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I.

PERSPECTIVE ET RECOMMANDATIONS
Aux termes de cette étude sur le dialogue social à Madagascar, nous avons pu appréhender
plus avant les perceptions et les préoccupations concernant la performance du dialogue
social au niveau national dans le pays. Et le constat est qu’il est important et urgent de
procéder à un renforcement de capacité pour que le dialogue social soit fonctionnel et
puisse remplir son rôle1.

Il faut ainsi procéder à un renforcement de capacité sur deux niveau : d’abord au niveau des
individus et des organisations (1), ensuite au niveau institutionnel (2). De cette manière il
sera alors plus facile de créer un environnement réellement favorable à l’amélioration des
mécanismes et processus du dialogue social (3).

1. Renforcement de la capacité des acteurs du dialogue social

S’agissant de la mise en œuvre du dialogue social dans le secteur privé, les acteurs
tripartites sont quasiment unanimes en reconnaissant la nécessité de recentrer le débat sur
ce que l’on entend vraiment par dialogue social tripartite au sens ou l’OIT le définit.
L’atelier de validation a en effet permis de constater que de part et d’autre, le concept n’est
pas encore très bien assimilé par les différents acteurs et prête à confusion quant à ses
objectifs principaux. En effet, le dialogue social n’est pas que revendication, le dialogue
social n’est pas la manifestation du pouvoir exorbitant du droit commun, le dialogue social
n’est pas un faire-valoir ou une formalité servant des intérêts particuliers d’un des acteurs.

Ainsi, l’une des principales recommandations de l’étude est de commencer par une
formation visant à rehausser la capacité de dialogue de chaque acteur (a), ce qui leur
permettra d’instaurer un sentiment de confiance et de respect. Mais le renforcement de
capacité des acteurs du dialogue social doit également passer par la maitrise des textes en
vigueur en la matière (b), des formations en ce sens doivent aussi être envisagées.

a) Rehausser la capacité de dialogue des acteurs du dialogue


social

S’il est vrai que les représentants des employeurs, les agents de l’Administration du
Travail, de même que certains représentants des travailleurs reçoivent régulièrement des
formations sur le sujet ou s’informent continuellement sur son évolution, un renforcement
de capacité dans la pratique et la mise en œuvre de ce dialogue social n’aura que des
impacts positifs sur la qualité de ce dialogue.

1
C’est-à-dire faciliter le consensus sur les politiques de l’emploi et l’adaptation aux transformations
structurelles ayant une incidence sur le marché du travail ; éclairer les politiques qui ciblent des industries et
des secteurs spécifiques ayant un fort potentiel pour l’emploi ; Et faire participer efficacement les
organisations d’employeurs et de travailleurs à l’élaboration de politiques et de programmes en faveur de
l’emploi.
En effet, les bonnes formations et mises-à-jours des acquis permettront à tous les acteurs de
se doter d’un état d’esprit plus propice à un dialogue social apaisé, c’est-à-dire efficace.
Que ce soit du côté du gouvernement ou de celui des organisations des employeurs et des
travailleurs, le principe selon lequel tous les acteurs doivent s’engager dans des
consultations ou des négociations sur un pieds d’égalité doit être parfaitement intégré.

Cela signifie que le point de vue de chaque acteur dans le dialogue social doit être pris en
considération de la même manière. Cela permettra d’instaurer sur le long terme un
sentiment de respect et de confiance. Il leur sera alors plus facile d’aborder les
consultations et les négociations avec un état d’esprit gagnant-gagnant qui leur permettra de
faire des choix et d’accepter des compromis afin de parvenir à un consensus. Il leur sera
plus facile de faire des concessions, et ainsi exprimer une volonté de « donner et de
recevoir », afin d’aboutir à une négociation où chacun y trouve son compte.

Plus particulièrement du côté du Gouvernement, il doit encourager les échanges


d’information, essayer de trouver un appui à ses politiques; et accepter le défi qui consiste à
ce que certaines étapes du processus de décision politique soient partagées avec les
principales parties prenantes de la société

Pour rehausser la capacité de dialoguer, la première étape consistera bien évidemment en


l’identification pour chaque groupe d’acteurs de la nature de l’appui technique dont ils ont
besoin pour pouvoir soutenir un dialogue social de qualité, capable de relever le défi et de
résoudre tous les problèmes liés au monde du travail. Avant même de s’avancer à
promouvoir la pratique du dialogue social, l’identification de ces besoins en formation et la
mise en œuvre des formations pour chaque partenaire constituent autant de préalable
nécessaire pour que ce dialogue soit optimal et qu’il tienne ses promesses.

