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3.

Additionner des ondes I : battements et


cohérence temporelle
Lorsque l’on superpose deux ou plusieurs ondes électromagnétiques, ce sont les ampli-
tudes des champs qui s’ajoutent. Il s’agit en outre d’une addition de vecteurs. Dans les
trois chapitres sui suivent, nous répondrons aux questions suivantes :
– Quelle est la dépendance temporelle de la superposition ? En particulier, que se passe
t il lorsque l’on superpose deux ondes monochromatiques de fréquences diférentes ?
– Quelle est la polarisation du champ résultant ?
– Quelle est la dépendance spatiale ?
Dans ce chpitre, nous abordons la première question : que se passe t il lorsque l’on
supperpose des ondes dont les pulsations ne sont pas identiques.

3.1. Battements entre deux ondes


Nous commençons par l’étude de la supperposition de deux ondes planes progressives
monochromatiques dont les champs électiques seront notés E ~ 1 et E
~ 2 . Nous supposerons
que celles ci se propagent dans la même direction ( l’axe Oz dans le sens des z croissants)
et qu’elles sont toutes deux polarisées linéairement selon la même direction ( ~ux ). Les
pulsation de ces ondes (ω1 et ω2 ) sont différentes, il en donc de même des nombres
d’ondes (k1 et k2 ). Nous supposerons en outre pour simplifier que les amplitudes de ces
deux ondes sont égales :

~ 1 (~r, t) = E0 cos (k1 z − ω1 t + ϕ1 ) ~ux


E (3.1)
~ 2 (~r, t) = E0 cos (k2 z − ω2 t + ϕ2 ) ~ux
E (3.2)

Le champ électrique total est la somme des champs électriques des deux ondes :

~ (~r, t) = E0 cos ω1 z − t + ϕ1 + cos ω2 z − t + ϕ2 ~ux


 h   i h   i
E (3.3)
c c
La trigonometrie nous permet d’obtenir l’expression de ce champ sous la forme d’un
produit :

    
~ ω1 + ω2 ϕ1 + ϕ2 ω1 − ω2 ϕ1 − ϕ 2
E (~r, t) = 2E0 cos (z − ct) + cos (z − ct) + ~ux
2c 2 2c 2
(3.4)

23
24 3. Addition d’ondes electromagnetiques

Cette onde est une fonction de (z − ct) c’est donc une onde plane progressive. Son champ
magnétique est alors :
B~ = 1 ~uz × E.
~ (3.5)
c
Le vecteur de Poynting est donc :
2
~ = ε0 c E
Π ~ ~uz (3.6)

3.1.1. Fréquences égales : le phénomène d’interférence.


Si ω1 = ω2 = ω0 les deux ondes interfèrent.
Dans le cas où les deux ondes ont la même pulsation, le champ électrique est :
   
~ (~r, t) = 2E0 cos ϕ1 − ϕ2 ω0 ϕ1 + ϕ2
E cos (z − ct) + ~ux (3.7)
2 c 2
Il s’agit d’une onde plane progressive de même pulsation  que celle des deux ondes que
ajoutées. L’amplitude de cette onde est 2E0 cos ϕ1 −ϕ2
2
, cette amplitude dépend de la
différence de phase ϕ1 − ϕ2 entre les deux ondes.
Déterminons le vecteur de Poynting associé à cette onde. Puisqu’il s’agit d’une onde
plane progressive, le vecteur de Poynting est directement relié au champ électrique par :
   
~ 2 2 ϕ1 − ϕ2 2 ω0 ϕ1 + ϕ2
Π = 4ε0 cE0 cos cos (z − ct) + ~uz . (3.8)
2 c 2

Le vecteur de Poynting moyen (sur une période) est donc

ε0 cE02
 
2 ϕ1 − ϕ2
hΠi = 4 cos . (3.9)
2 2

Ainsi, alors que les champs électriques des deux ondes s’additionnent, cela n’est pas le
cas pour l’énergie transportée : il s’agit du phénomène d’interférences.
Nous distinguons 3 cas :

Les deux ondes sont en phase : ϕ1 = ϕ2 + 2nπ

ε0 cE02
hΠi = 4 . (3.10)
2
La puissance moyenne transportée est quatre fois la puissance moyenne d’une des ondes,
c’est à dire le double de la somme des puissances moyenne des deux ondes. On parle
d’interférences constructives.

