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L Art de La Guerre
L Art de La Guerre
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LAR T
DE LA
GUERRE ;
CONSISTANT,
A LA HAIE ,
M. DC C. X LI
.
1
PREFACE .
* 2 tai
PREFACE .
Siécles.
J
PREFACE.
3 un
PRE FAC E.
AVERTISSEMENT.
Les Noms Etrangers fe trouvant d'ordinaire fort mal écrits dans les
Manufcrits copiés en France , on s'eft contenté de les rectifier ici à "
la Marge par de fimples Renvois , n'aïant point voulu toucher à
l'Original.On en a ufé de même à l'égard de quelques Titres & de
quelques Dignitez mal- défignées.
MORONT
ARTE"
TABLE
1
TABLE
DES
PARTIES ET CHAPITRES
DE CE
VOLUME.
PREMIERE PARTIE.
CHAP. XIII. Les Officiers doivent lire , & faire des Remarques.
24T
CHAP. XIV. Le Service de la Cavallerie . 25.
CHAP
TA B
B LE
CHAP. XV . L'Utilité des Dragons , dans une Armée , & dans les
Places.
26.
CHAP. XVI. Ce que peut faire l'Infanterie dans toutes les Occa
fions. 27.
CHAP. XVII. Du Service de l'Artillerie , & de fon Utilité. 29.
CHAP. XVIII. L'Utilité & le Service des Ingénieurs.
30.
CHAP. XIX . De la Subfiftance des Trouppes , & des Munitions de
de Guerre.
32 .
43
SECONDE PARTIE.
3333 312636363-8335
TROISIEME PARTIE.
1. Mémoire. 83 .
11. Mémoire. 89.
111. Mémoire. 95 .
1
L'ART
L'ART
DE LA
GUER RE ;
PREMIERE PARTIE ,
CONTENANT
DIVERS PRECEPTES
+8$&*
++9386++886 +88NE
電子
CHAPITRE PREMIER.
pas écouter les Difcours de ceux qui propoſent ſi vîte des Moïens
de Capitulation . Il faut , au contraire , que tout le Monde concourre
à un Parti plus noble & plus décifif. Des Trouppes bien conduites
uit van a glan RAPS
CHA
GUERRE , I Partie , Chapitre II. 3
ax
བ xx
CHAPITRE SECOND.
par Supé
Ennemi recherche à vous combattre la
riorité des Forces qu'il a fur vous , il ne faut pas , pour cela , s'en
trop éloigner , en l'évitant. On peut quelques - fois prendre des Si
tuations avantageufes , qui peuvent parer le Coup ; & attendre une
Augmentation de Trouppes , ou qu'il puiffe lui - même s'engager
dans quelques Marches où fon Armée foit embaraffée par des Def
filez. Alors , on tombe fur lui : on l'attaque vivement de tous Cô
tez , pour le renverfer dans l'Endroit qui le partage d'avec fes pré
mieres Trouppes qui en font éloignées ; afin que , par cette Confu
fion , & ce Defordre , on acheve de faire périr celles qui font exposées
au Coup-de- Main , & qui ne peuvent être fecourues des autres à tems .
Il faut régler l'Ordre , qu'on doit tenir , fur l'Avantage du Ter
rain que l'on peut occuper , fur la Difpofition de l'Ennemi , & fur le
Nombre de Troupes qu'il faut combattre.
SUR l'Avantage du Terrain , il faut l'occuper de maniere , qu'on
en foit le Maitre , & que l'Ennemi ne puifle pas s'y étendre , pour
faire Place aux Trouppes qu'il y pourroit faire revenir.
SUR fa Difpofition , il faut faire la fienne fupérieure aux Trouppes
que l'on veut attaquer , & que l'Ennemi foit contraint de combattre
où il fe trouve , en gardant les Deffilez & les Poftes , pour le refferrer.
Une pareille Situation l'engage fouvent à des Remedes violens , où
la Confufion prend le Deffus , quand on le fuit vivement , & avec ordre.
POUR ce qui regarde les Forces de l'Ennemi , elles font alors très
inutiles pour agir , à caufe de leur Eloignement , & des Deffilez qui
les partagent. Celles , qui font dans l'Action , connoiffent le Defa
vantage du Terrain qu'elles occuppent , & leur mauvaife Situation.
Souvent , quelques Efforts que l'on puiffe faire pour les animer , rien
ne peut arréter leur Terreur. La prémiere Trouppe , qui eft renver
fée , caufe un pareil Defordre dans celle qui eft proche : & cette
Confufion entraine le Refte , & ne fe peut réparer , quand on fuit
l'Ennemi , & qu'on le reffere fur fon Terrain à mesure qu'il le perd.
UN habile Général , qui a profité d'un femblable Avantage , doit
fe tenir fur fes Gardes , & ne doit plus rechercher une feconde Ac
tion , à moins qu'il ne foit bien informé du grand Defordre où eft
A 2 l'En
4 L'ART DE LA
l'Ennemi par fa Fuite : parce que le Deffilé , qui lui a partagé fes For
ces , feroit le même Obftacle pour aller à lui ; & qu'il pourroit profi
ter , pour prendre fa Revanche , du Momentoù il vous yverroit engagé.
LA Supériorité des Troupes , qui font difperfées dans une pareil
le Situation , devient inutile pour le Combat. On ne peut fe fervir
que de celles qui font engagées au Deffilé. C'eft dans ces Surpri
fes , faites à propos , que l'on connoit le Mérite d'un Général , qui fçait
étudier les Démarches de fon Ennemi , & qui l'embarraſſe de manie
re , que , målgré fa Supériorité , il ne fçauroit s'en tirer fans un E
chec confidérable.
********83828
CHAPITRE TROISIEME .
Il faut , fur toutes chofes , qu'un Général couvre bien fes Flancs , &
faffe tous fes Efforts , pour entamer ceux des Ennemis. C'eſt par
la bonne Difpofition des Trouppes , conforme au Terrain que l'on
occupe , que l'on peut parvenir & réüllir à cette Attaque. Elle déci
de bientôt de la Victoire , lorfqu'elle eft conduite avec Fermeté , &
que l'on a des Trouppes à portée , qui foutiennent celles qui font
dans l'Action . Et , comme on le va bientôt voir , les Généraux doi
vent être autorifés du Général , pour manoeuvrer les Trouppes qui font
à leurs Ordres , afin de profiter des fauffes Démarches de l'Ennemi ,
ou de réparer un Defordre arrivé.
IL faut avoir projetté un Lieu de Retraitte , & la Marche qu'il
faut tenir pour y arriver , en cas d'un Evénement facheux.
ENFIN , quelque Capacité qu'ait un Général , il n'eſt point Garant
du Succès : il l'eft feulement de fa Difpofition. C'eſt par elle , que
1
l'on tient l'Ennemi en Refpect , qu'on furmonte les Difficultez les
plus confidérables , & qu'on peut le vaincre à Forces inégales.
又 3: TO
ECO
/
CHAPITRE QUATRIEME.
CHAPITRE CINQUIEME.
Comme l'on doit fuivre l'Ennemi qui s'est trop avancé dans le Païs.
13812813
CHAPITRE SIXIEME.
ANS les Chofes les plus difficiles , on trouve des Expédiens &
des Reffources , qui peuvent réparer les Deffauts d'une Situa
tion defavantageufe , ou même garantir contre la Supériorité des Forces
de l'Ennemi. Alors , un Général , animé par l'Honneur & l'Intérêt de
l'Etat & de fon Roi , fe fert de fon Expérience , pour trouver des Rufes
de Guerre , qui puiffent détourner & rendre inutiles les Surpriſes de
fon Ennemi.
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CHAPITRE SEPTIEME.
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CHAPITRE HUITIEME .
33333333 33333333333333CREME
CHAPITRE NEUVIEME .
CHAPITRE DIXIEME.
ces grands Capitaines , dont l'un avoit pouffé & gagné le Terrain de
la Gauche de fon Ennemi , & l'autre celui de la Droite. Tous deux ,
également Vaincus & Vainqueurs , ont foutenu & confervé leur
Champ de Bataille. Pour ne rien perdre de la Gloire de leurs Actions ,
ces deux habiles Généraux avoient projetté , avant que d'en venir aux
Mains , le Lieu de leur Retraitte , & la Difpofition de leurs Marches.
