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Savoirs Kinesither Rev 2006;(58):33-7

Qualité
Le Kinésithérapeute dans le protocole du sevrage
ventilatoire en réanimation post-chirurgicale
V I R G I N I E S A U VA G E O T (1), F R E D E R I C L E S A C H E (2),
F R A N Ç O I S P I T O N (3), C H R I S T I A N L A M E R (4)

La ventilation mécanique, dans son application invasive, comme MOTS CLÉS


c’est l’objet du présent article, offre un domaine de recherche
Kinésithérapeute
clinique de qualité d’un outil de travail au quotidien d’une des
Protocole
techniques de survie les plus utilisées en réanimation. La
Sevrage ventilatoire
recherche clinique, à laquelle tout professionnel de santé se trouve
un jour confronté, permet une évaluation scientifique rigoureuse
des techniques que l’on applique quotidiennement aux patients
de réanimation. Inscrire le kinésithérapeute dans le protocole du
sevrage ventilatoire en réanimation post-chirurgicale, comme nous
le présentons, est la juste reconnaissance de sa place comme acteur
omniprésent de l’actualisation de nouvelles normes appliquées à
un service, débordant le cadre de la pratique elle-même, pour
s’inscrire dans le projet de service à part entière.

RÉSUMÉ S U M MARY

Un protocole standardisé sur le sevrage ventilatoire améliore A standardized protocol for discontinuing respiratory assis-
le pronostic des patients intubés et ventilés. Les bénéfices tance improves the prognosis of intubated patients with res-
attendus se chiffrent par rapport à la durée de la ventilation, piratory assistance. The expected benefit is expressed in terms
le nombre des complications, et la durée de séjour et le coût. of duration of assistance, number of complications and dura-
La méthode proposée s’appuie sur la dernière conférence de tion and cost of the hospital stay.
consensus du sevrage ventilatoire et est adaptée à la popula- The method proposed is based on the most recent consensus
tion des malades admis dans notre réanimation. conference on respiratory assistance and is adapted for
Le kinésithérapeute intervient tout au long des trois périodes patients in intensive care. Physical therapy plays a role in all
du sevrage ventilatoire, en amont de celui-ci pour évaluer le three periods of the weaning process: before discontinuation
patient, rechercher les prérequis et le rééduquer ; pendant le for patient assessment, search for prerequisites and re-edu-
test de ventilation spontanée, pour encadrer la procédure et cation; during the test of spontaneous respiration; and after
après l’extubation proprement dite, pour aider le patient dé- extubation to assist the patient in resuming normal respiration.
barrassé du support mécanique. The success of this protocol requires an investment from the
Le succès d’un tel protocole passe par l’adhésion de toute entire staff. An annual audit is useful.
l’équipe médicale et para-médicale, subordonné à une actua-
lisation annuelle. Physical therapy as part of the protocol for discontinuing
post-surgical respiratory assistance
(1) Masseur kinésithérapeute. Diplôme Universitaire de kinésithérapie S AUVAGEOT V, L ESACHE F, P ITON F, L AMER C.
respiratoire et cardio-vasculaire, Paris V.
Kinesither Rev 2006;(58):33-7
(2) Interne en anesthésie réanimation. DES.
(3) Cadre de santé. Maîtrise en ingénierie de la santé, Paris XII.
(4) Médecin réanimateur, Chef de département de réanimation
polyvalente. Institut Mutualiste Montsouris
Correspondance :
François Piton, Institut Mutualiste Montsouris, Département de
Pathologie Cardiaque, 42 Boulevard Jourdan, 75014 Paris.
E-mail : francois.piton@imm.fr

Article reçu le 1/12/05


Modifié le 18/04/06
Accepté le 10/05/06

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V IRGINIE S AUVAGEOT et al. Kinesither Rev 2006;(58):33-7

L es évolutions des techniques de réanimation ont per-


mis d’élargir les indications de ventilation invasive à
des patients plus âgés, plus fragiles, multi-défaillants, jus-
Tableau I. Main surgical procedure.