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3.1. Battements entre deux ondes 25

Les deux ondes sont en opposition de phase ϕ1 = ϕ2 + (2n + 1) π :


hΠi = 0. (3.11)
Les deux ondes se compensent, il s’agit d’interférences destructives.

π
Les deux ondes sont en quadrature ϕ1 = ϕ2 + 2 + nπ :
ε0 cE02
hΠi = 2 . (3.12)
2
La puissance est bien égale à la somme des puissances des deux ondes. Cela est général,
quand deux ondes de même pulsation sont en quadrature de phase, leurs puissances
s’ajoutent (en valeur moyenne), même si leurs amplitudes diffèrent.

3.1.2. Fréquences différentes : le phénomène de battement.


Si ω1 6= ω2 on a un phénomène de battement.
Le champ électrique apparait comme une onde de pulsation ω1 +ω 2
2
qui est modulée à
|ω1 −ω2 |
la pulsation 2 . Pour allèger les formules, nous supposerons que l’origine des temps
est choisie à un instant où les deux ondes sont en phase (et nous supposerons de surcroit
que cette phase est nulle) soit :
   
~ ω1 + ω2 ω1 − ω2
E (~r, t) = 2E0 cos (z − ct) cos (z − ct) ~ux . (3.13)
2c 2c
On peut interpréter ces battements en considérant que la phase d’une onde dérive par
rapport à celle de l’autre onde en écrivant :
~ (~r, t) = E0 cos ω1 z − t + cos ω1 z − t + φ2 (z, t) ~ux
 h  i h   i
E (3.14)
z c  c
φ2 (z, t) = (ω2 − ω1 ) −t . (3.15)
c
Cette expression exacte prend tout son sens lorsque la diférence de fréquence  est trés

petite. Dans cette situation, le temps que la phase met pour évoluer |ω2 −ω1 | est beau-
coup plus grand que la période ω2π1 de l’onde. On oscille alors périodiquement entre une
situation ou les deux ondes sont en phase et où elles interfèrent constructivement à une
situation ou elles sont en opposition de phase et où elles interfèrent destructivement.
Pour déterminer le vecteur de Poynting, il est préférable de ne pas factoriser :

~ 2 = ε0 cE02 cos ω1 (z − ct) + cos ω2 (z − ct)


 h i h i2
Π = ε0 c E (3.16)
 c c    
2 2 ω1
h i
2 ω2
h i ω1 + ω2 ω1 − ω2
= ε0 cE0 cos (z − ct) + cos (z − ct) + cos (z − ct) + cos (z − ct)
c c 2c 2c
(3.17)
   
ω1 + ω2 ω1 − ω2
+ cos (z − ct) + cos (z − ct) (3.18)
2c 2c

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26 3. Addition d’ondes electromagnetiques

Le vecteur de Poynting moyen est

ε0 cE02
hΠi = 2 . (3.19)
2
Lorsque l’on superpose deux ondes de pulsations différentes, leurs puissances moyennes
s’ajoutent.

De l’importance des échelles de temps


Le phénomène de battement fait apparaître deux temps caractéristiques
2
T0 = 2π
|ω2 + ω1 |
2
Tb = 2π
|ω2 − ω1 |

T0 , proportionnel à l’inverse de la pulsation moyenne des ondes correspond à la période


des oscillations. Tb proportionnel à la différence des pulsations est la période de l’en-
veloppe de ces oscillations, c’est la période du battement. Si les deux ondes ont des
fréquences très proches, cette période est beaucoup plus grande que la période des oscil-
lations.
En pratique, lorsque l’on utilise un détecteur, celui ci intégre le signal reçu pendant une
certaine durée. Cette durée est en général beaucoup plus grande que la période de l’onde,
en revanche elle peut être plus grande ou plus petite que la période des battements. Si
l’on réalise une mesure sur un temps plus long que la période des battements, le terme
d’interférence entre les ondes se moyenne à zéro et l’on voit une addition incohérente des
deux ndes (c’est à dire sans interférence). En revanche, si le temps de mesure est plus
petit que la période des battements, ceux ci sont parfaitement visibles et l’on observe
des oscillations de l’intensité détectée.

