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Art et prospérité aux Pays-Bas au XVIIe siècle

A partir de la renaissance, l’Italie impose son hégémonie artistique à toute l’Europe


occidentale. Cependant, au 17e siècle, cette prépondérance italienne est ébranlée par un autre pôle
artistique en plein essor : les Pays-Bas.
Ce territoire représente deux réalités bien distinctes : au nord, les Provinces-Unies, une
union de sept provinces protestantes organisées de manière décentralisées. A l’inverse, les Pays-Bas
Méridionaux sont un état centralisé, sous domination des Habsbourg d’Espagne, et donc catholique.
Par ailleurs, la notion d’art présentée ici correspond autant aux arts plastiques qu’à la littérature,
qu’aux arts du spectacle ou de la musique. En outre, ces arts sont en lien avec leur contexte, et
notamment avec la prospérité des états. La prospérité se définit ici comme un état d’abondance, de
richesse, de développement, de stabilité, et d’une qualité de vie certaine. Le niveau de prospérité
peut par ailleurs être plus ou moins élevé selon la région.
Concernant le contexte, le 17e siècle est précédé d’un événement majeur dans l’histoire des
Pays-Bas, l’Union d’Utrecht. Ce traité signé en janvier 1579 marque la fin de la guerre de 80 ans,
opposant les provinces protestantes au reste des Pays-Bas. Il aboutit en 1581 à la création des
Provinces-Unies, une jeune république. Les provinces restées fidèles à la couronne d’Espagne sont
alors communément appelées les Pays-Bas Méridionaux. S’en suit alors un décalage certain entre
les deux régions, qui forment alors deux états distincts, avec des religions opposées. Là ou les
Provinces-Unies se forment en république décentralisée complètement autonome, les Pays-Bas
Méridionaux se constituent en un état satellite du royaume d’Espagne. Le 17 e siècle s’annonce alors
très différent selon le point de vue d’un état ou de l’autre. Là ou les Provinces-Unies semblent
connaître une situation plus que favorable, les Pays-Bas Méridionaux traversent des moments de
tension certains.
C’est donc dans ce contexte que les Pays-Bas s’imposent comme un pôle artistique en
Europe occidentale, et il apparaît intéressant d’interroger les liens existants entre la prospérité et
l’art aux Pays-Bas du 17e siècle. Pour le comprendre, l’on analysera dans un premier temps les
situations assez opposées des deux Pays-Bas, puis l’on se penchera sur l’essor du marché de l’art,
avant d’étudier l’impact des troubles sur la prospérité et la production artistique.

La situation économique des Pays-Bas du 17e siècle est très contrastée : les deux états les
constituant sont en effet assez opposés durant cette période. Il faut alors dresser tour à tour un
tableau de leur situation respective afin de mieux comprendre la suite.
Aux Provinces-Unies, le 17e siècle est une époque reconnue comme extrêmement prospère,
si bien que l’historiographie lui a attribué le nom de « Siècle d’Or Hollandais », même si cette
dénomination désigne en réalité l’ensemble des Provinces-Unies. Ce Siècle d’Or est en effet rendu
possible grâce à une multiplicité de facteurs ; économiques, financiers, ou encore démographiques.
En premier lieu, cette prospérité est due au développement important du commerce maritime. En
effet, le port d’Amsterdam s’impose au fil du siècle comme un carrefour majeur du commerce
mondial. Ce développement fulgurant se fait d’ailleurs au détriment du port d’Anvers, qui voit sa
clientèle et ses commerçants drainés par le nord. Une immigration massive vers Amsterdam de
marchands flamands, brabançons, mais également Juifs et portugais est en effet constatée durant le
Siècle d’Or. Hors de l’Europe, le commerce maritime des Provinces-Unies brille également, grâce à
l’empire colonial de la jeune république, important notamment des épices. En outre, cette prospérité
économique s’accompagne d’une prospérité financière, en partie rendue possible grâce au
rayonnement d’Amsterdam. A la fin du 17e siècle, la banque d’Amsterdam cumule en effet 14 930
152 florins. Cette puissance financière est rendue possible en partie par l’hégémonie du port
d’Amsterdam, qui devient en effet à l’époque une place boursière majeure. La bourse d’Amsterdam
est créée en 1611, et s’impose très vite comme un point de passage incontournable pour les
négociants, qui viennent chaque jour du monde entier. Mais une telle prospérité ne s’appuie pas
uniquement sur le commerce. C’est également l’envol démographique des Provinces-Unies qui
assure une telle situation. En un siècle, la population est passée de 1,5 à presque 2 millions
d’habitants. Une telle envolée s’explique de différente manières. En premier lieu l’immigration,
comme évoqué précédemment, du sud des Pays-Bas mais également d’autres pays européens, qui
n’est pas négligeable et qui se poursuit par vagues au long du siècle. Deuxièmement, le Siècle d’Or
est une période de paix, très peu de régions des Provinces-Unies sont en guerre, ce qui profite
d’ailleurs autant à la démographie qu’à l’économie. A noter par ailleurs que cette population est très
urbanisée pour l’époque, en 1675, les Provinces-Unies comptent 42 % d’urbains. En somme, la
paix, la croissance économique et financière, et une démographie dynamique on fait du 17 e siècle
un siècle résolument prospère pour les Provinces-Unies.