Ils avoient envoïé leurs Ordres dans les Places de la Frontiere
& à toutes les Trouppes à portée d'eux , de venir les joindre , & de
leur amener des Munitions de Bouche & de Guerre.
CHAPITRE ONZIEME.
L'ETAT d'un Officier eft pénible , laborieux , & dur , avant que
de pouvoir arriver aux Emplois de Diſtinction. Mais comme ceux , qui
en furmontent les Obftacles , en font récompenfez , l'Idée , qu'on fe fait
de leur Rang & de leur Elévation , engage les autres à les fuivre.
CEUX , qui fe donnent au Service , doivent s'appliquer à bien con
noitre leur Emploi , remplir éxactement leurs Fonctions , profiter
des Avis de leurs Supérieurs , ne point fe rebutter ni fe roidir contre
le Commandement , s'occupper à contenir le Soldat dans les Poftes
où ils font détachés avec eux , fans avoir aucune Tolérance pour
les Pareffeux & les Libertins ; & donner , par leurs Exemples , &
leur Affiduïté , une Emulation qui attire les autres à leur Devoir.
Ils doivent éviter le Jeu & les Débauches , qu'on peut leur re
procher , dont l'Habitude ternit leur Réputation , & peut corrompre
la Jeuneffe qui cherche à les imiter ; s'appliquer à la Lecture des Livres
qui infpirent la Vertu , & de ceux des Mathématiques , de l'Hiftoire ,
des Batailles, Siéges , & Mouvemens , qui font remarquables , pour y
apprendre à parler de leur Métier ; s'affocier avec des Perfonnes de
Sçavoir & de Mérite, pour profiter de leur Converfation & de leur
Exemple ; tâcher à s'élever dans les Emplois laborieux & de Détail ,
pour s'informer & s'inftruire de toutes Chofes ; ne plaindre , ni la Pei
ne , ni le Tems , lorfqu'il s'agit du Service ; être toujours égal , en
toutes Occafions , pour être prêts à tous Evénemens , afin d'attendre
avec Fermeté ce qui peut arriver , pour mieux prendre fon Parti.
Rien n'affermit plus un jeune Homme au Bien , que ces dignes & u
tiles Occupations.
ILS doivent avoir une Subordination parfaite , pour leurs Offi
ciers fupérieurs. C'eft par cette Soumiflion , qu'ils apprenent leur
Métier , & qu'on le leur enfeigne avec plaifir , quand on leur connoit
P'Efprit docile & foumis.
COMME la Vie de l'Officier & du Soldat eft fouvent agitée par des
Commandemens épineux , il faut qu'ils s'y préparent de bonne heu
re , en évitant la Molleffe ; afin de s'affujettir aux Peines , pour les
mieux fupporter dans les Momens difficiles.
Ils doivent encore s'occuper à bien faire l'Exercice , & à connoi
tre parfaitement toutes les Evolutions , pour les apprendre aux Sol
dats ; afin , dans l'Occafion , d'en faire l'Ufage qui peut convenir.
C'eft la Chofe , qui me paroit la plus effencielle , & la plus néceffai
re , pour rendre un Officier capable de commander , puifqu'elle eſt vé
ritablement le Guide des Actions brillantes , pour bien nanoeuvrer les
Trouppes devant l'Ennemi , foit pour l'éviter , ou pour le combattre.
LES Officiers , qui ont paffé par tous ces Dégrés avec beaucoup
d'Application , & qui font Capitaines , font en Etat de bien fervir dans
toutes
GUERRE , I Partie , Chapitre XI. 19
£ 3
CHAPITRE DOUZIEME .
cette belle Difcipline , fi utile parmi les Trouppes. Elle lie & fou
tient une étroite & merveilleufe Subordination. Elle anime & fait
mouvoir ce grand Nombre d'Hommes att prémier Ordre. Non feu
lement les Généraux y doivent mettre leur plus grande Attention ,
il est encore d'une Néceffité abfolue , que chaque Officier particulier
y donne fes Soins.
IL
Il y a des Occafions , où le Général eft forcé de faire publier des
Ordonnances rigoureufes contre des Abus très oppofez au Service.
On doit être rigide à les faire obferver , & punir fur le champ ceux
qui y contreviennent ; afin d'arréter le Defordre , & remetre les Li
bertins dans le Devoir , & conferver par-là la bonne Diſcipline dans
les Trouppes. Il y a cependant des Occafions , où la Prudence du
Général diminué la Peine , ou pardonne les Fautes , quand il n'en
6.3
prévoit point d'Abus. Į
LORSQUE, du plus grand au plus petit , chaque Officier a toujours
l'Oeil fur fa Troupe , qu'il y tient exactement la Main , & que le Gé
néral récompenfe & punit à propos , l'on prévient , fans doute , &
l'on arrête , beaucoup de Defordres. On voit naitre alors l'Amour
l'Application , & la Science du Métier ; ce qui rend une Armée in
vincible. HTC
COB***** $60
·
CHAPITRE TREIZIEME.
trop réfléchir fur les Actions où ils fe trouvent , ni faire des Remar
ques trop éxactes fur la Caufe & l'Evénement ; afin d'en profiter , &
de fçavoir prendre leur Parti dans l'Occafion .
LE Tems efface de la Mémoire les Chofes qui en font éloi
gnées. Lorfque nous les rappellons de loin , nous nous les repréfen
tons avec trop de Confufion , & nous ne reffentons prefque plus ce qui
en a fait préciſement le Mérite. Ce qui fe paffe en nous-mêmes , en
lifant la Raifon des Surprifes , des Combats , & des différens Mouve
mens , que nous avons vûs , nous convainc affez , que les Remarques
font d'un très grand Secours. L'on en prend ce qui convient. On
augmente fes Idées , on les dirige , & l'on en fortifie fes Projets.
LES plus grands Hommes lifent toujours , pendant la Guerre , com
me dans la plus profonde Paix . Les Commentaires de Céfar , & les
autres
GUERRE , I Partie , Chapitre XIII. 25
SXCD4 + 38050
CHAPITRE QUATORZIEME.
Le Service de la Cavallerie.
é
ELLE caufe fouvent le Gain des grandes Actions › par l'Activit
e
avec laquelle elle fe porte & éxécut brufqu em en t les Ordres du Gé
néral , dont le Coup - d'Oeil découvre dans le moment ce qu'il faut
qu'elle faffe. Lorfqu'elle peut pénétrer par des Efforts violens l'In
fanterie ennemie , elle la deffait. Il y a un Nombre infini d'Actions
dans l'Hiftoire , qui n'ont été gagnées , que par fon Secours .
Il faut à fa Tête des Officiers d'Expérience & de Fermeté. Com
me elle eft promte pour agir , fi on la conduifoit foiblement , au
prémier Revers de Fortune , elle pourroit faire des Ecarts dangereux ,
dont l'Ennemi profiteroit. Il faut avoir beaucoup d'Attention , pour
la rallier , & la retenir. Lorfqu'elle combat avec Fermeté , & qu'elle
eft dans la Mélée , l'Action eft très fanglante , par les Coups de Sa
bre qui fe repettent vivement.
L'HABILETE' des Officiers , qui la commandent , confifte à s'effor
cer de la faire entrer par les Flancs des Efcadrons ennemis. Celle ,
qui doit la foutenir , remplit le Vuide de celle qui a pénétré. Dans les
Coups defefpérez , elle peut venir fondre fur les Victorieux , les met
tre en Defordre , & donner le Tems aux Trouppes renverfées de fe
former , & gagner la Victoire.
ON s'en fert très utilement, pour les Efcortes des Convois, pour pro
• téger les Fourageurs , pour apprendre des Nouvelles des Ennemis ,
pour faire des Courfes fur eux , & les intriguer , pour prendre les
Devans d'une Marche , & pour s'emparer des Situations avantageu
fes d'un Camp qu'on veut occuper. Elle en affure le Front les
Flancs , & les Derrieres , par de grandes Gardes , que l'on y place.
