Vous êtes sur la page 1sur 7

Ressources documentaires.

Évaluation environnementale des politiques et programmes de développement –


Module 3

Module 3 : Étude d'impact environnemental et social – participation du


public
Georges LANMANKFANPOTIN

Table des matières

Séquence 1 : Définition, objectifs et niveaux d’expression .................................................. 2


Séquence 2 : Avantages de la participation publique, outils mobilisés et acteurs impliqués 3
Séquence 3 : Bonnes pratiques internationales de la participation du public dans l’EIES ..... 4
Annexes documentaires .................................................................................................... 6

1
Ressources documentaires. Évaluation environnementale des politiques et programmes de développement –
Module 3

Séquence 1 : Définition, objectifs et niveaux d’expression


Bonjour et bienvenue dans cette première séquence du module, sur une des démarches clés du
processus d’études d’impacts : la participation du public. On le sait désormais, la participation du
public est un des aspects les plus critiques en évaluation environnementale. Celle-ci détermine
souvent, si un projet connaîtra une insertion harmonieuse dans le milieu local ou national, ou si, au
contraire, il sera mal adapté au milieu social et humain, ou même rencontrera une opposition
acharnée.
Dans cette séquence, nous parlerons essentiellement de ce qu’est la participation du public, ses
objectifs et les différentes formes qu’elle peut revêtir.
Par participation publique, on entend l’engagement du public (affecté ou intéressé) dans le
processus de prise de décision d’une organisation, sur une intervention planifiée (que ce soit un
projet ou un programme). La participation est indispensable pour tendre vers de meilleurs projets,
un meilleur développement et une gouvernance collaborative. C’est pour ça d’ailleurs, qu’elle
requiert l’établissement d’une communication efficace.
La participation du public, telle que nous l’abordons en évaluation d’impact, est un élément essentiel
de la démocratie participative et qui inscrit l’action autonome des citoyens dans le cadre de
processus convenus avec les décideurs, qui les invitent à contribuer par leur position à la prise de
décision dans la pratique de la démocratie directe, qui peut se faire « sur invitation » (le droit d’être
entendu) ou « par action autonome » (le droit de s’exprimer).
Ses objectifs peuvent être :
• d’informer et éduquer les acteurs sur l’intervention planifiée et ses conséquences
• de recueillir des données et de l’information du public en rapport avec son environnement
biophysique et humain, ses relations avec cet environnement
• de chercher la contribution du public sur l’intervention, incluant les façons de réduire les
impacts négatifs, d’accroitre les retombées positives et de compenser pour les effets non
atténués ou les impacts résiduels
• de contribuer à une meilleure analyse des propositions, conduisant à un développement plus
créatif, durable et plus accepté par la population.

Vous avez compris que, dans le processus d’évaluation d’impacts, il est important de bien cerner le
degré d’emprise sur la décision que l’on souhaite laisser au public « consulté ». Une façon de le faire
est de partir de la Typologie à 8 échelons d’Arstein, où la participation pourrait être assimilée à de :
- la manipulation et de la thérapie, donc la non-participation, lorsque dans le processus
d’étude d’impact, le promoteur et ou son bureau d’étude se contente de considérer le public
comme une enveloppe vide à remplir de connaissances sur le projet ou pis encore, comme
des figurants dans un processus où les décisions semblent être prises à l’avance ;
- l’instrumentalisation quand il s’agit d’une simple information et au meilleur des cas, d’une
consultation ou d’une participation accessoire à des comités ;
- elle pourrait être aussi assimilée au partenariat, à la délégation de pouvoir et au contrôle
citoyen, seul échelon qui offre au public dans toute sa diversité, la possibilité d’une
participation pleine et entière au processus décisionnel, par l’octroi d’un pouvoir plus
important dans la prise de décision sur le projet.

2
Ressources documentaires. Évaluation environnementale des politiques et programmes de développement –
Module 3

Alors, plus la participation se situe en haut de l’échelle, plus les citoyens ont l’assurance que leur
opinion sera intégrée à la décision et appliquée dans l’intérêt des communautés
La séquence 1 est à présent terminée. Je vous remercie et vous invite à me suivre dans la séquence 2
qui portera sur quelques outils mobilisés en participation du public. N’oubliez pas de consulter le
chapitre 5 de votre manuel, aux pages 76 à 91. (Voir les annexes documentaires pour le lien du
manuel)

Séquence 2 : Avantages de la participation publique, outils mobilisés


et acteurs impliqués
La participation publique et, ultimement, l'implication du public très tôt dans le processus de prise de
décision permet d’éviter d’éventuels conflits, de faire émerger des solutions créatrices nouvelles et
d'accroître l’engagement communautaire vis-à-vis du projet. Elle permet ainsi :

• de mieux informer le public et le décideur, puis de rejoindre un large auditoire


• de mieux apprécier les intérêts en présence
• de conclure des accords et d’éviter les recours judiciaires
• d’établir une confiance mutuelle par une prise de décision facilitée et plus acceptable par les
citoyens
• et d’assurer l’apprentissage mutuel des acteurs.

