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LE COLONIALISME À LA FRANÇAISE : L’ESPRIT DE LA IIIE RÉPUBLIQUE
La révolution industrielle propulse l’Angleterre sur le devant de la scène dès le
début du XIXe siècle. Son économie a besoin à la fois de matières premières et
de débouchés pour ses produits, tandis que l’accroissement de sa population
impose des colonies de peuplement. Si la France lui emboîte le pas avec un
certain retard, l’impérialisme, sous la IIIe République, est considéré comme une
nécessité absolue et une question de prestige national. En France, un homme
politique symbolise à lui seul le colonialisme : le très républicain Jules Ferry.
Il résume sa doctrine le 28 juillet 1885 en déclarant devant les députés : « Le
parti républicain […] a montré qu’il faut autre chose à la France ; qu’elle ne
peut être seulement un pays libre ; qu’elle doit être aussi un grand pays,
exerçant sur les destinées de l’Europe toute l’influence qui lui appartient,
qu’elle doit répandre cette influence sur le monde, et porter partout où elle le
peut sa langue, ses mœurs, son drapeau, ses armes, son génie. »
...
Verbatim
« Un mouvement irrésistible emporte les grandes nations
européennes à la conquête de terres nouvelles […]. La
politique coloniale est une manifestation internationale des
lois éternelles de la concurrence. »
Jules Ferry, 1890.
Les puissances économiques
Contrairement à ce qu’on pense généralement, les États-
Unis sont devenus très tôt une puissance économique de
premier plan. En termes de volume du PNB total, ils
occupent la première place vers 1860 et, en termes de
PNB par habitant, vers 1875. Quant à la production
manufacturière, elle devient la première du monde vers
1890. La Grande-Bretagne perd ainsi sa première place
dans le monde, mais elle est aussi menacée par
l’émergence d’une nation bien plus dynamique qu’elle,
l’Allemagne. Ce déclin annoncé n’est masqué
provisoirement que par l’étendue de l’Empire britannique.
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Verbatim
« En 1914, les États-Unis avaient un retard de près d’un
demi-siècle sur les pays les plus avancés d’Europe en
matière de lois sociales mais les salaires réels des ouvriers y
étaient les plus élevés. »
P. Bairoch, Victoires et déboires.
La question des nationalismes
La question des nationalismes agite l’Europe entière
depuis le traité de Vienne qui, en 1815, solde
définitivement l’héritage de la Révolution française et de
l’Empire. Trois pays dominent alors l’Europe : la Russie, la
Prusse et surtout l’Autriche qui, sous la férule de
Metternich, empêche toute émancipation des peuples
tentant de réaliser leur unité – Allemands, Italiens, Slaves
d’Europe du Sud. Le statu quo perdure jusqu’à la seconde
moitié du XIXe siècle, puis l’Autriche subit une série de
défaites militaires contre les Français, les Piémontais et
les Prussiens, qui permettent la création d’une Italie
indépendante, puis d’un Empire allemand en 1871.
DEUX ÉTATS NOUVEAUX
Le congrès de Vienne, en 1815, conforte la place hégémonique de l’Autriche
en Europe. Celle-ci domine l’Italie et l’Allemagne, myriade de petits États et de
principautés. Pourtant, des mouvements nationaux apparaissent. Ils sont
contenus par le chancelier autrichien Metternich. En 1848, un vent
révolutionnaire secoue l’Europe entière, mais échoue.
En Italie, Victor-Emmanuel et son premier ministre, Cavour, s’allient avec
Napoléon III pour constituer une Italie indépendante. Cette coalition bat les
Autrichiens en 1859. Victor-Emmanuel devient roi d’Italie en 1861. En
Allemagne, c’est le chancelier Bismarck qui impose la Prusse comme
puissance européenne. Il vainc le Danemark en 1864, puis l’Autriche en 1866
et la France en 1870. En 1871, le roi Guillaume Ier est couronné empereur
d’Allemagne.
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L’AUTRICHE ET LA SERBIE
L’une des principales causes de tension en Europe du Sud est l’antagonisme
larvé entre l’Empire austro-hongrois et la Serbie. En 1903, le roi de Serbie pro-
autrichien est assassiné par la Main noire, une organisation nationaliste serbe.
Dès lors, la politique serbe devient franchement anti-autrichienne. En 1908,
l’annexion de la Bosnie-Herzégovine par l’Autriche provoque une très vive
tension ; la Serbie ne renonce à la guerre qu’en raison des pressions de la
Russie, alliée traditionnelle des Serbes, peuple slave. Sur le papier, l’Empire
austro-hongrois est plus puissant que la petite Serbie, mais c’est un empire
malade. Avec moins de 1 % de la population détenant 40 % des terres, c’est
l’État le plus inégalitaire d’Europe.
En outre, la domination des Autrichiens et des Hongrois sur tous les autres
peuples est écrasante : cette inégalité ethnique affaiblit encore davantage la
cohésion de l’État. Tous les ingrédients sont réunis pour une situation
explosive.
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Verbatim
« Des milliers de femmes et d’enfants morts de faim, des
révolutionnaires devenus brigands […] : tel est le tableau de
la vie sociale dans les provinces libérées. »
Léon Trotski, 1912, à propos de la Macédoine.
Le jeu des alliances
Face au développement d’intérêts contradictoires, les
grandes nations européennes cherchent à se prémunir
contre la guerre. L’exemple du XIXe siècle a montré que les
pays isolés étaient souvent vaincus, comme l’Autriche
face à la coalition franco-piémontaise. Avant même le
tournant du siècle, plusieurs nations signent des alliances,
afin de créer des blocs extrêmement puissants, établissant
un équilibre de la terreur avant l’heure. Mais la formation
de deux grands blocs – la Triple Alliance tout d’abord, puis
la Triple Entente – va mener droit à la catastrophe lorsque
le désir de guerre l’emportera. L’Europe entière basculera
alors dans la guerre.
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Verbatim
« Un conquérant aime toujours la paix : il préférerait vous
envahir sans rencontrer de résistance. »
Clausewitz, De la guerre.
Les plans militaires et les armées
européennes
À peine la guerre de 1870 était-elle terminée que les états-
majors français et allemand pensaient à l’inévitable
revanche et préparaient des plans offensifs et défensifs.
En 1914, la France en est à son 17e plan de guerre contre
l’Allemagne ! Celle-ci dispose pour sa part, depuis la fin du
XIXe siècle, du plan Schlieffen, dont la portée est à la fois
tactique et stratégique : il s’agit de permettre à
l’Allemagne de gagner une guerre livrée sur deux fronts,
en écrasant en six semaines l’armée française, pour se
retourner ensuite contre l’armée russe. Le rôle de
l’Autriche-Hongrie est purement subalterne et se borne à
combattre le petit royaume de Serbie.
LE PLAN ALLEMAND
Le plan Schlieffen prend en compte une donnée stratégique de première
importance : en cas de guerre sur deux fronts, il sera nécessaire à l’Allemagne
de vaincre la France d’abord, avant de se retourner contre la Russie. La durée
de la mobilisation russe, estimée à six semaines, impose une victoire éclair sur
le front ouest. Tactiquement, Schlieffen prévoit une invasion de la Belgique et
du Luxembourg (pays neutres) par une aile droite allemande littéralement
hypertrophiée : 53 divisions d’active, sans compter les formations de réserve et
de remplacement, alors que l’aile gauche ne compte que huit divisions,
chargées de tenir l’Alsace. Cette aile droite doit s’enfoncer loin en Belgique
avant de se rabattre sur le nord de la France et d’envelopper Paris par l’ouest
pour prendre à revers toutes les armées françaises. Le plan est audacieux et
risqué.
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LES PLANS FRANÇAIS
Le plan I, établi en 1875, prend en compte toutes les faiblesses de la France
révélées par la défaite de 1870. Il impose un regroupement des armées loin de
la frontière, car le pays a perdu toute sa ceinture fortifiée et son réseau ferré
est perturbé. Il est donc prévu de faire des efforts très importants dans trois
domaines : la fortification – afin de barrer la route à l’envahisseur –, la rapidité
de la mobilisation et la réduction de la distance entre le lieu de regroupement
des armées et la frontière..
L’amélioration des défenses. Le plan d’organisation défensive recrée une
ceinture fortifiée le long de la frontière. On redoute alors que les Allemands ne
cherchent à contourner ces défenses en violant la neutralité belge. Dès 1878,
les plans IV et V prennent en compte cette hypothèse. Ce n’est qu’en 1887,
avec l’achèvement des places fortifiées de première ligne et l’ouverture de
nouvelles voies ferrées, que le commandement français établit son premier
plan à caractère offensif, le plan VIII. De multiples modifications interviennent
jusqu’au plan XVII, en vigueur en 1914.
La stratégie offensive. L’armée française dispose de 44 divisions d’infanterie et
de 10 divisions de cavalerie d’active, mais la mobilisation des divisions de
réserve et des territoriaux porte les effectifs à 3 580 000 hommes. Dès que la
concentration des troupes aux frontières sera effectuée, celles-ci passeront à
l’offensive. La 1re armée doit entrer en Alsace pour y fixer des forces
allemandes. La 2e armée doit avant tout protéger Nancy. La mission de la 3e
armée est d’arrêter toute offensive en provenance de Metz. La 4e armée, tenue
en deuxième ligne, peut intervenir en soutien soit de la 2e armée, soit de la 3e
armée. La 5e armée a un rôle essentiel : se porter en Belgique pour faire face à
une éventuelle violation de la neutralité belge. Elle serait accompagnée par les
3e et 4e armées et couverte par le corps de cavalerie. Ceci prouve que Joffre a
bien pressenti la manœuvre allemande. Mais il s’est trompé sur le poids de
l’aile droite.