ELLE eft très effencielle dans les grandes Places affiégées . Elle
contient les Habitans , & fait des Sorties fur les Travaux des Enne
mis , lorfque le Terrain le permet. Dans les Siéges que l'on fait ,
elle porte la Facinne pour les Tranchées ; & , par fa Diligence , elle
procure l'Avancement des Ouvrages. Elle peut même combattre Pied
à-terre , quand l'Occafion le demande.
& $3
CHAPITRE QUINZIEME .
L'Utilité des Dragons , dans une Armée , & dans les Places.
CHAPITRE SEIZIEME.
Cô
(*) Voïez ci-deſſus , pages 9 & 11 .
D 2
28 L'ART DE LA
*M £
A dast wi
CHA
GUERRE , I Partie , Chapitre XVII. 29 .
PEREE
HOLS
&.
ya , dans le Corps de PArtillerie une Valeur & un grande
ILY
Fermeté , particuliérement à foutenir le Feu des Batteries de l'En
nemi.
DANS les Batailles , dont les moindres Coups ne laiſſent aucun Ef
poir , tous les Officiers , excitez par l'Honneur & l'Emulation , ne
fongent qu'à faire leur Devoir. Malgré ce Feu d'Enfer , il y a de
P'Ordre , où le Sang froid , & la Fermeté , ont bonne Part. Cent
autres Chofes , qu'on ne peut détailler , ont bien leur Mérite ; &
font dans l'Occafion , d'un très grand Secours au Général.
LES Commandans de ce Corps ont le Secret des Affaires les plus con
fidérables de la Guerre. Ils prennent des Mefures avec les Généraux ,
pour les plus grandes Entrepriſes. L'Attention continuelle , qu'ils
ont fur les Ouvrages des Arfenaux , pour préparer ce grand Attirail
qui fert en Campagne , & aux Expéditions des Siéges , eft d'un Ar
rangement infini. Le Détail , pour y faire travailler , ne fe peut ap
prendre , que par un long Ufage. Sçavoir les Proportions de chaque
Chofe , leur Utilité , leur Quantité , & la Dépenfe qu'il y faut faire , tout
eft abfolument néceffaire pour bien difpofer le Travail des Atteliers.
Il y a , dans ce Métier , mille Parties plus fçavantes les unes que
les autres. La Compofition de la Poudre ; l'Arrangement , qu'il faut
tenir , pour la faire ; fes Effets étonnans ; ceux des Mines de la
Bombe , du Canon , des Mortiers , des Pierriers , de Balles - à - Feu ,
des Grenades , & des Artifices ; le Dégré de Perfection de la Fonte : tou
tes ces Chofes , bien recherchées , peuvent donner une noble Occu
pation , & une ample Carrierre , à l'Efprit , pour découvrir ce qu'on
ne connoit encore qu'imparfaitement. Les Officiers, qui font à la Tê
te de ce Corps , parviennent aux prémieres Dignitez de la Guerre ,
par une Suite d'Actions , qui les forment , & dont l'Expérience leur
donne de rares Talens pour aider à faire réüffir les grandes Entre
priſes.
L'ORDRE , que l'Artillerie tient en Campagne , eft digne d'une
grande Attention. Quoi que fa Colonne foit très pefante, elle trou
ve du Secours dans fa Marche , par le Soin des Officiers , qui la
conduifent , & qui lui font à chaque inftant applanir les Chemins &
D 3 Def
30 L'ART DE LA
Deffilez , pour qu'elle puiffe arriver en même tems que les Trouppes
aux Expéditions les plus promtes.
UNE Artillerie bien placée , & bien fervie , aide à rompre les Li
gnes & Retranchemens des Ennemis , & par fes Effets procure aux
Trouppes le Moment heureux d'y pénétrer. Elle foutient les Ponts ,
deffend les Paffages & Deffilez , & facilite une Retraitte. Elle eft
utile dans toutes les Occafions où l'Infanterie peut fe porter. Elle aide à
LES Ingénieurs font d'un grand Secours , pour aider à la Prife des
Places . Leur Travaux , fi bien imaginez , conduifent les Trouppes
au pied des Ouvrages , à couvert de leur Feu. Ils font toujours at
tentifs à profiter des moindres Négligences de l'Ennemi , pour a
vancer leurs Tranchées. Ils préviennent le Général du Tems où il
peut attaquer les Ouvrages. Ils y conduifent eux - mêmes les Tra J
vailleurs , s'y logent , & fçavent les mettre en état de pouvoir y con
ferver des Trouppes , pour les foutenir.
LE Feu de Moufquetterie , & de Canon , leur eft familier . Ils con
noiffent mieux que les autres les Flancs ; mais , cette Connoiffance
n'eft que pour les Coups que l'on peut prévoir , contre lefquels ils
difpofent leurs Tranchées . Il y en a mille autres , qu'on ne fçauroit
éviter par la Réflection de la Balle & du Boulet , qui plonge , ou s'é
leve , plus ou moins , felon qu'il eft tiré , ou qu'il touche l'Objet qui
le réfléchit. Il y a une très fine Valeur dans ce Corps .
CES Offi ciers ont le même Mérite pour la Deffenfe des Places ; &
fçavent , dans le Befoin , en augmenter les Ouvrages , pour arrêter
plus long- tems l'Ennemi. Ils peuvent fortifier un Camp , & le ren
dre inacceffible , par les Retranchemens qui en réparent la Situa
tion . Ils ont de grandes Connoiffances , acquifes par l'Ufage & l'Ex
périence , & dont ils fçavent fe fervir dans l'Occafion . Ils parlent à
fonds des Méchaniques. C'eft une Science , qui leur eft d'une Néceffi
té indifpenfable , pour déterminer les Effets de Forces mouvantes dans
les Machines , la Réfiftance aux Efforts de l'Eau , les Loix du Mou
vement , les Regles du Nivellement , & tout ce qui peut fervir à pla
cer & à perfectionner les Eclufes , qui font quelquefois toute la For
ce des Places , & la principale Deffenfe d'un Païs .
LEUR Etude continuelle leur donne un Génie fupérieur , lorfqu'ils
veulent , dans le Cabinet , faire la férieufe Recherche de la Vérité , &
la développer dans les différens Siftêmes. Ils fe font à eux- mêmes
des Queſtions pour s'éxercer & fe perfectionner. Il y a beaucoup de
Chofes , qui ne fe connoiffent que par l'Evénement , auxquelles ces
Officiers font en état de remédier , parce qu'ils poffedent à fonds les
Principes.
CHA
T
L'AR DE LA
32
COS JO
dres : & la Diverſité des Soins , dont il eft chargé , n'empêche pas que
tout ne fe trouve en fon. Lieu , pour être diftribué fuivant le
on eft convenu.
Tous ces Ordres différens fe rapportent au même But. Ceux ,
qui en font chargés , les éxécutent à propos. Ils favent à qui ils
doivent répondre , & fe rendent aux Endroits qui leur font mar
qués. C'eft un Cahos , qui fe débrouille par la bonne Diſpoſition que
fait le Général.
Il y a quelquefois des Contre - tems facheux , qui arrivent par
des Convois , qui font pris ou pillés , auxquels il faut remédier fur
le champ . C'eft par les Soins de l'Intendant , & par fa Capacité ,
de fes Entrepriſes .
POUR ce qui regarde les Munitions de Guerre , celui , qui
82
31
L'ART
L'ART
•
DE LA
GUER RE ;
SECONDE PARTIE ,
CONTENANT
48433333333333333333333333373: 3:8838888SHI+
CHAPITRE PREMIER.
( * ) de Fuentes.
GUERRE , II Partie , Chapitre I. 37
CHAPITRE SECOND .
caufe des grandes Fatigues que les Trouppes avoient eues , de différer
au Lendemain , pour recommencer le Combat.
