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REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

Paix – Travail – Patrie Peace – Work – Fatherland


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UNIVERSITE DE DOUALA UNIVERSITY OF DOUALA

MASTER PROFESSIONNEL EN EVALUATION DES PROJETS - NIVEAU 2

METHODES D’EVALUATION PARTICIPATIVE

Par
Pr. NLOM Jean Hugues
Economiste

Février 2024

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Il est désormais largement admis que le développement participatif - qui permet aux utilisateurs
et aux collectivités d'intervenir dans le processus de développement à tous ses stades - est d'une
importance primordiale si l'on veut obtenir des résultats durables. En répondant aux besoins tels
qu'ils sont ressentis et en faisant participer de près les intéressés à tous les aspects d'un
programme, le développement participatif crée chez les utilisateurs le sentiment de « propriété
», de responsabilité et le désir de gérer eux-mêmes les services et d'y investir leurs ressources.

Dans la mesure où il ouvre et élargit le processus de développement, le développement


participatif exige de nouvelles approches en matière de planification et pose de nouveaux défis.
A l'échelle du gouvernement, le développement participatif implique une profonde réorientation
institutionnelle de la part des pouvoirs publics pour que la demande locale reçoive la suite
appropriée et pour donner aux collectivités les moyens d'agir. A l'échelle des programmes, il
n'est plus possible d'établir à priori des plans types détaillés, étant donné que les décisions sont
prises conjointement avec les collectivités. La solution des problèmes repose sur le principe du
partenariat et non pas sur la recherche d'une unique bonne réponse. Cette approche donnant aux
gens et aux collectivités davantage de choix, elle garantit une plus grande ouverture.

La gestion participative exige des techniques de planification plus fluides et évolutives. Une
des principales difficultés consiste à intégrer dans ce processus un mécanisme qui permette au
fur et à mesure de tirer des enseignements, d'apporter les rectifications voulues et d'adapter la
démarche suivie. Pour ce faire, il faut un ensemble d'objectifs clairs et d'indicateurs d'efficacité
qui reposent sur les principes de la transparence et de la participation et qui puissent faire l'objet
d'un suivi et d'une évaluation. Ce que les gestionnaires doivent décider avant tout, c'est l'objet
de ce suivi et de cette évaluation et les procédés à utiliser.

Ce cours apporte aux décideurs, aux gestionnaires et aux responsables de la planification et de


l'évaluation des idées sur les techniques participatives et les indicateurs qu'ils peuvent employer
pour faire participer à l'évaluation des programmes les membres de la communauté et d'autres
personnes intéressées.

 Chapitre 1 : Qu’est-ce que l’évaluation participative ?


 Chapitre 2 : Les méthodes participatives de diagnostic, d’analyse et de planification des
projets
 Chapitre 3 : Suivi et Evaluation Participatifs

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Bibliographie

 Booth W., Ebrahim R. et Morin R. (2001). Participatory Monitoring, Evaluation and


Reporting: An Organisational Development Perspective for South African NGOs,
Braamfontein, Pact/South Africa
 Case D’Arcy D. (1990). The community’s toolbox: The idea, methods and tools for
participatory assessment, monitoring and evaluation in community forestry, Bangkok,
FAO Regional Wood Energy Development Programme,
(www.fao.org/docrep/x5307e/x5307e00.htm)
 DEEPA NARAYAN (1994). Evaluation participative : outils pour gérer le changement
dans l’approvisionnement en eau et l’assainissement, Banque Mondiale, Washington
DC
 Pahl-Wostl C. (2002). Participative and Stakeholder-Based Policy Design, Evaluation
and Modeling Processes, Integrated Assessment 3(1): 3-14, 2002
 UNDP (1996). Participatory Evaluation in Programmes Involving Governance
Decentralisation: A Methodological Note, (non publié)
 USAID (1996). Center for Development Information and Evaluation, Conducting A
Participatory Evaluation, Performance Monitoring and Evaluation TIPS, n° 1
 Zimmermann A. et Engler M., Process Monitoring (ProM), Work document for project
staff, Eschborn, Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit

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CHAPITRE 1 : QU’EST-CE QUE L’EVALUATION
PARTICIPATIVE ?

L'évaluation participative est un processus visant à résoudre les problèmes par la collaboration
et par la création et l'utilisation du savoir. C'est un processus qui amène à prendre des mesures
correctives en faisant participer les utilisateurs de tous les niveaux à une prise de décisions
collective. Le plus important dans l'évaluation participative est que l'on utilise, pour la mener à
bien, des conclusions obtenues à différents niveaux et de différentes manières. Lorsque les
parties intéressées prennent part au processus qui mène à ces conclusions, il y a plus de chances
qu'elles s'en servent pour prendre des mesures correctives. La solution des problèmes fondée
sur le partenariat diffère du processus habituel d'évaluation de projet. Les utilisateurs
interviennent activement dans l'élaboration du système d'évaluation, dans le rassemblement et
l'évaluation des données et dans la planification des activités complémentaires.

Il s'ensuit qu'il est souvent possible de prendre des mesures correctives directement et
rapidement et que le processus d'évaluation contribue en soi à renforcer le potentiel local de
prise de décisions et de développement axé sur la communauté. L'évaluation participative est
donc fondamentale lorsque le but d'ensemble fixé aux efforts de développement inclut la mise
en valeur du potentiel local. Pour faire pleinement participer les utilisateurs, il faut entrer en
contact avec tous ceux que concernent les décisions prises : membres des collectivités locales;
responsables gouvernementaux et communautaires; personnel chargé des projets et des
programmes.

L'évaluation participative n'empêche pas de faire appel à des experts extérieurs ou de recruter
des personnes chargées de différents aspects du rassemblement de données. Toutefois, l'expert
a un rôle de facilitateur à jouer dans son association avec les responsables communautaires ou
le personnel du programme et n'est pas le « grand expert » qui décide isolément de la manière
de procéder à l'évaluation.