Car, ainsi que l’a si bien souligné Secrétaire General du Ministère du Travail, de l’Emploi,
de la Fonction Publique et des Loi Sociales lors de son allocution durant l’atelier de
validation, la qualité dialogue social dépend essentiellement de la capacité de chacun des
acteurs qui la met en œuvre.

b) Renforcer la maîtrise des textes

Le renforcement des capacités des acteurs doit aussi passer par une maitrise des textes en
vigueur. Au cours de nos consultations et ors de l’atelier de validation, la question de la non
maîtrise des textes relatifs à la mise en œuvre du dialogue social a été évoquée à maintes
reprises. Or, cette non maîtrise des tetes engendre des lacunes dans la la compréhension des
textes et les compétences nécessaires à leur mise en œuvre, compromettant ainsi la mise en
œuvre du dialogue social lui-même.

Tous les intervenants que nous avons pu entendre dans le cadre de nos consutations, ainsi
que dans le cadre de l’atelier de validation ont ainsi insisté sur la nécessité d’apporter des
améliorations en matière de vulgarisation et d’information. De cette manière, tous les
acteurs du dialogue social sauront avec précision que sont les rôles et les responsabilités de
chacun et ce qui est attendu de chaque groupe pour qu’il puisse participer de manière
efficace au dialogue social.
Un effort de vulgarisation du cadre normatif du dialogue social doit ainsi être déployé dans
les meilleurs délais auprès de la population cible : tous les représentants du gouvernement
qui ont un rpole à jouer dans le dialogue social (notamment ceux qui sont représentés au
niveau du CNT), les partenaires sociaux ainsi que les partenaires sociaux élargis.

Devront être impérativement inclus dans l’effort de vilgarisation les acteurs du secteur
informel. En effet, s’il comprennent mieux les textes qui encadrent le dialogue social et
tous les aspects du monde du travail, ils comprendraient aussi toutes les protections
auxquelles ils pourraient prétendre au sein d’une structure formelle, ils se focaliseraient
moins sur les responsabilités fiscales qui leur incomberaient et seront plus enclins à
emprunter la voie de la formalisation. En effet, en l’état actuel des choses, il est difficile
pour les acteurs du secteur informel (employeurs comme travailleurs) d’envisager la
formalisation, ou même d’adhérer à une organisation syndicale, car ils n’en comprennent
pas les implications sur le plan social.

Impliquer les acteurs du secteur informel dans l’effort de vulgarisation des textes pourrait
aussi atténuer la méfiance des autres acteurs traditionnels du dialogue social et le rendre
plus perméables à l’idée d’inclure le secteur informel dans le dialogue social tripartite. En
effet, que ce soit pendant les consultations ou lors de l’atelier de validation, des
préoccupations ont été eprimées sur la pertinence d’inclure les acteurs du secteur informel
dans le dialogue social dans son état actuel, notamment par les organisations des
employeurs. En effet, le risque pour eux est que cette inclusion ne pousse finalement les
acteurs du secteur informel à cristalliser leur situation en marge de toute règlementation et
donc de bénéficier de toutes les retombées positives du dialogue social sans avoir
finalement à assumer les responsabilités qui incombent aux acteurs du secteur formel. Ce
qui au final constituerait une sorte de concurrence déloyale envers les entreprises qui ont
fait l’effort de se formaliser et de se conformer aux lois en vigueur avec tout ce que cela
implique en termes de charges.

Mais comme e secteur informel constitue 93% des emplois créés à Madagsacar, les exclure
du dialogue serait contreproductif, et leur implication dans l’effort de vulgarisation du
cadre juridique du dialogue social pourrait constituer une passerelle pour parvenir à leur
inclusion progressive dans le dialogue avec pour but ultime de les attirer dans la
formalisation.

2. Le renforcement des structures du dialogue social

Il a aussi été établi lors de l’atelier de validation l’urgence de mettre en place les structures
qui doivent animer le dialogue social au niveau régional. On parle bien ici des CRTT ces
structures sont indispensables pour pouvoir consulter les acteurs du dialogue social à la
base.

