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Deuxième Partie : LES AUTRES INSTITUTIONS COMMUNAUTAIRES

Contrairement à l’OHADA, les autres institutions communautaires que nous allons étudier
n’ont pas vocation exclusivement à réaliser une intégration juridique. Il vise plus une
intégration sous l’angle économique, monétaire et même politique. Nous verrons d’une part,
l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et la Communauté des Etats de
l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Chapitre 1 : L’UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST-AFRICAINE :


L’UEMOA

Nous analyserons d’abord la genèse de l’UEMOA (Section 1) avant d’étudier ses institutions
(Section 2).

Section 1 : LA GENESE DE L’UEMOA

L’analyse du contexte historique de la naissance de l’UEMOA est d’une pertinence


indubitable pour la compréhension de cette union. Nous allons donc étudier d’abord ce
contexte historique (Paragraphe 1) avant de porter ensuite l’attention sur le Traité portant
création de l’UEMOA.

Paragraphe 1 : Le contexte et les raisons de la création de l’UEMOA

L'UEMOA est une organisation ouest-africaine qui a comme mission la réalisation de


l'intégration économique des États membres, à travers le renforcement de la compétitivité des
activités économiques dans le cadre d'un marché ouvert et concurrentiel et d'un
environnement juridique rationalisé et harmonisé.

L'UEMOA constitue un prolongement de l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA). Aux


termes de son article 2, le Traité dispose « Par le présent Traité, les Hautes Parties
Contractantes complètent l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) instituée entre elles, de
manière à la transformer en Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), ci-
après dénommée l'Union ». Plusieurs raisons ont conduit les Etats membres à instituer
l’UEMOA. En effet, ces Etats ont exprimé leur conscience des avantages qu’ils tirent de leur
appartenance à une Union Monétaire et de la nécessité de renforcer la cohésion de celle-ci. Il
y avait une nécessité d’étendre au domaine économique la solidarité qui les liait déjà sur le
plan monétaire. Les Etats membres avaient aussi senti la nécessité de favoriser leur
développement économique et social, grâce à l’harmonisation de leurs législations, à
l’unification de leurs marchés intérieurs et à la mise en œuvre de politiques sectorielles
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communes dans les secteurs essentiels de leurs économies. Tout ceci se justifie aussi par
l’interdépendance de leurs économies et la nécessité de leur convergence. Les Etats désiraient
aussi se conformer aux principes d’une économie de marché ouverte, concurrentielle et
favorisant l’allocation optimale des ressources ; sans oublier la volonté des Etats membres de
compléter à cet effet l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) par de nouveaux transferts
de souveraineté et de transformer cette Union en Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine (UEMOA), dotée de compétences nouvelles. Il y a eu aussi la nécessité pour les
Etats parties de renforcer la complémentarité de leurs appareils de production et de réduire
les disparités de niveaux de développement entre eux.

Ainsi, les Etats membres de l’UEMOA adoptent une démarche qui s’inscrit dans la logique
des efforts d’intégration régionale en cours Afrique.

Paragraphe 2 : Le Traité de l’UEMOA

Le Traité instituant l'UEMOA a été signé le 10 janvier 1994 par 7 pays.


Le démarrage des activités a eu lieu en janvier 1995. Il subit des révisions et modifications
notamment en 2003. Il constitue aussi la constitution de l'UEMOA en tant organisation
communautaire.
L’Union respecte dans son action les droits fondamentaux énoncés dans la Déclaration
universelle des droits de l'homme de 1948 et la Charte africaine des droits de l'homme et des
peuples de 1981.

Dans l'exercice des pouvoirs normatifs que le Traité leur attribue et dans la mesure compatible
avec les objectifs de celui-ci, les organes de l'Union favorisent l'édiction de prescriptions
minimales et de réglementations-cadres qu'il appartient aux États membres de compléter en
tant que de besoin, conformément à leurs règles constitutionnelles respectives.

Le Traité portant création de l'UEMOA a ainsi défini, dans sa teneur, les missions et objectifs
de l'Union, les États membres ainsi que les techniques d'harmonisation qu'elle utilise.

-Les missions et objectifs de l’UEMOA :


Il faut préciser que les États membres de l'UEMOA apportent leur concours à la réalisation
des objectifs de l'Union en adoptant toutes mesures générales ou particulières, propres à
assurer l'exécution des obligations découlant du présent Traité. A cet effet, ils s'abstiennent de
toutes mesures susceptibles de faire obstacle à l'application du présent Traité et des actes pris
pour son application.

