Programme de Mécanique des Fluides

OBJECTIF

Donner les connaissances de base nécessaires de la mécanique des fluides. Présenter les
termes, les concepts et les principes de base de la mécanique des fluides, et les appliquer à
divers processus fluidiques. Ceci permettra de comprendre, d’étudier et d’expliquer les
phénomènes d’écoulement.

CONTENU (30 heures)

Chapitre 1 : Introduction à la mécanique des fluides

Chapitre 2 : Caractéristiques essentielles des fluides

Chapitre 3 : Statique des fluides

Chapitre 4 : Dynamique des fluides incompressibles parfaits

Chapitre 5 : Dynamique des fluides incompressibles réels

Chapitre 1 : Introduction à la mécanique des fluides

Sommaire

I. Historique de la mécanique des fluides

II. Mécanique des fluides
III. Domaines de la mécanique des fluides
IV. Unités de mesure, dimensions et analyse dimensionnelle

I. HISTORIQUE

La mécanique des fluides est née à partir des besoins de compréhension de la résistance de
l’air, avec l’utilisation des flèches et des lances. Ainsi ARISTOTE (384-322 Av J.C.) écrit un
traité de physique pour relater le déplacement des corps dans l’air. Les lois d’hydrostatique,
les postulats sur la poussée et le développement des machines hydrauliques furent établis
grâce aux travaux d’ARCHIMÈDE (287-212 Av J.C.). Ensuite, il y a eu une décadence des
découvertes sur la mécanique des fluides au moyen âge puis des avancées sur l’équation de
continuité, la résistance des corps, la résistance de l’air, l’hydrostatique, l’hydrodynamique…

ème ème
Au 17 et au 18 siècle, sont établis les principes généraux de l’équilibre et du
mouvement des fluides par de grands savants comme PASCAL, NEWTON, BERNOULLI,
EULER…..

ème ème
Au 19 et au 20 siècle, sont résolues les équations de NAVIER-STOKES en
hydrodynamique des fluides visqueux et sur les fluides compressibles avec les besoins
industriels. En effet, une résolution mathématique est rendue possible mais difficile. Ainsi un
recours au calcul numérique s’est imposé.

II. MÉCANIQUE DES FLUIDES

II.1 DEFINITION DU GENIE CHIMIQUE

Le génie chimique se définit comme étant l’art de concevoir de dimensionner, de

construire, d’installer et de faire fonctionner les unités dans lesquelles la matière subit des
transformations physiques, chimiques ou physico-chimiques. Son extension à d’autres
industries que l’industrie chimique est par excellence le domaine du génie des procédés. Le
génie chimique se subdivise en opérations unitaires telles que la décantation, la filtration, la
distillation, l’extraction solide-liquide, l’absorption, etc. Ces combinaisons logiques et
restreintes d’opérations unitaires font appel à trois (03) grands phénomènes de transfert : le
transfert de chaleur, le transfert de matière et le transfert de quantité de mouvement encore
appelé mécanique des fluides.

Le génie des procédés est une extension de la méthodologie du génie chimique à

l’ensemble des procédés industriels de transformation qui permet le passage d’une synthèse
effectuée au laboratoire à un procédé industriel en respectant les contraintes techniques,
sécuritaires, environnementales et économiques.

II.2 LES PHÉNOMÈNES DE TRANSFERT

II.2.1 Le transfert de chaleur

Il existe trois (03) types de transfert de chaleur :

 - La conduction : transfert de chaleur d’une partie d’un corps à une autre partie du
même corps sans déplacement appréciable des particules de ce corps. Elle se constate
également entre deux corps en contact physique.
- La convection : transfert de chaleur d’un point à un autre dans un fluide par
déplacement des particules de ce fluide.
- Le rayonnement : transfert de chaleur d’un corps à un autre, sans aucun contact
physique entre eux, par le déplacement d’ondes dans l’espace.

Le transfert de chaleur par conduction est régi par la loi de FOURIER :

dQ dT
=−λ (I.1)
dA dx

Avec :

Q : débit de chaleur, s’exprime en joule par seconde (J.s-1) ;

A : surface, en mètre carré (m2) ;

λ : conductivité thermique, s’exprime en watt par mètre par Kelvin (W.m-1.K-1)

T : température, en Kelvin (K) ;

x : position ou coordonnée du point considéré, s’exprime en mètre (m).