Les résultats tirés des méthodes d'évaluation participative peuvent alimenter utilement les
opérations d'évaluation classique que la plupart des organismes prévoient à mi-parcours et à la
fin d'un projet. Ceci dit, étant donné que la nature et l'objet mêmes des deux processus diffèrent,
les méthodes employées dans l'un et l'autre cas ne sont pas les mêmes et ne devraient pas être
confondues.

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1. Caractéristiques de l'évaluation participative

L'évaluation participative se caractérise, entre autres, par le fait:

 qu'elle implique une collaboration


 qu'elle vise à résoudre des problèmes
 qu'elle est source de connaissances
 qu'elle est source de créativité
 qu'elle recourt à des méthodes multiples
 que les experts y participent en tant que facilitateurs.

1.1.Collaboration

Le processus proprement dit de mise en valeur du potentiel local grâce à la collaboration est
plus important que les méthodes employées ou les résultats obtenus. En règle générale,
l'approche fondée sur la collaboration renforce la qualité des résultats obtenus et assure la
pertinence ainsi qu'une bonne interprétation des conclusions atteintes.

La prise de décisions en collaboration avec toutes les parties concernées par le projet suppose
la participation des « bénéficiaires » autant que du personnel chargé des programmes et des
projets. Des efforts particuliers sont déployés pour assurer une participation utile de ceux qui
ont été traditionnellement laissés pour compte - les femmes, les enfants, les pauvres et le
personnel de projet de second rang tel que les agents de vulgarisation. Le personnel de projet
collabore étroitement avec les utilisateurs pour rassembler les données et répondre aux
demandes de conseils techniques. Mais il ne suffit pas de demander aux membres de la
communauté de répondre à des questionnaires pour pouvoir parler d'une véritable participation.

De même, intégrer des femmes dans les équipes d'enquête auprès des ménages n'est pas une
mesure qui équivaut à elle seule à assurer la participation ou la collaboration des femmes.

1.2.Solution des problèmes

L'évaluation participative cherche à faciliter la compréhension d'une situation ou d'un problème


donné de manière que l'on puisse trouver à temps les mesures et la solution voulues.

L'élément moteur n'est pas l'obligation de rendre des comptes à des autorités extérieures, mais
bien d'assurer le développement et l'épanouissement de l'individu au niveau local. La

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participation communautaire fait appel au potentiel créateur et aux connaissances des individus
et renforce leur capacité de gérer leur propre développement. L'évaluation participative devient
ainsi un processus grâce auquel les participants à un projet de développement acquièrent la
capacité d'apprendre et de prendre des mesures efficaces pour résoudre leurs problèmes.

1.3.Une source de savoir

L'évaluation participative vise à faire acquérir des connaissances à la population locale tant dans
le cadre communautaire que dans le cadre du projet. Lorsque les utilisateurs prennent une part
active au processus de rassemblement de données, l'information se transforme en savoir et
amène à l'autonomie dans l'action. Dans la perspective du renforcement - des capacités que l'on
s'est fixé comme but, on peut considérer que faire acquérir des connaissances est à divers égards
bien différent de rassembler - des informations :

 L'information est liée à des rapports ou à des machines; le savoir à des gens ;
 L'information consiste souvent en éléments hétérogènes et sans rapport; le savoir
consiste en un réseau d'éléments interconnectés constituant un tout ;
 L'information peut être facilement rassemblée à partir de questionnaires et d'enquêtes à
choix multiples; les systèmes d'acquisition du savoir n'ont pas cette facilité ;
 L'information peut être contrôlée par quelques personnes; le savoir réside dans la
collectivité ;
 L'information sans contexte n'a guère de valeur; le savoir suppose d'interpréter
l'information et de lui donner un sens.

1.4.Une source de créativité

Un intervieweur arrivant dans un village avec ses questionnaires à la main sait bien la difficulté
qu'il y a à faire asseoir les gens assez longtemps pour qu'ils répondent sincèrement à ses
questions.

Les méthodes participatives sont créatrices et amusantes et apprendre de cette manière renforce
le respect de soi et la confiance en soi qui sont essentiels pour entreprendre une quelconque
action. Les individus participent à la définition et à la réalisation du travail. Grâce au processus
participatif, des tâches telles que l'établissement de cartes, la réalisation de dessins et le choix
de photographies suscitent tellement d'énergie et d'enthousiasme que la difficulté devient
souvent d'arrêter le processus et non pas de lutter pour le maintenir.
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1.5.Recours à des méthodes multiples

Les méthodes participatives sont polyvalentes, empruntent à de nombreuses disciplines et


s'adaptent bien aux différentes tâches à accomplir.

Si les instruments disponibles se révèlent inadaptés, de nouveaux instruments sont créés.

La validité et la fiabilité du processus sont assurées grâce au recours à des méthodes multiples
et à l'intervention de différents utilisateurs et parties intéressées dans l'établissement du
consensus. Dans la mesure où les personnes concernées par un projet participent, sous forme
de consensus, à la prise de décisions, il n'y a pas lieu de procéder à de grandes enquêtes par
sondage. Les membres de la communauté étant très occupés, on opte de préférence pour des
méthodes simples et directes d'échantillonnage, de rassemblement de données et d'analyse.

Compte tenu de l'importance accordée à l'utilisation des résultats, ceux-ci sont diffusés de
diverses manières en fonction des préférences des utilisateurs - diapositives, enregistrements
vidéo, photographies, narrations, jeux de rôles, discussions de groupe, ateliers et rapports écrits
de longueurs et formats différents.

1.6.Des experts facilitateurs

Le rôle de l'expert extérieur, lorsqu'on recourt à lui, est de faciliter la prise de décisions
collective tout au long du processus d'évaluation participative, y compris l'identification du but
de l'évaluation et le choix de méthodes de rassemblement et d'analyse de données, l'exécution
sur le terrain et la diffusion et le suivi des résultats obtenus. Lorsqu'on fait appel à des experts,
leur rôle est de combiner leurs connaissances spécialisées avec l'expérience, les connaissances
et les systèmes d'apprentissage de la population locale.

