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Les dernières décennies ont marqué le montre la capacité des opérateurs télé
système bancaire par un phénomène coms à offrir des services financiers et
de désintermédiation accrue (de se substituer aux banques tradition
Vauplane, 2015). La littérature re nelles (Rodmacq, 2016).
gorge d'articles quant aux causes du
phénomène qui trouve ses origines C'est pourquoi nous avons choisi dans
dans les années 80 avec la libéralisa cet article d'analyser ce nouveau tour
tion du marché des obligations d'Etat, nant dans la désintermédiation finan
et puis plus globalement la libéralisa cière au travers du cas du développe
tion du crédit et la titrisation au béné ment du mobile Banking en Afrique.
fice d'un financement accru par le re
cours aux marchés financiers. Mais, L'Afrique est un terrain d'investigation
alors qu'initialement les produits ban particulier pour deux raisons. D'une
caires boudés par les acteurs écono part, la majeure partie de la popula
miques semblaient à l'origine du phé tion africaine n'est pas bancarisée
nomène, la récente et fulgurante évolu mais plus de 75% dispose d'un télé
tion des FinTech semble relancer une phone portable. D'autre part, les in
nouvelle ère de désintermédiation en frastructures bancaires lacunaires cou
s'attaquant cette fois aux « métiers » plées à une réglementation peu
des banques. Ce phénomène est contraignante ont laissé libre cours
flagrant en Afrique où l'émergence de aux opérateurs télécoms dans plu
solutions de paiement comme M-Pesa sieurs pays d'Afrique pour s'imposer
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G e s tio n 2 0 0 0 n o v e m b re -d é c e m b re 2 0 1 7
e t p o u r r a it c o n s id é ra b le m e n t m o d ifie r
les p a ra m è tre s du systèm e b a n c a ire A lo rs q u e d e n o m b re u x c h e rc h e u rs se
tr a d itio n n e l. C o n tra ire m e n t à la s itu a s o n t p e n c h é s sur l'a s p e c t s o c ié ta l et
tio n d e s p a y s d é v e lo p p é s (F roud e t a l., l'in c lu s io n fin a n c iè re c o n s é c u tiv e à
2 0 1 7 ) , c e rta in s a u te u rs p e n s e n t q u 'e n l'é m e rg e n c e du m o b ile B a n k in g en
A fr iq u e , ou g lo b a le m e n t d a n s les p a y s A fr iq u e , c e t a r tic le v ise un a n g le d 'a p
en v o ie d e d é v e lo p p e m e n t, les FinTech p ro c h e d iffé re n t à s a v o ir c e lu i d e son
ne p e rtu rb e n t a u c u n e m e n t le systèm e im p a c t sur l'in te rm é d ia tio n fin a n c iè re
b a n c a ire car le systèm e est quasi e t les a c te u rs fin a n c ie rs tra d itio n n e ls
in e x is ta n t, « FinTech is b u ild in g an in en p la c e . A in s i, nous a v o n s e x p lo ité
d u s try fro m sc ra tc h » (Q u a rtz A fr ic a , une v a ste litté ra tu re e m p iriq u e a fin d e
2 0 1 6 ). J u s q u 'à p ré s e n t les FinTech, c o m p re n d re les fa c te u rs e x p lic a tifs et
m a jo rita ire m e n t d e p e tite s ta ille s , n 'o n t
m e ttre en lu m iè re les d iffé re n ts e n je u x
p a s re m is en c a u s e le systèm e b a n
p o u r les secteurs b a n c a ire e t té lé c o m
c a ir e - au c o n tra ire , e lle s s e ra ie n t un
a fric a in s . N o tre é tu d e m o n tre é g a le
v e c te u r d e le u r d é v e lo p p e m e n t, v o ire
m e n t à q u e l p o in t les in n o v a tio n s te c h
d 'o p tim is a tio n .
n o lo g iq u e s et n u m é riq u e s en A friq u e
fo n t du c o n tin e n t un v é rita b le la b o r a
N ous te n to n s donc d 'a p p o r t e r dans to ire d e re c h e rc h e , n o n s e u le m e n t d ig i
c e t a rtic le d e s é lé m e n ts d e ré p o n s e à ta l et fin a n c ie r m a is aussi ju rid iq u e et
ces q u e s tio n s à p a r tir d e l'é tu d e du ré g le m e n ta ire .
