Création. Composition. Amendement apporté par la loi 20-19.
Partie II : Attribution et mode de fonctionnement :
Suivi de l’élaboration des informations.
Suivi du contrôle interne. Intervention sollicitée. Intervention spontanée. INTRODUCTION Le climat des affaires au Maroc a connu durant ces trois dernières décennies une évolution telle que la mise en place d’un arsenal complet homogène idoine et évolutif qui le régisse s’impose lui aussi. C’est dans cette option que le code des affaires subit des mises à jour et des refontes successives à la recherche d’une simplification des procédures en vue d’atteindre une modernisation de l’économie nationale et de permettre une certaine compétitivité des sociétés anonymes sur le plan international. La principale réforme modifiant et complétant le régime desdites sociétés à visé les apports suivants : La refonte du système des conventions réglementées. L’amélioration de la gouvernance dans la gestion. La garantie de la transparence en cas de fusion ou de scissions. L’encadrement de l’achat par une société cotée de ses propres actions. Tels étaient les principaux objectifs de la loi 78-12, parue en 2016 pour modifier dans une large mesure les dispositions du texte de base qui régit les sociétés anonymes promulgué par le Dahir n1.96.124 du 14 Rabia II 1417 (30 aout 1996) portant loi N°17-95. C’est dans ce cadre que l’article 2 de la loi 78-12 est venu compléter le chapitre III des dispositions communes en matière d’administration et de direction des SA réglementées par le titre III de la loi dans sa version de 1996. En effet l’article 106 bis qui retient ici notre intérêt, est venu pour répondre à un besoin de renforcement du contrôle de gestion des informations comptables et financières. L’importance de la création d’une entité chargée du suivi de la production de l’information comptable et financière est en elle-même un indicateur de bonne gouvernance et un facteur de promotion de l’image de marque de la société.
Partie I : La création et composition du comité
d’audit A.La création d’un comité d’audit La création d’un comité d’audit vient avec l’intention d’améliorer les systèmes de gestion se la SA comme premier objectif affiché. Ce n’est cependant pas là le seul intérêt de cette création. Il faut à notre avis apprécier l’importance de cette structure entre autres par le rôle qu’elle est appelée à jouer dans l’amélioration du climat des affaires dans son ensemble comme nous l’avons cité ci-haut. Ce renforcement du marché financier en entier est aussi ciblé par cette initiative puisque les acteurs principaux des relations commerciales puisent la crédibilité de leurs offres de prestations et la sincérité de leurs déclarations d’informations qu’ils produisent pour consolider les données que leurs documents comptables et financiers contiennent. La cotation des actions des sociétés sur le marché financier dépend donc de l’authenticité des documents que celles-ci présentent, or c’est justement la valeur réelle de l’action qui fait de la société un acteur plus ou moins fort ou plus ou moins crédible, comme c’est la solidité des acteurs qui renforce l’animation du marché boursier, et qui, par conséquent favorise l’attraction des investissements créant plus de possibilités de financements réguliers et consistants. Cette nouveauté doit être comprise dans le sillage des réformes de l’économie marocaine, touchant le code de commerce, les activités bancaires, le nantissement, le code des obligations et contrat, le droit des sociétés toutes catégories confondues, la bourse des valeurs…. L’absence des dispositions de l’article 106 bis dans le texte initial de la loi 17-95, s’expliquait par la timidité de l’activité boursière, encore fragile malgré ses soixante sept ans d’existence déjà à l’époque, Le niveau de développement de l’économie marocaine marquée encore par la prédominance de la personne physique et de la PME, ne faisait pas encore sentir la nécessité d’une rigueur outre mesure. Le besoin pressant ne commença à se faire pressentir qu’avec et dans le cadre de la réforme d’un arsenal juridique de plus en plus complet, de plus en plus soucieux de la modernisation du commerce national qui s’expose à la compétitivité internationale de plus en plus pressante. La création du comité d’audit au sein d’une SA( société anonyme) en plus qu’elle est une mesure de sécurisation de la gestion, privilégie l’entreprise à laquelle elle s’impose, en comparaison avec les autres formes de personnes commerçantes y compris les SARL et les sociétés au nom collectif. Elle est obligatoire par la force de la loi puis qu’elle est une condition sine qua non pour l’accès au marché financier et à fortiori pour pouvoir faire appel public à l’épargne. L’alinéa 1 de l’article 106 bis stipule en effet : « Pour les sociétés dont les actions sont inscrites à la cote de la bourse des valeurs, un comité d’audit agissant sous la responsabilité, selon le cas, du conseil d’administration ou du conseil de surveillance, doit être créé. » Par la force de la loi donc, cette structure « de suivi des questions relatives à l’élaboration des informations comptables et financières » devient obligatoire au sein de la société afin d’exercer des fonctions qui lui sont attribuées sous la responsabilité de ses organes de gestion c'est-à-dire sous l’autorité du conseil d’administration ou du conseil de surveillance s’il s’agit d’une société à directoire. La dépendance du comité d’audit ( CA ) à l’égard de conseil d’administration ou du conseil de surveillance en fait un organe subsidiaire à caractère technique relevant d’un organe de gestion, auquel