Le quatrieme d'Aout , ces deux Généraux firent leur Difpofi
tion. Comme les Trouppes marchoient pour fe pofter , ils allérent
reconnoitre celles de l'Ennemi. Dans ce tems - là , on fit trop tôt
une fauffe Attaque contre une Redoute , qui fe trouvoit fur le Ter
rein où l'on vouloit fe former. D'une Action à l'autre , la Plotte fe
groffit ; & il n'y eut plus moïen de s'en dédire. On fut forcé d'en
venir aux Mains ; & cette petite Redoute , qu'on voulut emporter ,
caufa une Affaire générale , des plus fanglantes , & des plus opinia
tres.
ELLE dérangea entiérement le grand Projet , qu'on avoit for
mé ; ce qui obligea le Duc d'Anguien , & le Vicomte de Turenne
de revenir très vite , pour fe porter à cette Action , afin d'en répa
rer le Defordre , & d'arréter les Efforts de l'Ennemi.
CES deux Généraux fe mirent à la Tête des Trouppes , firent des
Actions incroïables ; & , fans craindre le Péril , fe portérent où il y
en avoit le plus. Après plufieurs Tentatives , & de violens Com
bats , où il périt beaucoup de Monde , le Duc d'Anguien , fe voïant
dans l'Impoffibilité de pénétrer les Retranchemens , réfolut , avec le
Vicomte de Turenne , de fe retirer au Camp , & de conferver pour
une meilleure Entrepriſe ce qui leur reftoit de Trouppes . Cette Re
traitte fe fit avec beaucoup d'Ordre & de Conduite ; & les Troup
pes fe repoférent quatre Jours : après lefquels , nos Généraux , pour
furmonter tant d'Obſtacles , jugérent qu'il étoit néceffaire d'aller oc
cuper les Hauteurs de Lansdelinghen , d'où ils feroient à portée
du Deffilé par où le Général Merci devoit paffer pour fe re
tirer.
1
GUERRE , 11 Partie , Chapitre II
. 39
*******x 83*******
CHAPITRE TROISIEME .
firent pas mieux que les prémieres ; parce que le Général Merci , qui
connoifloit la Conféquence de ce Pofte , conduifoit lui - même fa Def
fenfe , & la rendoit très opiniâtre. Le Duc d'Anguien , las de voir
que rien n'avançoit , s'y porta. Il eut un Cheval tué fous lui , &
fut bleffé ; & , peu de tems après , le Général Merci Y fut tué. Le
Duc d'Anguien , malgré fes Bleffures , anima avec tant de Fer
meté les Trouppes , qu'il fe rendit le Maître de ce Village.
LE Maréchal de Grammont , qui commandoit l'Aile droite , fut
renverfé.Il fit des Actions d'une grande Valeur , pour rallicr fes
Trouppes. Il fe mit à la Tête de deux Régimens Irlandois , qui
combattirent comme des Lions. Mais , il fut contraint de céder à
la Force , & fut fait Prifonnier.
LE Vicomte de Turenne , bleffé en faifant charger la Droite de
l'Ennemi , ne ceffa pas pour cela de la faire attaquer vivement. La
Valeur , qui fe trouvoit égale des deux Côtez , fit balancer la Victoi
re ; mais , le Duc d'Anguien , qui s'étoit rendu le Maître du Villa
ge , alla joindre la Gauche , où étoit le Vicomte de Turenne , & fe
mit à la Tête des Trouppes Hefliennes , qui formoient la feconde
Ligne. Il arréta ainfi l'Ennemi , & donna le Tems à la prémiere
Ligne , qui avoit été en defordre , de ſe rallier.
Ces deux Généraux , après plufieurs Reprifes très opiniâtres , en
foncérent enfin , & mirent en Déroute , la Droite de l'Ennemi
و
dont on fit un grand Carnage. L'on prit leur Général Gléen , &
quinze Piéces de Canon .
LES Bavarois , qui avoient gagné le Terrein de notre Droite ,
voïant la leur défaite , fe retirérent très vîte , & abbandonnérent le
Canon qu'ils avoient pris.
LA grande Valeur du Duc d'Anguien , & du Vicomte de Turen
ne ; leur Attention continuelle , malgré leurs Bleffures , à rallier eux
mêmes les Trouppes , & à les conduire au Combat , fans fe rebuter
des Evénemens facheux ; affùrérent cette grande Victoire , que la
Fermeté du Général Merci avoit fi long- tems balancée ,
CHA
GUERRE , Il Partie , Chapitre IV. 4I
BENBERGISEN B\2812836/261283
CHAPITRE QUATRIEME.
tement fa feconde Ligne ; & , ranimant fes Trouppes , fit plier les
nôtres. Le Marquis de Villequier fut pris dans cette Occafion.
LE Prince de Condé , attentif à tout ce qui fe paffoit , répara fur
le champ ce Defordre , & fit dans l'inftant joindre le Corps de Ré
ferve , avec les Efcadrons Allemands , que commandoit le Géné
ral Herlack (* ) . Ces Trouppes donnérent avec tant de Valeur fur les
Cravates , que ceux- ci prirent la Fuite , & entrainérent avec eux le
Refte de leurs Troupes.
Le Maréchal de Grammont , qui étoit à la Gauche , & le Comte de
Buquoi à la Droite des Ennemis , combattirent long-tems avec beau
coup de Fermeté : mais , a la fin , le Maréchal fut le Vainqueur.
Le Duc de Chatillon , qui commandoit le Corps de Bataille , ainſi
que le Général de Beek ( † ) celui des Ennemis , firent de violentes Atta
ques. Les nôtres pliérent ; mais , étant foutenus par les Gendar
mes , ils fe ralliérent , & poufférent fi vivement les Ennemis , qu'ils
gagnérent le Champ de Bataille , où le Général Beek fut pris , &
mourut auffi-tôt de fes Bleffures.
CHAPITRE CINQUIEME.
CHAPITRE SIXIEME.
,
le Roi eut été facré à Reims , il avec toute fa
Cour , devant Stenai. Le Maréchal d'Hoquincourt conduifoit
le Siége de cette Place. Le Vicomte de Turenne ( * ) , qui avoit
F 2 af
(* ) Rentré au Service de France.
L'ART DE LA
44
preux.
TOUTES ces Difpofitions étant faites , on attaqua les Lignes des
Ennemis , la nuit du 25. au 26. Le Maréchal d'Hocquincourt atta
qua le Quartier de Dom Ferdinand de Solis : le Maréchal de la Fer
té , celui des Lorrains ; & le Vicomte du Turenne , les autres , qui é
toient entre Dom Ferdinand & l'Archiduc. Comme les Ennemis a
voient fait de grands Puits , pour arréter la Cavallerie , lors qu'elle
voudroit pénétrer dans les Retranchemens , on leur fit porter des
Facinnes pour les remplir. On fit aufli placer beaucoup de Mêches
allumées , au bout de plufieurs Perches , proches des Lignes des En
nemis , aux Lieux qu'on ne vouloit point attaquer. Cette Rufe de
Guerre eut fon Effet : car , ils s'y portérent ; croïant qu'on les y vou
loit
(*) Ligué avec les Espagnols .
(†) Mondejeu , fait Maréchal de France en 1658 .
GUERRE , II Partie , Chapitre VI. 45
loit forcer ; ce qui affoiblit les autres Quartiers , & favorifa les Atta
ques qu'on avoit projettées.
LA prémiere , qui fe fit au Quartier de Dom Ferdinand de Solis ,
trouva peu de Réfiftance ; & l'on en ruina les Travaux , afin que la
Cavallerie y pût pénétrer. Le Marquis de Bellefons , qui commandoit
les Enfans perdus , aïant de fon côté ouvert des Paffages au Lignes,
facilita l'Entrée aux Trouppes du Vicomte de Turenne , qui pouffé
rent les Ennemis jufqu'à la Pointe du Jour. Alors , notre Cavallerie
entra dans leur Camp.