N %

tifiant le maintien en service de réanimation, représen- Gastrointestinal 59 (32,4)


tant un coût humain et financier non négligeable. La mise Oesophagectomy
Hepatic and pancreatic surgery
en route d’une ventilation mécanique invasive doit sys-
Colorectal surgery
tématiquement conduire à une simple question : puis-je Others
sevrer le patient de son respirateur ? Lung 48 (26,4)
Il est classique de parler du succès d’un sevrage venti- Total lung resection
latoire, lorsque le maintien de la ventilation spontanée Partial lung resection
Combined lung and spine surgery for
est supérieur à 48 heures après l’arrêt de la ventilation Pancoast-Tobias syndrome
mécanique (VM) [1]. Others
La mise en place d’un protocole de sevrage ventilatoire Urology 31 (17)
a pour objectif principal de diminuer la durée de la ven- Nephrectomy
Cystectomy
tilation mécanique et donc ses risques : mécaniques
Prostatectomy
(obstruction de sonde, auto-extubations) et infectieux Others
(pneumopathies) entre autres. Cardiothoracic 28 (15,4)
Pour cela, le travail en équipe s’avère indispensable Coronary artery bypass grafting
dans le suivi du patient. Valvular surgery
CAGB + valvular surgery
Un sevrage ventilatoire fait intervenir une équipe plu- Atrial septal defect closure
riprofessionnelle médicale et paramédicale. Orthopedic 16 (8,8)
Trois études [2-4] ont montré l’intérêt de cette pluri- Hip or knee replacement
disciplinarité où le kinésithérapeute trouve ici toute sa Vertebral surgery
Others
place dans la gestion du sevrage ventilatoire.
Le kinésithérapeute intervient en amont de l’extuba- Tableaux tiré de l’article : LAMER C et al. Quality of life after
tion, au décours de celle-ci, et pérennise son succès jus- complicated elective surgery requiring care. Intensive Care Med
2004;30:1594-601.
qu’à l’autonomie ventilatoire spontanée du patient.
Au cours de ces trois séquences thérapeutiques, le
kinésithérapeute intervient comme co-évaluateur avec
Tableau II. Primary cause of ICU admission.
l’équipe médicale tout en assurant une rééducation tant
sur le plan de l’hématose que sur la prévention et/ou la
correction de l’encombrement bronchique, mais aussi N %

sur le réentraînement de la mécanique ventilatoire. Haemorrhage 44 (24,2)


Respiratory disease 38 (20,9)
Infection 25 (13,7)
Cardiovascular disease 31 (17,0)
Présentation Abdominal disease 30 (16,5)
Metabolic or renal cause 6 (3,3)
La ventilation mécanique (VM) est parfois inutilement Neurological disease 4 (2,2)
Complication of anaesthesia 4 (2,2)
prolongée comme en atteste le faible pourcentage de SAPS II 32 [12.8 – 73.7 ]
réintubations des patients extubés de manière non pro- ODIN 2 [0 – 4]
grammée (auto-extubation) et l’impact favorable de la
Tableaux tiré de l’article : LAMER C et al. Quality of life after
mise en place d’un protocole de sevrage. À l’inverse, complicated elective surgery requiring care. Intensive Care Med
l’échec d’une extubation programmée ou la poursuite 2004;30:1594-601.
injustifiée de l’intubation sont responsables d’une aug-
mentation de la morbidité et de la mortalité [5].
secondairement pour complications (tableau II) ayant
Le but de ce travail est de présenter le protocole de nécessité une réintubation. Cette population de patients
sevrage de la ventilation mécanique mis en place dans est non trachéotomisée.
notre département. La littérature ne permet pas d’affirmer la supériorité
Notre réanimation reçoit essentiellement des patients d’une stratégie ou d’un mode de ventilation [6]. Il est
en post-opératoire de chirurgies lourdes cardio-thora- toutefois possible de retenir deux critères de réussite au
ciques, vasculaires, urologiques, digestives et orthopé- sevrage ventilatoire :
diques (tableau I). – le sevrage proprement dit où l’étape à l’issue de laquelle
Ce protocole concerne les patients admis dans les suites on recherche une ventilation spontanée (VS) efficace,
immédiates de leur chirurgie et qui n’ont pas pu être stratégie destinée à sevrer le malade de son respirateur ;
extubés au bout de 48 heures et les patients admis – la réduction de la durée de la ventilation mécanique.