3.2. Addition de plusieurs ondes


Cette section se présente sous forme d’éxercices permettant d’aborder quelques aspects
de la supperposition de plusieurs ondes.

3.2.1. Modulation d’amplitude, modulation de phase


1. On considère une onde plane progressive de pulsation ω0 qui se propage selon
Pour vous exercer
l’axe 0z vers les z croissants. L’amplitude de cette onde est modulé à la pulsation
Ω  ω0 . A l’origine ( x = y = z = 0) l’amplitude de l’onde est

E1 (t) = E0 (1 + α cos (−Ωt + Φ1 )) cos (−ω0 t + ϕ0 )

a) Montrer que ce signal est la supperposition de plusieurs signaux monochro-


matiques dont on déterminera la pulsation, l’amplitude et la phase.

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3.2. Addition de plusieurs ondes 27

b) Quelle est l’expression du champ électrique E (z, t) en un point distinct de


l’origine (on donnera deux expressions, l’une ou apparait clairement la modu-
lation d’amplitude, comme dans l’énoncé, et l’autre sous forme d’une somme
d’ondes planes progressives monochromatiques
2. On considère une onde plane progressive de pulsation ω0 qui se propage selon l’axe
0z vers les z croissants. La phase de cette onde est modulé à la pulsation Ω  ω0 .
A l’origine ( x = y = z = 0) l’amplitude de l’onde est

E1 (t) = E0 cos (−ω0 t + ϕ0 + β cos (−Ωt + Φ2 ))

a) Montrer que lorsque l’amplitude β de la modulation est petit ( β  1 ) ce


signal est la supperposition de plusieurs signaux monochromatiques dont on
déterminera la pulsation, l’amplitude et la phase. Pour cela il est fortement
conseillé d’exprimer les fonctions trigonométriques à l’aide de nombres com-
plexes.
b) Quelle est l’expression du champ électrique E (z, t) en un point distinct de
l’origine (on donnera deux expressions, l’une ou apparait clairement la mo-
dulation de phase, comme dans l’énoncé, et l’autre sous forme d’une somme
d’ondes planes progressives monochromatiques
3. Comparer les résultat des questions 1 et 2 (c’est à dire déterminer ce qui est
semblable et ce qui diffère dans la décomposition en ondes monochromatiques
d’une onde modulée en phase et d’une onde modulée en amplitude.

3.2.2. Spectre d’une onde et enveloppe temporelle


Rappel de notations : dans ce cours, la convention suivante est utilisée pour la trans-
Pour vous familiari-
formée de Fourier. Si g (ω) est la transformée de Fourier de f (t) les relations de trans-
ser avec la transfor-
formation et de transformation inverse sont
Z mée de Fourier

f (t) = g (ω) e−iωt

Z
g (ω) = dt f (t) eiωt

Pour aborder les exercices qui suivent vous pouvez dans un premier temps utiliser les
conventions avec lesquelles vous êtes le plus familier.

Selon vos préférences ou facilités de calcul vous ferez la variante A, la variante B ou


les deux

Variante A :
On considère une impulsion lumineuse de pulsation ω0 et de durée τ . L’amplitude de
cette onde est
1 t − t0 2
 
E (t) = E0 cos ω0 t exp −
2 τ

Notes de cours version 0.3 UPMC - L3 - Physique - PGA J-M Courty


28 3. Addition d’ondes electromagnetiques

en utilisant la transformée de Fourier, écrire cette onde comme une somme d’ondes
monochromatiques de la forme
Z

E (t) = g (ω) e−iωt

1. Montrer que g (ω) est la somme de deux gaussiennes centrées sur ω0 et -ω0 dont
on déterminera la largeur.
2. Comment change g (ω) lorsque l’on change la durée τ de l’impulsion ?
3. Comment change g (ω) lorsque l’on change l’instant t0 pour lequel l’amplitude de
l’onde est maximale ?

VarianteB :
Mêmes questions que la question 1 pour un signal rectangulaire :
t
E (t) = 0 pour t < ta = t0 −
τ
= E0 cos ω0 t pour ta < t < tb
t
= 0 pour t > tb = t0 +
τ

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