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Verbatim
« La guerre est inévitable. Renforcez l’aile droite ! Renforcez
l’aile droite ! »
Derniers mots du comte von Schlieffen sur son lit de mort.
Le non-respect de ce conseil conduira à la faillite du plan
offensif allemand en 1914.
Sarajevo et les déclarations de guerre
Le 28 juin 1914, l’héritier de la couronne autrichienne,
l’archiduc François-Ferdinand, est assassiné à Sarajevo.
En à peine un mois, l’Europe bascule dans la guerre et
avec elle le monde entier, en raison de l’étendue des
empires. À part celle du pape Benoît XV, aucune voix ne
s’élève pour empêcher le massacre. Jaurès a été assassiné
par un déséquilibré : ses discours ne trouvaient plus
d’écho, les différents mouvements socialistes préférant le
nationalisme à l’internationalisme. Tout le monde trouve
un intérêt à la guerre. Les hommes d’État sont souvent
faibles : Guillaume II, Nicolas II et, dans une moindre
mesure, Poincaré se laissent dicter leurs actes par la caste
militaire.
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Verbatim
En conclusion
Une économie prospère qui va rendre la guerre possible
Malgré une crise passagère peu avant 1910, l’économie
mondiale est prospère en 1914. Les pays belligérants vont
donc disposer des moyens financiers et économiques
nécessaires à une guerre de très grande ampleur : ceci est
vrai non seulement de l’Allemagne, de la France et de
l’Angleterre, mais aussi de la Russie. Dans ce jeu dangereux,
ce sont néanmoins les pays qui entrent le plus tardivement
dans le conflit qui vont le mieux profiter de la guerre, les
États-Unis en étant l’exemple le plus flagrant.
Des plans d’état-major irréalistes
Ce qui frappe a posteriori lorsqu’on étudie l’année 1914,
c’est la croyance absolue, au plus haut des différents États,
dans la valeur de leurs plans militaires. Les états-majors
allemand, français, mais aussi russe et britannique,
travaillent depuis si longtemps sur la possibilité d’une
guerre qu’ils croient avoir trouvé une parade à toutes les
situations stratégiques et tactiques. Leurs plans sont si
minutieux et si bien construits intellectuellement qu’ils se
considèrent invincibles. Hélas, il suffit d’une variable non
prise en compte pour que tout se grippe.
« La légèreté et la faiblesse dans la plus terrible des guerres.
La bêtise et la maladresse de notre allié sont présentées
comme des machinations. »
Guillaume II, juillet 1914.
La guerre qui débute en août 1914 met en lice des armées d’une taille encore
jamais vue, dotées d’un armement d’une puissance jamais approchée
jusqu’alors, même lors des grands conflits récents, comme la guerre de
Sécession ou le conflit franco-prussien de 1870.
Les différents états-majors misent sur une guerre rapide, qui sera facilitée par
les chemins de fer, les automobiles et les armes nouvelles, comme la
mitrailleuse. Certes, chacun sait que l’adversaire est, lui aussi, fort bien équipé,
mais les Allemands pensent l’emporter grâce à leur rapidité de mouvement à
travers la Belgique, tandis que les Français sont certains que l’offensive à
outrance va très vite mettre l’ennemi à genoux.
Pourtant, les beaux plans montrent leur limite : l’offensive de Joffre se heurte à
des corps de réserve allemands qui n’auraient pas dû se trouver devant les
armées françaises. La route de Paris semble alors ouverte aux Allemands qui,
dans leur précipitation, oublient toute prudence. Le réveil sur la Marne sera
douloureux.
Les avancées allemandes : le plan Schlieffen
Lorsque l’armée allemande pénètre en Belgique, le
commandement français n’est pas surpris, mais il se
trompe complètement sur la puissance de l’aile droite
allemande. Les Belges, qui croient encore à la solidité des
nombreux forts qui bordent la frontière allemande,
notamment à Namur et à Liège, vont vite constater que
l’artillerie lourde allemande écrase les fortifications les
plus solides. Joffre, quant à lui, pense que l’étirement des
lignes allemandes va lui permettre de répéter la bataille
d’Austerlitz et de frapper l’ennemi au centre pour le
couper en deux. La présence des corps de réserve
allemands en décidera autrement.
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LA RETRAITE ALLIÉE
Après l’hécatombe de la bataille des frontières – l’armée française compte 30
000 morts rien que le 22 août 1914 –, les Allemands pensent avoir le champ
libre pour exécuter la manœuvre Schlieffen. Joffre ordonne un repli généralisé.
Dès le 25 août, il télégraphie au ministre de la Guerre : « Notre but doit être de
durer le plus possible, en nous efforçant d’user l’ennemi. »
Il n’est pas encore question d’user l’ennemi, mais de le ralentir. C’est ce que
fait la place forte de Maubeuge, complètement encerclée et dont les forts en
maçonnerie sont détruits les uns après les autres. Les Britanniques au Cateau
et les Français à Guise mènent deux actions retardatrices qui permettent un
repli en bon ordre des armées alliées. Joffre leur enjoint de se rétablir au sud
de la Marne pour y affronter l’ennemi dans une bataille qui sera décisive et
dont dépendra sans doute le sort de la guerre.
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Verbatim
« Les états-majors en étaient restés au fusil à pierre ; ils
pensaient couper l’armée allemande en deux… Les canons
et les mitrailleuses ont flanqué tout ça cul par-dessus tête :
un carnage ! »
Colonel Alerme.
La bataille de la Marne (I)
La bataille de la Marne est souvent appelée le « miracle de
la Marne », tant il est vrai qu’une victoire française
semblait impossible. L’offensive allemande se déroule
conformément au plan Schlieffen modifié par von Moltke.
Les armées françaises, battues aux frontières, se replient
vers le sud. L’aile droite allemande avance vite en
refoulant les Français entre Paris et Verdun. Certes, le
repli français se déroule en bon ordre et ceci ne peut
échapper aux avions de reconnaissance allemands. Pour
hâter la fin, le général von Kluck, commandant de la 1re
armée allemande, décide de ne plus appliquer le plan
Schlieffen à la lettre.
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Verbatim
« Une seule chose est certaine. Notre état-major général a
complètement perdu la tête. Les notes de Schlieffen ne
sont plus d’aucune utilité et, du coup, le génie de Moltke a
disparu. »
Général von Falkenhayn, septembre 1914.
Les défaites russes
Le rouleau compresseur russe, dans l’imaginaire
populaire, devait soulager les armées françaises en
frappant les Prussiens dans le dos. Dès le début des
hostilités, les rumeurs les plus folles circulent. Les
cosaques, dit-on, ne sont plus qu’à deux jours de marche
de Berlin. Pourtant, du côté allemand, la crainte de
l’offensive russe est minime. Schlieffen avait évalué à six
semaines le temps nécessaire à la Russie pour mobiliser et
regrouper ses troupes. En attendant, la frontière de la
Prusse-Orientale ne sera tenue que par un rideau de
troupes. Mais les Russes sont prêts plus tôt que prévu et
entrent sur le territoire allemand dès le 20 août 1914.
Verbatim
« La guerre n’est pour l’historien qu’un synchronisme de
dates ; pour les chefs, elle représente un formidable labeur
[…]. Mais pour le soldat, la guerre n’est qu’un long tête-à-
tête avec la mort. »
P. Chaine, Mémoires d’un rat.
Les offensives alliées de 1915
Devant l’échec du « grignotage », Joffre décide de lancer
des offensives de grande envergure en Artois et en
Champagne afin de provoquer la rupture du front, mais
aussi d’aider les Alliés de la France, Russes et Italiens
notamment. Toutes ces attaques échouent. André
Ducasse en résume les raisons : « Préparations d’artillerie
insuffisantes […] ; attaques trop partielles, qui exposaient
nos positions les plus avancées […] ; lignes trop denses de
tirailleurs, suivies de colonnes massives, s’avançant à
découvert en rase campagne […] ; infériorité de
l’armement d’infanterie par manque de grenades,
mauvaise fabrication des canons. »
L’OFFENSIVE D’ARTOIS
L’offensive lancée par l’armée d’Urbal le 9 mai 1915 en Artois est le symbole
même d’une attaque gâchée. Elle est pourtant d’une importance capitale
pour la suite de la guerre, en raison de la personnalité de l’un des
protagonistes, le général Pétain.
Après quatre heures de bombardement intense, quatre corps d’armée se
lancent à l’assaut au nord d’Arras. Dans un splendide effort, les assaillants
parviennent à s’emparer de la première ligne allemande sur six kilomètres de
large et, sur le front du 33e corps du général Pétain, sur trois à quatre
kilomètres de profondeur. Le succès est important et les hommes de Pétain se
retrouvent en terrain libre, sans aucun obstacle devant eux. Mais ils sont isolés
en avant et les réserves, qui auraient permis d’exploiter la victoire, sont
gardées trop loin en arrière par le haut commandement. Ainsi, « l’heure
fugitive de la percée » passe, comme l’écrit Pétain dans son rapport.
Les Allemands font accourir des renforts et la bataille s’enlise. En une semaine,
les pertes françaises atteignent les 17 000 tués, 60 000 blessés, 20 000
disparus. Lorsque l’offensive s’éteint, le 17 juin, l’avance n’a pas dépassé trois
kilomètres de profondeur.
Le fiasco est complet car aucun des objectifs n’a été conquis. Le 33e corps de
Pétain s’est bien emparé de la crête de Vimy – une position stratégique de
première importance – mais, faute de renforts, il n’a pu s’y maintenir.
Cette victoire, certes éphémère, fait beaucoup pour la réputation du général
Pétain.