LE Maréchal de la Ferté trouva beaucoup de Réfiftance de fon Câ
té. Le Vicomte de Turenne , qui voulut foutenir les Trouppes de
ce Maréchal , s'avança fur le bord d'une Ravine qui traverfoit la Ligne de
Circonvallation , & que le Prince de Condé deffendoit. Il y eut-là beau
coup d'Actions très opiniâtres de part & d'autre. Ce Prince , s'é
tant apperçu , qu'il y avoit un grand Nombre de Fuïards dans l'Ar
mée , courut pour les raffembler. Il ramena avec lui quatorze Batail
lons , & combattit dans fon Chemin tout ce qu'il trouva. Il revint
enfuite au Vicomte de Turenne , avec toutes fes Forces. Le Com
bat s'échauffa rudement .
1
A RT
46 L' DE LA
COX
CHAPITRE SEPTIEME.
CHAPITRE HUITIEME.
( * ) Tolhuys. ( † ) Rhinberg.
T
R
A
' E A
48 L D L
fon Neveu mort , & fut lui-même bleffé au Bras. Picqué de toutes
Façons , il fit faire Main baffe fur les Ennemis , & deffit tout ce qui
ne put pas fe retirer affez vîte. On alla enfuite contre le Fort de
Toluys (* ) , ou Fort d'Eskin ( † ) , qui étoit par lui-même impre
nable. La Peur , aiant faifi ceux qui le gardoient , ils l'abbandonné
rent. On s'en rendit Maître , & l'on pénétra dans le riche Païs de
Bettaw , que l'on mit à Contribution .
AUSSITÔT que le Maréchal Vurft (1 ) s'apperçut de toutes ces
Chofes , & que le Roi avoit paffé ce Fleuve fur un Pont d'Airain , il
fe retira avec le Refte de fes Trouppes , pour joindre le Prince d'O
range , qui abbandonna ce Païs , & jetta une Partie de fes For
ces dans les Places qu'il laiffoit derriere lui , & fe retira au de-là
d'Utrecht.
FO 2493:3 Co
CHAPITRE NEUVIEME.
(* ) Tolhuys .
( t) Fort de Schenck. Ce Fort eft différent de Tolhuys , & à quelque Diſtance.
(4) Le Velt-Maréchal Wurts.
(S) Sintzheim .
(**) Hailbron.
G
I
50 L'ART DE LA
gage fut pris & pillé. Ils pafférent enfuitte le Neckre , pour atten
dre les Trouppes des Cercles , & du Duc de Bournonville.
On
ON peut dire , que , dans cette Journée , la Cavallerie ennemie fauva
l'Infanterie , & que notre Infanterie fauva notre Cavallerie , & ga
gna la Bataille.
LA fage Conduite du Vicomte de Turenne a beaucoup brillé dans
cette grande Entrepriſe. Il furprend l'Ennemi par une Marche vive ;
le prévient , pour le combattre avant qu'il ait joint toutes fes For
ces ; l'attaque à Forces inégales , dans un Pofte très avantageux , &
l'en chaffe ; paffe encore , devant lui , des Déffilez , & un Ruiffeau , pour
l'attaquer ; enfin , par une Difpofition merveilleufe , il fauve fa Ca
vallerie , fuit l'Ennemi , & lui fait paffer le Neckre.
On peut dire avec raiſon , que les Actions brillantes de ce Géné
ral , dans cette Journée , ont contribué à lui acquérir la Gloire d'a
voir été un des plus grands Capitaines de fon Tems.
CHAPITRE DIXIEME.
geux .
LE Prince d'Orange , qui fe voïoit une Armée de foixante & dix
mille Hommes , s'avança à portée de celle du Roi , pour la dépla
cer ; mais , il n'en put venir à bout , par la bonne Conduite du Prin
ce
(*) Sintzheim.
G 2
52 L'ART DE L'A
ce Condé , qui avoit un Deffein , & qui penfoit autrement que lui ,
puifqu'il vouloit lui- même le furprendre , & le combattre.
LE Prince d'Orange , réfolu de tenter quelque- chofe , fe mit en Mou
vement , & fit défiler fon Armée du côté de Mons , par Seneff & le Fay.
Le Prince de Condé , qui le fuivoit de près , connut alors que l'En
nemi partageoit fes Trouppes par cette Démarche , à caufe des Def
filez : & , quoi-que plus foible , il fçut profiter de cette Occafion
pour l'attaquer.
L'ARME'E ennemie fe trouvant dans la Situation que je viens de
marquer , le Prince de Condé la laiffa entrer dans les Deffilez ; & ,
fachant que l'Avant- Garde les avoit paffez avec le Corps de Bataille ,
il fit attaquer brufquement l'Armée des Efpagnols , qui faifoit l'Ar
riere Garde. Elle fut renverfée avec un Corps de quatre mille Che
vaux. La Maifon du Roi y fit des Actions d'une grande Valeur.
LE Duc de Villahermoza , qui commandoit cette Arriere - Garde ,
fe jetta dans Seneff , avec ce qu'il put raffembler de Trouppes. I
fut contraint d'abbandonner tous les Bagages au Pillage . Le Prince de
Vaudemont, qui commandoit le Corps de Cavallerie, fit favoir au Prin
ce d'Orange la Situation facheufe où il fe trouvoit avec le Duc de Villa
hermofa. Le Prince d'Orange leur envoïa auffi -tôt trois Bataillons ,
qu'on jetta dans ce Village : mais , le Prince de Condé le fit attaquer
fi vivement , qu'il fut emporté.
IL pénétra enfuite au Corps de Réferve , qui étoit fort de trente
Bataillons. La Préſence du Prince de Condé anima les Trouppes du
Roi de maniere , qu'elles enfoncérent celles de l'Ennemi , & prirent
le Refte de leurs Bagages.
"
LE Prince d'Orange , informé de tous ces Malheurs , marcha avec
le Corps de Bataille & le Comte de Souches , pour arréter les Troup
pes du Roi. Le Prince de Condé , animé par tant de Succès , crut
en avoir fait trop peu. Il attaqua l'Armée ennemie , dans des Jar
dins , Haies , Houblonnieres , & Deffilez impraticables , dont elle de
fendoit les Paffages . Ce Prince fit tous fes Efforts pour y pénétrer
l'Ennemi . Mais , la Force du Lieu , foutenue par un grand Feu , lui
faifoit perdre beaucoup de Tems & de Monde. La Gloire de vain
cre lui fit encore furmonter tous ces Périls. 11 força enfin le Prince
d'Orange à fe retirer au Fay , fur la Colline de ce Village , où étoient
les Trouppes Hollandoifes , & il y ramena auffi les Fuïards. Le Prin
ce de Condé , aïant remarqué ce Mouvement , avança la Maifon du
Roi , qui rompit cette Infanterie. Le Marquis d'Affentar , qui avoit
au pied de cette Colline quatre Bataillons , avec quelques Débris d'In
fanterie , y fut tué , & fes Trouppes mifes en Déroute.
LE
GUERRE , II Partie , Chapitre X. 53
& 93
CHAPITRE ONZIEME .
CHAPITRE DOUZIEME .
Caftiau (* ) , dans une Plaine , aïant derriere elle un Bois & Mons ,
& au Front du Camp le Ruiffeau de Saint-Denis , qui defcend de
Caftiau .
Bois
(*) Cateau ou Chafteau , Village de Hainaut.
(†) Fimarcon.
GUERRE , 11 Partie , Chapitre XII. 57
3333333333333333 933333388888888410+
CHAPITRE TREIZIEME.
Duc de faifoit le
s'en rendre le Maitre , fe contenta d'attaquer & prendre le Fort
de Sainte-Brigide , pour bombarder cette Place. Craignant encore ,
que le Maréchal de Catinat , qui s'approchoit avec de nouvelles For
ces , ne le combattît avec Avantage, & ne lui fit lever le Siége , il
ſe retira à Marfaille , après avoir preffé le Bombardement , & s'y
pofta avantageufement.
IL y avoit à fa Gauche une Montagne : fa Droite avoit une
Plaine devant elle ; & tout le Front de l'Armée étoit couvert par
une petite Riviere. Le Maréchal de Catinat , qui faifoit Diligence ,
alla reconnoitre la Situation de l'Ennemi : & , voïant qu'il n'avoit
pas occupé la Hauteur du Chaſteau de Piofafco , d'où l'on pouvoit
remarquer tous fes Mouvemens , il s'en rendit le Maître , par un
Détachement de Trouppes choifies. L'Ennemi , qui en faifoit auffi
marcher , les contremanda , aufli - tôt qu'il fçeut ce Pofte occupé .