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Dès l'entrée en vigueur du présent Traité, la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement
fixe des orientations générales pour la réalisation des objectifs de l'Union. Elle constate à
intervalles réguliers l'état d'avancement du processus d'intégration économique et monétaire et
fixe, s'il y a lieu, de nouvelles orientations.

L’UEMOA vise essentiellement à créer un marché commun, c’est-à-dire une zone de libre-
échange dans l’espace couvert par les 8 Etats membres. Cela signifie une totale liberté de
circulation des personnes, des capitaux, des services et des facteur de personnes, des
capitaux, des services et des facteur de production, ainsi que les droits des résidence et
établissement. Cela nécessite l’harmonisation des politiques économiques, monétaires et
financières des Etats membres. En d’autres termes, il s’agit de réaliser l'unification des
espaces économiques nationaux, pour transformer l'Union en un marché porteur et attractif
pour les investisseurs, la consolidation du cadre macro-économique des États membres, à
travers l'harmonisation de leurs politiques économiques, notamment budgétaires, ainsi que par
le renforcement de leur monnaie commune.
Aux termes de l’article 4 du Traité de l’UEMOA, il est indiqué que « Sans préjudice des
objectifs définis dans le Traité de l'UMOA, l'Union poursuit, dans les conditions établies par
le présent Traité, la réalisation des objectifs ci-après :
-renforcer la compétitivité des activités économiques et financières des Etats membres dans le
cadre d'un marché ouvert et concurrentiel et d'un environnement juridique rationalisé et
harmonisé ;
-assurer la convergence des performances et des politiques économiques des Etats membres
par l'institution d'une procédure de surveillance multilatérale ;
-créer entre les Etats membres un marché commun basé sur la libre circulation des personnes,
des biens, des services, des capitaux et le droit d'établissement des personnes exerçant une
activité indépendante ou salariée, ainsi que sur un tarif extérieur commun et une politique
commerciale commune ;
-instituer une coordination des politiques sectorielles nationales, par la mise en œuvre
d'actions communes et éventuellement de politiques communes notamment dans les domaines
suivants : ressources humaines, aménagement du territoire, transports et télécommunications,
environnement, agriculture, énergie, industrie et mines ;
-harmoniser, dans la mesure nécessaire au bon fonctionnement du marché commun, les
législations des États membres et particulièrement le régime de la fiscalité ».

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Les actes arrêtés par les organes de l'Union pour la réalisation des objectifs du présent Traité
et conformément aux règles et procédures instituées par celui-ci, sont appliqués dans chaque
État membre nonobstant toute législation nationale contraire, antérieure ou postérieure.

-Les Etats membres de l’UEMOA :

L’UEMOA est composé des pays d’Afrique ayant en commun le franc CFA.

Selon l’article 103 du Traité, tout Etat ouest africain peut demander à devenir de l’UEMOA. Il
adresse sa demande à la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement qui se prononce sur
rapport de la Commission.

Les conditions d’adhésion et les adaptations que celle-ci entraine font l’objet d’un accord
entre les Etats membres et l’Etat demandeur, après avis conforme du Parlement de l’UEMOA.
Cet accord est soumis à la ratification des Etats membres, conformément à leurs règles
constitutionnelles respectives.

Toutefois, si l’adhésion n’entraine que des adaptations d’ordre purement technique, l’accord
peut être approuvé par la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement.

Le Traité précise en outre en son article 104 que tout Etat africain peut demander à participer
à une ou plusieurs politiques de l’Union en qualité de membre associé. Les conditions d’une
telle association font l’objet d’un accord entre l’Etat demandeur et l’Union, après avis
conforme du Parlement de l’UEMOA. L’accord est conclu par la Conférence des Chefs d’Etat
et de Gouvernement.

L'UEMOA regroupe 8 pays de l'Afrique de l'Ouest: le Bénin, le Burkina Faso, la Côte


d'Ivoire, la Guinée-Bissau (a adhéré en 1997), le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.

-Les techniques d’intégration de l’UEMOA

Au sein de l’UEMOA, l’harmonisation se réalise par des moyens ou techniques diverses


contrairement à l'OHADA dans laquelle il n'y que les Actes uniformes l'UEMOA utilise des
règlements, des décisions, des directives, des recommandations et avis.

-Les règlements : Un règlement peut être défini comme un acte de portée générale, obligatoire
et directement applicable dans tous les Etats membres d’une institution communautaire. Ils
ont une portée générale. Ils sont obligatoires dans tous leurs éléments et sont directement
applicables dans tout Etat membre.