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Verbatim
« Comment pouvions-nous user l’ennemi, alors que nous
perdions trois ou quatre fois plus d’officiers et jusqu’au
double d’hommes de troupe au cours de nos offensives ? »
Winston Churchill, à propos des offensives de 1915.
La Turquie en guerre et les Dardanelles
La Turquie entre en guerre aux côtés des puissances
centrales en octobre 1914. Dès le mois de janvier 1915, le
Premier lord de l’Amirauté, Winston Churchill, présente
un plan d’attaque de la Turquie, avec occupation des
détroits du Bosphore et des Dardanelles. Ce plan vise en
fait à contrecarrer les ambitions de deux pays : la Turquie,
évidemment, mais aussi la Russie… alliée de l’Angleterre,
ce qui n’est pas sans poser de grands risques de rupture
au sein de l’Entente. Les Britanniques veulent interdire
tout accès à la Méditerranée aux Russes. L’opération des
Dardanelles sera un fiasco complet, révélant en outre de
graves divergences entre les Alliés.
Verbatim
« Maudites Dardanelles ! Elles seront notre tombe. »
Lord Fisher of Kilverstone, Premier lord de l’Amirauté.
L’Italie en guerre
Une fois la guerre déclarée, plusieurs pays hésitent à
s’engager dans la fournaise. Le Japon, dès le 23 août,
rejoint les Alliés. Le 31 octobre, la Turquie embrasse la
cause des puissances centrales. Trois autres pays sont
incertains, à tel point qu’on les désignera comme la
« Triple-Attente » ! Il s’agit de l’Italie, de la Roumanie et de
la Grèce. L’Italie, bien que liée à la Triple-Alliance, n’est
pas entrée en guerre en août 1914. Elle attend de voir de
quel côté le vent tourne, selon le principe énoncé par le
gouvernement italien : toute décision sera dictée
uniquement « par l’égoïsme sacré de l’Italie ».
LE VERDUN ITALIEN
Les hésitations italiennes ont terni leur engagement dans la Première Guerre
mondiale, ce qui ne rend pas justice aux sacrifices consentis par les soldats
italiens. Et pourtant, les batailles de l’Isonzo sont plus coûteuses aux Italiens
que la bataille de Verdun aux Français. Les offensives de l’Isonzo sont
destinées à ouvrir la route de Trieste. La première attaque est lancée le 23 juin
1915, avec des effectifs en infanterie supérieurs à ceux des Autrichiens, mais
avec une nette infériorité en artillerie. Les succès ne peuvent donc être que
très limités et acquis au prix de pertes effrayantes. En juillet, les Italiens lancent
une deuxième offensive, qui n’obtient pas plus de résultats. Du 10 octobre au
5 décembre, les Italiens livrent les troisième et quatrième offensives de
l’Isonzo. Une fois encore, la préparation d’artillerie est insuffisante pour venir à
bout des défenses autrichiennes.
En mars 1916, une cinquième offensive échoue. À l’automne, la reprise des
attaques se fait à un rythme effréné, puisque les septième, huitième et
neuvième offensives de l’Isonzo sont lancées du 14 septembre au 7
novembre. La percée tant attendue ne se produit pas, mais les Italiens
s’approchent de plus en plus de Trieste, dont ils atteignent les défenses. En
mai 1917, sentant la victoire possible, le général Cadorna lance un assaut
d’une ampleur jamais vue… mais sans succès et avec des pertes terribles : 157
000 hommes ! La onzième bataille de l’Isonzo, en août 1917, n’emporte
toujours pas la décision. Et tout le terrain gagné au prix de pertes immenses
sera perdu en quelques jours.
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Verbatim
« Le terrain est déchiqueté, les tranchées bouleversées, les
chaumières en ruines, les arbres rasés. La guerre a passé par
là son terrible rouleau compresseur. »
Benito Mussolini, soldat engagé dans la deuxième bataille
de l’Isonzo.
Verdun, 1916
Au début de l’année 1916, le commandement allemand
décide de passer à l’offensive à l’Ouest, car la stratégie
purement défensive de l’année 1915 a montré ses limites.
Certes, les armées alliées subissent des pertes effrayantes
en multipliant les offensives vaines, mais ceci ne suffit pas
pour emporter la décision. De plus, le blocus de
l’Allemagne désorganise l’économie du Reich. Plusieurs
émeutes « de la faim » ont éclaté en Allemagne. Il est
donc urgent de remporter une victoire décisive contre
l’armée française. Après quelques hésitations, le général
von Falkenhayn décide de frapper à Verdun, la place forte
française la plus proche de la frontière allemande.
VERDUN MENACÉ
Le 21 février 1916, la 5e armée allemande, commandée par le Kronprinz
impérial (fils de Guillaume II), se lance à l’assaut de Verdun. Elle bénéficie d’une
supériorité dans tous les domaines : 10 divisions d’infanterie contre 3, 1 000
canons contre 271. L’assaut d’infanterie débute en fin d’après midi et
progresse bien : les tranchées françaises ont été nivelées par les obus.
Le 22 février, l’attaque prend toute son ampleur. Les Français, qui survivent par
miracle au milieu des cratères d’obus, se battent avec l’énergie du désespoir et
parviennent à freiner l’avance allemande, même si celle-ci atteint presque
partout la deuxième ligne française. Le 24 février, les progrès allemands se
poursuivent et les avant-gardes arrivent à seulement 10 kilomètres de Verdun.
Le même soir, le général Joffre appelle Pétain pour qu’il organise la défense de
la ville avec sa 2e armée.
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Verbatim
« Leur regard, insaisissable, semblait figé par une vision
d’épouvante ; leur démarche et leurs attitudes trahissaient
l’accablement le plus complet. »
Général Philippe Pétain, à propos des soldats revenant de
Verdun.
La bataille de la Somme
La bataille de la Somme a été voulue par Joffre. Il s’agit
d’une nouvelle version de la percée qui doit permettre de
quitter l’enfer des tranchées pour retrouver le terrain libre
et la guerre de mouvement. La grande différence avec les
offensives de 1915 est la présence de plusieurs armées
britanniques, qui vont plus que seconder les Français,
puisque la bataille de Verdun dévore une part importante
des moyens français. D’ailleurs la bataille de la Somme
prime sur tout aux yeux de Joffre : Pétain, puis Nivelle
seront constamment limités dans les allocations en
artillerie pour Verdun en raison de la nécessité de
préparer et d’alimenter l’offensive de la Somme.
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Verbatim
« De toutes les boues, qui ont été pour le poilu l’une des
plus cruelles souffrances de la guerre, celle de la Somme
occupe, dans ses souvenirs, la première place. Boue lourde,
gluante, […] d’où l’on ne sort pas. »
Commandant Lorieux.
L’avènement de la guerre sous-marine
Au début du conflit, la philosophie de la guerre navale est
dominée par le rôle des cuirassés. Jamais les navires de
ligne n’ont été aussi puissants, aussi bien dans leur
armement que dans leur blindage. La bataille de Tsushima,
le 27 mai 1905, qui a vu la destruction complète de la
marine russe par la marine japonaise, est l’exemple même
du combat naval tel qu’il est alors imaginé par les états-
majors. En 1906, les Britanniques mettent en service un
navire, le Dreadnought, qui rend d’un coup obsolètes
toutes les marines du monde : il est mieux armé, mieux
blindé, plus rapide et capable de naviguer plus longtemps
que tout autre navire.
LA GUERRE SUR MER
Le Dreadnought. L’apparition du cuirassé Dreadnought révolutionne les
marines du monde entier, mais paradoxalement, il réduit presque à zéro la
suprématie navale britannique : toutes les marines du monde sont devenues
obsolètes… y compris la Royal Navy, et toutes se mettent à construire des
dreadnoughts, notamment l’Allemagne.
Le seul avantage de l’Angleterre est d’avoir commencé la première cette
nouvelle course à l’armement. Ainsi, en août 1914, elle dispose de 24
dreadnoughts, contre seulement 14 pour l’Allemagne. Mais, dès novembre,
celle-ci aligne 17 dreadnoughts contre 24 pour la Royal Navy, qui possède
deux fois et demie plus de cuirassés anciens que la marine allemande !
Attentisme. Le début du conflit ne mène pas à une grande bataille navale, à la
manière d’un Trafalgar ou d’un Tsushima. Au contraire, les flottes allemande et
britannique restent dans leurs ports. Français et Britanniques se partagent les
tâches : la Home Fleet, qui compte presque tous les cuirassés modernes, reste
en mer du Nord pour empêcher toute sortie de la flotte allemande. Dans le
même temps, la marine nationale se déploie essentiellement en Méditerranée,
notamment pour empêcher la flotte autrichienne de sortir de l’Adriatique.
Deux batailles… Pendant les premiers mois de guerre, seule l’escadre de
l’amiral von Spee défraie la chronique : elle inflige à la marine britannique, à la
bataille de Coronel, sa première défaite sur mer depuis plus d’un siècle, mais
elle succombe peu après à la bataille des Falkland. En mer du Nord, les deux
grandes flottes n’effectuent que de rares sorties, mais le 31 mai 1916, elles se
rencontrent au large du Jutland, sans parvenir à se départager. Les
Britanniques perdent plus de navires, mais les Allemands n’oseront plus jamais
quitter leurs ports après cette très rude bataille.
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LA GUERRE SOUS-MARINE
Après l’échec des Dardanelles et le match nul du Jutland, les grandes flottes
de cuirassés, fierté des différentes nations, ne servent quasiment plus à rien,
puisqu’elles ne sortent plus de leurs ports. Les Allemands veulent tenter
autrement leur chance sur mer : grâce aux sous-marins. Ils ont peu
d’expérience en la matière, puisqu’ils n’ont construit que 24 sous-marins avant
1914. Mais, dès le début du conflit, ils font un effort considérable dans ce
domaine. Il est vrai que le 22 septembre 1914, le sous-marin a remporté un
succès phénoménal en coulant coup sur coup trois croiseurs-cuirassés
britanniques.
