Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
La plupart des linguistes acceptent aujourd’hui les grandes lignes de la classification des
langues africaines proposée par J. GREENBERG (1963) : les débats portent sur des
améliorations de la classification interne des familles ou branches mais ne remettent pas en
cause l’essentiel (notamment pour les groupes dont nous avons à traiter ici).
Les langues africaines se rattachent toutes à quatre grands ensembles linguistiques que nous
appellerons ici phylum. Ce sont :
Il faut bien voir que ces phylums sont de très vastes regroupements fondés sur des rapports de
ressemblances morphologiques et lexicales qu’à ce niveau, seul le linguiste peut percevoir.
Pour fixer les idées, disons que chacun des phylums est du même ordre que la « famille indo-
européenne », qui rassemble en un même stock les langues romanes et slaves, le persan et
l’anglais, le grec et le breton.
- Nombre de langues :
- Nombre de locuteurs :
La famille Omotique. Ces langues sont parlées dans la région du bassin d’Omo en
Éthiopie. Cette famille compte une vingtaine de langues (environ 28) parmi lesquelles
on peut citer :
o le wolaytta,
o le gamo,
o le yemsa,
o le seze,
o le basketto,
o le melo, etc.
- deux genres au singulier, le féminin marqué par le son /t/, et un pluriel invariant en genre
(berbères, béja, égyptien, et sémitiques distinguent le genre au pluriel).
- typologie syntaxique VSO avec tendance SVO.
- un ensemble de consonnes emphatiques, réalisées comme des glottalisées, pharyngalisées ou
des implosives.
- une morphologie dans laquelle les mots sont fléchis au moyen de changements internes
(introflexion) et l'utilisation de nombreux autres affixes.
- La famille des langues berbères possède plusieurs langues en danger (critères UNESCO) :
- le tamasheq compte près de 270 000 locuteurs avec un degré de vitalité : stable
- le tamazight compte près de 3 000 000 locuteurs avec un degré de vitalité : stable
- le tachelhit compte près de 3 000 000 locuteurs avec un degré de vitalité : stable
- le tarifit compte près de 1 500 000 locuteurs avec un degré de vitalité variant de
instable à érodé.
- le siwi compte près de 10 000 locuteurs avec un degré de vitalité : érodé
- le judeo-berbère compte quelques locuteurs avec un degré de vitalité variant de
sérieusement en danger à éteint…
- La famille des langues chamites ou groupe égyptien est un groupe de langue éteint. Ce
groupe a donné naissance à la langue copte.
- La famille des langues tchadiques : une importante partie des locuteurs des langues
minoritaires tchadiques abandonnent leurs langues minoritaires au profit de l’haoussa. C’est le
cas des locuteurs du dulbu, du fyem, du gera, du gura, du kona… qui sont langues en danger.
Il y a aussi :
- le berakou avec pas plus de 2 locuteurs qui ont adopté la langue shuwa ou kotoko à son
détriment. Elle est probablement éteinte aujourd’hui.
- le boor avec moins de 100 locuteurs
- le buso avec entre 40 et 50 locuteurs probablement éteint aujourd’hui.
- le toram avec moins de 4000 locuteurs.
- La famille des langues omotiques dont son appartenance à la famille afro-asiatique fait
l’objet de controverse possède plusieurs langues en danger, non répertoriées pour le moment.
- La famille des langues sémitiques possède probablement des langues en danger qui ne sont
pas répertoriées pour le moment.
-Localisation géographique :
-Nombre de langues :
Le nombre de langues de cette famille est estimé selon les données les plus récentes à 1436
langues (Grimes 1996 ; Heine et Nurse 2000) pour avoir une liste plus ou moins exhaustive de
la classification et des familles et des langues Niger-Congo se référer au tableau de Guillaume
Segerer du LLACAN (en page jointe).
-Nombre de locuteurs :
Près de 360 millions d’Africains parlent des langues de la famille Niger-Congo (Grimes,
1996). D’autres parlent de près de 400 millions de locuteurs (Heine and Nurse, 2000).