Leur tâche, en tant que facilitateurs, est de partager leurs idées, d'aider les gens à envisager
diverses options et de laisser les utilisateurs, les membres de la communauté et le personnel du
projet prendre en charge le processus, autant que faire se peut. Outre la compétence technique
qui leur est propre, les responsables de l'évaluation participative doivent également faire preuve
d'une grande aptitude à la facilitation, d'humilité, de respect d'autrui et savoir écouter.

Ils doivent par ailleurs croire fermement dans le potentiel de l'être humain et bien tolérer
l'ambiguïté. Lorsque les décisions doivent être prises par un grand nombre de personnes et que
des outils doivent être adaptés ou mis au point pour répondre à la situation locale, la prise de

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décisions prend bien entendu davantage de temps et est, au début, moins simple que lorsqu'il
n'y a à faire intervenir qu'une personne ou un petit groupe de personnes. Cela étant, les
évaluations participatives faisant appel à des méthodes plus simples et plus directes, l'ensemble
du processus prend généralement moins de temps que l'évaluation classique.

2. Le cycle de l'évaluation participative

Les organismes résolus à favoriser un processus d'auto-évaluation communautaire découvrent


systématiquement qu'il leur faut adopter la même approche en leur sein. Davantage qu'un
procédé, l'évaluation participative est un cadre de fonctionnement.

D'où l'importance pour le personnel de l'organisme chargé du projet non seulement de se


familiariser avec la méthode consistant à favoriser la participation communautaire à
l'évaluation, mais également d'utiliser une approche similaire dans son propre travail sur le
projet au sein de l'organisme.

Au niveau du projet, on procède à des auto-évaluations fréquentes à n'importe quelles étapes


du cycle du projet. La distinction entre suivi et évaluation se brouille alors, car la diffusion de
l'information se fait régulièrement tout au long du projet, information qui est analysée et utilisée
pour modeler des plans et amener à des mesures correctives.

Que ce soit au niveau de la communauté ou du projet, il faut répondre aux questions ci-après
pour provoquer cette circulation d'informations et procéder à une évaluation :

 Quels sont les objectifs de l'évaluation?

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 Quels sont les grandes questions et les grands problèmes qu'il y a à résoudre et quelle
information cela réclame-t-il?
 Comment doit-on rassembler l'information?
 Qui devrait rassembler l'information et auprès de quelles sources?
 Comment analyser les données?
 Que signifie l'information?
 Compte tenu de ce que signifie l'information, quelles mesures convient-il de prendre et
qui les prendra?

La population locale intéressée - celle qui sera concernée par un projet et doit avoir la capacité
de lui assurer viabilité et efficacité - pose, elle aussi, ces questions et y répond. Elle contribue
à décider s'il y a lieu d'entreprendre une évaluation rétrospective, à définir l'objet de cette
évaluation et à déterminer la manière de rassembler l'information et de l'utiliser pour le suivi.

2.1.Restez-en à des méthodes simples

Bien que les méthodes utilisées dépendent de l'objet de l'évaluation, en règle générale,
l'évaluation participative fait appel à des méthodes simples et directes pendant toute la durée du
cycle d'évaluation.

Il y a lieu, par exemple, de recourir autant que faire se peut à des méthodes d'échantillonnage
non institutionnalisées et d'effectuer des sondages dans différents segments de population : les
riches et les pauvres, les utilisateurs et les non-utilisateurs, les hommes et les femmes, etc.

Les listes de contrôle peuvent être d'une très grande utilité, particulièrement lorsqu'elles sont
mises au point en collaboration avec le personnel du projet et les membres de la communauté.
Elles peuvent servir à des interviews, à des discussions de groupe, à des observations et à des
enquêtes auprès des ménages.

Faites un effort particulier pour que les femmes participent Les méthodes participatives sont
très utiles pour atteindre les personnes qui sont très souvent exclues de la prise de décisions,
particulièrement les femmes. Il n'empêche que, sans un effort particulier pour les faire participer
et s'assurer leur confiance, les femmes, en général, seront à nouveau laissées de côté au cours
du processus d'évaluation participative.

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Il est essentiel d'être sensible et d'accorder tout l'intérêt voulu à cette question tout au long du
cycle de l'évaluation pour assurer la participation des femmes et l'amélioration de leur qualité
de vie.

2.2.Faites participer les utilisateurs à l'analyse des données

Les méthodes d'analyse de données qui font appel aux utilisateurs pour l'examen des
conclusions et l'élaboration des recommandations et des actions de suivi sont plus efficaces que
les réunions où sont présentés des rapports et recommandations finals.

Faire participer les membres de la communauté à des activités telles que le tracé de plans ou de
cartes tridimensionnelles peut constituer la première pierre d'une approche participative de la
planification, du suivi du changement et de l'analyse ainsi que de l'évaluation des données.

Complétez de brefs rapports écrits avec d'autres méthodes de diffusion des résultats, telles que
des colloques de membres de la communauté et du personnel du projet, des photographies, des
diapositives, des cassettes vidéo, des histoires ouvertes au débat ou des jeux de rôles. Toutes
ces méthodes se sont révélées utiles pour accroître les chances qu'un suivi soit assuré.

2.3.Ne sacrifiez pas l'efficacité au profit de l'« exactitude »

L'auto-évaluation a pour but de permettre aux utilisateurs de prendre des mesures nouvelles ou
correctives. C'est dans cette perspective qu'il faut aborder la question de l'exactitude et du détail
de l'information recueillie. Dans la plupart des cas, la marge d'erreur ou l'imprécision acceptable
est bien supérieure à celle tolérée dans une recherche scientifique et théorique rigoureuse.

A l'occasion, il peut être souhaitable d'assurer une plus grande exactitude, notamment lorsqu'il
s'agit de déceler le nombre de cas de diarrhée. Là aussi, l'expérience montre que les femmes du
village, au moyen d'un calendrier et de dessins très simples, peuvent garder le compte des cas
de diarrhée chez leurs enfants.