-Les directives lient tout Etat membre quant aux résultats à atteindre. La Directive –
communautaire – est un acte normatif qui, contrairement au Règlement, lie tout membre

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destinataire mais seulement quant au résultat à atteindre. La détermination de la forme et des
moyens sont laissés aux instances nationales.

-Les décisions sont obligatoires dans tous leurs éléments pour les destinataires qu'elles
désignent.

-Les recommandations et les avis n'ont pas de force exécutoire.

Section 2 : LES INSTITUTIONS DE L’UEMOA

L'UEMOA comprend des organes de direction, des organes de contrôle, des organes
consultatifs et des institutions spécialisées autonomes.

Paragraphe 1 : Les Organes de direction :


Trois organes assurent la direction de l’Union. Il s’agit : la Conférence des Chefs d’Etat et de
Gouvernement, du Conseil des Ministres et de la Commission de l’UEMOA.
A. La Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement :

La Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement est régi par les dispositions des articles
17 à 19 du Traité de 2003. L’économie de ces dispositions révèle que la Conférence des Chefs
d’Etat et de Gouvernement définit les grandes orientations de la politique de l’Union. Elle se
réunit au moins une fois par an. La Conférence prend, en tant que de besoin, des actes
additionnels au Traité de l’Union. Les actes additionnels sont annexés au Traité ; il complète
celui-ci sans toutefois le modifier. Leur respect s’impose aux organes de l’Union ainsi
qu’aux autorités des Etats membres.

Organe suprême de l'Union, la Conférence définit donc les grandes orientations de la politique
de l'Union et fixe les orientations générales pour la réalisation des objectifs de celle-ci.

Autorité suprême de l'Union, elle tranche toute question n'ayant pu trouver de solution par
accord unanime du Conseil des Ministres.
Elle décide de l'adhésion éventuelle de nouveaux membres et prend acte du retrait ou de
l'exclusion des participants.
Elle se réunit au moins une fois par an et prend ses décisions à l'unanimité.

B. Le Conseil des Ministres :


Le Conseil des Ministres est composé, sauf dérogation, des Ministres en charge de
l’économie, des finances et du plan des Etats membres. Chacun Etat membre est représenté

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par deux ministres, dont le ministre des finances, mais chaque État n'y dispose que d'une seule
voix.

Le Conseil des Ministres définit la politique monétaire et de crédit de l'Union afin d'assurer la
sauvegarde de la monnaie commune et de pourvoir au financement de l'activité et du
développement économique des États membres.

Il lui appartient de modifier la définition de l'unité monétaire et de déterminer en conséquence


la déclaration de parité de la monnaie de l'Union à effectuer au Fonds Monétaire International.

Il ressort de l’article 20 du Traité de l’UEMOA que le Conseil des Ministres assure la mise en
œuvre des orientations générales définies par la Conférence. Il arrête le budget de l'Union.

Le Conseil, dont les délibérations sont préparées par un Comité des Experts des Etats
membres, édicte des règlements, des directives et des décisions ; il peut également formuler
des recommandations et des avis.
La BCEAO organise les séances du Conseil dont elle assure le Secrétariat.
Le Gouverneur de la BCEAO assiste aux réunions du Conseil avec voix consultative.
Le Conseil se réunit au moins deux fois par an et prend ses décisions à l'unanimité.

Toutes les fois que le Traité de l’UEMOA prévoit l’adoption d’un acte juridique du Conseil
sur proposition de la Commission, le Conseil ne peut faire d’amendement à cette proposition
qu’en statuant à l’unanimité de ses membres. Pour l’adoption des décisions ne portant pas
principalement sur la politique économique et financière, le Conseil réunit les Ministres
compétents. Les délibérations ne deviennent définitives qu’après vérification, par les
Ministres en charge de l’Economie, des Finances et du Plan, de leur compatibilité avec la
politique économique de l’Union. Pour les questions politiques et de souveraineté, les
Ministres en charge des Affaires étrangères siègeront au Conseil des Ministres de l’UEMOA.

Le Conseil peut déléguer à la Commission de l'Union l'adoption des règlements d'exécution


des actes qu'il édicte. Ces règlements d’exécution ont la même force que les actes pour
l’exécution desquels ils sont pris.

Comme précisé plus haut, les délibérations du Conseil des Ministres sont préparées par le
Comité des Experts, composé de représentants des Etats membres. La Commission est
représentée aux réunions de ce Comité. Celui-ci adopte à la majorité de ses membres présents

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des avis qu’il transmet au Conseil. Le Conseil arrête le règlement intérieur du Comité des
Experts à la majorité des deux tiers (2/3) de ses membres.