Le Niger-Congo se subdivise en une dizaine de sous familles dont les plus importantes sont :
La famille Kordofanien
La famille Atlantique
La famille Mandé
La famille Dogon
La famille Gur
La famille Kwa
La famille Kru
La famille Ijoide
La famille Benue-Congo
La famille Adamawa-Oubanguien surtout localisée en République Centrafricaine ;
La famille Bantoïde :
o Le phylum Bantu, fait partie des sous groupes Bantoïde et est résolument le plus
important et le plus connu de cette famille et même du Niger-Congo. Il compte
entre 400 et 600 langues pour environ 200 millions de locuteurs. Il s’étend depuis
la frontière Camerouno-Nigériane jusqu’en Afrique du Sud excepté le désert du
Kalahari où l’on trouve plutôt une autre famille de langues (Khoïsan). La famille
des langues Bantu constituent aussi l’une des familles de langues les mieux
étudiées et les mieux documentées au monde à l’instar des langues
Indoeuropéennes et Austronésiennes.
b- Caractéristiques linguistiques
- Plus d’une trentaine de langues d’Afrique de l’ouest sont classées langues en danger :
- Nigéria : Bade, Bakpinka, Gera, Kudu-Camo, Kona, Jilbe…
- Côte d’Ivoire : Ega, Eotile, Jeri Kuo…
- Mali : Nemadi, Banka…
- Sierra Leone : Bom, Mmani, Krim…
- Mauritanie : Imeraguen…
La particularité des langues de la famille Niger-Congo est que ce sont des langues non écrites.
La transmission est essentiellement orale. Pour les transcrire de nos jours, les linguistes
utilisent des alphabets phonétiques, dont le plus usité reste l’alphabet phonétique international
(API).
III Le phylum Nilo-Saharien
- Localisation géographique :
La famille nilo-saharienne se localise dans les pays suivants : l’Erythrée, l’Ethiopie, le Kenya,
la Tanzanie, la République démocratique du Congo (RDC), l’Ouganda, le Soudan, l’Egypte,
le Tchad, la République de Centre Afrique (RCA), le Nigéria, le Niger, le Bénin, le Burkina
Faso, le Mali et dans des petits îlots en Algérie, en Lybie et au Cameroun.
- Nombre de locuteurs :
La famille Fur (plus de 500 000 locuteurs). Au Dar Fur et au Soudan. Elle se compose
des langues :
o Fur
o amdang
Berta (environ 100 000 locuteurs). Le berta est un cluster dialectal se localisant au
centre du Soudan et de la frontière Éthiopienne.
Kunama (environ 140 000 locuteurs). Le Kunama est un cluster dialectal localisé au
su sud-ouest de l’ Érythrée.
a- Caractéristiques linguistiques
- Le berta est une langue tonale. Les tons sont marqués par les accents. Elle suit la syntaxe
classique SVO.
- La particularité des langues de la famille Nilo-Saharienne est que ce sont des langues non
écrites. La transmission est essentiellement orale. Pour les transcrire de nos jours, les
linguistes utilisent des alphabets phonétiques, dont le plus usité reste l’alphabet phonétique
international (API).
- Les locuteurs de certaines langues comme le kunama (parlée en Erythrée) compose avec
l’alphabet latin.
IV Le phylum Khoïsan :
Langues parlées à l’origine par les peuples Khoï (Hottentot) et San (Bushmen).
- Localisation géographique :
En Afrique australe, notamment dans les pays traversés par le désert du Kalahari. Cette
famille linguistique est plus importante au Botswana et en Namibie. Par ailleurs, il existe des
langues Khoïsan dans la province du Cap du Nord en Afrique du Sud et au sud de l’Angola,
mais également dans deux îlots en Tanzanie.
- Nombre de langues :
- Nombre de locuteurs :
Le nombre de locuteurs estimé des langues de cette famille est compris entre 200 000 et
300 000.
Elle se compose de trois principales familles toutes localisées en Afrique australe et deux
langues isolées en Afrique de l’est.
La famille Khoïsan du nord. Certaines langues Non-Khoe composent cette famille.