Cependant, on ne peut pas en dire autant concernant les Pays-Bas Méridionaux. Au début du
siècle, la situation semble encore relativement favorable : c’est la période des archiducs. Les Pays-
Bas Méridionaux, sont certes sous la tutelle de l’Espagne, mais le pouvoir archiducal leur assure
une certaine marge de manœuvre. Cependant après 1621, leur influence s’estompe de plus en plus,
reléguant le territoire à une simple possession espagnole privée d’autonomie à partir de 1630.
Durant cette période, il y a une relative prospérité, basée notamment sur les industries de luxe,
encouragées par le rétablissement de la cour de Bruxelles. La soie, le verre, l’orfèvrerie, le travail
du cuir et autre artisanat de luxe reviennent alors sur le devant de la scène. De nombreuses
tapisseries sont produites, représentant des scènes historiques et religieuses, production artistique
que l’on aura l’occasion d’aborder de nouveau par la suite. De plus, le port d’Anvers se démarque à
l’époque comme une place financière internationale, et jouit de la présence de nombreux ateliers de
production artistique, permettant l’instauration d’un marché d’art, mais on y reviendra. Enfin jusque
1650, la production agricole est relativement soutenue, notamment en Flandre qui voit de nombreux
progrès techniques. Cependant, ces points positifs ne sauraient cacher la situation de crise dans
laquelle les Pays-Bas Méridionaux se trouvent durant le 17 e siècle. Tout d’abord, c’est une période
de grande pauvreté. Les rendements agricoles ne profitent qu’aux grands propriétaires terriens, au
détriment de la paysannerie. Les tentatives d’endiguer cette pauvreté ne sont pas concluantes, et ne
concernent pas toute la population, créant une classe pauvre marginalisée voire jugée dangereuse.
Cette pauvreté s’explique par un « Siècle de Malheur », en opposition sans doute au Siècle d’Or
Hollandais. Ce siècle est en effet marqué par le retour de la peste entre 1635 et 1668 par trois
vagues successives, provoquant beaucoup de morts. De plus, une période de grand froid impacte les
récoltes, provoquant alors des épidémies à cause d’un grain de mauvaise qualité. La guerre éclate
également du fait de la conquête française du sud des Pays-Bas, remportant le sud de la Flandre et
le Hainaut. Cette guerre ajoute alors d’autres morts sur un bilan déjà catastrophique, et vient
alimenter les épidémies et la famine. La démographie est donc mise à mal, et l’économie
grandement affaiblie. La conquête française ne parvient d’ailleurs pas à redynamiser les territoires
récupérés, les politiques colbertistes freinent la production des Pays-Bas, et pire encore on constate
un certain nombre de faillites dans les manufactures. Ainsi, malgré des débuts encourageants, les
Pays-Bas Méridionaux font face à un siècle difficile, ils sont frappés de plein fouet par des crises
multiples qui s’alimentent entre elles, et qui mettent à mal la prospérité du pays.

