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Aboisso- Les Niaboua sont une communauté ethnique vivant dans

le Centre-ouest de la Côte d'Ivoire, dans les départements de


Daloa, Issia et Vavoua. Cependant, une partie de ce peuple se
retrouve dans la région du Sud-Comoé, précisément à Assué-
Gnamboi, un village de la commune de Tiapoum, en plein pays
N’zima, chez les Adouwlè Sotchié.

Des ancêtres Niaboua déportés dans la région depuis 1893

"Nos ancêtres sont arrivés en 1893, déportés dans ce lieu par les
colonisateurs pour le compte des travaux forcés. Les blancs, pour
les plantations de café et de cacao et pour l’exploitation du
caoutchouc sauvage également, avaient besoin de bras valides et
de personnes courageuses comme les Niaboua", a rapporté le chef
du village d’Assué-Gnamboi, Gozé Déaboué.

Il précise qu’originaires de Zoukougbeu, leurs ancêtres ont été


embarqués par les colonisateurs à partir de Sassandra par voie
maritime et fluviale jusqu’à cet endroit.

"Toutes les tribus Niaboua sont représentées à Assué-Gnambois", a


assuré le chef du village. La localité compte près de 1000 habitants
disséminés dans 75 campements. Ainsi l'on y retrouve les
Niédéboua, les Kouzié, les Zombo et les Niaboua eux-mêmes.
Les ancêtres, à l’approche du départ des colonisateurs avaient
demandé et obtenu de s’installer dans une forêt vu d’abord qu’ils
étaient des peuples de la forêt et ensuite qu’ils étaient dans
l’impossibilité de retourner dans leur région d’origine, précise
Sébastien Oulai Gozé, le frère du chef.

Puis le chef du village de citer entre autres ancêtres, Gozé Djéto,


premier chef du village d’Assué-Gnamboi qui visiblement semble
être la déformation d’Assié-Gnamboi qui signifierait dans cette
langue "les Niaboua qui sont restés".

Fallet Kéipo, Katibo Djanan, Tapé Gozé Pierre, Bahou Maurice ,


Dacoury Bénoit, Fran Djédé Pierre, Sery Gozé, Baha Flan,Kanon
Yaiti Jean, Wongnihon Augustin, Kipré Dépié Maurice, Fallet
Méson(4éme chef du village) sont entre autres des patriarches de
générations différentes dont les tombes sont encore à Assué-
Gnamboi pour ceux qui y sont décédés.

Les Niaboua d’Assué-Gnamboi ont conservé leur culture d’origine

La culture d’origine a été conservée assure le chef du village


d’Assué-Gnamboi. La langue, les mariages, les danses, le mode
vestimentaire, la gastronomie, tout à été conservé en dépit
quelques fois de l’emprunt de certains éléments de la culture
N’zima.
Les populations d’Assué-Gnamboi ont d’ailleurs gardé les relations
avec leurs frères du pays Niaboua. Ils y vont souvent mais
reviennent toujours dans leur village Assué-Gnamboi.

La création des plantations de la Palmindustrie fait fuir des


populations d’Assué-Gnamboi

En 1963, l’Etat de Côte d’Ivoire récupère plusieurs milliers


d’hectares de forêt et crée les plantations de la Palmindustrie. Des
villageois d’Assué-Gnamboi perdent tout. Découragés, certains
décident d'un retour au bercail avec l'espoir d'y trouver encore avoir
de la forêt.

Le village perd alors une bonne partie de sa population. Cependant,


attachés à la terre qui les a tous vu naitre, la plupart d'entre eux
décide de rester.

"J’ai 120 ans. Ici, c’est mon village. Je souhaite mourir ici et être
enterrée ici", déclare Guéssou Catherine dont le poids de l’âge n’a
pas encore eu raison de la vitalité.

Un conflit foncier plombe le développement d’Asssué-Gnamboi

Pas d’électricité, pas d’école, pas de centre de santé, une seule


pompe à motricité humaine, des maisons abandonnées, juste
quelques maison en matériaux finis, Assué-Gnamboi offre un
visage triste. Pourtant, elle fait partie de la commune car située
juste à trois kilomètres du centre ville.

"Plusieurs de nos frères et sœurs sont morts ici faute de centre de


santé. Le temps de les transporter à Tiapoum ou au Ghana, il est
souvent trop tard", a expliqué un habitant du village.

Le conflit foncier qui les oppose à un particulier fait que le


lotissement réalisé ne peut bénéficier d’ouvertures de voies. Du
coup, tout est bloqué. "On ne peut pas construire bien que nous
ayons les moyens de le faire", s'est indigné, dépité, un autre
habitant du village.

Les populations plaident par conséquent pour qu’Assué-Gnamboi


ne disparaisse pas.

Un exemple de vivre ensemble avec les N’zima de Tiapoum

Les Niaboua d’Assué-Gnamboi assurent vivre en parfaite harmonie


avec les N’zima de Tiapoum. Plusieurs mariages mixtes ont eu lieu
entre les deux peuples. Le chef du village et la quasi-totalité des
populations parlent d’ailleurs parfaitement le N’zima.

A l’instar d’Assué-Gnamboi, il existe aussi d’autres villages


d’allochtones dans le département de Tiapoum vivant en parfaite
harmonie avec les Adouwlè Sotchié, peuple N’zima de Tiapoum.
(AIP)

akn/fmo

Réalisé par Ahoulou Konan Noël

Chef du bureau régional du Sud-Comoé.

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