Pour atteindre les objectifs de participation que nous avons examinés dans la Séquence 1, divers
outils sont mis à la disposition des spécialistes en évaluation environnementale. Certains sont
mobilisés par le promoteur lors de la réalisation des études et d’autres par l’administration de
gestion de l’environnement en phase d’examen. Ces outils peuvent être :

3
Ressources documentaires. Évaluation environnementale des politiques et programmes de développement –
Module 3

- les focus group, le théâtre participatif, les sondages d’opinion, les assemblées de citoyens et
le comité consultatif de citoyens, essentiellement utilisés au cours de la réalisation de
l’étude.
- il y a aussi la médiation, l’enquête publique, l’audience publique, la consultation ciblée et le
dialogue environnemental ; comme l’analyse environnementale participative communément
appelée validation ou tout autre réunions multi acteurs (on parle de comités techniques,
d’ateliers, de groupes de travail).

Aujourd’hui, le développement des réseaux sociaux numériques a créé de nouveaux lieux de


discussion qu’il serait nécessaire, pour les spécialistes en évaluation d’impact que vous êtes,
d’apprendre à utiliser pour accroître la participation du public. Il vous faudra donc développer
l’intelligence de leurs codes de communication, pour les utiliser aux étapes appropriées du processus
d’évaluation d’impact. De façon non limitative, les outils dédiés de cet espace qui peuvent être mis à
contribution sont les blogs, les forums en ligne, les sites participatifs, YouTube, Facebook, Instagram,
Twitter, LinkedIn, etc.
Souvenez-vous, dans la quête d’une bonne participation du public, nous devons constamment
rechercher les outils les plus porteurs et les mieux adaptés au contexte de l’insertion du projet. Nous
serons ainsi amenés à rechercher et à mobiliser des outils autres que ceux cités précédemment, mais
souvent qui ne sont pas formalisés et enchâssés dans les règlementations de nos pays. Ce sont
souvent des outils de communication ou de règlement des conflits utilisés dans les milieux
communautaires par les populations non alphabétisés en français. Vous devez reconnaître les règles
d’utilisation et les respecter scrupuleusement lors de l’interaction avec les divers publics.
Qu’en est-il maintenant des acteurs et de leur rôle ? Notez que les rôles et responsabilités dans la
participation du public sont différenciés. Conséquemment, les acteurs de la participation sont aussi
hétérogènes et défendent des intérêts différents. Ces acteurs sont :
- les citoyens dont il faut saisir les attentes, les enjeux qu’ils considèrent comme importants, et
s’adapter à leurs besoins.
- les groupes organisés et associations de la société civile (ONG, groupes communautaires,
d’affaires, professionnels, confessionnels, propriétaires terriens et développeurs, etc.)
auxquels il faut porter attention au bagage émotionnel et aux conditions de revirement de
position.
- le promoteur et ses équipes qui doivent démontrer leur crédibilité et professionnalisme.
- les agents gouvernementaux (employés de l’État, élus autres départements du
gouvernement local, agences de financement, agences de régulation) qui sont à la fois des
sources et des ressources pour assurer la qualité du processus et l’intégrité de la procédure.

Séquence 3 : Bonnes pratiques internationales de la participation du


public dans l’EIES
Les spécialistes au niveau international ont défini des principes pour établir les bonnes pratiques en
matière de participation du public. Je rappelle à grands pas ici les principes fondateurs selon lesquels,
la participation devrait être :
- adaptée au contexte : respect des institutions sociales, des valeurs et culture de la
communauté ;

4
Ressources documentaires. Évaluation environnementale des politiques et programmes de développement –
Module 3

- informative et proactive : respect du droit à l’information de public et offre adaptée et


appropriée de l’information ;
- adaptative et communicative : reconnaissance de l’hétérogénéité du public et adaptation des
modes de communication ;
- inclusive et équitable : respect de tous les segments, quelle que soit leur situation
socioprofessionnelle ;
- éducative : adoption de comportement respectueux des relations interpersonnelles, des
valeurs et des us et coutumes ;
- coopérative : promotion du dialogue constructif et coopératif entre participants au processus
consultatif ;
- imputable : prise en compte des résultats du processus participatif dans la décision et
reddition de compte au public de sa contribution à la prise de décision.