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Les nouveaux modèles de mobile Banking en Afrique : Un défi pour le système bancaire traditionnel ?
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Gestion 2 0 0 0 novembre-décembre 2 0 1 7
Alors que l'Europe et les Etats-Unis per grer le secteur financier informel dans
çoivent les FinTech davantage comme la définition du système financier du
une menace, les pays émergents FMI. Dès lors, l'étude de l'émergence
nuancent leurs propos et sont prêts à du téléphone portable et du mobile
les considérer aussi comme des oppor Banking, et de son impact sur les
tunités. Cet angle d'approche différent banques traditionnelles ou sur les ins
nous interpelle, c'est pourquoi nous truments de politique monétaire, ne
avons choisi l'Afrique pour étudier peut se faire sans tenir compte de cette
cette nouvelle perception de la désin présence omniprésente de la dimen
termédiation financière par les Fin sion informelle du système financier
Tech. Pour ce faire, nous avons choisi africain.
d'analyser le cas particulier du déve
loppement important de la finance mo
Par ailleurs, il est indéniable que le
bile en Afrique, tant cette croissance
secteur financier africain est loin der
est impressionnante.
rière ceux des pays industrialisés en
termes de développement mais aussi
de régulation. En effet, si on se réfère
1.2. Spécificités du système
au cadre international de régulation
bancaire africain
bancaire de Bâle, les pays africains
sont pour la plupart encore en train
La perception différente de l'émer d'implanter Bâle 1. Cependant, de
gence des FinTech et du mobile puis les années 80, de nombreux pays
banking en particulier est compréhen africains ont mis en place d'im por
sible car le système financier africain tantes réformes du secteur financier.
est différent du reste du monde à plu Ces dernières, principalement com
sieurs égards. manditées par le FMI et la Banque
Mondiale, ont eu pour but de restructu
rer et de privatiser les banques, de fa
En Afrique, la désintermédiation est
ciliter l'entrée et la sortie de nouveaux
impactée par une proportion impor
acteurs, de contrôler les taux d'intérêt
tante de l'intermédiation financière in
et le capital des banques.
formelle. Asongu (2015) met en évi
dence le rôle de l'intermédiation finan
cière informelle qui augmente au détri Plusieurs travaux (Levine, 2005 ; King
ment des mécanismes financiers et Levine, 1 9 9 3 ; Calderon et Liu,
formels. Selon lui, les indicateurs clas 2003) ont examiné l'effet de ces ré
siques d'intermédiation financière ne formes sur le développement et la
permettent pas d'étudier correctement croissance économique de l'Afrique.
la situation économique et financière Leur conclusion est que ces développe
en Afrique. Il est donc impératif d'inté ments ont amélioré l'accès des PME
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Hlgh-fncome
OECD economies ESI
Europe &
Central Asia
Latin American EU
&the Caribbean usa
Middie East &
North Africa
South Asia
Sub-Saharan
Africa
0% 20% 40% 60% 80% 100%
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Les nouveaux modèles de mobile Banking en Afrique : Un défi pour le système bancaire traditionnel ?
Q u i régule ? Régulateur fin a n c ie r/b a n c a ire Régulateur des télécom s & fin a n
c ie r/b a n c a ire
Q u i dé tient les com ptes de tra n Banque Telco
saction ?
Source : adapté de Lake A., 2014, Mobile Financial Services, International Finance Corporation, World Bank Group.