2.4.Recueillez seulement l'information dont vous avez besoin

La grande tentation dans toute évaluation est de chercher à tout apprendre en même temps.
Résistez à cette tentation et aidez les autres à y résister! Le principe dont vous devez vous
inspirer est celui de l'« ignorance optimale ». Obtenir une information qui n'est pas nécessaire
à l'objet de l'évaluation revient à gaspiller du temps et d'autres ressources cruciales. Si les

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besoins en information sont divers, employez une méthode progressive; approfondissez
quelques questions et contentez- vous, pour les autres, d'avoir une idée générale.

2.5.Il n'y a pas de formule toute faite

Il n'y a pas de formule toute faite applicable à l'évaluation participative. On ne peut apprendre
qu'en agissant. La question que l'on doit toujours garder présente à l'esprit est : « Est-ce que
cette approche aide les utilisateurs à recueillir des renseignements qui leur permettent de
résoudre les problèmes qu'ils ont identifiés, en utilisant des méthodes qui renforcent leur
capacité de résoudre à l'avenir des problèmes semblables? »

Tout outil ou méthode peut avoir ou non un caractère participatif selon la manière dont on
l'emploie. Tout dépend de qui prend la décision et de qui exerce le contrôle. Le personnel de
projet et les évaluateurs constatent souvent qu'une des plus grandes difficultés qu'ils rencontrent
en matière d'évaluation participative consiste à renoncer totalement à leur notion de ce qu'est la
bonne méthode, la bonne question, la bonne formulation, la bonne instruction, la bonne réponse.

Bien que l'on ait à ce jour très peu d'exemples documentés d'évaluation « purement »
participative dans le secteur de l'alimentation en eau et de l'assainissement, la tendance se fait
sentir progressivement en faveur d'applications participatives de méthodes classiques et en
faveur de la création de nouveaux outils et méthodes susceptibles d'être mis à la disposition de
la population locale.

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CHAPITRE 2 : LES METHODES
PARTICIPATIVES DE DIAGNOSTIC,
D’ANALYSE ET DE PLANIFICATION DES
PROJETS

Plusieurs méthodes ont été créées pour faciliter la participation des habitants lors du diagnostic,
l’identification des problèmes, l’analyse de leurs causes et conséquences, et de la planification
des projets. Elles visent à faire réfléchir, parler et agir toutes les catégories de populations :
hommes, femmes, jeunes, vieux, etc.

Ces méthodes s'appuient en principe sur de petites équipes interdisciplinaires qui utilisent toute
une gamme de méthodes, outils et techniques, spécialement choisis afin de mieux cerner les
conditions de vie des populations, en exploitant le savoir des populations locales et les
connaissances découlant de l'expertise scientifique moderne. Il existe un grand nombre de
méthodes. Les plus connues sont les suivantes : ZOPP, GRAAP, PIPO, MARP, SARAR,
PHAST.

1. La méthode ZOPP

La méthode ZOPP (de l’allemand « Zielorientierte Projektplanung ») est aussi appelée PPI
(Planification de Projets par Objectifs).

Elle est née dans le milieu industriel pour planifier la production, cette approche a ensuite été
appliquée aux projets d’entreprises privées puis introduite dans le milieu du développement.
Elle s’appuie largement sur le courant de l’école de la planification stratégique (Mintzberg,
1999). Cette approche a été développée dans les années 80 par la GTZ (agence de coopération
allemande) alors devenue entreprise privée pour la mise en œuvre de ses projets, comme une
méthode de planification participative (avec les populations ciblées par l’intervention). Elle
s’appuie sur une modélisation linéaire de la réalité, selon laquelle chaque cause conduit à une
série de conséquences, et sur une analyse et une sélection restreinte de problèmes à résoudre
sur un terme fixé. Très critiquée en interne comme en externe, pour l’utilisation mécaniste et
faussement participative qui en a été faite, elle a été largement flexibilisée au moins par son
instigateur la GTZ, afin d’être considérée plutôt comme un cadre général orienteur plutôt
qu’une série d’outils prescrits et d’étapes obligatoires. Cette nouvelle approche remet les
acteurs et leurs perceptions (des problèmes, des besoins ressentis, de la qualité des

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interventions) au centre d’un processus de planification présenté comme un processus de
négociation itératif et non définitif.

2. La méthode GRAAP

GRAAP : Groupe de Recherche et d’Action pour l’Autopromotion des Populations. Cette


méthode s’est développée à l’origine pour les projets forestiers au Burkina Faso dont les
principaux acteurs sont les communautés villageoises, les agents d'encadrement (forestiers,
vulgarisateurs, animateurs communautaires, animateurs d'ONG, etc.). La méthode GRAAP
intervient en aval des phases d'information et en amont des phases de programmation et de
formation. Elle est donc complémentaire des outils de communication employés au cours de
ces phases.

2.1.Principaux avantages

a. Cette méthode s'adresse plus spécialement à un public peu ou pas alphabétisé. Elle permet
de développer des habitudes de travail en petits groupes et prédispose les individus à
s'organiser et à passer à l'action.
b. Par rapport à d'autres méthodes, elle donne d'abord la parole au public. Ce qui n'est pas le
cas dans l'IEC (Information – Education – Communication) où l'information est la partie la
plus importante de l'approche. (l'animateur/trice fait un exposé et ensuite instaure un débat).
La méthode GRAAP est mille fois plus efficace que les causeries-débats de l'IEC.
c. Elle vise à libérer la parole, particulièrement des personnes généralement marginalisées
(dont les femmes). Ainsi, parfois, l’animateur/trice va inverser la hiérarchie coutumière de
prise de parole (après accord des notables), pour laisser femmes et enfants s’exprimer en
premier.
d. La méthode GRAAP permet d’introduire de nouveaux rituels de réunion, favorisant
l’expression de tous et toutes. Dans les pays d’Afrique francophone où JY Clavreul a
expérimenté cette méthode, il n’a jamais rencontré de résistances de la population quant à
la participation des femmes.