il est rattaché par une relation de subordination. B. La composition du comité d’audit (CA) : La loi 78-12 disposait concernant la composition du CA, que celle-ci était « fixée par le conseil précité » (désignant ainsi le conseil d’administration ou de surveillance) parmi les administrateurs ou des membres du CS(conseil de surveillance) au sein de la société à l’exclusion de ceux exerçant toute autre fonctions. L’autorité de désignation des membres du CA est soit le conseil d’administration soit le conseil de surveillance en leur qualité d’organes de gouvernance. - Les membres du CA sont donc des administrateurs ou des membres du CS. Il fallait cependant qu’ils n’exerçassent aucune « autre fonction au sein de la société » (§3 du texte de la loi 78.12). Il ne restait donc en dehors des fonctions citées que la fonction de salariat. Les membres désignés au CA ne peuvent donc pas cumuler une fonction au sein dudit comité à une fonction de salarié. -Cette condition était par ailleurs secondée par l’obligation de présenter des références suffisantes en matière financière ou comptable et ceci par l’ensemble des membres du CA » (§4 du texte de la loi 78.12) -La troisième condition prévue par la loi 78-12 est l’indépendance. En effet le texte stipulait que tous les membres du CA devaient être indépendants, au regard des critères précisés et publiés par le conseil précité, selon les modalités fixées et publiés suivant les modalités arrêtées par l’AMMC. Les critères d’indépendance du CA devaient être préalablement connus de tous, mais ne revêtaient qu’un caractère statutaire puisqu’ ils étaient définis par des mesures internes à la société, contrairement à l’administrateur indépendant, au commissaire au compte ou au membre du conseil d’administration dont l’indépendance reposait sur des critères à caractère légal. Cela fut modifié en vertu des nouvelles dispositions de la loi 20.19. C. Les amendements apportés par la loi 20-19 : Concernant la composition du CA, la loi précise plusieurs dispositions : S’agissant de la définition des critères d’indépendance des membres du CA décrite ci-haut elle devient légale, articles conformément « au sens des articles 41bis et 83 de la présente loi »(amendement en vertu de la loi 20.19) . Reprenant l’analyse à ce propos il convient de remarquer que le nouveau texte distingue les administrateurs non exécutifs et les membres de CS n’exerçant aucune fonction de direction. Si pour ces derniers il est précisé que se sont les fonctions de directions qu’il n’est pas permis de cumuler avec la fonction de membre du CA, pour les administrateurs, une liste des fonctions incompatible est établie par les dispositions de l’article 1er de la nouvelle loi modifiant l’article 67 de la loi 17-95. Ainsi « Les administrateurs qui ne sont ni PDG, ni DG délégués, ni salariés de la société exerçant des fonctions de direction sont considérés comme des acteurs non exécutifs. La loi 20-19 fixe à un minimum de 3 le nombre des membres du CA pour les sociétés dont les actions sont inscrites à la cote de la bource. Le président doit être indépendant au sens des articles 41 bis et 83 précités de la loi 17-95, le premier modifié par l’article 2 et le second par l’article 1 de la loi 20-19. Dans le cas d’une société dont les actions sont négociées dans le marché principal des actions, un second membre du CA doit aussi être indépendant au même titre que le président. En effet les administrateurs indépendants sont des administrateurs qui conformément à l’article 41 bis n’ont aucun lien avec la société anonymes dont ils sont membre du conseil d’administration. Ils ne sont ni actionnaire ni salarié ou responsables, ni d’un de ses actionnaires ou d’une société qu’ils consolident ni l’une de ses filières ni partenaire commercial ou financier ou exerçant une mission ou conseil auprès de la société. Ils ne doivent non plus avoir de lien de parenté jusqu’au deuxième degré avec un actionnaire ou un membre de conseil d’administration ou son conjoint. Les dispositions de l’article 83 de la loi 20-19 transposant les conditions de l’article 41 bis du CS des sociétés à directoire. Par ailleurs un assouplissement est apporté par la toute nouvelle modification concernant l’expérience suffisante en matière financière ou comptable, celle-ci n’est plus exigée que du président
Partie II : Attributions et modalités de
fonctionnement : Le CA est un comité technique qui travaille sous la responsabilité du Conseil d’administration ou du CS. Il a la spécificité d’être imposé par la loi qui définit ses principales attributions et trace d’une manière générale les modalités de l’exercice de ses fonctions. Le CA assure ainsi les fonctions suivantes :
A. Le suivi de l’élaboration de l’information
Le résultat de ce suivi est destiné aux actionnaires, au public et à l’Autorité Marocaine du Marché de Capitaux. Cette tâche tient son importance de l’importance de sincérité de l’information et de la transparence dans la prospérité du climat des affaires. La solidité de la société repose en effet sur son attrait du financement, qui dépend de la confiance que les investisseurs, les actionnaires et le grand public des épargnants appelés au placement productif de leur argent, mettent au mode de gestion de la société. La confiance recherchée et offerte par la société ne se consolide mieux que par la validité de la réalité et la régularité de son activité par l’autorité officielle qui gère le marché des capitaux. En imposant la création du CA on impose un système de contrôle de sécurité, un peu lourd, mais qui renforce l’efficacité du système de contrôle interne.