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registrement des nouveaux clients, la sées dans leurs points de vente. Grâce
formation de ceux-ci à l'utilisation du à un système parfaitement élaboré et
système ainsi que les opérations de adapté selon les marchés, le nombre
dépôts et de retraits de cash. L'agent d'agents mobile money a considéra
est au centre du fonctionnement. blement crû, dépassant aujourd'hui la
Comme chez Safaricom qui dispose barre des deux millions d'agences en
aujourd'hui de près de 50.000 registrées dans le monde. En Afrique,
agents, le modèle le plus répandu est ils ont quasi totalement remplacé les
celui de l'homogénéité des agents. agences bancaires traditionnelles.
Dans le cas de M-Pesa par exemple,
les agents sont polyvalents, régulière
ment formés, et tous habilités à effec 2) Leurs coûts moins importants que
tuer les trois types de prestations dé ceux du système bancaire
crites auparavant. Cela facilite de fait
Si dès le départ le paiement mobile a
la compréhension du client et renforce
convaincu et connu le succès, c'est
la confiance de ce dernier, face à un
avant tout grâce à la simplicité et au
réseau parfaitement uniforme. D'autres
faible coût des technologies sur les
opérateurs mobiles préfèrent un mo
quels il repose. En effet, la grande ma
dèle plus hétérogène des fonctions de
jorité des services de mobile money en
leurs agents. Dans le cas de MTN Ou
Afrique utilise l'USSD (Unstructured
ganda par exemple, cela se traduit
Supplementary Service Data) comme
par certains agents de terrain ayant technologie. Ce protocole, compa
uniquement la mission d'inscrire des rable à celui utilisé pour l'envoi de
nouveaux clients et d'autres des mis SMS, a pour principal avantage d'être
sions de retrait et dépôt d'argent. La compatible avec 99% des mobiles en
Standard Bank en Afrique du Sud a circulation, notamment les plus bas de
quant à elle opté pour un réseau gamme que l'on retrouve en grand
d'agents, composé de différentes caté nombre sur le marché africain. L'USSD
gories d'entreprises : petits com permet aux clients d'envoyer des ins
merces, agences bancaires, comp tructions de paiement à leur fournis
toirs de paiement de factures. Tous ces seur de service de monnaie électro
agents effectuent des opérations de nique, qui en retour confirme à ces
dépôt ou de retrait d'argent, mais derniers l'exécution de la transaction
chaque catégorie dispose de sa souhaitée. En ce qui concerne les
propre structure tarifaire. Même si ces coûts opérationnels du mobile
modèles diffèrent d'un opérateur à Banking, il apparait que les services fi
l'autre, les agents sont généralement nanciers mobiles coûtent nettement
tous rémunérés par des commissions moins cher qu'un réseau physique
sur l'exécution des opérations réali d'agences bancaires, de 80% à 90%
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Les nouveaux modèles de mobile Bonking en Afrique : Un défi pour le système bancaire traditionnel ?
de moins selon les calculs de McKin- sa, UAP Insurance et Syngenta Foun
sey. Aussi, pour les utilisateurs, cer dation for Sustainable Agriculture.
tains services sont gratuits, d'autres
facturés à des niveaux peu élevés mais
1.4.3. Les faiblesses e t challenges des
rentables sur d'importants volumes. Les
opérateurs télécoms au profit des
tarifs mobiles ont été estimés trois à
banques de détail traditionnelles
cinq fois inférieurs à ceux pratiqués
par les banques et les sociétés de
transfert d'argent telles MoneyGram Au-delà des faiblesses du système ban
ou Western Union (AfDB, 2016). caire traditionnel, nous avons égale
ment identifié un certain nombre d'en
jeux, voire de difficultés pour les opé
3) Leur participation au « sector rateurs télécoms en Afrique en regard
convergence » des banques de détail :
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Source : BMI Research, Africa Mobile Financial Services, Central Bank of Kenya 2015.