2.2.Inconvénients

a. La méthode GRAAP demande une forte implication des animateurs/animatrices qui doivent
être très motivés pour l'auto-promotion des hommes et des femmes ;

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b. les supports de la méthode s'adressent à des petits groupes et ne peuvent être utilisés pour
une grande assemblée villageoise.
c. les animateurs/trices sont souvent tenté(e)s d'utiliser les images pour illustrer un exposé et
nous nous retrouvons dans la situation d'IEC que nous venons de dénoncer.

3. La méthode PIPO

Rendue populaire par le secteur de la coopération au développement, la méthode PIPO


(Planification des Interventions Par Objectifs) est une méthode de diagnostic et de planification
appropriée à une action de développement entreprise par la population en collaboration avec
une instance extérieure. La méthode PIPO est une combinaison de deux techniques :

 Le cadre logique (CALO) qui est un schéma (matrice) dans lequel sont fournies de façon
logique les données de base sur l'intervention. Le CALO est un outil qui est surtout utile
dans la gestion de l'intervention.
 Une méthode d'analyse participative de la situation existante qui part des problèmes tels
qu'ils sont vécus par les différentes parties concernées. Cette méthode est un outil qui
est surtout utile pour assurer la participation du (des) groupe (s) cible(s) dans la
formulation de l'intervention. La méthode PIPO comporte 2 étapes : l’analyse des
problèmes et l’analyse des solutions.

4. La méthode MARP

L’utilisation de la Méthode Active de Recherche et de Planification Participatives (MARP) va


au-delà du diagnostic de base mène avant le démarrage d'un programme de développement.
Cette méthode offre un potentiel dans le domaine de la planification, du suivi et de l'évaluation
participative Elle peut se concevoir à différents niveaux: la MARP exploratoire est
généralement appliquée à l'étape de l'identification d'un projet lorsque l'on cherche des
informations de base sur la zone d'intervention ; la MARP thématique approfondit un sujet ; la
MARP de planification engage avec la population un processus de réflexion devant déboucher
sur la planification de la réalisation d'activités ; la MARP de suivi et d'évaluation engage les
communautés elles- mêmes à identifier les indicateurs de suivi Une des originalités de cette
méthode porte sur les outils et les techniques utilisés : les supports visuels élaborés par les
villageois eux-mêmes au fur et à mesure du processus de discussion et d'auto-analyse facilitent
considérablement l'appropriation des résultats par la population. Ainsi, les cartes villageoises

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des ressources sont des représentations mentales des populations qui traduisent la physionomie
de leur terroir, des ressources qu'il contient ainsi que de leur répartition spatiale. Le transect est
une lecture du terroir s'appuyant sur l'observation et le recueil sur le terrain d'échantillons (sols,
arbres, herbes, cultures). Les cartes sociales sont élaborées suivant le même principe que celui
appliqué à la carte des ressources. Les calendriers saisonniers permettent une analyse à la fois
rétrospective et prospective car la plupart des phénomènes ruraux varient avec les années et les
saisons Toute une gamme d'autres techniques existe, dont les méthodes de classification ou de
grille, les diagrammes, le profil historique, le recensement des proverbes et citations, les
routines quotidiennes...

5. La méthode SARAR

SARAR (Self-Esteem Strenghts, Resourcefulness, Action, Responsibility, soit en français:


Confiance en soi, Force d'association, Esprit d'initiative, Planification de l'action et
Responsabilité).

Cette méthode a été conçue dans les années 70 par le PNUD. C’est une méthode qui a pour
objectif de donner une meilleure estime de soi à des individus et à des groupes communautaires
et de les aider à acquérir les compétences nécessaires pour prendre des décisions et planifier
afin d’améliorer efficacement leurs conditions de vie.

6. La méthode PHAST

PHAST (Participatory, Hygiene And Sanitation Transformation, soit : participation à la


transformation de l'hygiène et de l'assainissement).

La méthode PHAST est une adaptation de la méthode SARAR aux problèmes spécifiques de
l'eau, de l'assainissement et aux comportements en matière d'hygiène. Elle a été conçue à
l'origine par le PNUD et l'OMS en 1992 puis testée et améliorée sur le terrain. L'objectif de la
méthode PHAST est d'améliorer l'hygiène de l'eau et de l'assainissement, pour prévenir les
maladies diarrhéiques. Cet objectif est connu et annoncé préalablement aux villageois. La
méthode en elle-même consiste à impliquer toute la population dans le processus qui conduira
à cette amélioration.

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CHAPITRE 3 : SUIVI ET EVALUATION
PARTICIPATIFS (SEP)

1. Définition

Une évaluation participative est l’occasion pour les intervenants d’un projet de marquer une
pause et de réfléchir au passé pour prendre des décisions concernant l’avenir. Tout au long du
processus d’évaluation, les participants partagent le contrôle et la responsabilité pour:

 décider de ce qui sera évalué


 sélectionner les méthodes et les sources de données
 procéder à l’évaluation
 analyser les informations et présenter les résultats de l’évaluation.

Le SEP peut être organisé dans le cadre d’un processus participatif plus large ou en tant
qu’exercice distinct.

2. Quand l’utiliser

L’évaluation participative peut être organisée pour les raisons suivantes :

 Parce qu’elle a été planifiée

L’évaluation participative peut être planifiée à différents stades d’un projet. Elle peut
s’effectuer à mi-chemin d’une série d’activités ou après chaque activité, selon le moment où le
groupe décide qu’il est nécessaire de s’arrêter pour faire le point.

 Parce qu’une crise (ou un risque de crise) est imminente

L’évaluation participative peut aider à éviter une crise potentielle en réunissant des personnes
pour qu’elles discutent et réfléchissent à la solution qu’il convient d’apporter aux questions
importantes.