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Le protocole de sevrage ventilatoire en réanimation Kinesither Rev 2006;(58):33-7

Le patient est dit sevré lorsqu’il ne nécessite plus, depuis Les critères respiratoires simples sont :
au moins 48 heures, aucune forme de support ventilatoire • fréquence respiratoire < 35 cycles/minute ;
mécanique invasive y compris la ventilation au masque • SaO2 > 90 % ;
[7] ; à noter que malgré l’existence d’un protocole de se- • FiO2 < 50 % ;
vrage validé pour l’extubation, le taux de réintubations • PaO2/FiO2 > 200 ;
avoisine les 13-19 % (Mac Intyre et al. Chest 2001). • Peep < 5cmH2O.

« Malgré l’existence d’un protocole de sevrage validé


pour l’extubation, le taux de réintubations avoisine Procédure au sevrage ventilatoire
les 13-19 % »
Le préalable de cette procédure de sevrage ventilatoire
est la réalisation d’un test de fuite, notamment chez les
Méthode et déroulement lors du sevrage patients à risque d’œdème laryngé.
ventilatoire Le protocole utilisé dans notre service est celui de
l’étude de Rachel L. et al. [8].
Ce protocole de sevrage comprend trois étapes :
– la recherche des prérequis à l’épreuve de ventilation Patients à risque d’œdème laryngé
spontanée (VS) ; – intubation en urgence ;
– l’épreuve ou test de ventilation spontanée, qui est ef- – intubation difficile ou traumatique ;
fectuée soit sur tube avec une « pièce en T », soit par – auto extubation ;
l’intermédiaire du ventilateur avec l’aide inspiratoire ; – période prolongée de ventilation (> 10 jours).
– l’extubation proprement dite, réalisée sur décision
médicale, comportant deux versants : le succès avec au- Réalisation du test de fuite
cun signe de mauvaise tolérance, et l’échec avec signes Le patient est mis sous ventilation assistée contrôlée
de mauvaise tolérance, au terme d’une période de (VAC). La fréquence respiratoire est réglée à 8 cycles
48 heures d’étroite surveillance. par minutes et le volume courant (Vt) à 8 mL/kg. Au
préalable, le patient est aspiré au niveau buccal et tra-
Les prérequis au sevrage ventilatoire sont d’ordre géné- chéal. On rapporte la valeur du volume courant expi-
ral et respiratoire. ratoire ballonnet gonflé [Vte (b.gonflé)] puis ballonnet
dégonflé [Vte (b.dégonflé)].
La valeur de la fuite est la différence entre ces deux
« Les pré-requis au sevrage ventilatoire recherchés
mesures.
quotidiennement, par le kinésithérapeute sont les
Calcul de la fuite =
suivants :
[Vte (b.gonflé)] – [Vte (b.dégonflé)] ml
– le score de Ramsay ;
– les capacités respiratoires de recrutement des muscles
Si la valeur obtenue est inférieure à 110 ml, l’œdème
respiratoires par le patient ;
laryngé est à suspecter. Cela ne contre indique pas obli-
– l’efficacité de la toux.»
gatoirement l’extubation qui sera dans ce cas décidée
avec une exploration ORL.
Les pré-requis au sevrage ventilatoire recherchés quo-
tidiennement, par le kinésithérapeute sont les suivants : Test du sevrage ventilatoire
– le score de Ramsay ; Celui-ci est envisagé pour diminuer la durée de la ven-
– les capacités respiratoires de recrutement des muscles tilation mécanique, diminuer les risques d’échec d’ex-
respiratoires par le patient ; tubation, augmenter la sécurité et le confort du patient.
– l’efficacité de la toux.
À ce stade du déroulement de la procédure, et après
D’autres pré-requis, d’ordre général et respiratoire, re- l’évaluation initiale réalisée par le kinésithérapeute,
cherchés par le kinésithérapeute et les acteurs de la prise dont nous venons d’exposer les critères, la rééducation
en charge sont les suivants : respiratoire avant le début de la procédure est portée
essentiellement sur la vacuité des voies aériennes infé-
Les critères généraux sont : rieures, tant sur la prévention de l’encombrement, que
• le patient doit être conscient, coopérant et cohérent ; sur le désencombrement bronchique.
• absence de vasopresseur et d’inotropes (cependant de Les techniques de modulation du flux expiratoire sont
petites doses d’inotropes sont parfois maintenues) ; réalisées activement par le patient, ce qui est un préa-
• état hémodynamique stable ; lable à la mise en œuvre de la procédure du sevrage
• température < 38,5°. ventilatoire.

