents
systèmes de valeurs des jeunes, selon certaines variables telles que :
le sexe, le niveau scolaire, le quartier d’habitation et le niveau
d’instruction des parents. Ensuite, nous avons essayé d’explorer
les orientations des jeunes casablancais en fonction du sens qu’ils
donnent à ces dernières.

C’est ainsi que cette recherche vise à répondre aux questions


suivantes : 1) Quel est l’état des lieux du système de valeurs de la jeunesse
casablancaise scolarisée ? 2) Quelles sont les choses les plus importantes pour
ces jeunes ?3) Comment se situent- ils à l’égard de la dualité : modernité et
tradition ? 4) Être moderne ou traditionnel : Qu'est-ce que cela signifie pour
les jeunes ?5) Quelle orientation prennent-ils ? 6) Sont-ils individualistes ou
collectivistes ?7) Quel horizon temporel domine leurs valeurs : sont-ils orientés
vers le passé, le présent ou l’avenir ?

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Afin de répondre à ces questions, nous avons construit un


questionnaire qui a ciblé un échantillon de 1233 jeunes scolarisés,
habitant tous dans le milieu urbain casablancais et âgés de 15 à 24
ans. Afin de saisir la différence qui pourrait exister entre les
systèmes de valeurs de cette jeunesse, nous avons tenu compte,
lors de la réflexion sur notre type de l’échantillon, de quatre
critères : le niveau scolaire, le sexe, l’âge, le quartier d’habitation.

Les jeunes interrogés n’ont pas été sélectionnés sur la base d'un
type d’échantillonnage probabiliste. Les personnes interviewées
ont été contactées dans les lycées, les universités et parfois à
domicile. L’objectif était de prendre contact avec le maximum de
jeunes âgés de 15 à 24 ans. La population des lycéens concerne le
Tronc commun, la première année du baccalauréat et la deuxième
année du baccalauréat. Dix lycées de l’enseignement public ont été
concernés par cette enquête. Pour ce qui est des étudiants de
l'université, ils ont été contactés dans deux facultés de lettres : la
faculté Ain Chok et la faculté de lettres de Ben Msik.

Si le questionnaire nous a permis de mesurer un certain nombre


d’orientations des systèmes de valeurs de la jeunesse casablancaise,
l’entretien nous a pour sa part aidé à comprendre un certain
nombre d’orientations juvéniles à travers le contact direct avec les
jeunes. Lors des entretiens, nous avons eu l’occasion d’engager un
véritable échange avec les enquêtés afin de pouvoir comprendre
le sens qu’ils donnent à leurs choix qui sont demeurés ambigus
lors de la phase quantitative.

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Au total nous avons interviewé 20 jeunes casablancais à l’aide des


professeurs et des anciens élèves qui ont joué un rôle important
dans la prise de contact sur le terrain. La majorité des entretiens
ont eu lieu dans les lycées alors que d’autres se sont déroulés à
domicile ou dans des cafés. Les entretiens ont duré entre 50
minutes et deux heures.

Concernant l’analyse des propos recueillis nous pensons qu’«en


eux-mêmes les éléments d'information ne disent rien et tout à la
fois : il faut les réduire, les résumer, les traiter et leur donner une
forme qui permettra de les regrouper, de les comparer et de les
analyser. La constitution des données désigne le processus de
sélection, de simplification et de transformation des informations
brutes»12. C’est ainsi qu’une analyse thématique a été pratiquée sur
le matériau obtenu.
Cette analyse nous a permis de vérifier le choix des termes utilisés
par les jeunes, leur fréquence, leur mode d’agencement, la
construction du discours et son développement. Notre objectif
était de relever les différentes valeurs présentes dans les discours
des jeunes. Après avoir écouté et retranscrit les entretiens, la
seconde étape consistait à : 1-classer le système de valeurs des
jeunes selon leur orientation présente (vers soi, vers les autres, vers
le passé ou vers l’avenir), 2- relever la logique qui réside derrière
les choix des jeunes et 3- établir la position que détient une valeur
au sein du système des jeunes. Évidemment, malgré la richesse des
propos recueillis, nous ne prétendons pas qu’ils permettent de
saisir le système de valeurs des jeunes interviewés dans sa totalité,
12
DESLAURIERS, Jean-Pierre. Recherche qualitative. Guide pratique, Montréal: McGraw- Hill, 1991, p.59.

