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Aly Gilbert IFFONO (1975) dans son mémoire de Diplôme d’Etudes Supérieures avoue
d’abord que le pays d’origine des Kisia reste peu connu. Cet aveu fait, il soulève les
différentes hypothèses et en discutent la pertinence et la cohérence. Il prend appui sur
deux versions.
La première fait descendre les Kisia de Fa-Magan, un roi vaincu par Soundiata KEITA
en 1228 et qui aurait migré avec sa famille et se serait senti sauvé en arrivant à la lisière
de la forêt et aurait déclaré en maninkaka « Mbara kissi ». La seconde version affirme
que les Kisia sont des migrants qui ont dû se battre avec les mains nues pour vaincre des
populations trouvées sur place (entendez la région d’habitation actuelle des Kisia). Les
vaincus auraient donné aux vainqueurs le nom de « Kisi-Kisi » : une expression qui
désigne ceux qui les auraient refoulés.
Analysant ces deux hypothèses, Aly Gilbert IFFONO (1975) arrive à la conclusion
qu’elles souffrent de plusieurs lacunes. Par exemple, Aly Gilbert IFFONO (1975) se
demande, avec beaucoup de justesse, comment expliquer que les descendants de Fara-
Magan parlent une langue différente de celle de leur origine ? Pour la seconde
hypothèse, il constate que celle-ci ne dit pas d’où viennent les Kisia, même si la version
dit comment ils se sont installés. La conclusion à laquelle est parvenue Aly Gilbert
IFFONO (1975) est qu’au XIIIème siècle les Kisia étaient déjà dans la région qu’ils
occupent actuellement. Cette thèse n’est pas celle de SURET-CANALE (1971 : 173)
[51]
qui affirme de son côté que les Kisia :
« Chassés au XVIIème siècle du Sud-Est du Foutah-Djalon par les Dialoké, les Kisia étaient
originairement des cultivateurs semi-nomades dont la culture fondamentale était le fonia ».
Quelle que soit la période d’arrivée et d’installation des Kisia dans leur lieu d’habitation
actuel, on peut être d’accord avec Aly Gilbert IFFONO (1975) pour dire que le
mouvement migratoire des Kisia s’inscrit dans le vaste mouvement migratoire des
populations Ouest-africaines consécutif au desséchement du Sahel, à l’invasion et à la
destruction de l’empire du Ghana. La particularité de ce mouvement réside dans le fait
que les Kisia semblent être avec les Mandeyi et, semble-t-il les Baga, les populations
guinéennes qui ont fait la trajectoire Est-Ouest-Sud. C’est-à-dire du Sahel vers le
Foutah Djalon avant de redescendre vers le Sud de la Guinée et à la côte pour les
Mandenyi et les Baga.
« Ce pays (kissi) est divisé en plusieurs petits Etats gouvernés par des chefs
indépendants, qui se font souvent la guerre entre eux pour se procurer des esclaves
qu’ils vendent très cher. Il y a de ces barbares qui font profession de se cacher derrière
les buissons, de surprendre les malheureux nègres cultivateurs dans leurs champs et
d’aller ensuite les vendre impitoyablement. »
En Guinée, les principales villes où le kissi est parlé sont les villes de Guéckédou et
de Kissidougou ainsi que dans leurs sous-préfectures (milieu rural)
Le Kissi est l’un de ces témoins. Géographiquement, il est séparé des autres langues du
groupe sénégalo-guinéen (ou Atlantique occidental selon la classification de Westermann
reprise par J. Greenberg) 62 qui sont des langues à classes, par des langues mandé ou
par le peul.