LE Maréchal de Catinat ordonna la Difpofition de fon Armée
fur deux Lignes. Mais , aïant appris , que le Duc de Savoie chan
geoit la fienne , & qu'il augmentoit de beaucoup fa Droite , pour
pénétrer notre Gauche , le Maréchal fit paffer de la Droite à la Gau
che la Gendarmerie , qu'il remplaça par les Régimens de la Reine
& de Saint-Maurice Cavallerie.
کے مجھے 4
27
82
3
L'ART
L' ART
DE LA
GUER R E ;
"
TROISIEME PARTIE ,
CONTENANT UN
TRAITÉ DE L'ATTAQUE
DE S
PLACES ,
négliger.
S'IL y avoit une Riviere , qui paflât dans la Ville , & qui vint par
tager votre Campement , il faudroit faire deflus plufieurs Ponts de
Communication , au deflus & au deffous , avec des Forts , & autres
Ouvrages , pour les foutenir : & l'on mettroit une Eftacade , avec des
Chaines , & des Pilotis au deffus , pour arrêter les Batteaux , Piéces
de Bois , ou Feux d'Artifice , que l'Ennemi pourroit abbandonner au
Courant de l'Eau , pour les rompre , ou les brifer.
S'IL y avoit une Flacque d'Eau , ou Prairie impraticable , au def
fus ou au deffous de la Place , il faut , pour la Communication , faire
des Redoutes à portée les unes des autres , avec des Chemins de Fa
cinnes , pour y arriver.
CE font des Précautions très effencielles pour empécher , que ,
qui convient dans les Endroits où elle peut protéger les Travailleurs,
& impofer aux Sorties des Affiégés , & à leurs Batteries. On con
tinue , tous les jours , les Convois néceffaires , pour éviter le moin
dre Retardement dans les Attaques , & empécher que les Ennemis
n'en puiffent tirer aucun Avantage. A l'Arrivée des Trouppes , on
envoie plufieurs Détachemens , pour travailler à faire des Facinnes ,
des Piquets , & des Gabions , que la Cavallerie & les Dragons appor
I tent
66 DE L'ATTAQUE
LES Batteries , que l'on fait dans les Tranchées & Boyaux fe
tie des Travailleurs à faire des Puits , pour éventer les Mines qu'il
pourroit y avoir ; & le Refte fera le Logement. Si , dans ce Tems -là ,
les Fourneaux font leur Effet , & que les Ennemis profitent de cet
Accident pour rentrer dans l'Ouvrage , il faut fur le champ les en
chaffer l'Epée à la Main , & faire un nouveau Logement. On obfer
vera , que ces Logemens foient en Angles faillans vers la Place , afin
d'embraffer plus de Terrein , & de fe donner un Feu plus directe
ment oppofé à celui de l'Affiégé.
Si l'Ennemi étoit encore derriere quelques Traverſes ou Réduits ,
il ne fçauroit s'y foutenir : mais , fouvent , il ne veut abandonner ce
Pofte , que dans le tems qu'une autre Mine eft prête à jouër ; ce qui
peut encore entamer & renverfer une Partie de vos Ouvrages. I
faut dans l'inſtant y remédier , pour n'être pas expofé au Feu de la
Courtinne , des Faces , des Baftions , ou autres Ouvrages . L'En
nemi ne manque pas ce Moment , pour vous faire périr bien du Mon
de: & il reprendroit Vigueur , pour vous chaffer de cette Demi
Lune , fi l'on n'étoit pas diligent à faire travailler , & opiniâtre à
conferver le Pofte gagné. 71
APRE'S un parfait Etabliffement , il faut placer dans l'Ouvrage trois
ou quatre groffes Piéces de Canon , pour achever de ruiner les Brê
ches que l'on veut attaquer. Quelque Difficulté qu'il y ait eu dans
une pareille Action , les autres Travaux vont toujours leur Chemin
pour l'Attaque du Corps de la Place : & , dès que les Sapes s'appro
chent du Chemin couvert , on y fait faire des Puits , & l'on fait auf
fi fouiller par les Mineurs tout le Front du Terrein , pour éventer les
Mines ou Fourneaux , s'il y en a. L'Entrée des Sapes doit être
blindée , à cauſe qu'elle eft enfilée : & d'Efpace en Eſpace on y pra
tique des Epaulemens paralleles à la Place où les Troupes fe mettent à
couvert , & font à portée d'agir. L'on pouffe auffi des Sapes enterrées
par lesquelles on peut déboucher fur les Traverfes du Chemin cou
vert , dont on fe fert très utilement pour embraffer les Places d'Ar
mes , afin d'en chaffer les Affiégés. Il eft à propos de ' placer quel
ques Piéces de Canon fur l'Angle flanqué du Chemin couvert. El
les battent le Pied de la Brêche, & aident à foutenir les Paffages du
Foffé . Alors , les Carcaffes , & les Balles à Feu , font très utiles
pour embaraffer les Affiégés dans la Deffenfe de leurs Ouvrages. El
les éclairent de Nuit , pour la Direction des Feux. On les jette
auffi dans la Ville , avec des Boullets rouges aux Endroits où l'on
peut occuper le Bourgeois & les Trouppes , par l'Embralement de
SA
leurs
DES PLACES 75
éven
DES PLACES. 77
éventer les leurs. Comme il peut arriver , que les Affiégés veuillent
foutenir l'Affaut à leurs Brêches , & qu'ils fe foient retranchés fur le
Terrein des deux Baftions & de leur Courtine : cette Fermeté de
leur part vous engage à une Attaque , qui foit vive , violente , &
bien foutenue. Pour cet Effet , on tire le Canon & les Bombes fans
relâche , Nuit & Jour , fur les Brêches , ainfi que les Boulets à Ri
cochet de Jour , afin d'ôter toute Facilité à l'Ennemi de les réparer.
Le Moment déterminé pour cette Action , on s'y difpofe par des
Précautions étudiées ; en forte qu'on puiffe fe foutenir malgré les
Evénemens.
C'EST dans une femblable Entrepriſe , que le Général doit animer
les Trouppes par fa Préfence , aiant auprès de lui l'Ingénieur en
Chef , le Commandant de l'Artillerie , & le Major- Général ; afin que
les Ordres foient éxécutez promtement , & que les Changemens ,
qu'on pouroit faire fur le champ au Projet de l'Attaque , ne caufent
aucun Retardement à l'Exécution. Toutes les Trouppes étant arri
vées à leurs Poftes , on les fait marcher d'un pas vif, fans fufpendre
l'Action . Quelque Perte qui arrive en marchant , il ne faut pas fe
ralentir , mais remplir les Vuides , afin que l'Ennemi y trouve tou
jours une Oppofition égale & opiniâtre , & que par la Force on fur
monte les Obftacles les plus périlleux & les plus grands. Comme le 1
Nombre des Affiégés eft très inégal à celui des Affiégeans , la Con
tinuation des Acttions toujours répétées l'emporte fur le petit Nom
bre par le Tems , & par la Valeur , lorfqu'elles font conduites par un
Général habile , qui connoit le Danger d'une Retraitte , dans la quel
le la Perte feroit peut-être plus grande , que dans les Efforts qu'il
faudroit faire pour foutenir l'Attaque.