Cependant les Allemands ne s’intéressent pas véritablement aux attaques
contre les navires de guerre alliés : ce qu’ils veulent, c’est paralyser l’économie
britannique en coulant les navires marchands alliés. Et leur campagne est bien
proche de réussir, comme le prouve le nombre des navires marchands alliés
ou neutres coulés au cours de la guerre : 3 en 1914, 396 en 1915, 964 en 1916,
2 439 en 1917, 1 035 en 1918. L’année clé est 1917 : les Allemands sont près
de remporter la guerre sur mer avec leurs U-Boote et se moquent des
conséquences possibles sur le plan diplomatique, notamment vis-à-vis des
États-Unis, déjà échaudés par la destruction du Lusitania et la mort de
nombreux ressortissants américains en 1915.
En 1918, les Alliés réagissent en instaurant le système des convois qui permet
de mieux protéger les navires marchands en leur offrant une escorte. Les
pertes diminuent alors sensiblement.
.
Verbatim
« J’étais tellement sûr de l’intérêt de la guerre sous-marine à
outrance […] qu’il me semblait peu important qu’elle
entraîne les États-Unis dans la guerre contre nous. »
Maréchal von Hindenburg, chef d’état-major des armées
allemandes.
Russie, Roumanie, Serbie et Bulgarie dans
la toumente
Si la guerre à l’Ouest s’est enlisée dans les tranchées, les
opérations à l’Est ne revêtent absolument pas le même
aspect : c’est la guerre de mouvement qui domine, en
Pologne et dans les pays baltes, mais aussi sur les fronts
roumain et serbe. Si les Alliés sont presque toujours
battus – notamment les Serbes, les Russes et les
Roumains –, c’est toujours l’Allemagne qui remporte les
succès et non l’Autriche-Hongrie. Cette dernière subit des
revers importants, notamment face aux offensives russes
du général Broussilov. Comme toujours, il faut que
l’armée allemande intervienne pour sauver son allié
défaillant.
LA ROUMANIE EN GUERRE
Le roi Carol de Roumanie est un cousin du Kaiser et l’essentiel du commerce
du pays se fait avec l’Allemagne. Mais à la déclaration de guerre, la Roumanie
indique qu’elle restera neutre : le peuple est pro-allié, de même que le Premier
ministre, Bratianu. Carol meurt en octobre 1914 et Ferdinand lui succède. Le
27 août 1916, la Roumanie déclare la guerre aux puissances centrales, après
avoir reçu des assurances d’aide de la part des Alliés. Mais les Allemands
interviennent très rapidement, attaquant la Roumanie en tenailles, depuis la
Hongrie et la Bulgarie. Les armées roumaines sont vaincues et Bucarest tombe
en décembre 1916. Le roi et son gouvernement se replient à Iasi, en Moldavie.
La plus grande part du pays est entre les mains allemandes, mais la guerre
continue et en 1917, les Roumains sont en mesure de lancer des contre-
offensives. Mais l’effondrement de la Russie provoque celui de la Roumanie. Le
9 décembre 1917, Bratianu signe un armistice avec l’Allemagne, puis
démissionne.
...
...
LA BULGARIE EN GUERRE
La Bulgarie est, en 1914, le plus puissant des pays balkaniques, bien
qu’indépendante seulement depuis six ans. Province autonome de l’Empire
ottoman depuis 1878, son indépendance a été déclarée en octobre 1908 par
le prince Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha, petit-fils maternel du roi Louis-
Philippe, qui en devient le roi. Neutre au début de la guerre, la Bulgarie rejoint
les puissances centrales en octobre 1915, lorsqu’elle attaque la Serbie. Après le
succès de cette offensive, qui lui permet de récupérer la Macédoine, la
Bulgarie se bat sur le front de Salonique. Mais sa situation économique ne
cesse de péricliter, notamment parce que l’Allemagne, elle-même durement
touchée économiquement, ne verse plus de subsides. Ferdinand pense alors à
changer de camp : il appelle un Premier ministre pro-allié, mais il est trop tard.
Les Alliés ont percé le front devant Salonique. Le 30 septembre 1918, la
Bulgarie signe l’armistice.
Verbatim
« Je ne vécus pas d’heures plus pénibles, sauf à l’époque des
événements qui se déroulèrent sur le front bulgare et qui
scellèrent le destin de la Quadruplice. »
Général Ludendorff, à propos de la défaite bulgare en
septembre 1918.
Arras et le Chemin des Dames
Après les grandes désillusions des offensives de 1915 et les
tueries de Verdun et de la Somme, tous les espoirs de la
France, aussi bien de la population civile que des soldats,
reposent sur l’offensive du général Nivelle. Le mythe du
succès, qui s’est répandu partout, va être confronté à un
démenti cinglant sur le terrain, provoquant une vague de
désillusion et de démoralisation sans équivalent.
L’offensive du Chemin des Dames, qui repose sur des
postulats faux, va précipiter la France dans une crise telle
qu’il lui faudra trouver deux hommes providentiels pour
sortir du chaos : Pétain, tout d’abord, pour sauver l’armée,
puis Clemenceau.
...
Verbatim
« Le plan Nivelle est uniquement fondé sur le mépris de
l’adversaire et tout juste bon pour l’armée de la grande-
duchesse de Gérolstein. »
Maréchal Lyautey.
Mutineries et démoralisation
Après l’échec de l’offensive du 16 avril 1917 au Chemin des
Dames, Nivelle persiste et renouvelle ses assauts le 5 mai,
sans aucun succès. Cette fois, c’en est trop et une partie
des troupes refuse de remonter en ligne. Les mutineries
se propagent alors rapidement dans l’armée française. Le
général Nivelle est relevé de son commandement et
remplacé par le général Pétain, qui prend immédiatement
plusieurs mesures pour mettre fin aux mutineries :
condamnation des meneurs, fin des attaques inutiles,
amélioration de la vie quotidienne du poilu, accélération
du rythme des permissions. En quelques semaines
seulement, la crise du moral est guérie.
LES MUTINERIES DANS L’ARMÉE FRANÇAISE
Après l’échec du 16 avril, Nivelle refuse une double évidence : son offensive a
échoué et ses jours à la tête de l’armée française sont comptés. Le 5 mai, il
tente le tout pour le tout, sans doute pour éviter son limogeage, mais il n’y a
plus aucun effet de surprise à espérer et les assauts, très coûteux une fois
encore, se soldent par un échec total.
Le 10 mai, le général Pétain est nommé généralissime à la place de Nivelle, qui
refuse de démissionner pendant cinq jours, jusqu’à ce qu’on lui force la main.
Pétain trouve l’armée française dans un état déplorable. Dans une note
secrète au gouvernement, fin mai, il annonce qu’une partie des troupes s’est
révoltée. Les mutineries ont commencé dès le 4 mai, lorsqu’une compagnie a
refusé de monter en première ligne pour attaquer le lendemain, dans le
secteur de Laffaux. Le 19, un bataillon entier se disperse dans les bois. Le 20,
dans un dépôt divisionnaire, les soldats entonnent L’Internationale. Le 26 mai,
ce sont quatre bataillons qui se révoltent pour ne pas monter en ligne. Le 29,
deux régiments cantonnés dans la région de Soissons décident de marcher
sur Paris pour demander une paix immédiate. En tout, les mutineries affectent
16 corps d’armée, 113 régiments d’infanterie, 22 bataillons de chasseurs, un de
Sénégalais, deux unités de coloniale, 12 d’artillerie, une de dragons.
Quelles sont les raisons de la mutinerie ? On y a cherché des causes politiques.
Celles-ci sont en fait minimes. Il s’agit tout simplement d’une révolte contre
l’incompétence et la mort.
...
LA CRISE MORALE
L’Europe entière est touchée, en 1917, par une crise morale sans précédent.
Les mutineries n’affectent que les armées russe et française, mais des grèves et
des émeutes touchent la plupart des pays, dont l’Allemagne, à partir de la fin
de l’année 1916 et de sa défaite à Verdun. Elle tente d’obtenir une paix de
compromis, sans succès.
En Autriche-Hongrie, la mort du vieil empereur François-Joseph ouvre une
nouvelle ère. Son petit-neveu lui succède sous le nom de Charles Ier. Il cherche
à obtenir la paix à tout prix, mais les Allemands le surveillent de près et les
Alliés font la sourde oreille.
En plus du cas très particulier de la Russie, les grèves frappent tous les pays,
notamment la Grande-Bretagne et la France. Le défaitisme gagne une partie
de la classe politique, ce qui provoque de très nombreux changements de
gouvernement : en France, en Allemagne, en Autriche. Dans la plupart des
cas, ce sont des partisans de la guerre qui l’emportent, comme Clemenceau
en France.
...
Verbatim
« Les mutineries : non pas mouvement séditieux de
canailles que l’on brise, mais irrésistible sanglot des
Français. »
Adjudant Philippe Barrès.
Les révolutions russes de 1917
Les terribles pertes subies par la Russie pendant les trois
premières années de guerre l’ont très profondément
atteinte dans son moral. Les échecs multiples de l’armée
russe n’ont pas été dus à la seule inefficacité de ses
structures et de son commandement, mais aussi à la
volonté du gouvernement russe d’aider la France et la
Grande-Bretagne en détournant vers le front de l’Est de
très nombreuses troupes austro-allemandes. Lorsqu’en
février 1917, le tsar abdique, il est remplacé par un
gouvernement modéré, qui ne tient pas longtemps au
pouvoir. Dès le mois de mai, Kerenski, le ministre
socialiste de la Guerre, devient Premier ministre.