II.2.2. Le transfert de matière

Le transfert de matière est régi par la loi de FICK :

dN dC
=−D (I.2)
dA dx

Avec :

N : débit de matière, s’exprime en mole par seconde (mol.s-1) ;

A : surface, en mètre carré (m2) ;

D : coefficient de diffusion, s’exprime en mètre carré par seconde (m2.s-1) ;

C : concentration en mole par mètre cube (mol.m-3) ;

x : position ou coordonnée du point considéré, en mètre (m).

II.2.3. Le transfert de quantité de mouvement ou mécanique des fluides

La mécanique des fluides est une branche de la mécanique qui étudie le comportement des
fluides au repos (statique des fluides) et en mouvement (dynamique des fluides) ainsi que les
forces internes associées.

La dynamique des fluides est un sujet qui s'applique largement : en biologie, en

géophysique et en astrophysique, en océanographie et en météorologie, ainsi qu'en génies
chimique, nucléaire, aéronautique, hydraulique et en écologie. Dans tous ces contextes, le
fluide, qui est soit en phase liquide, soit gazeuse, soit sous forme de plasma (gaz ionisé), est
traité comme un milieu continu représenté par les champs de densité, de pression et de vitesse
satisfaisant la fameuse équation de Navier-Stokes.

La mécanique des fluides est une science pour le praticien de génie chimique. Dans
l’établissement de ses principes, certaines propriétés des fluides jouent un rôle important. La
mécanique des fluides est régie par la loi de NEWTON :

dF dv
=−μ (I.3)
dA dx

Avec :

F : force, s’exprimant en Newton (N) ;

A : surface, en mètre carré (m2) ;

μ: viscosité dynamique, s’exprime en Pascal fois seconde (Pa. s) ;

v : vitesse, en mètre par seconde (m.s-1) ;

x : position ou coordonnée du point considéré, en mètre (m).

Il est impératif de connaître les lois d’écoulement des différents fluides pour concevoir leur
circulation de l’entrée vers la sortie d’une unité de production. En effet, tous les procédés et
exploitations industriels font intervenir des écoulements de fluides à des degrés différents :
ingrédients, produit fini, liquide de refroidissement, gaz d’échappement, etc.

III. DOMAINES DE LA MÉCANIQUE DES FLUIDES

 La mécanique des fluides (ainsi bien sûr que la mécanique des solides déformables)
nécessite l’introduction d’un modèle continu qui consiste à considérer des particules
matérielles, appelées particules fluides, de volume ∆V suffisamment petit pour que cet
élément ∆V ait les propriétés d’une différentielle, mais suffisamment grand pour contenir un
nombre élevé d’atomes ou de molécules. Les différents domaines de la mécanique des fluides
sont illustrés par le schéma suivant :

III.1. STATIQUE DES FLUIDES

La statique des fluides modélise les fluides au repos. Un fluide au repos possède un
certain nombre de caractéristiques. Exemples : la force qui s'exerce sur une particule
quelconque de ce fluide est la même dans toutes les directions de l'espace, dans un récipient
ouvert, la surface d'un fluide au repos est toujours perpendiculaire à la force à laquelle il est
soumis, si la gravité est la seule force qui agit sur un liquide en récipient ouvert, la pression en
tout point du liquide est proportionnelle à la masse volumique d'une colonne verticale de ce
liquide dont la hauteur est la profondeur du point considéré, etc.

III.2. DYNAMIQUE DES FLUIDES

La dynamique des fluides traite des lois régissant le comportement des fluides en
mouvement. Les équations de la dynamique des fluides permettent de modéliser l'écoulement
d'un fluide. Exemples : équation de continuité, équation de quantité de mouvement, équation
énergétique, etc.

IV. UNITÉS DE MESURE, DIMENSIONS ET ANALYSE DIMENSIONNELLE

IV.1. UNITES DE MESURE

Les grandeurs physiques peuvent être associées à des valeurs numériques traduisant leurs
intensités et qui en sont leurs caractéristiques précisant leurs natures : ce sont leurs unités.
On retrouve généralement trois (03) systèmes de mesure dans la littérature du génie des
procédés :

- Le système international (SI) ;

- Le système centimètre-gramme-seconde (cgs) ;
- Le système anglo-saxon.

Il existe une correspondance entre ces différents systèmes en termes d’unités de mesure pour
les différentes grandeurs physiques.