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mais plusieurs éléments pertinents ont émergé lors de notre


analyse, ce qui a contribué à combler les lacunes du questionnaire.
L’une des conclusions que nous pouvons tirer de cette recherche
est que la jeunesse casablancaise passe par un certain glissement
du modèle traditionnel vers un modèle de valeurs moderne sans
pouvoir parler de la modernité telle qu’elle a été décrite par les
penseurs classiques. Les quatre profils que nous avons présentés
confirment la difficulté qu’il y a à aborder les jeunes comme une
catégorie sociale homogène. Les tendances des valeurs de la
jeunesse casablancaise révèlent l’existence de quatre orientations
qui cohabitent et divergent tout au long de cette recherche : une
orientation collectiviste marquée par la persistance des valeurs
traditionnelles dans un contexte se caractérisant par la valorisation
de la religion et du passé des ancêtres. La deuxième orientation est
individualiste. Elle reflète les transformations du contexte
marocain qui tend vers des valeurs citadines, rationnelles. Entre
les deux orientations plusieurs lignes de tensions se croisent,
interfèrent et cohabitent.

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Table des matières
PREFACE .....................................................................................................................................3
INTRODUCTION ..........................................................................................................................7

VALEURS : ENJEUX EPISTEMOLOGIQUES ET APPROCHES MULTIPLES…………………..9


Les valeurs : les antagonismes d’un concept ...................................................................... 16
Les valeurs : typologie et signification du changement ...................................................... 20
Les valeurs : vers la définition du concept ........................................................................... 29

JEUNESSE EN SOCIOLOGIE : UNE INVENTION RECENTE ET DES CONTOURS


INDEFINIS .......................................................................................................................................... 34
La jeunesse et l’organisation sociale.................................................................................... 36
La catégorisation par âge : les limites indéterminées ......................................................... 37
Adonaissance : un nouveau « découpage » du cycle de la vie ......................................... 41
Le concept de jeunesse et le manque de consensus ......................................................... 43

A PROPOS DES TRAVAUX SUR LES VALEURS DE LA JEUNESSE MAROCAINE .............. 46


1. La jeunesse marocaine dans les travaux sociologiques .................................................... 48
2. La sociologisation de la question juvénile auprès de l’état................................................. 58
3. Les jeunes dans l’enquête nationale sur les valeurs de 2004............................................ 61
4. Les jeunes dans l’enquête du Haut-commissariat au plan, 2011 ...................................... 66
5. La jeunesse marocaine : trois tendances contradictoires................................................... 71

JEUNESSE CASABLANCAISE ET ESPACE DE SOCIABILITE................................................. 77


1. Casablanca : quelques détails sur cette ville disparate....................................................... 77
2. Jeunesse casablancaise : identité de démarcation et action collective ............................. 81
3. Emeutes de Casablanca : la jeunesse sur le devant de la scène ...................................... 85
4. De l’action collective aux nouvelles formes d’engagement................................................. 90
5. « Nayda » et le franchissement des lignes rouges .............................................................. 92

LE SYSTEME DE VALEURS DE LA JEUNESSE CASABLANCAISE ...................................... 100


1. Les valeurs les plus importantes ......................................................................................... 100
2. La religion : noyau dur du système de valeur de la jeunesse casablancaise.................. 105
3. Famille : Valeurs pratiques ou valeurs terminales ............................................................. 117
4. Les jeunes et l’hypothèse de l’individualisme .................................................................... 127

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