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1.

Dédicace des Fleurs du mal

AU POËTE IMPECCABLE
AU PARFAIT MAGICIEN ÈS LETTRES FRANÇAISES
À MON TRÈS-CHER ET TRÈS-VÉNÉRÉ
MAÎTRE ET AMI

THÉOPHILE GAUTIER
AVEC LES SENTIMENTS
DE LA PLUS PROFONDE HUMILITÉ
JE DÉDIE
CES FLEURS MALADIVES
C. B.

2. Histoire du romantisme : la « bataille » d'Hernani

« Le gilet rouge ! on en parle encore après plus de quarante ans, et l’on en


parlera dans les âges futurs, tant cet éclair de couleur est entré profondément
dans l’œil du public. Si l’on prononce le nom de Théophile Gautier devant un
philistin, n’eût-il jamais lu de nous deux vers et une seule ligne, il nous connaît
au moins par le gilet rouge que nous portions à la première représentation
d’Hernani, et il dit d’un air satisfait d’être si bien renseigné :« Oh oui ! le jeune
homme au gilet rouge et aux longs cheveux ! » C’est la notion de nous que nous
laisserons à l’univers. Nos poésies, nos livres, nos articles, nos voyages seront
oubliés ; mais l’on se souviendra de notre gilet rouge. »

3. Préface de Mademoiselle de Maupin (extraits)

« Y a-t-il quelque chose d’absolument utile sur cette terre et dans cette vie où nous
sommes ? D’abord, il est très-peu utile que nous soyons sur terre et que nous vivions.
Je défie le plus savant de la bande de dire à quoi nous servons, si ce n’est à ne pas
nous abonner au Constitutionnel ni à aucune espèce de journal quelconque. […]
Ensuite, l’utilité de notre existence admise a priori, quelles sont les choses réellement
utiles pour la soutenir ? De la soupe et un morceau de viande deux fois par jour, c’est
tout ce qu’il faut pour se remplir le ventre, dans la stricte acception du mot. […] Rien
de ce qui est beau n’est indispensable à la vie. — On supprimerait les fleurs, le
monde n’en souffrirait pas matériellement ; qui voudrait cependant qu’il n’y eût plus
de fleurs ? Je renoncerais plutôt aux pommes de terre qu’aux roses […]. Il n’y a de
vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c’est
l’expression de quelque besoin, et ceux de l’homme sont ignobles et dégoûtants,
comme sa pauvre et infirme nature. — L’endroit le plus utile d’une maison, ce sont
les latrines. »
4. Le Capitaine Fracasse selon Jules Barbey d'Aurevilly

« Le Capitaine Fracasse, sachez-le bien, n’est qu’un morceau de tapisserie


faite d’après les tableaux, plus ou moins oubliés ou empoussiérés maintenant, de ces
maîtres qu’on appelle Scarron, Mme de Lafayette, Segrais, Scudéry, Cyrano de
Bergerac, et, pour mieux dire, tous les romanciers du commencement du dix-
septième siècle, que M. Théophile Gautier a imités dans ce roman sans vie et sans
passion réelle, — monument d’archaïsme, dont l’idée ne pouvait venir qu’à un
littérateur de décadence, très-habile, si l’on veut, et très-rompu aux choses du
langage, mais dépourvu entièrement d’invention puissante et de toute originalité ! »

Les Œuvres et les hommes, 1865

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