Cet ensemble a été fractionné par l’invasion mandé puis les îlôts ont eux-mêmes été
grignotés et réduits pour ne plus laisser subsister outre le Kissi de la Haute-Guinée
débordant légèrement sur la Sierra-Leone et le Libéria, qu’un ilôt Gola-Bele au Sud
auquel est adossé un autre noyau Kissi à cheval sur la frontière libéro-léonaise
concrétisée par la rivière Morro, et une enclave Krim sur la côte à l’embouchure de la
rivière Sewa. A l’Ouest, un îlot plus important avec le Bulom sur la côte, le Timné et le
Limba à l’intérieur a résisté à la poussée Mandé.
Inversement, on trouve enkysté dans le Kissi, une langue Lélé qui provient de
l’assimilation d’une fraction Kissi par un envahisseur Kouranko (phénomène identique
à l’assimilation de Sherbro par des Kouranko pour donner les Kono, mais réduit,
contrairement à ces derniers, à une enclave).
Il ne semble donc pas, en se basant sur la carte des langues, que les Kissi aient été
récemment expulsés du Djallon par une invasion mandé ainsi qu’on l’a longtemps pensé,
mais qu’ils faisaient partie intégrante d’un ensemble archaïque OuestAtlantique
submergé, disloqué et réduit par les invasions mandé et peul 64.
Les Kissi constituent une population de Guinée comptant près de 300 000 individus,
peut-être d'origine soudanaise, ayant été fortement influencés par la culture Malinké.
Denise Paulme (in Les gens du riz, Paris, Plon, 1954) évoque ce peuple et remarque des
pierres sculptées anthropomorphes appelées pomda ou pomtan (plur. de pomdo). Elles
ont été trouvées dans le sol et ont été utilisées par les Kissi comme figures d'ancêtres.
D'après D. Paulme, lorsqu'un homme important décèdait, un pomdo était déterré près
d'un kolatier planté par le défunt, de son vivant. Grâce au rêve ou la divination, un
descendant découvrait le lieu précis de la statuette. Alors se déroulait le rituel appelé «
interrogatoire du cadavre » au cours duquel la statuette était placée sur un brancard
posé sur la tête du devin. Inclinée sur la droite, sur la gauche, elle «répondait» aux
questions.
C'est peut-être ce qui est représenté sur cette photographie ci-dessus.
La religion des Kissis est axée sur le culte des ancêtres, dont les tombes, marqués
de cercles de pierres, sont l'objet d'une vénération constante. Ces mêmes
ancêtres, fondateurs de villages, ont marqué le terroir de rochers, arbres et
étangs sacrés que l'on honore dans le but de susciter la fécondité des hommes et
des récoltes. Une grande partie de la vie spirituelle des Kissis est dominé par la
crainte des sorciers, la protection et la lutte contre leurs activités néfastes. A cet
effet chaque village, ou presque, possède son chasseur de sorciers (Wulumo).
IX. PATRONYMES
Les autres patronymes dérivent ces premiers, parfois une différence de phénomènes les
marques, mais le Totèm demeure le même. Exemple : Mamadouno et Massandouno,
Feindouno et Frangadouno
Certaines populations pour s’identifier ont préféré fonder les patronymes sur le nom de
leur cité. Exemple : Koumassan=Koumassadouno, Kagbadou=Kagbadouno,
Kombadou=Kombadouno, Mongo=Mongono.
Rang de naissance :
Il s’agit des noms des enfants d’une même femme dans le pays Kissi . Nous préciserons
que cette classification reste toujours valable pour les Kissis de Guéckédou:
2 2e Tamba Koumba
3 3e Faya Finda
4 4e Fara Tewa
6 6e Hali Sona
7 7e Kundou Tènè
Aujourd’hui, les 7 noms du côté masculin ont été utilisés pour désigner les 7 jours de la
semaine au pays Kissi par l’académie Guinéenne des Langues. Si toutefois la femme
parvient à avoir plus de sept (7) les surnoms des enfants sont donnés suivant les
événements qui coïncidents à la naissance : Ainsi : Tchôwo (né le jour d’un conflit),
Kossô (né le jour d’un jugement) Bissi (né le jour d’un décès) ...