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Éditorial
Prévenir la non-qualité


L A PART CROISSANTE de la gériatrie qui compose la patientèle des ser-
vices, des centres et des cabinets de kinésithérapie, incite à une
réflexion sur le type de prise en charge que nous sommes amenés à proposer. Tout
comme cela a pu être souligné, lors du dernier Congrès national des rééducateurs en
gériatrie à Paris, ces patients souvent “fragiles” ont une place qui apparaît de moins en
moins importante dans le système actuel. Quel équilibre trouver entre l’efficience
demandée aux différents professionnels et l’accompagnement des situations de mala-
dies chroniques génératrices de restrictions, de handicap, parfois de souffrance et d’an-
goisse ?

Le respect de la liberté et de l’autonomie du patient reste la première qualité de l’atten- Christophe DAUZAC
tion que le professionnel de santé doit lui porter. Mais la réduction progressive des
capacités psychiques et physiques qui vont progressivement apparaître interpelleront les soignants qui y seront
confrontés ; leur savoir, leur croyance, leur système de valeurs, leur manière d’être avec autrui seront alors remis
en cause, bousculant aussi les représentations du jeune professionnel.

La bonne volonté du soignant n’a qu’un temps, les motivations ne pourront que s’effondrer si le soin n’est que la
répétition de gestes stéréotypés qui perdent progressivement leurs sens. La “marchothérapie” n’est-elle pas le
synonyme d’une routine qui a pris le pas sur l’expérience critique du savoir-faire, aidée parfois de la vocation ?

Rien ne s’improvise, tout s’apprend... Telle pourrait être la maxime du compagnonnage, dont la dimension éduca-
tive tient encore heureusement une place de choix dans la formation pratique des métiers de la santé, notamment
en kinésithérapie où les stages en milieu libéral vont se développer. La responsabilité du soignant est grande ;


comment avoir la bonne attitude lorsque l’on s’occupe d’autrui, si autrui dépend de soi ?

On peut tout savoir et ne rien savoir faire. Maintenir une proximité respectueuse, reconnaître le “malade” comme
un sujet restent des valeurs que seuls des professionnels compétents et motivés pourront continuer à défendre.
Actualiser ses savoir-faire n’est-il pas le meilleur moyen de prévenir la non-qualité ? ■

n° 520
KS avril 2011

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