IV.1.1. Unités de longueur

- S.I. : mètre (m) ;

- Cgs : centimètre (cm) ;
- Unités anglo-saxonnes :
 Le pouce : (1 inch) ; 1∈¿ 1' ' =2 , 54 cm
 Le pied : (1 foot) ; 1 ft =1' =12∈¿ 30 , 48 cm
 Le yard : (1 yd) ; 1 yd=91 , 44 cm=3 ft
 Le mile (1 mile) ; 1 mi=1,6093 km

IV.1.2. Unités de surface

- S.I. : mètre carré (m2) ;

- Cgs : centimètre carré (cm2) ;
- Unités anglo-saxonnes :
 Le pouce carré (square inch) ; 1 sq ∈¿1∈¿2 =6 , 45 c m2 ¿
 Le pied carré (square foot) ; 1 sq ft=1 f t 2=929 c m2
 Le yard carré (square yard) ; 1 sq yard=0,8361 m2
 Le mile carré (square mile); 1 sq mi=2 , 59 k m2

IV.1.3. Unités de volume

- S.I. : le mètre cube (m3) ;

- Cgs : le centimètre cube (cm3) ;
- Unités anglo-saxonnes :
 Cubic inch (cu in) ; 1 cu∈¿ 1i n3=16,3871 c m3
 Cubic foot (cu ft) ; 1 cu ft =1 f t 3 =28,317 d m3
  Le gallon (UK); 1 gal=4 ,79 L
 Le gallon (US); 1 gal=3 ,79 L
 Le barrel (United States); 1 bbl=159 L

IV.1.4. Unités de masse

- S.I.: le kilogramme (kg) ;

- Cgs : le gramme (g) ;
- Unités anglo-saxonnes :
 Pound (lb) ; 1 lb=0,454 kg
 Ounce (oz) ; 1 oz=28 , 35 g
 Ton (United States) ; 1 ton=2240lb =1,016 t

IV.1.5. Unités de force

- S.I.: le Newton (N); 1 N=1 kg . m . s−2

- Cgs : le dyne (dyn) ; 1 dyn=1 g . cm. s−2
- Unités aglo-saxonnes : pound force (lbf) ; 1 lbf =4,4482 N

IV.1.6. Unités de température

- S.I. : le Kelvin (K) ; y ( K )=x ( ° C ) +273

- Cgs : degré Celcius (°C)
- Unités anglo-saxonnes : degré Fahrenheit (°F) ; y ( ° F )=1 , 8 x ( ° C ) +32

IV.1.7. Unités de pression

- S.I. : le Pascal (Pa) ; 1 Pa=1 kg . m−1 . s−2

Il existe d’autres unités de pression telles que le mètre ou centimètre de colonne d’eau, le
bare, le milllimètre de mercure ou torr :1 mCE=9 , 81.10 3 Pa

1 ¯¿ 1 0 Pa Pa ; 1 atm=1,013 ¯¿ 760 mmHg ou 760 torr

5

- Cgs : le dyne par centimètre carré (dyn.cm-2) ; 1 dyn . c m−2=1 g . c m−1 . s−2
- Unités anglo-saxonnes : le pound force per square inch (psi) ;
−2 3
1 lbf . in =1 psi=6,8948.10 Pa

IV.1.8. Unités d’énergie

 - S.I. : le Joule (J) ; 1 J =1 kg . m2 . s −2

D’autres unités telles que la calorie, la thermie et le kilowattheure sont également utilisées :
1 cal=4 , 18 J ; 1 thermie=1 06 cal=10 3 kcal ; 1 kwh=3 , 6. 106 J

- Cgs : erg ; 1 erg=1 g . c m2 . s−2=10−7 J

- Unités anglo-saxonnes : British Thermal Unit (BTU) ; 1 BTU =1055 J

IV.1.9. Unités de puissance

- S.I. : le Watt (W) ; 1 W =1 J . s−1=1 kg . m2 . s−3

Le cheval vapeur (cv) est aussi utilisé comme unité de puissance : 1 CV =736 W

- Cgs : erg par seconde ; 1 erg . s−1=10−7 W

- Unités anglo-saxonnes : Horse Power ; 1 HP=1,014 CV

IV.1.10. Unités de viscosité

- S.I. : le Poiseuille (Pl) ; 1 Pl=1 Pa . s

- Cgs : la Poise (P) ; 1 P=10−1 Pl;1 cP=10−3 Pl
- Unités anglo-saxonnes : pound force par foot carré fois seconde ;
−2
1 lbf . s . ft =47,8803 Pa . s

IV.2. Exercice d’application

Convertir : 200 °F en Kelvin ; 5 Hp/ft3 en W/m3 ; 70 Btu/lb en Cal/g ; 100 mmHg/ en psi.