C. La Commission de l'UEMOA :

Elle est actuellement composée de huit membres, des Commissaires désignés par la
Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement pour un mandat de quatre ans, renouvelable.
Elle a son Siège à Ouagadougou (Burkina Faso).

Les Commissaires, à leur entrée en fonction, prêtent serment devant la Cour de Justice de
l'Union.

Le Président de la Commission est nommé, parmi les Commissaires, par la Conférence pour
un mandat de quatre ans, renouvelable. Il nomme aux emplois et est ordonnateur du budget.

La Commission de l'UEMOA exerce, en vue du bon fonctionnement et de l'intérêt général de


l'Union, le pouvoir d'exécution, délégué par le Conseil des Ministres.
La Commission transmet à la Conférence et au Conseil les recommandations et avis qu'elle
juge utiles à la préservation et au développement de l'Union,
Elle exécute le budget de l'Union,
Elle peut saisir la Cour de Justice en cas de manquement des Etats membres aux obligations
qui leur incombent en vertu du droit communautaire.
Le siège de la Commission est à Ouagadougou au Burkina Faso.

La Commission, organe exécutif de l'Union, prend des règlements pour l'application des actes
du Conseil des Ministres, édicte des décisions et formule des recommandations et des avis.

Si les règlements édictés par le Conseil et la Commission ont une portée générale et sont
obligatoires dans tous leurs éléments, les directives, édictées par le Conseil, lient tout Etat
membre quant aux résultats à atteindre. Les décisions sont obligatoires dans tous leurs
éléments, pour leurs destinataires.

Cependant, les actes arrêtés par les organes de l'Union sont appliqués dans chaque Etat
membre, nonobstant toute législation nationale contraire, antérieure ou postérieure.

La Commission de l’UEMOA est régie par les dispositions des articles 26 à 34 du Traité
modifié de l’UEMOA.

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Aux termes de l’article 26, la Commission exerce, en vue du bon fonctionnement et de
l’intérêt général de l’Union, les pouvoirs propres que lui confère le Trait de l’UEMOA. A cet
effet, elle :

-transmet à la Conférence et au Conseil des Ministres les recommandations et les avis qu’elle
juge utiles à la préservation et au développement de l’Union ;

-exerce, par délégation expresse du Conseil et sous son contrôle, le pouvoir d’exécution des
actes qu’il prend ;

-exécute le budget de l’Union ;

-recueil toutes informations utiles à l’accomplissement de sa mission ;

-établit un rapport général annuel sur le fonctionnement et l’évolution de l’Union qui est
communiqué par son Président au Parlement et aux organes législatifs des Etats membres ;

-élabore un programme d’actions qui est soumis par son Président, à la session ordinaire du
Parlement, qui suit sa nomination ;

-assure la publication du bulletin officiel de l’Union.

La Commission est composée de membres appelés Commissaires, ressortissants des Etats


membres. Les Commissaires sont désignés par la Conférence des Chefs d’Etat et
Gouvernement sur la base des critères de compétence et d’intégrité morale. Toutefois, la
Conférence de Chefs d’Etat et de Gouvernement peut inviter la Commission à lui présenter sa
démission, à la suite du vote d’une motion de censure par le Parlement. La Conférence des
Chefs d’Etat et de Gouvernement peut également modifier le nombre des membres de la
Commission.

Les membres de la Commission exercent leur mission en toute indépendance dans l’intérêt
général de l’Union. Ils ne sollicitent ni n’accepte d’instruction de la part d’aucun
gouvernement ni d’aucun organisme. Les Etats membres sont tenus de respecter leur
indépendance.

Lors de leur entrée en fonction, les membres de la Commission s’engagent, par serment
devant la Cour de justice de l’Union, à observer les obligations d’indépendance et d’honnêteté

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inhérentes à l’exercice de leur charge. Pendant la durée de leur mandant, il n’exerce aucune
autre activité professionnelle, rémunérée ou non.

Les traitements, indemnités et pensions des membres de la Commission sont fixés par le
Conseil, statuant à la majorité des deux tiers (2/3) de ses membres.

Le mandat des membres de la Commission peut être interrompu par la démission ou la


révocation ou la démission. La démission peut être individuelle ou collective. Elle est
collective, lorsqu’elle intervient à l’invitation de la Conférence des Chefs d’Etat et de
Gouvernement, suite au vote par le Parlement d’une motion de censure contre la Commission.
La révocation est prononcée par la Cour de justice à la demande du Conseil, pour
sanctionner la méconnaissance des devoirs liés à l’exercice des fonctions de membre de la
commission. En cas d’interruption de mandat d’un membre de la Commission, l’intéressé est
remplacé pour la durée de ce mandat restant à courir. Sauf révocation ou démission, les
membres de la commission demeurent en fonction jusqu’à leur remplacement.