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La recherche d’une toux efficace s’inscrit tout naturel- L’arbre décisionnel


lement dans ces pratiques de désencombrement bron- En cas de réussite de l’épreuve de sevrage ; on procède
chique. à l’extubation sur décision médicale.
Des aspirations trachéales, sous contrôle continu des pa- En cas d’échec (présence d’un critère de mauvaise to-
ramètres vitaux (FR, FC, TA, SpO2), permettent de sur- lérance), il y a reprise du mode ventilatoire précédent.
veiller la qualité et la quantité des sécrétions bronchiques.

La procédure du sevrage ventilatoire sur tube Protocole d’extubation


Le patient est prévenu, accompagné et surveillé en po-
sition semi-assise. Le personnel s’équipe d’un masque, L’extubation est un moment délicat du fait du risque de
et de gants non stériles, après un lavage antiseptique. dyspnée laryngée et d’encombrement bronchique. Une
La supplémentation en oxygène est réalisée avec un fois extubé par le médecin, le patient est surveillé étroi-
système aquapack, un raccord à oxygène, et un hygro- tement les trois premières heures post-extubation (tous
flux. L’oropharynx et l’estomac sont aspirés si une les quarts d’heure) suivi d’une surveillance horaire
sonde gastrique est en place. Le ballonnet de la sonde pendant les 48 heures qui suivent l’extubation.
d’intubation est dégonflé. Après avoir fait faire un ef-
fort de toux au patient, celui-ci est aspiré. Le patient est Les préalables à l’extubation
ensuite déconnecté du respirateur. Une supplémenta- – Avoir à sa disposition le kit d’intubation ;
tion d’oxygène est alors reliée au tube d’intubation et – préparer le matériel d’oxygénation ;
doit permettre une saturation (SpO2) > 90 %. – ne retirer la sonde gastrique que sur prescription mé-
dicale ;
La procédure du sevrage ventilatoire en – une absence de traitement sédatif ;
ventilation spontanée en aide inspiratoire – une stabilité hémodynamique.
(VSAI)
Surveillance des paramètres vitaux avant,
Le patient est prévenu, accompagné et surveillé en po-
pendant et après l’extubation
sition semi-assise. Une aspiration trachéale est effec-
tuée, le mode en ventilation spontanée avec une aide – État neurologique, avec un patient cohérent, non
inspiratoire à 8 cmH2O est programmé et les alarmes agité, non confus, ne présentant pas de sueurs ;
du scope sont paramétrées pour la surveillance de la FR – état hémodynamique stable, avec absence d’aryth-
et de la SpO2 du patient, avec une FiO2 < 50 %. mie, d’hypovolémie, de choc cardiogénique ;
Le kinésithérapeute réévalue le patient, à la recherche – signes de détresse respiratoire ;
– encombrement ;
d’une éventuelle majoration de l’encombrement bron-
– les paramètres du scope avec la FR, la FC, la TA et la
chique, source d’un travail des muscles respiratoires ac-
SpO2.
cru, ou d’éventuels signes de tirage associé ou non à
une ventilation paradoxale, témoin d’une non adapta- La procédure d’extubation
tion de la nouvelle charge de travail imposée à la mé- – Informer à nouveau le patient, et l’installer en posi-
canique ventilatoire. tion semi assise ;
La durée du sevrage ventilatoire – procéder à un lavage antiseptique des mains, mettre
un masque et revêtir des gants non stériles ;
Elle est de 30 à 120 minutes ; ces durées sont modu-
– aspirer l’estomac (si sonde gastrique en place), puis
lées en fonction de la pathologie et de la durée de la
l’oropharynx. En l’absence de sonde gastrique, il y a
ventilation mécanique.
lieu de laisser le patient à jeun durant les 4 heures qui
Les facteurs de risque d’un sevrage difficile [5] précèdent l’extubation ;
– aspiration des sécrétions trachéales suivant le proto-
– L’existence d’une BPCO ;
cole de service ;
– l’existence d’une maladie neuromusculaire ;
– défaire la fixation de la sonde d’intubation ;
– l’anxiété du patient ;
– dégonfler le ballonnet ;
– un environnement psychologique défavorable.
– descendre la sonde d’aspiration, sans aspirer, jusqu’à
Les critères de mauvaise tolérance l’apparition d’une toux et retirer ensemble la sonde
d’intubation et la sonde d’aspiration en aspirant ;
– Hypo ou hypertension artérielle (PAS < 90 mmHg ou
– mettre en place la supplémentation en oxygène selon
> 180 mmHg) ;
la prescription médicale, pour une SpO2 > 96 % ;
– tachycardie > 120 BPM ;
– tachypnée > 35 cycles/min ;
– SpO2 < 90 % ; Les examens à prévoir en post extubation
– respiration paradoxale ;
– troubles neurologiques (agitation, anxiété, somno- Un test de déglutition est réalisé systématiquement par
lence, confusion, sueurs) ; le kinésithérapeute si la ventilation mécanique a été su-
– marbrures. périeure à 7 jours.

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TC protocole de sevrage ventilatoire en réanimation
Le Kinesither Rev 2006;(58):33-7