Le CNT doit ainsi se montrer diligeant et initier la création de ces CRTT (ainsi que le
prévoit l’article 13 du decret N° 2017-843 Portant création d’un Conseil National du
Travail et des Conseils Régionaux Tripartites du Travail). Car la présence de ces
démembrements du CNT au niveau régonal est vraiment la garantie de l’existence du
dialogue social à la base : c’est-à-dire au niveau régional et sectoriel.
La mise en place de ces sstructures permettra la mise en place d’un mécaisme « bottom-
up », qui permettra de faire remonter toutes les attentes et les besoins des acteurs du
dialogue social à la base jusqu’au CNT. De cette manière tous les acteurs du dialogue social
national seront effectivement et réellement inclus dans l’ensemble du processus de prise
décision.

Une fois ces structures mises en place, il sera aussi beaucoup plus facile de définir des axes
stratégiques pour conduire les activités du CNT.

Et concernant ces axes stratégiques justement, il serait beaucoup plus productif de définir 3
ou 4 grandes axes par an dans le cadre des missions du CNT. Ces axes stratégiques seront
bien évidemment décidés sur la base d’un thème de travail qui aura été décidé en amont en
cosultant la base. Ils serviront ensuite de base pour l’élaboration des plans d’action du
CNT.

Mais pour que la mise en place des CRTT, la consultation régulière de la base,
l’établissement des axes stratégiques et l’élaboration des plans d’action soient faisables, le
CNT doit bénéficier d’un budget qui lui permettra d’avoir les moyens de ses ambitions.
L’OIT préconise d’ailleurs l’allocation d’un poste spécifique, indépendant des autres
affectations budgétaires de l’administration du travail ou de tout autre ministère en faveur
des institutions du dialogue social. Cela lui garantira également dans les fait une
indépendance réelle.

3. L’amélioration des processus du dialogue social

En plus du renforcement de capacité à l’endroit des acteurs du dialogue social et celui de


ses institutions, le processus du dialogue social doit aussi bénéficier d’un effort
d’amélioration. Et cela concerne essentiellement deux points.

a) Sur la question de la représentativité

Lors de l’atelier de validation, l’importance de la représentativité a été bien intégré par tous
les participants. Et c’est bien conscients de l’importance de cette représentativité que les
acteurs présents à l’atelier de validation ont souligné l’idée qu’il serait plus pertinent pour
les différents acteurs membre du CNT de communiqué sur la représentativité au sein de
chage groupe de partenaires.

Pour que tout le monde soit au même niveau d’information et puissent s’assurer de la réelle
portée des décisions prises au niveau du CNT, des communications devraient être faites sur
les règles de la représentativité. De même communiquer sur les membres qui sont investis
par les groupes du mandats de les représenter et d’être ferme sur cette question de
représentativité pour que cela ne constitue pas un facteur de blocage par la suite, au
moment de la mise en œuvre des décisions prises.

De même, il a été exprimé la nécessité d’avoir d’autres interlocuteurs que le Ministère de


l’Emploi de la Fonction Publique et des Lois Sociales au sein du CNT. En effet, le dialogue
social est un instrument qui n’est pas seulement destiné à traiter des questions de relations
de travail et d’emploi, il peut aussi être utilisé pour tout ce qui est question de politique
économique, création d’emploi. De vastes sujets qui nécessitent l’intervention de tous les
ministères représentants l’Etat au sein du CNT et qui ne peuvent être

même si c’est le ministère le plus à même de représenter le Gouvernement pour tout ce qui
est des questions relatives à l’emploi, les 15 autres Ministères représentant l’Etat au sein du
CNT ont tous un rôle très important à jouer dans les questions de la politique de l’emploi,
mais aussi celles de la politique économique pour faire face à la crise économique ou pour
accompagner toutes les transformations du monde du travail prenant en compte des
tendances particulières des évolution technologique, de la démographie ainsi que des
changements climatiques. Autant de nouvelle données que nécessitent l’intervention de
toutes les expériences pour façonner un dialogue social réellement dynamique.

b) Sur la communication

La communication est l’un des points sur lesquels les participants à l’atelier de validation
ont particulièrement insisté.

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