...
...
Verbatim
« Lénine, Trotski et leurs compagnons de route sont déjà
intoxiqués par l’infect poison du pouvoir comme le montre
leur honteuse attitude à l’égard de la liberté de parole. »
Maxime Gorki, novembre 1917.
La guerre au Moyen-Orient
La Grande Guerre est une guerre mondiale non seulement
parce que les belligérants se trouvent répartis sur les cinq
continents, mais aussi parce que les théâtres d’opérations
non européens sont nombreux : comptoirs allemands en
Chine et dans le Pacifique, colonies allemandes en
Afrique, Palestine, Irak, Balkans, Turquie, Europe de l’Est,
océans Indien et Atlantique, etc. Certains théâtres
d’opérations sont bien sûr plus importants que d’autres
mais, dans tous les cas, les combats qui s’y sont déroulés
auront des conséquences non seulement sur l’issue de la
guerre, mais aussi sur la composition géopolitique du
monde, de l’après-guerre à nos jours.
...
...
LA FRANCE ET LE LIBAN
L’intérêt de la France pour les Chrétiens maronites du mont Liban remonte à
François Ier. Sous le règne de Napoléon III, la France mène d’ailleurs la première
intervention militaire à but humanitaire de l’histoire, en débarquant un
contingent afin de faire cesser les exactions des Druzes envers les Maronites.
Le 16 novembre 1916, les accords Sykes-Picot sont signés entre les
Britanniques et les Français. Ils prévoient le partage de l’Empire ottoman après
sa défaite, les Français se réservant le mont Liban et la Syrie. Dès le 8 octobre
1918, une escadre française accoste à Beyrouth et un corps expéditionnaire
français entre en ville aux côtés des Anglais afin de faire respecter sur le terrain
les accords Sykes-Picot. C’est le premier pas vers la création d’un État libanais
indépendant de la Syrie, qui sera officialisée le 1er septembre 1920. Il est
constitué du mont Liban, à population chrétienne, mais aussi du littoral
méditerranéen et de la vallée de la Bekaa.
...
LA CONQUÊTE DE LA PALESTINE
L’année 1916 a permis aux Britanniques de conquérir l’essentiel de la Palestine
et leur succès est définitivement acquis le 9 janvier 1917 lors de la bataille de
Magruntein. Le commandant en chef britannique, sir Archibald Murray, reçoit
alors l’ordre de pénétrer en Palestine par Beersheba et Gaza.
Des débuts hasardeux. Le 26 mars 1917, Murray lance ses troupes à l’assaut
des tranchées turques à Gaza et subit un sanglant échec. Ceci ne l’empêche
pas de déclarer à Londres un succès. Une autre tentative, les 17 et 18 avril, se
solde par une nouvelle tuerie. C’en est trop cette fois pour le War Office
(ministère de la Guerre) qui remplace Murray par Allenby.
L’offensive d’Allenby. Allenby dispose de 8 divisions et du corps monté du
désert. Il est en outre aidé par la guérilla menée par les Arabes, sous le
commandement de Lawrence d’Arabie. En face, les Turcs disposent des 7e et
8e armées. Le 31 octobre 1917, le général Allenby attaque par surprise à
Beersheba et ouvre en deux le front turc. L’armée turque doit évacuer Gaza.
Les Britanniques la poursuivent essentiellement le long de la côte. Lorsqu’ils se
retournent pour avancer vers Jérusalem, ils sont arrêtés par la défense turque,
qui a été grandement améliorée par l’arrivée sur place du général allemand
von Falkenhayn. Ceci ne suffit toutefois pas pour empêcher un renouveau de
l’offensive britannique. Le 9 décembre 1917, Allenby entre dans Jérusalem. Le
front se stabilise alors sur le terrain pendant de longs mois, notamment parce
que la situation en France force les Britanniques à y envoyer le plus de
divisions possibles.
Les Britanniques ne renouvellent leur offensive qu’à partir du 19 septembre
1918, mais cette fois avec un plein succès. Les armées turques se désagrègent.
Damas tombe le 1er octobre et Beyrouth peu après. Les Turcs sont alors forcés
de demander un armistice, qui est signé le 30 octobre 1918.
.
Verbatim
« Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement
l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le
peuple juif. »
Lord Balfour, 2 novembre 1917.
Les États-Unis entrent en guerre
La neutralité absolue dans le conflit qui éclate en Europe
en août 1914 est la politique proclamée par la Maison-
Blanche. Le président Wilson a plutôt des sympathies
pour les puissances de l’Entente, mais il n’entend pas en
faire part, car la population américaine est beaucoup plus
diverse qu’aujourd’hui : de multiples vagues d’immigration
ont été accueillies par les États-Unis, mais elles ne sont
pas encore bien intégrées et Wilson ne veut pas faire subir
de tensions internes à son pays. Il attendra donc le
moment propice pour faire entrer en guerre les États-Unis
aux côtés des pays alliés : le déclenchement par
l’Allemagne d’une offensive sous-marine à outrance.
T.W. WILSON ET LA GUERRE
Lorsque la guerre éclate en Europe, Wilson est président depuis dix-huit mois.
Il déclare aussitôt la neutralité des États-Unis, une position due non seulement
à l’isolationnisme naturel des Américains de l’époque, mais aussi à
l’impréparation complète du pays à la guerre. En 1911, l’armée américaine ne
compte que 32 000 soldats de métier.
Wilson veut d’abord essayer de garder la neutralité de son pays mais, dès
février 1915, il met en garde les Allemands contre les risques qu’ils courraient
en cas d’attaques contre les navires américains. Le torpillage du paquebot
Lusitania, un navire britannique certes, mais emportant de nombreux
voyageurs américains, provoque une grande vague d’indignation aux États-
Unis. Mais les Allemands reculent et suspendent la guerre sous-marine sans
restriction en 1916. Cette même année, Wilson est réélu, en partie parce qu’il a
su maintenir les États-Unis hors de la guerre.
En 1917, tout change, notamment en raison de la reprise de la guerre sous-
marine sans restriction et de la découverte du télégramme Zimmermann
(dont on discute aujourd’hui l’authenticité), dans lequel l’Allemagne aurait
déclaré soutenir le Mexique pour une reconquête du Texas, de l’Arizona et du
Nouveau-Mexique.
Wilson demande au Congrès de l’autoriser à déclarer la guerre à l’Allemagne,
le 6 avril 1917, puis il crée un corps expéditionnaire américain, placé sous les
ordres du général Pershing. Wilson cherche également à instaurer une paix
durable, avec sa fameuse proposition de paix en quatorze points.
...
Verbatim
« Avant la guerre, les soldats américains n’étaient qu’une
poignée. Ils étaient en général mal vus de la population, qui
les prenait pour des fainéants. »
Lieutenant Armitage, American Expeditionary Forces.
La Russie quitte la guerre
Dès l’arrivée au pouvoir des bolcheviks, Lénine cherche à
obtenir un traité de paix avec les puissances centrales,
afin de sauvegarder la révolution russe. Mais dans le
même temps, il cherche à faire traîner les négociations
pour que l’Allemagne et l’Autriche soient gagnées à leur
tour par la contagion révolutionnaire. Cette politique
échoue et les Allemands font subir à l’armée russe de tels
revers militaires que la paix signée à Brest-Litovsk est très
dure pour la Russie. Elle permet aux Allemands de ne plus
se battre que sur un seul front. Le général Ludendorff va
pouvoir regrouper des effectifs considérables pour battre
les Alliés avant l’arrivée des Américains
LE TRAITÉ DE BREST-LITOVSK
Une semaine après la signature d’un armistice entre la Russie et les puissances
centrales, des négociations de paix débutent le 22 décembre 1917 entre Léon
Trotski et Max Hoff mann.
Trotski a reçu des ordres bien précis de Lénine : faire durer les négociations le
plus longtemps possible afin que la révolution bolchevique se répande en
Allemagne et en Autriche, et même dans les pays alliés.
Le 10 février 1918, Trotski rompt les négociations, faute d’un accord, et résume
la situation par le slogan « Ni guerre, ni paix ». Mais Max Hoffmann ne l’entend
pas de la sorte. Le 18 février 1918, les Allemands dénoncent l’armistice de
décembre et lancent une offensive puissante qui provoque l’effondrement
complet de l’armée russe, privée de ses officiers et totalement démoralisée. En
quinze jours seulement, les Allemands s’emparent des pays baltes, de la plus
grande partie de la Biélorussie et de l’Ukraine. Une flotte allemande approche
du golfe de Finlande pour venir bombarder Petrograd.
La révolution n’a éclaté ni en Allemagne, ni en Autriche et les pertes
territoriales sont très importantes. Le 3 mars 1918, Trotski accepte les termes
de la paix qui sont bien pires que ceux qu’il avait rejetés en février. La Russie
perd ainsi tous ses droits territoriaux sur la Finlande, les futurs États baltes, la
Pologne, la Biélorussie, l’Ukraine et des territoires situés à la frontière turque.
C’est un triomphe pour l’Allemagne.
...
L’ASSASSINAT DU TSAR NICOLAS II
Le règne du tsar Nicolas II a débuté en 1894. Il se caractérise par des progrès
économiques très sensibles et le début d’émergence d’une classe moyenne,
mais aussi par une succession d’échecs, tant au plan diplomatique qu’au plan
de la politique intérieure.
En mars 1917, Nicolas II est contraint d’abdiquer après de violentes émeutes à
Petrograd. Les Britanniques lui refusent le droit d’asile. Emprisonné avec toute
sa famille par les bolcheviks, il est détenu dans le palais Tsarskoïe Selo, puis
près de Tobolsk, pour être finalement exilé à l’est de l’Oural, à Ekaterinbourg.