Ce test est effectué dès le lendemain de l’extubation, si geant la charge de travail de ces derniers, et assurer
les conditions d’examen s’y prêtent. aussi un recrutement alvéolaire, pour maintenir une
En présence de fausses routes, de dysphonie sévère ou hématose satisfaisante.
de suspicion d’œdème laryngé, une consultation ORL,
avec fibroscopie des cordes vocales, est demandée.
Conclusion
« Un test de déglutition est réalisé systématiquement
par le kinésithérapeute si la ventilation mécanique Indépendamment de toute complication, la chirurgie car-
a été supérieure à 7 jours » dio-pulmonaire et/ou abdominale altère la fonction pul-
monaire et la mécanique ventilatoire de manière obliga-
toire, profonde et relativement prolongée. Cette période
Test fonctionnel de déglutition post-opératoire expose à la possibilité d’une intubation
prolongée, favorisant la morbi-mortalité post-opératoire.
L’incidence des troubles de déglutition post-intubation est Malgré de nouveaux modes de ventilation mécanique,
importante et semble augmenter avec la durée de la ven- le sevrage ventilatoire reste un moment difficile pour le
tilation mécanique [9]. Elle a par exemple été estimée à patient… et l’équipe médicale et soignante.
56 % des cas chez des patients ventilés plus de 48 heures Le recours à un protocole de sevrage ventilatoire,
dans une étude d’évaluation endoscopique des VAS [10]. adapté à une large population de patients entrant en
En outre, ces troubles de déglutition perdurent jusqu’à réanimation, permet par l’évaluation quotidienne et/ou
une semaine après l’extubation, exposant ainsi le pluriquotidienne, de dépister les patients susceptibles
patient au risque persistant d’inhalation durant cette d’être extubés de manière plus précoce afin de dimi-
période [11]. nuer la durée de ventilation mécanique sans augmen-
ter le taux de réintubation.
Les préalables au test et réalisés L’encadrement de l’extubation par le kinésithérapeute
par le kinésithérapeute permet ainsi une réduction du taux de complications
– Désencombrement du patient avant le test ; respiratoires, tout en restaurant une autonomie respi-
– auscultation systématique avant le test ; ratoire, propice au succès de cette procédure.
– vérification de la présence d’une toux ;
– information portée à la connaissance du patient ; RÉFÉRENCES
– installation du patient en position semi assise. [1] Lemaire F. Le sevrage de la ventilation mécanique.
Réanimation, 1994, 274-286.