APRE'S plufieurs Affauts réïtérez , l'Ennemi ne pouvant plus réfif
ter fans fe perdre , fait battre la Chamade. Le Général des Affié
geans , fatisfait de tant d'Actions valeureufes , doit écouter les Propofi
tions des Affiégés, & , par Grandeur d'Ame , faire fervir la Victoire
même à récompenfer la Valeur & le Mérite des Vaincus. Il me
femble , que cette Maniere noble doit être d'Ufage à la Guerre , quoi
que le Contraire fe foit pratiqué de notre Tems. Les Capitulations
rigoureuſes , contre des Trouppes qui ont bien fervi , peuvent deve
nir contraires à ceux qui les impofent. On affoiblit par-là l'Honneur
qu'il y a à fe bien deffendre, quand la Fermeté & la Réfiftance font
fuivies du Traitement que doivent attendre ceux qui manquent de
K 3 Va
78 DE L'ATTAQUE
fuite pour le Logement , & les en retirent pour les faire rele
ver lorfqu'ils ont rempli le Tems qu'on leur avoit marqué. S'il
y avoit dans une Action beaucoup de ces Travailleurs tuez ou
bleffés , je croi que , pour ne rien retarder au Travail , le Général
de la Tranchée doit , autant que l'Affaire eft preflante , & qu'il le
peut fans Danger , détacher des Trouppes de fa Tranchée le Nom
bre qu'on lui demande , pour remplacer les Travailleurs fur le champ.
ON
DES PLACES 79
diriger fon Feu fur les Flancs , Faces , & Parties , qui incommodent
l'Ennemi.
LE Nombre de Trouppes pour les Attaques fe doit régler par PE
tendue du Front de l'Ouvrage que l'on veut attaquer , & par la For
·
ce des Ennemis qui le deffendent. Pour la Difpofition , elie fe fait
fuivant le Terrein que l'on peut occuper pour s'y préfenter : & , lorf
que l'Action peut devenir opiniâtre , on double les Forces qui fui
vent de près , & même en Colonnes , s'il eft befoin. Elles remplif
fent toujours le Vuide du Terrein , à mefure qu'on le gagne. Tou
tes ces Áctions à découvert ne doivent point fouffrir de Retarde
ment. Elles doivent fe brufquer , mais toujours avec Ordre.
JE dirai encore , qu'il eft abfolument néceflaire d'avoir des Mineurs
1
entendus , pour diriger les Mines , les Fourneaux , & les Fougaffes.
C'eſt un Métier , qui demande beaucoup d'Expérience & d'Applica
tion , pour fçavoir proportionner la Quantité de Poudre à l'Objet
que l'on veut renverfer ; conduire fous Terre des Galleries , & y
faire des Rameaux dans l'Eloignement néceſſaire pour arriver au But
qu'on s'eft propofé ; connoitre ce que peut faire l'Ennemi , pour ve
nir à vous ; parer fes Coups , l'arréter , ou le furprendre. Il y a , dans
ce Travail , mille Chofes à obferver pour bien placer les Fourneaux ,
les charger , & les étançonner , de maniere que l'Ouvrage tombe du
côté que l'on a déterminé ; mettre dans le Fourneau la Quantité de
Poudre qui convient à la Maffe de Terre ou de Pierre , que l'on veut
enlever. Toutes ces Chofes dépendent autant de la Capacité , que de
l'Ufage. Pour les régler à propos , il faut connoitre la Pefanteur des
1
différentes Terres & Maçonneries ; & , par leur Poids , on déter
mine avec plus de Précifion la Quantité de Poudre , dont on ne con
noit la Force relative ,
que par plufieurs Expériences. On l'aug
mente , ou on la diminue , fuivant que fa Qualité , & fes Dégrés de
Séchereffe & d'Humidité , la rendent plus ou moins vive. Le peu
que je fçai de ce Travail m'apprend , que onze à douze Livres de "
Poudre peuvent enlever une Toife cube de Terre de Sable ; qu'il en
faut quinze à feize Livres , pour une Toife cube de Terre argilleufe ,
plus condenfée ; neuf à dix Livres , pour une Toife de Terre remuée ;
vint Livres , pour une Toife cube de Maçonnerie ordinaire ; & au
moins quarante Livres , fi l'on travaille fous une Fondation.
MAIS , perfonne ne peut mieux donner le Détail de ces Chofes ,
que Mr. de Valliere , quand il voudra bien communiquer fes Lumieres.
La parfaite Connoiffance , qu'il a de la Géométrie la plus relevée ,
& de la vraie Phifique , le met en état de decouvrir dans ces Matie
L res
82 DE L'ATTAQUE DES PLACES.
PRE
PREMIER MEMOIRE
DE
MUNITIONS
POUR UN SIEGE:
PIECES
De 33 · 10 : 10
de 24 • · 36 36
de 16 · 4 4
de 12 · · 8 8
de 8 · · 36 · 36
de 4 · 36 · 36
130 130
O
A F FUTS
De 33 15 15
de 24 • • 50 •· 50
de 26 · 8 • 7
de 12 12 I · II
de 8 • A 46 3 • 43
de 4 · 46 5 · 4I
177 10 167
L 2 Muni
84 PREMIER MEMOIRE
De 33 · · 20 · 3 · · 17
de 24 · . 66 5 · 61
⚫de 16 · · 8 O ·. 8
de 12 · . 14 • 3 II
de 8 · • 49 · 21 . 28
de 4 · · 49 · 17 · 32
206 49 157
MORT. IE RS.
De 18 Pouces I I
de 12 · · 24 24
de 8 · · 12 12
37 37
O
Pierriers 6 8 8
O
A F FUT S
De 18 Pouces.. 2 2
de 12 de Fer., 28 · 28
de 8 de Bois. 14 · 14
Affuts de Bois .
. 16
à Pierriers -16
}
о
60 60
BOM BES
De 18 106 % 106 ၁ ဝဝ
de 12 · 7500 4580 2920
de 8 · 2000 · 1064 · 1936
Balles à Feu 1950 350 · 1600
Grenades 40200 · 3900
36300
Mu
POUR UN SIEGE. 85
FUSÉES A BOMBES
De 18 112 188
300
de 12 2568
7253 . 4685
de 8 2500 II12 · 1388
Fufées à Grenades 46100 30500 15600
Petards de Fonte · 2
Poudre 990000 · 597800 • 392200
Plomb 166000 · 51600 114400
Mêche 161700 43300 1.18400
OUTIL S.
9942
Chevres complettes 9
Triqueballes
Circks
Tirebours
2
Sacs à Terre ·· 30000 23000 70000
2 4
· 150
Cire jaune J 51
Peaux de Moutons 147 • 116 31
Pour Sauciffons
8
Autres Toilles } 25 • • 25
0 +m
Lanternes claires 25 16
Tamis 4 4
Meſures à Poudre • 23 23
De Fer pour Ar- Chaudieres
~
2
MADHAWNO
Entonnoirs 3 3
Baguettes pourcharger lesFufées 1 20 33 87
Gamelles de Bois 14 8 6
s · 4 I
Egrugeoir
Aiguilles à coudre 200 · 158 42
ܚ
ܚ
*
Fil 41. • ·
ថ្មី
Ficelle Iol. • ·
ANAN47
88
Vrilles 24 ·
Bottes de Cercles 6 6
Grils à rougir Boulets · ·
4
Tenailles de Fer .
Cuillieres de Fer .
Seaux de Bois 4
Tirefonds 12 12
Crochets à Bombes 36 · • 36
Mu
$
POUR UN SIEGE. 87
Demoifelles :
14 14 •
Enfonçoirs · 12 • 12
Etoupes 201. 20
CORDAGE S.
Cinquenelles 10 IO
Alonges. 32 0 32
Tables de Chevre 2 O • 2
Prolonges & Travers 581 415 · 166
·
Commandes 589 194 395
Paires de Traits 565 235 330
Menus Cordages 1081. • • 145 35
Cordages de I I
40. Braffes }
Autres de fix Braffes · 20 ·
7 13
Batteaux de Cuivre • 45 · 45
Haquets , avec leurs
50 50
Pouterelles }
Ancres 20 O 20
8 · O
Capeftans
ܘܗ
. Rames 10 · 2
Crocs 10 I •
Maffes de Bois 24 24 ·
Piquets 48 48
Quaiffons pour les
O
Equipages des 6 6
Pontons
Etaim 501. · 50 00
• 00 1
Cuivre jaune 40 40
8 · 8
Forges complettes
Fer en barre 24001. 1325 1075
Acier 50 50 0
រឺ
Limes , Paquets 4 4
Cloux de Fer 1025 1025
Rappe , Paquets I I
Caden ts 6 6
Mu
PREMIER MEMOIRE POUR UN SIEGE.