Ainsi, l’on a vu que les Pays-Bas représentaient au 17e deux réalités bien différentes. Les
Provinces-Unies sont au plus haut, tandis que le reste des Pays-Bas traverse une crise majeure.
Pourtant, ces deux entités partagent un point commun, l’essor d’un marché de l’art florissant, qu’il
convient maintenant d’analyser.

Comme évoqué, un marché de l’art florissant se développe dans tous les Pays-Bas. Aux
Provinces-Unies tout d’abord, c’est l’âge d’or de la peinture hollandaise. Une floraison
extraordinaire de peintures a lieu tout au long du siècle d’or, due en partie à la grande prospérité du
pays. En effet, la bourgeoisie s’est beaucoup développée et enrichie en ce siècle, ce qui l’a poussée
à investir dans ce marché. On retrouve alors de nombreuses œuvres d’art dans les demeures des plus
aisés, notamment de nombreux tableaux jonchant les murs. L’augmentation de la clientèle a de
facto encouragé la production d’art, et certains ateliers s’agrandissent de manière spectaculaire,
s’organisant presque comme des manufactures. Dans la même veine, la littérature connaît un grand
essor grâce à l’imprimerie, des ouvrages, notamment religieux, sont diffusés en masse. Par ailleurs,
les artistes se spécialisent de plus en plus pour pouvoir répondre aux demandes des clients, mais on
reviendra sur le rapport entre l’artiste et le client plus tard. Le marché de l’art est donc rendu
possible au nord grâce à la grande prospérité qui y règne, prospérité que les puissants entendent
prouver par l’achat d’art. Il y a en effet souci de montrer sa puissance, comme en témoignent les
nombreux portraits de groupe, supposé démontrer la puissance et la richesse des grandes familles
néerlandaises. Enfin, ce marché reste prspère jusque 1672, date à laquelle une crise éclate, menant à
la faillite de nombreux artistes. Concernant le sud, l’essor est plus difficile du fait des crises, mais il
n’est pas négligeable pour autant. Un grand marché de l’art s’organise en effet autour d’Anvers, qui,
malgré son déclassement par rapport à Amsterdam, ne tombe pas complètement en désuétude.
D’une manière générale, le marché de l’art dans les Pays-Bas Méridionaux n’est pas chose
nouvelle, mais il est grandement renouvelé avec l’émergence du Baroque, dont on reparlera. Enfin,
ce marché de l’art ne reste pas enfermé dans les seules frontières des Pays-Bas, et la guerre
n’empêche pas les artistes de voyager à l’étranger, notamment en France. Le marché est enfin
également influencé par le nord, les frontières artistiques entre les deux états néerlandais étants
relativement poreuses, même si ces derniers gardent une identité artistique globale qui leur est
propre. Ainsi, dans tous les Pays-Bas émerge, ou du moins se renouvelle, un marché de l’art majeur,
majoritairement centré sur la peinture.

En outre, ce marché de l’art réunit un certain nombre d’acteurs. Tout d’abord, les artistes.
Les artistes néerlandais du 17e siècle ne correspondent pas à l’archétype du marginal « maudit » et
sans le sou. L’essor du marché de l’art en a en effet fait d’eux des individus prospères, au rang
élevé, et sont d’ailleurs souvent issus de bonnes familles. Artiste devient ici une catégorie à part
entière, avec de véritables notables tels que Rembrandt, Rubens, Flinck, et tant d’autres. Ces artistes
ont beaucoup de moyens, et peuvent se permettre de voyager à l’étranger : en France, comme
évoqué plus tôt, mais également en Italie, autre grand pôle artistique et point de passage des artistes
cherchant un certain prestige. Ces artistes sont également très productifs, réalisant parfois plusieurs
milliers de tableaux tout au long de leur carrière. Cela suppose donc des moyens conséquents, et
l’on voit bien que la prospérité générale a impacté les artistes autant que le marché de l’art en lui
même. Cependant ce profil d’artiste se fait plus rare dans le dernier quart du siècle, notamment dans
le nord car la crise a ruiné de nombreux artistes. L’autre acteur majeur du marché de l’art, c’est en
toute logique le commanditaire. Ce dernier a un profil varié, au 17 e siècle posséder des œuvres d’art
n’est plus le privilège de la noblesse, les bourgeois, et même les paysans les plus aisés peuvent
posséder plusieurs œuvres dans leur demeure. Le mécénat est alors pratique courante, de grandes
familles ou certains notables parrainent des artistes qu’ils jugent prometteurs, dans le but de montrer
leur prestige et leur rang. La bourgeoisie, qui a à cœur de montrer sa prospérité, n’hésite pas à
afficher chez elle un grand nombre d’œuvres, comme évoqué précédemment. Enfin, des collectifs
existent au sein de ce marché florissant. On peut notamment se pencher sur le cas des Guildes de
Saint-Luc, en référence au saint patron des peintres. Ce sont des corporations d’artistes, notamment
de peintres mais aussi de sculpteurs, de graveurs et d’imprimeurs. Elles garantissent sécurité et
stabilité aux artistes, et témoignent également de leur prestige. Il fallait en effet être propriétaire
pour en être. Enfin, ces guides, ne sont pas exclusives au territoire néerlandais, mais sont pour
autant présentes en grand nombres dans les villes des Pays-Bas.