B. Le CA assure le suivi de l’efficacité des systèmes de
contrôle interne. L’efficacité du contrôle de gestion de la SA doit permettre à la minorité des actionnaires d’exercer son contrôle sur le bien fondé de toutes les activités de son administration de sa direction et sur les résultats réalisés. Elle doit donner la possibilité aux actionnaires de s’assurer de l’évolution positive de leur investissement, de la bonne gouvernance de leur placement. C’est ce que vise le 1er) de l’article qui nous préoccupe. Les contrôles sont aussi bien efficaces qu’ils s’exercent aux moments opportuns pour l’objectif en vue duquel ils sont créés et sur les opérations qui doivent être ciblées, ainsi l’on peut souligner l’importance du contrôle des conditions de création, du choix du secteur d’activité ,de la période du lancement de l’affaire de la nature des actions du capital social, de l’objet social et autres…C’est ce qui apparait être l’objectif du 2è. du §6 de l’article106 bis, objet de ce commentaire.. La liaison entre la gestion et la détention du capital doit être maitrisée et le contrôle est très déterminant à ce niveau. Parmi les plus importants éléments propres à l’exercice du contrôle on peut citer le contrôle des comptes sociaux et comptes consolidés cités par le 3e) du §6 de l’article 106 bis : Le nombre de contrôleurs, leur rémunération, leurs statuts, la dénomination utilisée pour les désigner, l’incompatibilité, la durée de la mission, son objet, sont autant d’éléments à évaluer, à analyser et à en surveiller l’évolution. Il est certain que si les contrôles effectuées le sont dans les règles de l’art et que les rapports établis et communiqués à chaque propos d’une façon régulière aux organes de gestion, CA ou CS aux assemblées générales, les responsables, aussi bien que les actionnaire détenteurs de capitaux seront en mesure de proposer ou de prendre les décisions les plus appropriées et de communiquer le plus loyalement possible avec les tiers. Le suivi régulier de l’efficacité des systèmes de contrôle par le CA prend son ampleur principale aux étapes essentielles de : - L’augmentation du capital. - De l’amortissement de la valeur nominale des actions du capital. - La réduction du capital social. - Le rôle du CA doit être pleinement joué tant par la désignation des commissaires aux compte, inspecteurs, censeurs ou autres potentialités en mesure de réaliser les audits nécessaires, que pour réunir toutes les conditions morales et matérielles, nécessaires au bon déroulement des opérations de vérification des comptes et documents dont la teneur doit être d’accès facile, à toutes les catégories de vérification. - Le suivi du contrôle légal exige pour sa part une rigueur soutenue. Il y va du respect des délais de déclaration de publicité obligatoire des formalités à suivre à l’égard des tribunaux, des administrations fiscales de l’autorité des marchés publics. Le rôle du commissaire aux comptes doit être accompli dans les meilleures conditions. Il s’agit de vérifier les livres et les valeurs de la société en application des dispositions de la loi qui a mis en place un cadre réglementaire pour le contrôle des données financières afin d’assurer la fiabilité des informations comptables que la société émet. L’indépendance du commissaire aux comptes vis-à-vis de l’entité contrôlée vient ici à point nommée pour appuyer la rigueur et la sincérité des écritures que le contrôle légal impose. Il est évident qu’un relâchement du niveau des organes d’administration et de direction et de gestion au niveau du contrôle légale risque de mettre en péril l’existence même de l’entité, plus qu’à n’importe quel autre niveau. Les comptes sociaux reproduits par les registres et les écritures de la société doivent obligatoirement contenir : - Le bilan. - Le compte résultat - Les documents détaillant la ventilation des résultats. - Le rapport des commissaires aux comptes - Le rapport du conseil de surveillance le cas échéant. - Les comptes consolidés qui s’imposent aux sociétés qui exercent un contrôle plus au moins direct, exclusif ou conjoint sur une autre entreprise. La tenue régulière et sincère de comptes consolidés est une obligation légale. Par sa complexité la fonction exige l’intervention d’un expert. La mission donc