88
Razieres de Charbon 6 6 • · · 0
24 24 0
Fers de Villebrequins
Curettes 36 36
SE
SECOND MEMOIRE
DE
MUNITIONS
·De 33 · 6 · 6
de 24 66 • O 66
de 16 8 • O 8
de 12 16 0 16
de 8 38 38
de 4 48 48
de 3 14 14
196 196
A FE UTS
De 33 9 2 7
de 24 • 74 15 59
de 16 13 3 10
de 12 • 21 17
de 8 ·
43 42
de 4 56 56
de 3 14 14
230 25 205
M Mu
SECOND MEMOIRE
၄၁
De 33 9 I 8
de 24 93 25 65
de 16 23 II 12
de 12 33 26 7
de 8 74 34 · 4.0
de 4 78 25 • 53
de 3 14 00 · 14
MORTIER S
De 18 Pouces · 3 · 3
de 12 · 32 · 32
de 8 . • 24 24
Pierriers . · 8 8
BOMBE S
FUSÉES A BOMBES
AF FUTS
оо
300600
de Fonte de 18 pouces 3 •
de Fer de 12 • 38 • 38
de Bois de 8 • 26 · 26
Affuts à Pierriers de Bois 10 2 8
Mu
7 POUR UN SIEGE. 91
OUTILS .
10505 · 14167
Bêches 24672
Pelles de Bois ·
3500 2270 1230
ferrées }
1378 452
Pour Canon , Madr. . 1830
riv.
Pr. Plattes -Formes de 100* 100 ooo
à Mortiers Bois
!
218 126 92
Leviers
89 00 89
Coins de Mire
26 26
Couffinets
204 160
Hampes 364
2 4
28
Chevres complettes
20
00
Triqueballes 8
8
Cricks
· 23 23
Tirebours
M 2 Mu
92 SECOND MEMOIRE
m am
8 no300
Pour Sauciflons } de Toille 73 73
4140
Lanternes claires 25
Lanternes fourdes 7 16
to
Tamis
Mefure à Poudre 38 38
Chaudiere de Fer 2 I
29680
Entonnoirs 2 0
Maillets de Bois 10 10
Baguettes à Grenades 41 15
58 12
Fer àBaguettes de }
Autres 46
+8
Gamelles de Bois 4 I • 3
2 6
Egrugeoirs
Aiguilles à coudre 142 142 · 000
Fil 11. 1½l . . 00
Ficelle 61. 41 .. 2
VFilles 12 9 3
Paffe-Boullets de Cuivre 0. 3
20 20
Degorgeoirs
Mouffles de Bois
26 24
avec Poulies
Harnois de Limon 100 10 90
Bottes de Cercle. 56 56 00
Grils à rougir Boulets 7 7
Tenailles de Fer 5 5
Caiffes à Boulets 24 4 20
Cuillieres de Fer 29 5 24
Mu
POUR UN SIEGE. 93
2 0 ·
Chapiteaux
Metail 294 294
CORD AGES.
II I 10
Cinquenelles
50 39 • IF
Alognes
Cables de Chevre 3 O · 3
Prolonges & Travers · 635 402 233
Commandes 700 700 · · 000
Paires de Traits 530 366 • 164
Paquets de menus 00
13 13
Cordages
Batteaux de
Avec 795 Poutrelles Cuivre 110 000 110
·
+380
Tamis 21 17 • 4
Crocs 60 57
Outils à Chaudronniers • 23 15 ·
Fourches de Fer 40 40
Maffes de Bois 20 201 00
Piquets 57 57 00
Caiffons , avec les Equi
4 4 00
pages des Pontons
Soudure 501. 351. · 15
1008
8 0 8
Forges complettes
20001. 1
Fer en Barre I 490 510
Vieux Fer 5881. 000 588
Acier 45 19 26.
Six Paquets de Limes 30 30 00
Cloux de Fer 980 529 · 45.1
Razieres de Charbon 22 22 · 00
M 3 Mu
94 SECOND MEMOIR E.
Caiffons 5 I · • 4
Charettes 25 8 22 · • 236
Chariots couverts 12 00 I2
Effieux de Fer 12 7 5
Paires de Roues
71 31 • •
de Charettes 4
Echelles de Bois 12 00 • 12
Planches de Sapin 1174 137 · • 1037
45550
TROL
TROISIEME MEMOIRE .
DE
MUNITIONS
POUR UN SIEGE .
PIECES
De 33 • 4 7
de 24 · 53 · 53
de 12 22 22
de 8 34 • 34
de 4 36 · 36
149 149
AFFUTS O 1
1
De 33 · 6 4
de 24 59 · 52
de 12 • 27 • 27
de 8 . 41 • 40
de 4 •· 42 • 42
175 10 165
¦
14
BOULLET S
Muni
EME RE
96 TROISI MEMOI
De 33 9 • I · 8
de 24 74 • 3 71
de 12 · 35 2 33
de 8 · 51 II 40
de 4 • 62 II · • 51
231 28 203
MORTIERS
De 18 Pouces 3 · 3
de 12 · 30 · 30
2+
701
de 8 · 24 · 24
+
57 57
+4 • ·
Pierriers . 4 4
O
AFFUTS
~ mo
De 18 Pouces 3 3
0
de 12 · 37 37
de 8 26 26
66 66
BOMBES
Hallebardes 100 9 91
Armes à l'Epreuve 10 0 • 10
OUTILS.
===
Bêches · 20546 7000 13546
Pelles de Bois
1054 587 467
ferrées
Haches · 3500 1000 · 1500
· 9500 2600 • 6900
Serpes
Outils à Mineurs 318 000 318
Outils à Ouvriers 30 000 • 30
à Canon , Madriers 2759 865 1894
à Mortier , Pieces de
· 30 · · 127
de} 157
Bois
90 • · 460
Leviers 550
262 • 00 · · 262
Coins de Mire
00 · • 20
20 ·
Hampes •
10 • 00 10
Chevres complettes
4 • 00 4
Triqueballes 1
5 • 00 5 T1
Cricks
Sacs à Terre • 84000 • 49700 34300
Pierres à Fufil 50000 000 50000
· 4561. • 373 83
Salpetre
Soufre 8901. • 243 647
241 . • 14 · 10
Terebentine
•
5101. • 480 30
Vieiloing
Iol. 10 00
Cire blanche
Chandelle 2701. 270 000
N Mu
EME MEMOIR
E
98 TROISI
Flambeaux de 1
106 26 . 80
Cire jaune }
Peaux de Mouton 78 72 6
Pour Sau- 1 Aunes 1
· 20 20 00
ciffons J de Toille
6842+
MAONO
Lanternes claires 32 26
Tamis 5 5 00
Mefures à Poudre 4.0 00 40
Chaudieres de Fer 2 O •
Entonnoirs 6 2
Baguettes pr . Fu- 1 61 00 61
fées à Bombes j
Gamelles de Bois 9 00 9
Aiguilles à coudre 100 100 · OOD
Fil 11. 11. · 0
Ficelle 61. 6 O
Paffe-Boullets de 1
3 3
Cuivre
CORD AGE S.
II 6 . 5
Cinquenelles
47 36 • II
Alognes
Cables de Chevre 6 I 5
Prolonges & Travers 345 293 · 52
Commandes 529 529 · 000
Paires de Traits 726 396 330
Batteaux de Cuivre • 66 00 66
22 Ос 22
Haquets
Ancres 20 · 20
8 O ·
00
8
2
Capeſtans
Crocs 38 •
Fourches de Fer 42 33 · 9
Cuivre jaune 401. 23 17
Cloux de Cuivre 151. 5 10
6 O · 6
Forges complettes
Fer en barre 415.01. 4150 · 0000
Vieux Fer 2501. 501. • • 200
Mu
POUR UN SIEGE. 99
Acier 21 21 • 00
Paquets de Limes 5 O 5
Cloux de Fer 899 669 230
Quaiffons 6 O 6
Charettes • 000 173.
17
36
Chariots couverts 0 6
N
10