 Parce qu’un problème est devenu apparent

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Des problèmes, tels qu’un désintérêt généralisé pour les activités d’une communauté, peuvent
apparaître. L’évaluation participative permet d’obtenir davantage d’informations susceptibles
d’aider les personnes à déterminer les raisons du problème et la manière d’y remédier.

 Pour permettre et intégrer une approche participative.

Une évaluation participative peut aider à comprendre les raisons pour lesquelles un projet ne
fonctionne pas très bien. Ses résultats peuvent amorcer une approche plus participative du projet
en général.

3. Procédure
A. Aperçu

La phase de planification approfondie d’une évaluation participative inclut le recrutement du


staff qui mènera à bien les étapes suivantes:

 passer en revue les objectifs et les activités


 passer en revue les motifs de l’évaluation
 rédiger les questions d’évaluation
 déterminer la personne qui effectuera l’évaluation
 identifier les indicateurs directs et indirects
 identifier les sources d’information
 déterminer les compétences et le travail nécessaires à l’obtention des informations
 déterminer le moment où la collecte d’informations et l’analyse pourront être effectuées
 déterminer qui réunira les informations.

Les informations sont ensuite réunies dans une base de données, partiellement analysées et
présentées au public approprié.

Celui-ci les analysera collectivement plus en profondeur. Enfin, des conclusions et plans
d’action seront élaborés à partir des enseignements qui auront été retirés.

B. Réalisation

1. Personnel et tâches

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Le personnel requis pour effectuer une évaluation varie considérablement en fonction de
variables, telles que le champ d’application du projet évalué, sa portée géographique, ainsi que
le nombre et le type de méthodes utilisées pour collecter et analyser les données. Il convient
toutefois de prendre en considération les exigences suivantes :

 Un directeur est nécessaire pour superviser l’évaluation globale et garantir une cohésion
entre les différentes parties.
 Des modérateurs sont nécessaires pour faciliter les techniques de collecte de données
du groupe.
 Des chercheurs sont nécessaires pour effectuer les analyses et faciliter, avec
éventuellement un modérateur, les analyses du groupe.
 Du personnel administratif est nécessaire pour traiter les questions logistiques, telles
que les lieux de réunion, les déplacements et l’hébergement, etc.

2. Planification de l’évaluation

Le temps qui est consacré pour préparer et planifier consciencieusement une évaluation
participative est un bon investissement.

Le processus de préparation aide les participants à comprendre ce qu’ils évaluent, pourquoi et


comment ils vont le faire.

La première réunion visant à préparer et planifier l’évaluation doit être ouverte à tous les
groupes intéressés, y compris les bénéficiaires du projet évalué, les autres membres de la
communauté et les commanditaires. Si un grand nombre de personnes est intéressé par
l’évaluation, certaines responsabilités de l’évaluation peuvent être déléguées à un petit groupe,
une sorte d’équipe d’évaluation communautaire. Cependant, lors de la première réunion, tout
le monde doit d’abord débattre des raisons pour lesquelles on procède à une évaluation et doit
déterminer ce qu’on souhaite savoir au final pour fournir des directives à l’équipe d’évaluation
communautaire.

(a) Passer en revue les objectifs et activités

Sujets de discussion :

 Quels sont les objectifs à court et à long terme des intervenants ?


 Quelles activités ont été choisies pour satisfaire à ces objectifs ?

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L’élaboration de scénarios peut s’avérer très utile pour réfléchir aux objectifs à long terme de
manière holistique.

Concernant les outils supplémentaires utiles à l’identification des objectifs, reportez-vous à la


liste des techniques d’analyse fournie dans cette publication.

(b) Passer en revue les motifs de l’évaluation

Après avoir passé en revue les objectifs et les activités, la discussion peut s’articuler autour des
questions suivantes:

 Pourquoi procédons-nous à une évaluation?


 Que souhaitons-nous savoir?

(c) Rédiger les questions d’évaluation

Au cours d’une séance de brainstorming, les participants doivent proposer des questions
d’évaluation que le facilitateur écrit sur de grandes feuilles de papier ou sur un tableau. Le
groupe doit discuter et parvenir à un accord sur chaque question. Si de nombreuses questions
sont générées pour chaque objectif et activité, elles peuvent être classées par ordre
d’importance.

Si l’évaluation du projet peut être subdivisée en deux ou plusieurs sous-sections, il est possible
également de diviser le groupe en sous-groupes, qui se concentreront sur une ou plusieurs de
ces sous-sections.

(d) Déterminer qui effectuera l’évaluation

Au cours de l’assemblée plénière, déterminez les personnes qui effectueront l’évaluation et


celles qui souhaiteront connaître les résultats. Vous pouvez décider d’inclure tous les
intervenants (en particulier si le groupe est petit) ou seulement les bénéficiaires, ou encore
déléguer la responsabilité de l’évaluation à une équipe d’évaluation. La composition de celle-
ci doit être déterminée par l’ensemble du groupe lors de la première réunion. Si l’on sait que
certains groupes minoritaires ne seront pas représentés, le facilitateur peut encourager la
participation des interlocuteurs issus de ces groupes au sein de l’équipe d’évaluation. Cette
dernière peut inclure les bénéficiaires, ceux qui peuvent être désavantagés par une activité, des
membres de la communauté et d’autres groupes concernés.

19
L’ensemble du groupe décide des personnes qui auront besoin des résultats de l’évaluation et
du moment auquel les résultats devront être prêts. Cela dépendra des personnes qui auront
besoin des informations pour prendre leurs décisions et du moment où les décisions devront
être prises.

(e) Identifier les indicateurs directs et indirects

Des indicateurs directs et indirects sont choisis en fonction des questions d’évaluation qui ont
été formulées lors de la première réunion.

Indicateurs directs

Les indicateurs directs sont des éléments d’information qui se réfèrent expressément à ce qui
est mesuré. Par exemple, si on a besoin d’informations concernant la participation aux élections,
on comptabilisera le nombre de bulletins de vote, éventuellement en proportion de la population
globale.