La procédure du test [2] Ely EW. N Engl J Med 1996;335:1864-9.
Le test proposé est un test de déglutition aux liquides re- [3] Kollef MH. Crit Care Med 1997;25:567-74.
prenant celui qui est réalisé par M. Guatterie, du CHU de [4] Marelich GP. Chest 2000;118:459-67.
Bordeaux. Nous commençons par demander au patient [5] Richard C et al. (Jury du consensus), Sevrage de la
d’avaler de l’eau en petites quantités (une cuillère à café). ventilation mécanique (à l’exclusion du nouveau-né et du
Si le patient ne fait pas de fausses routes, nous aug- réveil anesthésique). Réanimation 2001;10:699-705.
mentons le volume à déglutir (cuillère à soupe, puis [6] Chopin C. La conduite du sevrage de la ventilation
gorgée au verre). mécanique. Enseignement supérieur en soins infirmiers
Si le patient fait des fausses routes, nous lui proposons adultes et pédiatriques, Ed. Scient. Méd., Elsevier SAS, 2001.
des liquides plus épais, afin de diminuer la vitesse de la [7] Gibert C, Bourgain JL, Brunet F, et al. VIII° Conférence de
boisson lors de la déglutition. consensus en réanimation. Réanim Urgences 1992;1:159-68.
La reprise de l’hydratation dépend des résultats de ce test. [8] Miller R L., Cole R P. Association between reduced cuff leak
volume and postextubation stridor. Chest 1996;10:1035-40.
Une fois l’extubation réalisée, le kinésithérapeute rend [9] Epstein SK. Decision to extubate. Intensive Care Med
pérenne celle-ci en s’assurant de l’absence de majoration 2002;28: 535-46.
de l’encombrement bronchique, et de l’absence de signes [10] Ajemian MS, Nirmul GB, Anderson MT, Zirlen DM, Kwasnik
d’épuisement, comme une polypnée secondaire avec des EM. Routine fiberoptic endoscopic evaluation of swallowing
signes de tirage respiratoire, associés à une désaturation. prolonged intubation: implications for management. Arch
Le désencombrement bronchique est répété en fonction Surg 2001;136:434-7.
des critères auscultatoires, par courtes séances, pour [11] De Larminat V, Montravers P, Dureuil B, Desmont JM.
être toléré par le patient. Alteration in swallowing reflex after extubation in intensive
Il n’est pas rare que le kinésithérapeute participe à la care unit patients. Crit Care Med 1995;23:486-90.
mise en place d’une ventilation non invasive [12], pour [12] Piton F, Dubreuil C. Indication actuelle en ventilation non
limiter la fatigue des muscles respiratoires, en soula- invasive et kinésithérapie. Kinéréa 2003;38:136-40.

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