En juillet 1918, la progression des armées blanches fait craindre que Nicolas II
puisse être libéré. Lors d’une réunion secrète, une sentence de mort est
prononcée contre le tsar et toute sa famille, sans aucune autre forme de
jugement. La famille impériale et ses serviteurs sont assassinés dans la nuit du
16 juillet 1918, sans aucune publicité de la part des bolcheviks.
...
Verbatim
« Le moujik ne veut plus de guerre… et il acceptera
n’importe quelle paix. »
Maria Spiridonova, du Parti socialiste révolutionnaire, à
propos du traité de Brest-Litovsk.
Les offensives du général Ludendorff
Depuis l’échec d’avril 1917, les Alliés ont poursuivi leurs
offensives durant l’été et l’automne, avec des succès
mitigés : attaques locales menées par le général Pétain,
couronnées de succès, mais sans influence sur le cours de
la guerre, offensive britannique de grande envergure à
Ypres, qui s’est terminée dans la boue en octobre 1917,
sans avoir obtenu la rupture du front. Au printemps 1918,
l’Allemagne abandonne la défensive. Elle dispose pour la
première fois depuis 1914 de la supériorité numérique à
l’Ouest, grâce à la défection russe. Ludendorff peut alors
espérer emporter la décision avant l’arrivée massive des
troupes américaines.
...
Verbatim
« Le 27 mai, 15 divisions ont été volatilisées au sud de
l’Aisne. Nos pertes s’élèvent à 125 000 hommes… Défaite
sans précédent. »
Rapport Galbiez sur l’offensive allemande du Chemin des
Dames.
Les contre-offensives alliées mènent à la
victoire
Le 15 juillet 1918, l’offensive allemande frappe dans le vide,
car Pétain n’a laissé en première ligne que des éléments
très réduits ; après quelques kilomètres, les Allemands se
heurtent aux vraies défenses françaises et piétinent
devant elles pendant plusieurs jours. C’est alors qu’une
puissante contre-offensive française est lancée à l’ouest
du front d’attaque. C’en est alors fini de la dernière
offensive allemande. Le 8 août, les Britanniques et les
Français passent à l’attaque sur la Somme. Ludendorff ne
peut s’empêcher d’écrire que cette date est « le jour de
deuil de l’armée allemande ». C’est le commencement de
la fin pour l’Empire allemand.
LA FIN DE LA QUADRUPLICE
Les combats du front Ouest sont déterminants pour le sort de la guerre, mais
l’effondrement du front des Balkans est aussi considéré par Ludendorff
comme l’une des pires catastrophes subies par les puissances centrales.
En juin 1918, le général Franchet d’Esperey a été nommé à la tête de l’armée
d’Orient, enfermée depuis des années dans l’étroite tête de pont de
Salonique. Comme Briand et Churchill, d’Esperey ne se résigne pas « à mâcher
du fil de fer entre Dunkerque et Belfort ». Il pense pouvoir obtenir la décision
en frappant « la baleine au ventre », en profitant de la grande lassitude des
armées autrichienne, turque et bulgare.
Le 15 septembre 1918, le général Franchet d’Esperey lance son offensive à
travers les montagnes d’Albanie.
Le 25, le front est rompu et la 11e armée allemande est même encerclée et
contrainte à capituler. Dans le même temps, le tsar de Bulgarie, Ferdinand,
entre en pourparlers avec les Français. Le 29, la Bulgarie signe l’armistice.
.
Verbatim
En conclusion
La guerre de mouvement s’achève dans les tranchées
En août 1914, l’armée allemande est la meilleure du monde,
aussi bien par ses effectifs que par la qualité de son
armement et la valeur de son corps d’officiers. Elle parvient,
durant les premières semaines du conflit, à atteindre les
portes de Paris, puis la mécanique se bloque au moment
crucial, lors du sursaut français de la Marne. Les Allemands
reprennent la main, mais pour garder le terrain conquis,
l’armée allemande s’enterre : c’est le début de la guerre des
tranchées.
Seule contre le monde entier
Le plan Schlieffen prévoyait une victoire rapide de
l’Allemagne contre la France, avant la destruction de l’armée
russe. Or, fin 1914, le gros de l’armée allemande se trouve
embourbé dans les tranchées. Même si son armée souffre
moins que celles de ses adversaires, l’Allemagne ne cesse de
s’affaiblir économiquement.
En outre, elle doit soutenir militairement des alliés
incertains : l’Autriche-Hongrie et la Bulgarie. À force de lutter
sur tous les fronts, elle s’épuise et, à la fin de l’année 1918,
elle perd la guerre sans avoir été battue d’une façon
décisive : le pays n’a plus aucune perspective de victoire et
préfère n’importe quelle paix à la poursuite inutile d’efforts
insensés.
« Le 8 août est le jour de deuil de l’armée allemande. Il
marqua le déclin de notre force militaire. »
Général Erich Ludendorff.
Le 11 novembre 1918, à 11 heures du matin, les combats cessent entre
l’Allemagne et les pays alliés. Est-ce pour autant la fin de la Der des Der,
comme l’espéraient les poilus dans les tranchées ? Certes, la guerre est
gagnée, avec deux conséquences heureuses : la fin de la tuerie et le retrait de
l’armée allemande en deçà du Rhin. Pour le reste, les interrogations sont
innombrables. En France, le pays le plus touché d’Europe, il faut reconstruire
une bonne partie du pays, de son industrie et même de son agriculture. Mais
ce qui compte surtout, c’est de s’assurer que la guerre ne recommencera pas.
Pour éviter la reprise des combats, il faut un traité de paix qui soit le garant de
la stabilité mondiale dans les années à venir. Hélas, les vainqueurs n’ont pas les
mêmes objectifs et, pour beaucoup d’hommes politiques, notamment en
France, il s’agit surtout de faire payer l’Allemagne, sans aucune vision à long
terme. L’établissement de la Société des Nations, qui correspond à une idée
généreuse, n’a aucune chance de réussite en raison de l’iniquité des traités de
paix signés en 1919.
Novembre 1918 : défaites et révolutions
Les révolutions qui éclatent en octobre 1918 en Allemagne,
en Autriche, en Hongrie sont dues à la défaite militaire et
non le contraire. Le coup de poignard dans le dos,
savamment orchestré par le Parti national socialiste
pendant l’entre-deux-guerres, n’est qu’un mythe. Les
puissances centrales ont été submergées par la défaite
militaire. C’est elle qui a provoqué un affaiblissement de
l’autorité des gouvernements en place. En outre, certains
pays, comme la Bulgarie et la Turquie, ont été contraints à
demander l’armistice sans qu’aucune révolution n’ait
encore eu lieu. En l’espace de six semaines, du 29
septembre au 11 novembre 1918, les puissances centrales
s’effondrent.
...
LA RÉVOLUTION ALLEMANDE
L’agitation commence en Allemagne dès avril 1917 ; elle est due à la dureté
de la vie et à la démoralisation qu’engendre la longueur de la guerre. La
situation se dégrade en 1918 et, en octobre, la flotte se mutine, les grèves et
les manifestations se multiplient.
La gauche est représentée par deux partis : le très puissant SPD et l’USPD, un
petit parti plus radical, dont l’aile gauche est le groupe Spartakus, dirigé par
Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg. Avec l’arrivée au pouvoir de Max de Bade
et le départ en exil de Guillaume II, les spartakistes tentent de lancer une
insurrection populaire. Celle-ci débute le 9 novembre 1918. Le soir même,
Max de Bade cède la chancellerie au social-démocrate Ebert. Un
gouvernement est alors formé avec le SPD et l’USPD, à l’exception des
spartakistes qui décident de fonder un parti communiste allemand.
...
Verbatim
« La vérité est que, sans révolution en Allemagne, nous
périrons. »
Lénine, lors du 7e congrès du Parti communiste d’Union
soviétique.
Le traité de Versailles (28 juin 1919)
Le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919, est censé
permettre une paix durable en Europe. D’autres traités
concernent les pays vaincus de la Quadriplice. Le principe
qui a animé les négociateurs alliés est d’affaiblir
l’Allemagne pour la punir et la rendre inoffensive. Les
Allemands espéraient que le traité de paix s’inspire des
quatorze points du président Wilson, mais il est beaucoup
plus dur. L’Allemagne perd 20 % de son territoire, 10 % de
sa population, toutes ses colonies, le tiers de son
industrie, les quatre cinquièmes de ses mines de fer et son
armée est très fortement réduite ; il lui est interdit de
posséder des armes modernes.
...
Verbatim
« Cérémonie pompeuse et mesquine, au protocole pesant
et déplacé, consacrant une paix ratée et exhalant un parfum
de vengeance. »
Harold Nicholson, à propos du traité de Versailles.
Le dépeçage de l’Empire austro-hongrois
Si le traité de Versailles a conduit inexorablement à la
Seconde Guerre mondiale, les traités de Saint-Germain et
de Trianon ont eu des répercussions très durables et très
dommageables sur l’équilibre européen, pendant l’entre-
deux-guerres et encore jusqu’à nos jours. Clemenceau se
serait-il laissé aller à son anticléricalisme pour imposer le
dépeçage de l’Empire austro-hongrois, catholique, alors
que l’Allemagne n’a subi que des pertes territoriales
minimes ? La Hongrie, par exemple, est privée de 68 % de
son territoire et de 59 % de sa population ! De multiples
pays non viables sont ainsi créés à la place de l’Empire
austro-hongrois.