IV.2. DIMENSIONS

Chaque unité est rattachée à une grandeur physique mesurable qui définit sa nature.
On l’appelle dimension. La dimension d’une grandeur G se note [G]. Elle peut être primaire
(dimension de base) ou composite (dimension dérivée). Dans le système fondamental on
retrouve sept (07) dimensions et unités de base regroupées dans le Tableau I.1:

Tableau I.1 : Dimensions et unités de base

Grandeur Dimension Symbole Unité S.I.
Longueur [L] L mètre (m)
Temps [t] T seconde (s)
Masse [M] M kilogramme(kg)
Température [T] θ Kelvin (K)
Intensité électrique [I] I Ampère (A)
Intensité lumineuse [Iv] J Candela (cd)
Quantité de matière [n] N mol

IV.3. ANALYSE DIMENSIONNELLE

L’analyse dimensionnelle permet de savoir si une expression littérale est homogène ou

non mais aussi et surtout elle permet de retrouver des lois physiques. Ainsi l’analyse
dimensionnelle a deux (02) buts fondamentaux :

- Vérifier la cohérence des relations établies ;

Exemples :

1°) A=B+ C ; [ A ] =[ B ] =[C ]

2°) A=B ×C ; [ A ] =[ B ] ×[C ]

3°) A=B n; [ A ] =[ Bn ]= [ B ]
n

4°) [ ]
dA [ A ]
=
dB [ B ]

[ ] [A]
2
d A
5°) 2
= 2
dB [B]

- Trouver des corrélations empiriques qui permettent d’établir des résultats

expérimentaux.

Les principes de base de l’analyse dimensionnelle sont établis par VASHY et BUCKINGAM.
Ils stipulent qu’un processus décrit m variables ou grandeurs et n dimensions est régi par m-n
nombres adimensionnels. C’est le Théorème  de VASHY et BUCKINGAM.

Exemples :
1°) Considérons un liquide circulant dans une conduite horizontale et chauffé via des parois
de canalisation. On cherche à déterminer la relation entre la densité de flux de chaleur et les
autres variables qui agissent sur le processus.

2°) On cherche à établir la relation entre les pertes de charge et les autres variables lors de
l’écoulement d’un fluide dans une conduite horizontale de longueur l.

Exemple1 :

Les différentes variables qui agissent sur le processus sont regroupées dans le Tableau I.2 :

Tableau I.2 : variables du processus

Variables Notations Dimensions

Densité de flux thermique Q/A EL-2 T-1
Diamètre de la conduite D L
Vitesse du liquide v LT-1
Viscosité du liquide μ ML-1 T-1
Masse volumique ρ ML-3
Chaleur massique Cp EM-1 θ-1
Conductivité thermique λ EL-1 T-1 θ-1
Différence de température ΔT θ

Nombre de variables m=8 et nombre de dimensions n=5. Ainsi le nombre de grandeurs

adimensionnelles est m-n=3. Pour trouver ces grandeurs adimensionnelles, on suppose que la
fonction liant Q/A aux autres variables est de la forme :

Q
=f ( D , v , μ , ρ , Cp , λ , ∆ T )
A

Q a b c d e f g
Soit : =D v μ ρ Cp λ ∆ T
A

L’équation aux dimensions permet d’écrire :

[ ]
Q
A
b c d e f
=La ( L T −1 ) ( M L−1 T −1 ) ( M L−3 ) ( E M −1 θ−1 ) ( E L−1 T −1 θ−1 ) θ g=E L−2 T −1

Pour que la relation soit cohérente, on sera amené à résoudre un système d’équations. Ce qui
donne un système de 5 équations à 7 inconnus, donc il faut fixe 2 inconnus pour pouvoir
résoudre ce système. L’analyse dimensionnelle permet ainsi de trouver 3 nombres
adimensionnels :
Q D ρDv μCp
× (sans dimension) ; (Nombre de Reynolds : Re) ; (Nombre de Prandtl :
A λ ∆T μ λ
Pr).