Le Gouverneur de la BCEAO participe de plein droit, avec voix consultative, aux réunions de
la Commission. Il peut se faire représenter. Il peut demander l’inscription d’un point à l’ordre
du jour ou suggérer au Conseil d’inviter la Commission à prendre une initiative dans le cadre
de sa mission.

Les délibérations de la Commission sont acquises à la majorité simple de ses membres. En cas
de partage, la voix du président est prépondérante.

Le Président de la Commission est désigné parmi les membres de celle-ci par la Conférence
des Chefs d’Etat et de Gouvernement pour un mandat de quatre (4) ans, renouvelable. Cette
désignation se fera de manière à appeler successivement à la présidence de la Commission
tous les Etats membres. Le Président de la Commission détermine l’organisation des services
de la Commission dans la limite du nombre de postes autorisés par le budget de l’Union. Il
nomme aux différents emplois.

La Commission arrête son règlement intérieur.

Paragraphe 2 : Les organes de contrôle :

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Il a été institué au sein de l’UEMOA, en tant qu’organes de contrôle, une Cour de Justice (A)
et une Cour des Comptes (B). Outres ces deux organes, nous avons le Parlement de l’Union
(C).
A. La Cour de Justice :
La Cour de justice veille au respect du droit ainsi qu’à l’interprétation et à l’application du
Traité de l’Union. La Cour de Justice a son siège à Ouagadougou au Burkina Faso.
La Cour de justice est composée de membres nommés pour un mandat de six ans
renouvelable, par la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement. Les membres de la
Cour de Justice sont choisis parmi des personnalités offrant les garanties d’indépendance et de
compétences juridiques, nécessaires à l’exercice des plus hautes fonctions juridictionnelles.
Les membres de la Cour désignent en leur sein pour trois ans un Président de la Cour de
Justice. Ils répartissent entre eux les fonctions de juges et d’avocats généraux.
La Cour de Justice se réunit en tant que de besoin sur Convocation de son Président. Elle
siège en séance plénière. Ses audiences sont publiques.
La cour de Justice nomme un greffier. Elle connait, sur recours de la Commission ou de tout
Etat membre, des manquements des Etats membres aux obligations qui leur incombent en
vertu du Traité de l’Union.
Si la Cour de Justice constate qu’un Etat membre a manqué à une des obligations qui lui
incombent en vertu du Traité de l’Union, cet Etat est tenu de prendre les mesures que
comportent les arrêts de la Cour. En cas d’abstention de l’Etat membre dont le manquement a
été constaté, la Commission a la faculté de saisir la Conférence des Chefs d’Etat et de
Gouvernement afin qu’elle invite l’Etat membre défaillant à s’exécuter.
Lorsque le recours en manquement est formé par un Etat membre, la Cour avant de statuer,
invite la Commission à lui communiquer ses observations.
Sur recours formé par un Etat membre, par le Conseil ou par la Commission, la Cour de
Justice apprécie la légalité des règlements, directives et décisions. Le recours en appréciation
de la légalité est ouvert, en outre, à toute personne physique ou morale, contre tout acte d’un
organe de l’Union lui faisant grief. Ces recours doivent être formés dans un délai de deux
mois à compter de l’acte, de sa notification au requérant, ou, à défaut, du jour où celui-ci en a
eu connaissance. Une amende de folle action peut être prononcée par la Cour de justice à
l’encontre de toute personne de droit privé, physique ou morale, en cas de recours
manifestement abusif ou dilatoire.