Indicateurs indirects

Les indicateurs indirects sont des éléments d’information choisis pour servir de substituts aux
questions difficilement mesurables.

Par exemple, certaines personnes peuvent prétendre que le revenu ne constitue pas le seul ou le
meilleur critère pour évaluer le niveau de vie. On peut alors avancer qu’il existe des indicateurs
indirects plus parlants:

 Les personnes sont pauvres si elles doivent servir de main-d’œuvre.


 Les personnes sont riches si elles peuvent engager de la main-d’œuvre.

Par conséquent, le nombre de personnes de la communauté qui entrent dans chaque catégorie
peut constituer deux indicateurs indirects.

En élaborant des indicateurs, il convient de répondre à certaines questions importantes:

 Que voulons-nous savoir?


 Quels sont les éléments d’information qui pourraient nous le dire?
 Quels sont les meilleurs éléments d’information (‘indicateurs clés’) qui nous le diront
avec le plus de précision?

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 Les informations sont-elles accessibles?

Les indicateurs choisis doivent être précis et éclairants quant à la nature du problème ou des
questions. En outre, il est important de vérifier qu’il est possible de recueillir les informations
nécessaires. Le choix de bons indicateurs permet de réduire la quantité d’informations à
recueillir.

(f) Identifier les sources d’information

Pour chaque question d’évaluation et chaque indicateur choisi, l’équipe d’évaluation détermine
quelles sont les sources d’information disponibles, quelles sont les sources à choisir et comment
obtenir les informations. Certaines données ‘brutes’ (informations non analysées) peuvent être
disponibles et nécessiter quelques efforts d’analyse. D’autres informations peuvent ne pas être
directement disponibles et devront être réunies.

Si des informations sont difficiles d’accès, il convient de décider des outils de collecte
d’informations qui serviront à les obtenir. Le choix des outils dépend du type d’informations
requis. Rappelez-vous qu’il est possible d’utiliser un outil afin de recueillir des informations
pour plusieurs indicateurs. Si un outil de collecte d’informations a été utilisé précédemment, il
peut servir de nouveau pour mettre à jour les informations et illustrer les changements.
Concernant les autres outils utiles à la collection d’informations pour les évaluations
participatives, reportez-vous à la liste générale de techniques d’analyse fournie dans cette
publication.

(g) Déterminer les compétences et le travail nécessaires à l’obtention d’informations

L’assistance de personnes disposant de compétences spécifiques (techniques d’interview,


mathématiques, art et/ou théâtre) ainsi qu’une certaine quantité de travail (temps) sont
nécessaires. L’équipe d’évaluation doit décider des compétences et des ressources dont elle
dispose. Elle peut poser les questions suivantes :

 De quelles ressources avons-nous besoin?


 De quelles ressources disposons-nous ou lesquelles pouvons-nous développer?
 Quelles ressources supplémentaires devons-nous acquérir?

(h) Déterminer le moment où la collecte d’informations et l’analyse pourront être effectuées

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Il est important de s’assurer que les informations seront recueillies et analysées dans le délai
imparti à l’équipe d’évaluation afin que les résultats puissent parvenir aux décideurs en temps
voulu. La programmation des évaluations doit tenir compte de facteurs tels que les contraintes
saisonnières (périodes de plantation et de récolte), les congés scolaires, les fêtes religieuses, la
disponibilité du personnel et les besoins de main-d’œuvre dans la communauté.

Établissez un calendrier: pour chaque outil utilisé, l’équipe d’évaluation décide


approximativement de la durée de chaque tâche et du moment où elle aura lieu.

(i) Déterminer les personnes qui collecteront les informations

Lorsque les dates spécifiques, le temps et les compétences nécessaires sont connus, il est
possible de déléguer les tâches à des particuliers ou des petits groupes de travail.

3. Collecte des données

(a) Collecter les informations

Chacun des individus délégués doit réunir les informations dont il est responsable. Toutes les
données collectées doivent être centralisées.

(b) Constituer la base de données

Les informations collectées doivent être converties dans un format gérable afin de faciliter le
processus d’analyse.

4. Analyse des données

Une fois toutes les tâches menées à bien, il est nécessaire d’analyser et de synthétiser les
informations pour les présenter.

Certaines informations peuvent être déjà analysées et devront donc être simplement mises en
place lors de la présentation. L’équipe d’évaluation peut déterminer le meilleur moyen de
présenter les résultats en tenant compte du public à qui ils sont destinés, ainsi que des ressources
et du temps disponibles.

L’analyse consiste à examiner les informations (les trier, les compléter, les comparer) afin de
distinguer le ‘tout’ et les ‘parties’. Il se peut que l’analyse, ou une partie de celle-ci, ait déjà été
effectuée en fonction des outils de collecte d’informations utilisés.

22
Des étapes de l’analyse d’informations destinée aux évaluations sont mentionnées ci-dessous.

a) Passer en revue les questions

Les questions générées avant la collecte d’informations doivent être examinées. Pourquoi cette
information en particulier est-elle nécessaire? À quelles questions fallait-il répondre? Quelles
sortes de décisions doivent être prises sur la base de ces informations?

Il est courant de consacrer beaucoup d’énergie à la planification des informations nécessaires


et, une fois qu’elles ont été recueillies, d’oublier de regarder en arrière et de revenir sur les
problèmes centraux et les questions clés du départ.

Les résultats importants qui n’étaient pas prévus ne doivent pas être ignorés. Parfois, le fait de
rassembler des informations permet de soulever des questions importantes, imprévues et
pertinentes. Celles-ci peuvent être notées pour une future référence et être mentionnées dans la
présentation des résultats.

(b) Structurer les informations

Rassemblez toutes les informations pertinentes qui ont été recueillies. Si nécessaire, classez
celles qui ont un caractère commun. La façon dont les informations sont structurées et classées
varie en fonction des processus de réflexion des différentes personnes. Certaines informations
ont peut-être déjà été analysées, tandis que d’autres requièrent une analyse plus approfondie.