Ces principes montrent que dans la pratique contemporaine d’études d’impact environnemental et
social : 1) La participation doit être continue tout au long du processus d’ÉE ; 2) Elle doit être
optimisée aux moments opportuns ; 3) Elle ne s’improvise pas, mais requiert des dispositions de
dialogue, d’ouverture et de transparence entre les participants ; 4) La confiance du public envers le
processus repose sur des critères de franc-jeu et sur le sentiment que leur intervention influera sur la
décision.
Alors, pour tendre vers une participation publique harmonieuse, il faut sept conditions essentielles :
1. Accepter et amener à s’engager tous les acteurs légitimes, y compris bien sûr le public
2. Planifier soigneusement la démarche de participation et communication, et évaluer les
efforts consentis
3. Écouter les préoccupations spécifiques du public, en cours de participation
4. Manifester de l’honnêteté, de la franchise et de l’ouverture, pour la personne menant
l’exercice
5. Agir en coordination avec les divers organismes impliqués et en collaboration avec tous les
experts pertinents
6. Rejoindre les attentes des médias, notamment par la diffusion d’information et le respect de
leurs échéances
7. Et, pour les personnes actives dans la participation, s’exprimer de façon claire et faire preuve
d’attention

On comprend que, la décision issue d’une participation harmonieuse devrait conduire à une situation
de type gagnant – gagnant, dans laquelle l’ÉIE est utilisée comme élément de négociation, où elle
permet d’atteindre : le compromis simple, l’échange de concessions mutuelles, l’adjonction de
contreparties ou de compensation, la création d’options nouvelles et la transformation du projet ou
de la situation négociée.
Au terme de toute démarche de participation, il est nécessaire d’en faire une évaluation. Demandez-
vous alors si :
- vous avez exploré les solutions créatives et utilisé les diverses techniques pour aborder les
enjeux soulevés par le projet
- vous avez bien identifié et satisfait les préoccupations et attentes des publics
- vous avez recherché et recueilli les commentaires éclairés des parties intéressées
- vous avez établi des mécanismes pour recueillir les demandes d’information et y apporter les
réponses adéquates à bonne date et à bonne heure.

5
Ressources documentaires. Évaluation environnementale des politiques et programmes de développement –
Module 3

Sur ce, je vous remercie de votre aimable attention et vous invite à consulter le chapitre 5 de votre
manuel, aux pages 76 à 91. (Voir les annexes documentaires pour le lien du manuel)

N'oubliez pas de retourner sur la plateforme de formation pour répondre au


questionnaire d’évaluation et valider vos connaissances ! C’est nécessaire si vous
souhaitez obtenir votre attestation en fin de session.

Annexes documentaires

Manuel de la formation : Institut de la


Francophonie pour le développement durable et
Université Senghor, 2019, Évaluations
environnementales des politiques et projets de
développement [Sous la direction de Yelkouni,
M. et E.L. Ngo-Samnick]. IFDD, Québec, Canada,
272 p.

Cliquer sur l’image pour y accéder

Atlas complémentaire à la formation : Institut


de la Francophonie pour le développement
durable, 2019, Cartographie de l’évaluation
environnementale et sociale dans la
Francophonie [Sous la direction de Reveret, J-P.
et E.L. Ngo-Samnick]. IFDD, Québec, Canada,
224 p.

Cliquer sur l’image pour y accéder

6
Ressources documentaires. Évaluation environnementale des politiques et programmes de développement –
Module 3

Ressource complémentaire : Institut de la


Francophonie pour le développement durable,
2016, Guide méthodologique sur l’intégration
du genre dans les évaluations
environnementales [Sous la direction de
Abdoulhalik, F.]. IFDD, Québec, Canada, 112 p.

Cliquer sur l’image pour y accéder

Ressource complémentaire : Institut de la


Francophonie pour le développement durable,
2013, La participation publique en évaluation
environnementale en Afrique francophone [Sous
la direction de Abdoulhalik, F.]. IFDD, Québec,
Canada, 162 p.

Cliquer sur l’image pour y accéder

Vous aimerez peut-être aussi