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L’organe de l’Union dont émane l’acte annulé doit prendre les mesures que comporte
l’exécution de l’arrêt de Cour de justice. Celle-ci a la faculté d’indiquer les effets des actes
annulés qui doivent être considérés comme définitifs.
La Cour de Justice statue à titre préjudicionnel sur l’interprétation du Traité de l’Union, sur la
légalité et l’interprétation des actes pris par les organes de l’Union, sur la légalité et
l’interprétation des statuts des organismes créés par des actes du Conseil, quand une
juridiction nationale ou une autorité à fonction juridictionnelle est appelée à en connaitre à
l’occasion d’un litige. Les juridictions nationales statuant en dernier ressort sont tenues saisir
la Cour de Justice. Sa saisine par les autres juridictions nationales ou les autorités à fonction
juridictionnelle est facultative.
Les interprétations formulées par la Cour de Justice dans le cadre du recours préjudicionnel
s’impose à toutes les autorités administratives et juridictionnelles dans l’ensemble des Etats
membres. L’inobservation de ces interprétations peut donner lieu à un recours en
manquement.
La Cour de Justice peut connaitre aussi des litiges relatifs à la réparation des dommages
causés par les organes de l’Union ou par les agents de celle-ci dans l’exercice de leurs
fonctions. Elle connait en outre des litiges entre l’Union et ses agents. La Cour de Justice
connait des différends entre Etats membres relatifs au Traité si ces différends lui sont soumis
en vertu d’un compromis.
Les recours formés devant la Cour de Justice n’ont pas d’effet suspensif. Toutefois, la Cour
peut ordonner le sursis à exécution des actes contestés devant elle.
Dans les affaires dont elle est saisie, la Cour peut prescrire les mesures conservatoires
nécessaires.
Les arrêts de la Cour de Justice ont force exécutoire conformément aux dispositions de son
règlement de procédures. Ils sont publiés au Bulletin Officiel de l’Union.
Les statuts de la Cour de Justice sont établis par un acte additionnel de la Conférence des
Chefs d’Etat et de Gouvernement. La revient à la Cour d’établir son règlement de procédures.
Ce dernier est soumis à l’approbation du Conseil, statuant à l’unanimité. Il est publié au
Bulletin Officiel de l’Union.
Les traitements, indemnités et pensions des membres de la Cour sont fixés par le Conseil,
statuant à la majorité des deux tiers (2/3) de ses membres.
B. La Cour des Comptes :

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La Cour des comptes assure le contrôle de l’ensemble des comptes des organes de l’Union.
Ce contrôle porte notamment sur la régularité et l’efficacité de l’utilisation de leurs
ressources.

La Cour est composée de trois (3) conseillers. Les Conseillers sont nommés pour un mandat
de six (6) ans, renouvelable une seule fois, par la Conférence des Chefs d’Etat et de
Gouvernement, parmi des personnalités proposées par le Conseil et offrant toutes les garanties
de compétence et d’indépendance requises.

Les conseils peuvent se faire assister par des collaborateurs. Ils peuvent recourir dans
l’exercice de leurs fonctions à un système d’audit externes.

Les modalités du contrôle devant être exercées par la Cour des comptes sont arrêtées par le
Conseil, statuant à la majorité des deux tiers (2/3) de ses membres sur recommandation des
Conseillers.

La Cour des Comptes contrôle les comptes des organes de l'Union, et la fiabilité des données
budgétaires nécessaires à l'exercice de la surveillance multilatérale.

C. L’organe parlementaire : Le Parlement de l’UEMOA


Le contrôle démocratique des organes de l’Union est assuré par un Parlement dont la création
fait l’objet d’un Traité spécifique. Le Parlement participe au processus décisionnel et aux
efforts d’intégration de l’Union dans les domaines couverts par le Traité de l’UEMOA. Le
Parlement jouit de l’autonomie de gestion financière. Il se réunit en deux sessions ordinaires
par an, sur convocation de son Président. La deuxième session du Parlement est session
budgétaire. Le Parlement peut se réunir également en session extraordinaire, sur un ordre du
jour précis. Il adopte son Règlement Intérieur, à sa session inaugurale.
A l’initiative du Parlement, ou à leur demande, le Président et les membres de la Commission,
le gouverneur de la BCEAO, le Président de la BOAD, le Président de la Chambre Consulaire
Régionale peuvent être entendus par le Parlement. Chaque année, le Président de la
Commission soumet au Parlement, pour examen, un rapport général sur le fonctionnement et
l’évolution de l’Union, conformément aux dispositions de l’article 26 du Traité. Le Parlement
examine un programme d’action que lui présente le Président de la Commission à la session
ordinaire qui suit sa nomination.
Aux termes de l’article 37 du Traité modifié de 2003, la composition, l’organisation et le
fonctionnement du Parlement sont déterminés voie d’acte additionnel de la Conférence des