(c) Déterminer la manière d’analyser les informations

L’analyse des parties peut se résumer à additionner des chiffres et à faire leur moyenne ou bien
à comparer les informations en vue d’examiner la relation d’un élément à un autre ou de deux
éléments entre eux. Au cours du processus d’analyse, il est également possible:

 de prendre note des similitudes


 de souligner des contrastes en opposant deux éléments afin d’illustrer les différences
 de relier les éléments d’information afin d’établir des relations entre eux.

(d) Analyser les données quantitatives

Les données quantitatives (chiffres) peuvent être calculées à la main ou à l’aide d’une
calculatrice.

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Reportez-vous à la liste des techniques d’analyse fournie dans cette publication pour connaître
les outils qui permettent de faciliter l’analyse participative.

(e) Analyser les données qualitatives

L’analyse des données qualitatives (descriptives) est un processus créatif et critique. La façon
dont les informations ont été recueillies déterminera certainement la meilleure façon de les
analyser. Par exemple, si des illustrations d’une communauté ont été faites au début, au milieu
et à la fin du projet, celles-ci peuvent être analysées en présentant une série de croquis à
plusieurs personnes et en leur demandant:

 de valider ces illustrations (sont-elles véritablement représentatives ? sinon, pourquoi ?)


 d’évaluer la différence (très bon, bon, pas très bon, etc.).

Reportez-vous à la liste des techniques d’analyse fournie dans cette publication pour connaître
les outils qui permettent de faciliter l’analyse participative.

(f) Intégrer les informations

L’équipe affectée à la collecte et l’analyse des informations peut rassembler les parties
analysées de façon à réunir tous les éléments. L’analyse partielle peut être présentée au groupe
élargi afin d’être complétée.

5. Présentation & plan d’action

(a) Présentation des résultats initiaux

Une fois les informations recueillies et (partiellement) analysées, organisez une autre réunion
avec le groupe élargi pour présenter les résultats initiaux. Il peut être très efficace de présenter
les informations sous une forme partiellement analysée.

Les avantages d’une analyse partielle sont les suivants:

 Le groupe élargi a l’occasion de contribuer à une analyse plus approfondie.


 Les résultats sont validés par un plus grand nombre de personnes et sont donc plus
fiables.
 Un plus grand nombre de personnes peut comprendre le processus d’analyse.

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Si les informations sont présentées sous une forme partiellement analysée, le groupe devra
procéder à une analyse plus approfondie pour répondre à ses questions initiales.

Quelle que soit la forme de présentation des informations, le groupe devra débattre des
implications des résultats sur ses questions initiales.

 De nouvelles questions sont-elles apparues, qui nécessitent une collecte d’informations


supplémentaires ?
 Quelles conclusions est-il possible de tirer ?
 Comment pouvons-nous tirer des leçons des résultats obtenus ?
 Quelles sont les différentes options disponibles pour aborder les questions émergentes
?

Encouragez une discussion approfondie de ces questions en permettant aux personnes


d’exprimer leurs visions quant à la manière dont les informations doivent être interprétées.

Les conclusions ne doivent pas être axées sur la réussite ou l’échec, mais sur l’apprentissage.
Les idées acquises à partir du processus d’évaluation peuvent également inciter le groupe à
reconsidérer ses objectifs initiaux. Cela fait partie du processus d’apprentissage répétitif
englobé par le diagnostic, le suivi et l’évaluation participatifs.

Si des informations supplémentaires sont requises pour répondre à de nouvelles questions


pressantes, élaborez un plan pour recueillir les données nécessaires, conformément aux étapes
mentionnées plus haut.

(b) Élaborer un futur plan d’action

Enfin, le groupe doit discuter et décider d’un plan d’action sur la base des résultats.

 Sur la base des connaissances acquises, quelles sont les démarches à entreprendre
maintenant?
 Qui fera quoi?
 Dans quel délai?

(c) Rédiger un rapport final

Le rapport final doit inclure les questions, les participants, la méthode, les procédures d’analyse,
les conclusions et une synthèse du nouveau plan d’action.
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4. Ressources (Calendrier & Budget)

Les ressources requises pour une évaluation participative varient considérablement, en partie
selon :

 la complexité des questions évaluées


 les méthodes utilisées pour la collecte de données
 la disponibilité et le coût des personnes habilitées à recueillir et analyser les données
(frais de personnel)
 la portée géographique de la question évaluée (frais éventuels de voyage et
d’hébergement)
 le fait que l’évaluation soit intégrée ou non dans un projet participatif général (permet
d’économiser du temps et évite la répétition de nombreux coûts).

5. Autres bonnes pratiques et pièges éventuels

Il est fortement recommandé de faire des évaluations participatives un aspect d’une approche
participative plus large dans le développement d’un projet. Cela aide les intervenants à
s’approprier le projet dès le début et cela s’avère également plus rentable.

Idéalement, le processus d’évaluation doit être répété et perçu comme la partie d’un processus
de planification/développement ou d’un processus décisionnel plus vaste. Quand des
évaluations peuvent être planifiées à intervalles réguliers dans un projet à long terme, elles sont
plus susceptibles d’être perçues comme visant l’apprentissage et l’amélioration qu’un jugement
ponctuel. En outre, il est possible d’améliorer la progression à long terme lorsque des leçons
sont tirées des évaluations effectuées au début du projet. Le processus de développement
d’indicateurs aide les personnes à définir plus précisément leurs objectifs et, par conséquent, à
générer des plans d’action plus concrets.

Faites bien attention à ce que les données collectées répondent aux questions réellement posées.
Évitez le piège qui consiste à choisir une méthode de collecte de données parce qu’elle est
simple, mais qui risque de ne pas fournir les informations qui permettront de définir les moyens
d’améliorer un projet.

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Lors des évaluations, veillez à tenir compte de la perspective à long terme. Il est parfois naturel
dans les processus de développement que les choses empirent, ou semble empirer
superficiellement, avant de s’améliorer.

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