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Les nouveaux modèles de mobile Banking en Afrique : Un défi pour le système bancaire traditionnel ?
paiement interentreprises. Les services paiement mobile. C'est ainsi que Mo
de l'intermédiation classique, dépôts neyGram explore les partenariats
et prêts, initialement expertise et avec les opérateurs mobiles. Dès lors,
« chasse gardée » du domaine ban en février 2014 Vodafone et Mo
caire, sont désormais accessibles par neyGram ont créé un système de trans
téléphone portable. fert de fonds de plus de 200 pays vers
les clients de M-Pesa. Mais d'autres
En fait, même si ces services sont pro acteurs du paiement sont également
posés par les opérateurs télécoms, les dans la course. Au Nigéria, Master
institutions bancaires africaines ne card a lancé une « digital ID card »
sont pas hors-jeu puisque jusqu'à pré qui permet à ses détenteurs de rece
sent toujours adossées à un opérateur voir des paiements électroniques de
télécom. Mais l'émergence de ces nou partout dans le monde. Il prévoit main
veaux acteurs a-t-elle malgré tout un tenant le lancement de portefeuilles
impact sur le métier de la banque de électroniques en Afrique.
détail ?
L'émergence des opérateurs télécoms
en Afrique n'a pas que modifié la
2.1.1. Les télécoms s’approprient le
concurrence entre les systèmes de
métier de paiement
paiement, elle a aussi modifié le mé
tier du paiement. En effet, l'agent de
A l'origine, les banques détenaient le l'opérateur télécom, par analogie au
rôle central des paiements. Au système bancaire classique, peut être
jourd'hui les innovations en termes de considéré comme une borne bancaire
paiement sont devenues totalement in humaine et la carte SIM comme l'équi
dépendantes des banques. En particu valent d'une carte de crédit. Un agent
lier, les systèmes de paiement mobile humain remplace l'infrastructure
(M-paiement) mettent en opposition et inexistante ou lacunaire des banques
en concurrence trois acteurs : les éta traditionnelles. A titre d'exemple, un
blissements financiers non-bancaires agent M-Pesa est en réalité un client
de transfert d'argent (Western Union, M-Pesa comme un autre, à la diffé
MoneyGram), les banques classiques rence qu'il dispose de limites de dépôt
et les opérateurs de téléphonie mobile. et de transfert plus importantes qu'un
Western Union et MoneyGram domi client classique. Autrement dit, quand
naient jusqu'alors le marché de trans un client M-Pesa demande à l'agent
fert d'argent en Afrique avant l'arrivée du cash en échange de mobile money,
du mobile money. MoneyGram qui la somme est transférée sur le compte
opère dans 52 pays africains a eu tout M-Pesa de l'agent et le cash que
intérêt à s'impliquer dans le marché du l'agent transfère au client sort de la
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poche de l'agent, et inversement. Ain que le mobile money inciterait les plus
si, les transactions entre un agent et un pauvres à épargner au travers de dé
client sont fondamentalement les pôts automatiques ou de SMS incita
mêmes pour la plateforme que celles tifs. Par ailleurs, Brune et al. (2013)
entre deux clients quelconques, ce qui ont montré qu'au M alaw i les dépôts
confère une grande simplicité au sys de cash via le mobile Banking ont
tème. substantiellement augmenté la produc
tivité des agriculteurs. Schaner (2013)
quant à lui a constaté que, grâce au
2.1.2. Les métiers du dépôt e t du crédit mobile Banking, les femmes kényanes
prenaient davantage part à la gestion
financière du ménage.