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Chefs d’Etat et de Gouvernement. Cette dernière peut, après consultation du Bureau du
Parlement et du Conseil des Ministres, dissoudre le Parlement.
Le Parlement est ainsi composé
Paragraphe 3 : L’organe consultatif : La Chambre Consulaire Régionale
Aux termes de l’article 40 alinéa 1er du Traité modifié en 2003, « Il est créé au sein de l’Union
un organe consultatif dénommé Chambre Consulaire Régionale, regroupant les Chambres
consulaires des Etats membres et dont les modalités de fonctionnement seront fixées par voie
d’acte additionnel de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement.
La Chambre Consulaire Régionale est le lieu privilégié de dialogue entre l'UEMOA et les
principaux opérateurs économiques.
La Chambre, organe consultatif, créée par le Traité de l'Union, est chargée de réaliser
l'implication effective du secteur privé dans le processus d'intégration de l'UEMOA,
notamment par : la participation à la réflexion sur le processus d'intégration et la mise en
œuvre des réformes arrêtées par les organes compétents de l'Union, la promotion des
échanges commerciaux et des investissements dans l'Union, l'appui technique aux chambres
consulaires nationales et à leurs autres membres.
A son initiative ou à celle de la Commission, la Chambre donne des avis sur toute question
relative à la réalisation des objectifs de l'Union, notamment:
-les législations commerciale, fiscale, douanière et sociale,
-les négociations commerciales auxquelles participent l'Union,
-la création et le fonctionnement de bourses de valeur ou de commerce, d'observatoires
économiques,
-la politique économique et monétaire.
La Chambre regroupe les chambres consulaires nationales, les associations professionnelles et
les organisations patronales des Etats membres.
Son siège est à Lomé au Togo.
Paragraphe 4 : Les Institutions spécialisées autonomes :
Aux termes de l’alinéa 1er de l’article 41 du Traité de 2003, « La Banque Centrale des Etats de
l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) sont
des institutions spécialisées autonomes de l’Union ». Nous verrons d’abord la BCEAO (A) et
ensuite la BOAD (B).
A. La Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) :

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La BCEAO est un établissement public international dont le siège est établi à Dakar
(Sénégal).

La naissance de la BCEAO s’est réalisée effectivement en 1959. Au départ, la Banque


centrale avait son siège à Paris. Ce n’est qu’en 1973, suite à la révision du Traité de l’UMOA,
que son siège a été transféré en Afrique et précisément à Dakar, avec un transfert effectif de
ses services en 1978. Ce siège de Dakar a été inauguré le 28 mai 1979.
-L’organisation et le fonctionnement de la BCEAO : Sous la direction et le contrôle du
Conseil des Ministres de l'Union, la Banque Centrale est administrée par un Gouverneur, un
Conseil d'Administration, un comité d'Audit, un comité de Politique Monétaire et des
Conseils Nationaux de Crédits.

Le Gouverneur de la BCEAO est nommé par la Conférence des Chefs d'Etats et de


Gouvernement pour un mandat de six ans, renouvelable. Il fait exécuter les décisions du
Conseil des Ministres ainsi que celles qui sont arrêtées par le Conseil d' Administration qu'il
préside. Il est assisté de deux Vice-Gouverneurs nommés par le Conseil des Ministres de
l'Union pour une durée de cinq ans renouvelable. Le Gouverneur gère les disponibilités
extérieures de l'Union et il est, en outre, responsable de l'organisation des services et de leurs
activités.

Le Conseil d'Administration est formé de dix-huit membres, à raison de deux par Etat
participant à la gestion de la Banque (huit pays membres + la France). Dans le cadre des
directives données par le Conseil des Ministres, le Conseil d'Administration : précise les
opérations de la Banque Centrale et fixe leur taux et conditions d'exécution, arrête les règles
qui s'imposent aux Conseils Nationaux du Crédit, dans l'exercice de leurs compétences; il
autorise les opérations affectant le patrimoine de la banque et arrête les comptes de cette
dernière ; il détermine les modifications aux statuts de la banque devant être soumises à la
ratification par le Conseil des Ministres.

Le Conseil d'Administration fixe notamment les conditions d'intervention de la Banque en


matière monétaire. Il est présidé par le Gouverneur qui, cependant, ne participe pas aux votes.
La BCEAO dispose, dans chaque Etat membre, d'une agence nationale auprès de laquelle
siège un Comité national du crédit composé du Ministre des finances, des deux représentants
de l'Etat siégeant au Conseil d'Administration et de quatre autres membres nommés par le
gouvernement.

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Le Gouverneur de la BCEAO assiste aux séances avec voix consultative.
Sous le contrôle du Conseil d'Administration de la Banque Centrale, les Comités nationaux
règlent à l'échelon national la distribution du crédit et le volume de l'émission.