d’élaboration et de vérification des comptes sociaux et consolidées est une responsabilité très sérieuse et sa réalisation appelle la vigilance du CA qui doit veiller à la confier à des prestataires de service qui soient la hauteur de la tache de la découle l’importance du choix des compétences. C. L’examen et suivi de l’indépendance des commissaires aux comptes Un commissaire aux comptes est par la nature de la profession qu’il exerce un professionnel libéral, c’est un vérificateur qui certifie la sincérité et la régularité des comptes et des états financiers de l’entité à laquelle il prête ses services de contrôleur qui ne peut s’immiscer dans des opérations de gestion. Il doit donc être indépendant à l’égard des organes de gestion d’administration ou de direction de la société, mais aussi indépendant vis-à-vis des partenaires de cette société dans le cadre du contrôle des relations ou des opérations. L’article 161- 162 de la loi 17-95 cité « tous les cas d’incompatibilité avec la fonction de CAC (commissaire au comptes) .Le principe de l’indépendance est primordial. Il garantit la fiabilité et la qualité de l’audit. Il prévient les risques éventuels et éclaire sur les pistes des diagnostics et sur les moyens de prévention. Le CA doit faire une audition régulière des CAC, il veille au respect des réglés garantissant l’indépendance des CAC.
D. Des modalités d’accomplissement des missions du CAC
Dans le cadre de l’accomplissement de ses fonction, le CA « rend compte régulièrement au conseil d’administration ou au conseil de surveillance, qui l’a crée de l’exercice de ses missions et l’informe sans délai de toute difficulté rencontrée » et ce comme il est stipulé par le dernier alinéa de l’article objet de notre commentaire, l’article 106bis ne prévoit aucune précision quant à la fréquence ni à la périodicité des opérations qui doivent être réalisées dans le cadre de la régularité recommandée par ce texte. Il est donc laissé le soin aux statuts de la société ou aux instructions internes de l’organe concerné (Conseil d’administration ou conseil de surveillance de déterminer les modalités et les échéances ou occasions de présentation des résultats de ses missions. Les missions spéciales décidées pour des objectifs ou des raisons déterminées sont suivies automatiquement de rapports de fin de missions une fois la tâche accomplie. Le CAC informe le CA ou le CS sans délai de toute difficulté rencontré, dans le cadre de l’exercice de ses missions. Une modalité nous semble d’une très grande importance, elle réside (concernant l’avis que le CA est appelé à donner à l’occasion de la désignation des CAC) dans la latitude offerte au CA de s’adresser directement à l’Assemblée Générale, passant ainsi outre l’organe même qui l’a créé, (§7 de l’article106 bis) vu l’importance de la recommandation que le comité est tenu de faire pour renseigner sur le choix d’un commissaire aux comptes indépendant et compétent. Il est clair que les attributions de suivi des questions, à l’élaboration et au contrôle des informations comptables et financières visent le renforcement de la crédibilité et la fiabilité des comptes et des données qui reflètent la réalité économique et financière de l’entreprise. C’est un objectif dont la réalisation est à la charge de tous les organes de gestion d’administration et direction mais aussi et surtout des organes de contrôle à l’avant-garde desquels vient le commissaire en compte. La mission du CA, telle que définie par les dispositions de l’article 106bis, est donc une mission d’accompagnement technique qui a pour fin de s’assurer pour le compte du conseil qui l’a créé de l’efficacité des systèmes de production de l’information financière et comptable. Il est à signaler que les dispositions de la toute nouvelle loi numéro19. 20 modifiant les lois 5.96 et 17.95, apporteront sûrement une amélioration par ricochet, d’abord et principalement sur la composition du CA en intéresse la participation des femmes au niveau des organes de gestion, ensuite sur les modalités du fonctionnement par suite de l’instauration du régime de rotation des CAC.
D-07-06 L'administration Et La Direction de La Société Anonyme de Type Nouveau Issue de La Réforme Du Droit Des Sociétés Commerciales Applicable Dans La Zone Ohada.