LE TRAITÉ DE SAINT-GERMAIN-EN-LAYE
Le traité de Saint-Germain, signé le 10 septembre 1919, établit la paix entre
l’Autriche et les pays alliés. Les conditions de signature de ce traité sont assez
invraisemblables, car les Alliés ont refusé à la délégation autrichienne le droit
d’y participer, celle-ci ne pouvant que soumettre des propositions écrites.
Les stipulations du traité sont extrêmement sévères pour l’Autriche. Le pays
est littéralement dépecé. La Hongrie, qui avait proclamé son indépendance en
novembre 1918, est concernée par un autre traité, celui de Trianon.
En ce qui concerne le traité de Saint-Germain, les préceptes de Wilson sur la
libre détermination des peuples ne sont pas respectés. Ainsi, les régions
germanophones de la Bohême, de la Moravie et de quelques communes de
Basse-Autriche sont intégrées à la nouvelle Tchécoslovaquie. Les régions
germanophones du sud du Tyrol sont annexées par l’Italie. Des zones de la
Basse-Styrie et de la vallée de Miess font partie de la Yougoslavie. Quatre
districts de l’ouest de la Hongrie sont rattachés à l’Autriche. Celle-ci n’a pas le
droit de demander son rattachement à l’Allemagne (Anschluss). Son armée est
en outre limitée à 30 000 hommes et le pays, comme l’Allemagne, doit payer
des réparations, en l’occurrence 55 milliards de couronnes.
Concrètement, cela signifie que l’Autriche est réduite à sa capitale, Vienne, qui
compte 30 % de la population totale, et à la région désertique des Alpes. Elle
est privée d’arrière-pays et des débouchés commerciaux danubiens. Son sort
est donc bien pire que celui de l’Allemagne.
...
LE TRAITÉ DE TRIANON
La Hongrie ayant déclaré son indépendance en novembre 1918, elle ne peut
être concernée par le même traité que l’Autriche. Le traité de Trianon, imposé
par les Alliés, est signé le 4 juin 1920. Il est plus dur encore, si toutefois cela est
possible, que celui de Saint-Germain. La Hongrie est totalement démantelée.
Elle doit céder la Slovaquie et la Ruthénie à la Tchécoslovaquie, la Croatie au
royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes (future Yougoslavie). Enfin, la
Transylvanie est donnée à la Roumanie.
Les deux tiers du territoire hongrois sont ainsi répartis entre des États ennemis
et la population passe de 20,8 millions d’habitants à 7,6 millions. Ceci explique
pourquoi, de nos jours encore, on trouve des Magyars (des Hongrois) en
Slovaquie, en Voïvodine (Yougoslavie), en Roumanie et en Ukraine. Il n’y a
donc rien d’étonnant que l’irrédentisme magyar soit demeuré une donnée
politique permanente en Slovaquie, en Roumanie et surtout en Voïvodine.
...
Verbatim
« – Tu m’as coupé une jambe, je t’en coupe une aussi.
– Puisque tu m’as coupé une jambe, je t’arrache un œil.
– Et moi une oreille.
– Et moi les deux oreilles… »
Léon Bopp, à propos des traités de paix de 1919.
La question des nationalités
Les pays qui voient le jour en novembre 1918 sont des
mosaïques de peuples et ont des frontières incertaines. Le
royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes (future
Yougoslavie) est un patchwork sans aucune unité, si ce
n’est celle de la domination serbe. Ainsi que l’a écrit
l’historien Jacques Bainville, le traité de Versailles a certes
affaibli la puissance allemande, mais il a aussi augmenté
significativement son importance relative : en raison de la
disparition de l’Empire austro-hongrois et du repli sur elle-
même de la Russie, l’Allemagne devient la seule puissance
continentale, entourée d’une multitude de « Serbies ».
LE ROYAUME DES SERBES, DES CROATES ET DES SLOVÈNES
Le nouveau pays, qui voit le jour le 1er décembre 1918, est une fédération qui
rassemble autour de Belgrade les provinces arrachées à l’Empire austro-
hongrois.
La Slovénie et la Croatie sont peuplées de Slaves qui vivent depuis la fin du
Moyen Âge sous la tutelle autrichienne. Ils sont catholiques et utilisent
l’alphabet romain. Leur niveau de développement est alors proche de celui
des Autrichiens.
La Bosnie-Herzégovine, dont la est capitale Sarajevo, est une ancienne
province frontalière de l’Empire ottoman, passée sous la coupe de l’Autriche
après les guerres balkaniques. Population slave, de religions très variées :
orthodoxes, comme les Serbes, catholiques comme les Croates, musulmans
comme les Turcs.
Le royaume du Monténégro, bien que plus méridional que la Bosnie, a su
préserver son identité face aux Turcs. La population, slave et religion
orthodoxe, utilise l’alphabet cyrillique. Slovènes, Croates et Monténégrins
acceptent de se fondre dans un royaume dominé par les Serbes dans le but
d’éviter l’emprise de l’Italie. Mais ceci se fait sans grand enthousiasme et le
nouveau royaume est aussi fragile que les Empires austro-hongrois et
ottoman dont il est issu, avec pas moins de trois religions, deux alphabets,
quatre langues et de très nombreuses nationalités. En outre, ces différents
peuples n’ont jamais vécu ensemble.
...
...
Verbatim
« L’énormité n’est pas tant dans les tortures, les massacres,
les outrages, etc., que dans l’intention et l’effort fait pour
exterminer une nation. »
Arnold Toynbee, dans The Treatment of Armenians in the
Ottoman Empire, 1916.
Une Europe épuisée, des États-Unis
vainqueurs
La Première Guerre mondiale a eu des répercussions
immenses sur l’histoire de l’humanité, probablement plus
encore que la Seconde, car ses effets sont encore visibles
dans différentes parties du globe. L’une des conséquences
les plus visibles a été l’établissement du régime
communiste en Russie, qui a duré jusqu’en 1991. La double
promesse faite par les Britanniques aux Arabes et aux
Juifs de disposer d’une terre en Palestine a conduit à une
impasse politique dont nul ne sait quand elle prendra fin.
Quant au traité de Versailles, il a porté en lui, dès sa
signature, tous les germes d’un futur conflit qui a ravagé
la planète vingt ans plus tard.
...
...
Verbatim
« La Société des Nations a pour objet de fournir des
garanties réciproques d’indépendance politique et
territoriale à tous les États, petits ou grands. »
14e point du message de Wilson, le 8 janvier 1918.
Les lieux de mémoire
Dès la fin de la guerre, qui a touché la plupart des familles
dans l’Europe entière, il est décidé de garder la mémoire
du conflit : sur le terrain, où certaines portions du champ
de bataille sont conservées, dans les villes et villages, par
des monuments aux morts, et enfin dans des musées, qui
permettront de faire comprendre aux générations
suivantes l’horreur de la guerre. Aussitôt la guerre finie,
ne serait-ce qu’en raison du nombre de disparus,
s’instaurent des pèlerinages, favorisés par l’État, sur les
champs de bataille. Ils sont à l’origine de ce qui est devenu
aujourd’hui le tourisme de mémoire, qui connaît un regain
d’intérêt très marqué depuis le début du XXIe siècle.
Verbatim
En conclusion
En 1918
Passée l’euphorie de la victoire pour les Alliés, la triste réalité
s’impose : les pays européens, même vainqueurs, sont
épuisés démographiquement et économiquement.
Pour les perdants, la situation est bien pire encore :
l’Autriche-Hongrie est démantelée, l’Empire ottoman aussi,
l’Allemagne est humiliée et la Russie, coupée du reste du
monde, est en proie à la guerre civile.
Quels sont les motifs d’espoir ?
La Société des Nations (SDN), certes affaiblie par le rejet du
traité de Versailles par le Congrès américain, permet tout de
même pendant une dizaine d’années de panser les plaies
les plus profondes et laisse croire en l’établissement d’une
paix durable.
Cette espérance sera balayée par les effets de la crise de
1929 : montée des totalitarismes, effacement diplomatique
des démocraties européennes, instabilité en Europe
centrale, guerre civile en Espagne…
La guerre de 1914-1918 n’a rien réglé
La période de 1919 à 1939 apparaît comme une pause dans
une gigantesque guerre commencée en 1914 et qui ne
s’achèvera réellement qu’en 1945.
« Ce Mémorial a été édifié par les survivants de Verdun, en
souvenir de leurs camarades tombés dans la bataille, pour
que ceux qui viennent se recueillir […] comprennent l’idéal
et la foi qui les ont inspirés. »
Maurice Genevoix.
CONCLUSION
1914
28 JUIN : assassinat de l’archiduc François-Ferdinand.
23 JUILLET : l’Autriche adresse un ultimatum à la Serbie.
28 JUILLET : l’Autriche déclare la guerre à la Serbie.
31 JUILLET : l’Allemagne adresse un ultimatum à la Russie.
1er AOÛT : l’Allemagne déclare la guerre à la Russie.
2 AOÛT : l’Allemagne envahit le Luxembourg et adresse un
ultimatum à la Belgique.
3 AOÛT : l’Allemagne déclare la guerre à la France.
4 AOÛT : l’Allemagne envahit la Belgique ; la Grande-
Bretagne déclare la guerre à l’Allemagne.
7 AOÛT : le Monténégro déclare la guerre à l’Autriche.
12 AOÛT : la Grande-Bretagne déclare la guerre à l’Autriche.
11-25 AOÛT : l’armée française envahit l’Alsace-Lorraine,
puis est repoussée.
16 AOÛT : le BEF débarque en France.
20 AOÛT : les troupes allemandes entrent dans Bruxelles.
25 AOÛT : l’Autriche-Hongrie entame une campagne en
Galicie.
26-31 AOÛT : l’armée russe du Nord envahit la Prusse-
Orientale ; elle est défaite à Tannenberg.