Ainsi, l’on a vu que la prospérité des Pays-Bas avait encouragé le développement d’un
marché d’art florissant, et de la multiplication des possesseurs d’art. L’art occupe une place
importante dans tous les Pays-Bas, et est un marqueur de prestige pour celui qui le crée, mais aussi
pour celui qui le possède. Il reste cependant à voir si la seule prospérité est responsable du
développement de l’art, et si des conditions moins favorables ne peuvent-elles pas aussi être facteur
d’innovation artistiques.

Malgré une période de grand trouble, l’on a vu que le marché de l’art au sein des Pays-Bas
Méridionaux était de grande ampleur, même face aux Provinces-Unies. Les Pays-Bas espagnols
sont en effet touchés de plein fouet par la guerre, mettant à mal la fragile prospérité du pays.
Cependant, ces conflits peuvent être facteurs de production artistique. En effet, le conflit encourage
la création de spectacles urbains, de pièces de théâtre, ou encore de musique. Ces arts sont en effet
très populaires au sud des Pays-Bas, plus qu’au nord par ailleurs. L’aboutissement de cette
popularité des arts musicaux est sans doute la construction à la fin du siècle du Théâtre Royal de la
Monnaie de Bruxelles, accueillant de nombreux opéras. Ce projet fut rendu possible grâce à l’aide
d’un financier Italien, Gio Paola Bombarda, alors trésorier du gouverneur. Il est d’ailleurs édifié à
l’emplacement de l’hôtel où l’on frappait la monnaie, d’où son nom. Cela nous mène par ailleurs au
second point : l’architecture. En effet, la guerre causait de nombreuses destructions liées aux
bombardements, et les reconstructions étaient fréquentes. A cette époque s’épanouit alors
l’architecture baroque, qui profite des destructions pour s’imposer dans toutes les reconstructions,
notamment d’édifices religieux. A la fin du siècle, la paix finit par s’imposer au sud des Pays-Bas, et
ce qui a été amorcé durant le 17e développe son plein potentiel durant le siècle suivant. Aux
Provinces-Unies, la situation est différente. La guerre n’éclate que très peu, et n’a donc aucun
impact sur les arts. Tout cela change cependant après 1672, marquant le début du conflit avec la
France ; et surtout après 1678, lorsque Louis XIV impose la paix aux hollandais. Cette guerre a
brisé l’image prospère des Provinces-Unies, et par la même occasion a ruiné de nombreux artistes.
Le marché de l’art, déjà saturé, s’effondre purement et simplement, alimentant la crise économique
amorcée par la guerre en cette fin de siècle d’or. Le classicisme l’emporte, et balaye l’originalité
hollandaise. La guerre n’a donc pas les mêmes conséquences sur l’art dans le nord et dans le sud
des Pays-Bas. Au sud, les conflits sont fréquents et le marché de l’art s’en accommode, tandis qu’au
nord, le conflit arrive brutalement et fait s’effondrer un siècle de stabilité économique et artistique.
La guerre n’est alors pas forcément un obstacle, l’exemple des Pays-Bas Méridionaux prouvant
qu’elle peut à terme influencer le marché de l’art.