Au-delà du paiement mobile, le mobile
Banking s'étend au P2P lending ou
autre plateforme de prêts et Autre signe de son avance dans le do
d'épargne. Ce phénomène n'a pas maine sur le monde entier, l'Etat ké-
épargné l'Afrique. Même si les fonds nyan a lancé fin mars M-Akiba, une
transitent par le système bancaire, ces obligation du Trésor achetable et
nouveaux spécialistes du prêt se substi échangeable exclusivement sur une
tuent au métier traditionnel du ban plateforme de mobile money (Forbes
quier. A titre d'illustration, depuis mars Afrique, 12 avril 2017). Une première
2015, KCB M-Pesa, la plateforme mo mondiale, qui permet au Kenya de se
bile d'épargne et de crédit ouverte en servir désormais des services finan
partenariat avec la célèbre applica ciers mobiles pour lever des fonds di
tion de paiement mobile de Safaricom rectement auprès du grand public. Sur
a permis la délivrance de 10,3 mil les près de 150 millions de shillings le
liards de shillings kényans (88,2 mil vés, 140 millions l'ont ainsi été via M-
lions d'euros) de prêts à court terme (1 Pesa.
à 6 mois) compris entre 10 et 4 0 0 eu
ros, au taux de 4%, 9% ou 12%. Ce L'émergence des opérateurs télécoms
pendant les volumes restent faibles dans la sphère du crédit a donc eu
avec 0,5% des 2 260 milliards de shil pour conséquence d'augmenter les vo
lings de prêts des banques commer lumes de crédits octroyés au secteur
ciales kényanes à fin novembre 2015, privé et aux particuliers. Mais nous at
selon la banque centrale (Polie, tirons l'attention sur un danger sous-
2016). jacent à cette croissance. En effet,
donner l'accès au crédit à une popula
Une étude de la Banque Mondiale tion pauvre ou n'ayant pas accès au
(The Opportunities of Digitizing Pay crédit précédemment, doit être fait de
ments, 2014) tend même à prouver manière responsable et pas à n'im-
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Les nouveaux modèles de mobile Banking en Afrique : Un défi pour le système bancaire traditionnel ?
porte quel taux au risque de créer une Snapscan ou encore Rainfin. Ces nou
nouvelle « credit bubble » comparable velles données vont changer la ma
à celle des subprimes aux Etats-Unis. nière dont un rating de crédit sera at
Alors que le crédit est régulé au travers tribué. A la place des ratios classiques
des institutions financières, il faut s'as de solvabilité ou des historiques de
surer qu'il en va de même avec les crédit, les prêteurs estimeront la proba
opérateurs télécoms. Dès lors, le bilité de défaut d'un client sur base
GSMA et les UN Principles for respon des activités avec son opérateur télé
sable investment ont édicté un « Mo com. Une question se pose alors : ces
bile Money Code of Conduct ». nouveaux critères seront-ils plus équi
tables dans les décisions d'octroi de
crédit ?
Aussi, ce transfert de compétence de
l'agent bancaire à l'agent télécom en
termes d'octroi de crédit ne va pas Enfin, si l'information est correctement
qu'augmenter le volume de prêts et de exploitée, on peut imaginer que la
dépôts dans les économies africaines, meilleure connaissance des clients per
mais il va modifier également le métier mettrait d'accorder un taux plus bas,
du crédit. Le métier du scoring change ou correspond davantage au profil de
de main, et il est légitime de se deman risque des clients. Aussi, ces nouvelles
der si les opérateurs télécoms ont réel données devraient permettre une meil
lement la même expertise que les ban leure transparence et pourraient être
quiers. Toutefois, ils peuvent collecter exploitées par les autorités pour assu
au travers du réseau télécom d'autres rer un contrôle plus efficace du marché
types de données et les exploiter du crédit.