Elles sont surtout localisées en Angola. Ce sont les langues Ju : (!’O)!Xũũ, X’au’e,
Ju|’hoan cluster.
La famille Khoïsan du centre. Cette famille se compose environ d’une vingtaine (20)
de langues Khoekhoe, mais subdivisée en deux principaux groupes.
o Le groupe du nord est composé en autres des langues, Nama/Damara,
Hai’om, Aakhoe cluster, etc ;
o le groupe du sud qui comprend les langues,!Ora (langue éteinte ou en voie
d’extinction).
o Dans cette sous famille du centre, il faut également signaler les langues Khoe
du Kalahari :
A l’ouest: Kxoe, Buga, Ani cluster, Naro cluster, Gana, G|ui, Haba
cluster.
A l’est: Shua, Ts’ixa, Danisi, |Xaise, Deti (éteinte ou ne voie
d’extinction), Kua-Tsua cluter.
La famille Khoïsan du sud. Dans cette famille on trouve comme au nord des langues
non Khoe ; ce sont les langues !Ui-Taa (!Ui et Taa).
o Dans les variétés !Ui on a : |Xam (langue présumée éteinte ou en voie
d’extinction), |’Auni (présumée éteinte ou ne voie d’extinction), Khomani (en
voie d’extinction), Xegwi, etc.
o Dans les variétés Taa on a par exemple les langues :!X cluster, et Kakia (en
voie d’extinction).
o Les autres langues du sud sont les langues du cluster Khoekhoe du Cape (langues
présumées éteintes ou en voie d’extinction).
Le Hadza. En Tanzanie. Langue khoïsan isolée.
Il faut aussi signaler le Kwadi qui est une langue isolée au nord ouest (Angola) de la
zone d’influence de la famille Khoïsan.
a- Nombre de locuteurs
« Il n’est pas aisé de déterminer le nombre de locuteurs du Khoisan, aussi bien pour le passé
que pour le présent. La plupart des estimations chiffrées que l’on trouve dans la littérature
sont périmées, d’une part les récents recensements de population, d’autre part, ont tendance à
ne pas préciser les groupes ethniques ou les langues. En conséquence, on ne peut guère
fournir plus qu’une estimation grossière de 200 000 locuteurs. Ce total inclut, cependant, les
plus de 100 000 locuteurs du groupe Khoekhoe (les sources disponibles donnent des
évaluations qui varient entre 120 000 et 200 000), qui représente de loin la plus grande
communauté linguistique Khoisan et la seule qui soit officiellement reconnue. En deuxième
position, on peut mentionner le sandawe de Tanzanie, qui compte plusieurs dizaines de
milliers de locuteurs. Pour les autres communautés linguistiques, le nombre des locuteurs
s’échelonne de quelques centaines (par exemple le Ts’ixa, le hadza) à plusieurs milliers (!
xõõ, naro, kxoe) ».
(Bernd Heine, Derek Nurse, 2000, « African Languages, An Introduction », p. 127)
b- Caractéristiques linguistiques
- les langues khoisan possèdent des systèmes phonétiques uniques en Afrique qui figurent
parmi les plus complexes au monde
- Langues à (consonnes) clicks.
- Diversité inattendue de voyelles : voyelles glottalisées, dévoisées et pharyngalisées sont
assez communes.
Si l’on sait ou si l’on présume que de nombreuses langues khoisan sont mortes au cours des
siècles précédents, de nos jours, certains des plus petits groupes de locuteurs du Khoisan
semblent être sérieusement menacés d’extinction. Néanmoins, on ne peut déduire
immédiatement de la taille de la communauté linguistique le degré de menace qui pèse sur
elle, car dans certains secteurs, les conditions générales de survie des petites langues sont plus
favorables que dans d’autres. Généralement parlant, les chances de survie ne sont pas bonnes,
du fait des rapides changements sociaux, économiques et politiques en cours, qui
accompagnent le processus de construction nationale (cf. Barnard 1992, Batibo 1998) ».
(Bernd Heine, Derek Nurse, 2000, « African Languages, An Introduction », p. 127)