Outre la guerre, un autre facteur décisif influe sur le marché de l’art dans les Pays-Bas du
17e siècle : la religion. En effet, elle n’est pas la même au nord et au sud, ce qui accentue les
différences entre les deux états. Tandis que les Provinces-Unies s’imposent comme une grande
puissance protestante, les Pays-Bas Méridionaux restent un état catholique. Ces différences
religieuses provoquent alors des vagues de migration d’un pays à l’autre, ce qui n’est pas sans
influence, l’on a déjà vu l’impact de l’immigration sur la prospérité des Provinces-Unies. Ces
migrations viennent en effet du sud des Pays-Bas, amenant un certain nombre d’artistes protestants,
mais également de France, avec des réfugiés huguenots. Au sud en revanche, c’est d’Angleterre et
d’Irlande que viennent des réfugiés cette fois ci catholiques, fuyant l’Église anglicane. La religion,
au-delà des bouleversements démographiques, provoque également des bouleversements artistiques.
Dans les Provinces-Unies, le calvinisme impose sa vision de l’art, que l’on pourrait qualifier
d’austère. Un style calviniste sobre, représentant des intérieurs, s’impose en peinture. Côté
littérature, le calvinisme dynamise le marché du livre, en proposant par exemple des textes interdits
par les puissances catholiques, comme les traductions protestantes de la Bible. La religion a donc un
réel impact sur le marché de la littérature. Mais la prépondérance calviniste a ses limites : les
artistes ont conscience de la présence de familles catholiques au sein des Provinces-Unies, et c’est
pour cela qu’il existe tout de même un marché important autour des peintures religieuses,
notamment des vues d’églises. Au même moment, la contre-réforme s’impose au sud, et avec elle le
style baroque. La production de peintures religieuses et toujours plus importante au 17 e, tant la
demande est grande. Le peintre brabançon Rubens, adepte de l’école baroque flamande, a par
exemple produit plus de 2000 toiles durant sa carrière. De la même manière, l’architecture baroque
s’impose, et se veut marqueur de la prospérité des villes. Le baroque s’inscrit dans un style bien
plus extravagant que la sobriété calviniste, et trahi la volonté des Pays-Bas du sud a afficher une
image superbe, et à réaffirmer le catholicisme dans une période de doutes. Ainsi, la religion joue un
rôle certain dans ce jeu entre art et prospérité, en bouleversant la démographie et en dictant les
tendances artistiques.

L’on a donc vu que le 17e siècle est un siècle particulier pour les Pays-Bas, qui ne sont pas
d’un bloc. Les Provinces-Unies apparaissent à l’époque comme étant véritablement à leur apogée,
là où les Pays-Bas du sud connaissent plus de difficultés, et une prospérité en dent de scie, au
rythme de la guerre et des catastrophes récurrentes. Toujours est-il que dans ce contexte de relative
prospérité un marché de l’art florissant se développe, du fait de conditions économiques et sociales
favorables. La peinture s’impose dans l’ensemble du territoire comme un produit incontournable,
circulant grâce aux grandes places commerciales et financières que sont les ports d’Amsterdam
mais également d’Anvers dans une moindre mesure. L’émergence de la bourgeoisie, l’appui de
l’aristocratie, et le prestige nouvellement acquis des artistes favorise également le développement
de ce marché. L’art devient témoin de la prospérité des Pays-Bas, ou du moins s’en veut la preuve.
Cependant l’on a vu que même lors de troubles politiques ou religieux, ce marché de l’art n’était
pas forcément voué à s’effondrer, et que la guerre pouvait au contraire apporter un nouveau souffle,
tout comme la religion, qui peut dicter la tendance artistique, et donc influencer le marché. En
conclusion, les rapports entre art et prospérité sont étroits, voire entremêlés : la prospérité d’un état
encourage la production artistique, et la production artistique indique la prospérité d’un état. Il faut
néanmoins faire preuve de nuance, car l’art peut très bien se développer dans un contexte
défavorable, et la seule prospérité n’est pas suffisante pour créer un courant artistique majeur.

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