grâce au big data (Lokanathan et
Gunaratne, 2014). Cela pourrait leur
2.2. La régulation bancaire et
conférer un avantage significatif par
des opérateurs télécoms
rapport aux banques, surtout pour des
populations pour lesquelles les infor
mations sont très coûteuses à collecter Traditionnellement, le secteur bancaire
comme pour la population rurale. A est soumis à l'autorité régulatrice des
titre d'exemple, les FinTech internatio autorités monétaires, typiquement la
nales MyBucks et TagPay tirent déjà Banque centrale. Le secteur télécom
les avantages des systèmes d'intelli est de son côté régulé par les autorités
gence artificielle et accèdent aux ser régulatrices des télécoms, en général
vices de « creditworthiness & default issues du Ministère des Communica
probabilities » du marché africain. tions. Dans le domaine des services
Elles sont déjà concurrencées par des bancaires mobiles, le but principal de
FinTech locales comme Kenya FinTech, la réglementation devrait être de ré-
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duire l'ensemble des risques, c'est-à- bile Banking, la plupart des régula
dire ceux qui sont hérités de la teurs africains - qu'ils soient des
banque, ceux provenant des télécoms, Banques centrales ou des organismes
ainsi que les nouveaux risques propres gouvernementaux - ne font que déli
aux services bancaires mobiles. L'inno vrer (ou non) des licences bancaires et
vation numérique rend poreuse la seg rien de plus. Il existe donc une lacune
mentation des secteurs d'activités et réglementaire qui crée des opportuni
par conséquent de leur régulation. En tés pour certains opérateurs télécoms
particulier, la gestion de la concur ou FinTech pour exploiter les consom
rence ne peut donc plus se limiter à mateurs sans méfiance, en particulier
une zone géographique, un secteur, les Africains défavorisés. Par exemple,
une filière précise ou encore une la plupart des pays africains n'ont pas
chaîne de valeur spécifique. Ainsi, de réglementation pour les prêts sur
particulièrement en Afrique, la dé salaire par les fournisseurs de prêts en
marche traditionnelle de régulation ligne, ou FinTech qui peuvent exploiter
par secteur ne semble plus adéquate les emprunteurs analphabètes en les
pour ce type de service. Cette innova attirant dans des facilités de crédit
tion disruptive que connait l'Afrique coûteuses. Par conséquent, il est pri
apparait alors comme une opportunité mordial que les régulateurs africains
de construire ce que sera le cadre de développent des environnements régle
régulation de l'économie numérique mentaires robustes dans le mobile
du futur. En cela l'Afrique est non seu Banking pour protéger les consomma
lement un laboratoire digital, mais teurs et établir des règles saines de
aussi un laboratoire de recherche juri concurrence. Cela favoriserait l'expan
dique suggérant des démarches et des sion de cette industrie en attirant da
dynamiques nouvelles et innovantes vantage d'investissements et en recon
face à une innovation sans frontière et naissant que leurs droits sont protégés.
transversale (LABS-NS Avocats,
2016).
De plus, la réglementation prudentielle
des banques utilisant les lignes direc
Parmi les défis à relever, nous avons trices de Bâle 2 ou antérieures vise à
identifié les quatre problèmes princi limiter le risque de faillite des banques
paux suivants : la gestion des licences et ses conséquences pour les clients.
bancaires et la réglementation ban Mais ces règlements ne s'appliquent ni
caire, la création monétaire, la protec aux institutions de microfinance ni aux
tion des données, et la lutte contre le opérateurs de télécommunications.
blanchiment d'argent.
Puisqu'il y a une concurrence intense
dans le secteur télécom, qu'arrive-t-il si
En Afrique, en ce qui concerne le mo un opérateur télécom décide d'en sor-
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Ainsi, au regard des différents facteurs fets positifs. Reste à voir dans quelle
étudiés et mis en valeur dans cet ar mesure ces collaborations sont envisa
ticle, il apparaît que la situation en geables dans les pays développés.
Afrique est caractérisée par une faible
réglementation et une infrastructure
bancaire déficitaire. Cette situation a
favorisé l'entrée de nouveaux acteurs
Références
comme les sociétés de téléphonie mo
bile. A l'heure actuelle, ces acteurs ne Aker, J.C., & Mbiti, I., M., (2010). Mobile
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lity : A digital ecosystem to drive healthy mar
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