27 AOÛT : les Allemands prennent Lille.
3 SEPTEMBRE : contre-attaque russe en Galicie.
5-10 SEPTEMBRE : les Allemands sont défaits à la bataille de
la Marne.
8 SEPTEMBRE : les Autrichiens envahissent la Serbie.
9-14 SEPTEMBRE : les Russes sont défaits aux lacs Mazures et
chassés du sol allemand.
15 SEPTEMBRE : les Autrichiens sont chassés de Serbie.
10 OCTOBRE : reddition d’Anvers.
29 OCTOBRE : la Turquie entre en guerre aux côtés des
Allemands.
OCTOBRE-NOVEMBRE : première bataille d’Ypres.
1915
26 JANVIER : les Turcs sont repoussés par une attaque sur le
canal de Suez.
18 MARS : échec de l’attaque navale des Alliés sur les
Dardanelles.
22 AVRIL : seconde bataille d’Ypres, première utilisation des
gaz par les Allemands.
25 AVRIL : les Alliés débarquent à Gallipoli.
9 MAI-16 JUIN : bataille de l’Artois.
23 MAI : l’Italie se rallie à la Triple-Entente suite à un traité
secret.
23 JUIN : première bataille sur l’Isonzo entre Italiens et
Austro-Hongrois.
5 AOÛT : les Allemands entrent à Varsovie.
6 AOÛT : dernière tentative britannique pour investir la
péninsule de Gallipoli.
25 SEPTEMBRE : offensive alliée en Artois et en Champagne.
6 OCTOBRE : l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et la Bulgarie
envahissent la Serbie.
7 OCTOBRE : les Autrichiens prennent Belgrade.
9 OCTOBRE : débarquement des forces françaises et
britanniques à Salonique.
1916
21 FÉVRIER : début de la bataille de Verdun.
25 FÉVRIER : prise du fort de Douaumont.
MAI : échec de la reprise du fort de Douaumont.
1er JUILLET : début de la campagne franco-britannique de la
Somme.
9 JUILLET : l’ultime avance allemande à Verdun échoue
devant le fort de Souville.
27 AOÛT : la Roumanie entre en guerre aux côtés des Alliés.
24 OCTOBRE : reprise du fort de Douaumont.
18 NOVEMBRE : fin de la campagne franco-britannique de la
Somme.
6 DÉCEMBRE : les forces austro-allemandes prennent
Bucarest.
16 DÉCEMBRE : reprise de la plupart du terrain perdu sur la
rive droite de la Meuse.
18 DÉCEMBRE : fin de la bataille de Verdun.
1917
31 JANVIER : l’Allemagne déclare la guerre sous-marine à
outrance.
11 MARS : les Britanniques entrent dans Bagdad.
12-15 MARS : première révolution russe ; abdication du tsar.
6 AVRIL : les États-Unis déclarent la guerre à l’Allemagne.
9-15 AVRIL : bataille d’Arras.
16 AVRIL : offensive du Chemin des Dames, premières
mutineries dans l’armée française.
AVRIL-MAI : « seconde Aisne ».
10 MAI : Pétain devient commandant en chef.
31 JUILLET-10 NOVEMBRE : troisième campagne d’Ypres.
24 OCTOBRE : défaite italienne à Caporetto.
6-7 NOVEMBRE : révolution d’Octobre, les bolcheviks
prennent le pouvoir à Petrograd.
7 NOVEMBRE : progression britannique en Palestine.
19 NOVEMBRE : Clemenceau devient président du Conseil.
20 NOVEMBRE : bataille de Cambrai.
5 DÉCEMBRE : les bolcheviks négocient un armistice avec les
puissances centrales.
10 DÉCEMBRE : armistice entre les puissances centrales et la
Roumanie.
1918
8 JANVIER : le président Wilson présente un plan en
quatorze points.
3 MARS : traité germano-russe de Brest-Litovsk.
MARS : les Allemands bombardent Paris.
MARS-JUILLET : dernières offensives allemandes. La Géorgie
et l’Arménie se séparent de la Russie et déclarent leur
indépendance.
JUILLET : Foch repousse les Allemands.
29 SEPTEMBRE : la Bulgarie signe l’armistice.
14 OCTOBRE : les militants indépendantistes tchèques
proclament leur indépendance, suivis par les Hongrois, puis
les Croates et les Slovènes.
30 OCTOBRE : l’Empire ottoman signe l’armistice de
Moudros.
29 OCTOBRE : première mutinerie de marins allemands.
3 NOVEMBRE : l’Autriche-Hongrie signe l’armistice de Villa
Giusti avec l’Italie.
9 NOVEMBRE : grève générale à Berlin, l’empereur Guillaume
II abdique.
11 NOVEMBRE : armistice franco-allemand de Rethondes.
13 NOVEMBRE : l’empereur Charles Ier abdique.
1919
3 JANVIER : création de la Yougoslavie.
4 JANVIER : la conférence de la paix s’ouvre à Paris.
28 JUIN : signature du traité de Versailles entre les
vainqueurs et l’Allemagne.
10 SEPTEMBRE : traité de Saint-Germainen-Laye entre les
vainqueurs et l’Autriche.
NOVEMBRE : la Bulgarie signe le traité de paix avec les Alliés.
19 NOVEMBRE : le Sénat américain
27 NOVEMBRE : traité de Neuilly entre les vainqueurs et la
Bulgarie.
1920
4 JUIN : traité de Trianon entre les vainqueurs et la Hongrie.
10 AOÛT : traité de Sèvres entre les vainqueurs et l’Empire
ottoman.
12 NOVEMBRE : traité de Rapallo entre l’Italie et la
Yougoslavie.
1921
18 MARS : traité de Riga entre la Russie et la Pologne.
1923
24 JUILLET : traité de Lausanne entre les Alliés et la Turquie.
Biographies
Les numéros placés à la suite des noms renvoient aux pages
où ils sont cités.
Ouvrages d’histoire
Souvenirs, témoignages
En France
En Belgique
Au Royaume-Uni
A-B
Anvers
33
Arabe
56-57, 78, 80
Argonne
34
Arméniens
76-77
Arras
32, 36, 50-51, 63
Artois (bataille d’)
36-37
Autriche-Hongrie
16-17, 18, 21, 48-49, 52, 69, 71, 72-73
Beersheba
57
Bois-le-Prêtre (Lorraine)
34
Brest-Litovsk (traité de)
55, 60-61, 69, 75
Bulgarie
15, 48-49, 65
C-D
Cambrai
63
Caporetto
41
Champagne
36-37
Chemin des Dames
32, 50-51, 52, 63, 82-83
Corfou
39, 48-49
Coronel (bataille de)
47
Course à la mer
32, 33
Curzon (ligne de)
75
Dantzig (corridor de)
70, 75
Dardanelles
38-39, 47, 56, 69, 77
Douaumont
43, 82-83
E
Égypte
56
Empire ottoman
15, 38, 49, 56-57, 69, 74, 76-77, 80
Entente balkanique
15
Entente cordiale
17
Éparges (Les)
34
Eupen-Malmédy
70
F-G
Falkland (bataille des)
47
Finlande
61
Galicie
31, 41
Gallipoli
39, 77
Gaza
57
Gumbinnen (bataille de)
30-31
H-I
Hindenburg (ligne)
50-51, 63, 65
Hongrie
69, 72-73
Hurtebise
51
Irak
56, 69, 76
Isonzo (batailles de l’)
40-41
J-K
Japon
40, 46, 70, 81
Jérusalem
56-57
Jeunes-Turcs
69
Juifs
56-57, 78, 80
Jutland (bataille du)
47
Juvincourt
51
Kurdes
77
L-M-N
Laffaux
51, 52
Linge (col du)
34, 82-83
Macédoine
49
Magruntein (bataille de)
57
Main de Massiges
37
Marne (bataille de la)
26-27, 28-29, 32
Matz (bataille du)
63, 64
Mesnil (butte du)
37
Moudros (armistice de)
69, 76
Notre-Dame-de-Lorette
34
P-R
Palestine
56-57, 69, 76,78, 80-81
Paris (bombardement de)
62-63
Péronne
45, 82
Plan XVII
18-19
Plan de paix Wilson
58-59, 70, 72-73, 80-81
Plan Schlieffen
18-19, 24-25, 26, 28, 30
Pologne
31, 48-49, 61, 70, 75, 81
Posnanie
70, 75
Puissances centrales
38, 40-41, 48-49, 56, 60, 65, 68-69, 75, 76, 81
Quadruplice
49, 65
Raspoutine (assassinat de)
54
Révolution d’Octobre
54-55
Ruthénie
73
S
Saint-Germain (traité de)
72-73
Salonique
49, 65
Sarajevo (assassinat de)
20-21, 48
Sarre
70
Schleswig-Holstein
70
SDN
70-71, 80-81
Serbie
74
Sèvres (traité de)
76
Smyrne
76
Somme (bataille de la)
43, 44-45
Spartakisme
69
Sudètes
75, 81
Suez (canal de)
56
T
Tahure (butte de)
37
Tannenberg (bataille de)
30-31
Tchécoslovaquie
69, 73, 75, 81
Télégramme Zimmermann
59
Trianon (traité de)
72-73
Triple-Alliance, Triplice
16-17, 40-41
Triple-Entente
16-17, 21
V-Y
Vauquois
34
Verdun
42-43, 44, 50, 82-83
Versailles (traité de)
70-71, 72, 74-75, 78, 80-81
Vieil-Armand
34
Vimy (crête de)
36, 51
Yougoslavie
49, 73, 74
Ypres
32-33, 35, 44, 62, 82-83
Yser
33
Biographie des auteurs
Yves Buffetaut
ISBN : 978-2-7467-3615-3
ISSN : 1254-5724