D’un point de vue de son fonctionnement, la BCEAO est divisée en plusieurs services à
savoir : le service des études et des statistiques, le service des opérations bancaires, le service
de l'administration et du patrimoine, le service des ressources humaines, le service de la
comptabilité et du budget, le service de l'informatique, le service de la caisse, le service des
établissements de crédit et de microfinance

-Les missions de la BCEAO : La BCEAO a pour principale mission la maîtrise de l'inflation et


de ses effets pervers sur les économies de l'Union. L'exécution de cette mission essentielle
requière la mise en place d'une politique d'émission monétaire, et l'organisation et la
surveillance de l'activité bancaire.

La BCEAO a le privilège exclusif d'émettre les signes monétaires sur le territoire des Etats de
l'Union. Elle émet des signes monétaires (billets et pièces de monnaie) qui ont cours légal
dans l'ensemble des Etats membres de l'union. La création, l'émission et l'annulation des
signes monétaires sont décidées par le Conseil des Ministres.

Ensuite, La BCEAO détermine la politique monétaire. En effet, La Banque Centrale a


également pour mission de gérer la politique monétaire des Etats membres de l'union. Cette
politique monétaire vise à ajuster la liquidité globale de l'économie en fonction de l'évolution
de la conjoncture économique, pour assurer une stabilité des prix ; à promouvoir la croissance
économique.

Enfin, ce charge de l’organisation et de la surveillance de l’activité bancaire. Dans le cadre de


cette mission, la Banque Centrale définit la réglementation applicable aux banques et
établissements financiers et exerce à leur égard des fonctions de surveillance. Dans ce cadre,
la Commission Bancaire, créée le 24 avril 1990 est chargée de veiller à l'organisation et au
contrôle du système bancaire dans l'espace UMOA.

B. La Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) :


La Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) est l’institution commune de
financement du développement des Etats de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA).
Elle a été créée par Accord signé le 14 novembre 1973. La BOAD est devenue opérationnelle
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en 1976. Les Etats membres sont : le Bénin, le Burkina, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le
Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Par traité de l’Union Économique et Monétaire Ouest
Africaine (UEMOA) signé le 10 janvier 1994 et entré en vigueur le 1er août 1994, la BOAD
est une institution spécialisée et autonome de l’Union. Elle concourt en toute indépendance à
la réalisation des objectifs de l’UEMOA sans préjudice des objectifs qui lui sont assignés par
le traité de l’UMOA.

La BOAD est un établissement public à caractère international qui a pour objet, aux termes
de l’Article 2 de ses Statuts, de promouvoir le développement équilibré des Etats
membres et de réaliser l’intégration économique de l’Afrique de l’Ouest en finançant des
projets prioritaires de développement. Son siège est à Lomé (Togo).
Par la collecte de disponibilités intérieures et la recherche de capitaux extérieurs, la BOAD
contribue notamment au financement, sous des formes diverses, d'infrastructures de soutien
au développement, de l'amélioration des conditions et moyens de production, de
l'établissement de nouvelles activités.

La Banque est gérée et administrée par un Président, nommé par le Conseil des Ministres de
l’UEMOA, assisté d’un Vice-président nommé par le Conseil d’Administration de la Banque ;
un Conseil d’Administration composé :

• du Président de la Banque qui en assure la Présidence ;

•d’un représentant titulaire et d’un suppléant nommés par chacun des Etats membres de
l’Union ;

• du Gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ou de son


représentant ;

• des représentants des membres titulaires d’actions de Série B, en nombre proportionnel au


montant du capital souscrit par ceux-ci. Leur nombre ne pouvant cependant excéder le tiers du
nombre total des représentants des membres titulaires d’actions de Série A.

L’organisation des services de la BOAD incombe au Président dans le cadre des dispositions
des statuts de la Banque. Il est assisté d’un Vice-Président.

L’organisation générale de la BOAD comprend le siège établi à Lomé, en République


Togolaise, et une Mission Résidente dans les sept autres pays membres (Bénin, Burkina, Côte
d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger et Sénégal).

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L’organisation interne de la Banque comprend le Cabinet du président, le Secrétariat Général,
les Départements, les Directions, les Divisions et les Missions Résidentes.

Sont placés sous l’autorité directe de la Présidence : le Cabinet du Président ; le Contrôle


Général ; la Direction de la Communication, du Marketing et des relations publiques ; la
Direction des Ressources Humaines ; l’Unité d’Evaluation Rétrospective des Projets.

Sont placés sous l’autorité directe de la Vice-présidence : le Cabinet du Vice-Président, la


Direction de la Gestion des Engagements et des Risques, l’Unité de Gestion
Environnementale et du Développement Durable.

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